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 :: RP terminés
Things are coming clean - PV Elsa [TERMINE]
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Anonymous
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Mer 21 Sep 2016 - 20:15
Things are coming clean

toi et moi on est dans le même bateau. Fais moi confiance, je peux t'aider. Je peux au moins essayer.

« - Une plaque de verglas est apparue toute seule sous vos pieds, vous en êtes bien certain ?

- Je sais ce que j'ai vu, c'est une sorcière je vous dis !Vous êtes agent de police oui ou non ? Faites quelque chose ! »

Une sorcière. Il y a encore quelques semaines, j'aurais balayé cette possibilité d'un revers de patte. Enfin de main. Je ne croyais plus à la magie depuis longtemps, il y avait toujours une explication logique à ces phénomènes mystérieux. Du moins c'est ce que je croyais à Zootopie Pourtant, j'avais changé d'avis après un certain événement. Il y a de ça quelque temps – avant de rejoindre la police de New York, j'avais été témoin de quelque chose que je pensais pourtant impossible et depuis j'avais dû réviser mon jugement.

Tout ça pour dire que lorsque j'ai entendu parler « d'une histoire d'ivrogne qui porte plainte parce qu'on l'a agressé avec de la magie » j'ai choisi de ne pas suivre l'avis de mes collègues et d'accorder le bénéfice du doute au plaignant. Et comme personne ne voulait vraiment de l'affaire, elle m'a rapidement été confiée. J'ai cru un temps que ça éveillerait quelques soupçons mais on dirait que personne à part moi ne se soucie vraiment de ce que je fais, et que mon insistance à gérer cette affaire a été mise sur le compte de mon désir de faire mes preuves. Parfait !

Me voilà donc en salle d'interrogatoire, avec ma victime. Bon je comprends qu'on ait du mal à le prendre au sérieux, c'est à peine s'il ne titube pas, et je douterais moi-même de son histoire s'il n'insistait pas sur le fait qu'une plaque de verglas avait soudainement renversé son tabouret dans son bar préféré, en plein juillet. Mais de toute façon je n'ai pas grand-chose à perdre à aller prendre quelques dépositions dans le bar en question, et maintenant que je suis sur cette enquête, je n'ai plus vraiment le choix. Je perçois le regard désapprobateur de mon équipier alors que je me lève pour me rendre sur les lieux, munie de mon calepin. Il doit me prendre pour une lèche-bottes, pour une jeune agent à peine sortie de l'école qui veut bien faire, pas encore corrompue.  « Tu ne sais rien de ce boulot, petite, rentre chez toi avant d'y laisser des plumes». Je ne sais pas pourquoi mais je l'imagine tout à fait me dire ça, le regard vague et perdu dans le verre de whisky bon marché posé devant lui. Il faut dire que dans le genre désabusé, on a rarement vu plus caricatural. Ceci dit, pour sa défense, il a l'âge d'être mon père, sans doute même plus, et dans une ville aussi animée que New York, il a du voir bon nombre de choses, et pas forcément réjouissantes.

Bref, nous nous rendons sur les lieux et lui commence à interroger le patron et les habitués. De mon côté, je fais le tour des lieux. Il y a des pubs à l'ambiance chaleureuse, élégants, tapissés de boiseries qui vous mettent tout de suite à l'aise. Et bien notre lieu du crime n'est pas de ceux-là. Il y a quelque chose de malsain dans ce bar un peu miteux. Bon, je ne m'attendais pas vraiment à un palace à voir notre victime, mais là on dirait carrément un décor de film noir. Et il y a cette odeur. Qu'est ce que c'est, de l'alcool ? Je ne crois pas, ou alors je ne tiens pas vraiment à y goûter. Entre ça et le manque de lumière, j'aurais plutôt envie de partir le plus vite possible. Une minute ! Il fait sombre, même en plein jour ? Alors de nuit, un simple reflet pourrait avoir l'air d'une plaque de verglas. Et un verre renversé pourrait suffire à faire perdre l'équilibre à un homme éméché sur un tabouret bancal.

Je commence à croire que j'ai fait fausse route, que c'était effectivement une fausse alerte. Je soupire intérieurement en observant l'entrée de la remise, dans le fond de la salle. Et je vois une silhouette féminine - probablement la serveuse – qui s'affaire, discrète comme une ombre. Elle détourne le regard alors que j'ai à peine posé les yeux sur elle. Ça, c'est intéressant. Je me dirige dans sa direction. C'est une jolie blonde à l'air timide. De mon âge, peut-être même un peu plus jeune, bien que plus grande. Quoi qu’il en soit, cette histoire semble la mettre très mal à l'aise, mieux vaut y aller en douceur, il ne faut pas que je la brusque.

« Mademoiselle ? Je suis l'agent Judy Hopps, de la police de New York. J'enquête sur l'incident de samedi soir. Je peux vous poser quelques questions ? »

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Sam 24 Sep 2016 - 1:23
Suis-je heureuse depuis mon arrivée à New York ? Plusieurs mois après, il m’est toujours impossible de répondre à cette question, et cela me perturbe alors que j’essuie avec frénésie les tables du bar où je travaille le soir, sous le regard méfiant de mon patron. Arrivée à 19h comme tous les soirs, je me suis particulièrement appliquée à bien faire et à faire vite : prendre les commandes, servir, faire des allers-retours… Je ne me suis pas accordée un instant de repos. Je regarde d’un geste rapide ma montre : 21h. Encore une heure… Mais je sais que je suis sous surveillance, que les autres me regardent de travers à la recherche du moindre faux pas qui pourrait me faire renvoyer. Et je sais que je ne peux pas me permettre de perdre cet emploi, sous aucun prétexte.

Pour détacher mon esprit, je me repasse le film de mon parcours depuis mon arrivée à New York. Passé le choc considérable de mon arrivée et les multiples questions qui m’assaillaient, j’ai réussi à assez vite reprendre la main. Dans le fond j’avais ce que je souhaitais : la possibilité de prendre un nouveau départ, loin des fantômes de mon passé. Je me suis moi-même surpris par la vitesse à laquelle je naviguais à travers les règles de ce nouveau monde. Comprendre comment travailler, comment décrocher une bourse pour l’université, comment se faire passer pour la jeune étudiante américaine lambda qui tente de joindre les deux bouts sans rien laisser deviner de qui j’étais vraiment… Tout cela s’était mis en place très rapidement. Même la langue n’avait pas été un obstacle outre mesure. Plus que de prendre un nouveau départ, je rêvais en fait de prendre ma revanche. De prendre ce nouveau monde par la gorge, et de ne pas le lâcher avant qu’il me donne ce que je voulais.

Où en suis-je à présent ? J’ai décroché un emploi qui me permet de couvrir mes dépenses, en s’ajoutant à la bourse. J’ai trouvé mon logement : ce n’est pas le palais royal d’Arendelle et je dois payer un loyer qui n’est pas des plus généreux, mais c’est mon chez-moi. Je suis passionnée par ce que je découvre à l’université, et mes professeurs m’apprécient beaucoup. Au point même de me soutenir dans mon rêve de rejoindre une expédition pour l’Antarctique ! Le soir j’arrive à me détendre grâce à des livres d’Histoire et de Science où j’apprend beaucoup de choses intéressantes, tout en rattrapant mon retard dans la littérature classique de ce nouveau monde. Je me suis même découvert une passion pour l’écriture : sous un pseudonyme je m’amuse à écrire des récits sur Internet à propos d’un mystérieux royaume nommé Arendelle où règne encore la Magie, et qui passionne des centaines de lecteurs anonymes.

