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Aux spectres qui naissent le soir ⊱ Helga
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Jeu 7 Sep 2017 - 16:08
Aux spectres qui naissent le soir
Helga & Oliver
Sur le fond de mes nuits Dieu de son doigt savant Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve. J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou, Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où

Sur le bout de ses doigts, il dessinait des lignes invisibles sur sa cuisse, formes infinies qui, à peine née, disparaissait déjà dans l'air, ne laissant que l'illusion d'une trace sur son jean. Un silence fragile s'était installé sur la salle de classe et Oliver, perdu au milieu de ces petites têtes pensantes, se sentait dangereusement chuter hors du réel. Le monde s'évaporait sous le voile flou de ses prunelles si bien que les mots imprimés sur sa feuille d'exercice se brouillaient au point de se réduire à des courbes informes. Le petit cligna des paupières, une fois, deux fois, sans succès, frotta son poing contre ses yeux, mais rien à faire. Comme un filtre collé à sa rétine, le flou restait, le plongeant dans le brouillard. Désormais accoudé à son bureau, Oliver bailla en laissant négligemment sa tête retomber dans le creux de sa paume. S'il pouvait fermer les yeux, ne serait-ce que pour quelques secondes… Un léger fond sonore s'était tout naturellement levé. Les rires feutrés, les conversations murmurées, les trousses ouvertes puis fermées, les gommes sur le papier… Contre toute attente, ces bruits parasites le berçaient, le rassuraient. Il n'était pas seul. Le brouillard s'obscurcit, jusqu'à ce que la pièce se noie dans les ténèbres. Et doucement, sa tête trop lourde glissa, glissa le long de son poing… « Harper et Anthony ! C'est fini oui ? » L'enfant sursauta. La voix de Ms Schuyler avait frappé l'air avec agacement, mettant à la fois fin aux bavardages et aux somnolences d'Oliver. Ses grands yeux cernés balayèrent la salle en vitesse. À côté de lui, Jayden s'attaquait avec application à l'exercice quatre. Son petit cœur cognait tellement fort dans sa poitrine qu'Oliver se demandait comment son voisin pouvait faire pour ne pas l'entendre. Machinalement, il saisit à son tour son stylo pour compléter d'une écriture tremblante les vides de l'exercice trois : Complète les mots avec -o, -au ou -eau.

Quand il y a un incendie, la sirène saunne.
Sa lèvre inférieure trembla. Il n'y arrivait pas et la simple idée de rater cet exercice suffisait à lui donner des maux de ventre. Lorsque les mots ne dansaient pas entre des lignes tordues sous l'effet de la fatigue, que la peur ne figeait pas les mouvements de son crayon, c'était ses pensées qui se faisaient la malle. Elles s'envolaient loin de la salle de classe, projetant sa carcasse vide dans un terrible futur proche. Son estomac se noua. C'était ce soir.
John n’a pas fait de fotes à sa dictée.
Ce soir, le début d’un week-end seul avec Helga. Ce soir, elle venait le chercher. Ce soir, le rendez-vous avec la maîtresse. Ce soir, le retour des cauchemars et des ombres. L’anxiété, c’est une pièce sans fenêtre, des murs épais qui, centimètre par centimètre, se referme sur vous jusqu’à l’étouffement. Oliver ne connaissait que trop bien le monstre qui l’avait jeté dans cette prison : il avait deux visages, Peur et Angoisse.
Ce batau transporte des marchandises depuis l’Angleterre.
Ce week-end, Oliver le redoutait depuis le début de la semaine. Impuissant, il avait observé les jours défiler, chaque lendemain le rapprochant toujours plus de la date fatidique, jusqu’à cette affreuse journée. Le matin même, il avait supplié une dernière fois Hadès de l’emmener avec lui, uniquement pour essuyer un refus. L’enfant en avait pleuré tout le long du trajet pour se rendre à l’école. Des larmes de frustration, de tristesse, de fatigue surtout. Il passait ses journées à chuter d’un extrême émotionnel à l’autre, trop exténué pour échapper aux sanglots faciles et à l’irritabilité.
N’escalade pas le mur jusqu’en heaut ! C’est trop dangereux !
DRING. Oliver se raidit sur sa chaise, le coeur battant au fond de sa gorge. C’était l’heure.

Peut-être qu'elle ne viendrait pas. Oliver espérait qu'elle ne viendrait pas. La rue prenait des allures étrangement calmes après l'agitation soudaine que représentait l'heure des parents. Privé de ses ribambelles d'enfants et de ses bus scolaires, le devant de l'école semblait plus vide que jamais. Il n'y avait plus que lui, sa maîtresse, quelques parents en pleine conversation, leurs progénitures s'impatientant à leurs côtés, un goûter à la bouche. Peut-être qu'elle l'avait oublié. C'était beau de rêver. Le son familier de son véhicule brisa ses derniers espoirs. Oliver commença à se tordre les mains. Helga était là. Un bras se glissa brièvement autour de son épaule. « Ne t'en fais pas Oliver, personne n'est ici pour te gronder, affirma Ms Schuyler. Je vais juste parler un peu avec elle parce que j'ai l'impression que ça ne va pas très bien en ce moment, d'accord ? Tu n'as rien fait de mal. » Sa voix se voulait rassurante, mais rien à faire. Incapable de relâcher la pression qui contractait tout son être, Oliver continua son manège, jusqu'à ce que ses muscles tremblent sous la force exercée sur ses mains. D'où venait cette angoisse irrationnelle ? Oliver lui-même n'arrivait pas à mettre des mots sur ce qui le rongeait depuis plusieurs mois. Il ne s'agissait pas seulement de ce rendez-vous, il y avait autre chose avec lui, quelque chose de cassé. Dans sa tête. Quelque chose qu'on ne pouvait pas réparer avec un plâtre, contrairement à ses côtes et son bras.

« Bonjour Madame Sinclair. » Oliver resta muet. Les formalités échangées, on se dirigea vers la salle de classe. Au fond, il savait d'ores et déjà ce qui allait se dire, à la minute où il avait lu la convocation laissée sur son cahier, il avait su. En s'installant sur une chaise à côté d'Helga, en face du bureau de la maîtresse, l'enfant ne savait pas ce qu'il craignait le plus : s'entendre dire à voix haute ce qu'il refusait d'entendre à voix basse, la réaction d'Helga, ou sa déception. « Si je vous ai invité aujourd'hui, c'est pour évoquer avec vous plusieurs changements inquiétants dans le comportement et le travail d'Oliver, commença-t-elle. Maîtresse parlait beaucoup, mais uniquement parce qu'elle savait tout. Depuis quelque temps il montre beaucoup de difficultés à se concentrer, ne participe plus, se replie sur lui-même, il nous a fait plusieurs crises d'angoisse depuis le second semestre et montre des signes de fatigue assez important, au point de s'endormir fréquemment en classe… » Ses siestes improvisées n'étaient malheureusement pas passées inaperçues. C'était plus fort que lui, ses yeux se fermaient tout seul, comme animé par leur propre volonté. L'appel du sommeil était plus fort que tout. « À quelle heure vous le couchez environ ? Parce qu'il est évident que son état affecte négativement ses résultats. » En disant ces mots, Ms Schuyler posa un objet légendaire sur le bureau : le cahier de la maîtresse. La liste des élèves du 1th grade 3 se déroulait dans un tableau, avec en face de chaque prénom, toute une rangée de lettre. Des A, des B, des C, des D, accompagnés de + ou de -. Les notes. Oliver se pencha sur la table. Face à son prénom, un cortège de C, trois quatre B par-ci par-là. Néanmoins, plus il suivait cette ligne du regard, plus les C disparaissaient, laissant place à une parade de D et de E-.

Sa gorge se serra. « Comme vous pouvez le constater sur ce cahier. Mais vous êtes déjà au courant grâce au cahier de liaison. » Le cœur d'Oliver rata un battement. Presque aussitôt, ses mains commencèrent à trembler. Vite, il les glissa sous ses cuisses. C'était sans compter sur sa jambe droite qui, à son tour, se mit à tressaillir. Le carnet de liaison. Ce cahier qu'il n'avait pas montré à Hadès depuis des mois. Helga n'en avait jamais vu la couleur, et pour cause, la fameuse signature qui trônait désormais en fin de pages ainsi que sur ses derniers contrôles, c'était celle de Théana. Subitement, le sol lui sembla très intéressant. Son regard glissa jusqu'à ses pieds pour ne plus se relever. Il n'osait pas. Pas maintenant qu'Helga savait pour les signatures. « Oliver a fait de bons progrès tout au long de l'année, et ce, malgré ses lacunes, ce qui est excellent et très encourageant pour la suite, mais depuis avril, on peut clairement voir une chute net, en particulier en mathématiques. » C'était une bêtise stupide. Oliver en avait conscience. Pourtant, il l'avait faite quand même. Parce qu'il ne voulait pas que ses tuteurs sachent à quel point il était nul et inutile. Si mentir était le prix à payer pour maintenir l'illusion qu'il valait encore quelques choses, alors il mentirait. Car mentir, ce n'était mal qu'à condition de se faire prendre, non ? « D’ailleurs, si je peux me permettre, vous pouvez également me rappeler où vous étiez en mars dernier ? Car je vous avoue que le mot que m’a montré Oliver m’a laissé perplexe, d’autant plus que ce changement de comportement a eu lieu précisément après cette longue absence et l’accident avec son bras… Est-ce que tout se passe bien à la maison Oliver ? » Oh non. On lui avait posé une question. Oliver releva les yeux et pour la première fois depuis le début de l’entretien, il osa jeter un rapide coup d’œil à Helga. « Oui. » Sous ses jambes, ses mains tremblaient toujours. Une chance qu’il n’ait plus son plâtre, il aurait été incapable de dissimuler les minis tremblements de terre de ses membres.« Juste… » Le son s’était échappé de ses lèvres malgré lui. Est-ce que tout se passait bien ? Oui. Il croyait en sa réponse. Tout se passait bien, si on oubliait les monstres sous son lit, les cauchemars et les longues nuits d’insomnie. Nouveau coup d’œil vers Helga. Est-ce qu’il avait le droit de le dire ? « Juste que j’aime p-p-pas trop quand on m-mange des haricots verts, p-p-parfois. » Malgré la sécheresse de sa bouche, il éprouva toute la difficulté du monde à déglutir. Non, évoquer ses terreurs nocturnes, c’était évoquer ses souvenirs, c’était évoquer mars dernier, le véritable, mars dernier et cette terrible semaine dont il était encore prisonnier.

