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 :: RP terminés
Des retrouvailles bien attendues (PV Anna d'Arendelle)
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Anonymous
Invité
Sam 8 Oct 2016 - 13:23
HRP: chronologiquement ce rp se passe quelques semaines après le topic "Things are coming clean" de Judy Hopps

Mes mains se serrent sur mon plateau alors que j’avance en suivant dans l’ordre la file d’attente. La cafétéria de l’université est un lieu qui me met toujours mal à l’aise : immense, bruyante et bondée, elle me donne l’impression d’être écrasée. C’est un lieu où j’ai du mal à me concentrer, à penser. J’attends, avec impatience, que mon tour vienne. En se posant sur mon plateau, mon sourire revient soudain sur mon visage : je revois, pliés sur le rebord, mes résultats de l’examen de physique (je n’ai pas eu le temps de les ranger dans mon sac à dos). Un A, troisième de la promotion sur l’examen… Et j’ai reçu des félicitations personnelles du professeur ! Je ne suis pas dupe des murmures dans mon dos: il se dit que j’ai triché, que je fais tout pour attendrir les enseignants avec mes airs de « sainte nitouche »… Mais pour une fois je m’en moque. Mes rêves de participer à l’expédition de l’année prochaine en Antarctique commencent à se concrétiser. Quand je raconterai cela à Judy… Elle m’encourageait, elle me disait que je pourrais y arriver. Mon sourire s’agrandit en pensant à ma nouvelle amie. Dire que j’étais morte de peur quand je l’avais vue la toute première fois… A présent on est sorties plusieurs fois, on s’est même regardé quelques films et organisé quelques soirées rigolade dans mon appartement. Ça me fait du bien de me sentir un peu moins seule…

Ni le sandwich malingre que je suis contrainte de me payer à cause de mes fonds restreints, ni les bousculades dans la salle bondée ne parviennent à m’enlever mon sourire. Je note au passage qu’il y a plus que des étudiants aujourd’hui : plusieurs restos du coin viennent faire l’exposition de leurs produits, j’aperçois même avec amusement quelques hommes et femmes-sandwich qui chantent les louanges de Subway et de Burger King. Je m’assois dans le fond de la salle, dans un coin légèrement surélevé,  à une table où conversent gaiement une demi-douzaine de jeunes hommes. Certains portent des lunettes, d’autres des T-shirt représentants des personnages de mangas ou de science-fiction. C’est le groupe des informaticiens de l’école, qui ne se séparent jamais. Les « nerds », comme on les appelle. Moi je les aime bien : ils ont des discussions intéressantes, ils ne me jugent pas, et le reste de l’école se méfie d’eux comme pour moi. Au début ils étaient surpris de voir une fille plutôt jolie vouloir se mêler à leur groupe, mais finalement je me suis plutôt bien intégrée. Avec eux je peux parler de livres, de nature de science… après avoir discuté un peu avec eux j’ouvre d’ailleurs mon livre de climatologie, afin de préparer mes révisions du week-end. Les illustrations représentent des paysages enneigés de Norvège et du Groenland, elles font fondre mon cœur car elles me rappelle Arendelle. En souriant je me dis qu’après l’Antarctique je pourrais essayer de rejoindre une expédition pour aller là-bas. Que peut-être…

-Oh qu’avons-nous là ? Elsa, ma petite chérie, comment tu vas ? Tu n’es pas venue dire bonjour à ta meilleure copine ?

Je me fige en entendant cette voix fluette de fausset que je ne connais que trop bien. Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir que Jerry Simons se trouve juste derrière moi, à ma droite, et qu’une de ses copines se tient sur ma gauche, comme pour me barrer la route. Je prends mon courage à deux mains, et je fais face au regard de ma tourmenteuse. Brune, grande et longiline, les yeux verts pétillants de malice, les lèvres rouges, les ongles impeccablement vernis, bracelets, jupe et T-shirt à la mode : on pourrait chercher plus opposée à mon apparence qu’on n’y arriverait pas. Capitaine de l’équipe de pom-pom girls qui accompagne les joueurs de baseball de l’université à chaque match, Jerry règne en dictatrice sur les filles "populaires" de l’école.  Et mis à part le maquillage et le coiffeur, ainsi que caqueter sur des banalités et sur les derniers garçons avec qui elles ont couché, leur passe-temps consistent uniquement à martyriser celles qui leur semblent sortir de la norme.

Je ne dirais pas que cette fille est bête, elle peut au contraire se montrer très maligne et sournoise. Elle est juste… vide. Pas de centres d’intérêt ni de passions, elle ne s’intéresse qu’à ce qu’elle pourra gagner dans son travail plus tard et à l’idée que les autres se font d’elle. Après m’avoir lancé un regard de compassion, mes amis informaticiens baissent néanmoins la tête et se replongent avec attention dans leur repas : ils savent que quand les pom-pom girls sont dans les parages, les joueurs de base-ball ne sont pas loin non plus.

Peut-être est-ce l’influence de Judy ? Le fait est que c’est la première fois que j’ose défier Jerry du regard. Elle hausse d’ailleurs un sourcil d’étonnement et pose sa main droite sur sa hanche, comme si elle venait de voir une comète qui ne passe que tous les neuf centsans dans le ciel. Même si ça m’étonnerait fort qu’elle sache ce qu’est une comète...

-Je ne suis pas ta « chérie », Jerry, et nous ne sommes pas copines. Si tu veux bien me laisser, je dois terminer mon repas et retourner travailler.

Je me retourne face à mon sandwich comme si de rien n’était, en m’efforçant de maintenir une apparence impassible. Mais en réalité je tremble de peur : qu’est-ce qui m’a donc pris ? Je n’ai donc rien appris de mes leçons ? Je prends une nouvelle bouchée de mon repas, une gorgée de ma boisson, et m’efforce de regarder droit devant moi.

La riposte ne se fait pas attendre, mais de façon plus insidieuse que ce à quoi je m’attendais. Je sens tout d’un coup une main se glisser dans mes cheveux dénoués (comme à mon habitude), et me les caresser délicatement de haut en bas. Une délicatesse ironique, malsaine, qui m’inspire immédiatement la nausée. Je me fige complètement, les mains collées à la table. Je me souviens de ces moments, quand on était toute petite, où Anna et moi nous amusions à nous coiffer nous-même et où nous rigolions du résultat catastrophique. La sensation des mains de ma petite sœur dans mes cheveux était agréable, relaxante, rassurante, à l’opposé complet de cette intrusion. Oh Anna, si seulement tu étais là… Si tu savais, si tu savais comme je regrette...

-Mais qu’est-ce qui se passe donc dans cette tête ? Dans cette charmante, si maligne petite tête ? Tu t’es trouvée du courage, ma petite chérie, hein ?

-Tu arrêtes ça, maintenant.

Mais pour une raison que je ne parviens pas à expliquer, je sens qu’il est déjà trop tard. Je sens les doigts de Jerry qui s’enroulent délicatement autour d’une mèche fournie de mes cheveux… et soudain, sans prévenir, tire violemment la mèche sur la droite. Une douleur fulgurante et inattendue me traverse la tête, et je réprime un cri pendant que mon visage se contorsionne de souffrance. J’essaye de me dégager, mais je sens les mains de l’autre fille qui se posent fermement sur mon épaule gauche, comme en guise d’avertissement.

-Aie, tu me fais mal !

-Pourquoi tu ne t’en rends pas compte ? C’est à moi que tu appartiens, petite Elsa. Je peux faire ce que je veux de toi. Et pour cette fois tes talents de tricheuse aux examens ne te servent à rien.

Elle s’amuse à présent à tordre dans tous les sens la mèche qu’elle tire. Je m’efforce de me contrôler pour endurer mon calvaire et éviter d’attirer l’attention : Dissimules, ne ressens rien. Si tu te laisses faire, elles finiront peut-être par se lasser. Mais c’est à grand peine que je dissimule les larmes qui commencent à se former autour de mes yeux. Le malheur est que m’étant assise dans un coin reculé et surélevé de la cafétéria, peu de monde peuvent nous voir en ce moment même. Et ceux qui le peuvent soit baissent les yeux par honte de leur lâcheté, comme les informaticiens, ou regardent d’un œil curieux voir amusé.

-Est-ce que tu sens la douleur, Elsa ? Ça fait du bien de sentir quelque-chose n’est-ce pas ? C’est un fier service que je te rends là, tu sais.

C’est alors que la complice de Jerry, m’ayant libéré les épaules, s’empare de mes résultats d’examens de la main droite et s’apprête à se saisir de ma bouteille de coca de la main gauche. Saisie d’horreur en anticipant ce qui va se passer, j’ai un mouvement brusque du bras gauche qui bouscule la fille, qui laisse tomber mes feuilles. A l’instant Jerry me libère les cheveux, et je me précipite pour récupérer les feuilles tombées à terre, au grand amusement de ma tourmenteuse.

-Regarde ce que tu as fait ! Comme tu es maladroite…

Ignorant mon cuir chevelu qui souffre le martyr et les larmes qui apparaissent cette fois clairement au bord de mes yeux, je m’efforce désespérément de rassembler les feuilles dispersées à terre. Mais la capitaine des cheerleaders n’en a pas terminé avec moi. Elle se penche juste au-dessus de ma tête, et ajoute d’un ton pensif :

-Mais c’est qu'en effet tu as changé, Elsa. Je te sens moins passive et mollassonne qu’avant, comme tu as réagi tout à l’heure je n’aurais pas osé l’imaginer il y a quelques mois.

Sans même lever la tête je sens le sourire carnassier qui se dessine sur le visage de Jerry.

-C’est vrai que tu t’es fait une bonne amie, une très bonne amie même. Oh ne fait pas la surprise, je sais tout ce qui se passe dans la vie de chacune des filles de cette université. Et la tienne n’est pas trop difficile à scruter, ma pauvre.
On m’a dit que vous alliez souvent boire ensemble, qu’elle est déjà montée dans ton appartement, parfois jusque tard… Une amie, voir une très bonne amie. Oh mais depuis le temps tu ne crois pas que je ne sais pas ce que tu es vraiment ?


Elle se penche encore un peu, je peux presque sentir son souffle sur ma tête.

-Tu es répugnante, tu le sais ça ?

Je me fige à nouveau, les yeux écarquillés. De dégoût et de colère, parce que je n’admets pas qu’elle parle comme ça de Judy, ma meilleure amie, ma confidente, ma deuxième sœur. Mais de panique surtout… car ce à quoi elle vient de faire allusion, personne, PERSONNE ne doit être au courant ! Et surtout pas mes ennemis, ceux qui me veulent du mal. Sous aucun prétexte !