Cependant comme tout dans la vie ces beaux avantages ont un prix. En plusieurs mois passés à New York, je n’ai pas réussi (mais ai-je vraiment cherché ?) à me lier avec les gens, à me faire de vrais amis. Je suis débordée de tous les côtés, il est vrai, mais plusieurs fois des amies d’universités ou des collègues de travail m’ont proposé de sortir. J’ai accepté au début, mais j’ai découvert qu’on pouvait être entouré par beaucoup de gens et se sentir quand même seul. Quand j’essayais de parler de la climatologie, des livres, des pays étrangers… je ne rencontrais rien d’autre que l’indifférence et une surprise à peine feinte. Puis tout en sauvant les apparences et en continuant à me sourire, cherchaient au plus vite à entamer la conversation avec le voisin. Le coup a été dur, surtout pour moi qui cherchais désespérément.

J’avais l’impression de retrouver face à moi le Duc de Weselton et les habitants d’Arendelle, me jugeant parce que j’étais différente. Quant à l’alcool, les éternelles histoires avec leurs copains ou leurs copines, les voitures et les belles maisons qu’ils envisageaient de s’acheter… tout cela ne m’intéressait pas. J’ai fini par le leur rendre, et j’ai évolué dans ma nouvelle vie avec une mentalité de forteresse assiégée, cherchant à me suffire à moi-même. Avec un certain succès, à en croire mes résultats à l’université… mais être habituée à la solitude et en être heureuse sont deux choses différentes. Anna et mes parents me manquent toujours après tout ce temps passé, et j’aimerais tant trouver quelqu’un qui me comprenne, une amie à qui me confier. J’avais tôt ou tard le sentiment que cette situation ne pouvait durer, qu’elle finirai par me retomber dessus…

C’est hier soir que le malheur est arrivé. La soirée s’annonçait comme tout à fait normale et routinière, et tout absorbée que j’étais je n’ai remarqué le regard d’un des clients qui se faisait un peu plus insistant que d’habitude. Peut-être avait-il entendu parlé de la weirdo qui était intelligente et très jolie, et qui servait dans un bar patibulaire. Il me demanda comment je m’appelais, me posa des questions sur ce que je faisais de la vie… des questions ordinaires, de conventions sociales, mais sans jamais me quitter d’une espèce de regard brillant, insistant et plein d’assurance. Et où brillait tout l’intérêt du monde. J’écoute souvent les conversations des autres serveuses autour de moi, elles ne manquent jamais de dire à quel point ce genre d’homme les font craquer.

Je dois admettre qu’il n’était pas laid non plus, mais… il n’a rien fait d’autre que me mettre terriblement mal à l’aise, un sentiment qui n’a fait que s’accentuer lorsqu’il est venu me parler au comptoir, profitant du fait que tout le monde avait les yeux tournés vers les filles sur scène qui commençaient leur numéro. Moi qui ait déjà du mal avec les relations sociales les plus simples, comme les bonnes connaissances ou l’amitié, j’évite autant que faire se peut tout ce qui se rapporte à la séduction et au flirt. Cela me donne l’impression de marcher sur des sables mouvants qui pourraient se refermer sur moi à chaque instant. Surtout que j’ai l’impression que ce genre de personne ne s’intéresse qu’à mon physique, me considère comme un simple objet propre à satisfaire leur désir, et cela me déplaît.

Et puis… il y a autre chose. Les autres filles du bar font les grands yeux lorsque certains clients beaux comme des dieux viennent de façon plus ou moins subtile me faire des avances, mais ça ne m’inspire pas. Et ce n’est pas seulement une histoire de timidité et de manque d’expérience. C’est bizarre, comme si… une sorte d’étincelle n’était pas là. Il m’est arrivé plus d’une fois de m’interroger sur ce phénomène dérangeant, et les autres filles aussi. J’en ressens une sorte de malaise, d’inquiétude sourde, sans même avoir d’idée précise de quoi il s’agit. Pourquoi serais-je une fois encore différente des autres ? Mais j’ai des problèmes plus urgents, je ne peux me permettre d’être distraite : mon esprit a donc dressé une sorte de muraille intérieure me protégeant de cette question qui me perturbe. Peut-être que j’aurais dû accepter de répondre aux avances de ce type, juste une fois, voir même aller jusqu’au bout de la chose, rien que pour que les autres filles me laissent tranquille.  Et ça m’aurait épargné ce qui a suivi.

L’homme a semblé s’impatienter face à ce qu’il devait prendre comme une marque de mépris. Ne comprenait-il pas que je n’étais juste pas dans le bon état d’esprit, et que j’avais plein de choses à faire ? Son haleine sentait l’alcool. Il s’est finalement risqué à me proposer de se voir après la fin de mon travail, et j’ai répondu par un « Non désolé Monsieur ! S’il vous plait Monsieur, laissez-moi travailler » spontané, nerveux, presque comme un hoquet. Ça a été sans doute là mon erreur : alors que je m’efforçais de garder un masque poli et contrôlé depuis le début, j’ai laissé entrevoir un soupçon de panique qu’il a dû interpréter comme une porte ouverte, un signal pour dire que j’étais prête à céder. Et alors que je faisais semblant de scruter avec attention ma liste de commande, j’ai senti sa main qui effleurait mon épaule et descendait le long de mon bras vers mon coude.

Si j’étais honnête je dirais qu’il n’était pas exceptionnellement vulgaire ou agressif, ou en tout cas moins que certains loubards qui fréquentent ce bar et font craquer les autres serveuses. Une autre que moi se serait contentée d’une reculade et de le remettre poliment mais fermement à sa place. Mais il en était tout autrement avec moi… le contact physique déclencha chez moi une sorte de réaction complètement incontrôlable, et mes vieux démons remontèrent d’un coup à la surface. Je reculais en poussant un « Non ! » strident, les yeux exorbités, et sous les pieds de l’importun, une plaque de glace se formait. Petite, mais solide. Si bien qu’en voulant faire un pas vers moi, il glissa et fit un magnifique bon sur le côté, son visage heurtant le comptoir.

En un instant la joyeuse atmosphère était redescendue et tous les regards s’étaient tournés vers nous deux : lui se relevant péniblement du sol en protégeant son nez en sang, moi collée contre le comptoir comme si je pouvais m’en servir comme d’une armure, balbutiant des « je suis désolée » à grande vitesse, les yeux apeurés. Mais bien vite les gorges se firent chaudes lorsqu’il commit l’erreur de dire ce qu’il avait vu : que j’avais fait apparaître une flaque de glace (la dernière s’étant miraculeusement évaporée) qui l’avait fait tomber. Tout le monde imaginait que la petite Elsa venait de montrer ses griffes face à un type trop entreprenant,  et il s’en était reparti déconsidéré, et moi ayant légèrement progressé dans l’estime des autres.

Mais le destin prend toujours un plaisir particulier à se montrer cruel avec moi. Car dès le lendemain le bruit s’était mis à courir que l’homme était allé voir la police pour raconter ce qui s’était passé. Et immédiatement l’attitude des gens changea comme par magie : il ne fallait en aucun cas attirer les regards indiscrets sur ce bar situé dans l’un des quartiers les plus difficiles de la ville (Hell’s Kitchen, le nom en lui-même était évocateur), qui connaissait depuis longtemps des difficultés financières et dont les patrons ne dédaignaient pas de recourir à divers trafics plus ou moins légaux pour renflouer leurs caisses. Arrivée au bar à l’heure habituelle, j’ai tout de suite senti une atmosphère distante, voir même hostile. Je sentais les regards sur moi, j’entendais les murmures dans mon dos. J’étais de nouveau Elsa la fille bizarre, Elsa la coincée, Elsa celle qui ne s’intéresse qu’à des trucs qui ne servent à rien. Nul besoin de paroles à échanger, je sais que mon poste ne tient qu’à un fil.

