No more happy endings...
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Les petits textes du squelette
Invité
Anonymous
Invité
Mar 26 Aoû 2014 - 12:09
Bonjour bonjour, je suis Jack Skellington !!!
Vous m'avez sûrement déjà vu dans The Nightmare before Christmas, où je m'incarnais moi-même, ou dans Jack et la Pêche Géante, où je jouais un... squelette !!!

Mais là n'est pas l'essentiel. L'essentiel est que je vais poster mes écrits, et que vous allez les lire !!! Renversant, non ?
Plus sérieusement, je vais poster ici mes écrits, divers et variés, en espérant qu'ils vous plairont. N'hésitez pas à commenter et à critiquer si vous en avez envie, c'est même recommandé. ;) Sur ce, bonne lecture.


Le Monstre de l'Innocence


Je vivais avec ma raison
Dans ce royaume où l'on rit,
Sans me douter de l'imminente trahison
Dans ce fier pays de folie.
Les arbres bleus et l'herbe rouge
Entonnaient leur air de fête.
Les loups jouaient avec les agneaux,
Et le Renard embrassait le Corbeau.
Les fantômes amusaient les enfants
De leurs histoires à mourir de peur,
Tandis que les sifflants serpents
Se régalaient des pommes du coeur.

Et toi, toi qui dansais, toi qui planais,
Et toi, toi qui souriais, toi qui rêvais,
Tu m'attirais, comme une plume appelle l'encre.
Je suis venu près de toi jeter mon ancre.
Entre un chêne et un roseau, je t'ai trouvé.
Près d'un buisson ardent je t'ai emmené.
Au dessous d'un ciel sans âge nous avons communié
Et sous un arc roman de roses, je t'ai épousé.

Le Temps, instrument des Dieux,
Némésis des Vieux,
A ensuite fait son affaire, creusant, raclant
Notre amour d'antan.
Ô, yeux d'émeraude et cheveux de feu,
Tu restais jeune et fraîche,
Tandis que moi, Être à la voix rêche,
Je voyais ma chute s'accélérer peu à peu...

Après une belle paire de lustres
Suspendue au plafond de ma psyché,
J'ai salué bien bas mon humanité
Pour accueillir un nouveau monstre.
Celui qui t'a frappé, celui qui t'a jeté,
Celui qui t'a haï, celui qui t'a violé.
Dans le cimetière, cette dernière nuit,
Il t'a regardé férocement et il t'a dit:
"Tu m'as aimé jadis,
Je vais donc te jeter.
Tu as été mon pieux silice,
Je serais ainsi ton bourreau attitré."

Emporté par mon dégoût envers toi,
Je me suis proclamé mon propre roi,
Te rabaissant ainsi
Au beau statut de bouffon,
Celui que très vite on oublie,
Qu'on congédie à coups de bâton.
Blessée, meurtrie, tu es à l'agonie.
Tu vas mourir, victime de mes manies.
Tu as été crucifiée dans ma tombe,
Nous t'avons enfoui sous les pissenlits.
Depuis des années tu m'attends,
Aigrie et racornie par tout ce temps.

Triste histoire que celle de cet espoir,
Triste espoir que celui de cette histoire.
L'Innocence, de qui tout le monde rit,
Par amour et passion, n'a jamais fui.


Nero le Clown de Sang

Cheveux de feu et lèvres de sang,
Je suis invité juste pour le temps
D'un repas fort appétissant,
D'un spectacle bien amusant,
Un de ceux qui titille mes papilles
Qui séduit garçons et filles.

Moi, Nero au nez rouge, le Clown de sang,
Fier représentant de ces fieffés charlatans,
Je le clame tout haut, tout fort, en cet instant:
Oui, j'ai assassiné des gens !!!
Oui, je les ai démembré !!!
Oui, je les ai dévoré !!!

Jugez moi et basta.
Pendez moi et basta.
Je n'ai que faire de souffrir
Tant que vous me laissez rire.
Vous voulez un beau repentir ?
Jetez vous donc du Pont des Soupirs,
Vous ferez de sacrés beaux martyrs !!!

Oui, j'ai bien plus d'un tour dans mon sac,
Couteaux, cyanure, ammoniac...
Ce n'est pas le moment de vomir,
Je pourrais faire encore bien pire.
Ouvrez ma cage, faites moi sortir
Observez mon pouvoir agir:
Les enfants tueront leurs parents,
Œdipe sera l'ange des sourires.
J'observerais les gens sortir du rang
Dans le feu romain de ma lyre.
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Invité
Anonymous
Invité
Mar 26 Aoû 2014 - 12:11
Minuit

Minuit, l'heure où la lune joue une sérénade de mort
Minuit, temps rêvé pour les âmes en peine.
Minuit, l'heure où les noires histoires entrent en scène
Minuit, temps où seule la lumière dort.

Minuit sonne, minuit résonne
Dans le vent glacé de la solitude.
Il rend les roses de sang aphones,
Il emporte leurs voix avec lassitude.

Minuit gronde, minuit tombe
Quand l'aurore aux doigts roses
Dévoile son œil de feu à toute chose
Et renvoie la lune dans sa tombe.

Minuit patiente, minuit attend,
Doucement, gentiment, amoureusement,
Que midi, son amant maudit, chute à son tour,
Car oui, si minuit souffre, c'est par amour.
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Invité
Anonymous
Invité
Mar 26 Aoû 2014 - 12:11
L'Odyssée de la Folie

Emportée au loin vers la mer,
Mon âme vagabonde entre ciel et terre.
Tel un Ulysse sur son frêle esquif,
Je navigue de récifs en récifs...

Ô ma douce Ithaque, me revoilà,
Après vingt longues années d'absence
Après dix longues années d'errance.

J'ai traversé nombre de tempêtes,
Ballotté par les flots obscurs
Qui m'emportent vers des terres pures
Mais absolument toutes me rejettent.

Ô ma douce Ithaque, me revoilà,
Après vingt longues années d'absence
Après dix longues années d'errance.

De vainqueur, je suis devenu naufragé
De naufragé, je suis devenu maudit,
Le Temps de ma jeunesse était passé
Et désormais je ne suis plus qu'un banni.

Ô ma douce Ithaque, me revoilà,
Après vingt longues années d'absence
Après dix longues années d'errance.

Et quand, solitaire dans la nuit,
Je revis ces souvenirs d'une époque passée
En tant qu'Ulysse, Achille et Thésée,
Attaché sur mon frêle lit,
Je me laisse submerger par ce flot d'émotions
Tandis que le poison de Morphée
M'emmène apercevoir Charon
Et m'envoie rejoindre le Pays des Fés.

