C'est toujours quand on pense que l'on ne peut plus être surpris que la vie s'amuse à nous prouver le contraire. Je pensais pourtant avoir laissé Corona – et tout ce qui s'en suit loin derrière moi. J'avais changé de monde il y avait bien 6 ou 7 ans maintenant, et j'avais vécu tellement de choses que parfois mon ancienne vie me paraissait irréelle, comme un long rêve très réaliste.
Toujours est-il que je pensais que tout ce qui s'était passé là bas appartenait au passé, que la vie d'aventurier – et fugitif – que j'avais laissée derrière moi, les rencontres que j'avais faites n'auraient pas d'influence sur mon avenir. Bien sûr certains visages me hantent encore – celui d'une adorable blondinette s'impose régulièrement à moi – mais je ne m'attendais certainement pas à les voir un jour. Jusqu'à aujourd'hui.
Je revenais de quelques semaines en mer. Je m'étais aventuré vers le sud pour changer un peu. Et le fait que j'ai entendu parler de cités d'or disparues en Amérique du sud a peut-être un peu joué dans le choix de ma destination. Okay, beaucoup. Dans tous les cas, ça n'avait pas été très productif. Si je suis très bon en tant que voleur – tatatata ne contredis pas, tu le sais aussi bien que moi – en tant qu'explorateur... Moins. Disons que l'idée de devoir me balader avec une machette pour couper des lianes ne m'avait pas traversée. S'il n'y avait eu que ça, ça aurait pu s'arranger, mais les catastrophes se sont enchainées, et j'ai du me rendre à l'évidence, mieux valair rebrousser chemin et revenir mieux préparé. Problème : j'avais un peu oublié que ma dernière rentrée d'argent commençait à remonter et que j'étais à présent presque à sec.
Je me traine donc dans un bar à New York, un peu dépité, carnet d'adresse en mains, à la recherche d'un client éventuel à contacter. Vous n'avez pas idée du nombre de gens prêt à payer pour qu'on leur obtienne... Ce qu'ils veulent, quoi que ce soit, du moment que le prix y est. Je commande donc mon café et mon sandwich sans prêter attention, et ne suis tiré de ma lecture qu'au contact d'un liquide chaud, brûlant et odorant sur mon épaule. Je me lève d'un bond en hurlant et cherche du regard le responsable. Ou plutôt la responsable. Un visage doux et enfantin que je reconnaitrais entre mille pour l'avoir trimballée à travers tout le pays – enfin, royaume.
"Toi ?!" je m'écrie, ma colère disparue aussi rapidement qu'elle était apparue, effacée par la surprise. Now what, je suis disparu tellement brutalement, qui sait ce qu'elle doit penser de moi. J'ai disparu au pire moment, sans la moindre explication, il y a maintenant des années. Pas sûr qu'elle soit ravie de me revoir...
Quand, ce matin-là, Raiponce ouvrit ses yeux gris sur un monde embrumé, elle ne se doutait pas que ce jour allait être différent de tous les autres. Elle travaillait énormément au café ces temps-ci, et une certaine routine s'était installée dans sa vie. Se lever, aller travailler, essayer de se trouver du temps pour elle, voir des amis quand elle avait un soir de libre, recommencer. Elle but son thé en regardant la ville s'animer par la fenêtre - ce jour-là, elle travaillait l'après-midi et en début de soirée.
Arriver dans le café, ceindre sa taille d'un tablier, prendre carnet et crayon, nouer ses cheveux en une natte, et sa journée de travail commençait. Ce jour-là, le café fut bondé les deux premières heures, avant de se vider complètement. Elle put prendre une pause, laissant son commande prendre ses dernières commandes avant la fin de son service, commandes qu'elle servirait pour lui permettre de partir vite. Elle sentait la fatigue qui s'emparait de son corps et ses pieds qui commençait à être douloureux à force de rester debout, mais elle plaqua son habituel sourire sur ses lèvres et repartit dans la salle après 20 minutes de pause.
Il n'y avait qu'un nouveau client qui était dos à elle, et le collègue de Raiponce lui donna le papier contenant sa commande avant de partir. Elle partit donc chercher la cafetière et prendre au frais le sandwich demandé. Une fois le tout récupéré, elle se dirigea avec la commande sur un plateau vers l'individu qui lui tournait le dos, et qui était apparemment en train de lire. Elle posa l'assiette contenant le sandwich devant lui, et une tasse vide qu'elle commença à servir de café brûlant. "Et voil-" Elle s'était arrêtée net dans sa phrase au moment où elle avait levé les yeux sur la personne qu'elle servait, le reconnaissant instantanément. Lui. C'était impossible. Sous le choc, elle ne s'était pas rendue compte qu'en sursautant elle avait versé le reste de café non pas dans la tasse mais sur l'épaule de Flynn Rider. "Vous..."
Elle sentit la panique s'emparer d'elle, surtout en voyant qu'elle lui avait renversé du café dessus, fit tomber la cafetière de surprise et tourna les talons pour aller se réfugier dans la cuisine. Elle ferma la porte derrière elle et s'appuya dessus une seconde avant d'entendre les pas de Flynn se rapprocher. Elle recula de la porte à toute vitesse, et attrapa la première chose qui lui tombait sous la main. Elle fit face à la porte, se préparant à l'arrivée de Flynn, tendant devant elle son arme... une poêle. Il finit par arriver, et ils se trouvèrent face à face. "Qu'est-ce que vous me voulez, cette fois ?" Elle tentait d'être menaçante, car elle lui en voulait toujours depuis qu'il l'avait abandonnée en pleine forêt.
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