Voilà pourquoi je m’active comme une forcenée, cherchant désespérément à plaire, donnant encore plus de moi-même que d’habitude. Le seul point positif dans cette histoire : je ne regrette pas l’apparition de la glace. Dans l’autre monde j’ai enfin appris à accepter mes pouvoirs tels qu’ils sont, et le fait que leur intensité ait considérablement diminué dans ce monde-ci m’a aussi beaucoup aidé. Désormais ils me servent surtout pour m’amuser, pour faire des économies de chauffage dans mon appartement ou pour me rendre de petits services de temps à autre (pourquoi vous embêter à faire appel à un plombier quand vous pouvez geler les tuyaux des canalisations puis les dégeler afin de les déboucher ?). Un sourire me vient au visage à cette pensée, le premier depuis la soirée.

« Mademoiselle ? Je suis l'agent Judy Hopps, de la police de New York. J'enquête sur l'incident de samedi soir. Je peux vous poser quelques questions ? »

Mon geste se fige instantanément. La voix est calme, presque gentille, mais je ne peux pas m’y tromper : c’est bien un agent de police qui est venue me voir. Cependant la voix de mon Père, si posée, si rassurante, et en même temps si ferme, me revient en mémoire : Dissimules. Ne ressens rien. Ces paroles m’avaient fait du mal, avait entamé mon bien-être et ma confiance en moi, mais elles restaient une arme efficace dans ce genre de situation. J’emprisonne mes doutes et mes peurs derrière une barrière de self-contrôle. Je pose mon éponge, je me retourne face à la policière, et je souris d’un air amical bien que mon malaise doive être assez visible. Il est vrai que je me tiens les mains jointes, et que ma main droite triture les doigts de la gauche pour atténuer le stress. Je me prends à m’interroger aussi sur l’image extérieure que donne : je porte un jean qui commence à être délavé, une chemise à carreaux verte et rouge, et mes cheveux sont dénoués et gras : tout en moi respire la jeune New-Yorkaise moyenne qui se bat pour ne serait-ce qu’exister. La jeune femme a mon âge, et son regard confirme une sorte de bienveillance que j’ai senti dans sa voix. Peut-être que ça ne sera pas si difficile que après tout.

-Bonjour Mada… pardon Mademoiselle l’agent, c’est bien comme ça qu’il faut vous appeler ? Oui je travaille ici, et je suis désolée pour ce qui s’est passé hier soir, je… je n’ai pas fait exprès. C’est que, les circonstances… et ce qu’il a essayé… si je peux aider à arranger les choses, je veux vraiment y participer.
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Lun 26 Sep 2016 - 14:07
Things are coming clean

toi et moi on est dans le même bateau. Fais moi confiance, je peux t'aider. Je peux au moins essayer.


Comme sortie de sa rêverie, je vois la jeune serveuse se figer un instant. Mais l'hésitation ne dure pas et rapidement la demoiselle se reprend. Elle interrompt son geste et me répond en souriant, comme si de rien n'était. Chercherait-elle à cacher quelque chose ? Une partie de moi est contente de voir les premiers éléments de réponse se profiler mais en même temps, je n'ai pas envie qu'elle soit la "coupable". Je ne sais pas pourquoi, mais elle m'est sympathique. Peut-être parce que sa façon d'essayer de garder son calme alors qu'elle est paniquée me touche. Ou peut-être est-ce son air timide et fragile qui me donne envie de l'aider, qui me rappelle ce pour quoi j'ai toujours voulu faire ce métier. Je ne veux pas lui attirer d'ennui, bien au contraire, mais si elle a quelque chose à voir là-dedans, je ne vais pas avoir le choix.

J'écoute sa réponse, un peu interloquée. Je n'avais jamais obtenu d'aveux aussi rapidement, c'en était presque louche. Cependant, c'est sur autre chose que se focalise mon attention "ce qu'il a essayé" ? Il aurait tenté de l'agresser et elle se serait défendue ? Difficile de lui en vouloir... Je la jauge du regard. Elle a beau être un peu plus grande que moi, elle a l'air plus frêle. Ma "victime" n'est pas exactement ce que l'on peut appeler un caïd, mais il reste plus grand et plus fort que la serveuse, s'ils en étaient venus à se battre, elle n'aurait pas eu le dessus. Et puis même si le tenancier n'est pas vraiment sympathique, je doute qu'il aurait laissé son employée se faire agresser sans réagir. Non, les choses ont du se passer autrement. Mais le mieux serait encore d'entendre sa version des faits. Mais d'abord, je dois la rassurer.

" Je ne vous veux aucun mal, et je ne vous accuse de rien. Je cherche juste à savoir ce qu'il s'est passé. Vous voulez bien me raconter ?"

Je baisse les yeux pour sortir mon calepin et je m'aperçois que la jolie blonde se tient les mains avec fermeté. Je connais ce geste, je l'ai vu dans mes cours de psychologie à l'école de police de Zootopie. C'est un geste protecteur, qu'on utilise pour se rassurer. Bien sûr, ça peut être tout simplement causé par ma présence, mais j'ai l'étrange sentiment qu'elle n'est as à sa place ici et que c'était déjà le cas avant mon arrivée.

"Excusez moi si je me trompe mais..."

Un raclement de gorge m'interrompt. Je vois une certaine anxiété sur le visage de la serveuse, et en me retournant j'en comprends la raison. Hart, mon partenaire, se tient juste derrière moi, l'air aussi aimable qu'à son habitude.

" Hopps, je peux te parler ? Et vous ne bougez pas Mademoiselle, on a encore des questions à vous poser.
- Maintenant ? Mais je suis en train de prendre un témoignage.
- Maintenant."


Je grommèle en me redressant. Je jette un regard de sympathie à la serveuse et je suis mon équipier. En sortant, je ne peux m'empêcher de remarquer les membres du personnel murmurer entre eux en regardant "l'accusée". J'ai vraiment un mauvais pressentiment.



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Jeu 29 Sep 2016 - 23:34
« Je ne veux aucun mal, et je ne vous accuse de rien ». Les paroles de l’agent de police sont calmes et rassurantes, et tel un animal apeuré que l’on caresse dans le sens du poil je sens mon anxiété diminuer. Un peu. Pour une raison que je ne parviens pas à expliquer cette jeune fille qui a mon âge m’inspire confiance. Je me sens proche d’elle, une sorte de sixième sens me murmure qu’elle aussi cache des choses, elle a plus de points communs avec moi qu’il n’y parait. C’est étrange car elle semble sûre d’elle, bien plus que je ne le suis moi-même.

Mais tout ce travail est bientôt anéanti lorsque surgit à pas de géant un autre policier, plus âgé et à la mine beaucoup moins sympathique. A sa façon de s’exprimer et à son regard, celui-là semble me lancer carreaux d’arbalètes avec accroché au métal un papier disant « Tu es coupable ! ». Je me sens frissonner alors qu’il attire ma protectrice à l’extérieur. Celle-ci n’a même pas le temps de me dire au revoir, et le nouveau venu se contente de m’ordonner de rester de ne pas bouger, parce que « on a des questions à vous poser. »

Les deux policiers sont dehors à présent, et je me sens d’un seul coup terriblement seule. Je réalise que je me tiens toujours au même endroit, les mains jointes, et que mon patron n’a pas cessé de me regarder. La peur s’empare de nouveau de moi, j’envisage un instant de m’enfuir. Oui, je pourrais passer par une porte dérobée et… non, ils me rattraperont. Je perdrais mon travail et je serais envoyée au commissariat. Et puis… fuir c’est admettre qu’on est coupable. Je ne suis pas une biche effarouchée, je suis Elsa Kristanna Solveig Agdarsdotter von Arendelle, première de mon nom. Je suis la Reine des Neiges, et je vaux mieux que ce que les autres pensent de moi. Puisque qu’ils veulent attendre ici, j’attendrai. Après tout je n’ai commis aucun mal… mais je ne resterai pas immobile pour autant.

