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 :: RP Abandonnés
Comme la chance quand elle cherche le hasard ⊹ Clawd Delatour
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Mar 13 Aoû 2019 - 23:00
Comme la chance quand elle cherche le hasard
Dans la nuit, Thäleia court, hors d'haleine et hors d'elle-même. Ses pas s'éclatent sur la route, le bitume lui mord la plante de ses pieds nus. Pas de chaussures. Pas d'itinéraire. L'affolement de ses pensées pour seul bagage. Ne t'arrêtes pas.

Ça doit bien faire plus de deux heures qu'elle galope à s'en cracher les poumons, d'une course saccadée de pauses que son corps à l'agonie force sur sa volonté désespérée. Ses jambes chancelantes lui hurlent de s'arrêter, trop peu habitué à un tel effort. Thäleia, les ignorent. Ça fait longtemps qu'elle n'a pas eu l'infini comme horizon. Jamais, à vrai dire. Alors elle persiste à avancer, les muscles à vifs, ses poumons essoufflés, les talons en sang. C'est douloureux, mais elle y trouve une curieuse extase. Une diversion à son âme en souffrance. Un rappel : celui de son existence. Son cœur bondissant sous l'adrénaline pure, Thäleia se sent enfin là, matérielle. Dernier élan de vie.

C'est grâce à Noah. Par culpabilité ou par pitié, il l'a laissé le rossignol moribond sortir de sa cage. Pas loin. Juste le temps de la promener dans le salon. Changement d'air pour un changement d'humeur. Comme si c'était aussi simple. Comme si une tasse de thé et de nouveaux murs, plus colorés, pouvaient apaiser des semaines de larmes, de mal-être et de blessures. Des semaines de trop. Thäleia, c'est autant porté par son désespoir que par sa folie naissante, qu'elle a fui. Un propriétaire occupé en cuisine, la négligence d'une porte déverrouillée, et l'oiseau a battu de l’aile.

Dans la rue, c'est trop silencieux et bruyant, trop ténébreux et éclatant. Thäleia voudrait voir ce monde disparaître sous la cendre. Mentalement, un briquet à la main, la jeune fille allume des feux : tout autour d'elle, la ville brûle dans les flammes et dans sa haine. Les immeubles. Les voitures. Les vies. Au cœur de sa folie auto-destructrice, Thäleia se jette dans la fournaise. Elle s'y abandonne pour se consumer à son tour.

Une pointe lui transperce la poitrine, explose le délire par la même occasion. L'adolescente est contrainte de s'arrêter à nouveau, haletante. Ses mains sont vides. Ses perspectives aussi. Thäleia chancelle jusqu'à s'écraser contre une suspente. Le sol est trouble, elle louche dessus, l'observe se déformer sous le filtre épuisé de ses iris. Voilà que son corps la lâche. La seconde d'après, le contenu de son estomac vient se déverser sur le pavé. Thäleia n'a aucune idée de ce qu'elle peut bien vomir : des jours qu'elle n'a pas faim. Elle reste quelques minutes brisée au-dessus du trottoir avant de se redresser, la bouche amère. Deux pas et elle s'écroule à nouveau, sur un réverbère cette fois. Ses deux mains enlacent le pilier où sa tête repose. Une brise lui passe sur le visage. Là, elle est bien. Qu'est-ce qu'elle aimerait s'abandonner à sa faiblesse et s'allonger sur le bitume. Dormir. Fermer les yeux pour toujours. Pourtant, elle ne bouge pas, encore animée par le refrain affolé de ses pensées. Ne t’arrêtes pas.

Dans la ville, les lumières flottent et dansent au-dessus de la rivière, petits points éclatant dans le noir. Quand le décor cesse de tourner, Thäleia se détache, reprend enfin conscience de son environnement. Elle se découvre sur un pont. Debout. Solitaire. Le halo jaunâtre du lampadaire tombe en cascade sur la pâleur de sa peau, si immaculé qu'elle se confond presque avec la blancheur de sa chemise de nuit. Thäleia, en avançant vers la rambarde, elle a l'air plus morte que vivante. Seule l'auréole rousse de ses cheveux et les constellations bleutées de sa peau apporte un peu de couleur à cette figure fantomatique. Un spectre condamné à errer après un acte inachevé.

