« Mais non, c'est pas assez bleu ! Oh t'as vu Ange ! Ça ressemble à la table des Darling ! Hayley, regarde ! Ils ont fait une commode Peter pan ! Ah, il y a Clochette aussi ! Je comprends pas pourquoi tu l'apprécies pas ! »
En ce doux début de mois de mai parisien, Lucy était en train de se chercher un mobilier chez IKEA, pour sa chambre qu'elle partageait avec Crocky. Elle arpentait les allées en compagnie d'Ange et Hayley. L'ancienne chienne n'avait pas eu l'occasion de se soucier de l'ameublement de sa chambre. En effet, arrivée en mars, elle avait été tout de suite envoyée chez Archimède, par Ange pour apprendre à lire et écrire. L'ancienne chienne était donc partie pour Londres où elle avait dormi chez Clochette. Lucy, anciennement Clémence, avait passé tout le mois d'avril en apprentissage intensif sous l'oeil attentif d'Archimède. Maintenant, l'humaine savait lire et écrire. Elle en avait bavé, mais le résultat était là. Lucy s'était montrée persévérante et cela avait porté ses fruits. Ainsi, Clémence ou plutôt Lucy, depuis qu'elle s'était faite une nouvelle identité, afin d'aller avec sa nouvelle apparence d'humaine, était à IKEA. Elle n'y était pas seule, puisque ses colocataires, Ange et Hayley, l'accompagnaient. Aux yeux de leur propriétaire, les deux blondes étaient sœurs et Lucy était leur cousine.
Lucy était tout étonnée de tout cet ameublement. C'était la caverne d’Ali baba ! L'ancienne chienne n'en revenait pas. Tandis qu'elle s'exclamait sur la beauté d'une armoire, elle se retourna et constata l'absence de ses deux colocataires. Surprise, elle songea qu'elle avait dû les perdre dans les rayons adjacents. Rien. Elles n'y étaient pas. L'ancienne chienne commença alors à arpenter de plus en plus inquiète les rayons. Personne. Elles ne l'avaient quand même pas abandonnée ? Si ? Se sentant de plus en plus seule, ses plus grandes peurs, la peur de l'abandon et la perte de sa famille, vinrent la consumer. Paniquée, les larmes aux yeux, la jeune parisienne sortit du magasin. Se laissant conduire par ses anciens instincts, elle retrouva seule le chemin de son appartement à travers le dédale de rue.
Lucy monta les marches en courant, n'empruntant pas l'ascenseur, elle n'avait qu'une envie, qu'un besoin, retrouver son doudou. Sa peluche ? Sa couverture ? Non. Lucy avait bien plus original, voyons ! Lucy avait Crocky, enfin Thomas, mais elle le surnommait Crocky. En effet, c'était un jeune homme qui venait du même monde qu'Hayley. Seulement, il n'était pas une sirène comme elle, ni un chien, mais un ancien crocodile, d'où le surnom sous lequel Lucy l'affublait. Il était son Crocky à elle. Ils vivaient ainsi tous sous le même toit. C'était une véritable ménagerie chez eux, entre les anciennes sirènes, les anciens crocodiles et les anciens chiens. D'ailleurs, le chien d'Ange était le seul animal du logement à ne pas venir de leur monde et ne pas être un humain anciennement animal. Pour en revenir au doudou, Lucy avait l'habitude de se blottir contre lui, lorsqu'il y avait un problème, pour se réconforter ou simplement pour dormir. Ils partageaient d'ailleurs la même chambre et le même lit. Après tout, on ne dort pas avec son doudou dans une autre pièce. Cela avait arrangé tout le monde, chacun avait sa chambre.
Lucy ouvrit à la volé la porte de l'appartement. Elle chercha des yeux son doudou chéri et lorsque son regard brun embrumé de larmes tomba dessus, elle fonça. Elle se jeta dans ses bras et s'y blottit, telle une enfant apeurée.
Les achats. C’était stupide qu’il faille acheter les choses avec de l’argent. Pourquoi ne pas juste les prendre ? Ou alors les échanger pour quelque chose d’autre? C’est ce qu’on faisait à Neverland et ça évitait beaucoup de disputes! Comme par exemple : Les disputes que j’avais fréquemment avec les commerçants, car je n’avais pas l’argent juste! Ce n’était pas de ma faute s’il était écrit sur les paquets un prix et qu’à la caisse le prix changeait de quelques centimes ! Ces disputes n’étaient pas rares lorsque j’allais au marché puisque je ne comprenais pas le principe des taxes et je crois que c’est pour cela qu’on me laissa à l’appartement lorsque les filles partirent pour un magasin IKEA qui se trouvait à être un endroit où l’on achète des meubles. J’ai piqué une crise de larmes quand on n’a annoncé que je ne pouvais pas venir avec elles, mais je me dis que c’était mieux comme ça, je me serais sans doute perdu ou j’aurais grignoté les meubles.
