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 :: RP Abandonnés
Sisters time and Gossip girls (pv. Anna d'Arendelle)
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Lun 3 Juil 2017 - 10:24
Sisters time and Gossip girls  

feat. Anna d'Arendelle



Cinq minutes. Puis dix, quinze, vingt… trois quart d’heure bientôt ! Je pensais m’être habituée à la conception très élastique que ma chère sœur a des horaires. Je me trompais. Mais je ne me lève pas pour aller à sa rencontre, toute à ma joie de la retrouver et prête à sourire face à ses éternelles excuses bafouillées. Non, cette fois je reste assise sur mon lit, à me tournicoter les cheveux d’un air renfermé, tandis que mon regard parcourt la chambre toute prête pour recevoir Anna. Des petites décorations de Noël sont encore accrochées à la porte, aux fenêtres, et un petit sapin (en plastique, car j’ai vite compris quel danger pour la nature représentent les authentiques sapins des fêtes en ce monde) décoré de quelques boules et girlandes se tient au pied du lit. Sur la petite table se tient un plateau rempli de tartines de nutella ainsi que deux bols de chocolat au lait (froid pour moi), je ne ménage rien pour lui faire plaisir. Sur la petite table de nuit a été installé mon frêle ordinateur portable, la boite de DVDs posée à côté avec le logo de la Bibliothèque de l’Université bien en évidence. Downton Abbey… cette série me fascine pas seulement du fait de la richesse du scénario et des personnages, mais aussi parce que les costumes et la reconstitution m’évoquent avec force mon Arendelle natale, loin de ce monde bruyant et gris, sans âme, où je me sens parfois dépérir. Depuis le temps que j’insistais pour qu’Anna s’y mette ! Je lui ai proposé une nouvelle fois de regarder au moins le premier épisode avec moi hier, et elle a accepté. Mais je sais que la séance de visionnage est essentiellement un prétexte pour recoller à nouveau les morceaux cassés entre nous…

Je sais qu’elle a été blessée en découvrant que je lui avais menti sur mes occupations, ce soir à la patinoire, et je m’en veux terriblement. Ce soir-là quand elle m’a pris en flagrant délit, j’ai été obligée de déformer la vérité, mais je doute que même ma naïve petite sœur ait pu croire un instants les explications bancales que je lui ai sorti. Je sais qu’elle veut une explication, et pendant un instant je me suis senti prête à la lui donner… Malheureusement le sort en a décidé autrement. Quelques jours seulement après l’épisode de la patinoire a eu celui de… l’accident entre Mal et moi. Je n’arrive toujours pas à en revenir : autant de sentiments contradictoires en un seul après-midi. La magie, l’amour, puis l’ivresse, le désir, et enfin la violence, la peur et la colère…

Sur ce triste évènement s’est arrêté notre relation, et j’en reste encore inconsolable. Plus que jamais, et pour des raisons contradictoires, je me sens mal à l’aise par rapport à cet aspect si intime et… hors norme de ma personnalité. Bien plus que je n’ai jamais eu de complexes par rapport à mes pouvoirs. Je ne me sens donc en aucun cas prête à en parler à Anna : cela ne ferait qu’aggraver les choses, car je suis persuadée qu’elle aussi ne pourrait pas faire autrement que me juger. Mais l’aspect paradoxal et qu’après plusieurs jours de dépression, je sais que je n’en peux plus de me sentir seule, et que j’ai besoin terriblement de ma sœur. Pour discuter, pour m’amuser, pour oublier tout ça…

Y parviendrai-je ? Anna ne risque-t-elle pas de se laisser aller au démon de la curiosité ? Et je sais que je ne lui ai pas prêté suffisamment d’attention avec ces histoires, j’ai d’ailleurs pris soin de présenter le rendez-vous aujourd’hui comme une opportunité pour faire amende honorable après l’incident de la patinoire. Après tant de minutes d’hésitations, je me rends compte que je n’en peux plus d’attendre. Je me lève, j’enfile ma veste verte et enroule mon écharpe violette ; j’enfile des chaussures et je sors : une tenue que d’aucun jugeraient mal avisée par un froid d’hivers, mais vous devez déjà savoir que ce genre de détails ne m’a jamais importunée… Je descends en trombe les escaliers, ouvre avec peine la porte d’entrée qui grince et me place à l’entrée de l’immeuble, les mains dans les poches, scrutant l’arrivée de ma chère petite sœur…



clyde sur epicode
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Mar 25 Juil 2017 - 17:19
Sisters time and gossip girls
Anna & Elsa
And just to clear the air I ask forgiveness for the things I've done, you blame me for. But then I guess, we know there's blame to share.

Anna jeta un rapide coup d'œil vers son portable posé sur un coin de la table. L'écran noir semblait renvoyer le moindre de ses mouvements, dévisager plus que de raison les traits inquiets de son visage. L'esprit embrouillé, des milliers de pensées se bousculaient dans le crâne d'Anna alors qu'elle anticipait avec angoisse l'éveil terrible de son téléphone. Merveilleuse invention que le smartphone. La vie prenait un tout nouveau tournant lorsqu'un morceau de technologie était là pour rappeler toutes les dix minutes que, oui, le temps lui échappait et qu'à chaque nouvelle alarme, c'était l'heure du départ qui approchait. Les alarmes. Anna en usait et en abusait. Cinq pour se réveiller, deux pour lui rappeler qu'elle ne devait surtout pas traîner devant la télévision si elle voulait attraper son bus, une autre pour lui souffler qu'il fallait descendre les poubelles… Ça vibrait et ça sonnait à longueur de journée, si bien qu'Anna vivait parfois dans l'attente de la prochaine sonnerie. Pitié ne sonne pas. Un instant en suspens. Mais rien. Ouf ! Pas de musique, elle était donc encore dans les temps ! La jeune femme se mordit les lèvres. Son regard se balada à toute allure dans la pièce tandis que ses pieds hésitaient. Droite, gauche, la cuisine ou la chambre de Kiara ? Réfléchis Anna, une botte ça ne disparaît pas comme ça ! Pourquoi avait-elle disparu d'ailleurs, cette botte ? Pourquoi avait-elle perdu sa compagne ? La princesse n'en avait aucune idée. Il y avait des mystères qu'Anna elle-même ne s'expliquait pas, le genre de secret qui faisait que la jeune femme retrouvait parfois sa brosse à dents dans le salon ou la télécommande dans sa commode. Sûrement parce que ses habitudes de rangement étaient aussi maladroites que ses actions et aussi désorganisées que ses pensées.

Vite, vite, vite. Le temps ne prenait pas de pause pour chercher une botte perdue et c'était un retard qui lui pendait au nez. Encore. Oh non. Et sa sœur qui allait l'attendre ! Cette simple pensée suffisait à remplir son cœur de culpabilité. Accablée par le désordre de son appartement, elle sentit ses dents repartirent de plus belle à l'attaque de ses lèvres ; ces mêmes lèvres qui, la veille, c'était muée en un immense sourire lorsque Elsa l'avait invité à partager un moment entre sœurs devant une série. Anna vivait pour ces moments-là. Pour ces instants éphémères ou plus rien n'avait d'importance si ce n'était leur bonheur commun, l'impression fugace que le mot famille signifiait encore quelques choses pour elles. Que les choses étaient comme avant. Elle était belle, cette époque où rien ni personne ne semblait pouvoir les séparer. Loin des problèmes et des responsabilités, il n'y avait que leurs jeux qui comptaient. Seulement, ce temps-là était révolu. Anna pouvait se berner d'illusions autant qu'elle voulait, se cacher derrière des sourires et prétendre avaler les mensonges de sa sœur, tout avait changé. Leur relation était le résultat de quatorze années morcelées d'absences et de fausses apparences. De simples sourires ne suffiraient pas à recoller ces morceaux-là. Pourtant, Anna avait encore la naïveté de croire qu'il n'y avait rien que la gentillesse et l'amour ne puissent réparer. Alors, elle redoublait les tentatives pour se rapprocher de sa sœur. Inconsciemment, elle se faisait collante, parfois même envahissante pour percer la bulle protectrice dans laquelle Elsa semblait parfois s'enfermer. Elle ne demandait pas grand-chose, Anna. Quelques moments privilégiés, de la confiance, plus de mensonge. Si la perspective de passer une soirée avec sa sœur remplissait son cœur de bonheur, il y avait néanmoins des choses qu'Elsa n'allait pas pouvoir passer sous silence. Encore fallait-il qu'Anna puisse décoller de son appartement correctement chaussé.

