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 :: RP Abandonnés
L'un vers l'autre ⊱ Shang ❤
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Anonymous
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Dim 29 Juil 2018 - 23:19
L'un vers l'autre
Shang & Anna
Ils marchaient sans savoir, l'un vers l'autre comme la chance, quand elle cherche le hasard, deux enfants, mis au monde, l'un par l'autre pour jouer, les héros, d'une histoire

Mai 2018

Une ombre effleura son bras, mais lorsque ses paupières s'entrouvrirent, seuls les rayons du soleil matinal caressaient son lit vide. Anna lutta brièvement contre cette attaque. Son visage enfoncé dans son oreiller, elle se replongea un instant dans un semblant de somnolence, son lit ne lui paraissait jamais aussi confortable que dans ces moments-là où, sourde à l'appel du jour, elle se laissait flotter au bord de l'éveil. La jeune femme aurait pu divaguer ainsi pendant des heures, l'esprit assez loin pour rêver, mais suffisamment proche pour être encore conscient de son environnement. Petit à petit, son sommeil s'émietta et bientôt, ce fut un oeil tout à fait réveillé qu'elle ouvrit. Ses sens avaient repris leurs droits et une odeur lui chatouillait les narines. Ça sentait bon. Elle se redressa. Trop vite. Prise d'un vertige, elle grimaça. Aouch. Une de ses mains se perdit dans les noeuds de sa tignasse tandis que l'autre essuyait le discret filet de bave au coin de ses lèvres. Instinctivement, elle posa ses prunelles sur l'oreiller inoccupé à ses côtés. La place était froide. Autrefois, cette vision était synonyme de mal-être et solitude. Aujourd'hui, elle ne voulait dire qu'une chose : quelqu'un l'attendait. Son coeur bondit et dans un saut, son corps lui répondit. Anna se leva, fouilla dans l'un des tiroirs de sa commode pour en sortir une brosse et passer un coup rapide dans la crinière qui lui servait de chevelure. Nouveau réflexe matinal. La jeune femme ne sortait plus de sa chambre avant de s'être débarrassé de sa tête de lion. Les habitudes se prenaient vite et Anna avait envie d'être jolie. Pour lui.

Le pas léger dans sa chemise de nuit, Anna sautilla jusqu'à la pièce à vivre. Shang était là, occupé à la cuisine. Immédiatement, ses lèvres s'étirèrent dans un sourire. Avec sa discrétion légendaire, elle se glissa derrière lui. « Coucou. » Dit-elle dans un rire. « Tu aurais dû me réveiller, je serai venu t'aider à préparer le petit-déjeuner. » Ses bras enroulés autour de sa taille, elle se serra contre lui, sa joue collée contre son dos. Si dans la vie elle manquait de tout, il ne lui manquait rien à ses côtés. Quand Shang était là, il n'y avait plus rien d'autre. Juste lui. Eux. « Je ne sais pas ce que je préfère voir en me réveillant, toi ou la nourriture. » Qu'elle gloussa en l'enfermant un peu plus dans son étreinte. Anna le voulait tout contre elle, l'étouffait dans cette prison d'amour, par besoin, mais surtout par peur. Comme si la vie pouvait lui reprendre ce cadeau du destin aussi aisément qu'elle le lui avait offert. Le bonheur, il en faut peu pour qu'on y prenne goût et Anna s'y était habituée trop vite. Elle s'enivrait à chaque seconde de ces instants sucrés comme si s'agissaient des derniers qu'elle vivait. Car sa vie était devenue trop belle pour être vrai. Ou presque. Seulement, malade d'amour, tous ses malheurs semblaient disparaître en compagnie de Shang. Comme si ces deux dernières années n'avaient été qu'un mauvais rêve dont elle se réveillait enfin. Deux années interminables à pleurer ce qu'elle ne retrouverait peut-être jamais. Anna avait fait son deuil. Dans les bras de Shang, elle avait envie d'oublier le passé pour regarder vers l'avenir. Doucement, elle le libéra de son câlin, déposa un baiser sur ses lèvres. « Non, en fait c'est toi que je préfère. » Sourire. Encore. Elle ne s'arrêtait jamais en sa présence.