Je passai donc une partie de l’après-midi seul dans l’appartement avec Bouboule. Oui, je sais que ce n’est pas son vrai nom, mais je l’oubli toujours et puis il est tellement poilu qu’on dirait une grosse boule blanche! Tati Hayley l’appelle l’ours polaire, mais selon les documentaires à la télévision, je ne crois pas que ça en soit véritablement un, je crois plutôt que c’est un… Un… En fait, je ne sais pas du tout ce que c’est, car je n’arrive même pas à voir ses yeux.
Au bout d’un moment, je commençai à m’ennuyer. Être seul, c’est long, surtout lorsqu’on ne sait pas quoi faire. Je n’allais tout de même pas prendre un bain puisque j’y avais déjà passé toute l’avant-midi. Il n’y avait plus de dessins animés à la télévision et je ne savais pas comment faire fonctionner le lecteur DVD. Je n’allais pas non plus me faire à manger, car je risquais de me tuer avant même d’avoir pris un couteau et si je finissais par survivre à la préparation, je risquais bien me m’empoisonner. Je décidai finalement de faire un puzzle de soixante-dix morceaux qui m’occupa pendant une heure trente. Heureusement, Lucy arriva pour me tenir compagnie!
Je l’accueillis avec un grand sourire et les bras grands ouverts pour avoir un gros câlin, comme à mon habitude quand je manquais d’affection, mais son visage rougit et les larmes qui lui coulaient sur son visage délicat me sonna des cloches et je me levai du sol pour aller la serrer moi-même, mais elle me fonça littéralement dessus et se blottit dans mes bras en me disant qu’elles l’avaient abandonné. Abandonner ?! Mais ce n’était pas le genre de Tati Hay… Non, en fait, c’était tout à fait son genre de faire ça… C’était un caractère de sirènes.
▬ C’est pas grave Lucy, tu vas finir par les retrouver…!
Je lui caressai les cheveux et je la serrai fort dans mes bras, puis je m’éloignai un peu d’elle et je lui pointai mon casse-tête du doigt. Je ne l’avais toujours pas terminé, j’étais en train de me prendre la tête avec alors qu’il me restait que quelques morceaux.
▬ J’y arrive pas! Il me reste 1, 2, 6, 4, 8, 5… 3 morceaux à mettre! Tu veux m’aider à terminer ?
M’aider allait peut-être lui faire changer les idées et je ne savais pas compter, mais j’étais sûr que Lucy oui et qu’elle pouvait bien me dire combien de morceaux j’avais réellement à mettre dans le puzzle. Je lui fis les yeux doux, puis lui tendis un morceau complètement blanc et avec que deux côtés à assembler.
▬ Je comprends pas où il va lui! Je le mets au milieu, mais il veut pas s’attacher aux autres!
Après avoir énoncé les faits, entre deux pleurs, l'ancienne chienne écouta les paroles de Thomas. Lucy secoua la tête aux paroles de son doudou. Elle n'était pas tout à fait d'accord avec son Crocky.
« Non, enfin oui... mais... c'était... un abandon volontaire ! »
Lucy pleura alors davantage. Sa plus grande peur, celle de l'abandon, s'était réalisée. L'ancienne chienne en voulait sur le moment à ses deux colocataires et amies de l'avoir laissée seule chez IKEA. Après, son doudou avait raison, elle allait les retrouver et Lucy en sera ravie. Elle n'était pas rancunière, elle ne leur en voudra pas, mais voudra des explications. On abandonne pas une amie de la sorte sans explication !
Lucy commença à se calmer en se blottissant davantage dans les bras de son doudou chéri. Il lui caressa les cheveux en la serrant dans ses bras. Cela eut pour effet de calmer la pauvre Lucy, qui était devenue une fontaine. Elle renifla. Son doudou s'écarta doucement d'elle. La jeune femme essuya alors ses larmes d'un revers de manche en écoutant son doudou. Elle sourit même et rigola doucement. Ce qu'il pouvait la faire rire. Il n'arrivait toujours pas à compter et la façon dont il le faisait, faisait rire Lucy. Ce n'était pas méchant. Après tout, Lucy aimait trop son doudou pour rire méchamment de lui ou se moquer. Elle accepta donc de l'aider, heureuse de la proposition. Elle s'approcha ravie de son doudou. Et puis, comment résister à son doux regard ? C'était fou comme cet ancien crocodile enfantin savait lui remontait le moral, par ses mots, par sa présence, par ses gestes et ses idées. L'ancienne chienne toucha du bout de ses doigts les morceaux de puzzle, qui jonchaient le sol.
