En ce temps du Far West, dans une ferme prospère, une femme à la longue chevelure blonde dormait dans les bras de son homme, un sourire aux lèvres. Helga Johnson sortit doucement de ses rêves. Elle sentit une main se poser sur son ventre. Elle n'osa sourire, elle ne voulait pas que son homme sache qu'elle était réveillée. Helga avait une idée en tête, elle voulait le prendre par surprise. C'était leur jeu. Ils leur arrivaient de temps en temps de jouer au chat et à la souris en se réveillant. Ainsi, celui qui pensait que sa moitié dormait se faisait surprendre. Leur petit jeu finissait souvent en éclat de rire, mais toujours par un long baiser. Ce ne fut pas le cas aujourd'hui. Elle n'eut pas le temps. En effet, aujourd'hui était un jour spécial, c'était l'anniversaire d'Helga. Elle avait trente-six ans et leurs enfants, leur deux jumeaux âgés de six ans, avaient décidé de lui faire une surprise. Ils se faufilèrent dans la chambre avec un plateau garni. Helga se releva doucement, émergeant complètement du sommeil. Bien que réveillée, elle n'avait pas encore ouvert les yeux. Leurs deux trésors s'exclamèrent alors en choeur « bon anniversaire maman ». Un sourire vint illuminer son visage. Elle ne s'y était pas attendue, mais alors pas du tout. Cela lui réchauffa le cœur. L'ancienne braqueuse de banque vint prendre ses enfants dans ses bras et les serra fort contre elle tout en les remerciant. Jamais elle n'aurait cru qu'elle serait mère, elle n'avait d'ailleurs jamais voulu l'être. Elle avait même douté. Dans le couple, c'était elle qui avait eu le plus de mal à accepter le fait qu'ils seraient parents. Maintenant, elle ne reviendrait pas en arrière, elle était heureuse de les avoir dans sa vie. D'ailleurs, elle ne remercierait jamais assez son homme. C'était lui qui avait permis ce tournant dans leur vie de criminels. Il était le plus réfléchi et il avait eu l'idée de ce changement de vie. C'était grâce à lui qu'ils s'étaient rangés, qu'ils avaient entrepris de construire une nouvelle vie ici. La cause était leurs enfants, ils avaient tous les deux entrepris ce changement de vie, ensemble, main dans la main, mais c'était Iago, qui en était à l'origine. Helga avait été trop déboussolée pour émettre une solution.
Une fois l'étreinte passée, elle regarda son homme sortir du lit et s'habiller. Elle lui lança son regard bien à elle, lorsqu'il lui annonça que leurs jumeaux avaient confectionné le petit-déjeuner presque tout seul. Iago non plus, elle ne l'échangerait pour rien au monde. Il était un père parfait à ses yeux et surtout un merveilleux mari, bien qu'ils ne soient pas légalement mariés. Il faut croire que la légalité n'était pas de mise pour eux deux. Enfin, ils étaient heureux et qu'est-ce que la légalité ? Le couple savait qu'ils avaient pris la bonne voie. Ils n'étaient peut-être pas clean sur le plan de la légalité, mais ils l'étaient beaucoup plus sur le plan de la moralité. Ils n'avaient rien à se reprocher, bien au contraire. Et ils étaient une famille unie et ça aucun bout de papier ne pouvait être une preuve suffisante. Eux le savaient, ils le ressentaient et cela valait tous les papiers du monde, tout l'or du Far West.
Helga s'étira pour se saisir du bol posé sur la table, sans sortir du lit. Lorsqu'elle réalisa ce mouvement, son débardeur se souleva et Martha remarqua un détail qu'elle n'avait jamais remarqué auparavant.
« C'est quoi cette marque ?
-Rien. Enfin rien de grave. C'est une marque de couteau. »
Les deux frères et sœurs réfléchirent et en vinrent à une conclusion suivant leurs connaissances. Ils ne connaissaient qu'une seule personne qui se servait d'un couteau.
« C'est à cause du couteau de papa ?
-Il t'a fait ça ?