Ô ma douce Folie, me revoilà,
Après vingt longues minutes de raison,
Après dix longues minutes de passion...
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Invité
Anonymous
Invité
Mar 26 Aoû 2014 - 16:24
La folie fantôme

Ô ma tendre illusion
Ô ma triste passion
Toi que j'ai vu passer
Sans pouvoir t'arrêter.

Tu étais belle, les cheveux au vent,
Brassant l'air de tes yeux charmants
Chevauchant la vie, passionnée,
Battant la rue de tes fins pieds.

Un premier pas suffit à m'arrêter.
Un second vint me frapper,
Un troisième violemment m'assommer
Et un quatrième me réanimer.

Tu glissais avec grâce, comme une lame dans son étui.
Mariée fantomatique, Valseuse antique
Tu dominais cette masse pathétique
Spectre de mes jours et Soleil de mes nuits.

Je hurlais ma rage en te voyant partir,
Je pleurais mon désespoir sans te voir revenir,
Des larmes de sang coulaient aveuglément
Sur mes joues dénuées de sentiments.

De toute mon âme je t'ai maudit,
Ricanant en attendant ma vengeance,
Car au détour d'un chemin, hardi,
Je te ferai payer ton insolence !!!

Je sens déjà couler de tes veines cendrées
Le flot pourpre de la satisfaction
Empreint de toutes tes abjections.
Oh je rêve de voir ce jour arriver...

Je ne mange plus. Je ne dors plus.
J'attends, patiemment, doucement.
Le Temps passe discrètement.
J'attends. Je n'attends plus.
Je ne la vois plus !!!
Elle doit pourtant bien être là,
Persuadé que tout va, que tout ira.
Si elle savait. Si elle avait lu...
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Invité
Anonymous
Invité
Mar 26 Aoû 2014 - 16:25
Ode au Printemps parisien

Ô Paris, chère Paris
Ô soleil de mes nuits,
Lève toi de ta gangue de sang,
Ô Paris, fière Paris,
Amour de ma vie,
Lève toi pour le Printemps.

La belle Seine pleure
De chaudes larmes de joie;
Elle chante à toute heure son bonheur:
Elle seule voit
Arriver
Ces hirondelles argentées
Dans le crépuscule parisien.

Festoyons,
Dansons
Sur les ponts de Paris
Ensemble, et à jamais unis
Par le retour du printemps
Par la pousse des bourgeons
Par l'harmonie des sons
Et par le plaisir de perdre son temps.
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Invité
Anonymous
Invité
Mar 26 Aoû 2014 - 16:26
Nuit d'Été

Un vent frais courait le long de mon cou
Avec une langueur qui me rendait fou
Tandis que je regardais ma bien-aimée
Se promener dans les champs de blé.

Amour jeune, Amour incompris,
C'est trop tard que je l'ai appris...

Son petit sourire mutin aux lèvres
Qui à lui seul disait:"Viens avec moi,
Allons regarder le ciel bleu sous les cèdres."
M'invitait à la suivre et j'y allais avec joie.

Amour jeune, Amour maudit,
C'est trop tard que je l'ai appris...

Je lui pris doucement la main et,
Dans un geste fou et passionné,
Je posais mes lèvres sur les siennes
Et je crus naïvement qu'elle était mienne.

Amour jeune, Amour détruit,
C'est bien trop tard que je l'ai appris...

Seul le Destin cruel aurait pu prévoir ceci,
Cette violente réaction insensée
De ma tendre et douce Dulcinée
Avec qui je pensais passer toute ma vie.

Amour jeune, Amour anéanti,
C'est trop tard que je l'ai appris...

Des fleuves cristallins coulèrent de mes yeux.
Il ne me reste qu'une seule chose à faire:
Penser à ses iris merveilleux
Et couper le lien qui me retient à cette terre.

Amour jeune, Amour puni
C'est trop tard que je l'ai appris...
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Invité
Anonymous
Invité
Mar 26 Aoû 2014 - 20:19
Un prêtre pas comme les autres...

Un pas. Puis un autre. Puis encore un autre. Tous faisaient crisser le sable rouge typique de ces contrées. Ces pieds habitués foulaient d'un pas lourd ce sol brûlant, réservé aux rares plantes de la région ayant encore suffisamment de volonté pour survivre. Bien dans ces bottes, un homme au teint basané et à la moustache épaisse soufflait et suait comme un taureau, avec lequel il partageait d'ailleurs de nombreux traits communs: un cou épais aux veines saillantes, un cercle de métal passé au nez, et une odeur à peu près similaire.
Il avançait rapidement sur un petit chemin de terre battue, entre deux buttes rocheuses bercées par le vent irradié. De temps en temps, il regardait derrière lui, comme s'il craignait d'avoir été suivi. Son corps entier exprimait une tension effrayée. Mais au détour du chemin, l'indigène lâcha un soupir de soulagement: face à lui, adossé à un de ces grands plateaux d'Arizona, se trouvait un vieux bâtiment de pierre blanche, entouré d'un muret à moitié démoli. Son toit ne comptait plus que quelques tuiles d'un orange délavé, souvenir d'une époque perdue. Il était disposé de manière à ce que deux bâtiments émergent de la roche, un grand, et un moins imposant.

Le marcheur passa une grande arche, avant de se diriger vers le bâtiment principal. S'appuyant contre un pilier pour se reprendre, il poussa ensuite les battants de bois avec une vigueur insoupçonnée, et beugla dans la pièce:

- LES GARS, PLANQUEZ-VOUS, IL ARRRRRRRGH !!!

Et l'homme s'effondra au sol, un couteau planté dans le dos. Sur ce couteau, un petit papier vivait au gré des courants d'air, battant le manche de la lame à un rythme irrégulier.
La salle dans laquelle venait de mourir le moustachu était celle d'un bar. Elle était occupée par quelques brigands à l'allure peu recommandable, des prostituées à l'oeuvre ou en attente de clients, et du barman, l'archétype même du tavernier: petit, rondouillard, rougeaud, au crâne dégarni et luisant. Bref, un tenancier. Tout ce beau monde mit quelques secondes à réagir, avant qu'une véritable hystérie ne prenne en otage la raison de ces rebuts de sociétés. Les uns se levaient en criant, les autres sortaient leurs armes, en une cacophonie exaspérante.
Une jeune femme rasée de près, androgyne, s'approcha du corps d'où serpentait une rivière de sang. Peut-être était-elle moins couarde, ou plus inconsciente que les autres, mais d'un geste vif, elle saisit le petit morceau de papier accroché au couteau, et essaya de le déchiffrer.
Rédigé en grosses lettres voyantes, il y était marqué:

JESUS IS COMING !!!

