Cela faisait un petit moment que Nestor était arrivé dans ce monde et tout autant qu’il bossait à nouveau avec Hadès. Les débuts ne furent pas si faciles que cela, mais le minotaure, maintenant Nestor Vasilis, s’adaptait petit à petit à sa nouvelle vie. Il avait appris comment fonctionner ce monde du moins un minima avant de savoir se battre ici. Puis, une fois devenu le digne bras droit de son nouveau boss, Nestor a pu goûter un peu à cette existence de mercenaire. Quelques missions passées ici et là, et on pouvait dire qu’à la fin, le monstre aimait beaucoup cela. L’aventure, l’adrénaline… Tout ceci l’excitait, surtout se voir réussir enfin ce qu’il entreprend et ne plus être l’éternel perdant face à de prétendus héros.

Quand Nestor n’était pas à droite ou à gauche dans le monde pour sauver ou faire exploser quoi que ce soit, il profitait de ses jours de congés pour explorer à son rythme son nouvel univers, apprendre à mieux le maîtrisé. Aujourd’hui, Nestor se laissa tenter par une balade en forêt. Si le combat l’amusait beaucoup, le calme de la nature lui plaisait tout autant. Être seul, pouvoir méditer sur pleins de choses, du temps à soi. Ecouter les oiseaux perchaient au-dessus de lui l’aidait à se détendre.
Ainsi il remontait ce chemin de terre qui traversait la forêt, mains dans les poches. Sa dernière fut que même si ici, il avait perdu ses pouvoirs, ce monde lui offrait une très belle contrepartie. Les gens ne fuyaient plus devant lui en criant « Au monstre ! » Aucun guerrier ne venait l’affronter, le chasser pour récolter des lauriers et quelques demoiselles. Il n’était plus le souffre-douleur des dieux capricieux condamné à perdre à chaque fois pour valoriser leurs rejetons. Non, Nestor était enfin libre de ce destin. Il était chez lui, maître de sa vie, et ayant enfin des chances de réussir.

Ne plus voir personne fuir devant lui l’avait quelque peu perturbé, pas habitué. Mais voir des gens au lieu de ça, lui sourire, il trouva cela si… Plaisant. Et pour preuve, il y avait à ce moment précis, une joggeuse qui remontait le chemin. Tous deux se voyaient et la jeune femme, au lieu de faire de mi-tour tout en hurlant, continua son chemin sans rien se douter. Cela lui faisait toujours étrange. Mais il souleva son épais sourcil quand il vit la coureuse tomber nez en avant. Une bestiole, probablement un chien, aboya pour aller au secours de l’humaine.

Nestor pressa un peu plus le pas pour vite arriver à son niveau et se pencher au-dessus de la joggeuse.

"Pas trop mal ?"

Le ton de sa voix semblait détaché. Le minotaure ne semblait exprimer de réelles inquiétudes. La créature n’était pas coutumière à l’empathie. Se faire mal était en plus monnaie courante pour ceux de son espèce et il éprouvait que très peu d’attache envers qui que ce soit pour l’heure. En tout cas, ce n’était déjà pas si mal de le voir poser ce genre de question et de tendre sa main pour aider à se relever.

Il tendit effectivement cette poigne ferme et solide, pouvant broyer des noix de cocos avec un minimum d’effort. Mais il ne comptait pas détruire les os délicats de la jeune fille. Il cherchait juste à l’aider à se relever c’est tout, comprenant qu’un bon comportement social évitait pas mal de désagrément.

"Il faut faire attention où vous courrez jeune fille. On dirait que vous avez une hydre aux trousses."

Si sa question d ‘avant fut privée d’émotion, sa remarque elle, fut ornée de sarcasme. Le minotaure tentait l’humour. Pour humilier ou pour détendre l’atmosphère ? Il pouvait être soigné dans sa façon de faire, mais manquait hélas de maîtrise dans les interactions.

La jeune fille, qui devait avoir au moins la moitié de l’âge de Nestor, se plaignait de s’être faite mal à la cheville. Elle se lamentait comme une enfant qui était tombée de vélo. Le colosse se pencha au-dessus du membre douloureux. Des blessures, il en avait vue durant sa vie. Il savait reconnaitre les graves que les simplettes et comment remettre un membre en place. Là il se disait que l’inconnue ne devait être une habituée de l’effort physique, car il ne remarqua rien d’alarmant.

"Je ne voie rien d'alarmant. Mais je vous conseille de mettre de la glace. Filez moi de quoi compresser sinon."

Attrapant la cheville de la joggeuse du dimanche, Nestor la souleva avec peu de ménagement. L’idée était de détendre le muscle et éviter que le flux sanguin stagne. Malheureusement pour eux, le mercenaire n’avait aucune glace, rien pour soigner cela. Il faut savoir que le Minotaure, ne voyait en rien au jeu de la sirène. N’importe qui verrait la tentative de la créature marine pour attirer à elle le monstre de Crète. Mais ce dernier n’était pas habitué à ce genre de socialisation. En règle générale, les femmes fuyaient en hurlant devant lui. Là, on lui accordait quelques regards dévoreurs qui le titillait, mais il ne savait trop comment s’y prendre et ne s’attarda donc jamais sur ces histoires. Et puis, ce genre de chose était bien trop nouveau pour lui. Donc, manque d’expérience, la jeune femme allait en faire les frais.