Et je me demande à cet instant : qu’est-ce que je leur ai fait à la fin ? Que ce soit à Arendelle ou à New York, j’ai toujours été rejetée parce que j’étais différente. Et ce que les gens ne comprennent pas leur fait peur. Donc je me suis repliée sur moi-même, me rendant malheureuse, pensant que c’était mieux autant pour moi que pour eux. Mais voilà que ce n’est plus suffisant. Voilà que non contents de m’avoir fait comprendre qu’ils ne voulaient pas de moi parmi eux, ils viennent me chercher là où je me suis réfugiée pour me faire du mal, gratuitement. Comme les hommes d’armes du Duc de Weselton, celui qui me qualifiait de Monstre devant toute la population d’Arendelle et devant ma propre sœur, étaient venus me traquer jusque dans mon Palais de Glace pour me tuer...

Et cette fois, Judy n’est pas là pour me protéger. Je rougis de honte : j’ai essayé, Judy, j’ai essayé de faire ce que tu m’as dis, mais je n’arrive pas à me défendre moi-même contre ceux qui me veulent du mal. Oh, si Anna était là…
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Anonymous
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Lun 17 Oct 2016 - 0:15
Des retrouvailles bien attendues
Elles marchaient sans savoir l'une vers l'autre
comme la chance quand elle cherche le hasard
Elsa ✧ Anna
Son souffle se mua en un sifflement irrégulier. Sa respiration saccadée l'épuisait de minute en minute. Faire le vide. Inspirer. Oublier cette pique qui lui déchirait la poitrine à chaque bouffée d'air. Expirer. Elle ne pouvait rien faire de plus. Ces crises la laissaient impuissante, soumise aux aléas de son cœur transi de froid. Le froid, ce fléau qui la rongeait de l'intérieur depuis plusieurs mois maintenant. Le mal qui avait précipité sa fin à Arendelle prenait désormais son temps. Vicieux, nonchalant, il s'immisçait avec lenteur dans chaque parcelle de son corps. Son visage marqua un arrêt avant de se tordre en une grimace douloureuse. Ses mains se crispèrent sur le lavabo des toilettes dans lequel elle avait trouvé refuge, le temps que son trouble passe. Son mal finissait par disparaitre de lui-même, ne laissant que des séquelles invisibles et de douloureux souvenirs. Doucement, son cœur acheva sa course folle, sa respiration se stabilisa et Anna put enfin goûter à ce calme et ce soulagement singulier qui suivait chacune de ses crises. Ce repos fut de courte durée. De l'autre côté de la porte, un bruit la fit sursauter. « Anna, ça va ? » La voix d'Emily était teintée d'inquiétude. Mince. Depuis combien de temps était-elle resté enfermée ici ? « Oui, oui, j'arrive de suite ! » s'écria-t-elle, espérant que son ton ne trahirait pas son trouble. Ce genre de malaise était devenu chose courante dans son quotidien, hors de question d'inquiéter inutilement le monde autour d'elle. « T'es sûre ? Ça fait un quart d'heure que t'es là-dedans, tu veux pas que je rentre ? » « Non, je t'assure que ça va ! » Douce ironie du sort. Elle qui s'était tant de fois heurté à des portes closes, voilà qu'elle jouait désormais le rôle inverse.

Ses prunelles se fixèrent sur son reflet. Anna n'avait pas tant changé depuis qu'elle vivait à New York. Certes, son teint palissait de jour en jour et des cernes s'étaient creusées sous ses yeux, mais son regard bleuté brillait toujours de cette même lueur enthousiaste et optimiste. La jeune femme rassembla rapidement ses cheveux en une tresse qu'elle prit ensuite soin de dissimuler sous un bonnet, ne laissant dépasser que sa frange ainsi que ses autres mèches encore colorées. Cacher la partie dépigmentée de ses cheveux, c'était là une nouvelle habitude qu'elle avait prise. À contre cœur. Anna n'aimait pas se dissimuler derrière des murs et des accessoires, seulement, elle était bien incapable de répondre aux questions que soulevaient les mèches blanches qui brisaient l'harmonie de sa chevelure. Mentir à ce sujet n'était pas envisageable. Que pourrait-elle dire ? Personne ici ne croirait en ces histoires de pouvoir de glace et de cœur gelé, pas même les médecins. Voilà pourquoi elle ne s'était pas encore décidée à consulter. Parce qu'elle savait pertinemment d'où venait le mal qui la rongeait et que s'entendre dire que son cas était unique et désespérée ne lui serait d'aucune utilité. C'était une vérité trop douloureuse. Retrouver sa sœur ou son fiancé est-ce avant que son cœur ne soit réduit à l'état de glaçon, c'était là son seul espoir.

« T’as une sale tête. Tu ferais mieux d’aller te reposer » Commenta Emily lorsqu’Anna sorti. La jeune femme secoua la tête, le sourire aux lèvres. Était-ce dû à l'intention que lui portait son amie ou à son accoutrement pour le moins ridicule ? Un peu des deux, surement. « Si tu voyais ton allure ! » Mordillant sa lèvre inférieure, Anna retint un éclat de rire. Coincée entre deux planches mettant en avant le dernier hamburger de Burger King, l'allure d'Emily était particulièrement risible.« Attends un peu avant de te marrer, le tien est juste là ! » Exact. Ce fut bientôt deux femmes-sandwiches qui sortirent de la pièce qui servait de vestiaire aux employés des différentes firmes venues présenter leurs produits dans la cafétéria d'une université aujourd'hui. Véritable publicité ambulante, Anna se traîna jusqu'au bâtiment en question, non sans difficulté. Non seulement elle avait l'air stupide, bloqué entre ces pancartes, mais celles-ci étaient également lourdes et encombrantes. Impossible de faire un pas sans bousculer quelqu'un ou quelque chose sur son chemin. Sa maladresse n'aidant pas, Anna passa le trajet à se confondre en excuses devant tous les malchanceux qu'elle renversait sur son passage.

La cafétéria était bondée. Depuis le stand où elle avait été assignée, la jeune femme observait avec curiosité le spectacle qu'offrait cette masse d'étudiant rassemblé au même endroit. L'univers universitaire était complètement étranger à Anna. C'était la première fois qu'elle mettait les pieds dans ce genre d'établissements. Pressée par la précarité, faire des études lui avait à peine traversé l'esprit. Les frais d'admissions étaient bien trop au-dessus de ses moyens et Anna, après une courte réflexion, en avait conclu que s'endetter alors qu'elle peinait déjà à joindre les deux bouts n'était pas raisonnable. Ses finances dessinaient très vite les limites de ses possibilités. C'était son besoin d'argent qui, aujourd'hui, la poussait à vanter les mérites de la malbouffe. En plus de son travail d'animatrice dans une école primaire, la jeune femme enchaînait les petits boulots pour arrondir ses fins de mois et pallier les imprévus. Ce mois-ci, toutes ses petites économies ainsi que celle de Kiara leur serviraient à s'offrir un nouveau micro-onde. Le dernier avait rendu l'âme suite à un… Léger accident impliquant une pasta box et une fourchette. Anna en était l'entière responsable. Une étourderie qui avait été fatale à l'engin. Au moins, les deux colocataires étaient désormais sûres et certaines que leur alarme incendie fonctionnait bien. Les nouvelles technologies de ce monde étaient décidément peu compatibles avec la gaucherie maladive de la jeune femme. Mais malgré tout, Anna gardait le sourire. Hors de question de se laisser abattre.

C'est une voix qui arracha Anna à ses pensées. Pas celle d'Emily, une autre voix. Plus mesquine, marqué d'agressivité. Plus qu'une simple voix, c'est surtout un nom qui attira immédiatement l'attention d'Anna. Elsa. Son cœur rata un battement. Deux syllabes renfermant une quantité de souvenirs. Une porte ouverte sur le passé. Le doux prénom de sa sœur. Aussitôt, ses yeux cherchèrent d'où venait cette voix qui, par la simple mention d'un prénom, venait d'éveiller d'immense espoir en elle. C'était stupide. N'importe qui aurait pu porter ce prénom, tout comme on trouvait des quantités d'Annas différentes. Ma pauvre Anna, tu te fais des idées. Mais… Et si ses espoirs étaient, pour une fois, justifiés ? Les chances de retrouver Elsa étaient infimes, mais… Et si, justement, aujourd'hui était sa chance ? Elle ne pouvait pas prendre le risque de laisser passer ce genre d'opportunité.

C'est une brune qui attira finalement son attention, une brune qu'elle aurait pu qualifier de jolie, si son sourire n'avait pas été aussi malveillant. Les traits de la princesse se durcirent. Cette brune, accompagnée d'une autre fille tout aussi apprêtée, semblaient être en train de martyriser une autre fille, blonde cette fois. Anna la dévisagea, muré dans un silence stupéfait. Cette blonde… Sa voix, ses traits… Elle peinait à y croire. Se pourrait-il que ses espoirs soient fondés ? Que cette jeune femme se révèle être Elsa, sa chère Elsa qu'elle cherchait depuis si longtemps ? Anna s'était heurtée à tellement de désillusion qu'elle osait à peine croire en cette possibilité. Elle voulut s'approcher, parler. Mais les mots mouraient avant de pouvoir franchir la barrière de ses lèvres. L'émotion était trop grande. Ses lèvres tremblaient, pourtant, elle mourrait d'envie de crier, parler, manifester sa présence. Son regard cherchait désespérément à accrocher celui d'Elsa. En vain. Oublié, son travail de femme sandwich. Elle avança. Ses pas s'arrêtèrent à mis parcours. En proie à une foule d'émotions contradictoires, elle ne savait ni quoi faire, ni par où commencer.

Son hésitation s'envola bien vite, et pour cause, le spectacle qui se déroulait sous ses yeux eut vite fait de dissiper les doutes qui occupaient son esprit. Si jusque là la surprise l'avait littéralement paralysé sur place, elle ne pouvait cependant pas rester insensible aux paroles et aux gestes violents que cette inconnue avait à l'égard d'Elsa. Anna sentait son cœur se gonfler de colère. Qui étaient ces filles ? Comment pouvaient-elles se permettre un tel comportement avec sa sœur ? Pire encore, pourquoi semblait-elle être la seule préoccupée par ce terrible spectacle ? Ma petite chérie. Répugnante. Qui était-elle pour se permettre de juger Elsa ? S'en était trop. Elle ne pouvait pas supporter une telle vision une minute de plus.