« Il te reste, 1...2...3...4...5...6...7...8...9...10...11...12...13...14...15...16...17. Il te reste dix-sept morceaux à mettre. T'as bientôt fini. Ça fait longtemps que t'es dessus ? »
Lucy se demandait s'il avait commencé tout de suite après leur départ ou non. Curieuse, elle voulait savoir. Elle regrettait même qu'il ne soit pas venu avec elle, mais les deux blondes avaient refusé. Crocky lui tendit une pièce du puzzle, que la jeune brune saisit avec un sourire. Elle rigola même gentiment, telle une sœur, sans chercher à être méchante ou à se moquer.
« C'est normal, Crocky, il ne peut pas aller au milieu. Tu vois -Lucy lui désigna le rebord- il n'a pas de trou ici. Il va sur les bords. »
Lucy étudia le puzzle et chercha où la pièce pouvait aller. Elle finit par trouver assez rapidement l'emplacement du morceau.
« Il va là ! »
Lucy lui sourit, puis s'empara d'une nouvelle pièce et chercha à la placer au bon endroit.
L'humaine au collier bleu venait de trouver l'emplacement de la pièce. Elle était heureuse. Il n'y a pas de petites victoires, surtout pas pour eux deux. Ainsi, chacun s'empara à nouveau d'une pièce et chercha où elle pouvait bien aller. Ils avaient presque achevé le puzzle. Il ne restait déjà plus beaucoup de pièces avant l'arrivée de Lucy. Ainsi, ils avancèrent rapidement jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une seule. Leurs regards se croisèrent et Lucy laissa Crocky poser la dernière pièce. Lorsque le puzzle fut terminé, ils se regardèrent et se sourirent en une parfaite complicité, puis ils tapèrent dans la main de l'autre. Un high-five digne de ce nom ! Lucy regarda plus attentivement le puzzle et trouvait le rendu plutôt excellent. Elle eut une idée. Ange et Hayley l'avaient laissée seule à IKEA, Lucy n'avait donc rien pris pour sa chambre, pas de décoration ni de meubles, rien. Et bien, tant pis, elle le ferait sans elle, avec celui qui partageait sa chambre.
« Ça te dirait de l'encadrer et de l'accrocher dans notre chambre ? Et on pourrait redécorer notre chambre, non ? Je suis sûre qu'on peut se trouver des choses. Il me manque juste un lit et une armoire et peut-être une table de nuit aussi. Enfin, oublie le lit. Je ne pourrais pas bien dormir sans me blottir contre de toi, de toute façon. On pourrait peut-être en prendre un plus grand, non ?»
En effet, Lucy dormait pour l'instant dans le même lit que Crocky et ses vêtements et affaires étaient éparpillés entre les différentes armoires, entre celle de Crocky, d'Ange et celle de l'entrée. Il était temps qu'elle ait ses meubles et que ses affaires ne soient plus éparpillées aux quatre coins de l'appartement. Ainsi, une farandole d'idées vinrent inonder la tête brune de Lucy pour remédier à la situation. Maintenant que Lucy était bien rentrée de Londres, elle était décidée à vraiment s'installer.
« Et on pourrait la repeindre aussi ! Oh je crois que notre voisin a encore de la peinture. Il m'a dit ça hier. Il ne sait plus quoi en faire. On pourrait lui demander. T'en penses quoi ? »
Combien de temps je pouvais bien être sur ce casse-tête..? Je soulevai les épaules comme réponse. Je ne savais pas lire l’heure, comme je ne pouvais pas savoir combien de seconde il pouvait y avoir dans une minute et combien de minutes dans une heure… La seule chose que je pouvais dire c’était que ce truc méritait bien son nom puisque je commençais franchement à avoir mal au crâne à réfléchir aussi fort. Heureusement, Lucy me dit que c’était presque terminé et en plus elle m’aidait à le faire. Tout le monde sait que ma Lucy est super intelligente et que nous allions terminer ce puzzle dans l’espace de le dire! Les morceaux finirent par trouver leur place et il en resta plus qu’un seul à installer. Je voulus laisser mon amie le mettre, mais elle voulait à tout prix que je le mette. Je lui répondis en souriant puis je tournai dans tous les sens possible le morceau que j’avais dans les mains jusqu’à qu’il s’emboîte parfaitement dans l’espace restant.