Pas dans sa chambre, ni sous son lit… Pourquoi fallait que ce genre d'étourderie stupide lui tombe dessus maintenant ? « Kiara ? Tu n'aurais pas vu ma bottine trainer par hasard ? » Sa colocataire, la seule qui sache s'y retrouver dans le bazar organisé qu'était leur logement. Son dernier espoir. La voix de Kiara lui parvint depuis le salon : la salle de bain. La salle de bain ?! Perplexe, Anna s'y précipita. Sa botte était effectivement cachée derrière la porte. « Trouvé ! Merci ! » S'écria-t-elle soulagée. Comment avait-elle atterri ici ? Peut-être parce que la jeune femme avait trouvé cet endroit approprié pour ranger ses chaussures, mais que, fidèle à elle-même, elle avait tout simplement interrompu son rangement pour vaquer à d'autres occupations. Ça lui apprendrait à être aussi brouillonne. « Et dans les temps en plus ! Haha ! » Qu'elle jubila en enfilant son manteau. C'est Elsa qui serait étonnée de la voir à l'heure ! Mais le petit sourire victorieux qui était né au coin de ses lèvres mourut rapidement. Elle avait beau appuyer sur les touches de son téléphone, celui-ci refusait de s'allumer. Déchargé. « Oh non, oh non, oh non… » Voilà pourquoi les alarmes n'avaient pas sonné ! Comme frappée par la foudre, elle se jeta sur son sac et courut vers la porte. « Kiara j'y vais, je suis en retard ! » La porte claqua dans son dos. La minute d'après, elle se hâtait dans la rue, le cœur pris dans sa course folle.


Un voyage en métro et quelques stations plus loin, elle y était. Au pied de l'immeuble, sa sœur l'attendait. Depuis combien de temps ? « Elsa ! » Anna accourut vers elle pour la serrer doucement dans ses bras. Elsa brillait, malgré la météo capricieuse et ses températures hivernales. C'était dans ces instants-là que la jeune femme reconnaissait sa sœur dans son véritable élément. À moitié morte sous trop de couches de vêtements, cachée derrière une écharpe et un bonnet, Anna avait une fière allure de boudin à côté du charme d'Elsa. « Excuse moi, je suis tellement… Désolée… D'être en retard… Encore… » Articula-t-elle entre deux goulées d'air. « Tu vas bien ? Je t'ai pas fait attendre trop longtemps j'espère ? » Elle desserra un peu son écharpe, c'est qu'elle étouffait là-dessous, et même le vent glacé qui soufflait sur la ville ne semblait pas pouvoir combler son manque d'oxygène. À croire que son appareil respiratoire pompait dans le vide. Ce qui était fort probable, mais Anna s'était résignée à supporter les désagréments de son état de santé sans broncher. « J'avais pourtant mis des alarmes pour partir à l'heure, tu sais, mais la batterie de mon téléphone est tombée à plat, je ne m'en suis pas rendu compte… Et comme je n'ai pas de montre ou d'horloge chez moi… Et puis… » Une bouffée de honte envahit ses joues.  Elle y plaqua ses mains gantées, ahurie par la stupidité de son excuse. « Impossible de retrouver mes… Non ma chaussure. Oh non, c'est encore plus ridicule dit comme ça. Je suis désolée ! » Un rire gêné ponctua cet aveu. Malheureusement, ce n'était pas la première maladresse qu'elle confiait à sa sœur, et ce ne serait sûrement pas la dernière. « Oh, pour me faire pardonner, j'ai apporté des krumkake ! Fait maison cet après-midi ! » C'est ça Anna, change de sujet pour ne pas passer pour une catastrophe ambulante. « Enfin, j'ai essayé de faire des krumkake. Ça ne vaudra jamais ceux du château, mais je crois que c'est mangeable… » Du moins, elle l'espérait. Évoquer son dessert favori avait le don de lui faire faire un bon dans le passé, ses souvenirs la ramenaient à Arendelle le temps d'un instant. Combien de fois avait-elle mis son nez trop curieux dans les cuisines du palais dans l'espoir de pouvoir chiper ici et là dans les assiettes ? « Enfin, voilà, je suis prête pour Downton Abbey ! » Le ton de sa voix trahissait son excitation. L'idée d'avoir un nouveau sujet de conversation commun grâce à cette série illuminait son visage de joie. Une soirée rien qu'entre sœurs !

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Jeu 3 Aoû 2017 - 14:48
Sisters time and Gossip girls  

feat. Anna d'Arendelle



La voilà qui me tombe dessus comme la tempête et se calme pour me serrer doucement dans ses bras. J’esquisse un sourire calme, tandis que ma pauvre Anna commence à se confondre en excuses, comme à son habitude, et je m’empresse d’arrêter le flux ininterrompu de paroles :

-Ce n’est rien, petite sœur, je n’ai pas eu trop à attendre. Par ailleurs, j’ai entendu dire que dans ce monde ils avaient une tradition appelée « le quart d’heure de politesse »… et je pense que ça porte bien son nom. Donc d’une certaine façon, tu es plus polie que moi.

Une légère touche d’humour pour détendre l’atmosphère : encore une leçon bien retenue de mon père, qui celle-ci marche aussi bien pour les réunions diplomatiques qu’avec les personnes qui me sont le plus proches. Je baisse mon regard sur le panier que ma petite sœur serre désespérément entre ses bras.

-Des krumkakes ! Il ne fallait pas Anna, ça me fait très plaisir ! Tu sais que j’adore ça. Entre va, ne restons pas plus longtemps dehors. J’ai préparé des crêpes au Nutella de mon côté.

Voilà que j’introduis la pauvre Anna dans la masure qui me sert de résidence. L’escalier en bois grince sous nos pas, et je mords les lèvres à l’idée du spectacle que je lui donne.

-Fais attention à la rambarde, elle se détache si on pousse trop… oui je sais, j’ai déjà envoyé un mail au propriétaire pour le lui signaler, j’ai pensé à en parler aux autres, mais je ne sais pas si ils vont m’écouter… Je me sens comme un extra-terrestre dans cette résidence parfois tu sais.


Et encore, je passe à Anna les multiples détails déplaisants : la cuisine commune dans un état lamentable , la salle de bain du haut qui fuit, les gouttes qui tombent par conséquent dans la salle de bain du bas, la nourriture qui disparaît mystérieusement et que je n’ai même pas le droit de stocker dans ma chambre selon le contrat… et je passe également certains bruits bizarres que j’entends de façon presque systématique vers une heure du matin par-delà le mur de ma chambre, et qui me mettent mal à l’aise au point de presque m’empêcher de m’endormir. Disons qu’avec tout ça que j’ai d’excellentes questions de ne pas faire confiance à mes colocataires.

Nous ne nous attardons pas dans cet environnement glauque, et nous voilà bien vite juste devant ma chambre. En chemin, je me retourne pour adresser un sourire à Anna, lui demandant du regard si elle a besoin d’aide pour transporter ses krumkakes. Mais ma petite sœur a toujours été la plus vigoureuse de nous deux. Je rentre la clé dans la serrure, je pousse… je pousse encore plus fort.

-Le… le niveau du sol est inégal, et la porte a une fâcheuse tendance à racler le parquet. Là aussi j’ai prévenu le propriétaire.

Anna peut même observer d’ailleurs que des rayures noires strient le parquet là où la porte passe. Mais nous voilà enfin à l’abri. Je ferme vite la porte (aussi vite que je ne le peux) et je me précipite vers la petite table qui fait place au lit. Juste à côté de l’ordinateur, je fais la place en déplaçant les livres qui s’y trouvaient, et j’y installe les krumkakes d’Anna, bientôt rejoints par l’assiette de crêpes, le pot de Nutella et le couteau.

-Je suis désolé par contre, je n’ai pas de jus de fruit, de coca ou autre chose à boire. Il me reste une bouteille d’eau… mais après tout nous avons déjà prévu de consommer suffisamment de sucre et de lipides, tu ne crois pas ?


Je lui fais un petit clin d’œil, et l’invite à s’asseoir sur le lit. Je le fais à sa suite, et étale sur deux crêpes le fléau de la minceur.

-Je dois te préciser que ce n’est pas du vrai Nutella, c’est de la pâte de chocolat similaire que j’ai acheté au magasin biologique… le vrai Nutella est fait avec de l’huile de palme, et ils dévastent la forêt de Bornéo en Indonésie et l’Amazonie pour l’obtenir. Le poumon de la planète et le refuge de nombreuses espèces… j’espère que ça ne te dérange pas en tout cas ?


Je m’apprête à joindre mes mains pour dire les grâces, mais je me ravise. Anna n’a jamais été très portée sur la religion contrairement à moi, et j’ai peur de la mettre mal à l’aise, ce qui n’est surtout pas l’objectif. Un jour je prendrai beaucoup de plaisir à lui rappeler cette fois où s’est endormie et a ronflé pendant une des leçons de l’évêque, à Arendelle… Mes lèvres se fendent d’un sourire, et j’appuye sur la touche de l’ordinateur tout en me saisissant d’un krumkake.

-C’est parti, à notre après-midi Sisters time !