-Non ! bien sûr que non ! Mes amours, vous connaissez votre père. C'est un tendre, il ne me ferait jamais de mal, ni à vous, bien au contraire. Il est très protecteur envers sa famille. Il ferait tout pour votre protéger. Il vous aime autant que je vous aime. Il n'aurait jamais fait ça. Votre père est un homme bien, un homme respectable. Il n'est pas responsable de cette marque. C'est un criminel qui me l'a faite, lorsqu'on avait pris la fuite, après une de nos anciennes activités.
Helga et Iago avaient évoqué leur passé à leurs enfants, du moins sans rentrer dans les détails. Ils étaient encore trop jeunes. Cependant, ils s'étaient promis de leur dire toute la vérité, avec les détails, lorsqu'ils seraient en âge de comprendre et surtout d'assimiler ce passé.
Helga but une gorgée de son café. Ce passé était derrière elle et elle ne le regrettait pas, enfin plus maintenant. Son ancienne vie lui plaisait, mais elle ne voudrait pas mettre la vie de ses enfants en danger et puis, leur nouvelle vie lui convenait. La seule chose qui lui maquait c'était l'aventure, les voyages. Mais élever leurs enfants et s'occuper de leur exploitation était une aventure qu'Helga ne regrettait pas.
Helga mangea le pain avec ses enfants, puis poursuivit leur conversation.
« La vie est précieuse, ne l'oubliez pas.
-Et comment on le voit ?
-Par de là les yeux, idiot !
-Me traite pas d'idiot, espèce de cow boy du dimanche ! tu sais même pas tirer ! »
Thomas faisait référence à leur séance de tir. Helga et Iago ne leur faisaient tirer que des balles de plomb, il était hors de question qu'ils se servent de vraies balles. Martha ne laissa pas passer cet affront et les deux frères et sœurs commencèrent à se battre. Helga les sépara immédiatement.
« Stop ! On ne se bat pas entre frères et sœurs ! On se respecte ! On ne se bat pas entre nous ! Le monde extérieur est bien assez rude comme ça. Le combat, c'est pour la justice, pour la protéction, pour la défense, pas pour des broutilles de ce genre, compris ?!
-Mais il a commencé, il m'a traité de nulle !
-Non t'as commencé, à me traiter d'idiot !
-Normal, t'oublie notre devise ! Celle de notre famille, de notre grand-mère ! Comment tu peux être aussi stupide !
-Tu vas voir !
-STOP !
-Il a commencé !
-Non, c'est elle !
-Je ne veux pas le savoir. Le plus intelligent est celui qui s'arrête. Et Martha, ton frère connaît la devise autant que toi. Quant à toi, Alexander, ta sœur pratique moins que toi le tir, il est normal qu'elle fasse moins souvent mouche. Vous vous complétez bien tous les deux, servez-vous de cette complémentarité.
-Parce que Martha fait des choses que j'arrive pas et je fais des choses mieux qu'elle.
-Exactement, mon cow boy. Et vous pouvez vous aider. Tu peux aider ta sœur au tir et Martha, tu peux aider ton frère pour le cheval. Depuis que vous êtes nés, vous n'avez cessé de vous disputer, mais vous en oubliez vos bons moments.
-Comme lorsque Thomas m'a aidée à sortir de l'enclot, quand j'ai voulu dresser seule l'étalon.
-Par exemple.
-Ou quand Martha m'a sauvé quand j'ai tiré sur le Shériff avec mon lance-pierre.
-Tu as fait quoi ?!
-Euh.. rien, enfin c'était pour rire.
-Thomas Alexander Johnson, on ne cherche pas les problèmes ! Et je ne veux plus que tu recommences. Est-ce clair ? »
Thomas acquiesça et eut un regard complice avec sa sœur. Les deux allèrent ensuite dans les bras de leur mère. Ils étaient une famille soudée, qui s'entraidait et qui s'aimait. Malgré les disputes, les deux jumeaux s'aimaient et n'étaient presque qu'une seule personne. Toujours fourré ensemble, ils se complétaient bien. Ils avaient beau avoir chacun leurs amis, leurs goûts, leurs caractères, ils ne cessaient de se retrouver.
