l faisait grand jour lorsque Clochette se réveilla. Un peu embrumée par le sommeil, elle s'étira de tout son long en laissant échapper un graaaand soupir. Elle jeta un oeil rapide à son téléphone qui affichait neuf heures, puis, d'un bond, sortit de son lit. Elle ouvrit les battants de sa fenêtre et posa ses coudes sur le rebord, les yeux pétillants. Le ciel était d'un bleu très clair presque transparent, ce qui, à Londres, devenait rare en cette saison. Un dodu petit rouge-gorge chantonnait sur une branche de l'immense Magnolia devant l'immeuble, l'arbre était si près que ces branches effleuraient presque le bâtiment. Les bourgeons finissaient de se préparer pour l'arrivée du printemps. Clochette attendait cette saison avec une grande impatience, c'était sa préférée ! Les rayons du soleil vinrent doucement caresser les joues de la fée, une sensation si agréable au réveil. Elle ferma les yeux et écouta le doux chant du rouge-gorge, profitant un instant de ce moment emprunt de sérénité. Aaaaah, comme la journée s'annonçait belle !

Clochette referma la fenêtre, enfila sa robe préférée puis son manteau, s'emmitoufla dans son écharpe et traversa l'appartement comme un fusée. Aujourd'hui était un grand jour ! Elle recevait la visite de l'écrivaine russe Anya Rossanov pour mettre en place dans l'après-midi une séance de dédicaces ainsi qu'une conférence sur son nouveau livre. Clochette avait assuré la communication de cet événement il y a des semaines. Elle adorait accueillir des auteurs de tous horizons avec des styles et thèmes différents. Puis organiser des évènements comme avec Anya, cela lui permettait de sortir de sa routine. C'est pour cette raison qu'elle voyageait de temps en temps, pour aller à la rencontre des écrivains et éditeurs et assister à des conférences. Si un livre lui plaisait, elle se démenait pour organiser quelque chose dans sa bibliothèque. Ce qui fut le cas avec Anya. Elle la rencontra furtivement lors de son séjour à Paris en septembre dernier, son livre ne manqua pas d'éveiller en elle une grande curiosité, et l'envie d'en savoir plus à son sujet. C'est tout naturellement que Clochette lui proposa de venir à Londres.

Les deux jeunes femmes s'étaient donné rendez-vous en milieu de matinée à la bibliothèque. La préparation n'allait pas leur demander énormément de temps, Clochette s'était déjà occupée du plus gros la veille. La jeune femme arbora un petit sourire tout le long de son trajet, si fière de recevoir une telle personne dans son antre. Rien ne pouvait venir perturber sa bonne humeur. Pas même les londonniens pressés dans le métro. Comme à son habitude, Clochette tira les grands rideaux de velours des baies vitrées de l'entrée, libérant la lumière du soleil matinal qui s'engouffra d'un seul coup dans les allées. La pièce entière resplendit sous le regard satisfait de la fée, inlassable de ce spectacle. Après s'être fait une bonne tasse de thé, la jeune femme fit un brin e poussière puis tourna le panneau "OUVERT" de la double porte d'entrée. Les matinées étaient souvent calme à la bibliothèque, ce qui lui permettait de faire les rangements et classement habituels, comme les retours de la semaine exemple.

Le carillon de l'entrée retentit doucement dans la pièce, Clochette sortit la tête de l'une des allées et scruta l'entrée. Un large sourire illumina son visage. "Bonjour Anya ! lança-t'elle, enthousiaste. Bienvenue à la Plume Magique !"

ui aurait pu croire que je puisse finir par devenir écrivaine et professeur de russe, moi la petite orpheline sans passé ? Quand je m’étais retrouvée seule dans Paris, loin de Dimitri, loin de Grand-Maman et surtout loin de tous mes repères, il avait bien fallu que je trouve une solution à mes problèmes et quoi de mieux qu’écrire ? J’avais eu la chance de tomber sur une personne adorable qui m’avait grandement aidée. Lorsque je ne travaillais pas, je passais mon temps à écrire. J’avais une vieille machine à écrire qui était vachement bien pour écrire. Puis au bout d’une année d’écriture, mon livre se voyait terminé. Mon tout premier roman. Il racontait ma propre histoire, légèrement romancée et bien loin de ce que ce monde pouvait connaître de mon histoire ou de celle de la vraie Anastasia, bien que nous soyons finalement la même personne. Mais c’est casse tête quand on s’y penche trop.

Cependant, mon livre publiée, j’avais reçu la visite d’une jeune femme très sympa qui m’avait proposée de faire une rencontre, une séance de dédicace et une conférence au sein de sa bibliothèque et j’avais accepté la proposition dans la seconde. Pas uniquement pour faire de la pub à mon roman mais également parce que ça me permettait de changer un peu d’air et ce n’était finalement pas plus mal. On s’était donc donnée rendez vous en milieu de matinée au sein de la bibliothèque. J’avais pris le temps de me préparer et de m’habiller très sobrement. Un chemisier pourpre, un jean slim, une paire de bottines à talons noires. Enfilant mon manteau par dessus, j’entoure mon cou de mon écharpe et enfile mon bonnet avant de quitter mon appartement.

Je savais exactement comment me rendre auprès de la jeune femme. Il ne me fallut que peu de temps pour pouvoir la retrouver, ayant de ce fait l’adresse exacte. Arrivant devant, j’entre tandis que le carillon tinte et énonce donc mon arrivée. Je souris en voyant Clochette. Retirant mon bonnet et mon écharpe, je prends rapidement la parole « Bonjour Clochette. » ébouriffant légèrement ma chevelure rousse, je lève le regard vers la jeune femme « Je dois dire que je trouve cet endroit vraiment magnifique ! » ajoutais-je avec un grand sourire.