Et c’est ainsi que le générique de la série se déroule sous nos yeux, initiant le tout premier épisode.

https://www.youtube.com/watch?v=nb_nhaWsdqg

J’anticipe un peu et décide de résumer un peu le contexte à Anna. Je sais d’expérience qu’elle a l’agaçante habitude, qu’il s’agisse d’un film ou d’un livre, de perdre le fil du récit en s’attachant. En même temps se déroulent sous nos yeux les scènes du premier épisode : le train qui siffle, l’arrivée de la lettre :

-Ça se passe dans un pays qui s’appelle l’Angleterre, au début du XXème siècle. Les Crawley sont une riche famille noble qui possèdent un domaine ancestral, Downton Abbey, le lieu où se déroule le récit. Ils ont plusieurs domestiques qui vivent avec leur famille au domaine. Le comte Grantham, chef de la famille Crawley, a trois filles, mais l’héritage de Downton Abbey ne peut se transmettre qu’en ligne masculine. Comme Arendelle avant les réformes promulguées par notre père, tu te rappelles ? Tu te souviens comment nos cousines étaient furieuses que je devienne finalement reine ?

Puis je me tais quelques instants, attendant sa réponse. Tout d’un coup je me sens mal à l’aise. Je sais pertinemment que l’épisode et les discussions qu’il entraînera ne pourront pas couvrir tout l’après-midi. Tôt ou tard, Anna va vouloir parler de sa vie… et surtout de la mienne. Il y a trop de non-dit depuis notre dernière rencontre, auxquels il me sera difficile de me soustraire. Je réalise que tout ce que je viens dire à Anna depuis son arrivée, bien que j’y ai réellement mis du cœur, ressemble furieusement à une tentative inconsciente de ma part de repousser le plus possible le moment crucial des questions personnelles. Parlons de l’appartement, d’Arendelle, d’écologie, de Downton Abbey… mais pas de vie personnelle, encore moins de ce qui touche aux relations de couples, et encore moins de la mystérieuse inconnue brune qui a presque deux fois mon âge… Je sens une boule se former dans mon cœur, tandis que mon naturel s’effrite et que je commence à me frotter les mains compulsivement, faussement absorbée par l’épisode…


clyde sur epicode
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Jeu 24 Aoû 2017 - 13:12
Sisters time and gossip girls
Anna & Elsa
And just to clear the air I ask forgiveness for the things I've done, you blame me for. But then I guess, we know there's blame to share.

Parfois, il suffisait d'un événement, d'une personne, pour embellir une journée des plus ordinaires. Pendant qu'Anna se perdait dans des excuses trop longues, trop confuses, sa sœur souriait. Ce sourire-là chassa tout le reste. L'embarras du retard, la nervosité, la peur de tout gâcher. Anna avait trop souvent éprouvé les effets de la honte pour ne pas la craindre. Entre ses doigts, les anses de son sac cessèrent d'agoniser sous la pression. La princesse en proie aux regards impitoyables de courtisans critiques n'était plus, réduite à une jeune femme à la confiance vacillante. C'était stupide. Personne n'était là pour la juger. Pas cette fois. Il n'y avait qu'elles. Anna, Elsa. Elsa, Anna. Et son sourire, qui, comme un écho, répondit à celui de sa sœur. Elle, la plus polie des deux ? « Ce serait bien la première fois ! » Le protocole, les formules de bienséance et autres conventions sociales, ça n'avait jamais été son fort. Enfant, elle trébuchait plus qu'elle ne saluait. C'était Elsa l'héritière, la bonne élève, celle qui savait trouver le mot juste. Elle le prouvait une fois encore. « Le quart d'heure de politesse… Ça me plaît bien oui ! Mais pas sûre que cette excuse passe avec mes employeurs. » Gloussa-t-elle. Une Anna qui glousse, c'est une Anna heureuse. Il en fallait peu pour faire son bonheur. « Bonne idée, rentrons, avant que je ne gèle sur place ! Surtout s'il y a des crêpes ! » Crêpe au Nutella, il y avait dans ces mots des vertus magiques qui ne manquaient jamais de faire leurs effets chez Anna.

Encore fallait-il parvenir jusqu'à la chambre. Drôle de spectacle que cet escalier. Difficile de passer inaperçue, les marches étaient traîtres, si bien que chacun de leurs pas se voyait accompagné d'une symphonie de grincement. Instinctivement, Anna posa une main sur la rembarque, dernier bouclier en cas de chute maladroite. À peine eut elle esquissée ce geste qu'elle retira vivement sa main, comme brûlée par le contact du bois. Pas touche à la rampe. C'était un pari dangereux de la laisser approcher un objet fragile, elle qui contrôlait si peu sa force. Un accident était si vite arrivée. Cet immeuble lui rappelait son premier foyer, une masure perdue dans le Bronx où s'entassaient des jeunes déjà en grippe avec la vie. Disparu, le confort et la sécurité du palais. La chute avait été rude. Seulement, Anna avait vite su se faire adopter par cette nouvelle communauté. Ce qu'elle avait offert en gentillesse et en confiance naïve, on lui avait rendu en conseils et en amitiés. Malheureusement, Elsa n'avait pas l'air de connaître ce genre d'amitié avec ses colocataires. Cette pensée serra le cœur d'Anna. « Oh, je suis sûre qu'ils t'écouteraient, ce n'est pas comme si tu étais la seule à te servir de cet escalier après tout ! Et puis, peut-être que personne n'a encore eu le courage de faire le premier pas ? » Hasarda-t-elle, à court de solution. « Moi, c'est plutôt l'inverse, jamais je n'oserai parler à mon propriétaire de tous les problèmes chez moi. » Et des problèmes, ce n'étaient pas ce qu'il manquait à son appartement. Il ne fallait pas être un génie pour voir que le logement d'Anna n'était pas aux normes, pourtant, elle ne s'était jamais plainte. À vrai dire, la jeune femme soupçonnait le propriétaire d'avoir des doutes sur la véracité de ses papiers d'identité. Un appartement délabré, c'était une chose, mais se retrouver devant la justice pour une affaire de faux papiers, s'en était une autre. Non, Anna préférait se taire et sourire, ce qu'elle fit, les bras chargés de ses provisions, tandis qu'Elsa se battait avec sa porte. « C'est sportif comme entrée ! » Elle commenta en passant le seuil.

La chambre d'Elsa. C'était presque étrange de s'y faire inviter, de voir cette porte s'ouvrir avec autant de facilité. Anna balaya rapidement la petite pièce du regard. Certaines choses ne changeaient pas. Malgré l'état de l'immeuble et la taille du lieu, cette chambre était plus propre et ordonnée que les trois pièces de l'appartement d'Anna réunies. Parfois, la jeune femme allait jusqu'à oublier la couleur du sol de sa propre chambre, car oui, c'était bien un parquet qui se cachait sous les divers vêtements qui traînaient ici et là. Ses yeux quittèrent rapidement le sol pour remonter jusqu'aux murs avant de s'attarder sur un paysage bien familier. « Oh, ton poster… » Elle n'avait fait que souffler ces trois mots, pourtant sa voix avait fait résonner dans ce murmure toute la nostalgie d'Anna. Les excuses de sa sœur l'arrachèrent à sa contemplation. « Ne t'inquiètes pas, de l'eau c'est parfait ! Je suis bête, j'aurai dû apporter quelque chose à boire moi aussi… Enfin, remarques, oui, mieux vaut de l'eau pour faire descendre tout ça ! » Vu comment je risque de m'empiffrer. Les crêpes lui faisaient déjà terriblement envie, sans parler des krumkakes… « Il va falloir que tu m'empêches de trop manger, sinon il faudra me faire rouler jusqu'à chez moi. » dit-elle en s'asseyant, ou plutôt en s'affaissant, aux côtés d'Elsa, toute son attention à la pâte à tartiner et aux explications de sa soeur. L'huile de palme… Perdue dans son petit monde, Anna n'avait pas la moindre idée des ravages que sa consommation de Nutella avait sur la planète. « Oh… Non non, ça ne me dérange pas, je ne savais pas que le Nutella était dangereux pour la… Forêt et les arbres et… les palmiers ? » À vrai dire, elle n'était même pas certaine d'avoir entendu parler de cette terrible huile avant aujourd'hui. Cette époque avait son lot de problèmes, Anna en était vaguement consciente, mais la jeune femme avait encore du mal à sortir de sa brumeuse ignorance. Ce n'était qu'une fois devant les faits qu'elle parvenait à faire la lumière sur ses lacunes, à les corriger.