Un sourire d'abord narquois se dessina sur le visage de la jeune femme. Puis, elle releva la tête pour se retrouver nez à nez avec le trou d'un revolver. Elle se figea, alors qu'une voix masculine parvint à ses oreilles. Sans comprendre ce qui était dit, elle fit glisser ses yeux le long d'un grand manteau noir usé par le temps, d'une soutane et un col de prêtre, avant d'arriver à un visage buriné, aux traits affirmés, et aux yeux bleus sous un chapeau aux larges bords. Les lèvres de l'homme bougèrent, et la même voix en jaillit, exprimant clairement une question cette fois:

- Comment t'appelles-tu ?

D'abord tétanisé, la jeune femme répondit d'un ton de défi:

- Liliana.

Avec un sourire vicieux, amusé, l'homme souffla alors:

- Parfait.

Et il arma le chien de son arme, avant d'appuyer sur la détente. La balle surgit du canon à une vitesse surprenante, et vint traverser de manière ininterrompue le crâne de sa cible, pour ressortir de l'autre côté pour se ficher dans le plancher. De manière étonnante, ce discours n'avait duré que quelques secondes, et personne n'avait encore vraiment remarqué l'arrivée de cet étranger. Le coup de feu changea cela. Bientôt, tout le bar se retrouva à faire face au tireur. Ce dernier ne leur laissa aucune chance. Embrayant sur ses autres ennemis, Col-de-Prêtre tira une balle, puis une autre, puis une autre, visant les personnes les plus susceptibles d'être dangereuses. Et les corps tombaient. Quand le revolver n'eut plus de balles, il le lâcha, sortant une autre merveille de sous son grand manteau. Un rutilant fusil à canon scié, dont la réputation n'était plus à faire dans ces contrées maudites. Il semblait auréolé d'une lueur presque sacrée.
Et de nouveau, les cadavres vinrent recouvrir le sol, et le sang servir de peinture aux murs défraîchis. Le massacre ne dura pas. Bientôt, le silence retomba, en parfaite harmonie avec la chute de la dernière cartouche.

Rangeant d'un geste expert ses armes dans leurs holsters, le boucher laissa tomber son sac, sourit, et sortit ensuite d'une poche intérieure un livre épais. Il l'ouvrit avec conviction, et se mit à parler avec un verve phénoménale à la dizaine de personnes réunies dans l'au-delà:

- Mes très chers amis !!! Nous voici réunis pour célébrer la mort de la corruption et du vice, tel que Notre tout-puissant Seigneur Jésus Christ l'aurait voulu. Je note l'incompréhension notoire dont vous faites preuve devant une œuvre d'une pareille beauté, mais c'est pour le bien de cette terre de souffrance. Néanmoins, Notre Père saura sûrement se montrer miséricordieux en anéantissant votre putain d'âme de merde pour qu'elle n'aille point souiller les Enfers gouvernés par Satanis, le Porteur de Lumière.

Ces derniers mots furent un grondement féroce. Le prédicateur sortit une flasque, et s'humecta férocement la gorge, avant de reprendre son discours:

- Soyez donc bénis, mes enfants, d'avoir pu contribuer à la venue du jugement dernier. Je ne saurais comment vous en remercier !!! Dieu est avec nous tous, en ce monde, comme dans l'autre, et...

La pile de cadavres se mit à bouger, et quelqu'un en émergea. Une enfant, que Col-de-Prêtre n'avait pas vu auparavant, déjà tatouée, se dégagea de la gangue mortuaire dont elle était prisonnière. Elle était petit, et de longs cheveux noirs coiffés en nattes reposaient sur ses épaules couvertes de sang. Presque en pleurs, elle s'approcha et dit d'un ton implorant:

- Pourquoi monsieur ? Pourq... BANG !!!

Une autre balle vont creuser un trou dans la cavité crânienne de l'enfant, qui s'effondra comme une marionnette à qui on aurait coupé les fils. Remontant le canon de son revolver jusqu'à sa bouche, le meurtrier souffla, évacuant la fumée, et dit, très sérieux:

- On n'interrompt pas l'oraison funèbre, gamine.

Puis, il referma sa Bible. Il en avait terminé ici.
Il fracassa la seule lampe à huile de la pièce, et en répandit le contenu avant de craquer une allumette. Il la jeta, rangea ses armes dans un calme religieux, et après une dernière révérence de révérend, il partit en poussant les portes battantes, qui grincèrent même après son départ. Le feu prit très vite, et bientôt, le bâtiment brûlait, emportant avec lui la crasse, la corruption, et cette petite fille.
Quand au Révérend, il allait sans doute recommencer à errer dans le désert, sur les routes, pour trouver d'autres lieux à purifier du mal, trouver d'autres miracles à accomplir...
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Invité
Anonymous
Invité
Mer 27 Aoû 2014 - 2:43
S'il n'y a pas encore de fin, n'en prenez pas ombrage, le texte n'est pas encore fini. :)
C'est un de mes projets d'histoire courte/nouvelle qui attend une fin.^^

Quoi qu'il en soit, bonne lecture.

LE BANC SOUS LES FEUILLES

En cette belle après-midi d'automne, loin de toutes choses, perdu au milieu d'un parc ombragé, se tenait un banc. Ce banc n'était pas particulièrement beau, ni bien entretenu, et le temps avait accompli son ballet langoureux. Décrépi, sali, il n'attirait plus grand monde. Seules les feuilles des arbres dorés osaient encore s'en approcher, virevoltant dans les airs avec grâce avant de se poser, embrassant presque passionnément l'ancienne fraîcheur de la peinture.

Le ciel, d'un beau gris, doux, comme les yeux d'une mer après la tempête, aimante, maternelle, recouvrait les arbres de son beau voile nuageux, laissant de temps en temps un éclat de soleil paresseux se faufiler entre les épais moutons célestes. Puis, d'un coup, d'un seul, sans la moindre semonce, ces derniers disparaissaient, rendant à la solitude de son être le banc. Seul sur sa tendre terre, le boisé se mit à se souvenir de sa vie, alors que le crépuscule approchait, moment où le loup devenait chien.
Il repensait à ce qu'il avait vu. Ce qu'il avait fait. Ce qu'il n'avait pas fait. Il repensait au petit garçon qu'il avait l'habitude de voir, cent ans auparavant. Ce petit garçon qui, chaque matin, alors que le vent frais soulevait les écharpes pour en fouetter le visage des passants, accourrait pour lui raconter des secrets. Sa première amoureuse, une jolie petite fille répondant à un nom égaré dans la mémoire ancestrale du banc. Mais ce n'était cela pas le plus important. Ce qui comptait, c'était que le petit garçon le lui ai dit. Le lui ai murmuré, si gentiment, si aimablement, qu'il s'en souvenait encore. C'était le jour où les hommes étaient partis pour étendre la grande ombre sur l'Europe. Le jour où les troncs qui parlent se sont entre-tués, et se sont dit plus jamais. Ils étaient bien idiots, ces troncs, avait pensé le banc.