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Jeu 9 Nov 2017 - 13:34
Aux spectres qui naissent le soir


Un regard à sa montre lui indiqua qu’il était vraiment temps d’aller chercher Oliver. Helga referma le dossier qu’elle étudiait. Elle le rangea avec ses autres dossiers en cours, troqua son short contre un pantalon, remit ses bottes hautes à talons sur son pantalon en cuir, rajusta son arme à sa ceinture, puis quitta l’appartement, après l’avoir verrouillé. En cet fin d’après-midi, il n’y avait qu’Helga de disponible pour aller récupérer Oliver à la sortie de l’école. Hadès était en mission avec Randall. Théana était toujours en cours. Quant aux baby-sitters, elles étaient toutes occupées. La mercenaire, ne pouvant décemment pas demander à un de ses employés d’aller récupérer son pupille, parce qu’elle ne voulait pas qu’ils connaissent sa vie privée, avait donc pris son après-midi. Enfin, c’était une façon de parler. Elle travaillait toujours, mais au lieu de le faire de son bureau au QG, elle le faisait de chez elle. En effet, en plus d’avoir ses dossiers chez elle, elle avait également la possibilité d’avoir accès à l’ordinateur du bureau, grâce à un logiciel installé par Muriel. La blonde ne s’arrêtait jamais de travailler. D’ailleurs, sur le chemin entre l’appartement et l’école, elle régla un problème au téléphone via le dispositif installé dans son casque de motard.

L’asphalte crissa lorsqu’Helga se gara, non loin de la sortie de l’école. Elle descendit de son véhicule, puis retira son casque, laissant ses longs cheveux blonds virevolter au vent. Elle vit immédiatement Oliver. Il ne vint pas vers elle et une femme, devant être son institutrice, était à côté de lui. La mercenaire flaira les ennuis. Elle s’avança vers lui et remarqua alors qu’il n’y avait plus grand monde autour d’elle. La majorité des parents avait déjà dû récupérer leur précieuse progéniture. Certains bambins braillaient pour de l’attention et d’autres étaient calmes. Helga remarqua que les calmes étaient ceux occupés à mastiquer leurs goûters industriels amenés avec amour par leur parents. A moins que ce ne soit pour avoir la paix. La mercenaire songea à cette deuxième possibilité. Elle n’avait pas besoin de ça pour qu’Oliver soit calme. D’ailleurs, elle ne lui avait rien apporté en goûter. Il le prenait toujours à l’appartement. Helga se demanda dans quel pétrin s’était fourré le gamin. Ce ne devait pas être pour un problème de goûter.

« Bonjour Madame. » Helga lui serra la main, mais ne prononça pas son nom, pour la simple et bonne raison qu’elle l’ignorait. La mercenaire ne connaissait pas grand-chose de la vie d’écolier d’Oliver. Elle savait qu’il était bon en coloriage et en calcul. Il avait eu une gommette sur le sujet et ne s’était pas privé de l’annoncer. Helga ne lui avait donné qu’un simple « Félicitation gamin, maintenant faut que ça dure dans le temps » à cet exploit. « Y-a-t-il un problème ? » Helga toisa de toute sa hauteur l’institutrice, qui lui expliqua la situation. Il s’avérait que l’institutrice - qui se nommait Schuyler comme l’appris la blonde lorsque la femme lui expliqua la situation - avait en fait convoqué Helga pour parler d’Oliver. La mercenaire acquiesça en lui disant que ça lui revenait. Elle songea qu’elle en discuterait ce soir avec Hadès. Il avait oublié de lui passer le mot. C’était d’ailleurs la première fois qu’Helga s’impliquait à ce point dans l’éducation scolaire d’Oliver. L’école avait juste eu l’information que ce n’était pas Hadès qui viendrait aujourd’hui, mais le second tuteur d’Oliver : Madame Sinclair. Ainsi, c’était la première fois qu’Helga mettait les pieds dans l’établissement et donc qu’elle rencontrait quelqu’un du corps enseignant.

Une fois installé dans une salle de classe, la partie de poker commença. Madame Schuyler ouvrit le jeu en posant le sujet de la joute : les changements inquiétants du comportement d’Oliver. La mercenaire hocha la tête, signe qu’elle acceptait le défi. C’était aussi signe qu’elle avait les bonnes cartes en main. Elle savait déjà la cause : la Transylvanie. Néanmoins, elle ne savait pas comment aider l’enfant. Helga l’avait sauvé et soigné de l’enfer, mais ce n’était pas suffisant. Tout ce qu’elle savait faire, c’était soigner physiquement l’enfant. Psychologiquement, à part répondre à ses besoins primaires, elle était désarmée. La mercenaire avait eu du mal à reconnecter avec sa propre fille, alors avec un enfant qui n’était pas le sien et qui lui était imposé, c’était trop lui demander. Certes, Helga ne le haïssait pas et s’était même prise d’affection pour lui, mais pas au point de lâcher sa carrière ou de prendre plus de temps ou lui montrer plus d’affection pour aider l’enfant à remonter la pente. Elle avait ses limites. Pour elle, il devait surmonter cette épreuve pour devenir plus tard un homme fort et accompli, où presque rien ne pourrait le détruire. Et puis, il n’était pas seul. Il avait Théana, Mister Woof et l’ex de son homme, Clémence, pour ça. Helga avait vu la facture de téléphone en direction de Paris et plus précisément, de l’hôtel. Chacun son rôle. A cette seconde, tout ce qu’elle pouvait faire, c’était bluffer pour le sortir des griffes de l’institutrice. Helga la laissa ainsi jouer un autre round. Elle se contentait de miser, en acquiesçant simplement de la tête. Si elle commençait à la prendre de front et lui cracher la vérité, les choses finiraient mal. Elle ne pouvait pas décemment lui répondre ce qu’elle pensait : « J’entends bien vos propos, Madame Schuyler. Si Oliver est fatigué ou dors chez vous, c’est sûrement parce qu’il doit cauchemarder le soir à la maison, à cause des atrocités d’un dangereux fou furieux qui veut étudier la magie des Disney. Oui, car nous ne venons pas de ce monde. Donc au lieu de vouloir rendre les parents, ou dans mon cas, le tuteur responsable, essayez plutôt d’aider le pauvre Oliver, en évitant de dramatiser avec des résultats scolaires en chute. Il y a plus important. Et il vaut mieux que ça. » Elle se contenta donc de simplement répondre à la question, éludant le dramatisme de la maîtresse. « Oliver se couche tous les soirs à neuf heures au plus tard. Mon compagnon et moi y veillons. » Et c’était vrai. Ils vérifiaient que le voix était libre pour s’adonner à leurs plaisirs amoureux. Il était hors de question d’être dérangés par Oliver. Ils ne tenaient pas à le traumatiser ni à être interrompus. Cette justification ne sembla pas faire mouche sur l’adversaire. Elle relança, en misant sur le cahier de suivi. « Pire que les coachs du QG, cette bonne femme », songea la mercenaire. Pas étonnant que les gamins stressaient. Certes, il fallait de la discipline. Helga était la première à jurer part ça, mais il fallait lâcher du leste. Ce n’était pas pour rien que la mercenaire accordait des récompenses et payait des tournées à ses employés dans les bars. L’institutrice lui montra sa mise. « Je vois... » Ce soir, ce n’est pas qu’avec Hadès, qu’Helga aurait une conversation. Théana était dans sa ligne de mire. Cela dit, elle était fière de sa progéniture. Elle aidait Oliver, en imitant la signature de sa mère. Théana avait de l’avenir dans la profession. La mercenaire songea qu’il était peut-être temps qu’elle s’implique dans l’éducation scolaire d’Oliver. Si ni Hadès, ni Théana ou ni cette Clémence ne pouvait aider, il ne restait plus qu’Helga. Il était temps qu’elle montre pourquoi c’était elle la patronne, en aidant Oliver. Peut-être que le rouquin éviterait son aide en remontant la pente, parce qu’il avait une autre carte dans sa manche qu’elle ignorait. Si c’était le cas, il était temps de la sortir pour qu’Helga se couche. Schuyler poursuivit la partie avec sa tirade, confirmant qu’Helga avait les bonnes cartes en main. Helga avait bel et ben compris. Depuis avril disait cette madame Schuyler. C’était bien la Transylvanie qui l’affectait. Helga songea que pour l’aider, elle devait l’endurcir. Il était temps qu’elle lui apprenne quelques rudiments. Jusqu’à présent, elle n’était pas intervenue, mais elle ne pouvait plus laisser Oliver démuni dans ce monde-ci. Elle devait lui donner des armes, comme se battre et savoir rebondir. D’ailleurs, Helga venait de tomber sur une bonne combinaison, en remarquant le tatouage de l’institutrice. Elle sourit intérieurement, pour ne pas dévoiler son jeu. L’institutrice avait habilement dissimulé son tatouage par du maquillage, mais sous le coup de la transpiration, il réapparaissait. Helga décida de révéler son jeu. « J’étais en voyage d’affaire. Lorsque je suis revenue, nous avons décidé de faire un camping en famille. Seulement, nous avons eu un accident, d’où le plâtre d’Oliver et sûrement son traumatisme. » Elle se pencha vers la maîtresse pour que seule entende. « Et son chaton est mort et Oliver a failli y laisser la vie, alors ne soyez pas trop dure avec lui. Voyez-vous, j’ai un travail qui me permet de faire ressortir ce que les gens entèrent. Alors ne brisez-pas notre petit chaton ou je me chargerais de votre cas, n’est-ce pas Canelle. Faites votre boulot d’instit’ en l’aidant à réussir ses exercices, si ce n’est pas trop vous demander. » Quinte flush. Helga avait gagné. Il n’y avait pas beaucoup de personne de la silhouette de la femme à arborer ce tatouage. La mercenaire l’avait reconnu comme étant Cannelle, une strip-teaseuse d’un bar à strip-tease bien connu d’Helga et de ses employés. L’institutrice déglutit et ses yeux s’ouvrirent d’horreur, puis elle repris contenance, tandis qu’Helga se recula et reprit sa voix normale, pour qu’Oliver suive de nouveau la conversation. « Nous pensions qu’il avait réussi à surmonter le drame, mais de toute évidence non. Nous allons nous assurer qu’Oliver ait tout notre soutien et l’aide qu’il lui faut. Merci de pointer ce traumatisme. » Évidemment, la fin des paroles d’Helga était purement ironique. L’institutrice voyant qu’elle perdait devant son adversaire, se tourna vers Oliver et l’interrogea. Ce dernier tressauta, ne s’y attendant pas. Il regarda sa tutrice à plusieurs reprises. Elle se contenta de lui sourire et lui fit un clin d’oeil, signe qu’elle avait les choses en mains et qu’il pouvait parler. Il lâcha qu’il n’aimait pas les haricots verts. Vraiment cet enfant était unique en son genre. « Bien, je crois que ça sera tout. A moins qu’il y ait d’autres problèmes dont vous vouliez débattre. Nous avons encore quelques courses à faire, dont de la cannelle à acheter. » L’institutrice pâlit et les laissa partir.