Si ce monde avait encore beaucoup à lui apprendre, il y avait certaines moeurs qu'elle avait cependant très vite adoptées. Ou oublié. Brusquement, elle tendit la main vers l'assiette de crêpes, uniquement pour stopper son geste en plein vol. Une réflexion avait interrompu son mouvement. Elsa n'avait pas commencé à manger. Mince alors. Était-elle censée dire les grâces avant ? Seule, Anna se serait jetée sur la nourriture sans arrière-pensée. Concernant la religion, elle s'arrangeait parfaitement des pratiques minimalistes, voire inexistante de cette nouvelle époque. Mais voilà que la confusion l'ébranlait. Si on voyait ton laisser aller, Anna, qu'est-ce qu'on penserait ? Car elle n'était pas seule. Elsa était là. Nul doute que sa sœur ainée n'avait rien perdu de son intérêt pour la religion. Loin d'elle l'idée de la décevoir. Une seconde s'écoula. Une seconde assez longue pour que le doute s'installe. La seconde d'après, il avait disparu. Elle saisit sa crêpe, recevant le sourire d'Elsa comme un feu vert. L'épisode avait à peine commencé que la crête était déjà engloutie.

Avec toute la concentration dont elle était capable, elle se plongea dans l'intrigue du premier épisode, délivré par Elsa à travers un résumé simple, efficace, et étrangement familier. Le souvenir désagréable de ses cousines fit grimacer Anna. « Oui ! Difficile de les oublier celle-là. Maintenant que j'y repense, c'était presque méchant de les envoyer si loin d'Arendelle avec de tels époux… Presque. » Elle se mordit les lèvres, une manière comme une autre de s'empêcher de pouffer. Regrettait-elle ? Anna n'en avait aucune idée. Elle n'avait fait que se prêter au jeu du vainqueur, à savoir décider du sort des perdants. Une décision impulsive de plus. Le silence s'installa à nouveau, son regard se reporta sur l'épisode et les domestiques s'agitant à l'écran. « Souvent, je repense à Arendelle tu sais. » Confia-t-elle soudainement. « Et… Je me demande ce qu'il s'y passe. Qui s'en occupe ? Car quelqu'un doit bien être à la tête du royaume en ce moment, n'est-ce pas ? » C'était une pensée récurrente, une question dont la princesse craignait la réponse. Vidée de ses héritières légitimes, Arendelle se retrouvait au cœur des envies cupides des grands dirigeants de leur monde. « J'espère que ce n'est pas ce rat de Vicieux-thon… Ni ces opportunistes de cousins et cousines… Notre disparition doit bien les arranger. » Elle se tut un instant, le temps d'un dialogue. Anna était loin d'être une auditrice modèle. Elle parlait. Beaucoup. Devant les films, devant les séries, commentant sans cesse intrigues, personnages et acteurs, s'attachant au point d'avoir des réactions passionnées, parfois exagérée. Lorsqu'elle ne se jetait pas corps et âme dans l'histoire, elle se perdait, se laissant distraire par tout et n'importe quoi : par des petits bruits venant de l'extérieur, par un objet posé sur la table base, mais surtout, par ses pensées. « Mais peut-être que ce n'est pas eux… Peut-être que c'est Hans qui s'occupe de tout. » qu'elle murmura enfin après avoir tenté tant bien que mal de taire cette parole. Oui, elle espérait que ce soit Hans. Puisqu'il était introuvable ici, peut-être se trouvait il encore à Arendelle. Et qui de mieux que son fiancé pour être à la charge du royaume ? Anna lui vouait une confiance aveugle.

Changement de scène sur l'écran, changement de fils d'idées chez Anna. Le petit déjeuner de la famille Crawley, et plus précisément l'arrivée des filles Crawley, apporta son nouveau lot de commentaires, complètement détaché de la conversation précédente. « Leurs cheveux bruns, ils me font penser à ceux de mère. J'aurais aimé en hériter, les miens ont toujours été si durs à coiffer… » Il lui semblait parfois que sa chevelure était dotée de sa propre raison, elle n'en faisait qu'à sa tête. « D'ailleurs, en parlant de ça… Enfin, en parlant de brune plutôt, ça n'a pas vraiment de rapport en fait, mais… » Sans avertissement, Anna changeait de sujet. C'est qu'au milieu de cette réflexion, sa curiosité avait ramené jusqu'à ses pensées un détail qu'elle ne put faire semblant d'ignorer. Par association d'idées, elle en était étrangement venue à repenser à cette femme brune, qu'elle avait surpris aux côtés de sa sœur lors de leur dernière rencontre. Autant dire que les maigres excuses de sa sœur n'avaient pas suffi à combler l'appétit féroce de sa curiosité. Doucement, Anna se préparait. À quoi ? À attaquer. « Tu n'as pas pensé à inviter ton amie brune de la dernière fois ? Comment s'appelle t-elle déjà ? Malycia c'est ça ? Comment va-t-elle ? J'espère qu'elle arrive à se faire à New York, la vie n'y est pas si désagréable après tout, juste… Différente. Nous pourrions retourner ensemble à la patinoire avant la fin de l'hiver ! » On a déjà connu plus subtile comme entrée en matière Anna… Peu importait, cela ferait l’affaire. Sa sœur lui cachait quelque chose, elle en était certaine, ces questions, c’était un premier pas vers la fin des non-dits et le début de la vérité.

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Mar 29 Aoû 2017 - 23:49
Sisters time and Gossip girls  

feat. Anna d'Arendelle



L’après-midi entre sœurs semble s’augurer sous les meilleurs auspices. Petites blagues sur la nourriture, échange de souvenirs sur notre ancienne patrie… A ce propos Anna s’inquiète de notre absence et de ses conséquences sur la stabilité du Royaume. Je souris doucement : lorsque nous habitions là-bas il était rare de la voir s’inquiéter de ce genre de responsabilités. Aurait-elle pris en maturité depuis notre arrivée dans ce monde ? Je me prends à espérer que ce ne soit pas le cas : je veux conserver ma petite Anna telle qu’elle est, lumineuse d’innocence, toujours prête à me faire  voir le bon côté des choses lorsque je me morfonds dans mes pensées noires et mes remords.

-J’y ai pensé à plusieurs reprises… il est possible que notre vieux parent, celui qui était l’héritier du Trône du Crocus avant les réformes sur la succession royale implémentées par Père, soit revenu à la charge. Tu te souviens qu’il avait demandé ma main à Papa et Maman dans l’espoir de devenir au moins Prince consort ?

J’étouffe un petit gloussement (suffisamment rare chez moi pour être signalé) en me remémorant la scène. La réaction de mes parents face à cette demande osée, devant toute la famille et toute la Cour avait été… intéressante , pourrait-on dire.

-Mais je doute qu’il soit parvenu à ses fins. Les lois d’Arendelle sont fort claires : en cas de vacances immédiates du Trône, un conseil de régence se met en place pour gouverner en attendant le retour du souverain légitime. Il compte surtout des membres de la noblesse, mais certains étrangers peuvent être sélectionnés pour leurs compétences et leur dévouement au pays. Hans pourrait en faire partie, mais le Duc certainement pas ! Au fond, ce n’est pas pour me déplaire… Vois-tu, j’avais déjà comme projet de donner une Constitution à Arendelle, afin de donner plus de pouvoirs aux habitants du Royaume, et notamment aux bourgeois et aux paysans. On dit qu’ils ne sont pas capables de saisir les subtilités du gouvernement du fait des graves déficiences de notre système éducatif, mais je suis persuadée que le problème peut être résolu avec un peu de volonté. Je trouve qu’on utiliser souvent le pessimisme comme prétexte pour demander à ce que les choses restent figées. Soit parce qu’on a peur du changement, soit parce qu’elles avantagent certaines personnes, et ce nouveau monde m’en a fournis la preuve à tant de reprises…

Cette dernière phrase sonne de façon étrange dans ma bouche… n’ai-je pas même prouvé que je pouvais me montrer trop pessimiste ? Aurais-je peur du changement ? Je me décide à chasser ces pensées dérangeantes et me concentre à nouveau sur l’épisode. Mais c’est sans compter sur Anna… Tel un aigle des montagnes d’Arendelle qui fond sur sa proie après l’avoir longtemps survolée en cercles, voilà qu’elle évoque l’amie avec qui elle m’a surprise l’autre jour. Le ton avec lequel elle emploie ce mot est lourd de sous-entendu, et je sens comme une menace qui se lève dans l’air. A la peur de ma sœur de ne déchire le voile de mon secret s’ajoute le souvenir encore lourd sur mon cœur de ce que Mal m’a infligée. Je sens les doigts qui se figent sur mon verre, et une boule qui se forme dans ma gorge. Vite. Dissimuler, ne rien montrer. Je passe une mèche de cheveux blonds derrière mon oreille gauche, et me concentre sur le geste afin d’évacuer la tension. Puis je me penche pour saisir un krumkake de ma sœur. Enfin j’allume le contrefeu.

