Esmée était tranquillement enroulée dans un plaid sur son canapé entrain de regarder une série lorsqu’elle reçut un message de Judith. Son amie lui annonçait qu’une nouvelle personne venait d’arriver à l’hôtel Un Nouveau Monde. Elle ne savait pas du tout de qui il s’agissait, mais cette personne devait sûrement se sentir désorienté. Ce monde était bien différent de la plupart des univers d’origine des personnages Disney. Elle-même n’avait pas de suite accepté sa condition. Elle vivait ici depuis plusieurs années maintenant et il y avait toujours des choses qui l’étonnait ou qu’elle découvrait. Chacun était différent. Elle espérait que cette personne accepterait son aide.
La bohémienne enfila ses chaussures, un blouson et pris la direction de l’hôtel. Elle n’habitait pas très loin ce qui lui évitait l’enfer du métro. Alléluia. Arrivée à l’hôtel elle demanda ou se trouvait la chambre du nouvel arrivant. Esmée était un visage connu, on lui donna donc facilement l’information et elle décida d’aller frapper directement à la chambre. On lui avait également indiqué qu’il s’appelait Adam. Elle savait que c’était cavalier d’arrivée à l’improviste, mais le pauvre ne connaissait personne et si personne ne faisait connaissance avec lui, il était facile de rester dans son coin à ce posé des questions. Quand elle était atterrie à Paris, elle ne comprenait pas ce qui se passait. Tout était si brillant, il y avait un tas d’odeur qu’elle ne connaissait pas, les gens avaient de drôle de vêtement et tout semblait vraiment étrange. Elle se posait un milliard de questions. Une personne avait pris le temps de l’aider et elle avait dormi quelque temps à l’hôtel jusqu’à ce qu’elle soit plus à l’aise avec ce monde et qu’elle trouve un emploi qui lui permette de quitter l’hôtel. Cela lui semblait si lointain maintenant. Et pourtant le souvenir de ces premières semaines ici était clair. Il lui semblait donc normal d’aider les autres à comprendre ce qu’il se passait et à les faire se sentir bien dans cette nouvelle vie.
La jeune femme s’engagea dans l’escalier et s’en alla donc frapper à la porte de ce fameux Adam. Elle espérait qu’il n’allait pas flipper en la voyant. Lorsque la porte s’ouvrit enfin Esmée arbora son plus beau sourire.
-Bonjour, je suis Esmée ! Je suis une amie de Judith. C’est elle qui m’a dit que tu étais ici. J’habite pas loin donc je me suis dit que tu avais peu être besoin de compagnie.
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Mar 29 Déc 2020 - 1:40
BIENVENUE A PARIS
Adam continue de se croire dans un cauchemar. Un cauchemar un peu particulier puisque lui-même est désorienté. D’où viennent toutes ces idées, toutes ces représentations ? Il n’a pas vraiment compris le jeune prince lorsqu’il est arrivé dans cette ville aux bruits assourdissants et aux odeurs étrangères. Quelque part, heureusement qu’il y avait cette femme, celle qui l’a conduit ici dans cet hôtel tout aussi étrange. Il faut dire qu’Adam n’avait jamais rien de vu tel. Les couleurs sont particulièrement agréables, certes, mais le mobilier est bien plus délaissé que celui de son château. Si Adam a accepté de venir ici, c’est uniquement parce qu’on lui a dit qu’il n’était pas le seul à avoir atterri dans ce terrible endroit. Qu’il y a donc une infime possibilité que Belle soit ici. C’est la seule raison qui le retient, la seule excuse qui explique pourquoi un prince, un futur roi accepte des conditions de vie si … pitoyables. Oui parce qu’il n’a rien de très luxurieux cet hôtel, vous l’aurez compris, rien de comparable à son grand, puissant et vénérable château. C’est un toit certes, mais ce n’est pas tant un abri qu’il est venu chercher, c’est sa femme.