Ses prunelles claires scrutent l’horizon à la recherche d’une étoile. La deuxième à droite. Elle ne la trouve pas. L’odieuse vérité la gifle : il n’y a rien d’autre. La porte vers son chez-elle n’existe pas. Ou plus. Thäleia en pleurerait, si elle avait encore des larmes à verser. Mais ses yeux restent désespérément secs. Ternes. Au fond, elle le savait. Au fond, ça fait longtemps qu’elle n’y croit plus. Les étoiles, elles se font rares ici. La voûte céleste se cache derrière une couverture de pollution. Si ce n’était pas pour les lumières de la ville, le ciel se mêlerait parfaitement avec l’encre noire de la Tamise. La sirène se perd dans ces ténèbres-là.

Thäleia a toujours apprécié la nuit. Plus paisible. Plus belle, surtout. À Neverland, dans l'air bleu mêlé d'argent, la nature révélait des beautés invisibles à la lumière criarde du jour. Comme gommées par l'obscurité, les laideurs cachées à l'œil pouvaient être remplacées par les rêveries et autres diverses projections de l'esprit. Alors, forcément, tout devenait beau aux yeux de la sirène. Même la plus laide des fleurs était sublimée par les rayons lunaires.

Mais la lune n’a plus aucun pouvoir. Pas plus que les étoiles. Et ce soir, Thäleia ne voit pas le monde pour ce qu’il pourrait être, uniquement pour ce qu’il est. Insupportable. Creux. Vide de sens.

Et maintenant ? Thäleia continue de contempler l’obscurité. De contempler son issu tant désiré.

Parce qu'elle n'a nulle part où aller, personne pour la retenir. Pas même les quelques figures de son passé. Wendy, Clochette, Peter, tous s'inscrivent désormais dans ce nouveau monde, ce cycle auquel elle n'appartiendra jamais. Toutes ces vies qu'elle observe sans comprendre, étrangère. Ça ne sert à rien. Tout n'est que confettis.

Vivre pour vieillir, vivre pour mourir. S’attacher pour souffrir. À quoi bon passer des années à bâtir ce que la mort va fatalement détruire ? À quoi bon essayer, quand elle sait que rien ne sera à la hauteur de ce qu’elle a perdu ? Le souvenir de son éternité à Neverland sonne comme une mélodie parfaite à son esprit nostalgique, des éclats de couleurs et de bonheur inégalable.

Après le zénith, on ne peut que sombrer.

Et elle a chuté bien bas. Quelle ironie. La créature de rêve n'arrive plus à rêver. La musicienne n'égaie plus personne de sa musique. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas chanté ? Thäleia ne s'en souvient plus. Plus aucune note ne passe ses lèvres. Sa tête reste vierge de toute nouvelles mélodies. Ça lui arrache les dernières larmes tant redouté. Même la musique n'arrive plus à résonner dans son coeur, privé de valeur. Elle ne veut pas rester ici, vivre cette vie, elle ne peut pas. Elle en meurt déjà.

Un sentiment d'alarme la reprend soudain aux tripes. L'urgence d'agir avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'on ne la trouve, qu'on ne la force à arrêter son œuvre morbide. Avant qu'on ne la ramène dans la chambre. Sa vision se brouille un peu plus. Non. Non. Non. Elle n'y retournera pas. Trop souvent, on s'est interposé entre elle et sa volonté.

Ce soir, elle se veut maîtresse de son propre destin.