-L’idée peut paraître intéressante, mais je ne sais pas si ce genre de série plairait à Malycia. Elle n’a pas exactement les mêmes goûts, tu sais. Elle est un peu plus âgée après tout…

Mauvaise pioche. La mention de la différence d’âge entre mon ex petite amie et moi me plonge plus que jamais dans l’embarras, et je sens un cercle rose d’où émane la chaleur se former sur mes joues. Me revient en mémoire ce moment où ce serveur de café a essayé de me draguer pendant que Mal n’était pas là, et face à la réaction furieuse de cette dernière, s’est excusé en disant que « Madame, votre fille est trop jolie ». Inutile que cela n’a pas arrangé son cas… Vite, autre chose !

-Tes gâteaux sont vraiment délicieux, au fait ! Pour en revenir à Malycia, oui elle s’est bien faite à New York, elle a trouvé un métier. Timon l’a aidé. Mais je ne l’ai pas revue depuis un petit moment pour être honnête, lorsque tu nous a surprises l’autre jour j’étais en train de l’initier à la vie New-Yorkaise et de la faire sortir un peu de sa coquille. C’est une bonne amie, une connaissance.

Pour le coup, je ne mens qu’à moitié : c’est effectivement vrai qu’elle ne fait plus partie de ma vie. Le rose de mes joues s’est-il dissipé enfin ? Je n’ose regarder dans un miroir. C’est alors que le petit écran vient une nouvelle fois à mon secours

-Oh regarde c’est le sergent Bates, c’est mon personnage préféré ! Sa relation avec Lord Grantham est très intéressante, à l’époque ce genre de proximité entre un membre de la haute noblesse et une personne du commun était en principe impensable. Mais la Guerre crée des liens…



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Mer 1 Nov 2017 - 17:38
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And just to clear the air I ask forgiveness for the things I've done, you blame me for. But then I guess, we know there's blame to share.

La politique. L'art de gouverner. Les institutions. Autant de sujets au cœur de la vie de la famille royale, autant de sujets auxquels Anna n'avait pourtant prêté qu'une attention diffusée, voire inexistante. À quoi bon ? Il y avait trop d'arbres à escalader, de livre à dévorer, d'endroits à explorer… Si son rang de cadettes la plaçait parfois dans l'ombre des dirigeants, il la délivrait également de nombreuses responsabilités si bien que la jeune femme avait su se plaire dans sa confortable ignorance. Jusqu'à aujourd'hui. Plongée dans les dures réalités de la vie, Anna avait été contrainte de poser un regard un peu plus averti sur le monde dans lequel elle vivait. Mais le chemin était encore long et jamais sa naïveté ne lui avait semblé plus flagrante que face aux propos éclairés de sa sœur. Précis et pertinents, les mots coulaient avec une telle aisance sur les lèvres d'Elsa, qu'Anna ne put s'empêcher d'admirer son éloquence. Elle plaçait une confiance aveugle en sa sœur et son expertise. Il y avait quelque chose de nouveau dans sa vision des choses, et bien qu'Anna ne saisissait pas tout à fait les enjeux soulevés par les paroles d'Elsa, elle était d'ores et déjà prête à l'accompagner dans la construction d'une nouvelle Arendelle. Oui, elle était prête à croire en l'avenir, à se laisser convaincre que le destin d'Arendelle était sauf, placé entre les mains du… Conseil de… Régence.

Mais Anna avait beau oser s'aventurer sur un terrain inconnu, ses pensées ne tardaient jamais à la ramener sur les sentiers familiers de sa curiosité. Tant pis pour l'épisode et les idées visionnaires, le débat fut tué dans l'œuf par la soif d'information d'Anna. Oh, elle ne pensait pas à mal, au contraire. Si tout ce qui touchait de près ou de loin à la mystérieuse amie d'Elsa avait le don de l'intriguer, cette conversation n'était qu'une nouvelle tentative pour se rapprocher de sa sœur. Maladroite, peu subtile, un poil intrusive, mais une tentative tout de même. Et pour le moment, son entrée en matière était loin d'être réussite. « Oh… C'est dommage. » Fut la seule chose qu'elle trouva à répondre dans un premier temps. Car les quelques mots de sa sœur avaient suffi à éveiller toute une foule de questions chez sa cadette. Malycia n'avait pas les mêmes goûts. Mais qu'est-ce qu'elle aimait ? Quel âge avait-elle exactement ? Pourquoi tant de parcimonie sur ce sujet ? Les traits d'Anna se froncèrent légèrement. Il était de retour, ce sentiment désagréable, mais tellement familier. La princesse avait désormais trop l'habitude des cachotteries pour ne pas deviner ce qu'il se déroulait sous ses yeux. Elsa lui cachait quelque chose. Il y avait des signes qui ne trompaient plus, la teinte rosée de ses joues en était précisément un. Pourquoi cette gêne ? Malgré leurs différences d'âge, elle ne devrait pas être aussi embarrassée par cette… Bonne amie. Ou connaissance. « J'espère que je ne vous ai pas trop dérangé ce jour-là… C'était juste si soudain de te voir là Elsa, je ne pouvais pas partir sans te saluer ! » Son incruste s'était voulue peut-être un peu trop envahissante, et surprendre un geste si tendre entre sa sœur et cette Malycia n'avait rien arrangé, au contraire. La bouche entrouverte, prête à renchérir, Anna fut coupée net par l'arrivée du sergent Bates à l'écran. Mince.

Anna se mordit les lèvres. Elle avait envie de se concentrer sur ce qu'il se déroulait à l'écran, de partager des commentaires avec sa sœur, seulement elle en était incapable. Plus maintenant. Alors, sans plus de réflexion, elle se surprit à avancer la main jusqu'à l'ordinateur… Pour mettre l'épisode en pause. Les personnages se figèrent brusquement à l'écran et un court silence tomba sur les deux sœurs, jusqu'à ce qu'Anna reprenne la parole. « Désolée… Mais Elsa… » Vite Anna, mets tes idées en place avant d'ouvrir la bouche. « Il faut que je sache, je sais que tu me caches quelques choses. Sur Malycia. Je le sais. » Soupir. Son regard tomba sur ses mains, occupées à froisser nerveusement le tissu de sa jupe. « C'est juste que… je pensais qu'on aurait plus de secrets l'une pour l'autre désormais, pas après tout ce qu'il s'est passé… » Les deux sœurs savaient pertinemment jusqu'où pouvaient mener mensonges et silences. Elles en avaient trop souffert, toutes les deux, chacune à sa manière. C'était à cause de toutes ces longues années de non-dits que cette histoire lui tenait tant à cœur. Il n'était pas seulement question de curiosités ou de partage de ragots. Il y avait plus. Quelque chose qu'Anna ne s'expliquait pas. Un manque de communication, comme si la glace n'avait jamais été complètement brisée. Il y avait toujours cette fine couche, celle qu'Anna s'évertuait à vouloir briser. « Tu peux me parler Elsa, je suis ta sœur, tu peux tout me dire ! Absolument tout ! » Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Maigre tentative pour se débarrasser du léger malaise qu'Anna pouvait sentir naître chez sa sœur. « Et en tant que cadette, je me dois d'être d'une oreille attentive et… sérieuse. » Mauvaise pioche, ce n'était pas du tout le mot qu'elle cherchait. « Hm… » Mince. Où voulait-elle en venir déjà ? Ah oui ! « Donc… » Doucement, elle tendit la main pour saisir celle de sa sœur. « Plus de secret d'accord ? À partir de maintenant on se dit tout. » S'il te plaît, Elsa, ne me fuit pas. S'il te plaît Elsa, de quoi as-tu si peur ? « Même si ça concerne… Malycia. » La voilà sortie des sentiers battus, prête à dévaler à toute allure une pente un poil trop raide.

Impossible de freiner désormais. « Est-ce que… Tu l'aimes bien ? Je veux dire, bien aimer, comme aimer ? Tu peux me le dire Elsa. » Au fond, Anna devinait d'ores et déjà la réponse, son intuition avait déjà fait le travail et ce qu'elle avait vu ne l'avait pas trompé. Cependant, elle avait besoin de l'entendre de la bouche de sa sœur. Gagner cet aveu, c'était se prouver qu'elle était encore digne de confiance, bien que cette histoire créait chez elle une certaine confusion qu'elle peinait encore à justifier.

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Dim 19 Nov 2017 - 19:22
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feat. Anna d'Arendelle



Suis-je naive, ou bien ai-je à ce point envie que les affaires laissées sous le tapis y restent que je finis par y croire ? Le fait est que j'ai bien pensé un instant que Anna allait abandonner ses questions pour profiter de l'épisode avec moi. Néanmoins... ce sentiment pénible de non-dit s'installe, et lourdement. C'est à peine si ma petite soeur répond à ma remarque à propos du sergent Bates. Et son excuse à propos du malaise qu'elle a placé en venant à ma rencontre quand j'étais aux côtés de Mal est lourde de sous-entendus...

