es bruits incessants et insupportables arrivèrent jusqu'à mes oreilles ... Quelques uns de ces bruits m'étaient familiers, mais les autres, je ne les avais jamais entendu auparavant. La question était de savoir pourquoi je pouvais les entendre si distinctement, je ne me souvenais pourtant pas être sortie de la maison ... J'ouvris doucement les yeux, et je découvris avec stupeur qu'effectivement, je n'étais plus à la maison ... Pourquoi ? Edgar fut le premier nom qui me vint à l'esprit. Cela ne pouvait être que son oeuvre. Ma tête tournait et mes yeux avaient du mal à s'habituer à cette intense lumière. Pour une fois, je m'éveillais le jour, la dernière fois que je me suis retrouvée hors de la maison, il faisait nuit et heureusement, je n'étais pas seule. Mais d'ailleurs, oui, maman devait être là elle aussi, avec Toulouse et Berlioz. Du moins, je l'espérais.

Je tentais de me redresser sans me précipiter mais quelque chose semblait différent, je n'étais pas dans mon état habituel, pourquoi est-ce que ... Je m'interrompis un moment. J'avais des ... des mains ... Des mais humaines ?! Ma tête tournait encore et encore, une bouffée de chaleur me submergea et me fit me sentir encore plus mal. Voilà que je me transformais en être humain. Mes petites pattes frêles devinrent des jambes toutes aussi frêles et fines, il en allait de même pour mes bras et mes mains. J'avais troqué mon beau pelage brillant et soyeux par des vêtements aux nuances roses et blanches. J'avais aussi une jolie chevelure longue et blonde ... Je me trouvais à côté d'un étang, j'ai rampé jusqu'au bord afin de mieux me regarder et ... C'est avec horreur que je pus confirmer ma transformation.

Humaine ... Humaine ... J'étais humaine ... Je n'arrêtais pas de répéter ces mots dans ma tête, je tentais d'y voir clair et d'y comprendre quelque chose. Je ne reconnaissais absolument rien, à quelle époque étions-nous ? Les gens étaient habillés de drôles de manière, les dames portaient des jupes et des robes beaucoup trop courtes, certaines avaient mêmes des pantalons pour messieurs ! Je m'observais un moment et je constatais que ma robe rose pâle était bien trop courte elle aussi ... Mais pour l'heure, je devais retrouver ma mère et mes frères. J'essayais de me lever, non sans difficultés, je ne savais pas encore utiliser mes jambes, moi qui n'en avais pas l'habitude. Je m'appuyais sur un banc juste en face de moi, mais je fus vite soulagée de m'asseoir sur le dit banc.

J'enfouis ma tête dans mes paumes le temps de remettre de l'ordre dans ma tête, un minimum du moins. Edgar avait été envoyé à Tombouctou, il ne pouvait pas être revenu si vite, si ?! Un tas de questions m'envahissait, j'avais une sorte de sensation bizarre dans mon ventre, comme une boule coincée en plein milieu. J'étais complètement désespérée et au bord des larmes. Je me suis redressée et ai jeté un oeil tout autour de moi. Je ne reconnaissais pas le parc où je me trouvais, étais-je toujours à Paris ? Peut être allais-je rencontrer Scat Cat et sa bande, je savais qu'ils seraient toujours là pour notre famille, et comme ils avaient pour habitude d'arpenter les rues de Paris, je pouvais les croiser tout à fait par hasard.

Je me suis levée doucement, mais je n'eus pas le temps de faire un pas, une jeune dame avec une drôle de jupe à pois s'approcha de moi et me demanda timidement où nous nous trouvions. Je suis restais interdite face à cette question, je ne savais pas quoi répondre puisque moi même je ne connaissais pas la réponse. Et puis d'abord, pourquoi venait-elle m'importuner avec ses étranges questions, elle ne voyait pas que j'avais d'autres préoccupations ? Je tentais tout de même de faire bonne figure, après tout, je restais une dame, petite certes, mais une dame tout de même.

"Pour être honnête, je n'en ai pas la moindre idée. Je ne connais pas cette ville, tout est nouveau pour moi. Je suis navrée mais je ne puis vous aider davantage."

Je souris poliment, mais tout au fond de moi, la mélancolie me submergeait. Mon interlocutrice semblait aussi perturbée que moi quant à cet endroit. Cette situation m'intrigua, je voulais en savoir un peu plus.

"Vous êtes ici depuis longtemps ? Pour tout vous avouer, je crois bien que je suis perdue."

Je trouvais mes propos légèrement stupides, mais je devais bien trouver quelque chose pour engager la conversation, et de toute façon, j'étais bel et bien perdue. La maison de Madame me paraissait bien loin ... Je revivais le même cauchemar qu'il y a quelques années déjà, mais dans la peau d'un être humain ...