▬ Yaaaay! On a réussi! Criai-je.
Je présentai ma main à mon amie qui me tapa fort dedans pour nous féliciter de cet exploit. Je fus légèrement propulsé vers l’arrière et, ne m’attendant pas à cette force, je basculai et je me retrouvai sur le dos, incapable de me rasseoir, comme si j’étais une pauvre petite tortue brutalisée. Je me plaignis quelques instants en me dandinant dans tous les sens, jusqu’à ce que je tombe sur le côté et que je réalise que je pouvais m’installer à nouveau sur mes fesses. J’avais encore beaucoup de difficulté à me souvenir que je n’avais plus de queue collé à mon dos et qu’il était plus facile de bouger maintenant.
Nous regardions notre réussite pendant quelques secondes jusqu’à ce que mon amie me proposa de l'encadrer pour personnaliser un peu notre chambre qui était bien loin d’être chaleureuse avec tous ses vieux meubles et nos vêtements tous empilés les uns sur les autres par manque d’espace. Elle avait raison, nous avions vraiment besoin de nous installer comme nous le souhaitions puisque nous allions probablement rester longtemps à Paris à cause de la disparition de la deuxième étoile dans le ciel.
▬ J’aime dormir avec toi aussi… C’est comme dormir avec les fleurs parce que tu sens bonne. Allons voir le voisin pour chercher de la peinture!
Je me levai d’un bon et je pris la main de Lucy pour l’entraîner avec moi dans le corridor et aller cogné à la porte du dit voisin. Il ouvrit la porte quelques minutes plus tard après avoir débarré les nombreuses serrures supplémentaires qu’il avait fait installé, sans doute pour empêcher qu’un de ses chats s’enfuisse. J’en réceptionnai un tout blanc et poilu comme Bouboule, mais qui était beaucoup moins lourd que celui-ci. Je lui caressai fortement la tête en poussant ses oreilles vers l’arrière ce qui faisait comme effet que ses yeux devinrent étirés chaque fois. C’était plutôt amusant.
▬ On veut la peinture, dis-je finalement en oubliant le ''s’il vous plaît'' que tata Ange m’avait enseigné, Lucy et moi on veut peindre notre chambre.
Le vieil homme me regarda avec un drôle air pendant que je continuais à câliner son chat. Il détourna finalement le regard vers Lucy et lui demanda d’entrer pour chercher la peinture demandé.
▬ J’ai du bleu, du mauve et du gris. Prenez ce que vous voulez, de toute façon je ne sais pas quoi en faire depuis que mon gendre est venu peinturer mon salon.
Lorsque Lucy sortie finalement de l’appartement qui sentait bizarre, je pris un des galons de peinture et je souris à notre voisin qui semblait vouloir son chat que je tenais toujours dans mes bras.
▬ - Oh non! Je le veux encore un peu! Je l’aime et il m’aime! Je vais venir vous le reporter après avoir peinturé notre chambre!
Après avoir tapé dans la main de son doudou adoré, un sourire étira ses lèvres. Il avait toujours le don d'illuminer son visage. Cette fois, c'était dû à son comportement. Son Doudou venait de se retrouver sur le dos. Il avait toujours du mal à se faire à l'idée qu'il n'avait plus de queue. Pour Clémence, enfin renommée maintenant aux yeux de ce nouveau monde Lucy, ça n'avait pas été simple non plus. Elle avait dû de se faire à son corps d'humaine. Ses anciennes pattes lui manquaient et surtout sa fourrure et ses magnifiques oreilles. Seulement, elle s'y était faite. Pour prendre soin de son nouveau corps, Hayley était là pour l'aider. Que ce soit le brossage, l'hygiène ou l'embellissement, son modèle féminin s'y connaissait. Quant à prendre pleinement conscience de son corps, Lucy avait un travail pour cela. En effet, elle travaillait depuis quelques semaines, le soir dans un cabaret où elle y était danseuse. Il n'y avait rien de mieux pour apprendre à maîtriser son corps d'humaine. L'ancienne chienne était maintenant plus habile avec son corps qu'à son arrivée et elle savait le remuer à volonté. Dire qu'à son arrivée, elle avait eu du mal à marcher. Heureusement qu'Ange avait été là pour la ramasser dans la rue et la soutenir pour l'escorter jusqu'à l'appartement. Elle n'était pas tombée de tout le trajet ! Un miracle, qui n'avait pas duré à la venue d'Hayley, puisque Lucy lui était tombée dessus. Maintenant, ce temps était révolu. Elle arrivait même à marcher sur des talons ! Et surtout, elle maîtrisait son corps et savait le mouvoir comme elle le voulait. Elle dansait comme une vraie humaine. Même mieux que certaines humaines ! Elle en était fière. Enfin, sa fierté était surtout d'avoir Crocky dans sa vie. Un Doudou aussi merveilleux que lui, Lucy n'aurait pu rêver mieux.