Puis soudain c'est le drame. Anna met sur pause le DVD, puis se fige un instant avant de parler. Ses traits sont tendus, tristes, mais en même temps empreints d'une détermination dure comme l'acier. C'est que ma soeur sait se montrer résolue lorsqu'elle le veut, bien loin de l'image tremblotante qu'elle laisse parfois à voir quand elle est en public. Ses paroles sont exactement ce à quoi je m'attendais, ce moment que je redoutais depuis si longtemps. Elle veut savoir qui est Mal, quel est donc ce secret que je lui cache. Je me sens encore plus déstabilisée lorsque son ton se fait plus désespéré, et qu'elle me prend la main pour me rappeler qu'on s'était juré de ne plus jamais se faire de secret. Elle répète que je peux avoir confiance en elle. A cet instant je réalise alors qu'en voulant sauver les apparences et en maintenant un tel secret si loin d'elle, je ne me fais pas seulement du mal à moi-même. Non seulement je m'imposais de vivre dans le mensonge sans rien enlever à la souffrance intérieure qui me ronge, mais je laisse ma pauvre Anna dans le doute et l'incompréhension.

-Je..., enfin, que... heu...

Vaincue, je baisse la tête et les yeux. Non, Anna souffre et je n'ai pas le droit de lui imposer ça. C'est moi la fautive, c'est à moi d'en assumer la responsabilité. Il est temps de crever l'abscès une bonne fois pour toutes.

-Mal... elle s'appelle Mal.

Ca y est, le premier pilier qui soutenait la digue du mensonge a été enlevé. Le reste de l'édifice ne tiendra pas longtemps. Je retire délicatement mes mains de celles d'Anna, et je tourne le visage, fixant mes yeux sur le mur. Je me sens comme dans un état second.

-Oui, je l'avoue Anna, je t'ai menti. Ou plutôt je ne t'ai pas tout dit. Vois-tu... il y a des jours où je me sens comme maudite. C'est comme s'il avait été écrit dans le grand livre de la Providence que je serais destinée à rester toujours à part, comme... déviante, et qu'il me fallait vivre avec. Crois-moi, la gestion de mes pouvoirs magiques est un fardeau bien plus facile à porter que celui dont je vais te parler.

Droite face au mur, je me sens figée. Le dos droit, la respiration hachée. Ma main gauche passe et repasse sur ma jambe, comme pour me réchauffer -alors que je ne crains pas le froid- tandis que la droite se saisit de la petite croix que je tiens cachée dans le col de ma chemise. L'eau s'écoule désormais du barrage sans discontinuer.

-Tu te souviens cette fois, quand j'ai eu douze ans... mon cycle lunaire venait juste de commencer, et comme j'étais abasourdie et inquiète, notre gouvernante nous a pris à part, toi et moi, pour nous expliquer certaines choses. Tu vois, ces choses... qui se font, entre un mari et son épouse... quand ils viennent juste de convoler, et qu'ils veulent avoir des enfants... ils se rapprochent, et...

Ma voix est devenue chevrotante, je me rends compte que je trébuche sur les mots et que je n'arrive pas à avancer. Autant en venir au cœur du sujet. Je déglutis avant de poursuivre.

-Tu vois je me suis rendu compte, au fur et à mesure que je grandissais et que mon corps évoluait, que cette chose-là... j'en étais incapable. Je ne ressentais rien en présence de beaux chevaliers tels que Hans, et les bavardages et piaillements de mes dames de compagnies à propos de leur futur mariage ne m'intéressaient pas. Il m'a fallut du temps avant d'admettre que j'étais incapable de ressentir cela, et d'accomplir un acte du type de celui que je viens de t'évoquer. Incapable sinon... avec une autre femme.

La pièce est totalement silencieuse, mais c'est comme si un couperet vient de s'abattre. Je me sens incapable d'articuler le moindre son, presque de respirer. Je tourne la tête et plonge un instant mes yeux dans ceux d'Anna, et je sens que je lui présente un visage empreint de tristesse. Incapable d'affronter son regard, je baisse la tête. Le silence devient pesant. Je sens des larmes qui commencent à se former au coin de mes yeux.

-Oh Anna... je sais ce que tu vas me dire. Comment est-ce que j'ose te donner des leçons sur ta relation avec Hans... quand je suis moi-même... une dépravée. Je... je suis habitée par le vice !

Je fermes les yeux, et les larmes coulent désormais en abondance sur mes joues. Je sens qu'elles commencent à se transformer en givre au niveau de mon menton.

-Si tu savais... je me sens si seule. A Arendelle, je savais que je devais garder ce secret pour moi à tout prix. Quand j'ai eu quinze ans, et que la réponse à mes interrogations commençait à devenir évidente... j'ai voulu en parler... à Maman. Je m'en souviens encore. Au début elle était souriante et elle m'écoutait, mais quand elle a commencé à comprendre... sa réaction, ses yeux... j'avais l'impression de l'avoir trahie.

Elle m'a pris la main doucement mais fermement, et m'a emmené dans ma chambre. Là elle s'est agenouillée pour me regarder droits dans les yeux. Je sentais qu'elle était choquée, mais comme... déterminée. Elle m'a expliqué que je ne devais jamais parler de ce genre de sujet devant qui que ce soit, sous aucun prétexte. Même pas à toi, ni à Papa. Elle a dit que ça lui ferait beaucoup de mal.

Elle m'a dit que ce que je ressentais... ce n'était pas sain ni acceptable, ni pour moi, ni pour les autres. Elle m'a parlé de la Nature, de comment les choses fonctionnent et doivent perdurer. Elle a dit que je devais lutter, refouler au fond de moi ce que je ressentais jusqu'à ce que cela disparaître. Comme des étincelles que l'on étouffe avec un chiffon. Elle... elle ne parlait pas méchamment, au contraire, elle était douce et rassurante. Elle a essayé de me faire comprendre que je n'étais pas réellement comme ça, que c'était un écart de parcours, une phase de l'adolescence. Elle m'a dit qu'elle savait que j'étais capable de dépasser tout ça, parce que j'étais une grande fille, une fille courageuse...


Désormais du givre se forme à mes pieds, et commence à s'étendre. Je note que la température de la pièce vient de baisser drastiquement, et que même mon jus de fruit commence à se figer comme s'il devenait un bloc de glace. Mais je me sens comme emportée par un torrent. Anna elle-même reste silencieuse, soit qu'elle refuse de m'interrompre, soit qu'elle soit elle-même choquée. J'aurais tellement aimé ne pas impliquer Maman dans cette histoire sordide...

-J'aimais tellement Maman, je voulais la rendre fière. Je me suis dis que comme j'avais réussi à réguler mes pouvoirs, il n'y avait pas de raisons que je ne réussisse pas là aussi. Mais plus je grandissais, plus il devenait difficile de refouler ce que j'étais. C'est devenu comme un mal qui me rongeait de l'intérieur, une sorte de honte permanente. Et puis Maman et Papa sont partis. Et puis... il y a eu cette fois où, tard dans la nuit, je me suis glissée dans la bibliothèque pour parcourir les archives judiciaires d'Arendelle, voir si on avait déjà trouvé des gens comme moi. Et ce que j'ai lu... J'étais à l'abri grâce à ma position de souveraine, mais dans les villages reculés, dans les campagnes... ceux qui sont comme moi sont condamnés. Lorsqu'ils sont découverts, on s'en occupe discrètement pour éviter le scandale. Parfois même c'est leur propre famille qui s'en charge. Les hommes... et les femmes... ces dernières, on les marie discrètement à un ami ou à un cousin afin qu'il... que...

Le givre s'étend brusquement à mes pieds jusqu'à recouvrir tout le sol. La peur panique qui s'était emparée de moi à la lecture de ces archives m'avait définitivement décidée à me murer dans le silence. Je sens que mes yeux sont écarquillés, et que je serre la petite croix dans le creux de ma main jusqu'à en avoir mal.

-J'ai déjà parlé de ça à Timon. Il s'est montré gentil, compréhensif. Il a cherché à me rassurer... mais il ne savait pas tout ça, je ne le lui ait montré que la face émergée de l'iceberg. J'ai cru que je me sentais mieux après avoir parlé avec lui, mais mon expérience avec Mal a fait s'écrouler toute ma confiance, comme un château de cartes. Et raconter tout ça à toi, ce déballage sordide... je me sens comme humiliée. Mais tu n'as pas à souffrir à cause de moi, Anna. Tu as raison, je t'ai trop menti par le passé. J'espère que tu ne m'en veux pas.

Je relève la tête et cherche avec appréhension le regard de ma chère petite soeur...

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Lun 25 Déc 2017 - 20:00
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And just to clear the air I ask forgiveness for the things I've done, you blame me for. But then I guess, we know there's blame to share.