Thäleia enjambe la rambarde. Ses mains solidement accrochées à la barrière, elle s’improvise funambule sur le maigre rebord entre le pont et le précipice. Son cœur explose tandis l’estomac sombre dans un vertige. Il lui suffirait d’un rien pour chuter. Un rien pour la fin. Sa vie au bout des doigts, elle a le contrôle. Ça aussi, ça fait longtemps. C’est grisant. Terrifiant. Invitant. Thäleia se penche un peu plus, ses bras tremblant sous l’effort, ils appréhendent ce saut dans l’inconnu.

Se libérer. Supprimer l’avenir. Ne plus penser. Ne plus sentir. Retourner à l’onde qui l’a vu naître.

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Lun 19 Aoû 2019 - 18:48

Comme attendu, Clawd avait su briller lors des examens à l'Académie de police de Paris. Il avait toujours été un enfant studieux et dévoué dans ce qu'il entreprenait alors bien que toutefois insécure face à ses heures d'étude qui furent maigres, il ne fut pas particulièrement surpris en voyant qu'il avait réussi son année avec de très bonnes notes. Désormais en vacances, Clawd s'était lancé dans son boulot corps et âme, demandant même parfois des heures supplémentaires qui lui permettront de mettre un peu d'argent de côté pour les imprévus et pourquoi pas pour se permettre quelques folies comme une soirée au cinéma avec Oliver. Il savait bien que celui-ci n'était pas heureux de le voir partir chaque matin et de revenir tard le soir, surtout qu'il s'était sans doute permis d'imaginer des vacances tranquilles ensemble, mais le jeune homme savait bien qu'Oliver allait s'en voir reconnaissant lorsqu'ils auront besoin d'un peu d'argent pour l’envoyer étudier à Londres, car bien sûr, Oliver ne savait pas comme tout le monde et étudier dans le pays dans lequel il vivait.

La journée fut chaude et humide, la rendant difficile pour le jeune homme qui travaillait dans une imprimerie dans laquelle la température atteignait les trente degrés facilement en hiver. Arrivé chez lui, Clawd s’était glissé sous la douche en y restant de nombreuses minutes pour profiter du filet d’eau tiède qui lui coulait le long du dos, puis, il passa le restant de la soirée installé sur le canapé à regarder la télévision face à un pauvre ventilateur qui ne faisait que pousser l’air chaude ambiante de l’appartement. Il ne tarda pas à se coucher, se disant que le sommeil allait lui permettre d’oublier la température insoutenable, mais celui-ci se réveilla vers 3h du matin envahi par une chaleur insupportable créée par le corps d’Oliver avec qui il dormait blotti chaque nuit.

Doucement, le jeune homme s’était glissé hors du lit et s’était dirigé dans la salle de bain pour soulager sa vessie, puis désormais réveillé il jeta un coup d’œil à l’horloge de la cuisine pour finalement réaliser qu’il était beaucoup trop tôt pour se préparer pour le travail, mais aussi trop tôt pour faire un quelconque bruit dans l’appartement trop petit pour ses trois habitants.

Après quelques minutes de réflexion, Clawd décida de quitter l’appartement en prenant sa veste de l’académie de police pour se balader dans les rues désertes de Paris et se diriger jusqu’à l’hôtel Le nouveau Monde où il prit le portail pour Londres. Dernièrement, les températures dans ce pays avaient chuté et c’était sa meilleure option dans l’immédiat. Arrivé à la bibliothèque, il ressenti rapidement le changement de température et frissonnant légèrement, il enfila sa veste et se dirigea vers la sortie prévue pour les voyageurs de nuit.

Il erra un bon moment dans la ville ne sachant pas quoi y faire en pleine nuit, il décida d’aller dans un café ouvert 24 heures, mais son parcours s’arrêta plus rapidement que prévu lorsqu’il vit une jeune femme en robe de nuit enjambant la rambarde du southwark bridge.