Malgré tout Adam se prête au jeu, bien conscient de l’importance de la situation. S’il arrive à savoir où se situe sa femme, il pourra la rejoindre et la ramener à la maison bien plus vite. Pendant ce temps il accepte de loger dans ce … hôtel ? Un appartement dit-on ? Dans cette chambre qui lui donne l’impression de suffoquer. Sans compter ces bruits de … voiture ? Il n’y a aucun valet, aucune dame de chambre. Rien que lui et les tâches ménagères de bas étage. Il essaie donc de s’y retrouver, reconnaissant avec peine les quelques objets de sa nouvelle vie qu’il parvient à comparer à ceux de son ancienne réalité. Puis finalement, lorsque l’on frappe à la porte, il ouvre. Il hésite un long moment, non pas par crainte, par hésitation, mais simplement parce que pour la première fois de sa vie, c’est lui qui va ouvrir la porte.
«- Bonjour Dame Esmée. Je suis le Prince Adam. »
Il effectue un courte révérence, un brin surpris par les vêtements de la jeune femme. Elle n’est pas chaudement habillée. Lui porte toujours ses habits royaux, bien attaché aux traditions de ses ancêtres. Mais il a cru comprendre que son style vestimentaire ne correspondait pas à la vie actuelle, qu’avec un tel accoutrement, il peinerait à retrouver sa femme. Alors il tousse, un peu gêné et se décale pour inviter la jeune femme à entrer dans son … heu appartement on a dit ?
«- Si vous voulez vous donner la peine d’entrer. »
Adam se décale, laissant la jeune femme entrer. Il lui présente une petite table, referme la porte et se dirige vers elle.
«- Souhaitez-vous un petit thé ? »
Il tousse, se dirigeant vers ce qui semble être une cuisine. Il cherche un long moment, fouillant les tiroirs, faisant mine de gérer son nouvel environnement. Finalement il tourne la tête, la mine fière.
«- Votre amie m’a dit que vous connaîtriez sûrement une Belle ? Il s’agit de ma fiancée, elle a disparu depuis … trop longtemps maintenant. Ce nom vous dit-il quelque chose ? »
Le nouvel arrivant parlait de façon très polie. Il avait dit s’appeler Adam. Elle ne savait pas du tout de quel univers, il pouvait bien venir, mais il ne faisait aucun doute qu’il était habitué à un certains standard. La jeune femme lui retourna donc sa révérence comme elle le pouvait. Même à l’époque ces seules révérences étaient ironique, mais elle ne voulait pas qu’il se sente mal à l’aise. Visiblement, il était assez poli pour la laisser pénétrer dans la chambre. Il lui proposait même une tasse de thé qu’elle accepta.
Il semblait très mal à l’aise. C’était compréhensible. Après tout, il venait de laisser une totale inconnue pénétrée dans sa chambre. Il avait l’air complètement perdu le pauvre.
«- Votre amie m’a dit que vous connaîtriez sûrement une Belle ? Il s’agit de ma fiancée, elle a disparu depuis … trop longtemps maintenant. Ce nom vous dit-il quelque chose ? »
Alors qu’elle s’apprêtait à aller l’aider, Adam la coupa dans son élan. Belle… Oh !!! Il était donc la « bête » dans « La Belle et la Bête » ! Voilà donc d’où venait ces manières ! C’était un prince ! Enfin un roi plutôt non ? Elle ne savait pas trop. Elle ignorait également que son nom était Adam. Ca lui allait bien. Cependant, la question la décontenançait.
-Belle ? Non désolé je ne connais personne qui porte ce nom. Si vous dites qu’elle a disparu, il est possible qu’elle soit ici en effet. Mais on ne peut pas en être certains. Le monde est grand, certains d’entre nous se cachent et la plupart utilisent une fausse identité. Elle peut aussi avoir simplement disparu dans votre propre monde. Je ne peux malheureusement rien vous garantir.