Mais ce jour là, il aurait pu y avoir n'importe quoi, le plus important avait été ce secret. De cette balbutiante confidence, jamais, jamais il n'en avait parlé. Il l'avait gardé pour lui, aussi muet qu'une tombe. Oh, il avait déjà été tenté d'en parler à d'autres, mais une promesse est une promesse. Et on ne trahit pas une promesse. Les bancs n'ont qu'une parole.
Les bancs n'ont qu'une parole...
Le banc sentit un courant d'air frais glisser le long de ses barreaux. Cela lui rappelait quelque chose !!! Le frottement qu'il avait ressenti, autrefois. Ce soir-là, à ce moment, où il avait vu un jeune tronc, et sa belle compagne arriver gaiement, bras-dessus, bras-dessous, joyeux comme pas permis. Quatre ans étaient passés depuis ce jour où le petit garçon avait livré son secret. Quatre ans étranges, sombres comme la fumée qui sortait des cheminées. Novembre venait à peine de commencer, délivrant sa froide étreinte, et étrangement, sans que le banc ne sache pourquoi, tout le monde semblait joyeux.

Ce soir là, donc, ce joli couple, beau comme un charme quand il rencontre un hêtre, bruyant comme l'eau qui ruisselle sur le sol pierreux, étrange comme le feu qui crépite plus fort sans que l'on n'en sache la raison, se posa sur le banc, tout doucement. A ce contact, il frissonna fébrilement. Il sentait. Quelque chose, certes, mais il ne savait pas quoi. Il avait la vague impression de se souvenir. D'avoir été lui aussi un tronc. Pas un tronc sur deux pattes, mais un vrai tronc, s'élevant haut dans le ciel, caressant langoureusement le ciel de ses feuilles. Le vent soufflait alors sur son écorce fébrile, lui procurant des frissons de bonheur. Cette sensation d'être un tout, et non pas un simple banc, au milieu de ce petit parc, entouré de grands arbres aux vertes ramures, le comblait. Mais pour le pauvre banc, tout cessa quand le joli couple se leva, et repartit en bondissant presque. Ils étaient beaux.

Et ça aussi, le banc l'a gardé en sa mémoire. Il ne l'a jamais dit, à personne. Jamais. C'était trop beau, trop pur, trop... inconnu, pour qu'il en fasse part aux autres bancs... d'ailleurs, y avait-il d'autres bancs ? se demanda le banc. Il n'avait jamais vu quelqu'un comme lui, ici, dans ce parc.
Derrière les cimes hautes, le banc vit, comme chaque jour, le soleil se coucher, et les autres petits soleil s'allumer autour de lui. C'était amusant de voir les troncs les forcer à apparaître. Et le banc pensa. Il pensa au gigantesque tronc sur pattes qui devait allumer le gros soleil dans le ciel tous les matins. Que son travail devait être intéressant comme tout. Plus que celui d'être un banc.

Le banc s'endormit... 

Il rêva toute la nuit, et se réveilla au petit matin. Une épaisse couche blanche et moelleuse recouvrait chaque surface, et le banc comprit alors pourquoi il avait eu froid cette nuit. La neige. Il aimait bien la neige. Le parc était joli quand il neigeait. Puis, il observa autour de lui le remue-ménage : de nombreux enfants gambadaient dans le parc, heureux, jouant avec plaisir. Le banc pensa qu'on devait être au milieu de la semaine, le jour où les petits pouvaient profiter de cet air frais et pur, au lieu d'aller il ne savait où, pour faire il ne savait quoi.

Quoi qu'il en soit, il observait avec ravissement ces petits, tout petits troncs. Il n'avait jamais vu de petits bancs, lui. Et pourtant il y avait des petits troncs... C'était étrange. Alors qu'il réfléchissait, une boule de neige heurta son dossier, le faisant sursauter... ou presque, ce n'est qu'un banc, ne lui en demandons pas trop non plus.
En tous cas, il frissonna. Et ce frisson ramena des souvenirs, le passé. Son passé. Et il se rappela : trente ans après la visite des deux troncs amoureux, ce joli soir de novembre, il avait sentit cette froide sensation sur son dossier encore neuf, et fraîchement repeint, d'ailleurs !!! D'un beau vert profond. Comme les feuilles des arbres. Mais il n'y avait pas de neige ce jour-là, non. Juste la froide terreur d'un jeune banc face à l'inconnu.
C'était sans doute lié, mais peu de temps auparavant, d'étranges grands troncs à la tête arrondie, sans feuillage, et aux racines brillantes et claquantes avaient envahi le parc et ses alentours. Et c'est un de ces nouveaux arrivants qui avait fait peur au banc. Ce jour spécial, donc, tout était calme dans le parc, seuls les bruissements des feuilles, et le bruit de pas des écureuils troublaient le silence. Ces petits animaux faisaient encore, pour les plus tardifs, leurs récoltes, afin de passer tranquillement l'hiver.
Alors que tout allait bien dans le plus beau des mondes, des bruits terribles et assourdissants se firent entendre. Une des parois étranges, faites de bois et de roche, où vivaient les troncs sur pattes, venait de s'illuminer à plusieurs reprises. La fine pierre transparente s'était trouée, et alors que le bruit retombait lourdement, le panneau de sortie s'ouvrit, laissant passer une des compagnes des troncs. Elle était toute rouge, et ce rouge coulait au sol.

Jaillit ensuite un de ces troncs au crâne arrondi et aux racines noires et brillantes qui fit tomber de loin la dame avec un bruit assourdissant, sans même bouger d'où il était. En voyant la dame heurter le sol sans se relever, ce frisson qu'il n'avait jamais ressenti encore prit le banc, le saisit violemment, comme un jeune enfant saisirait son chien, pour jouer avec en le secouant.
Il fallut au banc pas moins de trois couples de troncs pour lui faire ouvrir les yeux, et cesser de frissonner. Il avait goûté à la peur.
Ainsi se souvint le banc de cette histoire, de son histoire, alors qu'il observait les petits enfants gambader dans la neige fraîche. Ils étaient là pour lui redonner le goût de la vie. Et pour s'amuser, aussi, bien que le banc comprenait mal cette notion.
Mais alors que sonnaient les douze coups de... d'ailleurs, le banc ne savait pas de quoi... les douze coups donc, tous les petits troncs, les tout petits troncs quittèrent le parc.
Et le banc se retrouva de nouveau seul.