Elle parla de son chien Archie. Le minotaure regarda la bestiole et lui fit un clin d’œil. L’animal se mit à grogner comme s’il sentait le monstre caché sous cette peau et fit demi-tour pour venir consoler sa maîtresse. Cette réaction pouvait faire rire Vasilis, mais en même temps perturber. Cela lui rappelait son ancienne vie, celle qu’il croyait avoir laisser derrière lui, mais qui visiblement, venait lui faire rappeler de temps en temps, qui il était vraiment.

"Il vaut mieux rentrer, ou rejoindre un coin où vous serez soigner."

Justement, la joggeuse lui mentionna sa voiture. Elle avait tenté de marcher malgré tout et si elle cherchait jusque-là attirer l’intention du grand balaise, la douleur elle, était bien réelle. Elle demanda d’une petite voix suppliante si le mercenaire pouvait l’aider à rejoindre son véhicule. Nestor avait déjà quelques missions à son actif, et dans certaines, des collègues se sont retrouver blesser en zone de guerre. Minotaure savait donc comment faire pour aider ceux étant sous sa responsabilité en cas de blessure.

"Oui bien sûr."

Il attrapa donc la jeune femme et la posa d’un coup, sans effort, sur son épaule, la transportant comme un sac de patates. Le mini cerbère aboyait de protestation face au traitement qu’on faisait subir à sa maîtresse, mais Nestor lui lança un regard si sombre, si monstrueux que le petit animal se tue et se mit à couiner, le laissant tranquille.

"Bon… C’est par où votre bagnole ?"

Le chien se montra bien protecteur envers sa maîtresse. Etait-ce par nature ou avait-il sentit quelque chose chez Nestor ? Savait-il qu’il y a un temps, la bête n’aurait pas hésité à dévorer cette humaine, déchiqueter sa chaire et ronger ses os ? La chair humaine le tentait-il depuis son arrivé dans ce monde ? Difficile d’y répondre. On pourrait dire un petit oui, mais en réalité, Vasilis n’y avait pas vraiment penser. Il a toujours su s’occuper l’esprit pour penser à autre chose que de la nourriture, et on l’habituer à d’autres aliments depuis. Et puis bon, il n’était pas affamé au point de se jeter sur le premier mortel pour le dévorer. Même dans son monde il savait se retenir. Les humains tuaient et mangeaient chaque poulet qu’ils voyaient ?

Le mercenaire porta donc la jeune fille comme un sac à patate jusqu’à son véhicule. S’il savait manier les mots, les manières était une tout autre affaire. Arrivant donc à la voiture de la joggeuse, Nestor la reposa au sol, faisant toutefois attention à sa cheville, ne pas lui casser autre chose, même s’il a des doutes sur la gravité de ses blessures. Une fois à terre, la jeune femme déclina son identité et demanda, tout naturellement le sien.

"Nestor Vasilis."

Cela lui faisait toujours un petit quelque chose de se désigner sous le nom donné par Hadès. Cela passait mieux en tout cas que de dire « Minotaure ». Peu de gens comprendraient et cela évite de longue histoire pour expliquer tout ça. En même temps, il avait un peu l’impression de trahir ses parents, renier un peu ce qu’il était. Mais c’était surtout un bon moyen pour se lancer dans une nouvelle vie. Un nouveau nom, une nouvelle existence. Il doutait qu’Echidna approuverait son choix de vie. Elle qui voulait voir sa progéniture détruire le monde, dévorer tout le monde, réduire en cendre les villes… Dans un sens c’est ce qu’il faisait. Il pouvait tuer, détruire et gagner de l’argent pour dans son métier. Mais des fois il devait faire des choses considéraient comme réserver aux héros, mais ce n’était pas ce qui l’intéressait.

Nestor leva un sourcil face à la demande de Lorelei. Il ne comprenait pas le manège qu’elle faisait, car là, il se retrouva impliquer dans un jeu dont il ne fut jamais invité. Les gens fuyaient, les femmes surtout, devant la bête à corne qui piétinait tout. Vasilis avait compris qu’avec son nouveau corps, il attirait l’attention d’une autre manière, mais ne comprenait pas encore les subtilités qui en découlaient. On pouvait bien user de stratagème pour le séduire, il n’y verrait rien. Le colosse leva donc un sourcil.

"Vous voulez me conduire avec une cheville en moins ? Si vous n’avez personne pour venir vous chercher, c’est moi qui vais vous conduire. Passez-moi donc vos clef, je prends le volant."

Qu’on se rassure, Nestor a appris à conduire depuis le temps et venait il y a peu, d’obtenir son permis. Il savait aussi bien conduire une moto, qu’une voiture ou qu’un véhicule blindé. Il avait une préférence pour les engins rapide ou qui écrasaient tout sur leur passage, des monstres mécaniques. Mais même s’il savait bien son code, Nestor avait une conduite un peu nerveuse. Dans les zones de guerre, il fallait avoir de bons nerfs et le minotaure n’était pas connu pour sa douceur.

De toute manière, il ne laissa guère le choix à Lorelei. Si vraiment elle était blessée, il valait mieux laisser quelqu’un d’autre conduire. Soit elle avait demandé cela par politesse, ou bien avait-elle déjà oubliée qu’elle était blessée. Mais si c’était une ruse et dont nous, nous comprenons la finalité, Nestor lui, ne comprendrait toujours pas pourquoi.