Maintenant, qu’elle savait que le jeune homme était une tête couronnée, elle avait commencée à le vouvoyer. Elle ne voulait pas perturber encore plus ces habitudes. Esmée avait conscience que ces mots n’étais pas faciles à entendre, mais il était nécessaire qu’il comprenne. Elle-même avait passé bien trop de temps à espéré que son Phoebus la rejoigne et à s’inquiéter de ces proches et de leur réaction à sa disparition. Mais cela faisait plusieurs années qu’elle était là maintenant et elle avait dû ce faire à l’idée qu’elle était seule. Qu’elle ne les reverrait probablement jamais et qu’elle devait avancer. Cette pensée lui fit momentanément monter les larmes aux yeux, mais elle chassa rapidement ce sentiment pour ce concentrer sur son interlocuteur. Elle mit délicatement sa main sur son épaule dans un geste se voulant rassurant avant de lui adresser un sourire.
-Je connais plusieurs personnes. Je peux leur poser la question. On va essayer de voir si elle est ici. Je vais vous aider. Je ne peux juste rien vous promettre.
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Dim 14 Mar 2021 - 20:39
BIENVENUE A PARIS
Adam redresse poliment un sourcil lorsque son invitée se plait, à son tour, à lui présenter une révérence. Il voit bien, non seulement à son air, mais aussi à l’expression de son visage et aux mouvements de ses courbes qu’elle n’est pas de la haute bourgeoisie, encore moins de la royauté. Toutefois, Adam reconnaît en ses mouvements une certaine grâce qui ne le laisse pas indifférent. Il sourit doucement, un peu gêné et hoche timidement de la tête pour lui signifier qu’il lui est reconnaissant de l’effort. Esmée accepte un thé et Adam entreprend déjà à se familiariser avec ce nouveau matériel qu’il ne maîtrise pas. Ses mouvements s’arrêtent lorsque la jeune femme le rejoint et qu’elle lui répond, annonçant non seulement qu’elle ne connaît pas de dénommée Belle, mais reconnaissant tout de même la possibilité que sa fiancée, ou plutôt, sa femme, se trouve ici. Toutefois, l’idée que Belle puisse utiliser une autre identité ne le rassure pas. Enfaîte, ça ne lui ressemble pas tellement. Adam fronce un peu les sourcils, perplexe. Si Belle a bien changé d’identité, cela risque de lui compliquer la tâche. Pire encore, il ne risque pas de mettre la main sur elle d’ici un bon moment …
« - Non, dans mon monde, je l’aurais retrouvée. Il faudrait que je parte à la découverte de celui-ci, mais … je … suis un peu perdu avec tous ces ... »
Il présente toutes les machines qui occupent la pièce, notamment la cuisine. Il n’est pas dans son élément. Au château, il n’a qu’à réclamer qu’on vienne s’occuper de lui. Qu’on vienne l’aider à se préparer. Il a même déjà lancé de nombreux chasseurs à la recherche de Belle, mais personne n’a vu sa femme. Alors il présente une moue triste, affichant une certaine déception.
« - J’espère qu’elle n’a pas changé de nom … je crains ne pas pouvoir la retrouver si elle se cache … mais … pourquoi se cacherait-elle ? Pourquoi « la plupart d’entre nous » utilisent une fausse identité ? »
Le roi détourne vers la jeune femme un regard inquiet. Il n’aime pas l’idée qu’une menace plane au-dessus de sa tête, pire encore, qu’il arrive quelque chose à Belle. C’est elle qui le canalise, c’est elle qui fait de lui un homme bon. Il n’est pas certain de ne pas redevenir cette bête en son absence. Lorsque ses pupilles croisent les siennes, Adam découvre un léger voile de tristesse à travers ses yeux. Il étire un léger sourire. Il n’a jamais été très altruiste, la compassion n’a jamais été son domaine, mais il se souvient de celle de Belle, des sourires qu’elle lui adressait lorsqu’il couvrait encore ses cornes et son affreuse fourrure. Alors il offre un léger rictus à Esmée, glissant sa main sur la sienne lorsqu’elle la dépose sur son épaule. Pendant l’espace d’un instant, il oublie que ce contact physique, pour un roi, est déplacé.
