No more happy endings...
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If I could tell her ⊱ Clemey
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Dim 27 Aoû 2017 - 23:41
If I could tell her
Clemence & Honey
If I could tell her, tell her everything I see
if I could tell her how she's everything to me. But we're a million worlds apart and I don't know how I would even start If I could tell her

19h44 C'était plus fort qu'elle. Ses doigts avaient beau pianoter mécaniquement sur l'écran situé devant elle pendant que ses lèvres délivraient des formules toutes faites dans un automatisme presque parfait, c'était vers l'horloge que son regard glissait sans arrêt. « Ce sera tout ? » 19h45. Plus que quinze minutes. À croire que malgré toute l'agitation émanant de cet endroit, les secondes trouvaient encore un moyen de s'étirer indéfiniment pour faire durer le supplice. « Très bien, ça vous fera £13,16 veuillez avancer jusqu'au prochain guichet pour le règlement, merci. » La voiture disparut de la caméra, uniquement pour apparaître sous son nez quelques secondes après. « Vous réglez comment ? » C'était long. Les journées étaient longues et ni le brouhaha permanent qui lui servait de fond sonore, ni les tâches qu'elle devait accomplir simultanément ne réussissait à combler la terrible longueur des minutes. « Bonsoir, je vous écoute. » Dit-elle dans le micro tout en recevant les £13,16 du client précédent. C'était long, parce qu'au milieu de tout ça, elle trouvait encore le moyen de réfléchir. À quoi ? À tout. À hier, à aujourd'hui, à demain. Surtout à demain. Son esprit contemplait de précieux objectifs que l'avenir lui faisait miroiter. Un appartement. L'université. C'était toujours vers le futur que se tournaient ses pensées, ce même futur dont dépendait tout son présent. « Alors, hm, un menu big mac, frites, coca. Un happy meal avec un cheeseburger, des frites, une oasis. Pour garçon, le happy meal. Et toi chérie, tu veux quoi ? » Honey ne put s'empêcher de lever furtivement les yeux au ciel. Les stéréotypes de genres l'agaçaient. Cette manie à vouloir enfermer chaque individu dans une boîte. Bien sûr, ce serait tellement dramatique si un petit garçon se retrouvait avec une Barbie entre ses mains. Les poupées grandes destructrices de virilité, c'était bien connu.

Quoi ? Voilà qu'elle était sarcastique ? Ça ne lui ressemblait pas. Peut-être, étaient-ce les hésitations interminables de la femme au bout du fil qui la mettait dans cet état. Ou la fatigue. À moins que ce ne soit l'inertie où elle avait l'impression d'être plongée depuis quelque temps. Elle n'avançait pas. Il lui semblait que sa vie tout entière stagnait. Bientôt deux ans qu'elle vivait dans ce… Monde, dimension, univers, peu importait. Deux années où elle avait tourné en rond. Ses recherches concernant sa mystérieuse arrivée n'avaient mené à rien, son étude récente des portails s'était avérée tout aussi infructueuse. Des questions, encore et toujours. Il y avait de la magie, de l'inexplicable là-dedans, ça la rendait folle. Les semaines passaient, le monde bougeait, mais pas elle. Non. Deux ans, et elle était toujours là, à courir après l'argent, à enchaîner commandes ou petits boulots avec l'espoir de pouvoir un jour reprendre sa vie d'avant. Avec amertume, Honey songeait à ses années d'études perdues, au retard accumulé, aux papiers qu'il lui faudrait falsifier pour espérer prétendre aux bourses… Un pas en avant, c'était deux pas en arrière. « Ce sera tout ? » Les cours lui manquaient. Affreusement. La chimie, ses études, ça avait été toute sa vie. Du jour au lendemain, cela lui avait été enlevé, réduit à des rêves de petites filles ou à des ambitions démesurées. C'était comme errer sans but dans un monde si proche et pourtant si différent de San Fransokyo. Sa ville aussi, lui manquait. Longtemps protégé par son optimiste naturel, il lui avait fallu un moment avant de mettre des mots sur ce sentiment qui, parfois, la saisissait, se voulant de plus en plus présent. Un sentiment de pur vide.

***


20h15 Le ciel était sale, absent. Un voile grisâtre s'était abattu sur Londres. Honey n'avait pas profité plus longtemps de ce début de soirée pluvieux. À peine libérée, c'était le pas pressé qu'elle s'était engouffrée dans la station de métro la plus proche. Là, brassée par les mouvements de la rame, elle s'était mise à dérouler machinalement son fil d'actualité Instagram. Direction, l'appartement de Clochette. Son chez elle. Ou du moins, ce qui y ressemblait le plus. Honey soupira. D'où lui venait cet état d'esprit là ? La jeune femme n'en avait aucune idée, mais cet abattement lui collait à la peau depuis quelques semaines. C'était idiot. La vie n'avait pas à être fade ou futile. Il y avait plus, il y avait toujours eu plus. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était ouvrir les yeux, se concentrer sur les bonheurs éphémères, petites choses du quotidien qu'il fallait attraper au vol. Un sourire apparut brièvement sur son visage. Il y avait deux choses que même sa déprime passagère ne parvenait pas à tâcher. L'existence des chasseurs, et Clémence. Constamment nichées dans un coin de ses pensées, elles ne manquaient jamais de tirer Honey hors de ses idées moroses. La première lui occupait l'esprit. La seconde, le cœur. Les chasseurs, parce que la découverte de leur présence ainsi que ses mésaventures du mois de mars avaient soulevé un nombre non négligeable de mystère qu'il lui fallait encore élucider. Clémence, parce que le simple son de sa voix ou le moindre souvenir de son sourire suffisait à lancer le cœur d'Honey dans une course folle.

Et elle souriait, Honey car permis la ribambelle de posts instagram, le joli visage de Clémence venait d'accrocher ses prunelles. Clémence qui s'enthousiasmait sur les petites choses de la vie. Clémence, aussi passionnée que passionnante. Il y avait mille et une choses qu'elle aimait chez elle. La lueur espiègle de ses iris bruns. La ligne dessinée par ses lèvres lorsqu'elle souriait, de ce petit sourire à la fois subtile, honnête, parfait, légèrement courbé vers la droite. La fossette qui se creusait sur sa joue lors de ces sourires-là. Les nuances bleutées qu'on retrouvait sans cesse dans ses tenues. Cette manière qu'elle avait de danser, comme si le monde entier autour d'elle disparaissait. Ce mélange de douceur et de détermination qui forgeait son caractère. L'odeur de son shampoing. Son rire. Sa voix. La voix, c'était ce qui se fanait le plus vite dans une mémoire. C'était ce qui lui manquait en premier. Aucun SMS n'égalait ce son-là. C'était curieux, l'importance que prenaient ses détails à ses yeux. Mais c'était ces détails qui l'avaient fait tomber amoureuse. Aiko s'y accrochait depuis son retour de Transylvanie. Ça lui était tombé dessus. D'abord lentement, puis tout d'un coup. Boosté par l'adrénaline et la peur, quelque chose s'était éveillé en elle lors de leurs péripéties en forêt. À peine l'eut elle réalisé qu'il était déjà trop tard. Trop tard pour empêcher les papillons de prendre leurs envols dès que ses yeux avaient le bonheur de rencontrer ceux de Clémence, trop tard pour ignorer que partout où elle se projetait dans l'avenir, Clémence était là, indissociable du futur qu'elle s'imaginait. Non, la vie n'avait pas à être fade ou futile. Pas tant que Clémence pouvait en faire partie.
***

-> Hey~
Tu vas bien ? Devine quoi, ça y est, j'ai fini ta robe !

-> Et comme je n'ai rien de prévu pour la soirée, je me disais que je pourrai en profiter pour venir déposer la robe et te voir. Tu fais quelques choses de particulier, là, tout de suite ?

Honey avait agi sur un coup de tête. Ça ne lui arrivait pas souvent, et pourtant. Elle venait tout juste de sortir de la douche, prête à dîner avec Clochette et Peter, quand son regard était tombé sur sa dernière commande, accrochée dans un coin de la pièce, réclamant sa propriétaire. La minute d'après, elle saisissait son sac pour se diriger vers la Plume Magique, le vêtement soigneusement emballé dans une housse. Il s'agissait d'une petite robe bleue pastelle dotée d'une paire de manches blanches retombant sur les épaules et d'une broderie représentant un os décoré de fleur. Pour Clémence. Bien sûr que c'était pour Clémence. Il n'y avait qu'elle pour demander une robe décorée d'un os. Honey ne connaissait pas grand du passé de la brune, néanmoins elle adorait voir cet aspect de sa vie ressortir discrètement dans ses tenues, telle une signature. Ne pas oublier d'où l'on venait, c'était important, tout comme embrasser ses différences. Chargée de symbolisme ou non, cette robe, était le prétexte parfait pour expliquer son voyage improvisé jusqu'à Paris. Malgré l'impulsivité de sa décision, Honey s'était presque sentie pousser des ailes lorsqu'elle avait franchi le portail. Disparu, les nuages de sa mauvaise humeur. Elle allait voir Clémence. C'était un simple désir auquel elle se contentait de répondre, sans plus de réflexion, cependant, il lui semblait que tous ses problèmes venaient d'être chassé cette action spontanée. L'euphorie fut de courte durée. Sans réfléchir, elle envoya :

-> Parce qu’en fait je suis déjà en bas de ton hôtel
Ready or not here I come !

Uniquement pour le regretter. Mince. C'était quoi ce message ? Elle ne voulait pas avoir l'air de s'inviter à l'improviste ! Son pouls s'accéléra. Quelle idée elle avait eu. Débarquer à une heure pareille ! 21h00 à Londres, 22h00 à Paris. Certe, elle était à Paris. Soit. C'était loin d'être un exploit grâce aux portails. Le véritable jeu de hasard commençait maintenant. Est-ce que Clémence était chez elle ? Voulait-elle la voir au moins ? Et si elle était déjà en excellente compagnie ? Et si Clémence travaillait ? Et si…

-> Enfin, si tu veux bien de moi ! Je monte !