Et je reprends mon service, le menton haut, la confiance en moi retrouvée. Je me concentre sur ma tâche, travaillant vite, proprement, consciencieusement. Je fais ce dont je suis le mieux capable, et je le fais bien. Mais au bout d’une ou deux minutes je me rends compte qu’une atmosphère étrange règne dans la salle. En recevant leur commande de mes mains les clients me sourient d’un air poli mais gêné. Les serveuses s’écartent sur mon chemin, évitent mon regard, et j’entends des murmures sur mon passage. Au début je garde la tête haute, revêtant mon armure de Reine, mais progressivement ma belle sérénité s’effrite. Je retrouve ce sentiment de forteresse assiégée qui me quitte rarement, ce sentiment auquel je me suis tellement habitué, au point que je ne saurais dire si je le déteste ou si je l’aime. La situation pourrais continuer jusqu’au retour des deux policiers… mais alors que je suis en train de préparer une série de mojito, je sens une présence qui se glisse derrière moi. Et une voix féminine (non, pas une voix, un sifflement) me murmure d’un ton doucereux :

-Tu n’apportes que des emmerdes partout où tu passes, tu le sais ça ? On ne veut pas de toi ici, pourquoi tu ne t’en rends pas compte puisque tu es si maligne… Tu aurais pu te laisser faire l’autre soir, on ne se serait pas retrouvé avec cette histoire sur le dos. Et puis d’ailleurs un VRAI homme ça te ferais du bien, n’est-ce pas hein, petite…

Elle prononce un dernier mot que je ne connais pas, mais qui à l’instant se grave dans ma mémoire. Je me fige sur place, paralysée, et je peine à rassembler mes pensées. Au bout d’un instant je me retourne, et je ne vois personne autour de moi. Tous vaquent à leur activité, le plus posément du monde, faisant comme si je n’existais pas. Un bref instant j’en viens même à me demander si je n’ai pas halluciné, si cet échange a vraiment eu lieu.

Le dernier mot prononcé par la serveuse dont je ne connaîtrai sans doute jamais l’identité ne ressemble à aucune insulte que je connais, même en incluant celle que j’ai apprise en arrivant à New York. Et pourtant je le sens pénétrer jusqu’au plus profond de mon cœur, plus encore que le reste de ces paroles méprisantes qui viennent de m’être adressées. Soudain je me rends compte que mes mains tremblent, que je viens de verser de l’alcool à côté. Je jette un coup d’œil frénétique à gauche : heureusement mon patron n’a rien vu. Mais cela ne contribue pas à me rassurer. Après mes mains ce sont mes bras qui se mettent à trembler, puis mes jambes qui flageollent, puis mes yeux qui se plissent de manière convulsive, et enfin mon coeur qui s'emballe. Je sens que la température descend rapidement dans la salle de bar, je perçois le bruissement de clients qui mettent leur manteau et des exclamations étonnées. Avec horreur je réalise que je suis en train de faire une crise de panique. Lorsque des points noirs apparaissent dans ma vision, l’instinct reprend le dessus et je comprends que je dois d’urgence sortir d’ici. Je dépose la bouteille à côté des verres et je passe par une porte discrète située derrière le comptoir.

Me voici désormais dehors, face à une ruelle sombre, étroite et nauséabonde. Mais en cet instant elle me semble être le paradis, tout vaut mieux que cet intérieur où j’avais l’impression d’étouffer. Je ferme les yeux, écarte les bras et prend un grand bol d’air frais. Ce que ça fait du bien, j’ai l’impression de revivre. Un grand sourire éclaire mon visage, tandis que la température glaciale que j’ai apportée avec moi à l’extérieur diminue puis finit par disparaître.

C’est alors que j’entends des éclats de voix venant de ma droite, une conversation agitée à lieu. Je comprends avec inquiétude qu’il s’agit de la policière aspirante et de son supérieur, qui sont toujours en train de se disputer. L’homme m’a interdit de quitter le bar le temps qu’ils terminent leurs explications, mais je réalise avec amusement que je n’ai techniquement pas quitté le bar : au-dessus de ma tête j’aperçois la toiture du bâtiment qui dépasse. Je me rapproche donc de l’angle de mur, à quelques mètres, pour écouter. La curiosité est plus forte que l’inquiétude, et puis mon instinct me pousse à savoir ce que ce butor a l’intention de faire avec moi…
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Jeu 6 Oct 2016 - 18:50
Things are coming clean

toi et moi on est dans le même bateau. Fais moi confiance, je peux t'aider. Je peux au moins essayer.



toi et moi on est dans le même bateau. Fais moi confiance, je peux t'aider. Je peux au moins essayer.


J'ai à peine le temps de sortir que déjà Cohle dégaine son paquet de cigarettes, en allume une et me souffle la fumée au visage

« As tu au moins une idée de ce que tu es en train de faire ? 
- Oui comme je te l'ai dit j'interroge mon suspect et... 
- Erreur petite, tu lui offres une échappatoire. Tu lui traces toi-même la voie pour s'en sortir. 
- Donc l'idée qu'elle ne soit pas coupable ne t'a pas effleuré l'esprit ? Et quand bien même elle le serait, si elle a agi ainsi pour faire face à une agression, on devrait en tenir compte, non ? »

A ces mots, mon équipier éclate d'un rire gras et sonore.

«  Toi alors, tu crois vraiment en la justice, la vraie, avec la lettre majuscule et les néons qui scintillent, pas vrai ?  »

Je me tasse et serre les dents, à la fois gênée et agacée de sa façon de se moquer de mes idéaux.

« Laisse moi te rappeler qu'ici, on est à New York et pas dans je ne sais pas quel petit bled paumé tu viens. Ici, c'est la jungle, et n'importe qui vendrait son voisin pour s'en sortir, surtout dans le coin. Alors le patron de ce bar miteux donnerait n'importe quoi pour ne pas attirer notre attention sur son business et sur les petites passes pas forcément légales qu'il fait pour arrondir les fins de mois. Et s'il doit sacrifier sa serveuse tout juste débarquée pour ça, il ne va pas hésiter longtemps.  »

Je suis estomaquée. S'ils savent tout ça, alors pourquoi est ce que personne n'intervient ? Je le regarde tirer une autre bouffée sur sa cigarette avant d'oser reprendre la parole.

« Dans ce cas, alors pourquoi...
- On n'agit pas alors qu'on sait très bien ce qu'il se passe ici ?  »

Je hoche la tête et Cohle soupire.

«  Parce que ce bar, comme tous ses petits copains dans le quartier, abritent de précieux indics. Au fond, tout le monde y gagne. On ferme les yeux sur leurs petits commerces et eux nous rencardent sur des affaires plus juteuses.  » 

Il laisse planer un silence – le temps de tirer à nouveau sur sa cigarette avant de reprendre.

« Ce n'est qu'une petite altercation, une petite note dans le casier de cette serveuse et ce sera fini. Et puis elle est jeune et mignonne elle trouvera facilement un autre travail. »

Je n'ai jamais supporté l'injustice, c'est un fait. Et ces mots font monter en moi une colère sourde et profonde que je peine à contenir. Mais je ne dois pas oublier ce qu'il s'est passé à Zootopie, me précipiter pourrait causer du tort à ma protégée, et je ne veux pas créer une nouvelle catastrophe. Alors je prends sur moi, me redresse fièrement et plante mon regard dans celui de mon équipier.