Anna avait toujours été de nature impulsive. Ses émotions l'emportaient sur la raison dans la plupart des situations et elle ne pouvait s'en mordre les doigts qu'une fois devant le fait accompli. « Non ! Elle n'est pas répugnante ! C'est une femme forte et merveilleuse ! » Peut-être aurait-elle du se laisser un temps de réflexion avant d'avancer, d'un pas décidé cette fois-ci, bousculant plusieurs élèves au passage, pour aller se planter entre Elsa et cette brute. « Tu ferais mieux de t'observer dans un miroir avant d'oser insulter les autres, mais j'oubliais, ça risque d'être dur d'observer quoi que ce soit sous la peinture qui te sert de fond de teint. » Ces mots venaient-ils vraiment de sortir de sa bouche ? Anna en était la première surprise. « Qui c'est celle-là ? Une de tes petites chéries Elsa ? Regardez-moi ça, incapable de se défendre sans l'aide d'une plouc sortie de je ne sais quel dépotoir. » « Ça suffit. » La brune la dévisagea, un rictus méprisant dessiné sur les lèvres. « Dégage de là, retourne vendre tes sandwiches et mêles-toi de ce qui te regarde connasse. » Le coup parti tout seul. Purement animée par la colère, Anna n'avait pas réfléchi. Son poing était venu s'écraser contre le joli minois de l'intimidatrice avec une puissance que l'ancienne princesse ne soupçonnait pas. Les yeux écarquillés, la jeune femme observa les ravages de son acte. La brune avait reculé, les mains plaquées sur son nez ensanglanté. « Putain de… Tu m'as pété le nez pétasse ! » « T'en veux une deuxième pour le remettre en place ? »  Répliqua-t-elle. Anna se mordit les lèvres. Regrettait-elle ce qu'elle venait de faire ? Elle-même n'en avait aucune idée, mais elle devait reconnaitre que voir ce tyran dans un tel état avait quelque chose de satisfaisant. Encore stupéfaite par son propre geste, elle eut à peine le temps de réagir lorsqu'une main lui agrippa les cheveux avec violence, lui arrachant son bonnet par la même occasion. « Tu vas regretter ce que tu viens de faire. » « Aïe ! »  Dans son impulsivité, Anna en avait oublié la présence d'une deuxième cheerleader dans cette histoire. Grimaçant, le cuir chevelu douloureux, elle se contorsionna pour attraper à son tour une mèche de cheveux chez son adversaire. Mauvaise idée. Plus elle tirait, plus la pompom girl se montrait impitoyable avec ses pauvres mèches mêlées de cheveux blancs. D'un coup de coude bien placé planté brutalement dans le nez de son adversaire, Anna parvint à se libérer de sa grippe et l'envoya rejoindre son amie.

Lorsqu’elle releva la tête à la recherche de sa sœur, elle fut surprise de voir que cette altercation avait provoqué un véritable mouvement de foule dans la cafétéria. Plusieurs curieux s’étaient approchés pour avoir, eux aussi, quelque chose d’intéressant à raconter sur les réseaux sociaux en rentrant. Cette foule n’intimida pas Anna. Elle, n’avait d’yeux que pour sa sœur. « Elsa… » Mais alors que, d’un pas hésitant, elle s’approchait enfin d’elle pour la saisir dans ses bras, une paire de main s’abattit sur ses épaules, l’empêchant d’aller plus loin. Quelqu’un avait visiblement averti la sécurité. Oups. « Qu’est-ce que… Lâchez-moi enfin ! » Ses mots tombèrent dans l’oreille d’un sourd.

***

La porte du bureau de la directrice se referma derrière elle. La pression retomba. Après de longues minutes de reproche, d'excuses et d'explications, Anna fut libérée et surtout acquittée. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle remettait ses cheveux en place sous son bonnet. Elle avait encore du mal à réaliser ce qui venait de se passer. Les images de son altercation avec les cheerleaders défilaient dans sa tête, flou, presque irréelle. Ces filles, elle ne les connaissait pas, pourtant leur attitude détestable envers sa sœur avait réussi à la faire sortir de ses gonds en un temps-record. Avait-elle été trop loin ? Peut-être. Mais le mal était fait, et Anna s'estimait chanceuse de ne pas s'être retrouvé devant la police. En ce qui concernait son travail à Burger King, elle pouvait d'ores et déjà faire une croix dessus… Mais ce détail lui importait peu.

Non, ce qui importait pour le moment, c'était Elsa. Sa sœur. Elle était là, enfin. Elle était loin, l'assurance qui l'avait poussé à s'interposer entre sa sœur et les deux cheerleaders. Croiser le regard de sa sœur, c'était comme regarder toute une vie défiler devant ses yeux. Des souvenirs heureux des jeux qu'elles avaient partagés. Des souvenirs plus douloureux, de son enfance solitaire, de la fuite de sa sœur… « Elsa… C'est toi ? C'est vraiment toi ? » Submergée par l'émotion de ces retrouvailles, Anna envoya valser les doutes qui l'habitaient et se jeta presque sur sa sœur pour l'enlacer. « Si tu savais à quel point tu m'as manqué. » Murmura-t-elle en resserrant son étreinte. Pas trop longtemps. Elle finit par reculer, à contre cœur. Sa sœur n'avait jamais apprécié les contacts trop physiques. Du moins, dans ses souvenirs.

« Ces filles… Tout va bien, tu n'as rien ? Oh je suis désolée d'avoir fait une telle scène, mais la manière dont elles t'ont traité… C'était plus fort que moi… Je…» Ses mots s'emmêlaient tout comme ses pensées. « Je suis tellement heureuse de te trouver que j'en perds mes mots. » Avoua-t-elle dans un rire nerveux. Le souvenir de sa dernière rencontre avec sa sœur était encore bien trop présent dans son esprit. Son rejet l'avait blessé. Dans tous les sens du terme. Les sœurs ne s'étaient pas quittées en de très bons termes. Devait-elle ignorer les différents qu'elles avaient eu ? Passer outre, faire comme si l'épisode du palais ne s'était jamais passé ? « En fait, je suis désolée pour… Pour tout. J'ai tellement regretté d'avoir insisté pour… J'ai toujours manqué cruellement de tact, je crois… Et… J'avais si peur de ne plus jamais te revoir que j'étais persuadée que nous allions rester sur ce dernier malentendu. Que je ne pourrai jamais me rattraper. » Anna se tordit nerveusement les mains. Pendant les longs mois qu'elle avait passés seule, ce genre de pensée coupable l'avait hanté. « Mais, je parle, je parle, oublions tout ça, n'est-ce pas ? Où étais-tu tout ce temps ? » Oublier, revenir comme avant, retrouver un passé plus heureux. C'était ces mêmes souhaits qui, déjà à Arendelle, avait éveillé la colère d'Elsa. Pourtant, Anna, une fois encore, pensait chacune de ses paroles. La jeune femme avait remarqué que sa sœur ne portait pas de gant. Contrôlait-elle parfaitement ses pouvoirs ? Ou bien ces derniers avaient-ils disparu ? Elle n'osa pas aborder ce sujet fâcheux de suite. Ce monde leur offrait l'opportunité de toute recommencer, et cette chance, la jeune princesse était prête à la saisir quoi qu'il arrive, sa sœur à ses côtés.
© Starseed
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Invité
Ven 28 Oct 2016 - 0:41
Cernée par les cheerleaders, cible des humiliations, de la violence et des moqueries, je me suis résignée à mon triste sort, comme souvent par le passé. Attendre que la tempête passe, et se replier sur soi-même pour mieux encaisser les coups. Soudain… je crois que le monde s’effondre autour de moi. Je relève la tête, les yeux complètement écarquillés. La Providence se moque-t-elle de moi ? Est-ce ma sœur qui vient d’apparaître entre moi et Jerry Simmons ? Et pourquoi Anna porte-elle en guise de vêtements deux pancartes de Subway ? Le monde marche sur la tête !

Mais il me suffit d’entendre sa voix pour en avoir la certitude. « Non elle n’est pas répugnante, c’est une femme forte et merveilleuse ! ». Il n’y a qu’Anna pour parler aussi fermement, et pour prendre ma défense sans hésiter. Mon cœur se gonfle d’allégresse et je reprends courage : ma chère petite sœur me montre que je compte encore pour quelqu’un, que je ne vaux pas rien comme les autres le pensent ! Cependant je vois que le face-à-face tourne bientôt à l’affrontement verbal, puis au pugilat. Et je m’affole : Anna est courageuse et pleine d’énergie, mais sait-elle à qui elle a affaire ? Les deux filles vont la tailler en pièce ! Oubliée mon moral au plus bas, la douleur, la stupéfaction de retrouver Anna. Je n’ai plus que la sécurité de ma petite sœur en tête :

-Non, arrêtez ! Faites de moi tout ce que vous voulez, mais laissez-la tranquille ! Laissez-la partir ! S’il vous plait !

Hélas mes appels sont vains, et la deuxième fille tire de façon horrible les cheveux d’Anna en arrière. Cette dernière ne se laisse pas faire, mais elle est sur le point de céder. Je remarque d’ailleurs à cette occasion un détail étrange : les cheveux d’Anna sont déjà constellés de fils blancs, en particulier une mèche qui se dégage. J’envisage de me lancer à mon tour dans la bataille : même si je ne pourrais que prendre des coups je ferais gagner un peu de temps à Anna. Heureusement, le sort semble venir à notre secours : voilà que des surveillants s’interposent, et c’est avec plaisir que je vois que tout traînant Anna par le bras ils ne ménagent pas non plus Jerry et l’autre fille.

N’ayant aucun intérêt pour l’agglutinement d’étudiants qui s’est formé autour du pugilat, pour le bruissement des conversations et les regards interrogateurs posés sur moi, je suis de loin le groupe formé par les surveillants et leurs prisonnières, ayant à peine pris le temps de rassembler mes affaires. Puis j’attends à l’extérieur du bureau de la directrice, patiemment, les mains jointes. Jerry et sa camarade finissent par sortir, et j’ignore superbement leurs regards haineux. Je réalise qu’en fait elles ne représentent rien pour moi, pas même une menace : si Anna est à mes côtés, et Judy, j’ai compris que je n’aurais plus à avoir peur des gens comme ça. Je me sens protégée et aimée, je ne suis plus seule au monde, et cette seule pensée suffit à me donner du courage. Dans l’intervalle un millier de questions me traversent la tête. Comment est-elle arrivée jusqu’ici ? Comment a-t-elle fait pour survivre ? Se souvient-elle de tous les non-dits, tous les moments d’incompréhension et de souffrance entre nous, y compris nos dernières retrouvailles dans le palais de glace ? Fréquente-t-elle toujours ce misérable des Iles du Sud ? Pourquoi est-elle venue à mon secours aussi vite, malgré toutes les souffrances que je lui ai causé ? Qu’est-ce qu’elle a entendu des méchantes choses que m’a dites Jerry ? Oh pourvu qu’elle n’ait pas entendu ses toutes dernières paroles ! Si ma propre sœur était au courant de ce que je suis, de cette partie de moi-même que je cherche désespérément à cacher, je sais que j’en mourrais de honte…

Enfin la voilà qui sort du bureau. Anna ! Toutes mes questions et mes peurs s’évaporent en un instant. Je ne sens qu’une joie véritable, intense, en la voyant en chair et en os sous mes yeux. Je sens mes yeux s’embuer alors qu’elle me se précipite sur moi et me serre dans ses bras, mais je suis encore incapable d’articuler le moindre son. Elle ne poursuit pas longtemps le contact –peur de me mettre mal à l’aise sans doute- et commence par me demande si je vais bien.