Elle écrivait plus vite qu'elle ne pensait. Ce n'était pas bon. Mais taper ces messages l'empêchait d'envisager les failles de son plan. Si plan, il y avait. Sans oser lire les réponses de Clémence, elle se dirigea vers la suite de cette dernière. Après une longue inspiration, elle arbora son plus grand sourire et frappa à la porte.

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Jeu 28 Sep 2017 - 17:04

If I could tell her
♫ It all belongs to the other side We live, we love, we lie ♫
De la vraie magie liquide ! Même si Clémence savait que ça n’avait rien de magique, que c’était tout simplement chimique, elle trouvait toujours le phénomène magique. La façon, dont les liquides colorés se répartissaient dans le verre, était tout bonnement magique ! En y pensant, elle songea que ça plairait à son amie Honey. Son emploi baignait dans la chimie. Un sourire se dessina sur le visage de la barmaid à cette pensée. Sa chimiste préférée aurait été capable de lui expliquer clairement ce qu’était la densité. Pour l’heure, Clémence avait retenu qu’un liquide plus léger se trouvait sous le liquide plus lourd. Et à force de pratique, elle savait quel liquide mettre en premier pour donner tel ou tel rendu final. Elle n’avait pas besoin d’en savoir davantage.

Côté savoir, l’ancienne chienne en avait emmagasiné. En trois ans, elle avait appris à lire, écrire, se comporter comme une humaine et tout un tas de préceptes. Déjà qu’elle ne venait pas de ce monde, elle avait également dû rattraper toute une époque ! Un siècle séparait son époque de celle dans laquelle elle se trouvait en ce moment. Actuellement, Clémence avait bien rattrapé son retard, assimilant même une multitude de connaissances, dépassant celles basiques. Elle n’en était pas peu fière. Elle avait hâte de se vanter auprès de sa famille, à condition de la retrouver. S’il y a bien une chose qu’il lui manquait dans sa nouvelle vie, c’était bien sa famille. Elle n’avait toujours pas de nouvelles. La brune chassa cette pensée de son esprit. Elle ne pouvait pas se permettre d’afficher une mine triste devant la clientèle.

Clémence mélangea les différents liquides, dans un ordre précis, secoua le checkeur avec dextérité et versa le mélange dans un verre. Elle le servit ensuite à la cliente avec un sourire, puis prit la seconde commande. Voilà quelques temps maintenant qu’elle travaillait comme barmaid au Nouveau Monde. Depuis le mois d’avril, Clémence avait cessé de cumuler deux emplois à l’hôtel. Elle avait raccroché son emploi de danseuse de revue et était maintenant uniquement barmaid. La danse lui avait apporté de bonnes et mauvaises choses. Elle lui avait permis de s’adapter à son nouveau corps de bipède, de s’y faire, de se mouvoir avec aisance et grâce. De l’autre, elle lui avait fait rencontrer Hadès, qui l’avait manipulée et s’était servie d’elle pour son propre plaisir. Bref, une page de sa vie se tournait. Cela lui permettait d’être embauchée à temps plein en tant que barmaid et d’avoir plus de temps pour enquêter sur sa situation. Depuis la fin du mois de mars, une multitude de questions lui trottait dans la tête. Qui était cet homme qui avait organisé le kidnapping de masse ? Des chasseurs se trouvaient-ils à Paris ? Pire, il y en avaient-ils à l’hôtel ? Qui était vraiment ce Lucas ? Pourquoi était-il au courant de leur situation ? Pourquoi les aidait-il ? Et les portails permettaient-ils de rentrez chez eux ? Toutes ces questions restaient sans réponses et Clémence avait bien l’intention de trouver les réponses. Enfin quand le moment serait propice. Pour l’heure, elle devait faire son travail.

A 22h30, Clémence termina son service. Elle salua son roulement sur le chemin menant aux vestiaires. Arrivée sur place, elle se changea. Elle mit son uniforme dans son casier et se vêtit de sa salopette de couleur claire en jean avec son T shirt bleu foncé. La brunette fourra la carte magnétique de sa suite dans sa poche et prit son portable. Là, elle fut accostée par certains de ses collègues, qui avaient les mêmes horaires qu’elle et avec qui, elle s’entendait bien.  « Oui, avec joie !
-Cool ! Alors allons’y !
-C’est à thème ce soir en plus !
-Non, pas dans ce bar, c’est le jeudi. » Tout en répondant, Clémence alluma son portable et consulta ses nouveaux messages. Elle remarqua alors la ribambelle d’SMS de son amie Honey. Un sourire se dessina sur ses fines lèvres lors de sa lecture. C’était tout Honey ça ! Toujours enthousiaste, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. C’était cette fraîcheur que la brune aimait le plus chez la blonde. Elle avait l’impression que tout était possible, du moment qu’on se jetait à l’eau. Clémence adorait également ses goûts vestimentaires et l’odeur de ses longs cheveux blonds. Ils sentaient bon le thé vert et le pamplemousse. Ce n’était pas courant comme odeur. Bien sûr que c’était à cause du shampoing qu’utilisait l’ancienne super héroïne, oui Clémence avait regardé plusieurs fois avec Marie le film mentionnant Honey. Seulement la brune l’avait associé à son amie. C’était une douce odeur tenace.

« Oh chouette, elle a fini ma robe ! » pensa Clémence. Elle s’imagina alors sa passionnée de photographie coudre avec application. Connaissant le tissu choisi, vu qu’elle l’avait choisi, Clémence s’imagina Honey le découper, le façonner avec attention. Elle la voyait tirer la langue et la mordre en se concentrant pour piquer le tissu de ses longs doigts fins. Clémence s’imaginait son application sur la broderie avec l’os. Il n’y avait que la nouvelle bipède pour demander ce genre de commande, elle le savait, elle l’avait demandé à Honey. La jeune femme la voyait ensuite taper dans ses mains d’excitation, contemplant son œuvre achevée. Il était évident que Clémence se photographierait avec sa robe et la posterait sur Instagram, avec un commentaire vantant les talents d’Honey. Elle déroula alors tous les SMS. Honey était déjà là ! Clémence regarda l’heure. « Euh attends, il est quelle heure là ? Oups ! Elle est déjà là ! Et depuis un moment même ! Enfin si elle est pas repartie ! Non, Marie lui aurait ouvert si elle était montée. Ah mais non, je suis bête, Marie est chez une amie. Merde, si elle était montée, elle a dû croire qu’il n’y avait personne ! Ou alors elle est toujours en bas. » Clémence arriva dans le hall avec ses collègues et constata qu’il n’y avait aucune trace d’éclat doré. Non, la blonde n’était pas là. La brunette supposa qu’elle avait dû monter, à condition qu’elle ne soit pas partie. « T’inquiètes, j’arrive ma petite Honey. » Clémence lui répondit rapidement, tapant avec dextérité sur son clavier tactile. LE SMS Maintenant, il ne restait plus qu’à prévenir ses collègues, avec qui elle marchait toujours. « Euh les gars, en fait, je peux pas venir, j’ai une amie qui passe.
-Ben amène-la !
-Oui, mais elle est que de passage.
-Ben on t’attend alors.
-Non, mais je pense pas qu’elle voudra venir. Elle est là en coup de vent, mais reste un peu, en fait. Enfin bref, elle reste pas assez longtemps pour qu’elle vienne avec nous et elle reste assez longtemps pour que je ne puisse pas venir, mais c’est pas grave,  allez-y. On se fera ça une autre fois. » Clémence savait bien qu’Honey avait traversé le portai pour venir. C’était simple comme bonjour, mais ça lui fit quelque chose de savoir que sa grande amie l’avait traversé spécialement pour elle. Elle voulait donc profiter de sa présence et la garder uniquement pour elle. « Oh mais tu rougis, c’est que tu l’aimes ! »
-Ben voyons, c’est une amie, c’est tout.
-Ouais, c’est ça, à d’autres.
-Clémence est amoureuse !
-Non, c’est une fille de toute façon.
-Et alors ? » Clémence leva les yeux au ciel, puis salua ses collègues. Ne savaient-ils pas qu’on ne sortait pas avec les gens du même sexe que soi ? C’était évident. De toute évidence pas pour eux. Dans l’esprit de Clémence, c’était limpide. Suite à son éducation encrée dans les mœurs de son époque, il n’y avait pas de doute possible. Honey allait balayer ses convictions et certitudes, mais peut-être pas ce soir.