« Je ne me tairai pas. Dans ce bar, il y a une serveuse qui se démène pour mériter son salaire et qui doit affronter ses collègues et son propre patron en plus des clients pour gagner sa vie .On n'a pas le droit de la condamner et de briser ses chances sous prétexte qu'il se passe des trucs plus graves et que couvrir les crimes d'un patron véreux est dans notre intérêt. J'ai choisi ce métier pour protéger et servir, et c'est exactement ce que je vais faire.  »

Un air médusé se dessine sur son visage, il ne devait pas s'attendre à ce que la newbie ose lui parler sur ce ton. Mais je ne lui laisse pas le temps de réagir, avant même qu'il n'ait le temps de répliquer, je retourne dans le bar. À l'instant même où je franchis les portes, je me fige. Quelque chose a changé. Je n'avais pas remarqué un froid particulier lorsque j'avais mené mon interrogatoire un peu plus tôt, mais en entrant de nouveau je sens une nette différence de température entre l'intérieur et l'extérieur. Comme si elle avait chuté d'un coup. Il ne fait pas réellement froid, mais l'air est frais. En tout cas, assez pour me faire frissonner, ce qui est assez surprenant en plein mois de juillet. J'ai d'abord pensé que la clim avait été mise en marche mais elle n'aurait pas pu autant rafraîchir les lieux en si peu de temps. Et un autre détail me fait tiquer.

Je balaye rapidement la salle du regard et note que ma « suspecte » a disparu. Pitié, dites-moi qu'elle ne s'est pas enfuie, je ne veux pas qu'elle ait de problème ! Le patron me désigne une porte dérobée de la tête et j’acquiesce alors que je passe derrière le comptoir pour la suivre. En empruntant le même chemin, je devrais la rattraper avant qu'elle ne s'attire plus d'ennuis.

Heureusement, je n'ai pas besoin d'aller très loin pour la retrouver. Elle est restée dans la ruelle, dissimulée dans l'ombre sous l'enseigne de l'établissement. Et ce à quoi j'assiste en me retrouvant nez à nez avec elle répond soudainement à bien des questions.






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Ven 14 Oct 2016 - 0:01
Discrètement installée juste derrière le mur du bar, à quelques pas seulement des deux policiers, je tends l’oreille pour écouter leur conversation. « On n’agit pas alors qu’on sait très bien ce qui se passe ici ? »… les toutes premières paroles que j’entends de la bouche de cet officier si antipathique me glacent le sang. Mais pas autant que ce qui suit : l’homme explique le plus calmement du monde qu’il est parfaitement au courant de ce qui se passe dans ce bar, mais que les gens qui le tiennent lui rendent de précieux services en lui permettant de coincer de plus gros poissons. Et il est prêt à me sacrifier pour que les choses restent telles qu’elles sont, comme un insecte embarrassant qu’on éjecte d’un mouvement du pouce et de l’index.

Je sens mon cœur qui se serre, et je m’affaisse le dos contre le mur contre le mur. Mes genoux flageolent, je suis presque assise. Je croise les bras sur ma poitrine, comme pour me réchauffer, alors que je sais que je n’en aie pas besoin. Je me sens plus seule, plus négligeable et pathétique que jamais. C’est à peine si je devine que la jeune policière est en train de répondre par une tirade à son supérieur. Comment cet homme peut oser dire qu’étant « jeune et mignonne » je pourrais facilement retrouver un travail ? Sait-il seulement dans quel quartier je vis, comment je me bats pour arranger les fins de mois, combien de temps les études me prennent ? Sait-il à quel point les gens me regardent de travers, pour à peu près chaque aspect de ma personnalité et de ma façon de vivre ? Mais non, me chuchote du fin fond de mon être cette petite voix détestable qui m’accompagne depuis mon enfance triste et solitaire derrière les murs épais du Palais Royal. Il ne peut pas te comprendre, personne ne le peux, personne ne t'aime.

C’est alors que la porte donnant de la salle principale du bar sur la ruelle s’ouvre, et j’aperçois la jeune femme de tout à l’heure, la policière. Elle se tient devant moi, et me scrute d’un air calme, fixe, qui semble me dire « je sais tout ». En aucun cas menaçant, mais pas forcément rassurant non plus. Je me rends compte à cet instant que sous l’effet ma tristesse, une couche de givre est apparue sur le mur, comme par hasard autour de mon corps appuyé contre celui-ci. Il ne sert plus à rien de nier. Je me rends compte à cet instant que je suis étrangement calme et maîtresse de moi-même, comme si cette situation aurait dû se produire tôt ou tard et que je le savais.

J’émets un soupir, et je me redresse puis me place face à la policière, les mains derrière le dos. Je me mordille légèrement la lèvre inférieure, mais à part cela je suis toujours aussi détendue, et cela se traduit dans le regard que je lui lance. Il faut dire que mon calcul est vite fait. Si je suis arrêtée pour les dommages subis par ce Monsieur, je risque de passer par la case prison, même de façon temporaire. Et cette seule perspective me terrifie. La perspective de voir mes biens durement acquis saisis, ces gens violents et égoïstes tout autour de moi, la saleté, l’enfermement entre quatre murs… je sais que cela me détruirait. D’un autre côté, si je dévoile maintenant mes pouvoirs, j’échapperai à tout cela car les scientifiques de ce monde voudront certainement de moi pour m’étudier. Je m’imagine vêtue seulement d’une blouse blanche, traitée comme un rat de laboratoire par une multitude d’inconnus qui utilisent mon corps comme un objet de curiosité et en font ce qu’ils veulent. Egalement détestable, mais moins que la première perspective. Comme si, résignée au fond de moi, je partais du principe que c’était ma destinée d’être considérée comme une bizarrerie, une anormalité.

Je prends une grande inspiration, et je me lance enfin.

-Il a du vous dire que j’étais une sorcière ? Ou un monstre de foire, c’est bien ça ? J’en ai l’habitude, j’ai connu ça depuis toujours. Aujourd’hui j’ai réussi à m’accepter telle que je suis, après beaucoup d’efforts et de souffrances. Mais j’ai compris que je ne pouvais pas raisonnablement en attendre autant des autres.

Oui je suis différente. Je dispose de… capacités surnaturelles, que certains pourraient qualifier de magiques. Je peux agir sur les températures, le vent, et faire apparaître de la neige et de la glace. Croyez-le ou non, je ne viens même pas de ce monde. Il fut un temps où mes capacités étaient bien supérieures à ce qu’elles sont aujourd’hui, où je pouvais représenter un réel danger. Elles sont toujours très liées à mon état d’esprit et à mes émotions.

Et c’est ce qui s’est passé hier soir. Il… il me voulait. Et moi, je ne sais pas… pas comment… je lui ai dit que je n’avais pas envie, mais il m’a touché, il m’a caressé le bras. Je sais, je n’aurais pas dû, les autres filles m’ont dit que je devais me laisser faire… mais j’ai paniquée et la couche de glace est apparue. Voilà, vous savez déjà le reste.


Je réalise alors que j’ai eu un frisson à l’évocation de ce souvenir, et que dans mon dos mes mains sont fermement serrées. Décidément, ce sujet-là a le don de me mettre terriblement à l’aise, comme aucun autre ne le fait. Avec anxiété j’imagine un instant ce qu’il se serait passé si un jour mes parents avaient décidé de me faire épouser un parfait inconnu, fils cadet d’une riche maison souveraine, et ce qui se serait déroulé la nuit suivant les noces.