Elle courait après la vérité, Anna, encore et toujours, prête à tout pour sortir de l'ignorance dans laquelle on l'avait trop longtemps plongée. Un petit jeu dont la jeune femme saisissait à peine les conséquences. Les secrets existaient pour une raison, la vérité, quant à elle, était dangereuse, blessante… Face à la souffrance qui brillait au fond des prunelles bleutées de sa sœur, le cœur d'Anna se serra. Dans un élan nerveux, ses dents partir à l'assaut de ses lèvres, un court instant durant lequel elle regretta son acharnement. Le silence d'Elsa l'effrayait, il autorisait toutes les folies à son imagination, lui laissant entrevoir le pire. Oh, Anna, ne soit pas si dramatique enfin ! Ta sœur ne va pas t'annoncer qu'elle a vendu son âme au diable ou qu'elle va épouser le duc de Vicieux-thon… En d'autres circonstances, la jeune femme aurait très certainement roulé des yeux face à sa propre attitude et aux évidences que la petite voix de sa conscience lui soufflait. Pas aujourd'hui. Sa figure ne laissa rien paraître de la conversation ridicule qui se jouait dans le huis-clos de son esprit. Seule la lueur inquiète de son regard trahissait son incompréhension grandissante. La mystérieuse inconnue avait donc un prénom. Mal. Alors c'était elle. Mettre une identité sur un visage, un premier pas vers la vérité. Mal… Anna avait remarqué sans peine la difficulté qui avait entravé les paroles d'Elsa, comment des ébauches de mots étaient nées pour finalement mourir sur ses lèvres, la manière dont son regard avait fui le sien. Le cœur à l'inquiétude, Anna voulut resserrer sa prise sur les mains de sa sœur, pour l'encourager à continuer, lui faire comprendre que tout irait bien. Trop tard. Le toucher glacé qui unissait les deux sœurs prit doucement fin, détruit par Elsa. Immobile, Anna laissa glisser ses mains sur sa jupe qu'elle attrapa, crispée.

Elle détestait cette distance qu’Elsa imposait entre elles. Pire. Elle avait en horreur les mots qui sortaient de sa bouche. Maudite. Déviante. Étaient-ce ces termes qui lui venaient à l’esprit lorsque ses yeux croisaient son reflet dans le miroir ? À cette idée, un étau se referma sur sa gorge et sur son cœur, une pression pénible qui n’alla qu’en grandissant. C’était une scène terrible qui se déroulait face à elle. Sa sœur, cet exemple de perfection, de courage et de sang-froid, venait de s’ébranler pour finalement se briser sous ses prunelles interdites. Des bégaiements, des larmes, un ton déchirant… Une tornade d’émotion et de culpabilité avait pris sa sœur en otage et Anna, figée par ses propres questions, se faisait la spectatrice désarmée de ce chaos, baladé dans le temps et l’espace par la voix d’Elsa. Direction Arendelle, des années auparavant. Oui, cette journée lui revenait. Anna se revoyait, du haut de ses neuf ans, gigotant sur une chaise trop raide aux côtés de sa grande sœur tandis que leur gouvernante tentait d’apporter la lumière sur les mystères de la vie. Un discours que l’enfant qu’elle était n’avait écouté que d’une oreille, mi-dégoutée, mi-intriguée par les curieuses images que soulevaient les paroles de sa nourrice, son attention toute à sa chère grande sœur qu’elle voyait si rarement. Oui, elle se souvenait de la distance froide qu’Elsa instaurait entre elle et ces jeunes prétendants pour qui le cœur d’Anna ne manquait jamais de fondre. Elsa sortait du lot, mais jusqu’ici Anna avait toujours su trouver des excuses plus ou moins plausibles à son comportement singulier. Elsa portait des gants : pour raison d’hygiène. Elsa était froide et distante : par souci de fierté. La scène qu’elle avait surprise quelques jours plus tôt avait néanmoins levé le doute sur ces certitudes. Au fur et à mesure de son récit, Anna sentit que son intuition ne l’avait pas trompé.

Et soudain, le secret se leva, aussitôt suivi d'un affreux silence. Lourd, aussi étouffant qu'assourdissant. Elsa aimait les femmes. À son étonnement, ce ne fut pas la surprise qui marqua ses traits, mais bien la confusion et l'impuissance. Ça tournait à plein régime dans l'esprit d'Anna. Dis quelque chose. Elle cherchait, un mot, une parole, une idiotie, un trait d'esprit, n'importe quoi, pourvu qu'elle puisse briser ce silence et sécher les larmes de sa sœur. Elle cherchait, encore et encore, en vain. Ses lèvres restaient désespérément closes, ses pensées, embrouillées. Pourquoi ? C'était elle qui avait insisté, et maintenant qu'on lui servait la vérité sur un plateau, voilà qu'elle se retrouvait muette ?

Les mots lui manquaient, ils échouaient à trouver la justesse nécessaire, illustrant la confusion dans laquelle la jeune femme se trouvait. Anna ne savait plus quoi penser, déchirée entre l'amour inconditionnel qu'elle portait pour sa sœur, son désir de la voir heureuse et épanouie ; et son éducation. Sa gorge se serra un peu plus lorsque sa mère entra dans le tableau tragique dépeint par Elsa. Cette femme qu'Anna avait toujours montée sur un piédestal, cette présence aimante et aimée dont l'absence nourrissait encore ses chagrins… Quelques phrases avaient suffi à fissurer cette figure d'idéale. Non… Elle ne voulait pas y croire. Elle ne voulait pas songer à la responsabilité que leurs parents avaient eue dans leurs malheurs. Pourtant, cette réalité terrible s'imposait de plus en plus à elle. Un frisson lui glissa le long du dos. Un voile glacé venait de tomber sur les deux sœurs. La vision de son souffle givré n'était qu'une preuve parmi tant d'autres de la froideur nouvelle des lieux, comme si la température ambiante s'articulait autour des émotions de sa grande sœur. Inconsciemment, Anna croisa ses bras, maigre protection contre l'étreinte glacée du froid, étreinte qu'elle ne connaissait que trop bien. Fais quelque chose à Anna… Quoi ? Que pouvait-elle faire face à la tempête que les paroles de sa sœur déchaînaient ? Tous ces secrets révélés, ces horreurs évoquées, les excuses… Elle ne pouvait plus rester impassible. Avant qu'elle ne le réalise, sa main s'élança pour saisir celle de sa sœur. Il y avait une forme de chaleur affectueuse dans ce contact glacé.

Au même moment, ses yeux croisèrent ceux d'Elsa. La conversation muette de leurs regards la poussa soudainement à sortir de son mutisme. « Elsa… Je suis désolée, c'est ma faute, je n'aurai pas dû insister, si j'avais su, je… » Elle se mordit les lèvres. Ce n'était pas le moment de s'apitoyer sur sa stupidité en se confondant en excuses. Le mal avait été fait et c'était de soutien dont Elsa avait besoin. « Tu n'as pas à te sentir humiliée. » Finit-elle par annoncer d'une voix se voulant douce et rassurante. « Au contraire, tu devrais te sentir forte d'avoir surmonté tout ça et de continuer à te battre. Tous les jours ! C'est vrai Elsa, tu es la personne la plus forte que je connaisse ! » Lentement, la parole lui revenait, et avec elle, la pensée se délivrait. « Ce serait hypocrite de ma part si je te disais comprendre, enfin, oui, bien sûr que je comprends, mais, je veux dire, vraiment comprendre… Je n'ai jamais eu à vivre tout ça et, tu sais comment c'était perçu à Arendelle… » Tout était nouveau pour la jeune femme. Rien, ni son éducation, ni les lectures dans lesquels Anna s'était jetée corps et âme n'auraient pu la préparer à cette discussion. Et pour cause : toutes deux prônaient des idéaux romantiques traditionnels auxquels la princesse s'était accrochée toute sa vie. Mais le choc et l'incompréhension provoqués par cette révélation, son amour pour Elsa les avaient rapidement réduits en cendres. « Elsa, jamais je ne pourrais t'en vouloir d'être toi-même. Jamais. Le plus important, c'est qu'on se fasse assez confiance pour tout se dire. » Elsa aimait les femmes. Très bien. Cela faisait-il d'elle une mauvaise personne ? Non ! Alors où était le mal ? « Et puis, on est au XXIème siècle maintenant ! Tout est possible, même les pops-corns au four micro-onde ! » Non, non, Anna, mauvaise comparaison…« Qui sont les gens pour juger, ce n'est pas comme si c'était un crime d'aimer ! Tu sais ce qu'on dit aujourd'hui, l'amour est aveugle, ça veut dire qu'on est libre d'aimer qui on veut, d'épouser qui on veut, de vivre avec qui on veut, de finir les sandwiches de qui on veut… » Tu t'éloignes du sujet, Anna. « Tout ça pour dire qu'il n'y a rien de mal à ça, ceux qui disent le contraire ont tort et doivent vivre dans un monde triste et étriqué pour songer dire du mal de personnes se contentant d'aimer. » Un sourire ponctua sa phrase, soudainement suivit d'une étreinte. L'espace d'un instant, elle oublia à quel point Elsa était sensible par rapport au contact physique, l'attirant dans un câlin réconfortant. « Merci de t'être confié à moi, Elsa. » qu'elle murmura avant de mettre fin à cette étreinte trop courte. Les lèvres courbées en un rictus espiègle, elle s'abandonna à une pensée ridicule qui trottait dans son esprit en ajoutant d'une voix aux accents faussement bourgeois : « La bonne nouvelle c'est que je n'aurai plus jamais à craindre que vous me voliez un des nombreux jeunes, beaux, riches et charmants prétendants de mon harem personnel. » Après un mouvement de cheveux dramatique, Anna pouffa à sa propre blague, toussa légèrement, puis reprit son sérieux. Un passage du discours d'Elsa venait de résonner avec une fraîcheur nouvelle dans sa mémoire. « Plus sérieusement… Sans vouloir être indiscrète, Mal et toi vous étiez donc… Amoureuse ? Enfin, plutôt, est-ce que vous êtes en couple ? » Oh la gaffe. Tu n'as pas eu ta dose Anna ? « Oh non, excuses moi, je n'ai pas envie que tu ressasses de bon -non, mauvais- souvenirs si ça s'est mal fini… Mince, mais qu'est-ce que je dis ? » Anna cacha brièvement son visage entre ses mains. Elle tournait cette conversation on ne peut plus sérieuse en n'importe quoi. Pour la finesse et la politesse, on repassera.