La brune prit l’ascenseur et monta à l’étage de sa suite. Quand les portes s’ouvrirent, elle vit Honey dans le couloir. Un sourire jusqu’aux oreilles, elle courut dans sa direction et la prit dans ses bras ! « Oh Honey, j’suis trop contente de te voir ! Ça me fait trop plaisir ! » Clémence se détacha et ouvrit la porte de sa suite. Une fois à l’intérieur, elle put admirer la robe que son amie qui tendit. « Oh elle est superbe ! Je vais l’essayer tout de suite ! » Et aussitôt, Clémence entraîna son amie dans sa chambre, où elle se changea. Bien que devenue humaine, l’ancien canidé n’avait toujours pas compris la pudeur humaine quant à se déshabiller devant autrui. Il était donc évident qu’elle ne l’appliquait pas. Elle n’eut ainsi aucun mal à se retrouver en sous-vêtement devant son amie. Elle enfila sa toute nouvelle robe, puis s’admira devant le miroir de son armoire. « Oh elle est vraiment magnifique ! T’as trop géré !  Et elle est parfaite avec mon pendentif ! » Puis, voulant l’avis qui comptait, soit celui de la créatrice, elle se tourna vers son amie. « Alors comment tu me trouves ? » Ayant eu sa réponse, elle demanda alors à ce que son amie la prenne en photo, pour immortaliser ce moment. Puis, la brune en fit avec Honey. Cela donna l’occasion d’une séance photo entre les deux. La photographie était d’ailleurs la passion commune, qui les avait rapprochées.
Codage par Libella sur Graphiorum
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Dim 12 Nov 2017 - 1:12
If I could tell her
Clemence & Honey
If I could tell her, tell her everything I see
if I could tell her how she's everything to me. But we're a million worlds apart and I don't know how I would even start If I could tell her

22h10 Silence. L'écho de son poing contre la porte pour seule réponse. Cinq minutes, c'était le temps qu'il s'était écoulé entre son dernier sms et cet instant. C'était très peu, cinq minutes, et pourtant, il y avait là un petit bout d'éternité. Cinq minutes, c'était tout ce qu'il avait suffi pour faire planer le doute. Envolés, les derniers instants impulsif. La raison reprenait enfin le dessus avec son lot de questions et d'inquiétudes. C'était stupide. Bien sûr que Clémence ne répondait pas. La soirée était déjà bien entamée, peut-être était-elle encore au travail, ou de sortie. Non, vraiment, mieux valait partir, éviter les idioties et revenir demain, mieux annoncé et surtout l'esprit reposé. Son smartphone en main, elle grimaça. Oh, pourquoi avait-elle envoyé autant de messages ? Honey fit quelques pas dans le couloir lorsqu'un clignotement familier attira son œil. Une lueur bleue au coin de son écran, témoin d'un nouveau message. Oh ! Son cœur rata un battement : Clémence. Du bout de ses doigts tremblant, Honey déverrouilla son smartphone pour se jeter sur le message de son amie sans vraiment savoir ce qu'elle espérait. Si une part d'elle-même mourrait d'envie de voir Clémence, une autre en revanche priait pour que celle-ci soit absente ou trop occupée pour la recevoir, que sa visite impulsive passe inaperçue, sa raison intacte. Raté. Sa respiration se coinça brièvement dans sa gorge. T'inquiètes, j'arrive ma petite Honey. Elle arrivait. Son cœur s'emballa dans une danse folle à ce surnom. Ma petite Honey. Pourquoi un tel état ? Ce mélange d'euphorie et d'angoisse était loin d'être nouveau : Honey en ressentait toujours les effets lorsqu'elle était près de Clémence. Seulement, pour une raison qui lui échappait, quelque chose était différent ce soir. Submergée par ses émotions, sa raison se noyait au point d'être incapable de contrôler le flot constant qui faisait palpiter son cœur et fondre son estomac.

Peut-être parce qu'au fond, elle savait. Elle savait que la robe n'était qu'une excuse, qu'il y avait des secrets qu'elle ne pouvait plus taire. Des secrets. Des mystères. Parfois Honey avait l'impression qu'il n'y avait plus que cela. Sa vie entière n'était plus qu'un mensonge. Vivre dans le non-dit, Honey pouvait se l'envisager, uniquement, car elle savait qu'entre les murs de son appartement ou de cet hôtel, le voile opaque soigneusement posé sur ses origines pouvait enfin tomber. Ici, elle pouvait être elle-même, parler de sa famille et de son passé sans avoir à réécrire son histoire pour rendre le tout vraisemblable. Comme s'il y avait quoique ce soit de vraisemblable dans sa vie désormais. Changement d'univers, magies, enlèvements… C'était fou et plus elle y pensait, plus Honey avait l'impression de glisser dans la démence. Mais s'il y avait une chose de réelle, c'était bien les amitiés qu'elle avait forgés, les sentiments qu'elle avait développés. Elle ne voulait plus faire semblant, pas ici, pas avec Clémence.

Honey crut un instant que ses jambes allaient se dérober sous son poids lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent pour justement révéler la brune. Portées par un élan commun, elles s’avancèrent en même temps pour s’étreindre. « Oh Honey, j’suis trop contente de te voir ! Ça me fait trop plaisir ! » Tout juste commencé, déjà terminé. Clémence se détacha pour ouvrir la porte de sa suite, laissant la marque brûlante de son toucher sur ses bras. « Moi aussi ! Désolé de débarquer à l’improviste, j’avais envie de me changer les idées et… » D’une main, elle secoua la housse, son enthousiasme marqué sur ses lèvres. « Cette robe réclamait sa propriétaire. » Tout comme sa créatrice. Clémence lui avait manqué. Il n’y avait qu’à ses côtés que le temps semblait se tordre au point d’être méconnaissable. À la lueur de sa présence, les minutes changeaient de visage, tantôt agréable éternité, tantôt, secondes trop brèves. La robe ne tarda pas à trouver sa juste propriétaire : à peine furent-elles entrées qu’une Clémence ravie se jeta sur le vêtement et l’entraîna dans la chambre sans rencontrer aucune résistance de la part d’Honey. Un sourire figé sur son visage, elle laissa la brune la guider, trop heureuse de sentir la douceur de sa main dans la sienne pour dire quoi que ce soit. Cela tombait bien. Elle n’avait rien à dire. Pas maintenant.

Le lit. C’était là qu’Aiko avait atterri, jusqu’alors inconsciente de son environnement, incapable de détacher son regard de Clémence… qui commença à se déshabiller. ¡No de balde! Elle savait Clémence pleine de surprise, mais son insouciance vis-à-vis de la pudeur ne cessait de la prendre au dépourvu. Aussitôt, ses prunelles se détournèrent avec urgence, piqué vif par la vision des vêtements glissant sur le sol. Les rouages de son cerveau tournaient à toute allure à la recherche d’un mot, d’un geste pouvant un tant soit peu dissimuler l’émotion provoquée par la situation. « Normalement- » C’était à peine si elle parvenait à s’entendre parler par-dessus les battements de son cœur. « Normalement, les mesures sont justes. » Pourquoi sa gorge était si sèche ? Ses mains si moites ? Son estomac au bord d’un précipice enflammé ? Les yeux rivés sur le mur opposé, Honey étudiait avec un intérêt beaucoup trop poussé les différentes photos qui y étaient accrochées, une manière comme une autre de s’occuper l’esprit pour ne pas penser au corps dénudé de Clémence seulement à quelques pas du sien. Cette idée, la jeune femme se hâta de la chasser en réfugiant ses pensées et ses paroles dans le seul sujet qu’elle se sentait véritablement capable de maîtriser en cet instant : la raison de sa venue, la couture. « Si jamais il y a besoin de retouche, je peux facilement arranger ça. » Paroles vaines. La robe lui allait parfaitement. Interprétant les paroles de son amie comme un feu vert, Honey avait enfin osé relever les iris pour la contempler.

Clémence se trompait. Ce n'était pas la robe qui était magnifique, mais celle qui la portait. Honey quitta sa place pour prendre place auprès de la brune. Son reflet se glissa derrière celui de Clémence. « T'es superbe. J'avais un doute sur les manches en plus des bretelles, j'ai hésité à la faire bustier, mais finalement, je ne regrette pas, tu es magnifique ! » Hésitante, elle porta sa main jusqu'à l'épaule de Clémence et réajusta l'une des manches en question. Là. Parfait. « Je suis contente qu'elle te plaise ! » Un maigre sourire sur les lèvres, Honey laissa sa main retomber. Disparu, son aisance habituelle. Elle qui était pourtant si tactile avec Clémence, voilà qu'elle redoutait presque de laisser ses doigts entrer en contact trop longtemps avec la peau de la brune. Ce n'était pas la gêne qui l'empêchait d'agir ainsi, mais bien la peur. Car il y avait des doutes qui, confortablement logé dans un coin de son esprit, ne la quittait jamais. Ils étaient là, à lui souffler de terribles hypothèses. Et au cœur de ses ombres, une crainte : celle de se faire rejeter, que ces sentiments qui s'étaient imposés à elle ne viennent gâcher une amitié dont elle ne pouvait désormais plus se passer.

Hors de question d'en parler. Du moins, pas maintenant. Pas encore. Car ce moment viendrait, Honey le savait, malgré les angoisses qui la rongeaient, elle était déterminée à faire tomber les masques pour enfin embrasser une existence un tant soit peu honnête et normale. En attendant, c'est sur un autre sujet qu'elle décida d'engager la conversation. « Comment ça va depuis la dernière fois ? T'as du nouveau de ton côté ? » La Transylvanie. Les chasseurs. Deux sujets où elle se perdait souvent. Tellement souvent qu'elle connaissait d'ores et déjà la réponse de Clémence. Malgré toutes leurs volontés, leurs recherches sur le sujet s'étaient jusque là avérées peu efficaces. « Mally et Oliver vont bien ? Enfin, aussi bien qu'on puisse aller après tout ça… » Honey soupira en s'asseyant à nouveau sur le lit. Beaucoup de mots lui venaient à l'esprit pour qualifier les individus qui avaient osé infliger ces horreurs à ses pauvres gens, mais aucun n'était assez puissant pour canaliser la rancœur et la haine qu'elle éprouvait envers ces dénommés chasseurs. Comme s'ils étaient des proies. « Parfois j'ai du mal à me dire que tout ça était réel, tu vois ? Dans mes souvenirs ça a plus des allures de délires fiévreux… » Un délire dont elle ne parvenait pas vraiment à se détacher. Même après plusieurs mois. Les cauchemars des premiers jours avaient disparu, mais la peur, elle, était toujours là, sous la forme d'une méfiance exacerbée. Le combat était loin d'être terminé, et la pire crainte d'Honey était de voir ses proches être la cible d'un nouveau cauchemar. Personne n'était à l'abri et Aiko redoutait le jour où une nouvelle attaque serait lancée. Pire, elle tremblait à l'idée que Clémence puisse figurer sur la liste des prochaines victimes.
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Lun 20 Nov 2017 - 19:41

If I could tell her
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« Merci ! » Clémence se regarda dans le miroir, une fois qu’Honey eut rajusté sa manche. Aucun doute possible, elle avait fait du bon travail. La brune sautilla sur place, un sourire irrévocablement accroché à ses lèvres, faisant pétiller ses yeux de bonheur. Il fallait immortaliser ce moment ! Armée de son smartphone, elle fit plusieurs clichés. Ce n’était pas du narcissisme exacerbé de la part de Clémence. L’ancien canidé avait ce besoin vital de prendre en photo chaque moment important de son quotidien. Elle avait peur d’oublier des souvenirs. Elle s’était rendue compte en voyant son film, plus celui retraçant la rencontre de ses parents, qu’elle avait oublié certains moments. Elle ne se souvenait plus de la promenade du début de son film. Grâce au dessin animé, elle ne l’oublierait plus. Il y avait aussi des choses qu’elle n’avait jamais su, comme tante Sarah qui avait été ignoble avec sa mère, mais qu’elle avait découvert grâce au film. Clémence recréait d’une certaine façon cette preuve de vie et d’événements importants à travers la photographie. Avec ses photos, elle n’oublierait plus jamais un souvenir. Et il y avait un bonus, elle pourrait les montrer à sa famille. Ainsi, elle avait une preuve et une trace. Sa famille, lorsqu’elle la retrouverait, connaîtrait tout des détails importants de sa vie. Honey en était un. Elle se prit donc en photo seule avec la création de son amie, pour montrer ses talents, puis avec son amie car elle ne la voyait pas absente de sa vie, puis elle finit par prendre des photos de son amie seule, car elle avait besoin de photo la montrant comment elle la percevait.

