No more happy endings...
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[+18] « Sitting in this room playing Russian Roulette, finger on the trigger to my dear Juliette. » [Solo Boogey]
Invité
Anonymous
Invité
Lun 8 Avr 2013 - 22:55
[Pourquoi +18? Parce que la suite de ce post comporte des scènes pas forcément gores ou osées mais certains sujets comme la drogue, l'alcool, et le sexe sont évoqués plus ou moins en détail. Vous êtes au courant maintenant.]







"Oooh... Qu'est-ce que j'ai encore fais la nuit dernière?..." questionna le Croque-Mitaine en se relevant doucement

Sa tête lui tournait. Il voyait trouble et la lumière au néon très vive ne faisait que l'éblouir davantage. Il s'appuya d'une main contre le mur derrière lui et s'agrippa à une sorte d'extrémité en métal qui en sortait. Mais rapidement, il se sentit... différent. La prise qu'il avait sur ce machin en métal... Ce n'était pas comme d'habitude. Il avait l'impression d'avoir de petits membres au bout du bras. Une sorte de griffe, quelque chose comme ça. Il retira donc son membre de l'objet en question et l'observa. Toujours ce même tissu en toile de jute verdâtre, mais la sensation à l'intérieur était étrange. C'était bien distinct des insectes le composant. Il commença donc à s'observer, baissant les yeux vers ce qui semblait être ses pieds. Il voyait toujours son cher tissu mais il baillait énormément. Avait-il perdit une quantité affolante d'insectes la nuit dernière? Il n'en avait pas le souvenir. Il tourna sur lui même, s'observant sous toutes les coutures, et trouva bientôt une grande vitre qui montrait son reflet face à lui. Un miroir apparemment.
Ce qu'il y vit confirma ses craintes. Il avait bien changé depuis la veille. Le tissu le recouvrant, toujours le même, était plissé de partout. Le Croque-Mitaine avait perdu du volume. Il approcha son visage du miroir, remarquant un autre fait étrange. A travers le tissu, dans les trous lui servant d'yeux, il vit deux iris bleutés qui le fixaient. Ca ne ressemblait pas à un insecte de sa connaissance. Il attrapa l'ouverture lui servant de bouche d'une main et la souleva au dessus de sa tête, laissant le pan de tissu tomber derrière sa nuque comme une vulgaire capuche.

"C'est quoi ça?..." marmonna-t-il incrédule

Il plissa les yeux devant son reflet, ne croyant pas ce qu'il voyait. Il avait un visage. Aucun Croque-Mitaine digne de ce nom n'a de visage. Encore moins un faciès... humain à première vue. Boogey attrapa sa mâchoire et bougea sa tête de droite à gauche pour se convaincre qu'il s'agissait bien de lui. A part le tissu le recouvrant des épaules aux pieds, il ne se reconnut pas. Il avait beau regarder ce nouveau visage sous tous les angles, il ne voyait pas quelle partie de lui ça pouvait bien être. Sûrement une tête mais c'était étrange qu'elle soit humaine.
Il lâcha finalement prise sur sa mâchoire et laissa tomber son bras, son regard plongeant dans le vide. Boogey resta perplexe un instant avant de soupirer un faible "bordel" exaspéré alors qu'il déchirait la couture à l'extrémité de son bras. Ce qu'il trouva ne le rassura pas plus. Bien au contraire.
Il avait des mains. Des mains humaines, avec cinq groupes de phalanges et de la chair autour. Effrayé par cette découverte, il recula de quelques pas, loin de ce reflet traître. Il fit un pas en arrière avant de se retrouver prit dans un rideau en velours qu'il écarta de son chemin en faisant volte-face.

Où était-il?

Face à lui, des tonnes de bouts de tissus humains étaient accrochés sur des barres de fer et autres étrangetés en plastique. Une vendeuse qui trainait là se stoppa net dans ses rangements et fixa le Croque-Mitaine qui observait le décor avec effroi.

"MAIS C'EST PAS VRAI!!" hurla-t-il en perdant son sang froid

"Monsieur... Tout va bien?" demanda la vendeuse en reposant les dentelles et autres froufrouteries qu'elle tenait

"Toi, poupée, j'ai pas besoin de ton aide!"

