Rose est une princesse qui n’a pas été élevée comme telle. Ses tantes l’ont élevée comme elles le pouvaient, en tant que paysanne et avec tout ce que cela entraîne. Elle est pieuse, gentille, douce et intelligente. Elle est prête à tout partager, tout donner pour que les autres soient au mieux, altruiste. Cependant, Rose est pleine de rêveries, souvent la tête dans les nuages c’est sans doute cela qui déclenche ses siestes inopinées. Souvent dans ses pensées à rêvasser, il lui arrive régulièrement de ne pas écouter un morceau de conversation. Mais on lui pardonne bien, elle est si jolie avec son doux sourire et son air innocent.
En tant que princesse, Rose est tout à fait élégante, souriante et gracieuse. Car même si elle a été élevée comme une paysanne, il faut comprendre que c’est dans son sang, la royauté. Et tout ce qui va avec.
Cependant, le fait d’avoir perdu son époux l’a un peu changée, elle est plus déterminée que jamais, plus dure aussi. Elle laisse rarement passer les choses qui la contrarient. Enfin, elle le ressent comme ça, elle reste tout de même quelqu’un de doux et de foncièrement gentil. Pourtant, elle a du mal à pardonner, elle a un peu plus de mal à donner sa confiance.
A part ça, et bien que ce soit très contradictoire, c’est un véritable cœur d'artichaut. Sensible et facilement impressionnable. Alors elle essaie de se donner des grands airs, mais force est de constater qu’il n’y a qu’elle qui voit ça.

Le jour de sa naissance était un véritable évènement. Tout le royaume était convié au château pour célébrer la venue de la petite Aurore. Tout le royaume, nobles, paysans et même les trois bonnes fées. Chacunes d’entre elles s’apprêtait à donner de merveilleux dont à l’enfant. Flora lui donna la beauté, Paquerette, une belle voix. Et lorsque vint le tour de Pimprenelle, un terrible événement arriva alors. Maléfique, contrariée et vexée de ne pas avoir été conviée, jeta un mauvais sort à la pauvre enfant. Avant l’aube de ses 16 ans, la jeune fille se piquera le doigt à un fuseau et en mourra. Avec la malédiction de Maléfique, trop puissante pour être conjurée, la dernière fée essaya alors de contourner le mauvais sort. La jeune fille se piquera bien le doigt, mais elle n’en mourra pas. Elle devra attendre 100 ans avant d’être réveillée par un baiser d’amour véritable. En attendant, en grand damne du roi et de la reine, l’enfant devra grandir sans eux.

Ainsi les trois fées devinrent des paysannes seize ans durant, cachant et élevant la princesse du mieux qu’elles purent. Aurore, baptisée alors Rose par ses tantes, riait beaucoup avec ces drôles de dames. C’était qu’elles n’étaient pas très dégourdies, mais l’enfant grandit tout de même dans un environnement agréable. A force de vivre dans la forêt, Rose développa une sorte d’indépendance, demandant régulièrement à aller ramasser des baies, ou tout simplement se balader. De nature calme et bienveillante, elle se fit rapidement des amis, qui n’étaient autres que les animaux de la forêt. Mais elle pouvait se confier à eux, leur dire des choses qu’elle ne pouvait pas dire à ses tantes.  

Et puis, quelque temps avant ses seize ans, la jeune Rose se mit à avoir des rêves étranges. Elle rêva d’un Prince Charmant qui viendrait la chercher. Ce prince vit dans le château qu’il y a non loin de la forêt, il n’aurait que quelques lieues à faire pour venir la délivrer et l’aimer. Parce que c’est tout ce qu’elle attend, Roses, qu’il vienne et qu’il l’aime, car elle l’attend. Car elle est sa belle au bois dormant. Mais tout ceci n’était qu’un doux rêve, et même si elle se complaisait dans ce rêve, elle voudrait tellement qu’il devienne réalité. Le jour de son seizième anniversaire, Rose fut mise à la porte par ses tantes. Alors qu’elle avait ramené des baies la veille, elles lui demandèrent d’aller en chercher de nouveau. Rose comprit très vite qu’elles ne la voulaient pas à la maison, car elles préparaient sans doute une surprise. Alors, Rose en profita pour aller chanter avec ses amis les animaux, elle se confia à eux en ce qui concerne ce beau jeune homme qui empli ses rêves.