Sur le chemin menant à la moto, Helga montra à sa façon qu’elle n’était pas contre l’implication de Théana. « Ton instit’ n’a pas la lumière à tous les étages pour que Théa ait pu signer ton carnet à ma place. Comme elle n’a rien vu, autant continuer sur votre lancée. Sinon, Oliver, si t’as des soucis autre que les maths, ou que Théa ne puisse résoudre, tu sais qu’Hadès est là, ou même moi. N’aies pas peur de nous en parler. » Elle lui sourit, puis sortit le casque d’Oliver et le lui attacha. « Et petit conseil le chaton, si tu veux que Schuyler te fiche la paix, parle de cannelle. Elle te laissera tranquille. » Helga se recula d’Oliver, elle lui tapota doucement sur le casque, puis aida Oliver à monter sur sa moto. Une fois arrivé à l’appartement, ils furent accueillis en grande pompe par Cerbère, ou autrement nommé Mister Woof par Oliver, le chien de Saarloos récupéré et adopté de Transylvanie. Helga le caressa affectueusement tandis qu’il lui léchait le visage, puis elle alla accrocher les clefs. Elle remarqua alors qu’Oliver avait l’air de s’apitoyer encore plus que d’habitude. Le chien le sentit et s’agita autour de l’enfant. La mercenaire soupira. Elle était la dernière personne à pouvoir résoudre les problèmes d’Oliver. Elle eut néanmoins une idée pour lui remonter le morale. Rien de mieux que de marcher et un bon bol d’air frais. Elle s’empara de la laisse du chien et s’adressa à Oliver. « Allons promener Cerbère, il n’est pas sorti de l’après-midi. Tu prendras ton goûter en chemin. On trouvera bien quelque chose. » Le chien, ayant vu la laisse et compris la situation, s’excita davantage. Helga lui ordonna d’aller s’asseoir à son panier, ce que fit le chien. Elle attendit qu’Oliver ait déposé ses affaires, en attachant ses cheveux en une longue natte. Ils quittèrent l’appartement, le chien tout excité sur leurs talons.

En ce mois de juin, une fine brise vint légèrement rafraîchir l’air chaud new-yorkais. Le chant des oiseaux passaient quasiment inaperçu face à l’agitation assourdissante de la ville. Helga n’y prêtait nulle attention. Elle marchait en vérifiant que Cerbère ne faisait pas de bêtises et qu’Oliver suivait. Sur la route, ils tombèrent sur un marchand de glace. L’heure du goûter avait sonnée. « Oliver, tu veux une glace ? » Après avoir eu l’approbation de l’enfant, Helga se dirigea vers le commerce ambulant. Elle passa sa commande, paya et tendit sa glace à Oliver, puis pris la sienne. Ils continuèrent leur promenade, le bruit les entourant toujours. Cela se calma lorsqu’ils arrivèrent à un endroit peu fréquenté à quelques pâtés d’immeubles du leur. C’était là qu’Helga promenait Cerbère sans être dérangée. C’était un ancien hôtel imposant et désaffecté. Helga tira la porte d’entrée, laissa entrer le chien, qu’elle détacha de sa laisse, puis Oliver. La mercenaire savait qu’ils seraient tranquilles. Ils avancèrent dans les couloirs déserts. Soudain, Cerbère grogna. Helga le reprit en laisse et intima à Oliver de rester près d’elle. Une bande de jeune, une bouteille à la main, passa. De toute évidence, elle n’était pas la seule à connaître l’endroit. Ils continuèrent d’avancer jusqu’à atteindre l’immense jardin où une fontaine en son centre avait jadis fait la magnificence du lieu. Helga lâcha le chien, qui courut, heureux d’être libéré et de pouvoir se dégourdir les pattes. La mercenaire sourit, puis se dirigea vers une moitié de colonne étendue au sol de toute sa longueur. Elle s’y assit et dégusta sa glace en regardant Cerbère courir après des papillons et des mulots. Elle se tourna ensuite vers Oliver, qui mangeait toujours sa glace. La trentenaire se décida à briser la glace. « Si t’as des questions par rapport à ce qui s’est passé fin mars, tu peux me demander. Trouver les réponses t’aidera peut-être à surmonter tes peurs et tes cauchemars. » Helga lécha sa glace, puis repris la conversation. « Tu sais, dans chaque épreuve, il y a du positif et du négatif. Par exemple, on a trouvé Cerbère. C’est positif. » Elle reporta son attention sur le chien, aussi roux que l’était l’enfant. La blonde regarda de nouveau le chien, laissant le soin à l’enfant de poser ses questions s’il le voulait. Elle avait lancé une perche, qu’Oliver la prenne ou non n’était pas de son ressort.

Spoiler:
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Sam 9 Juin 2018 - 16:57
Aux spectres qui naissent le soir
Helga & Oliver
Sur le fond de mes nuits Dieu de son doigt savant Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve. J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou, Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où

Les questions, les conversations, les mensonges. Oliver avait assisté, silencieux, à ce drôle de jeu. C'était un autre monde, plus sournois, plus trompeur. Plus adulte. Invisible, l'enfant n'en n'était pas moins attentif. Il écoutait, observait, apprenait. Mais la leçon du jour, il la connaissait déjà. Mentir, c'était mal... À condition de ne pas se faire prendre. Toujours. Écouter Helga, c'était comme écouter une histoire du soir, la fin heureuse en moins, les secrets en plus. Une histoire où il devenait personnage. Un accident... Il se demandait à quoi ça pouvait bien ressembler. Oliver se les imaginait comme à la télé. Spectaculaire, bruyant. Avec du feu, des vrais camions de pompier, et des victimes secourues par de courageux sauveteurs. Une imagerie complète. Le petit préférait ça aux détails trop réels. Le regard d'Oliver s'était reposé sur ses pieds, pensif. On avait tourné le volume de la discussion au plus bas, mais l'enfant ne prêta pas attention à ce qu'il se murmurait. Un mot avait déchiré ses images de pompier. Traumatisme. Un refrain détestable sur les lèvres des adultes. Ça s'était souvent soufflé au-dessus de sa tête à l'hôpital et entre deux conversations à son sujet. Oliver avait tardé à demander la signification de ce terme, parce qu'il le savait indissociable des traitements, des longs murs blancs des hôpitaux, et pire encore : de lui-même. Alors, il avait osé demander. Pour savoir. À partir des explications qu'on lui avait données, l'enfant avait esquissé sa propre définition : un traumatisme, c'est ce qu'il y a quand on se fait très très mal et qu'on a très très peur et ça rend malade dans la tête et dans le corps. Traumatisme. Voilà qu'il revenait dans la conversation. De pair avec le mot drame. Oliver s'était enfoncé un peu plus dans le dossier avant de sursauter, surprit d'être sollicité dans cette conversation. Et puis, la fin. Aussi brusque qu'imprévu. Apparemment, ils avaient un truc à acheter. L'enfant se laissa glisser hors de sa chaise.

Après un discret "au revoir", c'est sans un mot qu'il suivit Helga jusqu'à sa moto. Il craignait l'instant fatidique où sa tutrice ouvrirait la bouche pour l'assommer de réprimande. Pour les notes, le rendez-vous, le carnet de liaison. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il ne faisait pas exprès d'être aussi nul. Même qu'il faisait tous les jours ses devoirs. Seulement, son manque de sommeil ruinait tous ses efforts. Contre toute attente, le ton dur tant redouté n'arriva jamais. Des paroles rassurantes et un sourire chassèrent les pleures timides qui s'accumulaient au bord de ses yeux depuis le début de cet entretien. Oliver voulut esquisser un sourire en retour, mais celui-ci se transforma rapidement en bâillement. Il y avait de rare moment où Helga cessait de l'intimider, et dans ces moments-là, elle lui semblait étrangement gentille. S'en était dérangeant. « Et petit conseil le chaton, si tu veux que Schuyler te fiche la paix, parle de Cannelle. Elle te laissera tranquille. » De la cannelle ? Tout en s'installant sur la moto, le garçon fronça légèrement les sourcils, marqués par l'incompréhension. Comme à chaque fois qu'un nouveau mot se présentait à lui, c'était tout un mécanisme qui se déclenchait sous le front du petit, un système de réseaux mêlant connaissances et associations. Ça tournait et tournait pour deviner une définition. Indice de la naïveté de sa réflexion, Oliver en déduit qu'une cannelle était tout simplement une maman canard. Bizarre.