La matinée passa rapidement, sans grand intérêt, laissant tout le temps au banc d'observer la course du soleil à son envie, et les marques ombragées se déplacer au sol. Il se plaisait à sentir les chauds rayons sur son vieux bois, le revigorant un petit peu après toutes ces années de solitude. Enfin, il ne savait pas vraiment ce qu'était la solitude, vu qu'il n'avait jamais eu de compagnie. De vraie compagnie. Mais il l'imaginait. Il la sentait. Il y pensait. C'était tout ce qui comptait.
Ainsi, alors que l'astre chauffait le ciel en son zénith, le banc rouvrit les yeux, afin de se rendre compte de ce qu'il se passait ; il avait senti une pression, légère, mais réelle, sur ses genoux. Et il découvrit un vieux tronc, desséché, fin comme une branche de saule, à l'écorce plissée. Il avait un feuillage blanc et parsemé, comme un arbre en hiver, après une tempête de neige.
Ce vieux tronc était assis, et ne faisait rien. Il observait tout autour de lui, avec des yeux tristes, un bâton à la main. Le banc eut de la compassion pour lui, cet être qui paraissait si solitaire. Il se ressemblaient en quelques sortes, tous les deux... Ce regard lui rappelait le bref séjour qu'il avait passé dans un lieu où les troncs enterraient leurs morts.
Tout le monde avait le même regard, dans ces moments là, regard que comprenait totalement le banc. Ce regard, celui que l'on a quand on a perdu un être cher. Le banc, lui, avait perdu la vie. Mais il était encore là, ici, présent, et il ne savait pas pourquoi. En tous cas, sur ce moment, il voyait ce vieux tronc, les yeux humides, prêt à pleurer toutes les larmes de son corps. Ses épaules se soulevaient difficilement. Son souffle était calme, posé, mais aussi puissant que le soupir d'un amant éconduit. Et le vieux tronc prit la parole, à la grande surprise du banc :

- Tu sais, je n'ai pas fait grand chose de ma vie. J'ai travaillé, j'ai entretenu ma femme, élevé mon enfant. Je peux en être fier. Mais maintenant que je n'ai plus rien, ni femme, ni travail, ni enfant, que puis-je faire ? Maintenant que je suis seul, sans avenir, sans passé ? Dis-moi donc, toi qui n'a jamais rien pu faire. Dis moi...

Les derniers mots du vieux furent un murmure, alors qu'il appuyait son dos contre le dossier, et fermait les yeux, avec un léger soupir, qui fit frémir sa fine moustache de neige. Le banc, ne comprenait rien. On lui parlait. Il ne savait pas. Il n'avait jamais su. Et il ne pouvait pas, pathétique morceau de bois mort.
Le temps déroula sa longue trame durant laquelle le vieillard ne bougea plus, et le banc réfléchit à quoi dire, et surtout comment le dire. Au bout d'un moment, un frisson parcourut l'immobile boiserie, alors qu'il ne sentait plus la chaleur émaner du corps âgé. Plus un souffle, plus un mouvement, alors que la nuit tombait. Il ne savait pas quoi faire. Paniqué, il tenta de bouger, sans succès.
Il tenta de se mouvoir.
Il tenta de s'extraire de cette terre qui le bloquait.
Il échoua.
Encore.
Et encore.
Et le vieux tronc ne bougeait pas, ne respirait pas.
Dans la nuit, le banc prit conscience, et le Banc hurla sa peur, sa tristesse, et son désespoir.
Enfin, après des heures d'horreur, l'aurore aux doigts roses arriva, délivrant ses premiers rayons hasardeux. La nature s'éveillait délicatement, et le Banc restait de marbre, alors que personne ne venait encore. Le vieux tronc ne bougeait plus depuis trop longtemps, et le Banc avait bien compris qu'il ne bougerait plus jamais. Il en avait pleuré toute la nuit, sans pouvoir rien y faire. Enfin, avant que les premiers arrivants, eh bien... n'arrivent, quelques troncs trouvèrent le vieux sur le Banc, et l'emmenèrent délicatement, un air attristé sur le visage, comme ceux que le Banc avait déjà vu là où les troncs morts étaient mis en terre. Avec un soupir, le centenaire de bois vit partir celui qui, par son sacrifice, lui avait ouvert les yeux.

Puis, l'esprit toujours hanté par cette soirée, il essaya de se distraire en observant les passants. Ces troncs à pattes. Qui, comme le Banc, essayaient d'oublier l'inéluctable fin de l'histoire. Ils se débattaient sans cesse dans le flot du temps, éphémères, limités, temporaires. Et pourtant... Ils faisaient tant de choses, que le Banc ne ferait jamais. Et il les enviait pour ça.
Perdu dans ces sombres pensées, le Banc remarqua à peine l'insolite petit couple qui se posa sur lui. Une compagne de tronc, fine comme un roseau, aussi légère qu'une rémige d'oiseau, rayonnante comme l'astre solaire, et son petit arbrisseau, avec deux ou trois feuilles à peine de poussées, frissonnant dans le froid matin de novembre où ils se trouvaient.

La maman tenait si fermement son tout-petit qu'il ne risquait pas d'avoir froid. Oh que non !!! Le Banc ne les remarqua que quand l'arbrisseau éternua dans l'air frais. Alors que son regard était tourné vers le passé, le Banc jeta un œil au bébé, et resta subjugué : un frisson, nullement semblable à celui qu'il avait éprouvé la veille, le parcourut, le réchauffant des pieds au dossier. L'amour. Un amour infini. Insensé. Inaltérable. Invincible. 
Voilà ce qui unissait ce petit arbrisseau à sa mère.
Et à travers cela, le Banc réfléchit sur lui-même : avait-il eut sa maman, comme ça, prêt de lui. Non, ou c'est qu'il ne se souvenait pas. Il avait toujours été seul, du premier jour à aujourd'hui. Pas de famille. Pas de père, ni de mère...
Mais aussitôt, face à cette âme pure et encore innocente, l'attention du Banc se tourna vers l'optimisme du futur !!! Il était tout petit, tout jeune, sans grandes branches !!! Il ne pouvait que croître, et devenir beau !!! Beau comme sa maman !!!
Comme pour approuver les pensées du Banc, le petit, dans les bras de sa mère, se mit à remuer, ouvrant grand la bouche pour bailler, écartant les bras avec fougue, celle des vivants, et des bien-vivants même. Quasiment extatique, refoulant tous ses sentiments négatifs, le Banc fit tout ce qu'il pu pour réchauffer ce petit duo improbable en ce froid matin, à l'aurore encore naissante.