Après avoir pris quelques photos, Clémence commenta les paroles dites par son amie avant la séance photo. Maintenant que son obsession de garder une trace était assouvie, et son engouement ayant quelque peu diminué, elle pouvait être entièrement à l’écoute des paroles de son amie. Et surtout, elle pouvait lui répondre, sans être victime de la spirale de son enthousiasme. « Oui, tu as bien de fait de ne pas l’avoir faite en bustier. Et même la couleur. Je n’aurais jamais imaginé des manches blanches, je les voyais aussi bleues que ma robe, mais elle est très bien comme ça ! Aussi parfaite que ton sens du détail ! T’es un as, Honey Lemon ! Héroïne chimiste de San Fransokyo et experte de la couture de ce monde ! J’regrette pas de ne pas t’avoir imposé trop de chose. T’as un talent fou ma petite Honey ! Et puis, j’adore la façon dont tu as réussi à mettre l’os ! Je savais que ça ne serait pas facile, mais t’as réussi. J’y tenais beaucoup. J’appréhendais un peu le résultat, même si je savais que tu me décevrais pas. » La brune lui fit un magnifique sourire, preuve de sa joie. Ce nouveau vêtement était une pièce unique de sa garde-robe. Elle l’adorait déjà.

Clémence vint rejoindre Honey sur le lit, en s’asseyant à côté d’elle. Son coeur s’était serré. En plus de voir la blonde attristée, elle la sentait tendue. Elle n’aimait pas voir son soleil broyer du noir. Elle lui prit la main dans la sienne. Son regard chocolat croisa celui émeraude d’Honey. D’une voix posée et affirmée, se voulant rassurante et empathique, Clémence lui montra ce qu’elle pensait de la situation. « Oui, je comprends ce que tu veux dire. Mais ce n’était pas un délire. J’étais là, je m’en souviens et j’ai une preuve. » Elle lâcha la main de son amie et pianota sur son smartphone. Elle le lui tendit. A l’écran, l’image de son entaille à la jambe faite par sa hache était visible. Aujourd’hui, cette blessure superficielle avait complètement disparu. « Tu vois, je me suis vraiment blessée en tombant. On y était vraiment. On a vraiment fait notre bain de boue. » Elle lui sourit à l’évocation de ce souvenir, puis reprit son sérieux. « On a pas subi une sorte d’hallucination collective. On y était et malheureusement tout est arrivé. Et c’est vrai qu’après une épreuve pareille, difficile de bien s’en remettre. Oliver m’inquiète un peu d’ailleurs. Après, il est pas tout seul. Il est avec Hadès, Helga et Théana. Théana, c’est la fille d’Helga. Bref, même si Hadès n’est pas le meilleur des petits-amis, autant le dire tout de suite, le pire, et un horrible coéquipier, faut lui laisser qu’il est pas si nul que ça. Il veille sur Oliver. Il l’a sorti de la rue et lui a offert un foyer. C’est comme ça qu’il s’est retrouvé chez lui la première fois. Oliver me l’a dit pendant une conversation au téléphone. Bon, Oliver serait peut-être mieux ici, mais s’il préfère être avec Hadès et compagnie, c’est son choix. Au moins, on s’occupe de lui et cette Helga a l’air d’être plutôt bonne en protection. C’est elle qui l’a sauvé. Et puis, j’ai vu son film. Elle est bad ass cette femme ! C’est Helga Sinclair d’Atlantide, je sais pas si tu l’as vu. Bon, dans le film, c’est la  méchante, mais ça me rassure de savoir qu’Oliver est sous sa protection. Sinon, il m’a moi pour le côté soutien. Il fait des cauchemars depuis notre retour. En même temps, le pauvre. Il est si jeune et ce qu’il lui est arrivé est horrible ! Bref, il se réveille souvent la nuit. Il m’appelle presque toutes les nuits. Au début, il me parlait de ses peurs, maintenant il préfère que je lui raconte des histoires ou que je lui parle d’autre chose. Il a l’air d’aller un peu mieux. En tout cas, hier soir, ça avait l’air d’aller. A voir si ça continue ou pas. Sinon Mally va bien. Très bien même. Elle s’est bien remise de ses blessures et a peut-être bientôt quelqu’un dans sa vie, si tu vois ce que je veux dire, avec Alexis ! Je sais pas où ça en est, faudrait que je lui demande, mais c’est bien parti pour devenir un couple. Alexis est un chic type ! Il a recueilli Mérida chez lui. Enfin, tu le sais déjà, en fait. Donc, ben Mally va bien. » Honey connaissait Mérida et Alexis, puisque Clémence lui en avait parlé. La brune ne cachait rien à son amie. Et puis, lorsqu’elles se parlaient, elles se parlaient de tout, aussi bien de la pluie et du beau temps, que du dernier film vu, avec qui elles étaient et où, jusqu’aux question scientifiques, philosophiques et existentielles. C’est ce que la brunette aimait chez la blondinette. Ainsi Honey savait déjà pour le dîner d’avril auquel Clémence avait participé. « Sinon de mon côté, il y a du changement côté pro. Je travaille maintenant à plein temps uniquement comme barmaid. J’ai raccroché la danse. Il y a une restructuration du personnel. Tous les employés qui cumulaient plusieurs emplois ont dû choisir pour n’en avoir qu’un. L’hôtel marche bien maintenant et il fallait du personnel dévoué, efficace et pas qui se disperse. Ils ont engagé une danseuse pour me remplacer. Elle est très douée et ça me va. Je préfère être barmaid que danseuse. La danse m’a appris à me faire à mon corps d’humaine. Et puis, j’ai l’impression de faire de la magie avec les cocktails. Ça me fait un peu penser à toi, d’ailleurs. » Sur cette dernière parole Clémence rigola gaiement en croisant le regard de son amie, puis repris sa tirade. « Je sais que c’est que de la chimie, mais ça reste magique ! Les couleurs et l’arrangement et tout ! Bref, voilà pour moi.  Sinon rien de nouveau sur notre situation. Mais dès que j’ai du nouveau, tu sais que je te le dirais tout de suite. Et toi, quoi de nouveau dans ta vie ? Comment vont Clochette et Peter ? »

Après qu’Honey ait répondu, Clémence lui demanda qu’elles étaient ses projets pour la soirée. Elle était venue pour lui donner sa robe, c’était chose faite. « En fait, tu restes dormir ce soir ?  Il y a le canapé, mais un lit sera plus confortable. Il y a le mien. Comme il est deux places, chacune aura son espace, sinon comme Marie est pas là, tu peux prendre le sien. » Elle se leva de son lit et se dirigea vers son armoire. « Je crois me souvenir que tu dormais en pyjama, je dois avoir ça. » Clémence avait dormi chez Honey, Clémence et Peter en octobre dernier. Elle avait ainsi pu voir la tenue vestimentaire de la jeune femme pour dormir. Tandis qu’elle fouillait dans sa commande, elle l’interrogea sur ce qu’elles pourraient faire. « Tu veux qu’on regarde quelque chose, genre un film ou une série, ou tu veux qu’on joue ? » Joueuse, l’ancien canidé possédait énormément de jeux.
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Jeu 19 Avr 2018 - 1:09
If I could tell her
Clemence & Honey
If I could tell her, tell her everything I see
if I could tell her how she's everything to me. But we're a million worlds apart and I don't know how I would even start If I could tell her