Retrouver les murs protecteurs de l’appartement, c’était son moment préféré de la journée. Parce qu’il retrouvait Hadès, Nounours, Mr Woof et son lit. Même que parfois, il pouvait regarder les dessins animés. Aujourd’hui, il n’en avait pas envie. Tout était bizarre. Hadès n’était pas là et il y avait plusieurs mois que l’enfant avait cessé de courir jusqu’à sa chambre pour reprendre quelques aventures abandonnées là depuis son départ pour l’école. C’est qu’il ne voulait plus trop jouer. Seul Mr Woof n’avait rien perdu de sa vitalité d’origine. La porte avait été à peine ouverte que le chien s’était précipité vers eux, heureux de les revoir. Indifférent aux mouvements du chien excité, l’enfant tomba à genoux et enroula ses bras autour de l’animal, peluche vivante chez qui Oliver recherchait toute l’affection physique qu’il ne trouvait pas chez ses tuteurs. Car l’enfant ne pouvait s’empêcher de ressasser ce qu’on venait de se dire. Le mensonge de l’accident, la chute libre de ses notes, les murmures, traumatisme, drame… Sa joue collée contre sa fourrure, il aurait pu pleurer, conclure cette journée dans un torrent de larmes libératrices. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait. La fatigue mettait toutes ses émotions à vif, les révélant sous leurs formes la plus pure et brutale. ‘Nous pensions qu’il avait réussi à surmonter le drame, mais de toute évidence non.’ L’enfant avait du mal à comprendre. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Qu’il devrait être guéri maintenant . Alors pourquoi ne l’était-il pas ? Pourquoi y pensait-il toujours ? Quelque chose n’allait pas bien chez lui ; Il n’était pas comme ses amis, Oliver n’en avait déjà que trop conscience, mais c’était des détails du quotidien comme celui-là qui lui rappelait sa différence. Son anormalité. Ça lui serrait le coeur. « Allons promener Cerbère, il n’est pas sorti de l’après-midi. Tu prendras ton goûter en chemin. On trouvera bien quelque chose. » L’enfant releva brusquement la tête, puis, faute de savoir quoi faire, acquiesça, libérant le chien de sa prison d’affection. « On va acheter d-de la C-c-cannelle ? » Demanda-t-il naïvement. Oliver, il ne savait pas trop ce qu’ils pourraient bien faire d’une maman canard, il n’y avait pas de bain dans l’appartement. Mais sortir, c’était mieux que d’aller se cacher dans sa chambre pour pleurer. Surtout s’il était question de goûter.

Après avoir vidé son sac pour ne garder que son cahier de dessin, il suivit sagement Helga dans les rues de New York, baillant à s'en décrocher la mâchoire de temps à autre. Avec cet air si particulier du printemps qui tire enfin sur l'été, cette promenade prenait presque des allures de vacances. Si on oubliait le fond sonore de la ville. Le soleil, les oiseaux, une glace... À la framboise, sa préférée ! « M-m-merci. » Parfois, Oliver aimait bien Helga. Quand elle ne lui faisait pas peur. Malgré la fatigue qui s'accumulait sous ses yeux et le rythme de l'adulte que l'enfant peinait à suivre, cette balade avec Mr Woof lui faisait du bien. Respirer, voir autre chose que des regards remplis de curiosité, chez ses camarades, ou de pitié, chez les adultes, ça faisait du bien. La glace aussi. Trottinant toujours dans l'ombre d'Helga, Oliver, pour une fois, s'oubliait, lui et son environnement. Ses sens sans arrêt en alerte s'abandonnaient au jugement de l'adulte. À vrai dire, l'enfant regardait à peine où ils allaient, trop occupé à lécher les gouttes rebelles qui coulaient le long du cône ou sur son poignet. Et puis un bruit le ramena à lui. Aussitôt, il sauta auprès d'Helga pour lui saisir le bras de sa main libre, un geste instinctif guidé par la peur. Où était-il ? Ça ne ressemblait pas à un magasin de canard. C'était vieux, cassé, abandonné. Soudainement trop conscient de son environnement, Oliver resta accroché à Helga jusqu'à ce qu'ils soient de nouveau seuls, installé dans un coin silencieux de cet étrange endroit. Ses yeux craintifs sautant d'un coin à l'autre de la bâtisse, l'enfant ne savait pas s'il devait craindre ce lieu ou apprécier l'atmosphère qui s'en dégageait. Mr Woof, lui, au moins, ne se posait pas autant de questions. Oliver s'amusait à l'observer courir quand Helga rompit le silence. Pour lui parler de l'impensable, de la chose, ce qu'Oliver lui-même n'osait pas mentionner. Fin mars. « Tu sais, dans chaque épreuve, il y a du positif et du négatif. Par exemple, on a trouvé Cerbère. C'est positif. » Positif, négatif... Il ne savait pas ce que ces mots voulaient dire. Ce n'était pas grave. Les surprises s'enchaînaient. En deux phrases, Helga venait de secouer le petit pour déterrer des secrets cachés depuis trop longtemps.

Parfois, une envie nourrie de désespoir le prenait : celle de briser sa solitude et de parler. Ouvrir la bouche, grand, grand, pour hurler à en perdre la voix, demander au monde entier pourquoi c’était devenu tout bizarre chez lui. C’était grand, la Terre. Il y aurait bien quelqu’un pour l’aider dans cette immensité. Quelqu’un capable de mettre des mots sur ce que l’enfant peinait à s’expliquer à lui-même. La pression qui lui écrasait la poitrine, la tristesse inexpliquée qui lui vidait le coeur, la peur qui lui noyait l’esprit… Quelqu’un qui comprendrait. Il jeta un coup d’œil à Helga. ‘N’aies pas peur de nous parler.’ L’enfant hésita, laissa les paroles d’Helga s’imprimer dans son esprit. Pour être certains. Pour ne pas faire de bêtise. « Je sais p-p-pas… » S’entendit-il soudainement balbutier, continuation de ses pensées muettes. Un toucher glacé glissa à nouveau sur sa peau. La glace rancunière n’avait pas dit son dernier mot. Ça coulait, coulait tout le long de son poignet. Mais cette fois, Oliver ne réagit pas. Il laissa la goutte poursuivre sa course, insensible à la traînée visqueuse qu’elle laissait le long de sa main. Nonchalante, elle tomba sur sa chaussure. C’était toute sa glace qui menaçait de se déverser sur lui. Oliver ne remarqua pas l’aube de cette catastrophe. Immobile, son regard s’était perdu dans le vide en même temps que ses pensées. Plusieurs fois, sa bouche esquissa un mouvement, uniquement pour se réfréner. « P-p-parfois c’est b-bizarre, je sais p-pas p-pourquoi… » Qu’il finit par lâcher. « C’est c-c-comme si… un aspirateur… » Il s’arrêta, ses traits enfantins durcis par la réflexion. Non, ce n’était pas comme ça… Pas tout à fait. « C’est… C-comme un film dans m-m-ma tête et ça m’emmène dedans… C-c-comme… » Indescriptible. L’enfant n’avait pas les mots. Mais ce qu’Oliver ne disait pas, il le couchait sur papier. Du mieux qu’il le pouvait, il glissa son sac devant lui pour sortir son précieux cahier.

Les pages croulaient sous des dessins que personne n'avait le droit de voir. C'était à lui. Ses souvenirs, ses humeurs. Le carnet sur ses genoux, il commença à feuilleter d'une main maladroite, ses gestes handicapés par la glace qui continuait sa lente agonie. Oliver connaissait ses pages par coeur, il y naviguait avec précision. À la fin. Après le dessin de l'arc-en-ciel. Là, niché après l'explosion de couleurs et de rêves, une tâche de noirceur. Une silhouette perdue au milieu de la toile, des tourbillons dans les yeux, une ronde de personnage autour d'elle. Oliver et ses camarades. Et puis, au-dessus, il y avait ces formes spectrales, sans visage, menaçantes par leur taille. Elles occupaient tout le reste de la feuille. C'était son oeuvre. Ou du moins, à l'origine, car de lourdes traînées noires étaient venues traverser la page, tentative destructrice de l'enfant. Il avait balayé son travail d'un coup de crayon vengeur, sans pour autant parvenir à effacer ce qu'il se trouvait dessous. Le petit s'attarda sur les détails encore visibles. C'était son dernier dessin, vieux d'à peine un jour, déjà condamné. Trop moche à son goût. « Hier à j'ai c-cru que j'étais dans la p-p-prison encore sauf que j'étais à l'école, m-mais je p-pouvais pas voir l'école, je voyais q-que la p-prison et j'entendais les m-m-monstres et je savais p-plus j'étais où... » Ce n'était pas la première fois que ce genre d'épisode lui arrivait. Oliver, il les comptait sur les doigts de sa main. Un, deux, trois. Comme personne n'était disponible pour venir le chercher, il avait fini sa journée à l'infirmerie, somnolant jusqu'à l'heure des parents, prit dans la confusion obscure de ses émotions. « C-c-comme ça. » Dit-il en montrant le dessin. « Un p-p-peu c-comme être dans le p-passage secret m-magique. Ou l'étoile de Peter Pan. » C'était laborieux. De se faire comprendre. De parler, tout simplement. Avec ses exemples à lui, il tentait de saisir ce qu'il ne s'expliquait pas lui-même, sans grand succès. « C'est c-c-comme si ça recommençait alors q-q-que c'est p-pas vrai... Et après ça fait m-m-mal ici. » Du bout du doigt, l'enfant tapota sur sa poitrine. Ses côtes avaient beau être guérie désormais, la pointe qui lui traversait le torse, douleur familière de ses semaines de convalescence, refaisait souvent surface. « Est-ce q-que ça se p-p-peut que y a vraiment des m-monstres pour de vrai ou est-ce que c'est p-p-pour de faux dans m-m-ma tête ? Car j'en ai vraiment vu, m-moi. Là-b-bas. Et la nuit p-parfois aussi. » Oliver, c'était bien la première fois qu'il parlait autant à Helga. Ou depuis Mars. Ce flot de paroles le surprenait. Il s'en voulait presque d'avoir tant parlé. Sortie de nulle part, un sentiment de culpabilité le saisit, suivit de toute une trimballé de doutes. Lui a qui l'on avait expliqué qu'aucune mention de l'enlèvement ne devait franchir ses lèvres, et s'il en avait trop dit ? Et si les méchants revenaient à cause de ça ? Et si Helga ne comprenait pas . Pire, et s'il la faisait chier, comme disait Hadès ? Ne pas faire chier, c'était la règle numéro un à la maison. Autrement dit, ne pas poser trop de questions stupides, ne pas faire trop de bruit, ne pas trop parler, obéir. C'était ce que l'enfant avait fini par comprendre, avec le temps. La simple idée de déroger à ces règles étaient sources d'éternelles inquiétudes.