Prenant très au sérieux son rôle de citoyen, mais aussi de futur policier, Clawd ne pouvait pas se contenter de la regarder faire le grand plongeon. Certes, il aurait pu appeler la police locale, mais étant déjà sur place et voyant la situation cruciale, il ne pouvait pas simplement attendre. Avançant lentement en la direction de l’inconnue, il s’accouda naturellement à la rambarde à 2 mètres d’elle et observa l’horizon éclairée par les lumières de la ville. « Il fait frais cette nuit, l’automne arrivera tôt cette année. » À ces mots, il se cramponna à la rambarde et se mit sur la pointe des pieds pour jeter un coup d’œil à la Tamise. « C’est haut dites-donc. » Une approche stupide, c’était ce qu’il faisait, mais c'était calculé, il allait gagner la confiance de la jeune femme et pouvoir engager la conversation.

Comme la chance quand elle cherche le hasard
Clawd & Thäleia
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Ven 23 Aoû 2019 - 0:54
Comme la chance quand elle cherche le hasard
Au bord du précipice et de la mort, c'est plus silencieux qu'elle ne le pensait. Il n'y a qu'elle.

Thäleia danse sur le fil de sa vie, les étoiles pour seuls témoins. Les yeux tournés vers le ciel, elle s'égare, se cherche une place. Parce qu'elle va les rejoindre, l'adolescente veut s'en persuader. Elle ne va pas sauter, mais s'envoler. Il suffit d'y croire dur comme fer.

Debout face à la fatalité, Thäleia se construit son royaume de rêve, elle en porte la couronne. Sa couronne de désillusion. En bas, l'eau l'appelle, miroite le prétendu ciel Londonien : y plonger, ça sera s'abîmer dans le reflet des astres. Délivrée de son enveloppe mortelle, elle pourra enfin rentrer. Retrouver les siens. Il ne s'agit pas d'une fin, mais d'un début.

Sur la rambarde, la pression de ses mains se veut plus forte. Elle ment bien, Thäleia, mais pas assez pour croire en ces histoires-là. En bas, elle ne trouvera personne. Rien. Ce rien aussi terrifiant qu'invitant. C'est résigné qu'elle accepte le néant qui l'attend ; Rien ne lui semble pire que le présent.

Elle a encore besoin d'un moment, une dernière minute pour sentir la brise sur ses joues humides, avant de céder à la léthargie.

Au bord de la fin, c'est plus solitaire qu'elle ne le pensait. Elle est seule avec son esprit trop chargé et son cœur trop affligé. C'est étrange. La sirène ne s'est jamais imaginé vivre seule. Encore moins mourir seul.
Plus pour longtemps. Il y a quelqu’un.

Des pas. L'adolescente les croit d'abord issues de ses chimères. Mais non. Elle n'est plus seule. Une présence qu'elle ne fait que deviner, à sa droite, son regard toujours fixé sur l'horizon. On lui adresse la parole et elle en sursaute presque. Elle ne sait pas si elle doit voir cette intrusion comme une malédiction ou une bénédiction. Malédiction, parce qu'on la surprend au bord de l'action. Bénédiction, parce que ça la distrait de ses réflexions. L'automne… Elle ne l'a jamais vu. Elles ne passaient pas, les saisons, au Pays Imaginaire. Toutes coexistaient dans un même bois au sein de la vallée des fées, enclavée dans l'été éternel de l'île. Thäleia ne connaît pas la couleur des feuilles mortes ou la fraîcheur d'un flocon. Néanmoins, elle se regarde tout de même répondre « Je n'ai pas froid. » comme s'il s'agissait là d'une simple conversation. La tête parle, le corps contredit. Thäleia tremble, d'appréhension, de froid. Elle ne le voit pas, déconnectée d’elle-même.