Crocky se redressa sur son arrière train, Lucy fière de son doudou et de leur exploit proposa de l'encadrer dans leur chambre. Ce n'était pas rien ! Ils avaient réussi à faire un puzzle ! Eux d'anciens animaux enfantins ! Et puis, c'était une façon d'égailler leur chambre. Il était d'ailleurs temps que les deux colocataires s'y installent convenablement. Lucy proposa de s'en occuper et de la repeindre. Crocky en fut ravi et s'enthousiasma tellement qu'il la prit par la main et l'entraîna hors de leur appartement, pour aller sonner chez le voisin afin de se procurer de la peinture. L'ancienne chienne était ravie de l’enthousiasme de son doudou chéri. Cela promettait une bonne après-midi.
Lorsque le voisin ouvrit la porte, un chat s'échappa de l'appartement pour aller dans les bras de Crocky. Lucy lança un regard noir à ce vilain tas de fourrure. L'ancienne chienne était quelque peu jalouse du chat. Qu'est-ce qu'il avait de plus qu'elle ? Qu'il aille se chercher un autre Doudou ! En fait, ce n'était pas tellement ça le problème, mais plus qu'il soit un chat et que Crocky les aime. C'était sûrement son côté chien qui lui revenait au galop. Lucy n'appréciait pas qu'on lui préfère un chat. Les chats ne l'avaient jamais vraiment dérangée, jusqu'à ce qu'elle rencontre les siamois de Tante Sarah. Ce qu'elle pouvait les détester ! Eux et leur maîtresse ! Autant le dire, entre Lucy et les chats, ce n'était pas le grand amour ! C'était donc majoritairement pour cette raison que Lucy fusilla du regard le chat du voisin. Crocky prit le premier la parole et son discours interloqua leur voisin, qui le regarda bizarrement. Le sexagénaire se tourna alors vers Lucy. Celle-ci lui fit son plus beau sourire. Elle savait s'y prendre avec les humains, ils n'étaient pas si différents de ses anciens maîtres.
« Bonjour monsieur Belletour, comme Thomas vous l'as dit, nous aimerions repeindre notre chambre. Vous m'aviez dit hier après-midi, dans l'ascenseur, que vous aviez de la peinture de disponible. -Oui, je m'en souviens. -Nous aimerions savoir s'il serait possible de vous l'empruntez, s'il vous plaît, pour l'après-midi. -Bien sûr. Venez ! Entrez ! »
Lucy entra alors et suivit le guide, qui il lui parla en même temps.
« Vous allez pouvoir choisir les couleurs. J’ai du bleu, du mauve et du gris. Prenez ce que vous voulez, de toute façon je ne sais pas quoi en faire depuis que mon gendre est venu peinturer mon salon. -Oh je vous prends la bleue ! »
Lucy et le bleu, c'était une grande histoire. L'ancien animal à quatre pattes, prit également le pot de peinture gris. Cette nuance de gris se mariait très bien avec le ton du bleu. Elle pourrait voir avec Crocky s'ils peigneraient tout en bleu, ou s'ils peigneraient trois murs bleus et un gris, ou deux bleus et deux gris.
Clémence sortit de l'appartement, tandis que leur voisin restait sur le pas de la porte. Lucy tendit un pot à son Doudou, qui le saisit.
« Bonne après-midi ! -Merci, vous aussi ! et merci encore pour les peintures. »
Elle lui sourit, puis se dirigea vers leur appartement, quand Crocky s'adressa à leur voisin. Il était sérieux ! Il comptait réellement emporter ce parasite dans leur appartement ?! Lucy se tourna vers le voisin, priant pour qu'il récupère son animal.