-Oui, ça va, tout va bien. Merci, je ne sais vraiment pas ce que…

Tout en mentant avec l’espoir de la rassurer je passe machinalement ma main droite sur mon crâne, où le cuir chevelu est encore très douloureux à l’endroit où Jerry a tiré mes cheveux de toutes ses forces. Le contact m’arrache automatiquement une grimace de douleur, que je m’efforce de faire disparaître par un charmant sourire. Je ne veux surtout pas inquiéter Anna, je suis trop heureuse de la revoir.

Anna semble vouloir faire remonter à la surface de notre dernière rencontre, d’un air gêné. Je ne veux surtout pas aborder le sujet maintenant, je ne veux que profiter de cet instant avec ma chère sœur. Elle me demande à présent comment je me débrouille à New York. C’est alors je lui prend les mains et la regarde dans les yeux.

-Anna, s’il te plait, oublions le passé pour l’instant. Ici je ne suis plus la Reine d’Arendelle, ni la Reine des Neiges : je suis juste Elsa. Et je veux juste profiter de ma petite sœur. Merci, encore merci pour toute à l’heure. Merci de croire en moi quand même moi je n’y arrive pas.

Ma voix s’est presque brisée sur ces paroles, je me rends compte que j’ai baissé les yeux. Puis je me souviens qu’Anna m’a demandé comment j’allais.

-Cela fait des mois que je suis à New York. Les débuts n’ont pas été faciles, mais je me suis accrochée, j’avais envie de prendre un nouveau départ. Je… j’ai travaillé un peu de partout pour gagner de l’argent, dans des bars et dans des centres commerciaux, j’ai beaucoup lu pour découvrir comment fonctionnait ce nouveau monde, puis j’ai réussi à décrocher une bourse à cette université. J’étudie, je travaille, j’espère obtenir mon diplôme. Je loge dans un petit appartement dans le Queen’s. La vie n’est pas facile…

Puis je me souviens qu’Anna a toujours préféré les bonnes nouvelles. Je relève alors la tête et j’ai un sourire un peu timide mais sincère.

-Mais les choses commencent à aller mieux. Je me suis fait une vraie amie qui m’aide beaucoup, j’ai un peu de temps pour sortir, je continue à lire… et je ne me sens plus mal vis-à-vis de mes pouvoirs. Ils ont diminués et ne représentent plus un danger, et j’ai compris qu’ils faisaient partie de moi. Regarde.

C’est alors que par l’action de ma magie une fine traînée de neige se forme soudain sur le bras droit d’Anna, jusqu’au coude. Je réprime un petit rire en la voyant sursauter : elle a toujours été si frileuse ! Mais j’ai bien vérifié que personne n’était dans les couloirs avant de tenter mon expérience.

-Mais je pourrais parler de moi plus en détail quand nous seront assises. Suis-moi, je connais un café pas loin dehors. Je pense qu’il vaut mieux éviter la cafétéria, et après ce qui s’est passé mon professeur de Biologie m’a autorisé une absence exceptionnelle. Inhabituel… mais rien n’est assez pour ma petite sœur ! Et toi, racontes ! Comment tu t’en es sortie ici ?
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Dim 30 Oct 2016 - 17:20
Des retrouvailles bien attendues
Elles marchaient sans savoir l'une vers l'autre
comme la chance quand elle cherche le hasard
Elsa ✧ Anna
Comme souvent, Anna se perdait dans ses émotions, en proie à un trop-plein qu'elle était incapable d'encaisser tandis que sa raison tentait vainement de faire la part des choses. Elle ne rêvait pas. C'était bien sa sœur qui se trouvait devant elle et non une chimère sortie tout droit de son imagination. Elsa. Après tant de jours sans nouvelles, après tant de recherche soldée d'échec, la voir là, en bonne santé, fidèle à elle-même, avait quelque chose de surréaliste. Pourtant, malgré les larmes de joie qui perlaient au coin de ses yeux bleus, malgré la joie qui gonflait son cœur de minute en minute, Anna ne pouvait chasser les sombres doutes qui venaient teinter d'ombre son bonheur. La jeune femme regrettait presque ses paroles. Que lui avait, il pris ? Évoquer ainsi un sujet douloureux de leur passé ? Quelle idiote elle faisait, une fois encore, Anna avait réagi sous le coup de la spontanéité sans penser à l'impact que ses mots pourraient avoir sur ses retrouvailles avec sa sœur. Il y avait tant de malentendus, de non-dit, de part d'ombre que la jeune princesse souhaitait effacer… Mais peut-être s'était-elle déchargée de ce poids à un moment peu opportun. C'est un hochement de tête ainsi qu'un sourire qui vinrent accueillir la réponse de sa sœur. Anna n'avait jamais douté d'elle. Pas un seul instant. Reine des Neiges ou non, Elsa restait sa sœur, la seule famille qui lui restait et la personne la plus importe à ses yeux.

Malgré les abominations qu’on avait pu dire à son sujet, malgré les coups de colère, la jeune femme avait toujours cru en sa sœur et elle continuerait de croire quoi qu’il arrive. Anna avait toujours admiré sa sœur, et ce même lorsque les murs les séparaient. À ses yeux, sa sœur incarnait un idéal de beauté, d’intellect et de force. Si seulement Elsa pouvait voir ce qu’elle voyait… Maintenant qu’elle était réunie, Anna comptait bien profiter de la présence de sa sœur ainée et lui faire ouvrir les yeux sur ses qualités.

Loin de s'attarder sur son tumulte intérieur, Elsa continua son récit sur ses débuts à New York. Des débuts difficiles. Anna soupira. Pour elle aussi, la transition n'avait pas été simple. Ce changement de monde avait été accompagné d'un violent changement de milieu, et même si elle refusait de se l'avouer, la vie était loin d'être rose. Seulement, ça, son optimisme le niait, purement et simplement, quitte à se berner d'illusions. Anna fut cependant transportée de joie en écoutant sa sœur. Une amie, des loisirs… Comme la jeune femme apeurée du couronnement lui semblait loin ! Anna était heureuse de voir sa sœur embrasser ce renouveau offert par cette nouvelle vie. Une nouvelle vie loin d'Arendelle, sans responsabilité, sans pouvoir… Ou presque. Cela expliquait l'absence de gants. Les yeux écarquillés, la jeune femme observa un filet de neige se former sur son bras droit. « C'est glacé ! » s'écria-t-elle en frissonnant. Sa phrase fut ponctuée d'un éclat de rire. Ces moments de complicité avec sa sœur lui avaient tant manqué… Le sourire aux lèvres, Anna tourna légèrement son bras pour faire jouer la lumière sur la fine neige qui y était accrochée. Diminué ou pas, les pouvoirs de sa sœur n'avaient rien perdu de leur beauté.

Anna se sentait revivre, les paroles optimistes de sa sœur avaient vite eu raison des doutes qui l'avaient travaillé quelques instants plus tôt. Enthousiasmée par la perspective d'une conversation autour d'un encas, Anna glissa son bras autour de celui de sa sœur : « Bonne idée, je ne suis pas contre l'idée d'un bon chocolat après tout ça ! » Comme elle s'en était douté, sa sœur ne tarda pas à l'interroger sur les conditions de son arrivée. « Eh bien… Ça n'a pas été simple. Surtout au début. J'ai vécu pendant plusieurs mois dans un foyer social pour jeunes adultes, le temps de me faire à ce monde et surtout, de mettre de l'argent de côté… J'ai trouvé un travail d'animatrice dans une école primaire et j'enchaîne les petits boulots, comme tu as pu le voir. » Anna se mordit les lèvres. Ses débuts avaient été particulièrement pénibles, aussi préféra-t-elle passer outre les détails les plus déprimants de son arrivée. Sa solitude, sa maladie, sa propre précarité ainsi que celle des gens qu'elle côtoyait au foyer… « Maintenant, je loue un appartement près du port avec Kiara, une amie. C'est petit, sous les combles et on est sans cesse embêté par les canalisations et le chauffage, mais il est bien placé et il est surtout abordable, donc je n'ai pas trop à me plaindre. Ça aurait pu être pire. » Oui, elle aurait pu se trouver à la rue, ou pire. Anna s'estimait chanceuse, elle avait désormais un toit sur la tête, une merveilleuse colocataire et un travail d'animatrice qui lui plaisait.

« Le plus dur, ça a été la solitude des premiers mois… Je n'ai jamais cessé de vous chercher, toi, Olaf, Kristoff et Hans… » Petit sourire. Mieux ne valait pas remuer le passé, le plus dur était derrière elle. Le regard de la jeune femme était à présent rivé sur l'avenir. Un avenir qui, pour elle, s'annonçait radieux. « Enfin, tu es là maintenant ! Et je suis sûre que nous ne tarderons pas à trouver les autres ! Oh, Elsa ! Tout va pouvoir redevenir comme avant ! Enfin presque, j'imagine que vivre tous ensemble dans le même appartement risque d'être compliqué… » Maintenant qu'Elsa était à ses côtés, plus rien ne lui semblait impossible. Anna reprenait espoir, porté par la certitude que, bientôt, tous ses proches d'Arendelle seraient près d'elle, vivant dans une parfaite harmonie. Cette idée l'emballait. Beaucoup. La princesse se laissait emporter par un élan enthousiaste, peut-être trop enthousiaste, agrémentant son discours utopique de grands gestes : « Je sais, nous pourrions tous vivre dans le même immeuble ! Bien entendu, tu aurais ton propre appartement, Kristoff pourrait vivre avec Olaf et Sven, je te le présenterai, il est un peu bougon parfois, mais tellement sympathique, oh et moi et Hans habiterions juste à côté ! Ce serait fantastique ! » Bien sûr, sa maladie ne serait plus qu'un lointain souvenir, puisque Hans serait à ses côtés. Ah, Hans… Comme il lui manquait ! Le regard rêveur, Anna s'y voyait déjà. Elle et son prince, filant le parfait amour, avec sa sœur et ses amis en voisin de palier… Tout ce beau monde évoluant dans une parfaite harmonie.