Je remets en place derrière mes oreilles une mèche blonde, et je joins les mains sur le devant. Je suis prête. Cette jeune femme me semble honnête et droite, elle prendra la décision qui lui semblera juste pour elle et pour la société. Mes yeux bleus se dardent sur ses yeux bruns, comme pour dire « il est temps d’en finir ».

-Voilà, j’ai été honnête avec vous. Faites ce que vous voulez de moi à présent, c’est votre devoir.
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Jeu 27 Oct 2016 - 18:51
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toi et moi on est dans le même bateau. Fais moi confiance, je peux t'aider. Je peux au moins essayer.



toi et moi on est dans le même bateau. Fais moi confiance, je peux t'aider. Je peux au moins essayer.


La jeune serveuse se tient là, recroquevillée contre le mur du bar. Mais ce n'est pas sur elle que mon regard s'attarde. La lumière semble se refléter autour d'elle, comme si elle était entourée d'une couche de... Givre ?
Évidemment, ma première réaction est un certain choc, ce léger arrêt que l'on marque par réflexe ; mais je me reprends rapidement, je ne voudrais pas qu'elle me pense effrayée. Je me décide et fais un premier pas vers elle.

Lorsqu'elle me voit approcher, je vois un instant la peur dans son regard, mais comme plus tôt dans le bar, cela ne dure pas. Bientôt, la serveuse se redresse et se rapproche également de moi, les mains jointes ,sereine. Elle choisit de me livrer son histoire. Comme je le suspectais, elle vient elle-aussi d'un autre monde. Et si elle n'a jamais eu de forme animale comme moi – ou les autres habitants de Zootopie – elle n'est pas une humaine « normale » pour autant. Elle possède des « facultés », une sorte de don, qui lui permet de maîtriser la neige et la glace. La dernière fois que j'ai rencontré une personne dotée de pouvoir magiques, ça s'est plutôt mal passé. Et pourtant je ne suis pas effrayée, plus maintenant. Je... je crois que je peux lui faire confiance ,en tout cas j'en ai envie, elle ne me fera pas de mal, je le sens.

Une fois la surprise des événements passée, les éléments s'emboîtent et finalement, la logique prend le pas. Après tout, comme l'a dit un grand écrivain de ce monde, « lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité ». Et puis ; comment expliquer la fine couche de givre autour d'elle en plein été ? En y repensant, si elle disposait de tels pouvoirs, tout prendrait sens. Ma victime se serait montré un peu trop insistante, la serveuse aurait pris peur et ses pouvoirs se seraient manifestés. Elle l'a dit elle-même, les manifestations de son don sont liées à ses émotions. Sous le coup de la panique, il peut s'être déclenché sans qu'elle le veuille. Un peu comme un instinct de protection.

Je ne sais pas pourquoi, peut-être cette histoire d'instinct qui me fait tiquer, mais ça me rappelle les prédateurs de Zootopie. Cette fille est comme eux, dotée de pouvoirs qui peuvent être dangereux, mais dont elle n'a aucune intention de se servir, en tout cas pas à mauvais escient. Je ne peux pas la condamner parce qu'elle a des facultés que les autres n'ont pas. Je ne referai pas l'erreur de penser que le fait de ne pas être comme moi la rend forcément dangereuse.

Et son don a l'air de lui avoir déjà fait tellement de mal, je pense qu'elle a assez payé pour ça. Quelque part, l'arrivée dans ce monde doit être une nouvelle chance pour elle, et je ne veux pas la gâcher. C'est décidé, je ne peux pas l'arrêter, mais maintenant il faut que je trouve un moyen de l'aider à s'en sortir.


Ma décision prise, je relève la tête et la regarde, droit dans les yeux. Je la revois alors qu'elle se livrait à moi.  Je ne saurais la décrire à ce moment-là mais elle dégageait quelque chose de... Spécial. C'est la même personne, je n'en doute pas, mais l'aura qui émanait d'elle tandis qu'elle me parlait était différente. Comme si, alors qu'elle se mettait à nu, sa fragilité disparaissait pour laisser place à une force et une sérénité insoupçonnables au premier abord. Oui, elle dégageait une force et une tranquillité qui imposaient un certain respect. Et en la regardant parler, j'avais compris que j'avais vu juste. Non seulement sur le fait qu'elle aussi ne soit pas de ce monde, mais aussi que ma rencontre avec cette jeune femme allait marquer un tournant dans ma vie.


« S'il y a bien une chose que mon monde m'a appris, c'est que différent ne veut pas dire dangereux.  Oui, mon monde. Parce que vous n'êtes pas seule. »

J'espère qu'elle comprend où je veux en venir. Que non seulement son cas n'est pas unique, mais qu'en plus elle pourrait trouver du soutien parmi ses semblables, à commencer par le mien. Mais pour le moment, la seule chose que je puisse faire pour elle est de lever les soupçons contre elle. Reste à voir comment je vais m'y prendre. Cette fois, plus que mon devoir de policière, c'est mon désir. Je fais un pas vers elle et lui tends la main, sourire aux lèvres.


« Je crois que je n'ai pas été totalement honnête tout à l'heure, laissez-moi me présenter à nouveau. Je suis Judy Hopps, de la police de Zootopie, capitale d'un autre monde. Et je suis là pour vous aider. »




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Dim 30 Oct 2016 - 23:21
Je m’attendais à tout, mais absolument pas à cela. Mes yeux s’écarquillent en entendant la jeune policière me décliner sa véritable identité. J’ai beaucoup du mal à enregistrer cette nouvelle réalité. Ne serait-elle pas en train de me mentir ? Mais alors je me souviens de mon inexplicable et brutale arrivée à New York, de toutes mes questions qui sont restées sans réponse. Après tout, oui, pourquoi d’autres comme moi ne se seraient pas retrouvés dans ma situation. Comment s’est-elle accoutumée à ce nouveau monde ? J’ignore tout de Zootopie, mais elle semble bien plus à l’aise que moi dans cet environnement ultra-moderne et bétonné, ainsi qu’avec les mœurs des habitants de cette ville : son ancien monde devait être relativement similaire à celui-ci. Une véritable force de caractère se dégage aussi de son attitude et de son regard : je lui envie cette solidité qui me fait cruellement défaut, mais dans le même temps je sens que je peux lui faire confiance. Il n’y a pas de place pour le mensonge et l’égoïsme dans son regard, je n’y vois qu’un sincère désir de m’aider.

C’est là que je me rends compte que je suis restée immobile sans rien dire, que je frissonne mais pas de froid. Ni de peur ou de tristesse. Il y a peu de moments dans ma vie où je me suis sentie valorisée : jamais personne, depuis que je me suis coupée de ma sœur et que mes parents ont disparus en mer, ne m’a fait sentir que je comptais vraiment en tant qu’être humain. Que j’étais autre chose que le chef d’Etat d’Arendelle, ou la Sorcière des Neiges, ou que l’intello weirdo de l’université. Personne ne m’a traité comme Elsa, juste Elsa. La jeune fille qui recherche désespérément un peu de reconnaissance et d’affection, malgré ses apparences froides qui ne sont en réalité qu’un masque. Je réalise que mes yeux se sont embués. Le givre fixé sur le mur vient de s’évanouir comme par enchantement, lui aussi. Et soudain, sans que ne puisse contrôler quoi que ce soit, un évènement incroyable, impensable a lieu. Je me précipite au cou de la policière et l’embrasse, la serrant fort dans mes bras.

-Oh, merci, MERCI ! Merci de ne pas me rejeter, merci de m’écouter, merci de…

Je reste encore accrochée à son cou, et je dis plus bas :

-Merci d’être là.