La suite se passe comme dans un rêve. Thäleia est là sans l'être. « Assez ? » qu'elle s'entend demander. Sa voix frisonne et elle aussi. « Ça l'est ? » Inspiration. Expiration. « Assez…Haut. » qu'elle précise. Ses propos sont aussi déconstruits que ses pensées. Elle a besoin d'un instant afin de se composer une phrase compréhensible et un ton pour la réciter : « Est-ce que c'est assez haut ? » Ses prunelles louchent sur l'obscurité à ses pieds. Son estomac tombe dans un vertige. Oh, oui. Ça a l'air haut. Abyssal même. Mais l'ombre menteuse brouille les distances et trompe ses prunelles chargées d'épuisement. Une seconde, la sirène s'imagine pouvoir effleurer l'onde du bout de l'orteil. Celle d'après, l'encre chute, si bas qu'elle se surprend à s'agripper plus fort encore, par crainte que ses jambes ne se dérobent avec le plancher de la Tamise. « Est-ce que je vais mourir sur le coup, ou est-ce qu'il y a une chance pour qu'on me récupère vivante en bas ? » Subitement, elle a besoin de savoir, pour se projeter avant de se jeter. Les scénarios de son théâtre mental ne sont pas fidèles, Thäleia en a conscience. La réalité y est enjolivée, poétisée dans le coton de ses belles pensées. Au fond, elle ne sait pas comment son corps d'humaine va réagir à son dernier plongeon. Elle ne sait pas si sa tentative est vaine. « Je ne veux pas me rater cette fois. » La rapidité, voilà ce qu'il manquait à ses précédents essais. Ce qu'elle veut, c'est quelque chose d'instantané, comme une balle entre les yeux. Qu'on ne puisse pas inverser la fatalité une fois la gâchette enclenchée. « Je ne veux pas qu'on me trouve. » Qu'il la trouve. Le nom de Moonbin manque de passer ses lèvres, elle le ravale à temps.

Elle ne veut pas songer à lui. Moonbin évoque trop de contradiction dans les engrenages chaotiques de son esprit. C'est lui, qu'elle tient responsable de son malheur, la source de ses tentatives désespérées. Pourtant, c'est dans ses bras qu'elle s'abandonne larmoyante une fois l'instant passé, lorsqu'elle réalise ce qu'elle vient de faire, et qu'elle pleure et qu'elle regrette d'avoir essayé. Et d'avoir échoué.

(c) AMIANTE & bramble rose

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Ven 23 Aoû 2019 - 19:40

Un vent froid vint souffler, faisant frissonner le blond qui lâcha la rambarde pour se frotter vigoureusement les bras. Comment ne pouvait-elle pas avoir froid ? Peut-être que lui aussi, s’il était sur le point de mettre fin à ses jours la température n’aurait aucun intérêt. Malgré tout, l’inconnue qui se trouvait à quelques mètres de lui était insécure et ça, c’était un avantage qu’il ne devait pas laisser filer. Elle lui avait demandé si c’était suffisamment haut pour qu’elle puisse mourir sur le coup.

Vite comme ça, c’était une possibilité, mais la vérité était que bien des gens sautaient des ponts sans pour autant se tuer, juste pour le plaisir d’une baignade. Oui, d’accord, ce n’était pas la Tamise, mais toutefois, il n’était pas impossible qu’elle se rate. « Assez haut pour une baignade, oui. » Avait répondu Clawd d’un ton feignant l’indifférence. « C’est de l’eau, vous n’espérez tout de même pas vous tuer en sautant dans de l’eau quand même ? Vous allez tomber comme un piquet et vous remonterez de vous-même involontairement avec tout ce courant. Vous risquez davantage de vous noyez dans d’atroces souffrances et je n’aurai pas le choix de venir à votre aide si vous y aller. » Un sourire moqueur se dessina doucement sur le coin de ses lèvres. « Je suis désormais impliqué, je ne peux pas partir vous savez. »

À ces mots, Clawd s’approcha davantage de la demoiselle sans pour autant être intrusif; il ne souhaitait quand même pas être la cause de sa chute. « Je ne me suis pas présenté, je suis Clawd… Est-ce que je pourrais avoir votre nom ? » Un silence plana un bref instant avant que Clawd n’ait la volonté de dire quoique ce soit.  « Si vous êtes vraiment convaincue de vouloir sauter, j’imagine qu’il y a une bonne raison derrière tout ça. Vous souhaitez sans doute fuir vos responsabilités, mais si vous avez besoin d’aide, il a de nombreux centres de soutient pour jeunes femmes. » Il ne savait pas son passé et il ne pouvait pas utiliser la carte des parents ou des amis, mais au moins, il pouvait lui dire que malgré tout elle n’était pas seule. « Je peux vous y mener si vous voulez. Il suffit de revenir de ce côté de la rambarde. »