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Jeu 3 Nov 2016 - 23:57
Je me retiens de pouffer de rire en voyant la réaction d’Anna face à la traînée de neige apparue sur son bras. Cela me rappelle les jeux de notre enfance, les batailles de boule de neige, les séances de coiffure… que d’agréables souvenirs enfouis pendant tant d’année sous la masse de la peur et de l’auto dénigrement. Je me jure à moi-même que quoi qu’il arrive par la suite, je ne m’autoriserais plus jamais à couper les ponts avec ma sœur. D’abord Judy, maintenant Anna… je me sens véritablement revivre ! Même ce Monsieur rencontré l’autre jour, Timon Merkat, a le potentiel pour devenir un vrai ami, je le sens.

Nous voici donc parties en direction d’un encas. Je continue de sourire en écoutant Anna me faire le récit de son arrivée, entre les déboires du début, ceux du présent, mais aussi de sa nouvelle amie et de son travail. Anna… elle ne cessera jamais d’être optimiste, quelle que soit les circonstances. C’est dans ces moments-là que je réalise à quel point j’ai besoin d’elle. Elle entoure son bras autour du mien, et je me laisse faire. J’avais oublié que le contact physique puisse être plaisant, rassurant…

C’est alors que j’entends dans son interminable et enthousiaste discours deux syllabes qui me font froncer les sourcils. Hans… ainsi Anna ne l’a pas encore oubliée ! Je me remets en mémoire cette scène du couronnement, juste avant le drame qui a failli nous séparer à jamais. Je n’ai pas été complètement honnête avec Anna ce soir-là. Ce n’est pas seulement parce qu’ils ne se connaissaient que depuis quelques heures que j’ai opposé un refus aussi catégorique à la demande de mariage des deux tourtereaux. Mon sixième sens m’a tout de suite indiqué que quelque-chose n’allait pas chez ce bel inconnu aux si charmants manières et à la si plaisante assurance, qui semblait sortir de nulle part. Des hommes comme lui, j’en avais connu des dizaines à la Cour d’Arendelle : ambitieux, sans scrupules, et très habiles à dissimuler leurs intentions derrière des apparences avenantes… Je ne voulais que protéger Anna. Et aujourd’hui encore j’ai la ferme intention de faire de même.

Mais maintenant que je ne suis plus reine et qu’Arendelle n’est plus là, pourquoi ce Hans s’intéresse-t-il encore à Anna ? Etait-il sincère à l’époque ? Non, je n’y crois pas. A moins qu’il ne cherche à profiter de l’amour et de la naiveté d’Anna pour la connaître, c’est de cette manière que beaucoup d’aristocrates expérimentés s’y prenaient à la Cour pour s’amuser des demoiselles et des filles du peuple. J’imagine Anna cédant avec joie aux avances de son amoureux, lui donnant son corps en plus de son cœur, pour que le galant la laisse tomber juste après avoir obtenu ce qu’il voulait, et la brise en mille morceaux. Cette simple idée suffit à me faire bouillir de colère. Je réalise que mon bras s’est resserré autour de celui de ma sœur, au point de l’encastrer fermement. Non, je ne laisserai jamais cela arriver ! Anna est ma petite sœur, l’être que j’aime le plus au monde, et je ne laisserai PERSONNE lui faire de mal !

Mais il me faut m’y prendre en subtilité. Je connais bien Anna, je sais que si je m’en prends de front à Hans elle réagira de manière épidermique et, butée comme elle peut l’être, je perdrais tout espoir de la faire changer d’avis. Les souvenirs du soir du couronnement sont encore frais dans ma mémoire. Et puis… juste après avoir retrouvé ma sœur, malgré toutes les questions restées sans réponses et les incompréhensions latentes d’un côté comme de l’autre, je ne supporterai pas de me disputer avec elle et de la perdre à nouveau.

Une fois arrivées à la cafétéria (qui est nettement moins remplie que tout à l’heure, ce qui est un soulagement pour moi) je me prends un café au lait. Après un instant d’hésitation, je pose également sur mon plateau quelques biscotte ainsi qu’un petit pot de Nutella. Je lance un sourire complice et un clin d’œil à Anna :

-Ne perdons pas les bonnes habitudes. Malgré tous ses défauts cet univers a du bon aussi, des innovations très appréciables…

Puis nous voilà confortablement installées sur une petite table, dans une ambiance nettement plus détendue que tout à l’heure. Je souris, même si je sais que je m’apprête à rentrer dans un sujet difficile. Je commence par rassurer Anna et poursuivre sur les sujets consensuels :

-Je suis très contente pour ton travail d’animatrice Anna ! Cela te convient parfaitement, tu te souviens comme les petits enfants se précipitaient vers toi en sortant de l’Eglise, après le couronnement ? Tu as toujours su inspirer l’empathie et l’amour, les gens t’aiment. C’est aussi pour ça que j’ai tant besoin de toi.

Sous-entendu « les gens t’aiment, contrairement à moi ». C’est plus fort que moi, sans même m’en rendre compte je ne peux pas m’empêcher de m’auto-dénigrer.

-Je sais que tu aimes Hans, et que c’est… quelqu’un de bien et de charmant.

Les mots me brûlent presque le bout de la langue, mais je continue quand même. J’ai beau avoir passé ma vie à dissimuler mes sentiments, j’ai peur d’être trop visible cette fois : il m’est difficile de jouer à ce jeu face à ma chère sœur.

-Mais tu ne crois pas que ce serait aller… un peu vite, de le faire aménager juste à côté de chez toi ? Tu sais il a peut-être ses difficultés de son côté, il doit être très occupé. Ça demande du temps, de l’argent…

J’ai conscience de la faiblesse de mon argumentation, au point que j’en deviens presque rouge. J’engouffre dans ma bouche une biscotte pleine de Nutella, après l’avoir trempée dans le café au lait, le temps de trouver quelque-chose à dire. Soudain j’ai une illumination !

-Mais oui, je le connais ce Kristoff ! Je l’ai vu plusieurs fois, à l’époque où Père recevait les délégués de la corporation des Tailleurs de Glace, qui se plaignaient des droits de douanes et de la législation du travail. Je m’en souviens : costaud et bien bâti, direct aussi. Un caractère adorable aussi, derrière sa tendance à grogner. Après tu sais Anna, les gens sont parfois obligés de se réfugier au fond d’eux-mêmes pour échapper au regard des autres. Je sais de quoi je parle…  En tout cas il ferait sans doute un compagnon et un ami fidèle et loyal, quelqu’un sur qui l’on pourrait compter. Les apparences ne sont pas grand-chose pour bâtir des relations épanouissantes et durables…

Je m’avance sans doute, mais je ne serais pas étonné que ce Kristoff ressente quelque-chose pour Anna. Et je sais que quelqu’un comme ça conviendrait parfaitement à Anna, ma petite sœur a besoin d’un homme attentionné, sur qui elle puisse compter. Et qui lui apporte un bonheur durable, mais des petits frétillements d’adolescentes. Un homme peu à l’aise et maladroit socialement, mais sensible et sincère : tout le contraire de Hans…
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Mer 9 Nov 2016 - 0:05
Des retrouvailles bien attendues
Elles marchaient sans savoir l'une vers l'autre
comme la chance quand elle cherche le hasard
Elsa ✧ Anna
Les yeux d'Anna brillaient d'une lueur rêveuse, lointaine. Ses songeries la précipitaient dans un monde où tout n'était qu'amour et bonheur. Utopie naïve. Elle se laissait bercer par ces douces illusions : le ventre nué, la simple pensée du grand amour suffisait à emballer son cœur chargé d'idéaux romantiques. L'adolescence de la princesse avait été nourrie de toute sorte de lecture relatant les péripéties romanesques d'amants éperdument amoureux. Elle aussi, elle avait rêvé de musique, de lumières, de bal, d'aventure et d'amour. Que pouvait-elle donc espérer d'autre, coincée entre les murs du palais ? Le jour du couronnement, Anna avait vu toutes ses espérances enfin se réaliser en la personne de Hans. Avec le recul, elle comprenait mieux la réticence qu'avait eue sa sœur à l'annonce de ses fiançailles. Leur relation avait en effet été particulièrement… Précipitée. C'était le mot. Elle avait eu peur, peur de voir les portes se verrouiller à nouveau, l'enfermant une nouvelle fois dans sa prison dorée, seule. C'était angoisse qui l'avait poussé à profiter de ce jour comme si c'était le dernier. Le commencement, et la fin de sa vie. Toujours accrochée à sa sœur, Anna souriait. Elsa avait raison. Tout n'était pas que solitude et précarité dans ce monde, Anna s'était toujours efforcée de voir le bon côté des choses et elle embrassait les libertés et le temps que lui offrait cette vie. Le temps. Un bien précieux qui lui avait terriblement manqué lors de sa rencontre avec Hans. Oh, elle fantasmait sur le mariage Anna, mais c'était surtout d'un amour sincère dont elle rêvait. Sincère et solide. Puisqu'elle en avait l'opportunité, elle prendrait son temps. Du moins, un peu.

Un chocolat chaud et un muffin à la main, Anna suivit sa sœur pour s'installer dans un endroit isolé de la cafétéria, tout sourire. C'était mieux que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Aucun nuage ne semblait pouvoir obscurcir son bonheur. Les paroles de sa sœur gonflaient son cœur de joie. Son travail avait beau être parfois épuisant et payé au salaire minimum, elle s'y plaisait et s'y épanouissait. Elle aimait apporter la joie autour d'elle, aider son prochain, amuser les enfants… « Oh, tu sais, ce n'était pas que pour moi, les gens t'aiment tout autant, ils t'admirent, tu sais. » Elsa… Si seulement elle savait à quel point elle aussi avait besoin d'elle. Sa sœur, sa seule famille, la seule raison qui l'avait poussé à se battre ici. Anna glissa sa main pour saisir celle d'Elsa, un sourire rassurant sur le visage. Mais son sourire se mua soudainement en expression de surprise lorsque sa sœur qualifia Hans de charmant. Oui, il l'était, c'était un fait indéniable. Seulement, sa sœur n'avait jamais tenu de propos aussi… Sympathique à l'égard de son fiancé. C'était pour le moins inattendu.