Et alors qu’elle était nonchalamment assise aux pieds d’un arbre en pensant à son prince, un véritable prince arriva à elle. Rieuse, elle se leva et rejoignit ses amis les animaux déguisés afin de danser et chanter avec eux. Oui, c’était un doux rêve. Jusqu’à ce qu’elle sentit des mains chaudes saisir ses poignets. Elle s’arrêta net de chanter alors qu’elle se fit entraîner dans la danse qu’elle avait entamé. Comment était-ce possible ? Ses tantes lui avaient précisé qu’elle ne devait pas parler à des inconnus, alors elle essaya un instant de fuir le beau jeune homme qui l’avait cueillie. Pourtant, Rose devait se rendre à l’évidence, c’était sans doute de ce jeune homme qu’elle avait rêvé. Un véritable coup de foudre, la jeune fille tomba immédiatement sous son charme, amoureuse de cette personne qu’elle venait de rencontrer. Enfin, un éclair de lucidité la traversa, elle devait rentrer chez elle, c’était une erreur que de lui avoir adressé la parole. Cependant, en s’enfuyant, Rose lui donna rendez-vous le soir même, dans la chaumière. Peut-être viendra-t-il, peut-être pas. Mais ce fut avec un doux sourire sur les lèvres qu’elle rentra finalement à la maison.

La joie que Rose ressentait en rentrant était très grande, plus encore lorsqu’elle découvrit la surprise faite par ses tantes, cette magnifique robe bleue et ce gâteau qui n’attendait que de se faire manger. C’était le plus beau jour de sa vie, et elle n’avait qu’une hâte, présenter à ses tantes le jeune homme qu’elle venait de rencontrer. Parce qu’elle était déjà folle amoureuse. Et alors qu’elle commença à montrer et vouloir partager son bonheur avec ses tantes, celles-ci furent loin d’être ravies. Elles lui dirent qu’elle était déjà fiancée depuis sa naissance, et donc qu’elle était une princesse, que le soir-même elle serait ramenée à ses parents. Et cela signifiait qu’elle ne reverrait jamais son inconnu. Rose fondit en larmes, s’enfuit dans sa chambre pour pleurer tout ce qu’elle avait. C’était injuste. Elle voulait vraiment le revoir, mais ses tantes qui étaient des fées finalement finirent de la convaincre qu’il fallait qu’elle les suive. Alors Ro-Aurore se prépara, enfila sa belle robe bleue et attendit l’heure fatidique.

Le chagrin la rongeait. L'ascenseur émotionnel de la journée était bien trop fort. Elle avait rencontré l’amour de sa vie, pour finalement apprendre qu’elle était princesse et promise à un autre. Elle savait parfaitement qu’au fond elle rêvait d’être une princesse, pour pouvoir épouser le prince de ses rêves. Mais là… Elle était tombée folle en amour de l’inconnu de la forêt, et elle ne voulait pas renoncer à lui. Mais elle n’avait pas le choix. Alors, elle ne put que se résoudre à suivre ce qu’on lui dit de faire. Alors, le soir venu, les fées emmenèrent la princesse, comme des voleuses à l’abri des regards, alors que la jolie blonde ne pouvait retenir ses larmes de couler sur ses joues rosies. Elles ne croisèrent personne, et les fées emmenèrent Aurore dans une chambre qui semblait être la sienne. Elles lui offrirent leur dernier cadeau, une couronne qu’elle devra porter avec grâce et beauté, parce qu’il en était ainsi, et qu’ainsi était sa vie. C’en était trop. Aurore fondit en larme, elle ne pouvait pas oublier son inconnu, elle ne pouvait pas se résoudre à l’abandonner, mais elle n’avait pas le choix. Car elle ne décidait pas de son destin. Les fées la laissèrent seule, mais son chagrin ne s’arrêta pas.

Quand soudain, une étrange mélodie se fit entendre. Rose se sentit réchauffée de l’intérieur, elle eut un sentiment étrange, elle se sentait bien, réconfortée. C’était grâce à cette lueur verte, alors, comme ensorcelée, Aurore se leva et suivit la lumière qui l’appelait à elle. Elle la suivait comme une âme errante, ne se rendant pas vraiment compte du chemin qu’elle parcourait. Pour enfin arriver devant un rouet. Elle fut irrémédiablement attirée par le fuseau, qu’on lui somma de toucher. Elle hésita un moment, mais finit par s’y piquer le doigt. Et tout devint noir. Le temps se suspendit, s’arrêta. Il n’y avait plus rien. La nouvelle Aurore était seulement paisible, plus rien ne pesait dans son corps, elle était sereine.

Une nouvelle chaleur emplit son cœur et son âme, la sortant de ce sommeil étrange. Aurore ouvrit doucement les yeux sur l’homme penché sur elle. Et elle fut la plus heureuse du monde en reconnaissant son inconnu de la forêt. Il était beau comme un prince, comme dans son rêve. C’était son prince. Quelle ironie de découvrir que les âmes jumelles se rencontrant dans la forêt s'avéraient être le prince et la princesse promis l’un à l’autre depuis seize ans déjà. Le nouveau couple princier descendit donc jusqu’à la salle du bal, sous les yeux ahuris de toutes l’assemblée. Aurore alla embrasser ses parents qu’elle ne connaissait même pas, elle embrassa également son beau-père pour le calmer avant de retourner dans les bras de son aimé pour danser. C’était merveilleux, tout était absolument merveilleux et parfait. Il y eut un mariage, des noces et tout ceci était parfait.