Ce n'était pas un rêve. L'évidence était tournée et retournée et la vérité, incontestable, se déclinait sous plusieurs visages. Des souvenirs. Des doutes. Des marques laissées sur le corps et l'esprit. La jeune femme grimaça légèrement face à l'image renvoyée par le smartphone de la brune. Un amas de pixels ensanglanté. Elle aurait aimé que ce ne soit qu'un songe, Honey, un cauchemar qu'on balaie d'un revers de main nonchalant sitôt tiré du sommeil. Mais si les hématomes et autres égratignures s'étaient évaporés avec le temps, la mémoire n'était pas si simple à convaincre. Les chutes, la pluie et la boue, c'était des scènes d'une confusion déconcertante qui pourtant résonnait avec une certaine clarté dans son esprit. Honey n'était pas à plaindre, elle s'estimait chanceuse de n'avoir été actrice de cette tragédie que le temps d'un acte, remerciait le sort d'avoir épargné Clémence. Cette chance-là, certains ne l'avait pas eu. C'était avec une tristesse mêlée de colère qu'elle songeait aux rescapés de l'horreur. Ce sentiment, c'était un pincement de cœur qui, doucement, se muait en besoin puissant de justice. Peter, Mallymkun, le petit Oliver... Qu'avaient-ils fait pour mériter cela ? Rien. C'était là que résidaient l'absurdité et la monstruosité de la situation. Ils n'avaient été que de malheureux noms sur une liste. Leur seule faute, c'était celle d'exister, d'avoir été les pions d'un complot qui se jouait d'eux et les dépassait.  « Je suis contente que les choses aillent mieux pour Mally. Elle est forte, je n'ai jamais douté un instant de son rétablissement. » Léger sourire de la jeune femme. Cet Alexis qui revenait si souvent dans les récits de la brune ne pouvait être qu'une bonne chose pour Mally, une manière d'aller de l'avant et de songer à l'avenir. « Et pour Oliver, qu'il te parle un peu, c'est déjà un début, c'est important qu'il ne garde pas tout pour lui et qu'il se sache protégé. » Ce genre de traumatisme n'était pas anodin, ce qui n'était pas traité maintenant le suivrait et l'handicaperait jusque dans sa vie adulte. « Il va très certainement falloir du temps, mais ils finiront par se relever complètement, peut-être changés, mais plus vivant. » Honey soupira. Comme si le chaos de leurs vies morcelées n'était pas suffisant. Voilà que le soupçon et l'inquiétude venaient détruire la stabilité durement obtenue de leur quotidien. Ils étaient comme impuissant face à la menace planant sur eux, ça la rendait folle, Honey, de se savoir aussi inutile face à l'adversité, de songer que Clémence pourrait elle aussi souffrir des mêmes atrocités. « Il ne faut plus que ça se reproduise. » Murmura-t-elle en secouant la tête. Son regard s'accrocha à celui de Clémence. Elle s'y perdit un instant, embrassant du bout des cils la courbe de ses lèvres.

Clémence parlait. Beaucoup. Un flot de paroles interminables qu'Honey aurait pu écouter pendant des heures, prête à se laisser transporter n'importe où par le son de sa voix. Avec elle, les banalités de la vie prenaient un intérêt nouveau aux yeux de la jeune femme qui, impuissante, s'abandonnait à l'enthousiasme contagieux de son amie. « Oh ! C'est dommage, t'es superbe sur scène, j'adorais te voir danser ! » Qu'elle s'exclama, soulagé d'aborder un sujet plus léger. Plus normal. « Mais je comprends, l'important, c'est que tu aimes ce que tu fais, et puis tes cocktails sont tout aussi top. » Peut-être manquait-elle d'objectivité, aveuglée par ce voile de perfection que ses yeux amoureux jetaient sur Clémence, mais qu'importe. Honey pensait chacun de ces compliments, le sourire aux lèvres en entendant la brune l'évoquer. Elle avait pensé à elle ! La simple idée d'occuper les pensées de Clémence suffisait à faire bondir son coeur de bonheur... « Oui, je t'ai pas dit, mais en vrai je suis une fée chimiste, voilà pourquoi je suis en colocation avec Clochette et Peter, je voulais garder le secret... » Et à lui faire dire des stupidités. « Non sérieusement faudra que tu m'apprennes à en faire, on pourrait même s'initier à la cuisine moléculaire ensemble. » Se projeter à ses côtés dans l'avenir, aussi proche soit il, avait quelque chose de rassurant, loin des incertitudes et peurs propre à son présent. À leurs présents. « Peter et Clo vont bien. Ça a été étrange au début, mais on a tous réussit à reprendre notre petit routine. Parfois c'est presque comme si rien ne s'était passé. » Presque. « Et moi je... » Les mots moururent un instant sur ses lèvres. Les traits légèrement durcit, Honey se surprit à être dans l'incapacité de parler. Comment allait-elle ? La jeune femme n'en avait aucune idée, une réalisation aussi angoissante que déprimante. Ces derniers mois avaient été si étrange... Elle même avait du mal à se reconnaitre dans les allées et venues capricieuse de ses émotions. « Ça va. » finit-elle par lâcher, peu convaincu par son propre mensonge.

Non, ça n'allait pas. Sur sa jupe, ses mains tremblaient, un étau s'était lentement refermé autour de sa gorge et dans sa poitrine, son coeur courait à toute allure tandis que sa tête se peuplait d'une infinité d'idées décharnées. « Hum... » Elle entendit la proposition de Clémence d'abord sans la comprendre. Est-ce qu'elle restait ? Pour la première fois, la question se posait. Pour la première fois, elle doutait. « Pourquoi pas ! » Oui, elle resterait. Elle profiterait, une fois de plus, de la présence de son amie, de sa bonne humeur, sans pour autant laisser paraître ses sentiments. Elle ferait semblant. Encore. « Je veux dire, je n'étais passée que pour déposer ta robe, mais je suis partant pour un film et... » Mais était-ce vraiment ce qu'elle voulait ? Vivre ainsi, à l'ombre de ses émotions et de ses désirs ? Honey n'en pouvait plus des faux-semblants, elle courait après le changement, après quelque chose qui donnerait un nouveau but à cette vie où plus rien ne semblait faire sens, figé dans l'ignorance. « En fait, je... » Elle devait le faire. Pour avoir, ne serait-ce que l'illusion d'une maîtrise sur ses sentiments, elle qui parfois doutait du véritable contrôle qu'elle exerçait sur sa propre vie. « Si je suis venue ici, c'est parce que j'avais besoin de te parler. Et pas seulement de ce qui s'est passé mars dernier. » Honey avait du mal à réaliser ce qu'elle disait. Comme habités par leur propre volonté, les mots glissaient sur ses lèvres sans qu'elle ne puisse les arrêter. Il était encore possible de reculer, d'inventer une histoire ridicule pour justifier cette soudaine prise de parole. « Je-euh... C'est stupide, j'ai déjà eu cette conversation des centaines de fois dans ma tête, je pense à toutes les choses que je voudrais te dire, et maintenant que je me lance enfin, je bute sur mes mots. » Un petit rire ponctua sa phrase. Qu'est-ce qu'elle faisait ? Pourquoi parlait-elle autant ? C'était le doute, encore et toujours, qui revenait la frapper de pleins fouets, une ribambelle de et si incertains. « Tu sais, quand on était perdu dans cette forêt à patauger dans la boue sans savoir si on arriverait à temps pour sauver les autres... J'ai réalisé à quel point j'aurai été dévasté si ça avait été toi, de l'autre côté, dans ce château et je... » Elle aurait aimé se lever, lui prendre la main, pallier l'hésitation de ses mots par la confidence de ses mouvements. Seulement, elle craignait de voir ses jambes se dérober sous son poids. « J'ai réalisé que... que le simple fait de t'envisager absente de ma vie suffisait à lui retirer son sens... » La jeune femme déglutit avec difficulté. « Je ne peux pas l’expliquer, c’est… » C’était ridicule. Toute cette scène. Elle faisait n’importe quoi… Mais il était désormais trop tard pour reculer. Et soudainement portée par un courage insoupçonné, Honey se leva, s’avança vers Clémence pour lui prendre la main. Les papillons sagement logés au creux de son estomac s’emballèrent au contact de sa peau contre la sienne. « Je crois que je suis tombée amoureuse de toi, Clémence. » Et je ne peux plus me relever. « De ton sourire, de ton intelligence, de ta beauté, de toutes tes folies, tes qualités, et même tes défauts et… » Comment mettre des mots sur ce qu’elle ressentait ? Elle avait le cœur au bord du vide, plein d’amour et d’idéal, pleins de tout, pleins de toi. « Je sais que ça doit te sembler bizarre ou sortie de nulle part, mais… Après tout ce qui s’est passé, je peux plus faire semblant et vivre dans le mensonge ; Pas quand je sais qu’on pourrait tout perdre du jour au lendemain. » Son regard chuta sur les mains de la brune et doucement, elle resserra sa prise, comme si ce geste suffirait à la garder près d’elle aussi longtemps que possible. « J’en ai assez menti, si je dois mentir sur ma vie, laisse-moi aussi être honnête sur mes sentiments… Si quelque chose doit nous arriver, je veux que tu saches. » L’air lui manquait. Honey, elle avait encore du mal à croire qu’elle venait de mettre ainsi son cœur à nu. Et le pire était encore à venir. L’attente, aussi infime soit-elle, d’une réponse. Des secondes terribles suspendues dans le temps.
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Dim 3 Juin 2018 - 12:14

If I could tell her
♫ It all belongs to the other side We live, we love, we lie ♫
Clémence sourit jusqu’aux oreilles, lorsqu’Honey complimenta ses talents de danseuse. Oui, elle n’était pas mauvaise. Elle était même plutôt douée, mais ce n’était pas son talent. La brunette était bonne grâce à la pratique régulière et à son énergie. Et puis, la danse n’avait été qu’un moyen de se faire à sa bipédie. Maintenant, ça devenait plus un loisir qu’un véritable travail à long terme. Son talent, c’était indéniablement les cocktails. Elle avait trouvé sa voie en tant que barmaid. Si on lui avait dit qu’à son arrivée, elle s’épanouirait en confectionnant des cocktails, elle n’en n’aurait probablement pas cru un mot. En tant qu’ancien animal à quatre pattes, elle ne pensait pas qu’elle avait un quelconque talent dans le monde des humains. Maintenant, elle était surprise et heureuse de l’avoir. Ce talent là, elle l’appréciait davantage depuis qu’elle avait rencontré Honey. Cette magnifique blonde était chimiste et pouvait lui expliquer la magie des liquides ! Et ce qui était fascinant, c’est que les explications ne faisaient qu’enchanter Clémence et ne détruisaient pas la magie. Et puis, ce que la jeune Brown appréciait, c’était que ça les liait d’une certaine manière. Les deux baignaient chacune à leur façon dans la chimie. Et être liée d’une façon ou d’une autre à une personne aussi extraordinaire, merveilleuse et positive qu’Honey, Clémence n’en attendait pas tant et elle en était ravie.