Quelques gouttes de pluie commencèrent à tomber ici et là, annonçant une future averse. « Il se met à pleuvoir, ne restez pas ici en chemise de nuit, vous allez attraper froid. » Il voulait lui parler comme si elle n’était qu’une femme à l’extérieur et non une suicidaire. Il devait lui montrer qu’il était bienveillant et que ce qu’il lui disait était sincère et qu’il pouvait réellement l’aider.

Yolo, c'est même pas 500 mots  Caca


Comme la chance quand elle cherche le hasard
Clawd & Thäleia
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Ven 30 Aoû 2019 - 17:42
Comme la chance quand elle cherche le hasard
Dans la tête de la sirène, tout se mêle et se démêle : les mots qu'elle s'imagine dire à haute voix, ceux qu'elle ne s'entend pas prononcer, ceux qu'elle confine à l'intimité de ses pensées, et ceux des autres. Les siens. Mensonge ou vérité, vérité ou mensonge. On lui parle, et elle ne sait pas quoi en penser, peine à se concentrer sur les paroles étrangères. Il y a trop de doutes, de distractions sous son front malade.

Cet accent, elle ne le connaît pas. En une phrase il la transporte loin d'ici, vers des lieux qu'elle ne sait pas, là où elle n'a jamais été.

Il y a tant de choses qu'elle ignore.
À commencer par la hauteur de ce pont.

Mourir noyé. L'ironie est mordante. À travers ses larmes, Thäleia en rit, par éclat nerveux. Ça a quelque chose de surréaliste, de voir le visage tourmenté de cette jeune fille se fendre dans un rire qui n'a pas lieu d'être. Elle est impuissante, ne peut que sourire à cette dernière moquerie du destin. Il n'y a rien d'autre à faire. Même lui, ne peut rien.

Ou presque.

Malgré la distance entre les corps, les mots, eux, parviennent jusqu'à elle. Persuasifs, ils plantent l'incertitude, soeur de l'hésitation. Et ça grandit : l'incertitude se déploie, ses branches croulant sous les doutes et les questions. Il y a tant de choses qu'elle ignore. Et s'il avait raison ? Et si on pouvait l'aider ? Non, elle ne peut plus reculer, elle ne peut plus vivre ainsi, la seule idée de se plonger tout entière dans le chaos de ce monde suffit à la détruire de l’intérieur.

L'anonyme s'offre une identité, Clawd. Première fois qu'elle entend un tel prénom. Original. Comme le siens. Pourtant, elle ne le partage pas, se contente d'un : « Ce n'est plus très important, non ? » Peu importe comment elle s'appelle. Thäleia veut qu'on l'oublie, comme elle veut s'oublier elle-même. « Vous êtes un peu gonflé quand même. » Un vous pour un vous, c'est comme cela que ça marche, dans le monde des adultes. « Je veux dire, de présumer que j'ai de quelconques responsabilités à fuir. Ma vie était d'un ennui mortel. » Une raillerie. Ça faisait longtemps, d'ailleurs, ça la surprend. Parce que les phrases passent ses lèvres malgré elle. Au fond, elle ne sait pas vraiment ce qu'elle raconte.

Il y a une pause. Des secondes aux allures d'éternité. Le temps perd de son sens, sa présence aussi. Elle n'est pas vraiment partie sans être vraiment là. Un agréable entre deux.

Il commence à pleuvoir. Une, deux, trois gouttes s'écrasent dans ses cheveux. Thäleia lève la tête vers le ciel pour les recevoir. Les sentir. « J'aime la pluie… » Sourire. La fraîcheur de l'air, les étincelles humides sur sa peau, c'est tant d'impression qu'elle a oublié. « Je… » Où va-t-elle ? Sa phrase se perd et elle aussi. La pluie… Ça lui a tant manqué.