Alors, ce fut souriante qu'elle s'attabla. Ces petits déjeuner là aussi, Anna s'y était vite habituée. Chaque matin, elle découvrait la table mise, chaque matin elle s'extasiait sur les talents culinaires de Shang et chaque matin, les yeux soupirants d'amour, elle peinait à réaliser sa chance. « Tu as bien dormi ? Je n'ai pas trop gigoté cette nuit, j'espère ? » Elle se connaissait, Anna, elle voyait bien l'état de son lit défait au petit matin. À croire qu'elle vivait ses rêves grandeur nature. Enfant, déjà, on la retrouvait parfois les pieds à la place de la tête. Sauf que depuis que Shang partageait sa vie, elle craignait que les véritables matchs de boxe auquel elle se livrait seule dans le creux de ses nuits ne l'empêchent de dormir. Peut-être était-ce pour cela qu'elle était aussi affamée à peine sortie du lit. À moins que ça ne fut la nourriture qu'on lui mettait sous le nez qui lui fit cet effet. Ou son estomac qui, enfin, se réveillait après des mois d'hibernation. « Hm, je vais finir par épouser tes baozis. » Annonça-t-elle après avoir pris une bouchée. « C'est tellement bon ! Si tu continues à me nourrir comme ça, je vais finir par ne plus passer dans l'escalier. » Anna bavardait, radiante de bonne humeur, son visage paré de toutes les gaietés printanières d'un mois de mai. On ne l'arrêtait plus. « Je te promets qu'un jour ça sera moi qui sera debout avant toi pour préparer un petit déjeuner... Mangeable. » Elle pouffa malgré elle, manquant par la même occasion de s'étouffer sur son verre de jus d'ananas, le souvenir de sa dernière catastrophe culinaire encore frais dans son esprit.

Des pancakes, c’était tout ce qu’elle avait voulu faire. Mais pour une raison qui lui échappait encore, elle avait simplement réussi à casser sa poêle. Le pancake avait sauté, la poêle avec, tandis que la poignée lui était restée dans les mains. Cette promesse était dangereuse, pourtant, Anna comptait bien la tenir. Bientôt. … Un jour. « Tu verras, je t’apporterai ça au lit au moment où tu t’y attendras le moins. » Espiègle, elle voulut tendre la jambe pour toucher celle de Shang. Un geste qu’elle avait vu dans un film. C’était sans compter sur la taille de leur petite table bancale. Et du manque de contrôle qu’elle possédait sur son propre corps. BOUM. Son genou se heurta au plafond de la table, faisant tinter les assiettes. « Oups ! Pardon ! » Bravo Anna. Les yeux écarquillés, Anna s’immobilisa complètement, jusqu’à ce que son verre sur la table cesse de danser. La vérité, c’était qu’elle maudissait sa maladresse et ses manières de sauvage.

******

Mars 2018
Deux mois plus tôt



Un petit nuage de bouée s'évapora dans la pièce. Immobile, elle contempla le spectacle sans fin de sa respiration. Les couvertures s'accumulaient sur son corps frissonnant, en vain. Ils étaient difficiles, les matins, ils l'avaient toujours été, mais leur pénibilité avait lentement pris une dimension nouvelle, plus douloureuse. Un jour, Anna le savait, elle ne se réveillerait pas. Ces draps-là seraient son linceul. Enfermée dans cet appartement silencieux avec ses pensées pour seule compagnie, Anna se laissait trop souvent aller ce genre d'idée. Ça ne lui ressemblait pas. Seulement, même les esprits les plus optimistes se fanent sous les coups de la réalité. Anna n'avait pas été épargnée. Dans cette petite chambre, partout où son regard se posait, tout n'était alors que solitude. Les journées y étaient trop longues, elles revenaient trop vite. Ce fut la perspective de quitter son appartement qui lui donna la force de se lever. Dans une routine mécanique, elle se prépara, la télévision tournant dans le vide afin de lui donner l'impression d'une présence. Ses mains s'activèrent à relever ses cheveux dans un chignon décontracté tandis que son oeil se perdait sur son reflet. Les pointes de ses doigts rougies par le froid contrastaient avec la blancheur de ses cheveux. Anna avait bien essayé de cacher les dégâts de sa maladie avec une coloration, mais rien n'avait pris sur ses mèches gelées. Le miroir lui renvoyait toujours l'image terne de sa santé décadente. Soupirant, elle jeta un coup d'oeil à son téléphone. 8h55.