"Mais... Vous êtes dans le rayon femme et.. et...."

"Dégage, j'ai dis!"

La jeune femme, terrorisée par le regard glacial du Croque-Mitaine en colère, s'éloigna à vive allure en appelant son supérieur dans toutes les allées. Le Boogeyman avait intérêt à ne pas traîner ici. Il s'aventura dans les allées, étonnant tous les clients du magasin par la même occasion, et aperçut finalement la sortie. Il laissa un faible sourire en coin se dessiner sur son visage avant d'entendre la voix de la vendeuse le désigner en parlant "du type habillé comme l'As de Pique". Il en déduisit rapidement que ce n'était pas un compliment - même s'il le prenait comme tel - et décida d'attraper des vêtements humains en vitesse avant de prendre la fuite, suivit de près par deux hommes de la sécurité.

Quand il leur échappa enfin, il était dans une ruelle abandonnée, essouflé comme jamais. Il enfila vite les quelques vêtements qu'il avait chapardé - une paire de jeans et un sweat vert foncé, assortit de rangers noires - et prit son costume de Croque-Mitaine sous le bras. Puis, il partit arpenter les allées de cette étrange cité humaine dont il faisait maintenant partie.
Il faisait encore jour, ce qui avait tendance à éblouir le Croque-Mitaine, habitué à l'astre faisant office de Soleil à HalloweenTown. Il se cacha les yeux d'une main, encore très peu habitué à la lumière ambiante. Il ne fit donc pas attention, en se baladant de ruelle en ruelle, à la jolie poupée qu'il bouscula. Il manqua de tomber, la jeune fille aussi sans doute mais il ne se souciait guère de cette dernière. Le Croque-Mitaine se retourna tout de même pour voir qui il avait bien pu bousculer et fut bien surpris par ce qu'il vit.

Mais avant cela...

La première chose qu'Oogie sentit fut une sensation de brûlure qui le força à plisser les yeux et se mordre la lèvre inférieure. La douleur, encore un truc d'humain. Et dire que la journée ne faisait que commencer.... La seconde chose qu'il ressentit fut de la colère qui, étrangement, fut très vite effacée par le visage désolé de la jolie poupée qu'il avait sous les yeux. Elle était vraiment belle pour une humaine, et elle était clairement différente des autres. A HalloweenTown, elle se serait fait tuer en un temps record mais ici, elle était juste le plus beau détail du tableau. Et oui, n'importe quel homme aurait été sous le charme. N'importe quel homme...

Sauf Boogey.

Qui n'est pas un homme en théorie, mais un Croque-Mitaine. Lui, il s'en fichait royalement de savoir si le sac à viande humain était une jolie femme à ses pieds ou un vieux papy en train de faire un arrêt cardiaque. Et il se fichait tout autant de savoir si sa veste était tâchée ou pas. C'était même pas sa veste en fait. Il l'avait volé avec tout le reste quelques heures plus tôt.

"La prochaine fois que tu me renverse un truc brûlant dessus, pries pour que j'en meurs." lâcha-t-il froidement en secouant sa veste pour la faire sécher

Il leva les yeux, cachés par l'ombre de sa capuche, pour les plonger dans les siens. Elle avait un superbe regard, même Boogey devait l'admettre. Il ne connaissait personne qui avait de tels yeux mais il en aurait été heureux. Non, peut-être pas heureux. Mais... vaguement fier. Si toutes les humaines ressemblaient à ça, il allait vite trouver de quoi s'occuper. Mais pour l'heure, il espérait surtout que les humains connaissaient les casinos. Le premier qu'il verrait deviendrait sans doute comme une deuxième maison pour lui. Plus encore: un paradis. Quelques cartes entre les mains, la mélodie des dés roulant sur une table, et les visages victorieux des gagnants devant le désarroi des perdants. Tout ce qui lui fallait pour bien s'amuser en somme. Faire passer le temps en attendant de trouver comment rentrer chez lui.

Chez lui?