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Lun 16 Juil 2018 - 12:19
Aux spectres qui naissent le soir


Assise sur la colonne, dégustant sa glace, Helga attendit qu’Oliver décide à se lancer ou au contraire préfère ne rien dire. Quelle que soit sa décision, la conscience de la mercenaire était sauve. Elle avait fait son rôle de tuteur. Elle l’avait sorti des griffes de Louis, s’était chargée de subvenir à ses besoins et elle tentait de l’aider à traverser son traumatisme. Pour tout ce qui était affection et autres, il ne fallait pas lui en demander davantage. Helga était sa tutrice, pas sa mère. Elle ne prendrait et ne voudrait jamais ce rôle vis-à-vis d’Oliver. Être mère n’avait jamais fait partie de ses plans. Elle l’était devenue par la force des choses avec Théana. Elle ne retenterait pas l’expérience, même avec ce petit rouquin qui avait su d’une certaine façon la conquérir.

Helga tourna sa tête en direction de l’enfant qui venait de prendre la parole. Elle remarqua immédiatement la glace qui coulait le long de la main d’Oliver. Elle leva les yeux au ciel, mais n’épongea pas pour autant le liquide gluant. Elle ne voulait pas perturber le rouquin, qui s’était enfin décidé à parler. Elle ne fit aucune remarque non plus et l’écouta lui confier ses états d’âme. Apparemment, l’enfant était rongé par les souvenirs de mars dernier, qui repassaient en boucle dans son esprit. C’est ce que conclut Helga. Oliver confirma sa déduction lorsqu’il sortit son carnet de son sac. La mercenaire nota que ça semblait important pour lui, au regard de sa concentration au point qu’il n’en voyait toujours pas sa glace couler. La blonde regarda attentivement les dessins de l’enfant, puis l’enfant lui-même. Son regard le sonda. Le problème d’Oliver était plus grave que ce qu’elle pensait. Elle n’imaginait pas qu’il revivait les événements d’une façon si réelle qu’il s’y croyait encore, au point de faire abstraction de la réalité. Etait-ce un trouble psychologique ou un reste des expérimentations de Louis ? Helga l’ignorait. Tout ce qu’elle savait, c’est que peu importait la cause, la conséquence était la même. Oliver avait besoin d’aide et d’une aide professionnelle. Pour l’heure, la mercenaire répondit honnêtement aux questions de l’enfant. « J’ignore si ce que tu as vu là-bas était vrai ou non. J’ai vu des statues animées détruites en sortant du château, c’était réel, mais dans ton cas, je ne sais pas si les monstres que tu as vus existaient ou si c’était le résultat des expérimentations du psychopathe. Ce que je sais, c’est qu’il n’y a pas de monstres à New York. Ici, tu n’en verras pas, c’est le fruit de ton imagination, enfin de tes souvenirs. » Helga marqua une pause et songea que ce n’était pas dans ses cordes d’aider psychologiquement et émotionnellement l’enfant. Par contre, lui apprendre à se défendre, c’était dans ses cordes. Elle songea l’espace d’une seconde lui confier son arme et lui apprendre à tirer avec contre la statue de la fontaine. La blonde chassa rapidement cette idée. L’arme serait trop lourde et trop compliquée pour l’enfant et ce serait trop bruyant pour ses jeunes oreilles. Cependant, elle venait de trouver un moyen de substitution. « Ecoute, Oliver, que les monstres soient réels ou non, il faudra que tu te défendes, comme ça, ils ne pourront pas t’attaquer. Je vais t’apprendre à le faire. Viens, je t’emmène à la fête foraine. Je vais t’apprendre à tirer. » Sentant que même si les monstres attaquaient, Oliver aurait du mal à imaginer tuer un individu, Helga émit une précision. « Comme ça, tu sauras les faire fuir, Oliver, et ils te laisseront tranquille. »

Arrivée à la fête foraine, Cerbère en laisse et Oliver à côté, Helga chercha le stand qui l’intéressait. Elle le vit au loin, à travers la foule. Elle en prit la direction, tout en parlant à Oliver. « Tu verras, ce n’est pas compliqué. Tu devras tirer sur des ballons qui bougent. Je t’expliquerais quand on y sera. » Elle esquissa un semblant de sourire, puis porta son regard au loin, attentive à la foule. Helga surveillait tant les mouvements des gens, que ceux d’Oliver et Cerbère. Après être passés devant plusieurs stands, ils atteignirent celui voulu. Un couple et une bande d’amis avaient déjà pris possession des lieux. Ils devaient attendre leur tour. Helga en profita pour expliquer à Oliver le plus simplement et le plus clairement possible comment tirer avec l’arme factice que le forain leur avait confiée. La mercenaire lui expliqua comment recharger son arme et comment viser. Elle regarda ensuite comment Oliver faisait, en le rectifiant. C’est alors qu’elle soupira, en voyant le regard de l’enfant. Il semblait plus fasciné par le stand de barbe-à-papa derrière eux que par le stand de tir et l’arme qu’Helga lui avait mise dans les mains.
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Ven 3 Aoû 2018 - 9:52
Aux spectres qui naissent le soir
Helga & Oliver
Sur le fond de mes nuits Dieu de son doigt savant Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve. J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou, Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où

Oliver s'était suspendu aux lèvres d'Helga avec les airs d'un enfant qui attend la suite d'une histoire. Seulement, aucune malice n'éclairait les traits fins de son visage fatigué. Lèvres scellées, regard inquiet, l'histoire tant attendue n'en était pas une. Jamais il n'en réclamait à ses tuteurs. Tout ce qu'il demandait, c'était des explications, une voix pour le guider dans cette vie parsemée de questions sans réponses. Dans ce monde où mal et bien se côtoyaient trop souvent dans l'ambiguïté, Oliver ne s'y retrouvait pas. Déjà, les paroles d'Helga se teintaient de doute. Réel ou irréel, vrai ou faux ? Ni l'un ni l'autre. Un entre-deux confus dans lequel le petit se perdait. Il ne savait pas quoi penser de cette réponse, loin des paroles libératrices qu'il avait attendues. Sa gorge se serra. Ça le terrifiait, de constater que même les adultes ne saisissaient pas complètement la situation, ça renversait complètement la vision de son petit monde fragile. Les grands n'étaient-ils pas censés tout savoir ? De toute évidence, non. Alors, les sourcils légèrement froncés, Oliver tentait de s'y retrouver dans les dires nuancés de sa tutrice. « Ça veut dire que les monstres existent, mais qu'y en a pas à New York ? » D'accord. Il voulait bien y croire, s'accrocher à cette phrase, la garder précieusement près du coeur pour en faire une berceuse lors des longues nuits d'insomnie. Se rassurer. Ou du moins, essayer. Car ses pensées folles continuaient de lui torturer la tête dans leur éternel vacarme. Une nouvelle parade de pourquoi. Pourquoi voyait-il des choses irréelles, pourquoi cauchemardait-il, pourquoi ça ne s'arrêtait pas, pourquoi avait-il mal pour de vrai lorsque c'était pour de faux... Les monstres chimériques pouvaient-ils le blesser ? Dans sa poitrine, son coeur s'agita. C'était reparti, une nouvelle course, le sentiment pénible de se sentir écrasé par le poids de sa propre respiration. « Écoute, Oliver, que les monstres soient réels ou non, il faudra que tu te défendes, comme ça, ils ne pourront pas t'attaquer. » La surprise fut totale, la proposition, étrange. Doucement, il secoua la tête. « Mais ils sont plus grands et plus fort...» Et lui était si... peu. Il ne faisait pas le poids. Pourtant, souvent, Oliver s'imaginait en héros. Dans les univers que l'enfant se construisait pour pallier à l'ennui et la solitude, il était grand, fort, courageux, le sauveur de tous. Tout le monde l'aimait. Une réalité qui se confinait aux limites de son esprit. Se défendre, Oliver ne savait plus faire, son anxiété grandissante l'en empêchait. L'enfant préférait subir ou fuir plutôt que de se soumettre aux jugements et réprimandes des autres. Se faire oublier plutôt que d'attirer l'attention. Alors, il resta médusé face à Helga et ses drôles d'idées. « À tirer ? » Répéta-t-il, le ton tremblant. Oliver n'était pas sûr d'en avoir envie. « Comme ça, tu sauras les faire fuir, Oliver, et ils te laisseront tranquille. » Le petit baissa les yeux, pensif. On le laisserait tranquille... Comme cette image lui plaisait ! L'estomac noué, il acquiesça silencieusement. Plus de monstres. Plus de cauchemars. Plus de peur. Et aveuglé par cette belle promesse, Oliver emboîta le pas à Helga tout en tentant de sauver les dégâts de sa glace fondue.