S'évader de chez elle, c'était s'évader de ses problèmes. Ces journées prenaient des allures de course, Anna y veillait. Toujours bouger, ne jamais s'arrêter, c'était avoir moins de temps pour penser. Alors, en plus de ces deux travails à mi-temps, elle enchaînait les actes bénévoles. Aider son prochain était bien la seule chose capable de lui réchauffer le coeur. Mourante ou non, elle n'était pas la plus à plaindre. À travers les autres, elle pouvait se sentir revivre.

Ce fut pourtant l'inverse qui se produisit lorsqu'elle franchit pour la première fois les portes de la salle commune de l'hôpital psychiatrique. Anna avait beau être une habituée des couloirs stériles, elle n'avait jamais mis les lieux dans ce genre d'endroit. La maladie semblait y prendre une forme plus vicieuse encore, presque inaccessible aux confins de l'esprit. C'était nouveau... Différent. Calmes toi, tu dois seulement faire la conversation, parler, tu sais faire. Nerveuse, Anna se mordit les lèvres. On l'avait prévenu de l'état du patient qu'elle était censée aider ; un jeune homme à tendance suicidaire souffrant de psychose. Cette souffrance-là lui était étrangère. Y avait-il une attitude à adopter ? Des mots à éviter ? Tu n'es pas là pour le soigner, juste pour lui parler. Elle souffla. Oui, elle n'avait qu'à parler et sourire. Un sourire fait toujours plaisir, n'est-ce pas ? Alors, c'est en souriant qu'elle arriva à la table où le patient venait de s'installer. Shang, qu'il s'appelait. ... Oh. Il était mignon. Attends, quoi ? Pourquoi fallait-il toujours que ce genre d'idée lui traverse l'esprit au moment le moins opportun ?

Chassant ces pensées parasites elle prit place à son tour. « Bonjour ! » Grand sourire, encore. Cet enthousiasme pétillant, on l'aimait ou on le détestait : souvent, un juste-milieu n'existait pas. Il n'y avait qu'en présence d'autrui qu'elle parvenait à retrouver sa joie de vivre. À défaut de pouvoir conserver sa bonne humeur sur le long terme, Anna entendait la répandre autour d'elle. D'autres en avait plus besoin. « Je m'appelle Anna, je suis votre nouvelle... » Correspondante ? Professeur ? Bénévole ? Qu'est-ce qu'elle était au juste ? « ... Partenaire de conversation... Conversationiste... Non... » Non, non, non, qu'est-ce que je dis ? N'importe quoi ! Trop tard. La bouche sèche, elle se mit à fouiller dans son sac afin de mieux cacher les rougeurs qui commençaient à velouter son visage embrassé. « J'ai... J'ai des fiches... Quelque part... » C'était vaste. Son sac débordait. Barres chocolatées et serviettes hygiéniques côtoyaient ouvertement ses papiers d'identité et quelques malheureux objets qui avaient eu la malchance de se perdre dans cet enfer. Anna déposa négligemment un tube de glu ainsi que deux sachets sur la table. Le premier débordait de paillette rose, le second, de googly eyes. Des restes de sa dernière activité avec les cinq-six ans. Enfin, elle mit la main sur les fameuses fiches. Elles étaient là, entre deux tickets de caisse, des feuilles agrafées toutes ensemble sur lesquelles elle avait imprimé des sujets de conversation trouvées en ligne. C'est qu'Anna s'était préparée, elle avait fait ses recherches. « La famille... Internet... La politique... Hm... » Elle se mordit les lèvres, ses traits légèrement durcis par la confusion. Les questions défilaient sans qu'aucune ne retienne son attention. Trop intrusives. Trop compliqué. Trop polémique. Qui a écrit ces questions ? Cinq minutes. C'était le temps qu'il lui avait fallu pour perdre le contrôle de la situation. Sentant que l'homme en face d'elle continuait de l'observer en train de se noyer dans son embarras, son coeur s'affola, et dans sa panique, elle échappa son petit tas de fiches. « Oups. Désolé, vraiment désolé ! » Maladroite, elle s'empressa de ramasser son bazar pour le faire disparaître négligemment dans son sac. « Je vais laisser tomber ça je crois...» Au sens figuré, cette fois. C'est pas comme si tu avais besoin d'aide pour dire n'importe quoi... Et inconsciemment, elle donna raison à la petite voix de son esprit en sortant un enthousiaste : « Parlez-moi de vous, vous allez bien ? » Le ton était innocent, l'intention, aussi attentionnée que naïve. Anna n'avait pas réfléchi, ses lèvres avaient remué avant que sa raison ne puisse arrêter l'inévitable. Elle avait toujours quelques secondes de retard sur ses actions. Déjà, elle la rattrapait. Oh non. Son regard s'agita dans la pièce, n'osant plus se poser sur Shang, tandis que ses dents repartaient à l'attaque de ses lèvres. Évidemment qu'il n'allait pas bien. À quoi pensait-elle ? À rien. C'était bien ça le problème, elle ne pensait pas avant de parler. Elle se serait donné des baffes pour se punir de sa bêtise. Idiote. «... Excusez-moi, je crois que je suis un peu stressée, c'est la première fois que je fais ça. Je comprendrais si vous vouliez que je parte. » Ses iris tombèrent sur la table... Et sur les bêtises qui y traînaient encore. Rapidement, elle glissa le tout dans son sac. Non, vraiment, on avait déjà connu un meilleur départ.