Le blanc était rose, les feuilles dorées, encore présentes malgré l'arrivée imminente du grand et glacial Hiver. Et la mort laissait place à la vie. A une vie, infime, mais précieuse. Devant tant d'ardeur de son enfant face à la vie, la compagne d'un tronc sourit, d'un beau sourire, de ceux que l'on voudrait voir plus souvent gravés sur les visages, de ceux qui donnent envie d'être aimés. Et c'est un peu ce que ressentit le Banc à ce moment là : la sensation d'être aimé, apprécié. Il était de bois froid et mort, mais un cœur battait sous la peinture écaillée. Et ça, il venait juste de s'en rendre compte. Après cent ans d'existence.
Au loin, à l'horizon, le petit jour se levait, éclairant de ses rayons protecteurs le petit trio, disparate dans leur origine, mais soudés ensemble par l'amour. Un amour certes différent, à sens unique, mais bien présent. La grosse orange céleste se dressait peu à peu, emplissant les airs de sa lueur rassurante, laissant le Banc à un repos mérité après cette nuit de calvaire.

Morphée fut avare de ses dons, et le Banc rouvrit très vite les yeux... 
Baillant grandement après tout ce qu'il avait vécu en si peu de temps, encore chaud de son moment passé avec les deux troncs, le Banc éveilla peu à peu sa conscience à ce qui se passait autour de lui. Le manque d'activité du petit matin avait laissé place à un léger fourmillement dans le parc, et de nombreuses personnes bondissaient, courraient, marchaient, menaient leur petite vie tranquille dans le jour encore nouveau-né.
Le Banc observait tout ce beau monde depuis des années, mais jamais il n'avait cherché à mieux les connaître. Certains passaient là souvent, d'autres moins. Mais le Banc les avait toujours ignoré. Non par dédain, seulement par ignorance de lui même. Or, comment connaître les autres si on ne se connaît pas d'abord...

C'est sur ces discussions philosophiques que le Banc remarqua que la mère et son fils étaient partis. Sans doute dans leur chez eux. Un endroit bien chaud pour le tout-petit. Pour qu'il se sente bien. Pour qu'il soit bien. Et même si cela signifiait ne plus les avoir avec lui, le Banc sourit en pensant à la sécurité qu'ils avaient. Qu'ils soient heureux !!! Cela suffisait amplement au cœur de bois. Cœur qu'il n'avait jamais entendu, pris dans une morne habitude, celle de ne pas battre, au fond des fibres et du métal dont était fait le Banc.

Ainsi, de nouveau seul, mais l'esprit plein à craquer de pensées, de réflexions, de vie, c'est à peine si le Banc vit passer la journée, et les gens qui allaient avec : des coureurs fatigués, des affamés dévorant leur repas et même des vieux troncs qui se reposaient devant tant de tranquillité. Sauf que le Banc n'en avait cure. Seule sa pensée l'intéressait désormais, et ce que cela lui offrait. Ainsi, le jour céda la place à la nuit, et le soleil à la lune, alors qu'enfin émergeait de ses réflexions le vieux Banc usagé, qui avait affronté nombre d'épreuves en moins d'une semaine. Et il se rendit compte que concentré, il avait laissé échapper de son attention les nombreux visiteurs qui se plaisaient à lui accorder quelques instants d'utilité. Et c'était mal, pour un banc, que d'oublier son rôle : contenter les troncs qui marchent.
Avec comme seules compagnes ses pensées, il affronta de nouvelles ténèbres. Mais étrangement, celles-ci l'effrayait davantage. Peut-être étaient-elles plus sombres ? Non, pas possible... Sans doute était-ce l'hiver qui approchait... probable, mais ça n'aurait pas été aussi fort, le Banc connaissait chaque hiver depuis cent ans. Donc non... Hum...
C'est alors qu'un craquement à la gauche du Banc le fit sursauter. Et il se mit à rire : ce n'était qu'un petit chat qui se promenait dans les buissons. Il était tout noir, avec de beaux yeux verts. Mais il semblait mal en point. La peau sur les os, quelques trous dans la fourrure et le boitement laissaient plus que supposer l'appartenance de la petite boule de poil à la féroce rue. Avec un regard compatissant, le Banc l'invita à monter. Tout d'abord, rien ne se produisit, et l'être de bois crut ne pas se faire comprendre par l'animal. Mais après de nombreuses secondes, il grimpa avec agilité et vint se lover en ronronnant tout près du cœur nouvellement découvert du Banc.
La chaleur produite par la peluche vivante, l'effort de réflexion et la nuit arrivant poussèrent le Banc à finalement fermer les yeux et à dormir... 

Des bruits le réveillèrent alors que la lune n'était toujours pas descendue du ciel. Elle brillait comme un pâle joyau accroché dans un écrin de velours sombre, bleu nuit, sur lequel quelques gouttes de lait étaient tombées. Un beau spectacle, si ce n'était l'absence totale de bruits qu'entendit le Banc. Rien ne se passait, rien ne bougeait. Seul le petit chat dormait encore paisiblement sur les barreaux de bois.
Et ce silence terrifiait davantage le Banc que la multitude de sons naturels. Il ne savait pas comment réagir. Un léger brouillard recouvrait le sol. Le ciel était dépourvu de nuages, offrant une excellente vision de l'astre lunaire. La ville comme les animaux s'étaient tus.
C'est alors que passèrent devant lui deux formes translucides, tirant sur le blanc, faibles silhouettes dans la luminosité du réverbère. Elles marchaient, droites, sans s'arrêter, fixant un point devant elles et ne déviant pas. Puis, deux autres arrivèrent. Puis encore deux autres, puis encore deux autres !!! Et ce manège dura jusqu'à ce que le petit chemin de terre devant le Banc soit plein de ces silhouettes. Elles ne le regardaient pas. Elles chantonnaient un air triste, vague et éthéré. Et elles ne se stoppaient pas. Il en était bien content, le Banc, car devoir affronter ces choses ne lui plaisait guère.
Mais il éternua, et la marche des hères fantomatiques s'arrêta net. Le chat se releva, et bondit en feulant vers les buissons, alors que des centaines de têtes se tournaient vers le bois pensant. La sève, ou ce qu'il en restait, du Banc ne fit qu'un tour quand il vit le visage du vieux tronc décédé, de la mère qu'il avait vu le matin avec son enfant, du petit garçon qui lui avait confié son secret, des amoureux, de la jeune compagne de tronc qui avait été abattue, de tous ceux qui l'avaient marqué. Et il grinça de terreur en les voyant gronder, interrompant leur funeste litanie. Puis, peu à peu, elles s'approchèrent du Banc, un autre objectif gravé sur leurs visages de morts. Des haches apparaissaient dans leurs mains, véritables instruments de torture.