Puis, elle comprit. Elle aurait dû s’attendre à ce que sa sœur lui glisse subtilement son avis concernant cette affaire. Un avis qui semblait moins tranché, mais toujours aussi peu convaincu. Anna sirota son chocolat avant de répondre : « Bien sûr que tout ne se fera pas aussi rapidement, je n’ai encore aucune idée d’où il est, tu sais. » Malheureusement. Elle ne perdait pas espoir de le revoir un jour. Bientôt, elle y croyait. Le hasard avait joué en sa faveur, il avait guidé ses pas vers sa sœur, il en serait de même pour son fiancé, la jeune femme en était certaine. « Mais rassures toi, même si je le retrouve, je ne compte pas me marier dans la minute, oh non, le temps de tout mettre en place, de financer la cérémonie, de trouver un appartement… Mais nous avons tout le temps pour ça, n’est-ce pas ? Enfin, pas trop quand même, on ne fait pas attendre le grand amour n’est-ce pas ? » Anna ria avant de croquer dans son muffin. Muffin qu’elle manqua d’avaler de travers. Que cherchait-elle à lui faire comprendre ? Anna avait presque l’impression d’entendre le discours de la curieuse famille du vendeur de glace une nouvelle fois. « Quoi ? Kristoff ? Non, non. » La jeune femme se mordit les lèvres. « Enfin, oui, je veux dire, bien sûr que c’est quelqu’un de très gentil et particulièrement bien bâti, c’est le cas de le dire ! » Cette phrase fut ponctuée d'un gloussement incontrôlé qu'Anna se hâta d'étouffer en plaquant une main devant sa bouche. Elle pouvait sentir le rouge lui monter aux joues. Le regard fuyant, Anna chercha tant bien que mal à contrôler ses émotions. Était-ce bien vu de se laisser aller ainsi en présence d'Elsa ? Elle ne savait pas. Les moments de complicités partagées entre les deux sœurs s'étaient fait rares ces dernières années. Mais était-ce la véritable raison de son léger malaise ? Pourquoi se sentait-elle aussi bizarre lorsqu'elle invoquait Kristoff dans ses pensées ?

Là, reposait la véritable question. « Je… Il est… » Le cœur tambourinant contre sa poitrine, elle ne trouvait plus ses mots. Ce n'est qu'après avoir murement réfléchi qu'elle parvint à formuler, la bouche sèche : « Sans lui je pense que je ne serais pas en vie à l'heure qu'il est. Je me serais certainement perdu je ne sais où dans la montagne. Je le lui dois beaucoup. Mais, Elsa, c'est… C'est un bon ami, rien de plus. Par pitié ne me dit pas que tu penses que moi et Kristoff on… Enfin, sa famille a déjà essayé de nous marier, mais… » Elle n'y arrivait pas. Anna dissimula son visage entre ses mains, gênée. L'estomac nué, elle ne parvenait pas à expliquer ses réactions. Elle avait toujours été maladroite, aussi dans ses gestes que dans ses prises de paroles, mais rien de comparable avec cet étrange sentiment qui l'empêchait de s'exprimer face à sa sœur. Doucement, Anna releva la tête et replaça machinalement certaines mèches rebelles sous son bonnet qu'elle n'avait toujours pas quitté. « Et toi, sinon, tu as fait des rencontres ici ? » Le changement soudain de sujet était tout sauf discret, mais encore une fois, la jeune femme n'était pas connue pour sa subtilité, au contraire.
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Dim 13 Nov 2016 - 0:50
Anna s’empresse d’ajouter que bien qu’étant en recherche de Hans et toujours déterminée à l’épouser, elle souhaite prendre un minimum de temps avant de franchir le pas. Tant mieux. Elle s’accroche toujours autant à ce personnage, et je me jure de ne pas relâcher ma vigilance, mais je vois qu’elle commence à réfléchir sur elle-même et son nouveau fiancé. Même si elle ne se l’admet pas encore à elle-même. J’ai encore du temps pour lui ouvrir les yeux, et je ne cherche surtout pas à la brusquer

Je constate aussi avec amusement que Anna semble bien mal à l’aise à la mention de Kristoff : elle reste silencieuse, elle baisse les yeux, elle rougit... Y aurait-il quelque-chose à creuser ? Je ressens soudainement une bouffée de tendresse pour ma petite sœur : si naïve, si désespérément en quête d’affection et d’attention… Ce découpeur de glace correspond au genre d’homme qui la rendrait heureuse. Anna est à la recherche d’un homme gentil, c’est ce dont elle a besoin au fond d’elle-même. Il lui faut juste du temps et de l’expérience pour comprendre que le visage que l’on affiche en société ne correspond pas à notre vraie nature ; je sais parfaitement de quoi je parle. Sa famille a déjà essayé de les marier ? Décidément il y a anguille sous roche sur ce sujet, j’en prends bonne note pour plus tard.

Elle m’a pris la main tout en parlant. Et je me suis laissé faire : assez étrangement je me rends compte que j’aime ce genre de contact physique. C’est rassurant, relaxant, agréable. C’est peut-être le moyen par lequel je communique le plus facilement mes émotions, moi qui ait une fâcheuse tendance à fuir les regards. C’est essentiellement par peur de mes pouvoirs et par peur de l’autre que je me force à rejeter ce genre de contacts ; un conflit intérieur de plus parmi tant d’autres. En attendant, mon autre main se place sur celle d’Anna et je souris doucement :

-Je suis contente que tu sois prête à attendre un tout petit peu. Je veux que tu sois certaine d’une chose Anna, c’est que quoi qu’il arrive je veux que tu sois heureuse. Tu as toujours été là pour moi, même quand je te rejetais, et je ne supporterais pas que tu sois déçue ou que tu souffres. Je m’en voudrais tellement.

Sans me départir de mon sourire rassurant je lève néanmoins un sourcil d’un air inquisiteur.

-J’espère juste que tu malgré ton impatience tu n’envisages rien… d’inapproprié avant le mariage avec Hans, n’est-ce pas ? Ce n’est pas parce que les mœurs de ce nouveau monde sont différentes des nôtres que nous devons nous laisser aller.

J’ai mis Anna mal à l’aise en lui posant des questions sur Kristoff, mais voilà que ma petite sœur prend sa revanche en me posant une question sur mes rencontres. Suis-je bête ? J’aurais dû pourtant le sentir venir et m’y préparer. Mais je suis prise de court : instinctivement je sens que je me redresse sur mon siège, je serre plus fort entre mes mains la tasse de chocolat chaud, je mords ma lèvre inférieure. Je n’ai même pas le temps de contrôler ces réflexes immédiats, qui traduisent mon malaise vis-à-vis de mon corps. Un instant j’ai un doute : est-ce que je ne devrais pas avouer dès maintenant mon attirance pour les femmes à ma sœur ? Timon m’a dit que ceux qui m’aimaient vraiment n’auraient aucune difficulté à m’accepter tel que je suis. Mais Anna ne risque-t-elle pas de réagir comme Maman autrefois ? Je me souviens que contrairement à Timon, ma petite sœur vient du même monde que moi. Elle a reçu la même éducation, le même enseignement sur la rigueur et la morale que moi. Elle avait les mêmes tuteurs que moi, elle allait à la messe comme moi. Non, il y a bel et bien un risque pour qu’elle soit déstabilisée et mal à l’aise. Et la honte du regard qu’elle portera sur moi n’est pas la seule chose qui me retient : je ne veux pas la choquer, la blesser et lui faire du mal en lui avouant que je ne suis pas normale. Plus jamais.

*Tu es répugnante tu le sais ça ?*… Les paroles de Jerry résonnent en moi comme un avertissement, et ma décision est définitivement prise.

-Heu… et bien… Tu sais ce n’est pas la priorité pour moi, ce n’est pas le plus important. Il y a le travail, les études… c’est là-dessus que je dois me concentrer. Oui c’est ça, tu sais ce genre de choses… ça peut attendre plus tard, je pense.

Et puis les garçons… ils sont difficiles, j’ai beaucoup de mal à en trouver à mon goût. J’ai bien eu un petit ami il y a pas longtemps. Il s’appelait… Albert. Ça a duré un mois, mais ça ne s’est pas bien terminé… et je n’ai pas envie de recommencer tout de suite.


Si Anna n’était pas là je me serais probablement giflée moi-même. J’ai conscience du manque total de crédibilité de mon argumentation, ce sujet combiné à la présence de ma sœur me fait décidément perdre mes moyens. Je rajuste une mèche de chevaux platinium derrière mon oreille, cherchant à gagner du temps pour trouver une parade plus dans un sursaut de contrôle je parviens à ajouter d’un ton beaucoup plus posé.

-Et puis tu sais Anna, ce genre de choses ce n’est pas facile pour moi. J’ai passé quinze années coupées du monde, presque sans aucune interaction sociale… enfin pas tout à fait, si on tient compte des discussions aride avec les ministres ou les basses flatteries avec des courtisans ambitieux qui ne rêvaient que de m’épouser. Il y a tant de choses qui sont naturelles pour vous autres et qui ne le sont pas du tout pour moi. J’aimerais tant avoir une espèce de… de petite voix dans ma tête qui me dirait « tu es face à telle personne, elle pense de telle manière, donc tu dois agir de telle façon pour qu’elle te comprenne et pour établir le contact avec elle ». Mais je ne l’ai pas. La petite voix elle est plutôt là pour me dire que je suis nulle, que je n’y arriverais jamais.

Mais les choses sont en train de changer. Judy –c’est ma nouvelle amie, il faut absolument que je te la présente- m’a incitée à m’a sortir et à rencontrer du monde. Je me suis aussi lié d’amitié tout récemment avec un monsieur très gentil qui travaille dans une société d’insecticide, Timon Merkat. J’ai commencé à garder son bébé le soir, pour me faire un peu d’argent. Et puis maintenant tu es là toi aussi !


Voilà. En plus trouvé une réponse plus crédible pour Anna, j’ai réussi à détourner subtilement le sujet de conversation. Je me sens plus sereine, et je porte le chocolat chaud à ma bouche pour une nouvelle gorgée. Toujours délicieux. Je trouve bien le moyen de lancer un petit trait d’humour avec un clin d’oeil :

-Tu ne trouves pas paradoxal que la Reine des Neiges aime tant le chocolat chaud ?

C’est alors que je remarque un détail qui m’interpelle. Je me dis que j’aurais dû me faire la réflexion depuis un moment, et je fronce les sourcils de surprises.

-Mais… Anna, pourquoi gardes-tu un bonnet en intérieur ? Tu vas avoir froid voyons ! C’est ce qui arrive quand on garde son écharpe et sa veste et qu’on ressort juste après.