Elle jette une œillade à sa gauche, à sa droite, et une panique lui crève la poitrine. Il est proche. Trop proche. Cette réalisation la ramène brusquement à elle et à son cœur en délire, rythme fou au creux de sa cage thoracique. La plateforme entre elle et le vide lui semble tout d'un coup bien fine. « N'approchez pas ! » s'écrit-elle. Quand s'est-il autant approché ? « N'approchez pas plus ! » Elle fixe ses mains sur la rambarde, la serre jusqu'à s'en blanchir les jointures. Il va sauter. Il va la pousser. Il va la retenir. De toute part, des doigts se referment sur elle, ses bras, ses poignets, sa nuque : leur pression désinvolte la déchire et la déstabilise, Thäleia en perd son équilibre. Ses jambes chancellent sous la vision paranoïaque. « J'ai besoin de penser. » Oui. Penser. Se calmer. Reprendre les bases. Respirer. Thäleia s'y oblige, à coup d'inspiration forcée, comme si ses poumons l'avaient abandonné. À chaque expiration, c'est un peu plus de clarté. Des reliques de conversation flash devant ses yeux et Thäleia brise toutes les conventions du dialogue en complétant une discussion finie depuis longtemps. « C'est stupide. » souffle-t-elle enfin. « Pourquoi est-ce que vous seriez impliqué, vous ne me connaissez pas. » Clawd. Thäleia. Ils ne sont personnes. Deux inconnus réunis par le hasard d'une soirée funeste. Au final, ils ne seront qu'une digression dans l'histoire de l'autre : elle, une silhouette, lui, un accent sans visage. « Si vous venez m'aider, vous allez vous noyer aussi, et j'imagine que vous avez encore des raisons de vivre si vous êtes encore là. C'est ridicule. » Qui est-il, pour faire du chantage à sa conscience ? « Vous… Vous bluffez. » Est-ce une pointe accusatrice qui perce sa voix ? Peut-être. C'est dans ses droits, de lui en vouloir, à lui et ses belles paroles. Elles lui font miroiter ce qu'elle ne peut pas se permettre : des espoirs. Des envolées chargées d'attentes optimistes, elle n'en veut plus. Toute se solde par des chutes terribles. Thäleia n'a plus la force pour ça. « Vous parlez pour me déconcentrer. Et me faire changer d'avis. Évidemment que vous n'allez pas me dire que la hauteur est fatale. » Oh, la sirène n'est pas idiote, elle connaît les rouages de la manipulation. Touchée par un instant de lucidité, elle réalise la stupidité de sa question. Ça n'aurait jamais dû franchir ses lèvres. Quelqu'un à écouter, quelqu'un pour l'entendre, c'était tout ce qu'elle voulait. Une discussion. À quoi songeait-elle ? Pas grand chose. Désormais, elle songe trop.

Pourquoi est-elle encore là ? Pourquoi n'a-t-elle pas cédé à sa première pulsion ? Pourquoi continue-t-elle de parler ? Le doute pernicieux continue de s'enrouler autour de ses pensées, il paralyse ses idées et rend ses membres insensibles. Bientôt, elle ne pourra plus le faire taire. « La chute va me tuer. » qu'elle annonce, son ton relevé par toute la témérité d'une assurance illusoire. Le fait ainsi énoncé l'encourage et la persuade. C'est un mensonge dont Thäleia a besoin. Refrain trompeur qu'elle se passe et repasse en boucle, jusqu'à y croire, jusqu'à s'assourdir, jusqu'à étouffer les doutes tapageurs. « Et vous, vous n'oserez pas sauter. Et même si vous le faites, il sera trop tard pour que j'ai votre mort sur la conscience. » les affirmations sont lancées dans une promesse qu'elle se fait à elle-même.

(c) AMIANTE & bramble rose

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