Le passé n'est pas toujours que le passé

Une ancienne mission refait surface

La déprime, c’était la déprime encore une fois. Janvier était de plus en plus difficile, et pas que parce que c’était l’hiver et que je détestais cette saison. Janvier, c’est le mois qui suit les célébrations de fin d’année. Le réveillon du jour de l’an, c’était notre anniversaire à Helga et moi, mais elle n’était plus là. C’était aussi les retrouvailles avec Nestor… mais lui non plus n’était plus là. J’étais donc à nouveau seul. Pas que la solitude me dérangeait vraiment, c’était plutôt d’avoir perdu les gens que j’appréciais qui me laissait une sensation amère. Je continuai quand même de vivre, après tout, il y avait peut-être un peu d’espoir qu’ils ne soient pas mort. Quoique certains jours, je trouvais l’incertitude plus lourde que le deuil.

Aujourd’hui, j’avais envi d’un verre pour me changer les idées, mais pas chez moi tout seul. Je n’avais pas envi non plus de me retrouver au T & L’s bar, là où il y a trop d’imbéciles. Juste Timon, ça peut passer car il ne me parlera pas si j’ai le regard noir, par contre pour les deux autres qui sont toujours là, je n’étais vraiment pas d’humeur à les supporter! Ce Maui qui se vante sans cesse d’être un demi-dieu… pff, moi je suis un dieu complet et je fais pas chier le peuple à le répéter à tout le monde! D’ailleurs, ça me surprend qu’il soit encore libre. La police ou les chasseurs auraient du lui mettre la main dessus depuis longtemps vu comment il ne connait pas la discrétion!

Donc après avoir finit ma journée, je  décidai d’essayer un nouveau bar dont j’avais entendu du bien, le Jolly Roger. Je me disais que peut-être qu’il serait intéressant de me trouver de nouveaux alliés. Et puis ça me changerait d’air. C’était un club très populaire, mais heureusement je n’attendis pas trop longtemps dehors. Si la queue avait été trop longue, je serais retourné chez moi, ce qui au final, aurait peut-être été mieux.

Parfois, quand j’entre dans un bar, je me rappelle certains évènements de ma vie qui y avait eu lieu. Parfois, c’était les fois où je m’étais battu, les fois où j’avais dragué et parfois certaines missions. Ça me passait en tête comme ça. Cette fois-ci, je me souvins d’une mission de mai 2019. Tout allait encore relativement bien, c’était avant qu’elle ne disparaisse. Donc je n’étais qu’un mercenaire, certes le préféré de la patronne, mais je devais tout de même travailler comme les autres. Donc voilà, en mai 2019, j’avais eu une mission dans un bar miteux. Je devais voler un document. Ne me demandez pas quoi, j’ai oublié et je m’en fou. J’avais réussis à convaincre la jolie danseuse de le faire à ma place contre de l’argent. Cependant quand est venu le temps de l’échange, elle avait été appelée avant que je ne puisse lui donner le moindre billet. Je ne mentirai pas, je n’ai pas entendu des heures qu’elle revienne, j’ai filé aussitôt seul. De un, j’avais peur qu’elle ne me vende à son patron. Ensuite, et bien ça faisait plus d’argent pour moi! Donc je suis partie rapidement, content que tout ait été si facile.

Je chassai ce souvenir sans comprendre pourquoi il m’était venu. Peut-être parce qu’il y avait aussi des danseuses? Ou était-ce la vie qui me servait un ultime avertissement avant la catastrophe? Oh mais vous savez, un problème de plus ou de moins au point où j’en suis, je me contente d’improviser au fur et à mesure.

J’allai au comptoir afin de commander un martini. C’est alors que je compris les avertissements de mon subconscient… Sauf qu’il était trop tard pour faire demi-tour ou se cacher… Et merde!

Calliopée & Hadès

Janvier 2021

CODAGE PAR AMATIS

Le passé n'est pas toujours que le passé

Une ancienne mission refait surface

La barmaid ne semblait déjà pas d’excellente humeur avant même de me jeter un regard… Comme si j’étais responsable de sa mauvaise journée! Alors une fois qu’elle m’eut reconnu, elle sembla envahie par un haut niveau de rage. Normalement je ne veux pas qu’on m’oubli, mais dans ce cas-ci, ça m’aurait vraiment arrangé. La plupart des gens dirait que c’était tout à fait légitime après ce que je lui avais fait, tant qu’à moi je dirais que ce n’était pas que ma faute, elle n’avait qu’à pas me laisser seul! Si on laisse la porte ouverte, il se peut que le chien sorte et aille voir ailleurs si la vie est meilleure. Je n’avais vraiment pas envie d’attendre là comme un gland pour voir si elle ne ramenait pas son patron de l’époque avec une batte de baseball! Garder mes jambes est quand même une priorité dans ma vie, car c’est toujours utile pour un retrait stratégique.

Un repli stratégique, ce que j’aurais du faire dès que nos regards s’étaient croisés. Sauf que je crois que la surprise a ralentit le réflexe de fuite. Où peut-être que secrètement j’espérais qu’elle soit passé à autre chose? Ce qui n’était évidement pas le cas comme la belle gifle que je me pris l’indiqua très clairement. J’aurais du aller au T & L’s finalement, au moins là bas, personne ne me mets de gifle! Timon, bien qu’agaçant en général, demande à ce qu’on règle nos trucs dehors. Comme personne n’a envi de se faire refuser l’accès au portail, ça aide à rester calme.

Je jetai un regard autour, ceux qui s’étaient aperçu du geste de la jeune femme n’intervinrent pas. Bizarre. Normalement, ils auraient du venir voir s’il y avait un problème et sortir soit elle, soit moi. Donc je pouvais supposer qu’elle pouvait faire ce qui lui plaisait et que les autres ne l’aimaient pas assez pour venir l’aider. Je pouvais certes me tromper, donc il me fallait rester prudent. J’haussai un sourcil lorsqu’elle refusa de me servir de façon fort impolie. C’est que selon moi, il y a moyen de détester quelqu’un tout en restant à peu près civilisée. J’avais l’impression d’avoir affaire à une petite peste d’enfant gâtée.

-c’est un nouveau concept de bar? C’est libre service? Si tu ne veux pas me servir tant pis, quelqu’un d’autre le fera et aura droit au pourboire. Il y a sans doute quelqu’un d’assez brillant ici pour savoir qu’il ne faut pas foutre le camp avant la fin d’une transaction. Je peux partir, après tout pourquoi rester à un endroit où on m’attaque? Alors, tu me le sers ce verre? Si t’es sage, tu peux même t’en prendre un.

Et je glissai un billet de vingt dollars sur le comptoir. Certes, j’aurais pu juste m’en aller et rentrer chez moi, mais la soirée était encore jeune, alors pourquoi ne pas asticoter un peu cette furie? Avais-je vraiment quelque chose à perdre à part mon temps? Si je sentais trop la soupe chaude, je pouvais toujours m’en aller avant que les ennuis ne me tombent dessus.  Il fallait bien s’occuper comme on pouvait. J’étais curieux de voir si elle me ferait jeter dehors ou pas.

-Peut-être que la jeune femme là-bas voudrait de mon argent? Sans doute qu’elle me servirait avec le sourire.

Je fis mine de faire signe à l’autre barmaid, guettant la réaction de la rousse.