« - Vous aussi vous avez perdu quelqu’un ? »
Il se mord doucement ses lèvres et baisse délicatement le visage. Il est inquiet de se reconnaître dans ses tourments. Inquiet de se reconnaître dans sa souffrance. Car il a cru comprendre qu’Esmée était présente dans ce monde depuis des années maintenant. Et si elle n’a pas retrouvé la personne qu’elle cherchait, lui aura encore moins de chance. Il affiche donc un moue triste, la mâchoire serrée et hoche doucement de la tête lorsqu’elle reprend.
« - Si cela ne vous ennuie pas. Je n’ai aucune relation dans ce pays. Si vous m’aidez à la retrouver, je vous en serai éternellement reconnaissant. »
Un nouveau sourire, plus franc cette fois et Adam retire sa main de la sienne. Il sait qu’ici, il ne peut rien lui offrir. Mais sa promesse est celle d’un roi et il espère sincèrement qu’elle puisse s’en rendre compte. Il s’éloigne doucement de la jeune femme pour revenir près du plan de travail, dans cet endroit trop petit pour que l’on puisse décidément y préparer un bon met. Toutefois, il reconnaît quelques outils. Il ouvre des placards, attrapant des tasses et lance vers elle un regard plus honteux.
« - Excusez-moi, laquelle de ces choses peut … faire chauffer de l’eau ? »
Il était clair qu’Adam n’avait pas l’habitude de faire les choses de lui-même. Et pourtant Esmée le trouvait plutôt calme compte tenu de la situation. Il lui parlait gentiment et était d’une hospitalité exemplaire.
- J’espère qu’elle n’a pas changé de nom … je crains ne pas pouvoir la retrouver si elle se cache … mais … pourquoi se cacherait-elle ? Pourquoi « la plupart d’entre nous » utilisent une fausse identité ?
On y était. Il avait posé LA question. Comment expliquer à quelqu’un qui venait seulement d’arriver que sa vie était déjà en danger ? La jeune femme se mordit doucement la lèvre.
-Et bien… c’est peu être un peu tôt pour vous expliquer ça car vous venez d’arriver et c’est déjà assez perturbant mais je vais quand même vous expliquer rapidement.
La gitane eut un temps de repos afin de rassembler ces esprits.
-Dans ce monde, nos histoires ne sont que des contes. De simples histoires qui sont là pour apporter de la joie aux personnes. Ils ne savent pas que nous existons en chair et en os. Mais il existe des personnes malveillantes, qui savent qui nous sommes et cherchent à nous capturer pour un homme qui s’appelle Louis.
Elle fit de nouveau un temps d’arrêt.
-Cet homme demande à ces chasseurs de nous capturer afin qu’il puisse faire toutes sortent d’expériences sur nous. Le frère de cet homme s’appelle Luc. Il connaît aussi notre existence et il veut nous aider. C’est grâce à lui que des lieux comme celui-ci existent. Il essaye de nous protéger. Certains d’entre nous ont des prénoms qui font beaucoup trop référence à leur univers et décident donc de les changer.
Elle devait être complètement honnête avec lui.
-C’est pour ça que nous changeons nos noms. On ne veut pas être reconnu et il faut se méfier. C’est pour ça que ce que je vais vous confier doit demeurer un secret. Je ne m’appelle pas Esmée. Mon vrai prénom, c’est Esméralda.
La gitane le regardait dans les yeux en espérant qu’il la croie. Elle pensait toujours qu’il était un peu tôt pour lui dire ce genre de chose, mais il cherchait désespérément sa femme et elle se devait de lui dire pourquoi ça allait être compliqué. -Pour l’instant, vous n’avez pas à vous inquiéter, on ne va pas vous laisser vpus débrouiller tout seul.
Elle lui offrit un sourire sincère. Elle n’allait pas l’abandonner comme ça.