La barmaid rit de bon coeur à la blague de son amie, quant au fait qu’elle était en réalité une fée chimiste. Ce que ça faisait du bien de rire, surtout en charmante compagnie. Le doux son du rire de son amie était une douce mélodie à ses oreilles. « Oh oui ! Excellente idée ! Je n’ai jamais testé. Je suis pas sûre de savoir exactement en quoi ça consiste. Ça fait très scientifique. Mais avec toi, ça sera fun ! Aucun doute là-dessus. » Clémence était impatiente de commencer cette nouvelle activité avec une de ses amies préférées. Tout en y pensant, elle l’écouta lui répondre au sujet de Clochette et Peter. Clémence se rapprocha de son amie et posa sa tête sur son épaule en signe de soutien. Elle avait une idée de ce que pouvait traverser Honey, et pas une vague idée, puisqu’elles avaient vécu la même chose. La brune essayait de ne pas se laisser affecter par les événements de mars dernier. Ils s’en étaient sortis et s’étaient tous retrouvés. La vie continuait et Clémence faisait partie de ceux qui avaient repris le cours de leur vie, là où il était avant. Elle n’oubliait pas, mais elle ne voulait pas se laisser affecter par ce genre de traumatisme. Il lui arrivait d’y repenser, mais savoir qu’Oliver était maintenant sain et sauf rassurait Clémence, ainsi que de savoir qu’elle s’en était sortie avec Honey. Ne voulant pas plomber l’ambiance avec ces mauvais souvenirs, elle changea de sujet. Elle lui demanda les plans pour la soirée et lui fit une proposition. L’héroïne vêtue de rose accepta de rester dormir, ravissant au plus haut point la jeune Brown. Cette dernière se leva et alla s’asseoir devant sa boîte, qui contenait tous ses DVD.

« Si je suis venue ici, c'est parce que j'avais besoin de te parler. Et pas seulement de ce qui s'est passé mars dernier. » Distraitement, Clémence fit comprendre à son amie qu’elle l’écoutait. « Oui, je t’écoute. Tu voulais me parler de quoi ? » Elle prêtait une oreille attentive à la chimiste, tout en cherchant un film. La blonde sembla s’emmêler les pinceaux, malgré qu’elle eut eu plusieurs fois la conversation mentalement, d’après ses dires. Clémence se tourna vers elle et hocha la tête quand Honey parla des événements de mars, puis continua de chercher un DVD. L’ancien canidé songea que leurs sentiments étaient partagés. Elle aussi aurait été dévastée si Honey avait été à la place des victimes plutôt que de l’équipe de secours. Clémence avait déjà perdu sa famille, en changeant de monde et elle avait récupéré son petit protégé presque brisé. Peter n’avait pas été tellement mieux à sa sortie. La jeune femme ne tenait pas à perdre d’autres personnes et encore moins Honey, qui comptait énormément pour elle.

Clémence trouva enfin un film intéressant à regarder. Ayant le DVD en main et songeant que ce serait plus simple pour son amie de s’exprimer si elles se voyaient face à face, la brunette se retourna. C’est à ce moment précis qu’Honey choisit de se lever et d’aller la rejoindre. Lorsque son amie lui prit la main, Clémence resta interdite. Son coeur s’accéléra. Qu’allait-il se passer ? Qu’allait-elle lui révéler ? Qu’avait-elle de si important à lui apprendre pour se perdre dans les mots et pour finalement choisir de faire un geste. Pour la première fois depuis qu’elle la connaissait, la brune trouvait la blonde bien étrange. Mais ses paroles l’étaient davantage. D’où elle était tombée amoureuse ? Choquée, Clémence laissa tomber le DVD et voulut se relever, mais Honey resserra l’emprise sur sa main. Prisonnière, elle écouta le reste des paroles, tandis que la chaleur de la main d’Honey ne lui semblait plus être une chaleur rassurante mais une brûlure, comme si elle venait d’être piquée au vif. Comment Honey pouvait-elle ressentir ce genre de sentiments ? Cela n’avait pas de sens. Peut-être que la brune avait mal entendu. Oui, ça devait être ça. Elle la regarda, essayant de comprendre la situation qui lui échappait. Elle voulait sûrement parler d’amitié forte, comme une sœur, pas d’un amour-amour ? Ce n’était pas possible autrement, ce n’était pas concevable. Et pourtant, Honey était sérieuse dans ses propos.

Après quelques secondes qui parurent une éternité, Clémence reprit ses esprits. Elle se releva brusquement, chassant la main d’Honey de la sienne. « Je pense qu’il vaut mieux que tu partes, avant que tes sentiments bizarres s’amplifient. Merci pour la robe. » L’incompréhension du comportement de la bonde, due aux mœurs de son siècle passé encore bien ancrées en elle, avait fait ressortir son côté hautain. Il y a bien longtemps qu’elle ne s’était plus comportée de la sorte, en étant cassante avec quelqu’un. C’est ainsi qu’elle chassa sans concession la chimiste de chez elle, mettant un terme à leur amitié. Pour Clémence, il ne faisait aucun doute là-dessus. Honey avait tout gâché.
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Lun 2 Juil 2018 - 13:00
If I could tell her
Clemence & Honey
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if I could tell her how she's everything to me. But we're a million worlds apart and I don't know how I would even start If I could tell her

Le coeur au bord du gouffre, Honey attendait. Elle en avait trop dit. Perdue dans ses propres émotions, elle avait perdu le contrôle. Un mensonge parmi tant d'autres. Ce contrôle tant convoité, elle ne l'avait jamais possédé. Honey ne le savait que trop bien. Il y avait longtemps qu'elle ne dominait plus la partie. Elle se risquait à lancer les dés contre plus fort qu'elle, subissait les aléas hasardeux d'une vie qui lui semblait d'ores et déjà couchée sur papier. Elle qu'on avait créée de toutes pièces à partir de brouillon, avait-elle déjà goûté au libre-arbitre ? Parfois, Honey en doutait. Là, piégée entre les secondes immobiles, la jeune femme ne pouvait s'empêcher d'y penser. Peut-être avait-elle tord. Peut-être était-ce dans ces pertes de contrôle qu'elle pouvait pleinement réaliser l'emprise que ses choix avaient sur sa propre vie. Son souffle en suspend, elle espérait, craignant que ses mots ne fassent son malheur. Dis quelque chose, s'il te plaît. N'importe quoi. Elle regrettait. Jamais elle n'aurait dû s'ouvrir ainsi. Pas avant d'avoir la certitude que ses sentiments étaient partagés. Ces gestes tendres, cette attention qu'elle lui accordait... Et si tout cela se limitait à des marques d'amitié ? Funambule, elle marchait sur le fil de ses doutes. Sous ses pieds, la ligne trembla, avant de céder brusquement. Sa main retomba inerte sur sa jupe, chassée par Clémence. Honey, elle n'aurait jamais cru qu'un mouvement aussi anodin pouvait être si froid. Aussi douloureux. Sa gorge se serra. Un lien venait de se briser. Honey, elle pouvait presque entendre les éclats de leur amitié se morceler au sol, un son opalin auquel les battements pénibles de son coeur se mêlaient. C'était irréel. C'était stupide. Elle était stupide. Stupide en amour. Comment avait-elle pu se laisser aller à ce point ? Oser se dévoiler ainsi ? Honey manquait d'air, incapable de bouger. Un pas et ses jambes céderaient sous le poids de la tristesse, la jeune femme en était persuadée. Ses prunelles posées sur un coin de sa jupe, elle attendait, silencieuse, le coup fatal, celui qui achèverait de briser les restes de son coeur en miettes. La suite, elle l'avait vu arriver avant même que Clémence n'ouvre la bouche. « Je pense qu'il vaut mieux que tu partes, avant que tes sentiments bizarres s'amplifient. Merci pour la robe. » Ces mots lui firent l'effet d'une gifle. Il y avait dans ce ton, les accents acides d'une honnêteté trop dure à affronter.

Les mots, une arme de choix. Une phrase pouvait marquer l'esprit aussi aisément qu'une lame sur la peau. Elle avait l'esprit vide, Honey, trop bouleversé pour trouver quoi que ce soit d'intelligent à répondre, ses pensées scalpées à vif. Elle se heurtait à un inconnu absurde : l'homophobie. L'ouverture d'esprit de sa ville natale ainsi que de ses proches avaient toujours su la préserver de cette réalité-là. Honey avait eu la chance de se découvrir sans connaître le doute, la peur, la remise en question, la honte... Autant de sentiment confus qui, maintenant, la rattrapait. Les larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux. Pour la première fois, elle se voyait dans un miroir d'intolérance, et l'image qu'il lui renvoyait était celle d'une ignoble anormalité. Elle ne le supportait pas. Pas chez Clémence. Pas chez celle qu'elle aimait. « Pardon. » S'entendit-elle souffler. Une partie d'elle se haïssait pour avoir agi de la sorte. Une autre lui hurlait qu'elle n'était pas fautive. Un débat vite étouffé par le poids de ses regrets. « Je- » Sa voix se brisa. Non, elle ne pouvait pas parler. Pas maintenant et pas ici. Honey se hâta de rassembler ses affaires et quitta l'appartement sans plus attendre. La porte se referma dans son dos. À quoi avait-elle pensé ? Stupide. Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Idiote. Clémence ne pourrait jamais l'aimer. Pas comme elle le voudrait. Comment avait-elle pu avoir l'audace de penser autrement ? Honey avait cru déceler quelque chose chez elle... Entre elles. Comment avait-elle pu ? C'était des mensonges qu'elle s'était murmurée à elle-même. Désormais seule dans le couloir, le coeur en vrac, Honey succomba enfin aux pleurs qui la menaçaient.