Le monde des fêtes où il n'a ni amis ni foyer. Il ne savait pas comment il était arrivé là. Il se souvenait bien d'un cauchemar mais en avait peu de souvenirs à part le silence et l'obscurité. Il avait toujours crut que le monde des humains n'était qu'un endroit pathétique ou des gosses étaient terrorisés pour un rien. C'était peut-être ça finalement le monde fait pour lui. Un monde où on lui renverse un truc brûlant dessus alors qu'il n'a rien demandé à personne. Etrange façon d'aborder quelqu'un mais pourquoi pas? Il avait connu et fait bien pire dans sa vie d'avant. Plus moche aussi. Non pas que la demoiselle était moche, mais il avait connu des femmes... tout simplement laides, même pour des monstres. L'esthétique est quelque chose de bizarre, surtout quand on vient d'un monde avec des coutumes si spéciales par rapport aux moeurs humaines. Mais il était peut-être le seul à être "tombé" dans le monde des humains par accident. Ca ne lui posait pas tant de problèmes que ça, si on oublie cette apparence qui ressemble à tout sauf à un boogeyman.

En attendant, il avait toujours une poupée face à lui.

Si elle ne partait pas en courant, ce serait déjà un exploit. Boogey n'avait pas du tout l'habitude d'être courtois avec les humains, ni avec qui que ce soit d'ailleurs. En plus, que connaissait-il des humains? Rien, si ce n'est qu'ils ont peur de presque tout. Pratique pour demander quelques réponses. Il faudrait à la donzelle un courage exceptionnel et une envie de trainer avec un monstre pour rester en sa compagnie plus de deux minutes. Tiendra, tiendra pas. Intérieurement, Boogey pariait avec lui même là-dessus. A qui reviendrait la victoire?

"Ah... Mais c'est quoi encore cette connerie?! Ca pue, c'est affreux! Vous, les humains, vous me dégoutez!" dit-il en secouant frénétiquement son sweat dans l'espoir que le café s'évapore plus rapidement

"Je me suis déjà excusée! Qu'est-ce qu'il vous faut de plus?!" se défendit-elle

"Ca y est, je vois le genre. Encore une fanatique de Skellington qui s'indigne dès qu'on n'agit pas en gentleman avec elle. Va casser les pieds à un autre croque-mitaine, moi j'ai autre chose à faire."

"Mais vous êtes fou ou quoi?!"

"Tout de suite les grands-mots...." dit-il en relevant ses manches, n'appréciant guère de sentir le tissu de son sweat lui tomber sur les poignets

Il ne la supportait déjà plus, elle et son caractère de princesse qui se croyait tout permis. Et comme Boogey n'était pas prêt de lâcher l'affaire, cette querelle d'amoureux pouvait encore durer longtemps. Mais la demoiselle non plus n'était pas franchement d'humeur à s'écraser devant lui. Elle lui offrit donc de lui trouver un asile où on lui donnerait sans doute une jolie camisole au fond de sa cellule capitonnée dans laquelle on lui apporterait chaque jour des calmants appropriés. Et Boogey la fixait dans les yeux alors qu'elle monologuait, avec un air entre le dégoût et la stupeur. Quand elle eut finit, il resta silencieux un moment avant de se redresser pour prendre la parole à son tour.

"Ecoute... J'suis pas d'humeur à jouer à qui des deux aura tort avant l'autre. Alors je vais faire demi-tour, oublier ta tête de cinglée, et repartir comme si j'étais jamais venu te parler."

D'habitude, Boogey n'était pas un joueur très fair-play. Mais pour une fois, il avait vraiment envie d'éviter le conflit, surtout pour si peu alors qu'il avait bien plus important à faire n'importe où plutôt qu'ici. Il entreprit donc de repartir mais la demoiselle n'était pas de cette avis. Boogey entendit bientôt des escarpins se rapprocher de lui à toute allure jusqu'à ce qu'une main ne l'attrape par le bras pour le retourner tandis qu'une autre venait le gifler. En moins d'une seconde, il passe de la stupeur à la colère pour enfin finir sur un rire. Mais pas n'importe quel rire. Celui du genre à vous faire frissonner d'angoisse, ce que commençait à faire la demoiselle. Le genre de rire qui venait d'un rictus malsain et tout sauf rassurant pour la suite des festivités.