Je reste quelques secondes encore comme ça, puis je me détache d’elle, et reviens à ma place initiale. Je n’ai pas quitté son regard, mais je me sens étrange, et je souris mais bizarrement. Qu’est-ce que je viens de faire ? Où est passée ma peur du contact physique, ma discrétion, ma retenue ? Je me rends compte que c’est agréable de se sentir proche de quelqu’un de cette façon, et je me prends à regretter la distance froide que j’ai imposée à Anna pendant toutes ces années

En même temps que la conscience de ce que j’ai fait, ce qu’il nous reste à faire me revient en mémoire. Je pense à l’autre policier qui attend dehors, au client blessé par ma faute, aux filles et au patron qui me guettent dans le bar, et je sens la peur qui me revient. Cette policière peut-elle vraiment m’aider ? C’est le moment de le prouver.

-Mais… comment va-t-on faire ? Il m’a vue utiliser mes pouvoirs, il le sait. Et il ne me pardonnera pas de lui avoir fait ça. Peut-être que j’aurais dû lui céder, mais je… je ne peux pas, je n’y arrive pas. Et mon patron m’a a l’œil maintenant. Je le sais, j’ai compris aussi que les autres filles parlaient derrière moi. Il y en a un tout à l’heure… Elle m’a murmuré dans le dos, elle a dit qu’un vrai homme ça me ferait du bien.

Je réalise que j’ai de nouveau les mains jointes et les yeux baissés. Le souvenir est encore trop frais et la blessure trop vive.

-C’est pour ça que je suis sortie en vérité, et que j’ai surpris votre conversation avec votre chef. Justement lui… il ne m’aime pas, je le sens. Il me veut du mal. Comment pouvez-vous m’aider à sortir de là.
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Mar 15 Nov 2016 - 19:34
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toi et moi on est dans le même bateau. Fais moi confiance, je peux t'aider. Je peux au moins essayer.



Comme on aurait pu s'y attendre, la serveuse est surprise. Et pour cause, elle n'avait sans doute encore jamais croisé d'autre personne comme elle, et n'avait peut-être même jamais imaginé qu'il pourrait y en avoir . Et quelque part, le fait que contrairement à moi, sa première rencontre avec un être d'un autre monde soit positive et rassurante me plaît. Surtout vu le passé qu'elle a l'air d'avoir eu, je crois qu’elle a cruellement besoin d'un peu de soutient. Et je veux la soutenir. Parce que, plus encore d'avoir toujours voulu protéger et servir, je me suis attachée à elle. A cet instant précis, je sens une chaleur dans tout mon corps. Le genre de chaleur qu'on ressent devant une scène émouvante dans un film. Cet espèce de mélange attachement/fierté/bonheur. Sentiment qui serait d'ailleurs bientôt renforcé,

Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'elle me saute littéralement dessus pour me serrer contre elle. Elle a du se sentir bien seule, et vraiment effrayée par tout ça. J'enroule également mes bras autour d'elle, espérant la rassurer et lui transmettre toute ma sympathie dans ce geste. Je devais faire tout mon possible pour la sortir de ce faux-pas et la mettre à l'abri du danger. En fait, je devais le faire avec toutes les personnes qui arrivaient dans ce monde et se sentaient perdues, abandonnées comme elle. Ou comme nous, les personnes issues d'un autre monde de façon plus générale. Après tout, en tant que policière je pourrais sans doute les aider d'une façon ou d'une autre, et en demandant les affaires « étranges » au poste, je pourrais facilement repérer les nouveaux arrivants avant qu'ils ne s'attirent trop d'ennuis. Et en même temps, ça me permettrait peut-être d'en apprendre plus sur ce qu'il nous arrive à tous en les interrogeant. Mais oui, tout le monde y gagne ! C'est la meilleure idée que j'ai eue depuis mon arrivée ici, il faut que je me renseigne au poste. Et que je me fasse connaître auprès de nos congénères et que... Mais je m'emballe. Chaque chose en son temps, d'abord Elsa.

Je la regarde, écoutant ses questions, un sourire amusé aux lèvres. Elle ne me connaît pas assez pour le voir, mais j'ai un plan !


« En fait j'ai déjà une petite idée de comment arranger ça, mais il va me falloir votre aide ; Vous pensez pouvoir me suivre au poste ? »


J'allais retourner à l'intérieur du bar, où Cohle devait déjà probablement être en train de monter le personnel contre ma protégée, mais je la vois hésiter. Je retourne vers elle et lui prends les mains pour la rassurer et la regarde droit dans les yeux.

«  Une dernière chose. Ne vous laissez jamais faire par les types du genre de l'autre soir. Ni même par votre patron ou vos collègues. Bornés comme ils sont, ils ne vous comprendront jamais. Oui, vous êtes différente.Mais... Et  alors ? ça ne veut pas dire que vous valez moins qu'eux. Prenez-le comme un défi, montrez leur que l'on peut être jeune, débarquer d'un autre univers et pourtant trouver sa place à New York, comme tout le monde. »

C'est un comble. Moi qui ai – même sans le vouloir – provoqué une panique sans précédent à Zootopie en ne comprenant pas ce que voulait vraiment dire « être différent » me retrouve maintenant à expliquer à une jeune serveuse en manque de confiance que ce n'est pas un tort mais une richesse. J'imagine que c'est ce qu'on appelle l'ironie du sort. Ou alors c'est voulu ? Est-ce qu'on a tous été envoyés ici , dans ce monde, pour remplir une mission ? Un peu comme un ange gardien. Ou pour se racheter de ses erreurs passées ? En tout cas, c'est une piste à exploiter !

Je pose le regard sur Elsa, me demandant quelle pourrait être sa mission. Elle semble un peu rassérénée, enfin je crois. En tout cas, elle ne s'oppose pas quand j'ouvre la porte et je l'invite à pénétrer dans les lieux devant moi. J'essaye de lui communiquer ma confiance. On va la boucler, cette affaire, et tout se terminera bien pour elle. Courage Elsa, c'est la dernière ligne droite !


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Sam 19 Nov 2016 - 19:50
Elle semble si sûre d’elle… Dieu que je lui envie cet état d’esprit ! Elle ne se sépare pas de son petit sourire amusé et confiant… de mon côté j’esquisse aussi un sourire, plus timide, un évènement suffisamment rare pour être signalé. Elle me dit qu’elle a un plan. Soit, je veux bien la suivre. Après tout je n’ai rien à perdre, et de toute manière tout chez elle m’inspire la confiance.

-Oui… je crois que je peux y arriver, je vais essayer de vous suivre.

Mais avant que nous ne remontions dans la salle, elle se retourne vers moi et elle me prend la main. Je ne m’attendais pas au geste, et j’ai un sursaut de surprise. Mais le contact est calme, agréable, rassurant. La vérité et que j’aime le contact physique, comme tous les êtres humains, mais j’ai terriblement peur de l’initier. Je ne peux m’empêcher de serrer sa main plus fort tandis qu’elle m’explique que je n’ai pas à avoir peur d’être différente, que ce n’est pas une tare, une tache, mais une richesse et une forte. « Il y a de la beauté dans tes pouvoirs, Elsa »… Grand Pabbie me le disait déjà quand j’étais toute petite. « Mais la peur sera ton ennemie »… et dans les années qui suivirent, je n’avais rencontré presque personne, mis à part des gens qui avaient peur de moi et me rejetaient. Il y avait bien Anna, mais les cruelles circonstances m’avaient … et aujourd’hui je croise quelqu’un qui croit en moi, sans que je ne lui rien demande. Sans qu’elle ne me doive rien. Et à cet instant je me rends compte de ce que je ressens pour cette personne : je l’aime. Comme j’aimais Anna, comme j’aimais mes parents, comme j’aimais ces petites créatures de neiges que je façonnais grâce à mes pouvoirs…

Et cette sensation me rend plus forte. Je suis de nouveau Elsa Kristanna Solveig Agdarsdotter von Arendelle, la Reine des Neiges. Mon regard se fait plus décidé quand je la suis vers l’intérieur du bar. Je me permets de rajouter :

-Je sais… j’ai toujours cette tendance à me dire que je vaux moins que les autres parce que je ne suis pas pareil. C’est un sentiment profond et très ancien, dont je me débats mais je n’arrive pas à me débarrasser. Un peu comme une couche de goudron qui me colle à la peau… Mais si j’ai du mal à croire en moi, je crois en vous. Vous avez raison de dire ce que vous avez dit, merci pour ce que vous faites pour moi. Je vous fais confiance, allons-y.