La bonne humeur de Lucy s'envola lorsqu'elle franchit le seuil de leur appartement. Le voisin avait cédé et le chat envahissait son espace vital. Ce dernier sembla le sentir puisqu'il vint se frotter contre elle. Elle baissa le regard et ses yeux bruns rencontrèrent ceux verts du chat. Il semblait différent des siamois. De nature clémente, Lucy le caressa et le laissa finalement entrer dans sa chambre, où après avoir posé les peintures, elle enfila une vielle chemise sur sa salopette en jean. Elle noua ses cheveux en un chignon rapidement fait, tout en souriant devant Crocky, qui semblait apprécier l'invité. Puis, elle ouvrit un pot et se saisit d'un pinceau. Soudain, une illumination la frappa. Il fallait protéger le lit et leurs affaires ! Lucy se dirigea vers le couloir et sortit de vieux draps d'un placard mural. Elle recouvrit leur lit, puis avec Crocky, sortit la majorité de leurs affaires en vrac dans le couloir. Si les blondes débarquaient, elles n'apprécieraient sûrement pas ce bazar. Ce serait bien fait pour elles, elles n'avaient pas qu'à l'abandonner à IKEA !
« Je crois qu'on est prêts. Du coup, pour les couleurs, on fait comment ? Je te préviens, je veux au moins un mur bleu ! »
Après s'être mis d'accord, ils commencèrent l'atelier peinture. Lucy peignait avec application, quand leur invité vint la voir. Etant joueuse, elle agita doucement le pinceau devant le chat, qui leva la patte pour tenter de le saisir. Cela fit rire Lucy, qui le fit tournoyer avec habilité dans sa main. Le chat, tout aussi joueur, tenta de l'intercepter. Dans un bond agile, il se saisit du pinceau et quitta la chambre en reversant un pot au passage.
« Eh reviens ! Rends-moi le pinceau ! C'est de la triche ! »
C'est ainsi que l'atelier peinture commença par une course poursuite dans l'appartement. Lucy songea que si le chat allait dans la chambre d'Hayley et y laissait des marques de peintures, elle et Crocky passeraient un sale quart d'heure.
J’avais l’impression que Lucy me regardait bizarre. Quoi? J’avais des écailles sous le nez? Ma queue de crocodile était revenue ? Non? Mais qu’est-ce qui se passait alors ? Je traversai alors le couloir un sceau de peinture dans une main et le chat dans l’autre tout en me demandant ce qui n’allait pas chez mon amie. Je déposai finalement le chat sur le plancher du salon et je refermai immédiatement la porte d’entrée, car notre invité semblait vouloir déguerpir.
▬ Moi je t’aime et jamais je te ferai bobo. Me contentai-je de dire à l’animal avant de le flatter
Suite à ce moment de tendresse, le chat me suivit jusqu’à la chambre que Lucy et moi allions peinturer. Lucy se changea et c’est à ce moment que je réalisai qu’il fallait que moi aussi je me change sauf que contrairement à Lucy, je n’avais pas encore de vieux chandails et je savais que si j’en tachais un de peinture tata Hayley n’allait pas être contente puisque c’était elle qui m’avait acheté tous mes vêtements. Je préférai donc enlever ma chemise et peinturer notre chambre torse nue. À ce que j’avais vu à la télévision, les hommes faisaient souvent ça quand il faisait trop chaud et puis Lucy et moi prenions des bains ensemble donc c’était plutôt la même chose.
J’ouvris les pots de peintures et je vis enfin les couleurs que notre voisin nous avait donnés. Je les aimais beaucoup, surtout le bleu. Le bleu c’est beau. Mon amie sortit alors de la chambre pour en revenir avec de vieux draps qu’elle mit sur les meubles pour les protéger. De mon côté, je voulus l’aider en en mettant un sur le lit, mais je n’avais pas les bras assez longs pour le mettre au quatre coins donc je tombai au final tête première sur le lit, les bras qui faisaient toutes la largeur du lit.
▬ Gniaaa! Criais-je avant de rouler sur le côté et de tomber en bas du lit.
Je me relevai sans perdre trop de temps et sans même pleurer tellement l’envie de peinturer notre chambre était grande.
▬ Moi aussi j’aime le bleu! Mais je veux du gris aussi! Un mur gris et trois bleu! Celui-là le gris! Dis-je en pointant le mur où se trouvait habituellement notre lit
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je pris le pot de peinture grise et j’allai vers le dit mur pour le peindre pendant que Lucy faisait les autres. Bien sûr, j’allais lui aider ensuite lorsque mon mur serait fait parce que sinon ce ne serait pas séparé égal. N’ayant pas de pinceau avec moi, je décidai de plonger mes mains directement dans le pot et d’étendre la matière colorée en les frottant contre le mur. Ce n’était très efficace et au final, je trouvai un pinceau qui avait glissé sous le lit. En utilisant le pinceau, je réalisai que c’était beaucoup plus rapide et beaucoup plus joli qu’avec les mains.