***

Décembre 2017. Elle était à court de fils. Les traits légèrement durcis par la concentration, sa musique dans les oreilles, Honey farfouilla dans sa boîte à la recherche d'une bobine de rechange. Rien. Elle était bonne pour aller en acheter. La jeune femme soupira. Elle n'avait ni l'envie, ni le courage de sortir. Depuis des mois, chaque journée apportait son lot de démotivation. Des journées d'une lenteur effroyable. Honey essayait de ne pas trop y penser. À vrai dire, elle essayait de ne pas penser tout court. Ses pensées ne manquaient jamais de l'entraîner dans un tourbillon sans fin de doutes, de regret et d'idées pessimistes. Vicieuses, elles voulaient la convaincre que sa vie était vouée à l'échec. Mais elle contre-attaquait. Du mieux qu'elle pouvait, Honey s'occupait l'esprit en se laissant submerger par les commandes. « Bon. » Souffla-t-elle en enlevant ses écouteurs. Un rapide coup d'oeil à l'extérieur eut vite fait de tuer les dernières miettes de motivation qu'elle avait réussie à rassembler. Gris. Pluvieux. Déprimant. Un hiver anglais. Tant pis, elle commencerait une nouvelle commande, terminerait celle en cours demain. Ou après-demain. Elle venait tout juste de s'attabler à nouveau à sa machine à coudre lorsque quelqu'un frappa à la porte. Zut. Qui cela pouvait bien être ? Peter et Clochette étaient tous les deux sorties et ils n'attendaient personne aujourd'hui. Intriguée, Honey se leva.

Si elle avait su… Son cœur rata un battement lorsqu’elle ouvrit la porte. Clémence. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement sous la surprise. Depuis des mois, la jeune femme n’était plus qu’une entité numérique, un pseudo et des images perdues dans une marée de publication en ligne. Un visage de pixel sur lequel les iris d’Honey osaient à peine s’attarder. Fermer les yeux pour mieux oublier. Où essayer. Car malgré ces mois de sevrage forcé, la figure de Clémence était restée tout aussi vive et brillante dans son esprit, embelli par les mille artifices d’un amour aveugle. « Salut. » Qu’elle lâcha enfin après quelques secondes silencieuses. C’était étrange. Ce contact après des mois à s’éviter et à entretenir un silence douloureux. Un simple regard avait suffi à briser les maigres défenses qu’Honey avait voulu construire autour de son cœur. Au creux de son estomac, les papillons à l’agonie semblaient enfin reprendre vie. Mais Honey ne se faisait pas d’illusion. Ce n’était pas pour elle que Clémence était venue. « Désolé, Clochette est sortie acheter deux trois bricoles… » Appuyée contre la porte ouverte, elle ne savait plus où poser ses yeux. Que pouvait-elle dire d’autres ? La jeune femme n’en avait aucune idée. Elle qui, en temps normal, brillait par son éloquence, restait muette. Parce que l’esprit n’avait pas sa place dans ces moments où les émotions sont reines. Alors, Honey ferait semblant. Comme si tout allait bien. Comme si elle avait oublié. Comme si les événements d’aout dernier ne tournaient pas encore en boucle dans son esprit, à la manière d’un désagréable refrain. La logique comme dernière défense, elle continua : « Je pourrais lui dire que tu es passée si tu veux? » Elle aurait aimé lui dire d’entrer. Effacer ses erreurs à coup de blagues habiles. Ne serait-ce que pour regagner son amitié perdue.
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Lun 23 Juil 2018 - 18:38

If I could tell her
♫ It all belongs to the other side We live, we love, we lie ♫
Clémence regardait sans vraiment voir les images défilantes du poste de télévision, entendant les voix sans les écouter. Elle réfléchissait. Plus elle y pensait et plus elle se disait qu’il était trop tard depuis bien longtemps. Voilà sept mois maintenant qu’elle avait mis fin à toute forme de relation avec Honey. Honey. Cette douce et optimiste grande jeune femme, à la crinière flamboyante de lumière. Comment avait-elle pu être aussi bête ? Comment avait-elle pu la repousser et la sortir de sa vie ? Et surtout, comment avait-elle fait pour ne pas suivre ses sentiments ? Clémence se répugnait. Elle en avait d’abord voulu à Honey d’avoir eu des sentiments si impurs. Elle en avait ensuite voulu à la mentalité de son siècle d’avoir cru que ses sentiments et les siens étaient impurs, alors que c’était le contraire. Leurs sentiments étaient les plus purs qu’ils soient. Heureusement que Clochette avait été là. Des semaines à parler au téléphone pour finalement accepter le simple fait qu’aimer est ce qu’il y a de plus beau et que ce n’est pas une tare d’aimer quelqu’un du même sexe que soi. L’amour n’est pas une tare, mais la chose la plus saine qui soit. Clémence s’en était alors voulue. Le mal qui la rongeait d’être privée d’Honey et d’être consumée par ses sentiments, qu’elle pensait ne plus être partagés, elle savait ce que c’était maintenant. Elle se flagellait d’avoir infligé cette tourmente à Honey. Comment avait-elle pu être si méchante envers une femme aussi formidable, qui n’avait en rien mériter pareil traitement ? Et surtout, comment réparer ça ? Voilà des mois que Clémence voulait réparer les dégâts, mais chaque fois elle en venait à la même conclusion. Il était trop tard. Le mal était fait. Il n’y avait plus aucun moyen de réparer les choses. Clémence soupira et éteignit la télévision, devant une publicité faisant mention d’un énième jouet pour enfant. Il y en avait en masse des publicités de ce genre en cette période de l’année. Elle jeta la télécommande sur le canapé et se dirigea vers sa chambre. Elle prit son ordinateur portable et s’installa sur son lit, se mettant à regarder les photos de son instagram. Elle voulait voir l’image d’Honey. Ses mimiques drôles et son optimisme ravageur colorant de lumière son visage lui manquaient terriblement. Voir son grand corps allongé bouger avec grâce lui manquait. La voir apparaître sur son écran lui ferait du bien. Clémence scrolla son compte. Elle n’était pas allée directement sur celui de l’héroïne de San Fransokyo ou de Clochette, car elle avait peur soit de n’y trouver plus aucune photo ou d’y trouver des photos d’elle heureuse et épanouie, débarrassée d’un poids mort. Dans tous les cas, elle avait peur d’affronter la réalité. Au moins, sur son compte, ça serait le passé, il n’y aurait rien qu’elle pourrait y changer et Honey y serait forcément heureuse avec Clémence dans sa vie. La brune tomba alors sur la dernière photo qu’elle avait faite d’Honey, dans cette même chambre. C’était le jour où l’élue de son coeur lui avait déclaré sa flamme et qu’elle l’avait éteinte sans ménagement. C’était le jour où tout avait basculé. D’un coup vif, Clémence ferma son ordinateur. Sa décision était prise. Elle allait la voir pour s’expliquer, enfin surtout pour s’excuser. Elle devait rattraper ses erreurs, se faire pardonner. Peut-être qu’elle avait définitivement perdu Honey, mais au moins elle aurait réparé ses erreurs et fait comprendre à Honey qu’elle n’était pas le problème. Peut-être qu’Honey le savait et elle serait alors ridicule à se pointer devant sa porte. Elle soupira et retomba sur son lit. Elle reprit son ordinateur et l’ouvrit de nouveau. L’image d’Honey réapparut. Clémence contempla son joli et délicat visage si joyeux. Le souvenir du visage déconfit et brisé lui revint en mémoire. Non, elle devait aller la voir. Si le prix à payer était de paraître ridicule et qu’Honey la chasse comme elle l’avait chassée, alors soit, elle en payerait le prix.

Après s’être changée et avoir utilisé le portail, puis s’être pris la foule londonienne dans les transports en commun, pour finir par se faire surprendre par la pluie, Clémence arriva enfin à bon port. Trempée et dégoulinante, elle monta les marches la menant devant le perron d’Honey. Elle devait lui montrer qu’Honey n’était pas une femme à jeter. Ainsi, elle ôta son manteau trempé, qu’elle jeta au sol, ainsi que son gilet. Il ne restait plus que la robe que lui avait faite Honey et qu’elle lui avait apportée ce tragique jour, qui avait marqué un tournent dans leurs vies. L’ancien canidé avait froid, mais tant pis. Elle songeait que le symbole serait fort. Elle n’avait pas l’éloquence d’Honey pour réparer ce qu’elle avait fait. Au moins là, la robe parlait d’elle-même. S’il y a bien une chose qu’elle avait appris des humains, c’était bien ça, la subtilité des symboles. Clémence respira un bon coup, puis toqua à la porte, priant pour qu’il n’y ait qu’Honey. Clochette devait sûrement être à la bibliothèque, bien qu’elle ne l’ait pas vu en débarquant ici, quant à Peter, avec cette période des fêtes, il devait être occupé dans son magasin de jouets.