- Vous aussi vous avez perdu quelqu’un ?
La question l’a pris de court.
-Si on veut. Je n’ai jamais trouvé l’homme que j’aime ni même mon meilleur ami. J’aime à penser son toujours là-bas et qu’ils ont continué leur vie sans moi. J’espère juste qu’ils sont heureux.
Un voile de tristesse vint ternir son visage. Une fois de plus, les questionnements du prince la firent sortir de sa mélancolie.
- Si cela ne vous ennuie pas. Je n’ai aucune relation dans ce pays. Si vous m’aidez à la retrouver, je vous en serai éternellement reconnaissant.
Esmée lui rendit son sourire et hocha franchement la tête. Son envie de retrouvé sa princesse lui faisait chaud encore. Elle pouvait voir à quel point il l’aimait. Cela lui réchauffait le cœur.
-Je ferai mon possible pour vous aider. Considérez-moi comme votre ami.
Elle lui adressa une nouvelle fois un sourire franc. Elle était sincère. Elle ne promettait rien, mais elle ferait son possible pour l’aider. La gitane trouvait le jeune prince touchant.
- Excusez-moi, laquelle de ces choses peut … faire chauffer de l’eau ?
La Bohémienne eut un petit rire. Le voir complètement perdu devant le plan de travail avait quelques choses de cocasse.
-Attendez, je vais vous aider.
Elle prit la bouilloire, la rempli d’eau et la mit à chauffer tout en s’afférant autour du plan de travail pour lui montrer les différents ustensiles.
-Si vous avez des questions, je suis là. On va vous apprendre ce qu’il y a à savoir pour pouvoir vous fondre dans la masse. Votre nouvelle vie commence aujourd’hui et je suis là pour vous.
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Sam 15 Mai 2021 - 16:05
BIENVENUE A PARIS
Adam fronce un peu les sourcils lorsque la jeune femme lui répond. Elle n’est pas très claire sa réponse d’ailleurs, un peu vague, sans compter que le ton qu’elle emploie lui laisse comprendre qu’il y a anguille sous roche. Un homme humble aurait sûrement apprécié cette précaution, mais ce qu’Adam veut, lui, ce sont des réponses. Il a été prince, toute sa vie, aujourd’hui il est le roi d’un royaume. Certes son royaume n’est pas le plus grand qui existe, mais son titre lui a toujours permis d’obtenir ce qu’il voulait. De ce fait, quand il posait une question, à l’époque, on lui répondait sans une once d’hésitation. Le fait que cette jeune femme se refuse à lui répondre directement le vexe, pire encore, Adam comprend que sa titulature royale n’a plus d’impact désormais. C’est la raison qui explique que ses traits se froncent, que son visage se durcit. Il s’apprête même à lui ordonner de répondre, quand même, mais la jeune se décide à l’éclairer, de son plein gré. Comme quoi, dans ce monde, cela ne sert à rien de lever la voix Adam, quand on demande gentiment, on nous répond.