"Ca, poupée, tu vas le regretter toute ta vie. Du moins... Ce qu'il en reste. Tu veux jouer? Alors t'es bien tombée. Je te conseille de plus jamais t'endormir parce que même si tu me revois jamais, un jour, je serais là. Rien que pour toi." finit-il en gardant le même rictus à faire hurler de peur un cadavre

La demoiselle préfèra ne pas répondre et se contenta de reculer de quelques pas avant de reprendre sa route, encore tremblotante de peur. Boogey garda son sourire et lui fit un signe de la main qu'elle n'eut pas l'honneur de voir, trop occupée à fuir en évitant de croiser son regard. Il la reverrait, ça c'était certain....

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Anonymous
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Lun 8 Avr 2013 - 22:57






Il n'avait pas fallut longtemps à Boogey pour décider de la suivre jusqu'à un bar non loin du quartier où ils s'étaient croisés. Mais il n'avait pas été assez fou pour y rentrer. La nuit tombait déjà et n'étant pas prêt à dormir, il préféra trouver une autre occupation.

Durant des jours entiers, il a erré dans la ville, cherchant des endroits intéressants, fréquentant quelques casinos pour se faire une réputation et de l'argent, mais n'oubliant jamais son but premier: la retrouver.

Un soir, il sortit plus tôt qu'à son habitude de l'hôtel où il logeait pour le moment. Il avait mis la première chemise - noire, comme souvent - qu'il avait trouvé et était sortit bien décidé à faire ce pour quoi il avait attendu plusieurs jours déjà. Il se rendit le plus naturellement du monde vers le bar où il savait qu'elle était chaque soir de sa vie. Il ne lui fallut pas longtemps avant d'apercevoir derrière le bar une chevelure qui ne lui était pas inconnue. Il croisa son regard un bref instant et su immédiatement qu'il ne s'était pas trompé. Un rictus déforma son visage qui semblait encore trop rassurant par rapport aux pensées qu'il avait à cet instant. S'allumant une cigarette, il alla au bar où il la vit rouler des yeux à un client collant. Elle fit demi-tour, laissant à Boogey tout le loisir d'admirer ses courbes généreuses, et reporta son attention sur les verres qu'elle servait avec une aisance stupéfiante. Elle aurait pu jongler tout aussi facilement avec les bouteilles qu'elle renversait et redressait plus vite que son ombre. Même Boogey ne pouvait pas se vanter de battre les cartes aussi vite et avec autant de facilité que ça.
Elle vint bientôt s'occuper de son cas, lui demandant ce qu'il voulait comme pour n'importe quel autre client, appliquant à la lettre le protocole qu'elle répétait tous les soirs face à un visage différent.

C'est là que débutait son petit jeu.

Le bluffeur invétéré n'avait qu'à feindre un spleen aussi factice que son sourire forcé qui ne l'était pas. Il lui confia quelques idées noires qu'elle semblait partagé et pu très vite établir un profil type: elle était belle mais seule, entourée mais incomprise, souvent imitée mais jamais égalée. Quelques verres, une clientèle qui se faisait rare, et la fumée des cigarettes qu'il enchaînait n'aidèrent pas la jolie poupée à reconnaître l'individu qu'elle avait baffé quelques jours auparavant. Il faut dire aussi qu'il avait radicalement changé. Pas seulement dans son comportement passé d'agressif à dépressif mais aussi dans son allure qui semblait plus ouverte à un monde noir de tristesse que fermé à l'idée que les autres pouvaient l'atteindre. Il essayait de se mettre à son niveau pour qu'elle se sente en confiance, comprise, aimée....

Ca lui avait échappé.

C'est, en tout cas, ce qu'il lui avait prétexté quand il avait commencé à évoquer les sentiments trop profonds pour être les siens qu'il osait prétendre avoir un jour éprouvé. Et elle aimait ça, elle qui n'avait jamais rencontre de pareil menteur. Elle buvait ses paroles, écoutant chacun de ses mots comme s'il s'agissait d'un écrit saint. Le beau Judas que voilà....