L’instinct protecteur envers ma petite sœur a pris le dessus, je tends le bras et je commence à soulever le bonnet d’Anna…
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Dim 4 Déc 2016 - 22:47
Des retrouvailles bien attendues
Elles marchaient sans savoir l'une vers l'autre
comme la chance quand elle cherche le hasard
Elsa ✧ Anna
Le feu aux joues, le cœur au bord de l'explosion, le regard bleuté d'Anna se dérobait sans cesse sous les prunelles inquisitrices de sa sœur. Ce malaise, elle ne parvenait pas à se l'expliquer. Un ami. Kristoff n'était qu'un ami. Elle aimait Hans. Elle aimait la façon dont il souriait, l'attention qu'il lui portait, ses manières de gentleman, ses yeux rêveurs... Non, il n'y avait rien à discuter à ce sujet. Et pourtant... Pourquoi les questions d'Elsa provoquaient de tels états chez elle ? Ces interrogations la dérangeaient. Elles soulevaient des doutes qui, pour Anna, n'avaient pas lieu d'être. Alors, la jeune femme saisit sa tasse pour se noyer dans son chocolat. Là. Plus de paroles maladroites ou de rougissement incontrôlable. C'était sans compter sur Elsa. Après son muffin, c'est sa boisson que la jeune princesse manqua d'avaler de travers. Avait-elle bien entendu ? Oui. Sa sœur avait habilement amené le thème de l'abstinence avant le mariage sur le tapis pour la mettre en garde. « Elsa, je t'en prie... » Murmura-t-elle tandis que son visage se teintait un peu plus de rouge. La conversation n'aurait pas pu devenir plus gênante. Certes, Anna s'était adaptée avec une facilité déconcertante aux nouvelles mœurs de ce pays, mais jusqu'à aujourd'hui, ce genre de réflexion n'avait jamais effleuré son esprit naïf et innocent. Les choses auraient peut-être été autrement si Hans s'était trouvé à ses côtés lors de son arrivée à New York, elle ne savait pas. Le changement de sujet fut particulièrement opportun.

C'était étrange, nouveau. Adolescente, la jeune femme n'avait jamais eu l'occasion de partager ce genre de discussion, pourtant si anodine, avec sa sœur. Aujourd'hui, elle réalisait à quel point elle ne savait rien des rêves ou des aspirations d'Elsa concernant sa vie sentimentale. Le sujet n'avait jamais été abordé. Si Elsa avait des avis bien posés sur le mariage et les conventions morales qui entouraient cet événement, avait-elle déjà envisagé cette option, pour elle ? En tant que Reine, elle avait forcément dû se pencher sur la question, qui sait si leurs parents n'avaient pas prévu de lui présenter des prétendants en temps voulu ? Une fois encore, le doute planait. Anna posa sa tasse, soupira, soulagée de voir que ses questions avaient complètement détourné l'attention de sa sœur : les mains crispées sur sa boisson, son ainée semblait être saisie par le même malaise qui l'avait agité quelques minutes plus tôt. Quelle ne fut pas la surprise d'Anna lorsque sa sœur lui confia le nom de son soi-disant ancien petit ami... « Albert...? » Une moue interloquée sur le visage, Anna ne fit aucun commentaire. Elle se contenta de hocher la tête d'un air sceptique. Elle était peut-être particulièrement naïve, mais elle n'était pas idiote pour autant : un mensonge de cette taille ne s'avalait pas aussi facilement. « Je suis désolée pour... toi et ... ce Albert. » Anna disait peu, mais elle osait espérer que son ton témoignerait assez de son incrédulité. Elle ne comptait pas embêter sa sœur plus longtemps avec cette histoire, si elle ne voulait pas en parler, c'était son droit.

Son cœur se serra à l'évocation des quinze terribles années qu'elles avaient passées séparer l'une de l'autre, confiné dans le confort de leur palais, sans aucun contact extérieur. Anna pouvait se reconnaître dans le discours d'Elsa. À sa manière, elle aussi avait vécu cet enfermement. Elle en avait beaucoup souffert, mais là où sa sœur s'était un peu plus repliée sur elle-même, Anna, elle, avait pleinement pris son envol dès que les portes du palais s'étaient ouvertes sur ce monde qu'elle voulait tant connaitre. C'était là l'une de ses principales différences avec sa sœur. Un sourire vint chasser ces tristes souvenirs. Elle était heureuse pour sa sœur, heureuse de la voir déployer ses ailes à son tour et profiter de cette nouvelle vie. « C'est génial ! J'ai hâte de rencontrer ton amie ! Ma colocataire Kiara fait aussi du babysitting, je l'aide à l'occasion. » Les enfants savaient mettre de la vie dans l'appartement, Anna ne s'ennuyait jamais avec eux.

Sa tasse vide, son muffin englouti, Anna s'essuya les lèvres plus ou moins gracieusement avec une serviette en papier, amusé par la remarque de sa sœur. « En même temps comment ne pas aimer le chocolat ! Si je m'écoutais, je ne mangerais que ça, surtout depuis que je me cantonne aux plats préparés... La cuisine du château me manque parfois. » Ça faisait du bien, de rire, de parler avec Elsa. Elle avait l'impression de retomber en enfance, à une époque où, loin de toute préoccupation, rien ne pouvait venir troubler leurs jeux.

La tête dans ses souvenirs, le sourire aux lèvres, Anna s'égara un instant dans ses pensées. Elle pensait au passé, à l'avenir qu'elle allait pouvoir construire aux côtés de sa sœur. Soudain, celle-ci l'arracha net au fil de ses pensées. Le bonnet. Bien sûr qu'elle l'avait remarqué. Anna ne l'avait pas quitté depuis qu'elle était entrée dans la cafétéria. Elsa n'ayant fait aucune remarque sur ce détail, la jeune femme avait naïvement pensé qu'elle pourrait s'en sortir sans plus d'explication. Erreur. Déjà, la main de sa sœur se dirigeait vers elle. « Non, ce n'est rien, Elsa- ! » Anna, dans un mouvement de recul, alla se plaquer contre sa chaise. Trop tard. Son bonnet glissa. Des tresses à moitié défaite, striés de mèches blanches, tombèrent sur ses épaules. Non. Les mains tremblantes, Anna chercha vainement à récupérer son bonnet, mais il était trop tard. Elsa avait vu. « Je... Je... » Qu'était-elle censée dire ? Elle avait toujours refusé de mettre des mots sur ce qui lui arrivaient. Parce qu'elle refusait d'admettre qu'elle se mourrait à petit feu, parce qu'elle ne voulait inquiéter personne, et surtout pas sa sœur. « Ce n'est rien, non ce n'est rien ! Je... Surtout ne t'inquiète pas, je... » Elle déglutit avec difficulté avant d'enchaîner. « Avant que je t'explique, promets-moi de ne pas t'inquiéter... C'est, c'est mon cœur. Tu te souviens de notre dispute au palais ? Je, je crois que ton pouvoir m'a... frappé. Accidentellement. Mon cœur... Il est gelé. » Sa voix se brisa. Le souffle court, Anna commença à se tordre les mains, osant à peine relever les yeux vers sa sœur. Elle ne supporterait pas de voir son regard inquiet posé sur elle. La jeune femme avait prudemment choisi ses mots, elle avait volontairement omis de mentionner la responsabilité de sa sœur dans cet accident. Elle ne l'avait pas fait exprès, Anna le savait, et ne lui en voulait pas. « Mais ne t'en fais pas. Un acte d'amour est censé pouvoir me guérir... Je, je dois retrouver Hans, il me sauvera, j'y crois... »
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Sam 10 Déc 2016 - 18:07
Comme je m’en doutais, Anna n’est pas dupe un seul instant de ma prétendue relation avec « Albert ». Néanmoins elle décide de passer l’éponge, non sans afficher son scepticisme. Je lui en suis reconnaissante, je ne sais pas combien de temps j’aurais résisté à des questions pour poussées sur le sujet, je sais que je ne suis pas encore prête pour une telle révélation à ma propre sœur. Avec un sourire malicieux je ne peux m’empêcher de penser que si Anna recommence à me poser des questions gênantes sur ma sexualité, il me suffira de lui retourner la pareille en l’interrogeant sur ses relations avec Kristoff, le sujet semble la mettre bien mal à l’aise... Elle détient une arme contre moi, mais je détiens une arme contre elle. Cette situation a un côté rafraichissant, après tout il s’agit de taquineries courantes entre deux sœurs adolescentes. Le reste de notre discussion, entre projets de rencontre avec les amies de chacune et plaisanteries sur le chocolat, achève de réchauffer l’atmosphère et de restaurer la confiance.  Mes épaules sont détendues, mon sourire se fait naturel, mon regard arrive à ne pas esquiver les yeux d’Anna, et le goût du chocolat chaud est délicieux dans ma bouche.

Cependant cela n’était pas destiné à durer… en voulant simplement empêcher ma sœur d’attraper une allergie je déclenche une nouvelle catastrophe. Anna essaye d’esquiver mon geste, mais j’arrive quand même à faire tomber le bonnet qui révèle… des cheveux roux striés de blanc ? Une brusque alarme monte en moi, et les explications balbutiées d’Anna ne font rien pour arranger ça. Le cœur ? La dispute au Palais de Glace ? Un accident ? Mon cœur se glace de panique et mes yeux s’écarquillent.

-Oh non… Oh NON ! Pas ça ! PAS CA !!!

C’est à peine si j’enregistre qu’Anna m’a demandé de ne pas paniquer. Les images traumatisantes de l’accident qui avait déjà failli coûter la vie à ma petite sœur quand nous étions enfant me reviennent brutalement en mémoire. Toutes ces années à dresser un mur entre elle et moi, à me couper du monde et à me rendre malheureuse, tout ça pour la protéger… et en arriver à CA ? Des larmes me montent aux yeux, et je n’ai même pas la force de les essuyer. Le visage désespéré d’Anna me dit ce que ses lèvres refusent de révéler : la vie s’enfuit inexorablement de son corps meurtri. Et elle dit qu’un acte de vrai amour est capable de la sauver, et elle pense à… Hans ? L’ironie cruelle de la situation achève de me briser le cœur. Le pensée que la diminution de mes pouvoirs dans ce nouveau monde m’empêche de faire du mal aux gens de cette manière n’est pas suffisante pour me redonner espoir : en l’occurrence le crime est déjà commis, et il est impossible de revenir en arrière.

-Non, pas encore une fois… J’ai tout fait pour te protéger, tout. J’ai fait ce que Papa et Maman m’ont dit, mais même ça… même ça ce n’est pas suffisant. Ils sont partis au moment où j’avais le plus besoin d’eux. Oh Anna, ma chère Anna… Le Duc de Weselton devait avoir raison. Je dois être une espèce de monstre… Si tu savais… Je me sens perdue, je ne sais pas quoi faire.

Je n’ai même pas la force de m’enfuir, comme je l’avais fait au moment de mon couronnement. Qui plus est, je ne suis pas lâche au point d’abandonner ma pauvre petite sœur en cet instant tragique. La température baisse nettement dans la pièce, et je vois les quelques étudiants encore présents nous regarder bizarrement. Je passe ma main sur mon visage, désespérée. L’auto-détestation et le malheur remontent en moi comme la marée montante à la vitesse d’un cheval au galop.