Le roi l’écoute avec une attention certaine. Son visage se détend, au fur et à mesure qu’elle lui fournit des explications. Adam a du mal à tout comprendre, il ne voit pas bien comment on aurait fait de son histoire un conte. Il n’y a rien de divertissant, ni de « joyeux » dans l’histoire d’un homme, transformé par une sorcière. Il ne sait donc pas ce qui est le plus dérangeant, que des hommes rient de son passé, ou pire encore, que toute la population de cet univers connaisse son histoire. Lui n’en est pas fier, son passé, il a longtemps cherché à l’enterrer. Belle l’y aidait. Par ailleurs, dans son histoire, il n’est pas le prince valeureux, bien au contraire, il est la Bête. Cela veut-il donc dire que le peuple de ce pays le prend pour un monstre ? Cela veut-il dire qu’il va devoir se battre, encore une fois ? Lorsqu’elle mentionne le prénom de Louis, Adam croise les bras, un peu sceptique. Oui, encore un Gaston quoi …
« - Et si je … défiais ce « Louis » serions nous tous en sécurité? »
Il murmure si bas qu’il ne l’interrompt pas. La jeune femme poursuit donc, lui expliquant que ce n’est pas cet homme directement qui les menace, mais des chasseurs. L’idée lui noue le ventre. Oh, donc ce sont des Gastons. Adam a été chassé toute sa vie, il n’aime pas, mais alors pas du tout l’idée de redevenir une proie. Le roi hoche la tête. Il masque avec beaucoup de mal son angoisse naissante. Il comprend désormais pourquoi Belle a changé de nom. Il comprend également qu’il va devoir modifier son identité. Ce qui le dérange toutefois, c’est que sa femme ne puisse pas le retrouver. Pas si lui s’amuse à se cacher des autres. C’est un choix difficile. Soit il reste ainsi et il offre plus de chance à Belle pour être retrouvé, soit il se cache, comme les autres, mais risque d’être menacé par … des chasseurs.
« - Je comprends mieux, je vous remercie ... »
Adam lui est reconnaissant. Il a du mal à lui montrer, comme il est angoissé, mais il aurait eu bien du mal à comprendre sans ses explications. Il hoche doucement la tête, un grand sourire aux lèvres.
« - Enchanté Esméralda. »
Encore une fois, le roi affiche un grand sourire. Il est bien heureux de ne pas devoir se débrouiller seul. Toutefois, il n’est pas rassuré à l’idée de manquer de domestiques. Il devra faire sans. Son visage s’assombrit, voyant que sa question semble avoir blessé la jeune femme. Il l’écoute, d’une oreille attentive et affiche une moue de compassion. Oui, il comprend. Belle est probablement arrivée plus tôt ici, puisque lui, la cherchait dans son monde depuis un certain temps déjà. Il a envie de lui dire que ses amis sont heureux, mais lui ne l’était pas dans son château. Seul, effrayé, angoissé, perdu. Ses amis subissent peut-être la même détresse. Par compassion toutefois il décide de ne pas le lui dire. Elle semble suffisamment triste et cela ne servirait à rien de l’inquiéter, d’autant plus qu’il ignore si les amis d’Esmée sont réellement dans un état similaire au sien.
Alors que la jeune femme lui propose son amitié, Adam sourit. Il n’aime pas tellement qu’on le considère comme un ami, il préfère de loin être supérieur aux autres. Il est l’hôte, le prince, le roi. Il n’a jamais réellement connu de relation amicale. Au château, les domestiques et les nobles agissent dans leur intérêt, rarement par altruisme. Il n’a donc jamais connu de relation qui soit saine, mais peut-être est-ce l’occasion pour lui de débuter sa première amitié ?
« - Avec plaisir Lady Esméralda. Considérez-moi également, comme un ami. »
Adam incline légèrement la tête, se forçant à rester noble et courtois. Il a bien compris que les manières de ce monde sont différentes, mais comme il ne les connaît pas encore – ou très mal – il devra s’y habituer. Le jeune roi s’efface, laissant la jeune femme se rapprocher des machines. S’il est légèrement vexé par son rire, il n’en montre rien et se contente de légèrement baisser la tête jusqu’à ce que sa gêne disparaisse. Lorsqu’elle attrape une … chose, Adam l’observe. Il ne sait pas de quoi il s’agit mais il essaie d’apprendre. Pour une fois. Esmée est altruiste, mais elle ne sera pas toujours là pour l’aider. Il va devoir apprendre à se débrouiller seul. Il l’observe, essaie de retenir les informations qu’elle lui donne notamment lorsqu’elle l’aide à découvrir les ustensiles de cuisine. Cela fait beaucoup à retenir … Il roi souffle, hochant la tête et entreprend à chercher un petit carnet. Il trouve du papier – un peu petit d’ailleurs – et un crayon. Il essaie d’écrire et voyant qu’il n’y a pas de mine, il l’agite. Ce n’est qu’après cinq longues minutes, lorsqu’il appuie – par hasard – sur l’extrémité du crayon, qu’une mine apparaît de l’autre bout.