Malgré les grands mouvements mentaux du Banc, rien n'y fit. Il ne pouvait se dégager !!! Il forçait, poussait, tirait, hurlait pour se donner du courage, mais rien n'y fit.
Il ne sentit pas le premier coup. Mais le second le fit tourbillonner dans les ténèbres de l'inconscience. Enfin, il rouvrit les yeux, après les avoir fermés à l'instant, pour découvrir un soleil timide s'élever de par delà l'horizon. Les yeux engourdis par le froid et l'adrénaline, le Banc mit du temps à comprendre. Mais enfin, son esprit s'éveilla, et il comprit !!! Un cauchemar !!! Une horreur de son esprit !!!
L'être de bois se mit à plaindre les troncs sur pattes, qui, s'ils en faisaient plus souvent, devaient être très forts pour les maîtriser et en sortir indemnes... Quoi qu'il en soit, et malgré sa peur de retomber sur ces fantomatiques coupeurs, le Banc se rendormit, souhaitant terminer sa courte nuitée.

Au réveil, le Banc grogna devant les rayons qui l'agressaient. Le Soleil, qui n'avait pas attendu l'être de bois pour s'éveiller, se dressait en effet sous la voûte céleste. Mais le Banc se laissa très vite emporter par la douce chaleur procurée par les traits de lumière perçant le feuillage clairsemé. Ils lui permirent petit à petit d'émerger de ce sommeil plus qu'étrange qui avait rythmé la nuit dernière. Un cauchemar... c'était terrifiant, vraiment. Le Banc espérait que plus jamais il n'en referait. Mais c'était le lot des êtres pensants, de rêver, et il savait en son for intérieur que ce n'était que le premier d'une longue série de bons ou de mauvais rêves.

Aujourd'hui devait être un jour spécial. Des hommes vêtus de vert et de jaune, drôlement différents des promeneurs habituels, avaient investi le parc. Ils bougeaient partout, laissant des traces dans la neige, pleins d'une énergie propre aux tron... aux humains. Allez, il ne faut plus se tromper de nom. se disait le Banc. Ce sont des humains, pas des troncs. Mais quoi qu'il en soit, que les humains soient ou non des troncs, il n'en restait pas moins l'effervescence de ces personnes autour du Banc. Ils venaient troubler son repos. Mais il ne leur en voulait pas. Ils n'étaient que des hommes, après tout. Cependant, une touche d'inquiétude, sentiment plus léger que l'angoisse ou la peur, vint saisir le Banc quand ces hommes s'intéressèrent à lui. Ils le tâtaient, l'observaient, le soupesaient même, et il comprit. On allait encore le bouger. Pour le mettre ailleurs.
Mais il ne voulait pas aller ailleurs. C'était ici qu'il était bien, avec les gens joyeux, les gens tristes, et les autres. Or, les hommes en vert et jaune semblaient le regarder avec davantage d'insistance, ce qui n'était pas bon signe. Sur le geste de l'un d'entre eux, qui avait un étrange couvre-chef arrondi sur le crâne, comme une moitié de soleil, quatre des autres personnes s'approchèrent et posèrent leurs mains sous les genoux du Banc. Ce dernier refusait de bouger. Il luttait de toutes ses maigres forces, vociférant des insultes instinctives comme « fils de laurier » ou « bourgeon creux ». Mais rien n'y faisait. La force des hommes était en œuvre, et bientôt le Banc, triste comme tout, hurlant en sentant ses pieds quitter la terre qui l'avait vu grandir, se retrouva dans les airs. Il volait. Le sol défilait sous lui, et malgré cette sensation agréable, il ne lâcha même pas un sourire devant cette nouvelle expérience.

La colère, la hargne se dessinaient peu à peu au sein des fibres du bois froid et mort dont était composé le Banc. Oh, de nouveaux sentiments, très forts, dévorants. Les invectives du boisé cessèrent net quand il se rendit compte de ce qu'il ressentait. Ça, c'était Violent, Destructeur, Meurtrier. Cela sentait pareil que l'atmosphère du monde lorsque le petit garçon lui avait confié son secret. Oh non. Non, non, NOOOOOOOON !!!
Le Banc avait oublié le nom de la petite fille !!! Celui que lui avait confié le petit garçon cent ans auparavant !!! Devant un tel drame, ainsi porté dans les airs, il ne put que paniquer, et chercher au fond de ces cellules pour dénicher ce joli nom, doux comme le vent d'été, frais comme la rosée du matin. C'était atroce !!! Rien n'avait plus d'importance en ce monde. Rien du tout, si ce n'était retrouver ce nom.

Sans qu'il ne s'en rende compte, les hommes l'avaient amené jusqu'à un gros camion. Pour le Banc qui n'avait encore jamais rien vu de la sorte, c'était le mystère complet, la perdition la plus absolue. Non content d'avoir failli à sa mission, il avait peur.
Il ne restait que dix pas à faire aux hommes en vert et jaune pour rejoindre leur véhicule. Allez, ce nom commence par E !!! C'était quelque chose de beau, de doux, de rare... Es... Es... Alors que le Banc l'avait sur le bout de la langue, les humains le lâchèrent brutalement dans le camion, interrompant le cours de ses pensées. Et voilà qu'il l'avait reperdu !!! La frustration vint grattouiller très aimablement la surface antique du Banc.
Et alors qu'il comptait reprendre ses réflexions, le noir se fit. Il ne pouvait savoir que l'un des hommes avait fermé la porte du camion. Pour lui, le mal venait de quelque part, d'un être plus fort, plus dangereux que lui.
Pour échapper à ce qui l'attendait, le Banc s'en remit à cet être fort. Il pria.
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Jeu 28 Aoû 2014 - 22:33
Quatre

Sur son terrible cheval blanc,
Le Cavalier vêtu de Lumière
Avec, à la main, un arc reluisant,
Annonce la Vérité sur Terre.