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Mer 6 Fév 2019 - 18:07


L'un vers l'autre

Anna & Shang

« There is never a time or place for true love. It happens accidentally, in a heartbeat, in a single flashing, throbbing moment. »

Mars 2018
Deux mois plus tôt

Les journées étaient semblables. Shang se levait vers 8h, attendait le droit d’aller à la douche où il était surveillé par un employé en prévention d’une nouvelle tentative de suicide. Pour donner suite à cela, il avait le droit de prendre le petit déjeuné qui ressemblait drôlement à celui de la veille, puis enfin, il avait le droit de retourner à sa chambre puisqu’il était puni pour avoir manqué de respect à son professeur de langue. Cependant, cette fois-ci, il s’était fait escorter jusqu’à la pièce commune où il devait suivre ses cours normalement. Le choc qu’il eut lorsqu’une jeune femme qu’il n’avait jamais vu auparavant s’était installée devant lui d’un air radieux en se présentant comme étant Anna.  
« B-Bonjour. » avait-il dit en penchant légèrement la tête vers l’avant comme signe de politesse bien qu’il ne déposât aucunement le regard dans celui de la demoiselle. Ne la regardant pas, il ne vit pas ce qu’elle avait sortie de son sac, mais il comprit vu le bruit qu’elle avait un souci pour retrouver les fiches qu’elle avait fait pour l’occasion. Il leva finalement les yeux lorsque celle-ci lui demanda finalement s’il allait bien. Étonné par cette question, il bégaya quelque chose d’intelligible.

S’il allait bien ? C’était bien la seule à lui avoir posé la question. Les médecins prenaient pour acquis qu’il n’allait pas bien alors que ses envies suicidaires s’étaient atténuées depuis plusieurs jours. Il avait compris qu’il ne pouvait pas quitter l’établissement s’il n’allait pas dans le même sens que les employés et c’était pour cela qu’il ne parlait plus. Il craignait de se faire reprocher un mauvais comportement qui le pousserait à rester encore plus longtemps entre ses murs stériles qui le rendait plus fou qu’il ne pouvait l’être en y entrant.