C’était la première fois qu’Oliver mettait les pieds à une fête foraine. Les lumières, les cris, les rires, les odeurs, autant de choses encore étrangères aux yeux du garçon qui ne savait pas où donner de la tête. Les parcs d’attractions, il ne les connaissait qu’à travers les films et autres publicités. Combien de fois ses prunelles envieuses s’étaient-elles attardé sur des affiches colorées vendeuses de rêve et de bonne humeur ? Le petit avait toujours voulu y aller, n’avait jamais osé demander. Maintenant qu’il y était, il regrettait presque ce souhait. Que faisaient-ils ici ? Sûrement rien d’amusant. Pas avec Helga. « Tu verras, ce n’est pas compliqué. Tu devras tirer sur des ballons qui bougent. » Oh. «  D’accord. » Des ballons qui bougent. Rien d’effrayant. Pourtant, Oliver commença à se tordre les mains tout en marchant. Il n’aimait pas les armes, trop bruyantes, trop meurtrière. Ces agents de destruction, Oliver n’en avait rencontré qu’une fois. La fois de trop. Il se souvenait des hurlements, des explosions, de l’odeur, et surtout de la terreur. Plus jamais. Ce fut avec ces souvenirs encore imprimés sur sa rétine qu’il s’approcha du stand de tir. La peur était là, confortablement installée dans ses entrailles, à tordre son estomac entre deux battements de cœur. Les paroles d’Helga n’y faisaient rien. Tout comme les pensées rassurantes qu’il se soufflait. C’est pour de faux. C’est pour faire fuir les monstres. Non, rien à faire. Quand on lui confia l’arme, Oliver tremblait, incontrôlable. C’était plus fort que lui. Il souffla, pantin entre les mains expertes d’Helga, tandis que ses yeux cherchaient une échappatoire sur le stand voisin. « Est-ce que ça peut faire mal ? » qu’il couina finalement sans oser appuyer sur la détente. Rire du forain. Bizarre, Oliver, lui, ne voyait pas ce que l’adulte pouvait trouver de si drôle. « Non, t’inquiète pas, tu crains rien. » Il déglutit, le corps crispé par la crainte de voir ce fusil factice lui exploser entre les mains, cette même crainte qui l’empêchait déjà de vivre pleinement une vie à peine commencée. Figé, il appréhendait la simple pression de son doigt comme on appréhende un saut dans le vide. Inspiration. Oliver ferma fort les yeux. Il devait être courageux. BAM. Le coup parti. Aucun ballon n’explosa. BAM. Toujours rien. Et à son stress d’origine s’ajouta une nouvelle angoisse, la pire de toute. Celle d’échouer. « J’y arrive pas, je suis trop nul. » Murmura-t-il. « Courage petit, la dernière c’est la bonne ! » Cette fois-ci, Oliver risqua un oeil. Juste un. Ça lui tordait le visage dans une drôle de grimace, ce clin d'oeil forcé, doublé par le frémissement de ses lèvres froissées par la concentration et l'inquiétude. BAM. Une explosion. Oliver sursauta. Par réflexe, il lança presque l'arme sur le comptoir, pour s'en débarrasser le plus vite possible. « Bah voilà ! Regarde, t'en a eu un ! » Vraiment ? Oui. Seuls deux ballons s'agitaient désormais derrière les fils de leurs cages. « Tu veux pas re-essayer ?» Oliver secoua la tête, peinant à se remettre de sa petite frayeur. Certains bruits prenaient une tout autre dimension depuis son enlèvement. L'espace d'une fraction de seconde, ça le renvoyait dans le passé, il se retrouvait à nouveau à courir entre les balles, ses propres hurlements se mêlant aux explosions. Nouveau rire du forain. « Il voit des fantômes votre fils ou quoi ?» Oliver n'eut pas le coeur à le corriger, ses mains encore frissonnantes occupées à tordre son T-Shirt dans tous les sens. « Fait pas cette tête petit, c'est pas grave, tiens, t'en a touché un, alors je te donne un petit cadeau. » Et sous ses yeux, le forain déposa sa récompense. Un flacon à bulle de savon. Wow ! Trop bien ! Pour l'enfant, cette babiole sans prétention avait des allures de super gadgets. Bien mieux qu'un faux fusil. Timidement, Oliver saisit la petite bouteille. « Merci.» Il offrit un sourire gêné avant de se soustraire à l'attention du forain. Caché derrière Helga, le petit contempla son nouveau trésor. Penser aux bulles de savon qu'il allait pouvoir faire sur le chemin du retour calma les battements de son coeur. Un peu.

Car déjà, la suite venait l'écraser. « Pardon, j'ai pas réussi...» Il se sentait obligé de s'excuser auprès d'Helga. Pardon d'avoir raté. Pardon de te faire perdre ton temps. « Je pourrai jamais faire fuir les monstres, je suis trop nul, même quand c'est pour de faux.» Une teinte de colère venait de se mêler à la déception de sa voix. « Je suis aussi nul qu'à l'école.» Son pied cogna contre un caillou. Oliver s'en voulait d'être comme ça, de ne plus être comme avant. Il aurait voulu être plus, qu'Hadès et Helga soient fiers de lui. À l'image de la fois où il avait rapporté un autocollant doré de la maîtresse. Le petit n'en avait jamais revu la couleur. Aujourd'hui, ses exercices n'étaient plus décorés que par des smileys à la mine attristée, comme si eux aussi pleuraient la dégringolade sans fin de l'enfant. Tout en continuant à fixer le sol, il s'entendit soudainement demander : « Comment tu fais, toi, pour jamais avoir peur de rien ?» C'était vrai ça. Helga était trop forte, et elle ne tremblait jamais face au danger. Comment ? Peut-être était-il là, le secret pour savoir se défendre. Apprendre à ne plus avoir peur.

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Lun 10 Sep 2018 - 12:51
Aux spectres qui naissent le soir

« Est-ce que ça peut faire mal ? » « Pas si tu fais attention. Je ne pense pas que le recul soit trop important avec ce genre d’arme factice. » Le forain rigola et rassura l’enfant. Oliver tira et aucun ballon n’explosa. Ce fut de même pour le second coup. Helga ne s’était pas attendu à une prouesse de sa part, surtout dès les premiers essais. « Les premiers essais pour un débutant sont rarement concluant. » Ce n’était pas une parole prononcée pour rassurer l’enfant, mais une proclamation des faits. Par expérience, la mercenaire savait que le premier tir, et surtout dans le cas d’un novice, n’atteignait que rarement sa cible ou du moins avec peu de précision. Il arrivait même que des jeunes recrues fassent même des cartons vides, mais devenaient des tireurs d’élite avec le temps. Néanmoins, dans le cas d’Oliver, au regard de la faible distance et du contexte, elle avait espéré qu’il en touche au moins un. L’ayant observé, Helga eut un conseil pour l’enfant, pour son dernier essai. « Tu devrais fermer un œil, le chaton. Tu viseras mieux. » C’était plus efficient aux yeux de la mercenaire que les encouragements vains du forain. Oliver réussit son tir et obtint des félicitations du forain. Il n’obtint qu’un faible sourire et un hochement de tête d’Helga. Cette dernière ne se faisait pas d’illusion, surtout pas quand Oliver refusa une seconde session. La mercenaire se demanda comment elle pouvoir endurcir cet enfant, si ce dernier n’était même pas capable d’apprivoiser une arme à la fête foraine. Il semblait au proie avec ses démons, qui le poursuivaient sans cesse, comme en ce moment. Le forain sembla le remarquer puisqu’il posa la question, ce à quoi Helga répondit. « Pas tout à fait. C’est plutôt les fantômes du passé qui le poursuivent. Et il n’est pas mon fils. Du moins pas au sens stricte du terme, mais je suppose qu’on peut dire qu’il l’est d’une certaine façon. » Helga faisait ainsi référence au schéma classique, puisqu’il était d’une certaine façon devenu le rejeton d’Hadès. Par extension, comme Helga était la compagne du dieu des enfers, il l’était devenu par alliance, mais la mercenaire ne le considérait pas comme son fils et elle n’avait aucune envie d’être sa mère. Elle était sa tutrice et éprouvait une certaine affection mesurée pour l’ancien chaton. C’était le genre d’affection qui s’obtient en vivant avec une personne et en ayant vécu des choses similaires, ainsi qu’en partageant des similitudes.

Oliver reçut un flacon à bulles en récompense de la part du forain. Le rouquin le remercia. Au moins, il était bien élevé, à défaut d’être courageux. Il s’excusa même auprès de la blonde, lorsqu’ils s’éloignèrent du stand. Helga le dévisagea. Oliver avoua alors rageusement l’image qu’il avait de lui : un nul. « Ne t’excuse pas, le chaton. Et tu n’es pas nul. Du moins, pas totalement. Oui, tu es nul au tir, comme une majorité de gens qui n’ont jamais tiré de leur vie. Oui, tu es nul à l’école, mais ça n’a pas toujours été le cas. Tu avais rapporté un autocollant la dernière fois, donc tu n’es pas nul. Tu es seulement victime des événements et c’est ça qu’il faut changer, le chaton. Ne sois jamais une victime. Jamais. Et dès que tu vois un problème, dis-toi simplement que c’est une opportunité mal exploitée ou qu’il s’agit d’un test de tes capacités. » La mercenaire parlait suivant le point de vue de son expérience sur le terrain. Pour elle, être nul, c’était être un bon à rien, inapte à la vie. Ce n’était pas ce qu’elle voyait en Oliver. Quant aux problèmes étant une opportunité mal exploitée, il s’agissait des désagréments qui venaient faire entrave à une mission, l’obligeant à réagir autrement et rapidement. C’était une sollicitation quasi constante de sa force d’adaptation et de ses savoir-faire. Le rouquin sembla y méditer, puisqu’il posa une question qui laissa sans voix la mercenaire. Comment faisait-elle pour n’avoir jamais peur ? Se souvenait-elle de la dernière fois qu’elle avait eu peur ? « Honnêtement, je ne sais pas, Oliver. Je dirais que c’est l’expérience. Avec ce que j’ai vu et fait, peu de choses m’effraient. » Le souvenir du coeur de l’Atlantide lui revint en mémoire. Elle se rappelait du coeur bleu flottant au-dessus de sa tête, défiant tout ce qu’elle savait de la science. Helga se souvenait qu’elle ne s’était pas sentie à l’aise, quand il avait viré rouge avec ses lumières balayant la salle, lorsque Rourke avait jeté un simple caillou dans l’eau d’un mouvement nonchalant du pied. Elle s’était même prononcée à ce sujet en demandant d’accélérer la mission, le lieu ne lui plaisant pas. Elle se rappela ensuite sa stupéfaction lorsque Kida avait été choisie et que ses yeux scintillaient d’un bleu irréel. La méfiance l’avait saisi lorsque Kida s’était alors adressée à Milo en atlante. Elle n’avait pas fui. L’appât du gain et la nécessité de finir la mission étaient trop importants à ses yeux. Elle était restée et la peur s’était muée en surprise et fascination, lorsque Kida avait marché sur l’eau, puis monté dans les airs. Mise à part cet épisode, elle ne se rappelait pas d’avoir jamais vraiment eu peur. La montée d’adrénaline, elle connaissait, mais elle n’appellerait pas ça avoir peur. C’était comme la peur de mourir. Elle savait ce que c’était, mais elle ne l’appellerait pas peur. La mort pouvait l’attendre au tournant de presque chacune de ses missions, si bien qu’elle ne la craignait plus, puisqu’elle l’avait accepté il y a bien longtemps. Helga regarda Oliver, qui semblait si frêle et en proie à ses émotions, par rapport à elle. C’était peut-être ça son secret. L’absence d’émotion lui inhibait la peur. C’était une théorie intéressante aux yeux de la mercenaire. « J’ai un jour eu peur, si on peut appeler ça de la peur. C’était plutôt un inconfort. J’ai vu une chose qui défiait toute logique et ça ne m’a pas plu. Je n’avais jamais vu ça avant. On peut dire d’une certaine façon que ça m’a effrayé. Ce qu’il faut retenir, ce que je ne me suis pas défilée. Ça a même permis d’accélérer les choses. » Helga n’était pas très à l’aise pour parler de sentiments, surtout avec un enfant, mais elle faisait de son mieux. « Tout ça pour dire que personne n’a jamais eu peur de rien. La peur est nécessaire pour survivre. C’est un instinct de survie, qui te dit que quelque chose ne va pas. Ce qu’il faut que tu apprennes, c’est affronter tes peurs et ne pas fuir. Il n’y a pas de secret. Ce qui fait la différence, c’est le courage. Si tu ne veux pas être un lâche, tu dois te montrer courageux. Ce n’est que comme ça, que tu affronteras tes peurs et que plus rien ne pourra t’atteindre. Ce qui peut t’aider, c’est de rationaliser. Essaye de chasser tes émotions et de comprendre. Tu ne peux pas avoir peur si tu ne ressens rien et que tu as parfaitement compris ton adversaire ou la situation. »