Helga, après les avoir serrés dans ses bras, leur donna un baiser sur le sommet de leur tête. Elle était heureuse. Elle n'aurait jamais cru qu'elle aurait une famille. C'est alors que le dernier membre manquant de leur famille entra, afin de compléter le tableau. Il n'était pas venu les mains vides. En effet, Iago était venu avec un poêle. C'était assez inattendu pour Helga. Disons que pour elle, c'était plutôt quelque chose qui s'achetait en famille, qu'il fallait discuter. Mais au moins, maintenant ils en avaient un. Iago pensait toujours à tout, quand il s'agissait de sa famille.
Après le déjeuner et les activités du matin (comme l'installation du cadeau), Iago annonça une bonne nouvelle. Cette nouvelle était si joyeuse qu'Helga avait les yeux qui pétillaient. Enfin ! elle allait pouvoir repartir à l'aventure. Les enfants se levèrent et partirent tout excités dans leur chambre pour se préparer. Iago s'approcha alors de sa femme, qui avait un sourire jusqu'aux oreilles. En six ans, ils n'avaient pas osé repartir à l'aventure. Ils leur arrivaient de partir en couple pour une longue balade à cheval. Les enfants étaient alors gardés par leur voisine. Ils n'étaient jamais partis plusieurs jours en balade. Il faut dire que depuis ses doutes au moment de sa grossesse, Helga n'avait plus osé reparler de son manque d'aventure. Ce vide, elle le gardait pour elle. Sa famille était ce qu'il y avait de plus important et elle passait avant. Et puis, il fallait organiser le départ, voir comment gérer leur exploitation durant leur absence. L'ex braqueuse de banque laissa son excitation retomber et voulut protester par rapport à la logistique, mais Iago prit les devants et lui expliqua qu'il avait tout réglé. La proposition d'Iago réchauffa ainsi le cœur d'Helga, c'était son plus beau cadeau. Il était temps que les enfants connaissent l'aventure, ils avaient grandi. Ils n'y avaient plus de raisons de retarder ce moment. Helga espérait les présenter à leurs amis indiens. Les indiens les connaissaient, via les dires du couple, mais ils n'avaient jamais eu l'occasion de les voir en chair et en os.
« Oui, il me plaît, même beaucoup. C'est mon plus beau cadeau, mon trésor. »
Iago lui expliqua alors qu'il avait même prévu quelques jours en amoureux, laissant les enfants au soin de la cousine d'Helga. Cette dernière sauta alors dans les bras de son homme et l'embrassa avec passion.
« On t'a déjà dit que tu étais un homme parfait ? »
Quelques heures plus tard, ils arrivèrent à la montagne. Ils arrêtèrent la carriole et firent descendre les enfants, qui partirent gaiement explorer les lieux. Tout en gardant un œil sur eux, le couple s'occupa d'ôter la carriole des chevaux et s'en occupèrent, puis installèrent le camp. Ils ne montèrent pas encore les tentes, ils avaient prévu de le faire avec leurs enfants. D'ailleurs les deux étaient en train de jouer en sautant de rocher en rocher. Helga alla dans les bras de son homme et regarda leurs enfants, une fois le travail terminé.
« Tu sais, je ne regrette pas, de plus courir après l'or. Je veux dire, on ne l'a jamais fait pour l'argent. C'était pour l'aventure, pour redonner à ceux qui en avaient été dépouillés et pour se venger... C'est vrai que je regrettai l'aventure, mais ce n'est plus le cas. Les enfants ont grandi, on pourra souvent partir comme ça, tous les quatre à l'aventure, faire des voyages. Maintenant, on a plus besoin de courir après l'or. Je n'en ai plus envie, j'ai déjà mes trésors. Ils sont ici. »
Elle lui sourit, ses longs cheveux blonds bouclés volant au vent, puis s'approcha de son homme et lui captura ses lèvres. Les enfants revinrent gaiement. Les deux parents se séparèrent et ils leurs apprirent à monter les tentes. Il y en avait deux, une pour le couple et une pour les jumeaux. Chacun s'occupa de sa tente.