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Sam 30 Déc 2017 - 22:35
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feat. Anna d'Arendelle



Je me serais attendue à beaucoup de choses... mais pas à ça. Un silence gêné et plein de reproches silencieux, oui. Une attaque portant sur le fait qu'encore une fois j'ai tout gardé pour moi sans rien en dire aux miens, oui. Et une réconciliation moyennement assurée serait venue après. Au lieu de ça, c'est sitôt mon discours terminé qu'Anna me prend la main. Et je l'écoute, incrédule.

Elle qui semblait sous le choc il y a même pas quelques secondes parle désormais d'une voix solide, déterminée. C'est comme si mes révélations, particulièrement sur ce que m'a dit Maman, avait fait sauter des loquets en elle. Elle m'affirme que je n'ai pas à m'inquiéter d'être ce que je suis, qu'elle ne me juge pas. Elle me répète que je dois avoir confiance en elle, que nous avons besoin l'une de l'autre. Ce n'est pas la première fois que j'entends tout ça... "Vous avez le droit d'être heureuse, même si pour cela vous devez être différente"... mais dans la bouche de ma petite sœur, qui vient du même univers que moi et qui a partagé les mêmes épreuves que moi, ces mots simples ont une force encore plus grande que venant de Timon. Et puis...

Ces mots: "Tu es l'une des personnes les plus fortes que je connaisse"...

-Comment serais-je forte, quand je ne cesse pas de douter ?

Néanmoins ces paroles ont percé quelque-chose en moi, comme des flèches, et je replie mes jambes en position fœtale, le regard dans le vague. Ma main n'a pas quitté celle de ma sœur. Je n'ai jamais cessé de me battre, depuis ma naissance. J'ai passé ma vie à me battre. Contre le regard des autres, contre mes propres parents, mais surtout contre les barrières que je me suis imposée à moi-même. La coupure des ponts avec ma sœur, la recherche impossible de la perfection, le déni de soi, la détestation de soi qui en découlait... Mais pourtant je suis toujours là. Je me sens comme les martyrs bibliques... sauf que certains d'entre eux ne se contentent pas de subir le martyr justement, ils l'appellent aussi de leurs vœux...

-Est-ce tenable, de vivre comme ça ? Est-ce ainsi que la Providence veut que je passe le peu de temps qui m'a été confié sur Terre, que j'utilise les capacités qui m'ont été accordées ?

Je sens alors un sentiment nouveau monter en moi. Ce n’est pas comme la dernière fois, avec Timon. Il m’avait rassuré, fait ressentir de la joie et de la quiétude, comme lorsqu’on verse du baume sur une blessure. Cette fois… c’est si on cherchait à faire cautériser cette blessure. Ce que je ressens… c’est de la colère.

-Je me sens Anna… comme cette fois sur la montagne, quand j’ai jeté mon gant dans le vide, tel un défi adressé à la face du monde. Je suis en colère… après les gens, après Maman, après le Duc de Weselton, après Jerry Simmons, mais surtout… contre moi. C’est comme si je m’étais complu dans le rôle de martyre, comme si je n’avais rien voulu changer. Et pourtant j’ai survécu… Comment… comment peut-on être lâche et forte à la fois ?

Je me rends compte que je fixe avec énergie mes genoux, les yeux exorbités, comme injectés de colère. Et je tiens toujours la main de ma sœur, je la serre fort… Et à cette réalisation, tel un ballon qui se dégonfle, la colère s’apaise. Remplacée par de la détermination, et aussi par une calme certitude. Je ne suis pas seule. Je ne l’ai jamais été. Le besoin d’exprimer mon amour déferle en moi, comme une vague, et c’est alors que se produit un évènement incroyable, unique. Cette fois c’est moi qui me tourne vers Anna et qui l’enlace. Sans qu’elle n’ait le temps de crier ouf. Je la sers fort, très fort… Plus fort que jamais. Je ferme les yeux, et mes narines s’imprègnent de l’odeur unique de ses cheveux, entre framboise et neige fraîchement tombée sur une forêt de sapins.

-Oh Anna… Merci, Merci !! Je t’aime tellement petite sœur, si tu le savais, si tu le savais ! Je t’ai toujours aimé, même si je ne savais pas comment l’exprimer. Je peux sembler égoïste, de par la façon dont j’ai agi. Merci pour m’avoir fait parler. Je sais que tu t’en veux, mais il fallait que j’en finisse avec ces entraves que l’on m’avait posées une bonne fois pour toute. Je me sens si légère maintenant.

Je dépose un bisou sur ses cheveux, doux comme la soie, et je me retire. Je reste un instant face à Anna, mes mains toujours posées sur ses épaules. Nos regards se traversent un instant, et j’esquisse un sourire sincère et chaleureux, mais encore un peu timide. C’est que j’ai du mal à réaliser comment j’ai pu accomplir autant de progrès en l’espace de quelques minutes… c’est peut-être vraie que la magie courre dans notre famille, et la magie des cœurs est le don de ma sœur.


A y réfléchir, le simple fait que j’ai exprimé le fil de mes réflexions à voix haute, au lieu de tout exprimer à haute voix comme je l’ai fait d’habitude, est déjà un progrès tout à fait remarquable !

-Je te jure que plus jamais je ne resterais repliée sur mes difficultés et mes inquiétudes, je me promets de les partager avec toi.  Le monde autour de moi et les gens me font encore peur… mais je me sens de taille pour les affronter.

Une pensée bête me traverse alors l’esprit, et je baisse la tête pour étouffer un petite rire.

-Je suis bien contente que tu sois impatiente de séduire tous ces beaux prétendants à qui je risque fort de briser le cœur. C’est que, vois-tu… lorsque tu m’as présenté Hans… J’étais à la fois suspicieuse et mal à l’aise, pour des raisons que nous avons déjà évoquées, mais aussi un peu rassurée. Car vois-tu, pour des raisons assez évidentes après ce que nous venons d’évoquer, je sais que je ne pourrai jamais avoir d’enfant.

Or la pression pour engendrer un héritier pesait fortement pour moi, d’autant plus que l’extinction de la descendance de Papa aurait ouvert un boulevard pour nos cousines et leurs maris étrangers souhaitant revendiquer Arendelle. Et je sais que ces rapaces auraient transformé notre beau pays en terre désolée. Donc… je comptais secrètement sur toi pour te marier et avoir des enfants, dont l’aîné aurait pu prendre ma succession au trône et continuer la lignée von Arendelle. Et je voudrais bien des neveux à aimer. Vois-tu… toi aussi, tu ne peux pas tout à fait échapper aux responsabilités…


Un sourire malicieux anime mon visage, et avant qu’Anna n’ait pu comprendre ce qui allait arriver, il est trop tard. Une petite boule de neige se forme en un instant dans ma main, et je la jette sur le visage de ma sœur, sur lequel elle explose dans un sympathique « plof ». Mon visage se fend d’un large sourire.

[b]-Ahah, je t’ai eu, avoue, tu y as cru !

Je me réalise qu’il y a quelque chose que j’ai oublié, comme un point sur Anna voudrait avoir des réponses, et que j’aurais involontairement esquissé, emporte par le flot de mes réflexions et par la joie de la complicité retrouvée…

clyde sur epicode
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