Reprenant finalement ses moyens, Shang poussa un petit rire étouffé par sa main. Si elle était véritablement sa nouvelle enseignante, leurs rencontres n’allaient sans doute pas être tristes. Elle s’excusa puis acceptait de partir si sa présence n’était pas désirée. Immédiatement, Shang paniqua et fit les yeux ronds à l’inconnue en face de lui. « Non ! » avait-il presque crié. « Je devoir apprendre. » Il devait. Qu’est-ce qu’un Chinois allait faire aux États-Unis s’il ne savait pas formuler une phrase correctement ? « Vous être amusant. » Avait-il enchaîné avec un léger sourire en coin. « Moi Li Shang. Je être Chinois. 24 ans. » Il aurait voulu lui dire qu’il était heureux d’avoir quelqu’un de l’extérieur avec qui parler, mais les mots de lui venait pas dans la langue du pays. « Pouvoir parler de tout. » Il regarda aux alentours silencieusement pendant un instant puis il reposa ses yeux noirs dans ceux de l’inconnue. « Gens bizarres ici… Pas tête. » avait-il ajouté en faisant un signe au niveau de sa tête avec l’une de ses mains.

Mai 2018
Shang n’était pas du genre à dormir tard, possiblement à cause de son ancienne vie qui voulait qu’il se lève avant le soleil pour s'entrainer. Depuis son retour à la liberté, le militaire avait retrouvé cette habitude de courir pendant une heure en commençant sa journée. Au départ, il craignait de déranger Anna, celle avec qui il avait décidé de partager sa vie, mais réalisant qu’elle avait un sommeil plus profond que celui d’une marmotte en hibernation, il pu reprendre ses anciennes habitudes sans craindre de la déranger.

L’avantage de se réveiller tôt était d’avoir le temps de ranger les choses oubliés la veille à cause de la fatigue et surtout, il pouvait offrir un repas équilibré à la rousse qui ne semblait pas savoir faire grand-chose de ses dix doigts malgré son âge, comme si elle avait grandi toute sa vie avec des serviteurs. Heureusement, ayant un cœur généreux à cause de son éducation, Shang était heureux de pouvoir sa journée meilleure, surtout que son sourire était attendrissant.  

C’est ainsi qu’après une douche, Shang se lança dans la préparation d’un petit-déjeuner traditionnel Chinois constitué de baozis, de porridge sucré et de galettes d’œuf. Au moment où il termina de tout préparer, il senti des petites mains glisser sur le long de ses hanches pour venir se rejoindre au niveau de son nombril puis une tête se coller contre son dos. Fermant les yeux pour apprécier ce moment matinal, Shang déposa l’une de ses mains sur celles d’Anna et la caressa doucement.  Légèrement offusqué par ce qu’Anna mentionna au sujet de son amour pour lui, il ouvrit la bouche pour répliquer qu’il espérait bien que ce soit lui qu’elle préférait, mais elle ne lui laissa pas la chance de sortir un quelconque mot puisqu’elle donna le verdict en sa faveur. Un petit sourire se dessina sur les lèvres du chinois : elle réussissait bien à l’agacer. « Va t’installer au lieu de dire des bêtises. » rit-il doucement.

Finalement tout deux attablés, Anna comme à son habitude commença la conversation sans trop laissé le temps à Shang d’en placer une. « Ne t’inquiète pas, j’ai bien dormi. » En réalité, il avait des courbatures à cause des drôles de positions qu’il devait prendre durant la nuit pour ne pas avoir un genou ou un coude dans le dos. Pour dire vrai, dormir sur le sol aurait sous doute été plus confortable que de partager un lit avec la demoiselle, mais la galanterie voulait qu’il ne mentionne pas ce fait. « Je suis soldat; je peux dormir n’importe où. » Un sourire chaleureux se dessina sur son visage, puis il commença à manger en voyant qu’Anna n’avait pas attendu une seconde pour commencer à engloutir ce qu’il y avait sur la table. Parlant la bouche pleine, Anna complimenta le chef cuisinier du jour en lui promettant de lui faire un jour un repas ce qu’il refusa d’avoir immédiatement, ratant par la même occasion d’être subtile au sujet de son non-talent culinaire assez flagrant.  « Je veux dire… Tu es maladroite, j’aurais trop peur que tu te blesse. » aussitôt, la table vibra à la suite d’un coup de genou involontaire sa la part de la jeune femme. « Tu vois ce que je veux dire… » enchaînant-il les mains à plat sur la table pour tenter la calmer. « Tu pourrais … » Il chercha sans jamais trouver ce qu’elle pourrait faire pour l’aider et il se contenta de changer de sujet de discussion. « Tu as prévu faire quelque chose aujourd’hui ? On pourrait sortir si tu veux. »