-Je voudrais tellement t’aider… Si seulement je ne m’étais pas énervée quand tu as voulu me rendre ce gant. Je suis un être détestable, un danger pour ceux autour de moi. Dans ce nouveau monde, ils détestent les gens comme moi, et ils ont sans doute raison. Tu crois qu’ils devraient… me brûler comme on le faisait chez nos avec les sorcières ? Ou me disséquer vivante comme une curiosité scientifique, un animal de foire ? C’est ce qu’ils font dans leurs laboratoires, ici…
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Jeu 9 Fév 2017 - 20:17
Des retrouvailles bien attendues
Elles marchaient sans savoir l'une vers l'autre
comme la chance quand elle cherche le hasard
Elsa ✧ Anna
« Oh non… » Son faible cœur se serra. Elle était impuissante, désarmée face à la détresse de sa sœur. C'était tout ce qu'elle avait redouté. Les cris, la panique, le désespoir. Ses paroles n'avaient aucun effet, réduites à des mots qu'Anna aurait voulus réparateurs, des excuses rassurantes. Elsa ne semblait pas les entendre. Étaient-elles donc condamnées à… Ça ? Nourrir d'horribles angoisses, s'inquiéter l'une pour l'autre, tout en se cachant derrière des secrets . Elle aurait dû lui dire. À quoi avait-elle pensé ? Anna savait pertinemment quels malheurs pouvaient découler de secrets trop longtemps gardés. Elle en avait souffert, et pourtant, elle avait naïvement imaginé pouvoir cacher sa maladie à Elsa. Désormais, la jeune femme regrettait de ne pas avoir été honnête dès le début, d'avoir voulu entretenir l'illusion que tout allait bien, quand, au contraire, tout allait mal. « Elsa… » Impossible de revenir en arrière désormais. Anna restait là, désemparée. Souvent, l'ancienne princesse avait comblé sa solitude en imaginant toutes sortes de scénario, mais aucun des films qu'elle s'était créée dans son esprit n'aurait pu la préparer à ce qui allait suivre. Jamais elle n'aurait pu anticiper une telle réaction de la part de sa sœur. Alors elle était là, désemparé, témoin muet en proie à toutes sortes d'émotions, parfois contradictoire. Peut-être aurait-elle du se taire, finalement. Nier encore et toujours l’évidence. Vivre dans le mensonge aurait été plus supportable que d’entendre sa chère sœur se dénigrer de la sorte, porter toute la responsabilité de l’accident. Son cœur se serra encore un peu lorsqu’elle évoqua leurs parents. Bien sûr, eux aussi avait été complice de ce mensonge dans lequel s’était longtemps enfermé Elsa. Anna resta silencieuse, mais les paroles de sa sœur soulevèrent de nombreuses questions. Elle aurait aimé avoir le temps et la force d’en apprendre plus sur ce passé dont elle ne gardait que des souvenirs flous, et faux. 

Mais la jeune femme ne put endurer le discours de sa sœur plus longtemps sans intervenir. « Arrête, ne dis pas ça, je t’en prie… » Murmura-t-elle. Un monstre. Ce mot, il lui était insupportable. Sa sœur était tout, sauf un monstre. Le Duc de Weselton -ou Weaselton- n’était qu’un homme trop borné et étroit d’esprit pour voir au-delà de ses œillères. « Cet homme est un idiot et les mots qui sont sortis de sa bouche le sont tout autant ! » Anna s’étonnerait presque de son impertinence, mais elle ne pouvait pas laisser les paroles de cet homme hanter sa sœur de la sorte. Le visage grave, un frisson traversèrent Anna. Dans une maigre tentative de se réchauffer, la jeune femme croisa les bras en jetant des regards évasifs autour d’elle. La température baissait. C’était sa faute. Si elle n’avait pas eu la fantaisie de se lancer à la recherche de sa sœur, si elle ne s’était pas obstiné à vouloir la ramener à Arendelle, si elle avait un tant soit peu essayé de se mettre à sa place, jamais cet accident n’aurait eu lieu. « Ce n’est pas ta faute, si seulement je n’avais pas été aussi… Aveugle. » Elle se sentait autant responsable que sa sœur. Mais, au fond, était-ce si important de désigner un coupable, maintenant que le mal avait été fait ? Anna soupira. Elle aurait aimé mettre fin à cette conversation attristante, ignorer les récents événements. Mais plus que tout, elle aurait aimé avoir le pouvoir nécessaire pour ouvrir les yeux de sa sœur, lui révéler sa véritable beauté. Au lieu de cela, elle peinait à trouver des mots assez puissants pour balayer les inquiétudes d’Elsa, lui faire oublier ces idées atroces. Anna avait toujours aimé se faire peur, les sorcières, les bûchers, elle avait lu des choses à leurs sujets, elle avait aimé sentir l’angoisse qui émanait des pages de ses livres. L’espace de quelques heures, elle s’échappait du château, remontait dans le temps. Mais les siècles qui la séparaient des événements qu’elle lisait l’avaient empêché de se sentir véritablement concerné. Elle n’avait été qu’une observatrice extérieure, prenant connaissance de fait qui s’était déroulé bien loin du confort de sa chambre. Aujourd’hui, ces récits resurgissaient dans son esprit avec une force singulière. « Bien sûr que non, voyons ! Tu n’es pas une sorcière, ni un animal de foire ! Tu es ma sœur et quiconque voudra te faire du mal devra me passer sur le corps ! Ou ils auront affaire à ces deux-là ! » Dit-elle en montrant les poings. « Regarde-toi, le monde et la vie s’offrent à toi ici, tu es une élève brillante… Comment peux-tu avoir des idées pareilles ? » Un maigre sourire se dessina sur ses lèvres. Doucement, Anna osa prendre la main de sa sœur. « On trouvera une solution. Ta magie n’a pas autant d’effets que chez nous ici. Peut-être que… Que l’issue de ce sort sera différente, amoindrie. Oui, on trouvera une solution. J’ai confiance en toi, et en nous. » La jeune femme était forcée de constater que le mal qui la rongeait se propageait beaucoup plus lentement qu’à Arendelle. 

Cela lui laissait un sursis, un espoir. Peut-être n'était-elle pas condamnée à finir figée en statut de glace. Pourtant, malgré son optimiste, Anna se doutait que l'issue de ce sort serait tragique si elle n'agissait pas. Ses difficultés à respirer et les nombreux effets secondaires de cette étrange maladie le lui rappelaient chaque jour. Mais son sourire ne la quitta pas, Anna trouva même la force de l'agrandir un peu. Cette journée marquait le début d'une nouvelle vie avec sa soeur, elles auraient tout le temps de se pencher sur les effets du sort. Du moins, elle l'espérait. Autour d'elle, la cafétéria se vidait progressivement. Voir les étudiants quitter au fur et à mesure les lieux sorti tbrusquement Anna de sa bulle. « Oh non… Il va falloir que j'y aille… » Réalisa-t-elle en regardant l'heure. « Même si je crois que je peux dire adieu à ce boulot… Enfin bon. » Qu'est-ce qu'elle n'aurait pas sacrifié pour passer ces minutes privilégiées avec sa grande sœur ? Elle n'avait pas envie de partir. À vrai dire, après toutes ces séparations, Anna n'avait qu'une envie : ne plus quitter sa sœur. Pourtant, il le fallait, aussi insupportable que ça lui semblait. « Il faut qu'on se revoie… Très vite ! Demain ? Quoi que non, je travaille toute la journée… Demain soir alors peut-être ? La semaine prochaine? Mais je suis bête, tu as peut-être des choses à faire, des cours, ou je ne sais quoi… » Sans plus attendre, Anna sortit de quoi écrire de son sac. Emily avait eu la gentillesse de le lui apporter juste avant son entretien avec le directeur de l'établissement. « Voilà mon adresse, et mon numéro de téléphone ! Promets-moi qu'on se reverra très vite… Tu promets ? »

FIN

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Sam 18 Fév 2017 - 0:02
Anna a raison, le Duc de Weselton était un imbécile. Et je le savais, je le sais, je l’ai toujours su. Comment se fait-il que les attaques des imbéciles percent aussi profond dans mon cœur ? A moins que ce ne soit moi-même qui me traite de monstre, et n’osant pas faire face à mon propre conflit intérieur… Mais voilà qu’Anna reporte à son tour la faute sur elle, et cela m’arrache le cœur. Sommes-nous donc condamnés à cela, toujours vivre dans le passé et le regret, rejetant toujours la responsabilité du malheur sur nous-même ? Mais dans le fond, qui est vraiment responsable ? Moi, Anna, Papa, Maman, le Duc, Hans, le peuple, la Nature, Dieu… et si c’était tout le monde à la fois ? Et s’il n’y avait pas de responsable ?

Ma chère sœur a un don pour retomber sur les pieds et remonter l’atmosphère. Voilà qu’elle pointe du doigt tous les atouts que j’ai dans ma manche : ma magie, mes études… mais aucun n’est plus puissant que celui-ci : « Tu es ma sœur et quiconque voudra te faire du mal devra me passer sur le corps ». Je sens mes yeux qui s’embuent, et la température remonte doucement dans la pièce. Alors même que je lui ai fait tant de mal, même sans le chercher, voilà qu’elle prend toujours férocement ma défense, de façon inconditionnelle.

-Oh, Anna…

Je ne sais pas si j’ai confiance en moi, mais j’ai confiance en elle et donc… peut-être que je peux avoir confiance en nous. Et aller de l’avant ? Je n’ose prendre la parole face au déluge qui sort de la bouche d’Anna, je suis comme une novice qui se laisse guider. Toute sonnée que je suis, et c’est à peine si je remarque qu’Anna est sur le point de s’en aller. Oui, moi aussi il ne faut pas que je sois en retard aux cours qui vont reprendre. Je me redresse, replace mes cheveux derrière mes épaules. La reine sérieuse est de retour. Avant de s’évanouir, Anna me supplie de nous revoir prochainement, très prochainement. Son regard et son ton implorants me mettents mal à l’aise, et en même temps une douce chaleur monte en moi. J’ai enfin la certitude que je ne suis plus seule, en plus de Judy. J’attrape au vol le billet de ma sœur cadette et le fourre précieusement dans la poche de ma chemise. Toute trace de peur s’en est allé de mon visage radieux comme de ma voix claire comme l’eau de roche.

-Oui Anna, ma chère Anna, nous nous reverrons bientôt, et nous pourrons reparler de tout ça. Je t’aime, Anna. Je… merci pour tout ce que tu m’as fait, pour le bien que tu m’as apporté. On… on se revoit bientôt, je te le promet !
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