J’entendis des petits bruits de pas venir en direction de notre chambre et lorsque je tournai la tête pour voir ce que c’était, je vis alors mon amie jouer avec notre invité. Je souris et j’eus envie de les rejoindre, mais leur partie de jeu s’arrêta rapidement lorsque le chat disparut avec le pinceau et que Lucy se mit à courir pour le rattraper. J’échappai mon pinceau par terre, ce qui salit le plancher qui n’était pas protégé et je sortis de la chambre d’une façon si pressé, que je marchai dans la flaque de peinture et je me mis à laisser des traces de pas bleu sur le plancher de l’appartement.
Après quelques secondes, je vis enfin le chat fuir Lucy avec dans sa gueule le pinceau volé qui laissait des marques bleus sur les murs. Je voulus l’attraper en lui sautant dessus, mais je le ratai de justesse et je tombai les deux mains couvertes de peinture fraîche au sol. Je me relevai rapidement et je continuai à courir derrière le chat pour lui enlever l’objet. Chaque fois que je voulais l’attraper, je tombai ou fonçai dans un mur, ce qui rendit l’appartement multicolore. Je finis par en avoir assez de toujours tomber et je savais que j’allais avoir tout plein de bleus le lendemain. Je décidai donc de proposer quelque chose à mon amie.
▬ Le chat est derrière le canapé! Approches toi de lui par l’avant et je l’attraperai par derrière!
Lorsque nous fîmes en position, le chat ne se doutait pas de ce qu’il allait se produire et le plan fonctionna à merveille. Je lui enlevai le pinceau de sa gueule et le donna à la brunette. Je caressai la tête du chat et je lui fis les gros yeux pour qu’il comprenne qu’il n’avait pas le droit de faire cela.
▬ Je vais aller le redonner au voisin. Finis-je par dire en réalisant que ce n’était pas une bonne idée qu’il soit avec nous.
Je sortis donc de l’appartement et j’allai cogner chez le vieil homme qui nous avait donné la peinture. Comme plus tôt, il prit un certain temps avant d’ouvrir, mais contrairement à ce que j’avais pu croire, l’homme n’était pas heureux de revoir son chat.
▬ Mais pourquoi est-il devenu bleu et gris?! Qu’avez-vous fait à mon chat ?!
▬ Votre chat n’est pas gentil. Nous ne le voulons plus. Bye.
Je tournai les talons pour partir, mais je me ravisai.
▬ Et merci!
J’avais été gentil, je lui avais dit merci! Tata Hayley allait être tellement contente de voir que j’étais devenu bien élevé et qu’en plus de ça, j’avais su peindre ma chambre sans qu’il n’y arrive de fâcheuses accidents. Les gens pouvaient bien dire ce qu’ils voulaient à mon sujet, mais je n’étais surtout pas irresponsable!
Les deux amis se concertèrent quant à la couleur et tombèrent d'accord pour le bleu et le gris. Ils se mirent ensuite en tenue. Après avoir enfilé une vieille chemise, Lucy regarda Crocky retirer son haut, n'ayant pas de vieux vêtements. Lorsque Crocky se mit torse nu, cela ne choqua pas Lucy, ni ne l'excita. Elle prenait des bains avec lui, comme le font les enfants entre eux. Et puis, pour ce genre de choses, ils étaient comme deux enfants de cinq ans. Aucune gêne de ce point de vue là. Après tout, il n'était pas son doudou, son confident, son frère pour rien. Il était comme une partie d'elle, il n'y avait donc aucune gêne à avoir.
Lucy peignait soigneusement. Elle tenait à ce que leur chambre soit resplendissante. C'est alors que le chat vint la voir. Elle commença alors à jouer avec lui et ce dernier se sauva avec le pinceau entre les dents. Lucy lui courut après, suivi de Crocky. Le jeu du chat et de la souris se mit en place, sauf que le chat n'était pas celui qu'on croyait. L'ancienne chienne et l'ancien crocodile n'étaient pas de bons chasseurs. Ils courraient derrière leur proie, mais la seule chose qu'ils réussirent à faire, c'est causer plus de dégâts. En effet, le chat peinturait encore plus de murs, renversait encore plus de choses avec la course-poursuite. Et puis, les deux quadrupèdes étaient maintenant des bipèdes, ils n'étaient pas assez rapide par rapport à leur ami à quatre pattes. C'est qu'il courrait rapidement ce fripon ! Ce qu'Hayley allait râler en voyant les marques de peinture. Lucy espérait qu'elle arriverait à les faire partir avec Crocky, avant l'arrivée des deux blondes.