(c) DΛNDELION
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Lun 4 Mar 2019 - 22:32
L'un vers l'autre
Shang & Anna
Ils marchaient sans savoir, l'un vers l'autre comme la chance, quand elle cherche le hasard, deux enfants, mis au monde, l'un par l'autre pour jouer, les héros, d'une histoire

Mai 2018

« Je vois ce que tu veux dire oui… » Ses traits se brisèrent en une moue faussement chagrine. « Tu peux le dire si tu n'aimes pas ma cuisine, je comprends, je comprends… » Elle renifla sans pouvoir pousser sa comédie plus loin. Déjà, son sourire la rattrapait. C'était plus fort qu'elle. Son monde tout entier se teintait de rose et de bonne humeur quand Shang en faisait partie. Bien sûr qu'elle comprenait. Anna n'avait jamais brillé en cuisine. Ni dans aucune autre activité ménagère. Le fardeau des privilégiés déchus. « Tu as prévu de faire quelque chose aujourd'hui ? On pourrait sortir si tu veux. » Anna secoua la tête, tandis que son regard examinait avec attention le contenu de son assiette. « Non, rien. » Du bout de sa fourchette, elle saisit un baozi qu'elle agita ensuite sous le nez de Shang, une lueur espiègle au fond du regard. « Je suis toute à toi pour l'après-midi. » Qu'elle gloussa avant de gober sa bouchée. Rien ne la rendait plus heureuse que ces journées paresseuses passées sur le canapé, ou à flâner le long des rues. Les heures prenaient des allures d'éternités, rien d'autre ne semblait compter, si ce n'était le moment présent. De véritables pauses dans le tumulte de leur vie New-Yorkaise. « Oh, je sais, on pourrait aller manger en ville ! » Tu n'as même pas fini de manger que tu penses déjà à t'empiffrer Anna… Qu'est-ce qu'on doit penser de toi ? Complexée par les sifflements de sa conscience, elle bafouilla : « Enfin, ou juste marcher, enfin, ce que tu veux, on n'est pas obligé de tout le temps manger, c'est pas comme on avait beaucoup d'argent à dépenser de toute façon, je veux dire, je crois ? Est-ce que j'ai fait les comptes moi ? Quoi ? » Quoi ? Mieux valait s'arrêter ici, avant que les pensées parasites ne la rappellent à ses responsabilités. Évidemment qu'elle n'avait pas fait les comptes. Évidemment qu'ils n'avaient pas d'argent à dépenser pour une sortie au restaurant. Anna ne voulait pas y penser. Pas aujourd'hui. Demain, peut-être. Oh, elle pouvait bien s'autoriser cet écart, que valaient les chiffres et les montagnes de papiers administratifs à côté de Shang ?

Après une vaisselle expresse et un dernier baiser échangé, Anna se dirigea vers la salle de bain, dans une démarche que son enthousiaste rendait légère. Elles étaient déjà loin, ses inquiétudes du petit-déjeuner, chassé par la perspective d'une journée en compagnie de son amoureux. Alors c'était donc vrai, ce qu'elle lisait dans les livres, ce qu'elle voyait dans les films : l'amour pouvait vraiment illuminer tout un monde, faire battre les cœurs à n'en plus pouvoir. Du haut de son nuage, Anna embrassait cette euphorie amoureuse comme une drogue. Elle ne s'imaginait plus vivre sans. Enfin, elle se sentait en vie. Enfin, ses prunelles plongées dans son propre reflet, elle se sentait jolie. Parce qu'elle aimait et se savait aimée. Sa bonne humeur était telle, qu'elle se laissa aller à chantonner en terminant de se préparer : « I feel stunning and entrancing, feel like running and dancing for joy ! For I'm loved by a pretty wonderful boy ! » Des semaines déjà, qu'Anna se prélassait dans son petit cocon de bonheur.