Helga regarda sa montre. Elle se leva et se tourna vers Oliver. « Assez bavardé, il est temps de rentrer. Tu as certainement des devoirs à faire. » Une fois le chien rappelé et remis en laisse, ils quittèrent les lieux et marchèrent sur le chemin du retour. Une fois à l’appartement, Helga détacha le chien et rangea la laisse. Pendant qu’Oliver s’installait au salon pour faire ses devoirs, la mercenaire chercha son kit de nettoyage. Quand ce fut fait, elle s’installa en face d’Oliver et commença à désosser son arme, afin de la nettoyer pièce par pièce. Au bout de dix minutes, elle remarqua que l’ancien chaton semblait avoir des difficultés à faire son exercice. « C’est quoi le problème avec tes devoirs, le chaton ? » Après la réponse d’Oliver, Helga arrêta sa tache et se leva. Elle fit le tour de la table et s’installa à côté de l’enfant. « Voyons voir ça. » Après lui avoir corrigé son exercice de grammaire, en tentant de lui expliquer le mieux qu’elle put, pourquoi il avait fauté, ils passèrent aux mathématiques. Il s’agissait de reproduire des figures par différentes symétries. Le premier exercice consistait à dessiner la symétrie d’un triangle par rapport à l’axe vertical. « C’est comme un miroir. C’est l’image opposée. Tu as juste à compter le nombre de carreaux de chaque pointe par rapport à l’axe et tu fais pareil de l’autre côté. Si t’as juste, quand tu plies ton axe, les deux images se superposent. Regarde, là quand tu plies ta feuille, ta pointe dépasse. Ta pointe est trop haute. Tu as un carreau de trop en haut et un en moins sur la ligne. »
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Dim 7 Oct 2018 - 13:40
Aux spectres qui naissent le soir
Helga & Oliver
Sur le fond de mes nuits Dieu de son doigt savant Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve. J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou, Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où

Certains mots s'évaporaient dans l'air, à peine énoncé. D'autres, en revanche, restaient. Poignants, ils perçaient l'esprit sous forme de maximes, s'y développaient à leur aise, toujours grandissant. «  Ne sois jamais une victime. Jamais. » À ses pieds, un caillou se heurta une nouvelle fois à sa chaussure. Oliver l'observa rouler, songeur. Ne jamais être une victime. L'enfant n'était pas certain de saisir ce que cela voulait dire, pourtant, il pouvait sentir son cœur battre au rythme de cette phrase. Ne jamais être une victime... C'était une promesse qu'il faisait : « D'accord.» Murmura-t-il. À lui. À Helga. Helga, ce roc imprenable, cette figure double : elle lui inspirait à la fois peur et sécurité, deux sentiments contradictoires que l'enfant peinait à faire cohabiter dans son petit monde manichéen. Un dualisme trahi par chacun de ses faits et gestes. Lorsqu'il relevait les yeux vers sa tutrice, Oliver ne pouvait s'empêcher de s'attarder sur le pistolet accroché à sa ceinture. Le regard y revenait dans un ballet sans fin. Visage, arme à feu. Visage, arme à feu. L'humaine, la crainte. Néanmoins, il finissait toujours par revenir à sa figure, y cherchait la solution à tous ses problèmes. Parce qu'il y avait des questions qui cognaient fort contre son front et un besoin terrible de réponses brillant au fond de ses prunelles brunes. « Honnêtement, je ne sais pas, Oliver. » Mais même les adultes ne pouvaient pas tout savoir. Ou presque.

C’était bizarre, de concevoir Helga en proie à la peur, c’était comme inventer une histoire de toutes pièces. Ça allait à l’encontre de sa personne. Les traits du petit se tordirent doucement sous la réflexion. Au cœur de cette étrange image, Helga causait toujours. Et beaucoup. Elle lui parlait de courage et de survie, des choses que l’enfant connaissait sans pour autant en avoir conscience. Car lui, ne se voyait ni en survivant, ni en héros courageux. Ses peurs, ses angoisses, il vivait avec tous les jours, étouffait sous leurs poids, mais les affrontait-il ? Oliver n’en avait aucune idée. Les monstres, eux, oui, il les fuyait. Mais ils étaient grands, géants, méchants, et lui si petit. Comment faire autrement ? Ça aussi, il n’en savait rien. En chassant ses émotions, en essayant de rationaliser, qu’Helga disait. Seulement, Oliver ne connaissait pas ce mot. Il n’osa pas demander. Cela ne l’empêcha pas de cogiter sur le trajet du retour.

Et il cogita, jusqu'à l'appartement, jusqu'à ce que son cerveau épuisé ne se heurte à ses limites. Oliver ne se sentait jamais aussi fatigué qu'une fois cloué sur une chaise, le nez sur ses devoirs. C'était là, que les longues heures de sommeil perdues le rattrapaient, quand la pièce se retrouvait figée dans le silence et que ses yeux se perdaient sur les lignes vacillantes de son cahier. Le même manège qu'en classe recommençait. Un bâillement, un voile sur son regard et des paupières de plus en plus lourdes. De courts instants aux allures d'éternités durant lesquels l'enfant nageait entre deux réalités, saisi d'un curieux bien être. Et puis, BAF, sa tête qui chute un peu trop, le son d'une chaise qu'on racle, et le réveil, brutal. Oliver se frotta les yeux. Helga venait de s'installer face à lui. Alors, il se plongea à nouveau dans l'exercice qu'il n'avait pas eu le temps de finir en classe.
Le roi et la reine vivent dans un chat…
L'enfant se surprit à relire cette même phrase encore et encore. Chaque relecture se ponctuait par un coup d'œil furtif en direction de l'arme à feu qu'on désossait de l'autre côté de la table.
Le roi et la reine vivent dans un chatau.
La boule au ventre, il entama l'exercice suivant : de la symétrie. Mais très vite, les carreaux se confondirent avec le blanc de la feuille et le résultat final fut loin d'être celui escompté. Oliver soupira. « C'est quoi le problème avec tes devoirs, le chaton ? » « J'y arrive p-p-pas, ça marche p-pas… » qu'il couina, une envie de pleurer au fond de la gorge. C'était dur, de chasser ses émotions, quand la fatigue transformait la moindre irritation en véritable tsunami. Le garçon étouffa un bâillement et se décala pour laisser sa tutrice s'asseoir à ses côtés.

Son cœur se serra en découvrant qu’il avait presque tout faux à son exercice de français. Un peu plus lorsque Helga lui pointa une nouvelle erreur. Il s’agissait du même abattement qui, quelques heures plus tôt, l’avait frappé à la poitrine ; un désir de tout abandonner. « C’est comme un miroir. C’est l’image opposée. » Dans le flou qu’étaient ses pensées endormies, l’enfant parvint néanmoins à comprendre le concept. « Oh… C-comme à la p-peinture… » Un miroir. De la peinture. Là, ça s’éclaircissait. « J’avais fait un d-dessin et je l’avais p-plié et de l’autre c-c-côté ça a fait comme un m-m-miroir. » Qu’il expliqua en attaquant son trait tremblant à goût de gomme. Une histoire bancale, mais qui eut le mérite de l’aider à réussir le terrible triangle. Le crayon glissa sur le papier et bientôt, l’exercice fut terminé. « C-comme ça ?» Avec minutie, Oliver imita Helga et plia la feuille. Les deux côtés de l’axe s’embrassèrent parfaitement. « J’ai réussi ! M-merci ! » Aussitôt, un sourire illumina son visage cerné. Peut-être Helga avait-elle raison. Peut-être n’était-il pas si nul. L’enfant osait même rêver à de nouveaux autocollants dorés. « Je p-p-peux aller regarder la télé m-m-maintenant ?»

