Les rayons de soleil m’éblouirent, me sortant partiellement de mon sommeil. Je reconnus rapidement le drap de mon lit pour finalement déduire que j’étais bel et bien chez moi, saine et sauve. Soulagée, je soupirais avant de me glisser à nouveau dans l’épaisse couverture.
J’ignorais ce que j’avais fait la veille : Peut-être avais-je passé toute la nuit au bureau, avant de m’affaler sur le lit épuisée, ou bien m’étais-je distraite en restant dans le premier bar que j’avais remarqué ?
Dans tous les cas j’avais mal à la tête, que ce soit à cause de la fatigue ou bien d’une cuite (malgré les conseils de Ian). Et le repos était le seul remède. Depuis que j’étais dans un cercle vicieux, dont je n’allais jamais sortir.
Me sentant toujours coupable depuis l’intervention en Transylvanie, je travaillais d’arrache-pied pour essayer d’aider le plus efficacement, restant très souvent la nuit dans mon cabinet. Et de temps en temps je voulais casser cette routine, alors je passais la soirée dans les bars, rentrant chez moi plus ou moins sous l’emprise de l’alcool.

Un rictus apparut sur mon visage lorsque je me souvenais qu’on était mercredi. Le jour que j’avais choisi comme étant ma journée de repos hebdomadaire avant le week-end. Bien que j’y passais le plus souvent à répondre à la demande de mes clients, cette journée m’arrangeait bien. Il était en effet irrespectueux que je vienne travailler avec une gueule de bois. Et puisque je n’avais rien prévu, j’allais donc pouvoir dormir toute la journée pour être en forme le lendemain.
Mais alors pourquoi j’entendais le réveil de mon téléphone depuis maintenant cinq minutes ?

Jurant sur l’appareil qui m’empêchait de me reposer en marmonnant, je tâtais la table de chevet avant de finalement saisir l’objet maudit, puis d’observer avec difficulté le message qui s’affichait.

11h30 : Déménagement de Jane Porter

Il était onze heure et quart.

« Merde ! »

Je bondis hors de mon lit, saisie par la panique. L’exploratrice que j’avais recueilli il y a maintenant plusieurs mois venait d’emménager dans un nouvel appartement et voulait récupérer ses affaires qu’elle avait laissé chez moi. On s’était donc convenues d’une date, afin de ne pas être pressées par le temps.
Mais j’avais complètement oublié qu’elle devait passer.

Après m’être habillé, je filais dans la salle de bain, diagnostiquant rapidement mon état : un teint pâle depuis que je ne sortais plus la journée, des cernes profondes, des cheveux chafouins… et une haleine presque fétide.
Et merde.
Me coiffant et me brossant les dents à la vitesse de l’éclair, je vérifiais que l’appartement n’était pas en désordre. Non, tout allait bien.

J’avais l’impression de faire une crise d’angoisse, me concentrant alors sur la respiration. Tout allait bien. Je ne contrôlais plus rien, j’allais probablement terminer comme Ian, mais tout allait bien.
La sonnerie retentit. C’était probablement Jane.

J’inspirais à nouveau avant de m’avancer vers la porte. Ce n’était rien de compliqué, il fallait juste que je lui donne l’impression que j’avais tout anticipé. Comme toujours.

« Salut Jane. J’allais justement t’appeler pour te demander si tu avais toujours mon adresse. »

J’accompagnais ma salutation avec un sourire. Avec l’horrible sensation qu’il était faux.

Libérant l’entrée, je l’invitais à entrer, avant qu’une question revint à mon esprit : avais-je ranger ses affaires de telles sortes qu’on puisse les retrouver facilement ?