« - Oh, est-ce de la magie ? »
Il détaille l’objet, appuyant de nouveau sur l’extrémité. La mine apparaît, disparaît, jusqu’à ce qu’il en comprenne le fonctionnement. Non, ce n’est pas magique, c’est mécanique. Le prince note les informations qu’elle lui dote, lançant des coups d’œil vers les ustensiles de cuisine. Il n’est pas mauvais en dessin, alors, pour les plus compliqués, il réalise de petites illustrations.
Après avoir réalisé ses premiers croquis, Adam dépose le carnet sur la petite table et glisse doucement sur l’une des chaises. Il a pris quelques minutes pour réfléchir, laissant Esmée à proximité de la cuisine. Pendant un long moment, il s’abandonne au silence, essayant d’éclaircir ses idées. Il a beaucoup de questions, il est extrêmement angoissé. Il ne sait pas s’il doit consacrer son temps à partir à la recherche de Belle, ou s’il doit avant tout s’assurer d’être en sécurité. Il laisse son visage glisser entre ses mains et souffle doucement, le regard perdu dans le vide. Lorsqu’il relève son visage, il se redresse et croise les bras.
« - Déjà, je vous remercie pour votre temps et vos explications. Ma priorité, c’est de retrouver Belle. Mais avant de commencer à la chercher, je suppose, que je vais devoir rester discret. Si je m’expose trop durant mes recherches, je suppose que je vais me mettre en danger c’est bien cela ? »
Il lève un regard triste en sa direction.
« - Tout comme je risque de la mettre en danger elle aussi. »
Encore une fois, le roi rumine. Il se frotte nerveusement le menton et désigne sa nouvelle chambre d’un geste de la main.
« - Ai-je le droit de rester ici ? Quelques temps ? Est-ce … c’est que … je n’ai rien pour payer mon séjour. Je suis venu dans votre monde sans rien emporter avec moi … Excepté ces vêtements ... »
Il désigne son accoutrement royal. Certes ses vêtements sont de haute qualité, mais il refuse de les vendre.
« - Cela veut-il dire que je vais devoir trouver un … une occupation pour payer ce loyer ? »
Adam penche doucement la tête sur le côté. Il n’a jamais travaillé de sa vie. Il est bon à la chasse, c’est un hôte excellent (ou pas), mais il ne sait rien faire de plus. Peut-être est-il doté de quelques capacités secrètes, mais son expérience reste maigre. Ce n’est pas comme s’il avait passé une partie de sa vie coincée dans la peau d’un monstre après tout …
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Adam continue de se croire dans un cauchemar. Un cauchemar un peu particulier puisque lui-même est désorienté. D’où viennent toutes ces idées, toutes ces représentations ? Il n’a pas vraiment compris le jeune prince lorsqu’il est arrivé dans cette ville aux bruits assourdissants et aux odeurs étrangères. Quelque part, heureusement qu’il y avait cette femme, celle qui l’a conduit ici dans cet hôtel tout aussi étrange. Il faut dire qu’Adam n’avait jamais rien de vu tel. Les couleurs sont particulièrement agréables, certes, mais le mobilier est bien plus délaissé que celui de son château. Si Adam a accepté de venir ici, c’est uniquement parce qu’on lui a dit qu’il n’était pas le seul à avoir atterri dans ce terrible endroit. Qu’il y a donc une infime possibilité que Belle soit ici. C’est la seule raison qui le retient, la seule excuse qui explique pourquoi un prince, un futur roi accepte des conditions de vie si … pitoyables. Oui parce qu’il n’a rien de très luxurieux cet hôtel, vous l’aurez compris, rien de comparable à son grand, puissant et vénérable château. C’est un toit certes, mais ce n’est pas tant un abri qu’il est venu chercher, c’est sa femme. 