***

Les plus mieux moments de la journée, c’était ceux qu’il passait devant les dessins animés, Mister Woof à ses côtés. C’était à égalité avec jouer aux legos dinosaures, ou dessiner. Des instants durant lesquels il pouvait pleinement s’évader de son monde et laisser ses angoisses derrière lui. Loin de la réalité, il s’oubliait enfin. Les crédits de Raiponce, la série venaient à peine de s’afficher à l’écran lorsque ses yeux recommencèrent à lui jouer des tours. Et avant même qu’il ne le réalise, Oliver se retrouva allongé sur le canapé, sa joue contre le cuir, à lutter contre un sommeil toujours plus terrible. Non, il ne pouvait pas dormir, pas maintenant, sans pyjama, sans Nounours. Il n’avait même pas brossé ses dents. À moitié endormi, il voulut parler dans l’espoir de se tirer des bras de Morphée. « Helga… oublié un truc d-dehors… » Mais ses phrases lui semblaient déjà bien lointaine, comme prononcé par une tout autre personne. « T’avais d-d-dit à maîtresse qu’on… acheter une c-c-cannelle et… a oublié d’aller au m-magasin… » La minute d’après, Oliver s’envolait pour le pays des rêves.

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Dim 19 Mai 2019 - 12:51
Aux spectres qui naissent le soir

Helga hocha calmement la tête en signe d’affirmation. L’enfant semblait mieux comprendre le raisonnement de l’exercice, grâce aux explications de la mercenaire. Un sourire parvint même à se muer sur les lèvres du rouquin. Il venait de réussir et en était tout content. Il semblait penser qu’il avait fini et méritait de se détendre, puisqu’il demanda la permission de regarder la télévision. Helga accepta à la condition qu’il range d’abord ses affaires. De son côté, elle alla se pratiquer au combat dans la salle d’entraînement de l’appartement. Elle prit ensuite une douche et revint dans le salon, au moment où les épisodes du jour d’un dessin animé se terminaient. Helga se dirigea vers le canapé pour demander à Oliver de mettre la table. Elle n’en eut pas le temps, puisque l’enfant prit la parole le premier. D’une voix lourde de sommeil, il réussit à lui communiquer certaines informations avant de s’endormir. La mercenaire rigola aux dernières paroles d’Oliver. Elle se dit que donner de la cannelle à sa maîtresse serait un message frappant.

Helga souleva doucement le frêle corps de l’enfant hors du canapé et le porta dans ses bras jusque dans sa chambre. Là, elle le déposa délicatement sur son lit et lui enleva ses chaussures, puis le cala dans ses couvertures et le borda. Elle éteignit la lumière, ferma la porte de sa chambre et retourna dans le salon. Elle alla se réchauffer les restes de la veille pour son repas, qu’elle mangea devant un film, Cerbère à ses pieds, une fois qu’il eut fini ses croquettes. Oliver n’avait pas pu manger le soir, mais la mercenaire se dit que ce n’était pas si grave, et puis il avait eu sa glace et sa barbe à papa. Et puis, ça ne pouvait pas lui faire du mal. Il arrivait à la mercenaire ne sauter des repas lors de certaines missions.

Seule dans sa chambre, Helga se prépara pour se coucher. Il n’y avait qu’elle et Oliver, ainsi que Cerbère dans l’appartement. Hadès était en mission avec le meilleur ami de la blonde, tandis que Théana découchait chez des amis et ne rentrerait donc pas ce soir. Dans le lit double, la mercenaire se coucha et s’endormit. Le pays des rêves l’accueillit brièvement, puisque c’est dans celui des cauchemar qu’elle prit ses quartiers pour cette nuit.

***


Assise en tailleur sur le canapé, blottie dans les bras d’Hadès, sa main sur celle de son homme, qui était elle-même posée sur son ventre bien arrondi, à côté de la petite main d’Oliver, non loin de celle de Théana, Helga souriait entourée de sa famille. « Oh elle a bougé, je l’ai sentie ! » Helga regarda tendrement Oliver s’émerveiller. Théana, à côté avec le chaton sur ses genoux, rigola. « Notre petite sœur ne tient pas en place, c’est bien une Sinclair ! » Helga rigola à la remarque quand le téléphone sonna. Oliver se leva d’un bon et alla répondre, tout fier de faire partie de cette famille et soucieux de la tranquillité de sa mère. Lorsque le chaton raccrocha, il échangea un regard complice avec sa sœur et se tourna vers son père. « On peut aller manger une glace ? » Théana leva les yeux au ciel, devant la non subtilité de son petit frère. Helga rigola, attendrie. Depuis quelques temps, elle avait remarqué que sa famille lui préparait une petite fête. Oliver n’était pas très subtile. Il essayait de s’exprimer en langage codé, voulant imiter les mercenaires. « La glace me paraît une bonne idée. Allez chercher vos manteaux, on part dans cinq minutes, le temps que je me lève. » « Plutôt dix, les enfants... »

Helga sourit de bonheur et se laissa embrasser avec passion par son amant, tandis que les enfants cherchaient leurs affaires dans leur chambre. Les yeux clos, allongée sur le dos, elle savoura les caresses et baisers de son amant, quand un bruit se fit entendre, signe que les enfants approchaient. Helga et Hadès soupirèrent. C’en était fini pour leur moment à deux. Le dieu des enfers aida la mercenaire à se lever et la famille partie en direction du Dark Diamond. « T’es prête, όμορφη μου ? » « Oui, mein Feuer, mais gare à vos fesses si vous avez saccagé le Dark Diamond. » Helga et Hadès éclatèrent de rire et s’embrassèrent mielleusement.

Helga eut une larme à l’oeil. « C’est merveilleux ! » Elle posa une main sur son ventre qu’elle caressa tendrement. Le QG avait été redécoré en une parfaite Baby Shower de mercenaires. Des ballons en forme d’armes étaient accrochés à chaque plateforme et poteau et des guirlandes colorées se promenaient autour des balustrades. La chef regarda son meilleur ami. « Merci Randy, c’est parfait. » Elle lui sourit et le prit dans ses bras, puis se laissa guider par l’ancien caméléon jusqu’à un canapé, où elle s’installa entre les deux hommes de sa vie, en face de Théana, Oliver, Sam, Doc et quelques autres employés du QG. Randall se leva et porta un toast drôle - mentionnant que bientôt Helga pourrait reboire de l’alcool - et émouvant qui fit verser quelques larmes à Helga, puis l’ouverture des cadeaux vint. Théana offrit une énorme peluche avec un collier Atlante autour du cou et un petit couteau. Oliver avait apporté un doudou avec des oursons à manger, ce qui avait faire sourire Helga, sachant que le bébé ne pourrait pas les manger avant longtemps. Elle avait aussi été attendrie lorsqu’Oliver s’était exclamé tout fier de lui en bon grand frère prévoyant « et il s’illumine dans le noir, comme ça ma petite sœur n’aura pas peur du noir. » Il était aussi le seul à avoir offert un cadeau qui n’impliquait pas d’armes. Randall s’était chargé du nécessaire avec entre autre un parc à bébé équipé d’envoyer un filet électrique sur d’éventuels attaquants. Quant à Sam, il avait apporté tout un nécessaire de gadgets utiles, comme un mobilier équipé d’armes en cas d’attaque du bébé, ou d’une chaise à bascule sous laquelle Helga pourrait cacher des armes. Et pour finir, Hadès avait opté pour un cadeau original : un casque de protection pour les oreilles du bébé gravé du A de l’Atlantide entouré des flammes bleues du dieu des enfers « Comme ça, tu pourras amener notre fille à tes séances d’entraînement et t’entraîner sans avoir peur de lui causer des traumatismes auditifs » Il lui chuchota alors à l’oreille « ou le mettre sur les oreilles d’Oliver pour qu’on ait une plus grande tranquillité... » Helga sourit et l’embrassa. Elle remercia tout le monde quand elle sentit une douleur au ventre, signe de l’arrivée de la nouvelle Sinclair.

***


Helga tomba du lit, se réveillant les yeux grands ouverts, la panique envahissant tout son être. Elle venait de se prendre le coin du meuble au niveau du bas ventre. La mercenaire se massa le ventre, pour apaiser la douleur et fut immédiatement rassurée. Il était plat et musclé. Elle respira de soulagement. Elle n’était pas enceinte, ce n’était qu’un rêve, non un horrifique cauchemar. Heureusement, il était fini. Elle ne remerciera jamais assez sa table de nuit de l’avoir réveillée. Peu à peu la réalité lui revint. Il n’y avait pas de bébé en route. Tout ceci n’était qu’un mauvais cauchemar. Elle ne pouvait plus en avoir, puisqu’Hadès s’était fait faire une vasectomie et elle ne comptait pas rompre avec lui de même qu’elle ne comptait pas avoir d’autre enfant. Théana lui suffisait amplement. Helga fut soulagée. Elle se dirigea vers la cuisine, où elle y croisa Oliver. Avait-il lui aussi fait un cauchemar ? Etait-ce un cauchemar d’enfant ou un en rapport avec la Transylvanie ? Quoiqu’il en soit, elle n’était pas mécontente de le voir, avec son air effrayé et sa bouille d’Oliver. Il était tel qu’elle le connaissait et pas cet enfant si plein d’entrain à l’idée d’avoir une petite sœur, signe qu’elle était bien dans la réalité. « Alors, gamin, toi aussi tu as fait un cauchemar ? » Ne s’attendant pas à une réponse de sa part, elle se mit à fouiller les placards et tomba sur une boîte d’oursons quasiment vide. C’était les restes de ce qu’avait amené Clémence, il y a deux semaines, lorsqu’elle avait gardé Oliver. Helga comprenait maintenant pourquoi elle avait vu Oliver parler de ces gâteaux dans son cauchemar. Elle se saisit de la boîte et en sortit les deux derniers paquets. « Tiens, le chaton, ça fera passer n’importe quel cauchemar. » Ils se partagèrent les oursons, avec un verre de jus d’orange pressée, un chocolat chaud pour Oliver et un café pour Helga. Ils restèrent éveillés toute la nuit. Ce fut un des rares moments de complicité et de partage qu’Helga et Oliver eurent jamais eu et n’auront jamais. Un moment hors du temps où les peurs de chacun faisait se rapprocher de l’autre.
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