Et à la voir sourire et saisir tendrement le bras de Shang, prête à le suivre jusqu'au bout du monde, n'importe qui aurait pu avoir la naïveté de croire qu'elle ne connaîtrait désormais plus que le bonheur. « Alors, où est-ce que tu veux aller ? » Elle était la première à y croire.


******

Mars 2018
Deux mois plus tôt


Incapable de se démêler de sa maladresse, Anna pataugeait dans la gêne, ce monstre de gaucherie né de son manque de bienséance. Toujours aussi fidèles à toi-même. Si les paroles de Shang parvinrent à redonner un peu de son audace disparu à Anna, ses joues n'en restèrent pas moins rouges. « La plus bizarre ici, ça doit sûrement être moi. » Dit-elle en riant doucement. Sûrement, y avait-il une part de vérité dans cette phrase. Oui, elle était étrange. Elle, le personnage de papier, la sœur esseulée, la princesse aux cheveux dépigmentés, la jeune femme en proie à une maladie imaginaire. On avait déjà fait plus normal. Anna laissa ses prunelles bleutées errer dans la salle, saisit d'un frisson. Cela aurait pu être elle, enfermée entre quatre murs, prisonnière de son propre esprit. N'importe qui aurait pu envoyer la jeune femme désorientée et désenchantée qu'elle était dans un tel établissement. Elle ne voulait pas s'attarder sur un tel scénario et sauta sur le premier sujet qui lui passa à l'esprit. « Donc vous venez de Chine ? Wahou, ça doit être un beau pays ! J'aimerais beaucoup voyager et voir autre chose que les immeubles new-yorkais. » Que ne donnerait-elle pas pour retourner ne serait-ce qu'une fois au bord des fjords de sa Norvège natale… Encore une fois, elle regretta ses mots. Ces phrases mettaient en lumière les peines trop lourdes du mal du pays. Après tout, l'histoire de Shang, Anna ne la connaissait pas. Rien ne lui disait qu'il avait quitté son pays par choix, que la Chine ne lui manquait pas.

Refusant de se laisser submerger par la nostalgie et d'entraîner Shang avec elle dans sa chute, elle enchaîna. « Moi, j'ai vingt ans. Je suis norvégienne. » Elle posa l'accent sur le mot suis, que Shang avait employé à tort deux fois dans sa forme infinitive. « Oh, je sais, on va commencer par ça. Le verbe être. » Anna aurait aimé être capable de le dire en mandarin, lui offrir une prise dans sa langue natale. Si seulement elle avait songé à apprendre quelques mots avant de venir. Embêtée, elle se mordit les lèvres avant d'opter pour une autre alternative : les deux mains sur sa poitrine, elle annonça : « Je suis Anna. » Les gestes, un langage universel. « Tu es Shang. » Continua-t-elle, cette fois en ouvrant ses mains vers l'homme. Son regard balaya la pièce à la recherche d'exemples. « Il est docteur. Elle est jolie. » Le médecin, l'aide-soignante. « Nous sommes amis. » Eux. Une main sur sa poitrine, l'autre vers Shang, Anna tenta de mimer du mieux qu'elle pouvait une impression d'unité. Elle arracha finalement une feuille de son carnet pour mieux noter ce qu'elle venait de dire et compléter ses exemples. Vous êtes gentils. Ils sont des hommes. Elles sont des femmes. La pointe de son stylo resta un instant en suspens, le temps qu’elle se relise. Oui, tout était bon. « Voilà, regardez. » Elle retourna le papier et le poussa du bout du doigt vers Shang. « Vous comprenez, je, tu… » Ses yeux scrutaient le visage de son interlocuteur en même temps que son stylo s’agitait sur le papier, et très vite, son habituel sourire se fana. Quelque chose n’allait pas. « Hm… Je suis bête, j’aurai dû vous le demander plus tôt, mais… Est-ce que vous savez lire l’alphabet latin ? » Quelle idiote. Elle faisait tout à l’envers. Tu dois avoir l’air de parler chinois… Haha. Enfin, façon de parler.


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