Le jeu du chat et de la souris dura plusieurs minutes entre Lucy, Crocky et le chat, lorsque Thomas eut une idée de génie. Lucy approuva le plan bien rodé de son Doudou. Le chat était derrière le canapé. Crocky viendrait pas derrière et effrayerait le chat, qui effrayé sauterait par dessus le canapé, là où Lucy l'attendait. Elle était cachée à la vue du chat par le dossier. Ainsi, lorsque le plan se déroula, Lucy attrapa le chat sans encombre. Crocky vint la rejoindre et récupéra le pinceau et le tendit à Lucy. Elle le prit et regarda Tommy caresser le chat en lui faisant les gros yeux. Il annonça ensuite qu'il allait le rendre à son propriétaire. C'est vrai que ce n'était pas une bonne idée de l'avoir dans les pattes en plein atelier peinture. Lucy ne mentionna pas le fait que c'était Crocky qui l'avait fait venir. Lui et sa passion pour les chats.
Lorsque Crocky quitta l'appartement, Lucy commença par remettre un peu d'ordre. Elle rangea les quelques magasines d'Hayley éparpillés aux quatre coins de l'appartement, replaça les coussins, remit les rideaux et les chaises en place. Lucy commença à nettoyer les dégâts avec les produits qu'elle avait trouvés dans le placard. C'est à ce moment-là que son Doudou revint, débarrassé du chat.
« J'ai commencé à nettoyer à l'appart'. On devrait finir de dissimuler les dégâts du chat, avant de reprendre la peinture, surtout avant qu'Ange et Hayley ne reviennent. Sinon, on est bon pour la fourrière ! »
Lucy ne pensait pas réellement qu'Ange l'enverrait à la fourrière, plutôt Hayley. Enfin, fourrière, Lucy avait compris que c'était la prison, la fourrière pour humain. Elle avait aussi appris qu'il fallait faire de graves erreurs pour s'y retrouver. Enfin, elle appréhendait tout de même. Elle n'avait pas peur de ses sœurs, mais de l'abandon. Aujourd'hui, elles l'avaient abandonnée à IKEA, Lucy ne tenait pas à être abandonnée deux fois dans la même journée. Ainsi, elle s'activa à réparer les dégâts du chat. Lorsqu'elle eut fini avec Crocky, les deux n'avaient plus tellement envie de repeindre leur chambre. Ils étaient épuisés. Ils pourraient reprendre demain ou ce soir. Lucy proposa alors une activité qu'elle adorait et qu'elle savait que son Doudou également. Elle proposa le bain ! Ce fut alors une course pour qui arriverait le premier à faire couler le bain et qui rentrerait le premier dans la baignoire. De vrais enfants ! Hayley n'apprécierait sûrement pas qu'ils utilisent sa baignoire sans permission. Lucy s'en moquait, il n'y avait qu'une seule baignoire, elle comprendrait sûrement ! Enfin, c'est ce que pensait l'ancienne chienne. Quand le bain fut prêt et les deux amis en train de se prélasser, Lucy commença à éclabousser gaiement son Doudou. Les deux commencèrent alors à jouer, avec tous les jouets pour le bain qu'ils avaient. Depuis qu'elle travaillait au cabaret, Lucy était autonome financièrement et elle s'était faite plaisir, ainsi qu'à son Doudou en achetant plein de jeux pour le bain. Les deux colocataires s'amusaient tellement qu'ils n'entendirent pas leurs deux autres colocataires rentrer.
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Les deux amis se concertèrent quant à la couleur et tombèrent d'accord pour le bleu et le gris. Ils se mirent ensuite en tenue. Après avoir enfilé une vieille chemise, Lucy regarda Crocky retirer son haut, n'ayant pas de vieux vêtements. Lorsque Crocky se mit torse nu, cela ne choqua pas Lucy, ni ne l'excita. Elle prenait des bains avec lui, comme le font les enfants entre eux. Et puis, pour ce genre de choses, ils étaient comme deux enfants de cinq ans. Aucune gêne de ce point de vue là. Après tout, il n'était pas son doudou, son confident, son frère pour rien. Il était comme une partie d'elle, il n'y avait donc aucune gêne à avoir.