Ce qu'il aimait chez elle - car oui, il lui trouvait tout de même quelques atouts autres que son physique -, c'était sa franchise. Elle racontait sans mal, au parfait inconnu qu'il était, toute sa vie même les parties les plus sombres. Elle n'avait pas eu une enfance facile. Famille brisée, enfance ratée, avait-elle dit. Boogey aurait pu en être touché s'il avait un jour eu le souvenir d'une famille étant la sienne. La jolie poupée n'avait pas sa langue dans sa poche en somme. Ni dans sa bouche. Pas la sienne en tout cas. Mais Boogey était loin d'en être déçu. Il appréciait de plus en plus son petit jeu et son amusement grandissait à mesure qu'il passait du temps avec elle.

Pourtant, il ne lui fallut que quelques heures avant de découvrir son humble domicile.

C'était un quartier charmant où les dealers et autres filles de joie se liaient d'amitié sur le trottoir à moitié défoncé par le temps et les accidents. Mais elle avait dit qu'elle aimait vivre dans le risque et ne se préoccupait pas de savoir si elle allait encore vivre ou non demain. Un carpe diem forcé par son petit salaire et certaines passions pour la littérature. Elle avait une bibliothèque qui devait valoir plus cher que son appartement au grand complet. Hugo, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Shakespear, King, Poe.... Boogey n'en connaissait aucun. Il n'était même pas capable de lire convenablement ses noms qui étaient inscrits en lettres humaines.

Et elle avait encore bien d'autres similitudes avec ses auteurs favoris.

"Tu ne m'as pas dit ton nom." dit-elle en se posant avec légèreté sur un canapé presque poussiéreux à force d'être délaissé par une poupée qui ne passait visiblement pas beaucoup de temps chez elle

"Mon nom?..." répéta-t-il en décrochant les yeux une seconde de la bibliothèque pour les poser sur sa belle poupée "... Roméo." finit-il par lâcher naturellement "Toi non plus tu ne m'as pas dit le tien."

Elle se leva et vint auprès de lui pour mieux glisser une main sur son épaule qui se trouvait à hauteur de sa tête coiffée de rose et de turquoise. Elle esquissait un sourire que Boogey ne manqua pas de remarquer sans comprendre immédiatement que, pour une fois, elle avait comprit qu'il mentait.

"Appelle-moi Juliette alors." répondit-elle avec une assurance déconcertante "Mais ton nom seul est mon ennemi. Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom." continua-t-elle en passant derrière le croque-mitaine qui l'écoutait avec attention "Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède... Roméo, renonce à ton nom; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi..."

Elle s'interrompit soudainement, glissant d'un pas félin pour se placer devant lui, quitte à s'appuyer contre une bibliothèque prête à tomber sous le poids du papier. Elle leva les yeux vers lui pendant que ses bras s'enroulaient autour de son cou. Le boogeyman se contenta de poser ses mains sur sa taille fine en l'écoutant toujours aussi avidement.

"... Et prends-moi toute entière...." termina-t-elle enfin avant que ses lèvres ne capturent les siennes

Il ne comptait bien sûr pas se gêner outre mesure avec elle. Alors si en plus elle lui priais de son plein gré de jouer un peu avec elle, il n'allait pas s'en plaindre, encore moins lui dire non. Elle descendait déjà doucement ses mains contre son torse, cherchant du bout des doigts chacun de ses muscles, plutôt bien dessinés pour un ancien sac plein d'insectes. Boogey n'avait pas attendu plus encore pour descendre ses mains sous son short de barmaid. Il laissa glisser une main plus bas, attrapant sa jambe pour la remonter contre lui et presque lui faire perdre son équilibre après tous les verres qu'elle avait prit rien que pour l'entendre continuer son tissu de mensonges au bar.
Elle ne savait pas quoi faire, ça se sentait. Boogey non plus cela dit, mais il faisait croire le contraire, prenant les choses en main même s'il ne savait pas encore où cela le mènerait. Elle déboutonnait délicatement sa chemise, n'osant plus rien dire après son ultime citation shakespearienne. Ca n'avait pas arrêté Boogey et ses mots parfois trop crus pour être sortis en de telle situation. Il lui susurrait tout et n'importe quoi dans le creux de l'oreille pour la déstabiliser et se faire passer pour un fou ou un génie. Et tout en le faisant, il la déshabillait autant du regard que du geste en prenant largement son temps alors qu'elle, dans son extrême candeur, n'osait pas encore regarder la couleur de son caleçon. Mais elle finit par se reprendre avant de lasser le boogeyman pourtant fort occupé à la mordre dans le cou simplement pour la faire frémir, laissant aller et venir ses caresses en retenant un sourire vainqueur.