Et contrairement à ce à quoi Judy devait s’attendre, c’est moi qui pousse la porte et pénètre la première dans le bar. Je note d’emblée qu’il y a moins de monde, plusieurs clients ont du partir en voyant la police pointer le bout de son nez. Aie, voilà qui ne va pas arranger mes affaires. Les regards de mon patron, toujours à son comptoir, et des autres serveuses, ne sont pas précisément sympathiques non plus. Je sais à cette seconde que j’ai perdue mon emploi, mais bizarrement ça ne me dérange plus outre mesure. Je sais que j’ai suffisamment de ressources pour en trouver un nouveau, un où je n’aurais plus à travailler dans un lieu qui ne m’interdit pas d’être moi-même… et puis surtout je sais que je ne suis plus seule à présent.

Mon patron attendait ce moment, visiblement. Le voilà qui quitte son poste d’observation, puis qui s’avance vers nous, son ventre bedonnant le précédant, ses yeux noirs dardés sur moi. Mais c’est à Judy qu’il s’adresse au final.

-Ecoutez, on… on veut pas d’embrouille, on veut pas d’histoire. Cette fille… on ne sait pas qui elle est, on ne s’est pas d’où elle vient, elle ne manquera à personne. Mais c’est un établissement respectable ici. Ce qui est arrivé hier était de sa faute, et ça ne se reproduira plus.
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Lun 23 Jan 2017 - 13:32
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toi et moi on est dans le même bateau. Fais moi confiance, je peux t'aider. Je peux au moins essayer.

Mon discours a de toute évidence eu l'effet escompté sur Elsa. Elle a l'air regonflée à bloc, et je sens une nouvelle énergie en elle alors qu'elle pousse la porte menant à l'intérieur du bar. Je souris discrètement, il ne faudrait pas que nos ennemis du jour s'en rendent compte. Mais je suis heureuse. Et pas seulement parce que j'ai aidé quelqu'un. Je l'ai aidée elle, et je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin. Cette pensée me plaît. L'espace d'un instant je retrouve mes marques, je me sens comme à Zootopie quand je me sentais utile et à ma place. Oui, je crois que c'est ça le mot juste.

A l'intérieur, notre arrivée est attendue avec appréhension. Je vois Cohle, adossé contre un mur, nous observer avec indifférence ; Enfin, c'est ce qu'il veut faire croire mais je sais bien qu'il est curieux de voir le dénouement de cette histoire. Le patron et son personnel, eux, semblent plus hostiles. J'imagine qu'ils espèrent qu'Elsa démissionne, ça leur simplifierait les choses, et ça n'entacherait pas leur réputation comme une arrestation le ferait. Le tenancier se dirige vers nous d'un pas mal assuré, et essaye de défendre son établissement. Oui bon en gros, tout est de la faute d'Elsa, lui est irréprochable et je ne peux que comprendre qu'elle l'ait mis dans une situation difficile. Je bous intérieurement. Un établissement respectable, tu parles ! C'est facile de tout rejeter sur quelqu'un qui n'est pas en position de se défendre ! Mais je prends sur moi et je ne bronche pas. Je jette un regard interrogateur à Elsa. Est-ce que cette situation lui convient vraiment ?

Pour être honnête, moi aussi je préférerais qu'elle démissionne. Elle sera toujours traitée en paria ici et elle peut trouver bien mieux, je l'aiderai même si elle le veut. Mais c'est une décision qu'elle doit prendre seule. J'essayerai de lui en parler seule à seule lorsque l'occasion se présentera.

«  Là n'est pas la question. Pour le moment j'essaye seulement de savoir ce qu'il s'est passé exactement. C'est pourquoi j'emmène Mademoiselle Von arendelle avec moi au poste pour prendre sa déposition. A moins que vous n'y voyiez un inconvénient ? »

Ma question est bien entendu rhétorique. Il devait espérer que les choses se passent comme ça, et puis quand bien même, il ne pouvait pas interférer. Je lance un dernier regard à Elsa, prends mon manteau et l'accompagne vers la sortie, sans me préoccuper de Cohle qui doit toujours être adossé à son pilier.
Mais une fois sur le seuil de la porte, je ne peux me retenir et glisse à nouveau la tête dans l'embrasure pour adresser quelques derniers mots au tenancier.

« Au fait ! Ne condamnez pas Elsa, il est encore trop tôt pour présumer de sa culpabilité ou de son innocence, même selon les standards de la police. »

Puis j'invite Elsa à prendre place à l'arrière de la voiture, tandis que je m'installe au volant, bientôt rejointe par mon équipier.


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Au final, cette histoire s'est réglée sans trop de vague. Une fois au poste, faire entendre raison au plaignant ne fut pas très compliqué. Même s'il décidait d'intenter un procès, son attitude n'était pas claire puisqu'il avait ignoré devant témoins le refus d'Elsa, et sa crédibilité était proche de zéro. Il ne ferait que se ridiculiser en affirmant avoir été agressé par une sorcière qui l'avait attaqué avec de la glace lorsqu'il lui avait fait des avances. On le prendrait au mieux pour un homme ivre qui n'acceptait pas qu'on le repousse, au pire pour un illuminé qu'on ferait interner. Et ça, il l'avait vite compris.
Quelques heures plus tard, il retirait donc sa plainte et Elsa était lavée de tout soupçon. Du moins aux yeux de la loi.

Je terminais mon rapport lorsque l'on me tapota l'épaule. Cohle était là, un sandwich entre les mains qu'il me tendait avec un semblant de sourire. Il me proposa de rentrer me reposer pendant qu'il s’occuperait du rapport. Ce qui tombait à pic, fatiguée comme j'étais. J'acceptais donc avec plaisir et pris mes affaires pour rentrer chez moi.
Avant que je ne franchisse le seuil de la porte il me lança un « bien joué, Petite » un peu cliché mais toujours réconfortant.

Sourire aux lèvres, je repassais les événements récents dans ma tête. Le bilan est plus que positif. Ma méthode peu académique avait été approuvée par l'ancien du poste, j'avais fait régner la justice sur New York et je m'étais faite une ami, que demander de plus pour une première affaire ?

Elsa et moi avions effectivement prévu de nous revoir pour parler – entre autres - de ses plans d'avenir une fois qu'elle aura quitté son poste au bar.
Je ne pouvais pas encore le savoir, mais elle allait vite devenir une des personnes les plus importantes à mes yeux. Bientôt, de nombreux points communs surgiraient ça et là, nous rapprochant toutes les deux et faisant rapidement de nous des amies très proches. Par la suite les sorties se multiplieraient, les idées fuseraient et grâce à elle je trouverais même le local où je logerais et ouvrirais mon cabinet de détective privé. Je lui proposerais d'ailleurs de me filer un coup de main de façon occasionnelle sur certaines affaires. Mais ça, j'étais à des kilomètres de m'en douter lorsque j'insérais la clé dans la serrure de la porte de mon appartement ce soir là, fatiguée mais heureuse.

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