C'est par ce guide que tous les Cavaliers sont liés.

Sur son cheval pourpre et puissant,
Le Cavalier vêtu de Rouge,
Noie la Terre sous un flot de sang.

Des Quatre, il est l'Exécuteur du Destin,
La guerre est son unique dessein...

Sur son cheval famélique, le Cavalier vêtu de noir,
Affame la Terre, les hommes et les couards.

Sous son règne, l'huile et le vin abondent.
Sous sa loi, les riches et les pauvres ont tort.
Sous sa coupe, le blé fiévreux nourrit les morts.

Le Cavalier vêtu de vert ramène les légions de morts sur Terre.

Répandant la peste et le choléra
De son cheval pestilentiel.
Il fait chuter les nantis du ciel
Pour faucher leur anima.
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Jeu 28 Aoû 2014 - 22:34
Introduction d'épopée scandinave

Illustres frères d'Armes et amis buveurs,
Laissez moi en ce jour vous conter
La terrible histoire d'Hakon le Marteleur
Qui de son marteau meurtrier fracassa moult contrées.
A la proue de son puissant Cheval des Mers,
Brandissant sa Larme de Thor,
Il a ravagé et pillé les terres,
Ramenant pour la gloire pain, sel et or.
Ami des Broyeurs de Crânes d'Odin
De qui il est honoré,
Berserker des têtes couronnées,
Il fait couler à flot sang et vin.
Toujours le premier à se battre
Et toujours le dernier à s'arrêter,
Il offre à sa famille la noble fierté
D'avoir une grande demeure et un feu dans l'âtre.
Ainsi je me dois, en tant que sa Voix,
De vous expliquer ses nombreux exploits,
Ceux qui ont fait pâlir les Dieux
Et fait frémir les antiques Cieux.
Il est donc temps pour moi de vous dire
Les beautés qu'a accompli ce sire parmi les sires,
Pour l'honneur, la mort et surtout la gloire,
La gloire, la gloire, LA GLOIRE !!!
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Jeu 28 Aoû 2014 - 22:34
Le Loup

Au-delà des montagnes enneigées
Et des fraîches rivières ombragées,
Dans les splendides forêts boisées,
Vit le Loup, fier animal au port altier.

Sa soyeuse fourrure mordorée
Lui permet, au cœur de la nature,
D'aller dans les bois fourrager
Afin de chasser nombre de créatures.

Ses yeux brumeux laisseraient apercevoir
Les âmes tourmentées en Enfer
Je ne suis pas d'accord sur ce qu'il faut voir
Rien n'est plus envoûtant que ce regard de fer...

De chasseur il est devenu proie
Quand, pris d'une intense jalousie,
L'Homme entra en guerre contre cet ennemi
Imaginaire qui était le roi.

Mais en Gévaudan persiste encor
L'étincelle qui permettra au mythe
De regagner son âge d'or
Et non d'accélérer sa chute.
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Jeu 28 Aoû 2014 - 22:37
Le cycle du feu

Un coucher de soleil.
Trouve-t-on une plus belle chose
Que cette masse de cheveux dorés
S'affaissant doucement sur son lit de saphirs ?

Ce coucher de rubis sur le frêle océan,
Brillant de mille feux au crépuscule,
Entonne un long chant funèbre
Pour la mort du soleil.

Un lever de lune.
Des filles au teint d'albâtre,
Lueurs farouches de la voûte céleste
Protègent leur vieille mère au ventre si rond.

Cet ancien disque d'argent sur bois d'ébène
Regarde, plein de mélancolie,
Son œil pâle comme la mort
Glisser sur l'eau sombre.
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Jeu 28 Aoû 2014 - 22:39
Je lisais tranquillement dans mon lit, alors que minuit approchait à grands pas. Il faisait noir dehors, et seule la lumière de ma lampe de chevet éclairait ma chambre. La fatigue commençait à me saisir, et je me laissais gagner par cette sensation apaisante. Je posais mon livre et éteignait ma source lumineuse pour me plonger dans les ténèbres, peu effrayé par ce qui m'avait traumatisé durant mon enfance. Je posais ma tête sur mon oreiller et fermais les yeux.
Je me réveillais d'un coup, plein de sueur, pour une raison inexpliquée. Peu à peu, je me redressais pour laisser mon regard fureter dans la pièce. Après m'être essuyé le visage, je m'appuyais le dos contre le mur et soufflais.

Cependant, je sentais que quelque chose n'allait pas. Un pressentiment étrange, comme un sixième sens m'alertait qu'il allait se passer une chose d'horrible. A peine avais-je fini de penser cela qu'une lueur rougeoyante apparut au fond du couloir, menaçante. Des bruits de pas titanesques retentissaient sur le chemin, et une odeur de fumée émanait du corridor.
Inconsciemment, je me cachais sous mes draps de coton, certes transparents, mais c'était un réflexe banal. D'un coup, tout ce que je voyais, entendais et sentais prit fin. J'étais de nouveau sans rien de plus que moi et mon lit. Rassuré et intrigué, je repoussais ce qui me camouflait au monde.

Un Satan, puissant, monstrueux et entouré d'une aura d'un rouge sanglant me toisait de toute sa hauteur. Ses cornes pleines de sang raclaient le plafond, sa toison déjà d'un pourpre sombre était éclaboussée d'hémoglobine. Ses sabots de bouc laissaient des traces enflammées au sol, tandis que sa longue queue fourchue fouettait l'air avec force. Ses yeux verts, aux pupilles en amande, me fixaient avec un plaisir non dissimulé, alors que sa bouche s'étirait en un sourire mauvais et terrible, plein de dents pointues.
J'étais figé devant sa vision impressionnante et horrifique, attendant ce qui allait suivre.

Il se pencha sur moi, faisant tomber le plâtre du plafond autour de mon corps. Son haleine n'était pas puante comme j'aurais pu le croire, mais chaude et sentant le sang frais. Ainsi, il me dit:

- Regarde toi, tu n'es rien. Tu vas devenir mon héraut sur cette terre !!!

Et il posa son index sur mon torse, me brûlant terriblement. Je hurlais et me réveillais en sursaut.
Il n'y avait rien autour de moi, seulement un peu de vent qui filtrait par la fenêtre ouverte. Par instinct, je regardais l'endroit où le Satan m'avait touché de son doigt rouge et incendiaire. Une marque était apparue, légèrement chaude. Peu de temps après, elle disparut, mais sur le coup, je dois dire que j'ai douté de ce fait...
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