Boogey ne s'y attendait pas et ne savait pas non plus comment réagir ni ce qu'elle voulait précisément. Mais quand il le comprit enfin, il était en train de remettre son caleçon en fumant une autre cigarette pendant que sa Juliette glissait ses mains contre lui, allant de ses trapèzes à ses pectoraux. Il se retourna pour la regarder en face et l'apprécier ainsi à sa juste valeur, même si le peu de lumière ambiante ne lui permettait pas assez d'admirer son joli minois candide au possible malgré sa vingtaine passée de quelques années.

"Et si on jouait?" proposa-t-il avec un sourire en coin sans détacher son regard du sien

"Quoi, encore?" s'indigna-t-elle presque alors qu'elle remontait sur son crâne une mèche rebelle

"Je pensais à autre chose... Comme t'as l'air d'aimer prendre des risques inutiles...."

Elle ne comprit pas tout de suite où il voulut en venir. Mais quand il évoqua un revolver, une seule balle, et un barillet roulant, elle partit comme une tornade chercher un flingue parfaitement réel qu'elle lui confia sans hésiter avant de revenir se presser contre lui. Elle n'était vraiment pas farouche et semblait complètement hypnotisé par ce curieux personnage qui venait à peine d'entrer dans sa vie. Elle n'avait pas le moins du monde peur, se croyant en sécurité là dans ses bras. De son côté, Boogey la tenait contre lui d'un bras tandis que de l'autre, il vérifiait le chargeur du revolver avec un sourire malsain qu'elle eut la chance de ne jamais voir.
Elle se redressa doucement, les mains toujours jointes dans la nuque du croque-mitaine fasciné par le revolver qu'il tenait entre ses mains. il sentit quelque chose d'étrange passer le long de ses omoplates alors qu'elle ramenait ses mains devant elle. Il s'agissait d'une large bande en caoutchouc noire qu'elle tenait entre eux avec un sourire qui se voulait innocent. Il leva un sourcil, un peu perplexe, avec qu'elle ne sorte de derrière elle une seringue dont Boogey avait du mal à identifier le contenue. Elle lui demanda s'il avait confiance en elle, ce à quoi il répondit positivement. Elle attrapa alors son bras, l'autre tenant toujours fermement le revolver, et noua l'élastique autour comme pour garrotter ses veines. Le croque-mitaine l'observait sans trop comprendre jusqu'à ce qu'elle lui assure que ça lui ferait bientôt plus de bien que de mal. Elle reprit en main la seringue et piqua doucement en visant une des veines de son bras gauche. Il sentit la douleur et même la substance se répandre à travers son réseau sanguin. Quand elle eut finit, elle répéta la même opération pour elle tandis que Boogey se sentait soudain sensiblement différent. C'était une enivrante douceur qui provoqua chez lui une poussée d'adrénaline.

Et ils purent enfin revenir à leur jeu premier.

Une main lui tenant la mâchoire, l'autre braquant le revolver sur sa tempe dont il avait écarté une mèche de cheveux gênante, Boogey la regardait fixement dans les yeux en comptant à voix haute pendant que le barillet tournait encore.

"1..."

Elle approcha son visage du sien qu'il penchait déjà légèrement pour faciliter les choses. Puis, il continua son décompte en armant le revolver.

"2..."

Ses yeux bleus se fermirent après les siens, à elle, tandis que leurs lèvres se rencontraient pour peut-être la dernière fois de la soirée.

"3..." lâcha-t-il en s'écartant une demi-seconde d'elle avant de reprendre où il en était

Au même moment, il appuya sur la détente.

Le reste de la scène sembla se passer au ralentit pour elle, en accéléré pour lui. Aucun des deux n'étaient supposés savoir ce qui allait se passer. C'était ça le jeu. Mais Boogey, -Roméo, pardon - était encore un mauvais joueur qui ne supportait jamais de perdre. Aussi, il trichait quand c'était son tour mais laissait le hasard décidé quand c'était à lui d'avoir le canon collé contre la tempe.