Clémence déglutit quand la porte s’ouvrit. Elle était là devant elle ! Ses pupilles s’étaient dilatées sous la surprise. Elle devait faire peine à voir, mouillée de la tête aux pieds. Ou alors, la vue de la robe avait marché. Ou peut-être qu’elle n’avait pas remarqué, car Clémence n’était plus une partie de sa vie, juste une vague connaissance à qui on accorde son attention que par politesse, sans vraiment la voir. Au moins, sa salutation n’était pas froide et elle prit la peine de la renseigner sur Clochette. Clémence la regarda gênée, baissa le regard, puis redressa la tête. « Hum...en fait...c'est toi que j'suis venue voir. » Clémence déglutit à nouveau. Elle s’éclaircit la gorge. Et maintenant quoi ? Elle n’avait rien préparé. Rien. Elle n’était venue que pour une seule chose. Réparer ses erreurs. Elle se jeta alors à l’eau. « Hum..je..enfin..je voulais te dire...tu sais...pour ce que tu m’as avoué la dernière fois. C’était une erreur, Honey, une terrible erreur. » Clémence s’arrêta et sentant qu’elle risquait d’empirer les choses, elle reprit immédiatement. « Pas toi, hein ! Non, toi, tu as été merveilleuse ! Non, je parlais de moi ! C’est moi l’erreur ! Alors je tenais à m’excuser..tu sais pour ce que je t’ai dit et la façon de je t’ai dit les choses. Tu n’es pas bizarre, Honey. Ce n’est pas anormal. Enfin, je sais plus comment je t’ai dit les choses. Bref, tu as eu raison. Et j’ai eu tord. J’ai parlé de nous à Clochette. Enfin de nous, de ce qui s’est passé et elle m’a fait comprendre que ce n’était pas mal d’aimer quelqu’un du même sexe. Je ne savais pas, Honey. J’pensais pas que ça existait. Je veux dire qu’à mon époque, ça existait pas. Enfin, c’est pas vrai. Je me suis renseignée, ça existait, car l’amour existait. Enfin, moi, je savais pas que c’était normal d’aimer autant un homme qu’une femme. Je croyais qu’on ne devait aimer qu’un homme et qu’on était bizarre d’aimer une femme. C’est stupide, hein. Enfin même. J’aurais pas dû te traiter comme ça. T’étais mon amie, j’aurais juste dû te dire non, au lieu de te cracher au visage. Enfin, non...oui...En fait, je savais pas ce que je ressentais. J’étais attirée, enfin j’étais...je suis attirée par toi. En même temps, comment ne pas l’être. Enfin bref. Tes sentiments sont partagés...s’ils existent toujours. Sinon, je prends ton amitié...ou juste que tu me pardonnes. Ça m’ira aussi. Je suis vraiment désolée, Honey. J’ai pas assuré, mais alors pas du tout... »
Codage par Libella sur Graphiorum
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Anonymous
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Lun 1 Oct 2018 - 20:28
If I could tell her
Clemence & Honey
If I could tell her, tell her everything I see
if I could tell her how she's everything to me. But we're a million worlds apart and I don't know how I would even start If I could tell her

Elle n'avait pas réussi à oublier. Les reflets de ses cheveux, la courbe de ses lèvres, les étoiles de ses yeux. Les souvenirs étaient restés, intactes, embellies par ses prunelles amoureuses. De trop longs mois d'absence n'avaient fait que rehausser ce que sa mémoire avait refusé d'abandonner. Honey ancrait sur Clémence le regard fiévreux d'un voyageur qui retrouve son chez lui pour la première fois depuis des années, mélange de nostalgie et de redécouverte minutieuse. Où se trouve le cœur, là est le foyer : le sien s'était accroché chez Clémence. Et elle ne voulait rien perdre de cette vision, imprimait l'image de Clémence avec la peur de voir celle-ci lui échapper à nouveau. C'était sûrement ridicule, très certainement exagéré, mais il y avait longtemps que sa raison n'avait plus eu son mot à dire dans ces histoires où même les sentiments s'égarent. Pourtant Honey s'agrippait aux dernières pensées raisonnables qui lui restaient. Ça, elle savait faire, se cacher derrière la logique. Et présentement, la logique lui soufflait de ne pas avancer, de lever des barrières entre elle et son ancienne amie. Le moindre faux espoir pourrait lui être fatal. Mais déjà, elle se sentait fléchir. Honey mourrait d'envie de l'inviter à entrer, mille questions se bousculaient aux portes de ses lèvres. Comment tu vas ? Tu es trempée, rentre donc ! Tu veux boire quelque chose ? Les mots interdits lui brûlaient la gorge. Six mois, ça n'avait pas été suffisant. À la fois trop et peu. Assez pour souffrir, assez pour apaiser les douleurs d'un cœur brisé. Trop peu pour bâtir les bases solides d'une défense durable. Une seule phrase de Clémence était parvenue à tout détruire.  « Hum… en fait… c'est toi que j'suis venue voir. » Quoi ? Elle avait du mal à y croire. Non, Honey n’osait pas. Clémence, ici, pour elle ? Ses traits se durcirent légèrement sous la confusion, tandis que ses mains se crispaient, l’une sur la poignée, l’autre sur le bois de la porte. Enfin, elle l’ouvrit totalement, faisant sauter le dernier obstacle entre elle et la brune. Là, debout dans l’encadrement, elle se livrait sans défense à la volonté de Clémence, prête à recevoir des paroles qui feraient son bonheur, ou bien son malheur. « Hum… je… enfin… je voulais te dire… » Palpable, son hésitation était une véritable torture. « Tu sais… pour ce que tu m’as avoué la dernière fois. » Pouvait-elle s’autoriser à rêver un futur plus heureux pour elles ? Les espérances lui montaient à la tête.  « C’était une erreur, Honey, une terrible erreur. » Et, la chute.

Honey ne savait pas ce qu'elle avait espéré. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle avait cette conversation. Ces retrouvailles étaient le spectacle quotidien de son théâtre mental, Honey y avait joué et rejoué cette scène quand les regrets et l'ennui s'installaient. Parfois, elles s'excusaient. Parfois, leur amitié reprenait son cours, là où elles l'avaient laissé. Souvent, rien ne se passait. Parce que la jeune femme était incapable d'envisager quoi que ce soit après leur dernière conversation. Honey soupira. Elle n'avait pas envie de faire face à de nouveaux faux espoirs, ni de se battre contre les idées de Clémence. Elle n'avait pas le cœur à cela, ça lui rappelait trop à quel point la tolérance de son San Fransokyo natale était loin désormais. « Si tu crois que je ne le sais pas déj- » commença-t-elle. « Pas toi, hein ! Non, toi, tu as été merveilleuse ! » Surprise. Incompréhension. Chaos. Autant d'émotions qui la traversèrent en un souffle. Jamais cette phrase n'avait figuré dans les scénarios, même les plus fous, de son imagination. Avait-elle bien entendu ? De toute évidence, oui. Et la suite la laissa tout aussi démuni.

Submergée dans un flot de paroles, Honey restait immobile, entrouvrant par moments la bouche dans l'espoir de trouver quelques choses à glisser entre deux phrases effrénées. Mais contrairement à Clémence, les mots lui manquaient. Les explications de la brune lui semblaient presque irréelles, un délire sorti tout droit de ses rêves, en plus fous encore. Honey ne savait pas quoi faire de tout ça. « Clochette ? » qu'elle finit par balbutier à mi-voix, incapable d'en dire plus. Elle avait parlé à sa colocataire ? Tout n'était que confusion, il y avait comme un délai entre le moment où les mots sortaient de la bouche de Clémence, et celui où elle les comprenait. Et puis, enfin, elle commença à discerner le sens de ses paroles. Clémence s'excusait. Mais pas que. Honey découvrait l'envers de ses pensées et les propos qu'elle avait tenus il y a six mois s'éclaircirent. Honey avait voulu les oublier et ne s'était jamais attardé sur leurs sources. À quoi bon. L'homophobie a pour parent l'ignorance et l'intolérance, deux ennemis qu'elle n'avait pas eu le courage de combattre. Pas chez un être aimé. Pas chez Clémence. Pas quand elle se battait déjà pour donner un sens à cette nouvelle vie qu'on lui avait imposée. Un geste lâche qu'elle avait ensuite regretté. Mais voilà qu'aujourd'hui, le sort lui offrait une seconde chance. Sauf que Clémence n'avait plus besoin de son aide. Honey ne savait pas d'où venait cette soudaine prise de conscience, ni même qui en était à l'origine. En cet instant précis, cela lui importait peu. Elle mettait le passé de côté, seul le moment présent comptait. Ainsi que l'avenir, celui que les paroles de Clémence permettaient enfin d'entrevoir, celui qu'elle n'avait cessé d'espérer, sans oser y croire. Dans sa poitrine, son cœur affolé peinait à reprendre ses esprits, ratant battement sur battement, s'envolant toujours plus haut au gré de la voix de Clémence. Elle devait se calmer. Ce n'était pas raisonnable. Aiko retint son souffle, craignant une chute qui n'arriva jamais. Et soudain, le silence, de longues secondes où tout était censé se jouer. La balle était dans son camp, pourtant, Honey peinait à reprendre ses esprits, il n'y avait plus que le tambour de son cœur. Il parlait pour elle. « Je…» Que pouvait-elle dire, quels mots choisir après cette tirade ? « Je n'ai pas besoin d'être… Persuadée. Ni de preuve ou… je ne sais pas. » Rire nerveux. Un sourire, à mi-chemin entre le soulagement et la joie. Car enfin, Honey ne doutait plus. En quelques minutes, Clémence venait de faire fondre toutes les incertitudes qui avaient pesé sur ses épaules ces derniers mois. Ce fut avec une légèreté sans pareil qu'Aiko se surprit à enchaîner : « Les erreurs du passé, les regrets… On n'a pas besoin de ça. » Lui pardonner, recevoir son amitié ou son amour, Honey ne demandait que ça. Peut-être était-ce stupide, faible de sa part, d'oublier ainsi ses rancœurs, mais Aiko s'en fichait.

Elle voulait marcher à ses côtés, s’abandonner dans des promesses insensées, oublier le reste du monde. Pour elle. Pour elles. Honey ne voulait plus songer à Clémence sans se savoir à ses côtés. « Pas si on veut aller de l’avant. » Sa main se glissa dans la sienne et autour d’elle, les murs tombèrent, jusqu’à disparaître complètement. « Ce qui s’est passé… Ça ne compte plus. Ce compte maintenant, c’est toi… Nous. » Il n’y avait plus rien, si ce n’était sa main dans celle de Clémence, ses prunelles ancrées dans les siennes et une pluie de papillons dans le creux de son estomac. Elle laissa sa main libre glisser le long de sa joue. « Tu m’as tellement manqué. » Et avant même de réaliser ce qu’elle faisait, ses lèvres vinrent chercher les siennes, pour les unir dans un baiser qui voulait tout dire. 16h46 Le début d’une nouvelle histoire.

FIN
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