Boom....

C'est ce qu'ils auraient entendu si le barillet s'était arrêté sur une balle. Mais au lieu de cela, ils n'entendirent que le déclic signifiant qu'elle avait survécu à une nouvelle manche. Juliette laissa échapper un rire nerveux mais soulagé en relevant les yeux celui qui était son Roméo pour la soirée. Il souriait, fier d'avoir encore réussit à lui faire peur même s'il savait parfaitement qu'elle ne risquait rien. Il voulait juste lui faire croire le contraire, qu'avec lui, elle jouait toujours gros, qu'elle jouait toujours trop.
Le boogeyman ne perdit pas son temps et reprit vite le cours de son petit jeu, glissant une main sur sa jambe qu'elle gardait à demi repliée tandis que ses lèvres venaient chercher son cou là où ses cheveux roses et turquoise ne tombaient pas en cascade. Juliette, elle, restait immobile, les doigts crispée sur le col de la chemise du croque-mitaine. Elle fermait les yeux, profitant de l'instant et espérant secrètement qu'il n'allait pas perdre la partie et finir ta tête criblée d'une balle. Il arma le revolver et posa un doigt sur la détente, le canon prêt à tirer à travers son crâne. Il commence son décompte, ne sortant des chiffres qu'entre deux souffles qui la faisaient à chaque fois frissonner un peu plus à mesure qu'il approchait du nombre fatidique.
Au dernier moment, alors qu'il avait déjà un doigt sur la détente, il dévia légèrement le canon, peut-être volontairement, peut-être pas. Quoiqu'il en soit, le coup partit cette fois et tous deux purent entendre le fracas de l'ampoule qui éclata au contact de la balle. Le croque-mitaine et sa poupée d'un soir se redressèrent brusquement pour réaliser que, même en rouvrant les yeux, ils ne voyaient toujours rien. Plus de lumière, l'appartement était plongé dans la pénombre et faiblement éclairé par la lumière d'une enseigne lumineuse qui s'étendait à travers la fenêtre aux stores relevés.

"J'ai plus envie de jouer...." lâcha-t-elle avec candeur en se réfugiant contre lui

"Tu dis toujours ça quand c'est à moi de rejouer...." répliqua-t-il avec un sourire malsain pendant que ses mains remontaient dans son dos frissonnant de peur

C'était ça qu'il aimait avec elle. Il n'avait pas trop à se forcer pour la terroriser et même si c'était lui la cause de toutes ses terreurs, elle persistait à le croire son protecteur. Qu'il l'aiderait en cas de problème, la sauverait même du pire, alors qu'il aurait fait tout le contraire. C'est lui qui l'attirait dans une spirale malsaine où elle ne serait bientôt plus que l'ombre d'elle-même. Boogey, lui, ne faisait que jouer avec elle et le ferait encore jusqu'à ce que ça ne l'amuse plus. Il la dévorait du regard pour ne jamais oublié son visage désemparé par la peur, son attitude renfermée qui tentait de la protéger du pire, et les frissons d'angoisse qu'il lui infligeait à chaque fois qu'il l'effleurait.
La peur l'épuisait aussi bien physiquement que psychologiquement. Toutes les seringues du monde n'auraient pas suffit à la garder éveillée face au Prince des Cauchemars en chair et en os. Elle tombait de fatigue, une chose que Boogey ne connaissait pas personellement. Il resta là une heure, peut-être plus, la regardant sombrer de plus en plus loin dans un monde qui avait autrefois été son royaume et l'abandonna là, en proie à d'horribles cauchemars comme lui seul pouvait en créer.
Avant de quitter les lieux, il jeta un dernier regarde à la large bibliothèque trop parfaite pour ne pas lui donner envie de la renverser. Plongée dans ses cauchemars, sa douce Juliette ne l'avait pas entendu et il repartit donc en prenant tout de même un souvenir. Il n'alla pas à la première page mais bien à la dernière où le personnage du Prince lui rappella sans mal le Prince des Cauchemars qu'il était encore.

"Car jamais aventure ne fut plus douloureuse que celle de Juliette et de son Roméo...." lâcha-t-il avec un sourire malsain en proclamant ce monde son nouveau terrain de jeu



The End


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