En été, mieux vaut suer que trembler

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Aujourd’hui, je suis au bar avec Timon. Je ne sais pas pourquoi, mais il ne veut jamais me laisser seule chez lui. Laurence m’aurait fait confiance, lui, parce que je suis un gentil Dabou. Je dois beaucoup à ces deux hommes qui ont accepté de m’héberger. Laurence était un oiseau avant, alors il me comprend un peu. Par contre, il est plus intelligent que moi, sauf quand il oublie de prendre ses médicaments! Il peut être très bizarre parfois… pourquoi se mettre des brocolis dans le nez? Pour faire rire le petit garçon? Parce que sinon, tout le monde sait que la nourriture est faite pour être mangé, il ne faut pas jouer avec! Bon, d’un côté, moi j’essai souvent de manger ce qui se mange pas.

Timon m’a demandé de resté assise sur une chaise pendant qu’il travaille. J’obéis donc pendant un moment, ça me semble très long, comme si je devais rester là pour toujours… Alors je me lève et je commence à explorer cet endroit. Ça manque de nature, comme tous les intérieurs que j’ai connus. Ce n’est pas en mettant quelques plantes que ça me fera penser à ma forêt natale, surtout qu’elles sont en plastique! Je le sais, j’y ai gouté la dernière fois… Le plastique, c’est dégoutant. Ce qui est pire, c’est quand les aliments comestibles goutent ce matériel… comme c’était le cas à l’hôpital.

J’explore donc le bar en évitant que l’homme me voit, car je n’ai pas envi de me faire encore gronder! Je me faufile derrière le comptoir pour emprunter la porte. Il n’y a rien d’intéressant dans la cuisine, alors je descends les escaliers pour découvrir le sous sol. C’est ici qu’ils entreposent les caisses d’alcool, mais ça m’importe peu, alors j’entre dans la pièce où il y a un bureau. Des notes sont accrochées au mur, à côté d’un ordinateur et d’un pot avec de l’argent. Je ne comprends rien, je ne sais pas lire la langue des humains, c’est déjà bien que je la comprenne de mieux en mieux et que je la parle plus facilement. Je sais que je devrais apprendre à lire et écrire, sinon je serais toujours handicapée dans ce monde. Je m’ennuis de mon ancienne vie où tout était plus facile.

Je regarde cette déformation dans le coin de la pièce, c’est un peu comme des reflets sur l’eau. Je me demande si ça ne cache pas de la nourriture, car j’ai faim. Mon estomac semble toujours vide en fait. Je m’avance donc vers cette perturbation et j’y mets une main, qui disparait de ma vue! Je recule paniquée pour finalement la voir réapparaitre… donc ça ne doit pas être dangereux. Je me demande si ça ne me ramènera pas chez moi, c’est sans hésiter que je m’y précipite pour foncer dans un mur une fois de l’autre côté.

Une fois mes esprits revenus, je visite l’endroit où j’ai atterris, il y a des étagères partout et des tonnes de livres! Je ne savais pas qu’il y a avait ça dans le sous sol du bar! Quand je sors dans la rue, je comprends que ce n’est plus le bar, même que j’en suis surement très loin. Bien que je n’aie aucune  idée d’où je me trouve, je décide d’explorer. Pourquoi mes amis ne m’ont-ils pas parlé de ça? Surement parce qu’ils me croient incapable de comprendre? Ils n’ont peut-être pas tord…

Après un moment à marcher, j’ai chaud et très soif. C’est toujours l’effet que ça fait de marcher longtemps dans les rues. Si j’étais dans un espace plus naturel, il ferait plus frais que sur tout ce béton qui devient vite brulant. Heureusement, j’ai des chaussures, sinon mes pieds brûleraient! Je vois un peu plus loin ce qui ressemble à un parc, je m’y précipite donc en quête d’ombre. Il n’y a pas autant d’arbres que je l’espérais, mais il y a des bassins d’eau avec des fontaines où des gens se rafraichissent. Je retire mes chaussures pour me tremper les pieds, qui ont bien souffert d’avoir tant marché. Je me sens vite beaucoup mieux alors que je me balade dans cette eau peu profonde. Des enfants m’éclaboussent en passant tout près. Je me contente de me secouer un peu avant d’aller m’assoir sur un muret près d’un jeune homme en laissant mes pieds dans l’eau.

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Je bouge un peu les pieds dans l’eau, c’est amusant. Je ne déteste pas les nouvelles sensations que ce corps humain me procure. Lorsque j’étais un oiseau, mes pattes avaient de la corne, afin d’être résistantes pendant mes longues courses dans la jungle, ce qui diminuait leur sensibilité. Je m’ennui souvent de mon ancienne robustesse, quand je pouvais courir presque des heures sans me fatiguer ou avoir mal. Mais j’ai compris que depuis que je vis en ville, vaut mieux être humain, si j’étais encore un grand Dabou, soit on voudrait me manger, soit on m’enfermerait dans un zoo! Bon, j’ai été enfermé quand même à mon arrivée, avec des gens qui ne vont pas bien dans leur tête, mais je suis libre maintenant! Je suis seulement stupide, pas malade!

Le garçon à côté de moi décide de me parler, je le regarde en penchant un peu la tête sur le côté. C’est drôle, il parle la même langue que les autres humains, mais il y a une différence dans le son… je crois que c’est ce qu’ils appellent un accent. Li Shang a aussi un accent, mais pas comme ça, parce qu’il vient de Chine. Je ne sais pas où je me trouve, mais je ne crois plus être à New-York, à moins que ce soit un quartier que je ne connais pas où les gens ont tous une façon étrange de parler? Je ne suis pas non plus en Chine, car il n’y a pas beaucoup de gens qui ressemblent à mon ami… Où suis-je alors? Toutes ses réflexions m’épuisent et m’agacent à la fois. Mon ancienne vie était tellement plus simple, pas besoin de se casser la tête tout le temps!

Je n’ai toujours pas répondu, ce n’est pas poli. Il faut dire que je ne suis pas la plus bavarde, même si je connais de plus en plus de mots et que mes phrases sont mieux construites. Son nom est plutôt amusant, ça me dit quelque chose, mais je ne sais pas d’où j’ai entendu ça. Pourtant, je ne l’ai jamais rencontré! Je gazouille pour me présenter, avant de réaliser que je ne me présente pas à un oiseau. Quand je parle aux humains, je dois utiliser mon prénom humain!

-Keeevin. Je m’appelle Kevin. Je suis perdue… C’est comme si j’avais changé de ville… Suis-je au New-Jersey? J’étais dans le sous sol du bar et je me suis retrouvée dans un endroit plein de livres… étrange.

Bon, je ne suis pas certaine que ce soit une ville, mais je sais que c’est à côté de New-York, j’ai entendu quelqu’un en parler. D’ailleurs, je venais moi-même de parler plus qu’à mon habitude, mais c’est que si je ne posais pas de questions, jamais je ne comprendrais ce qui s’était passé pour que je me retrouve là… mais peut-être que Peter n’en sait pas plus, mais une chose est certaine, si je ne demande pas, je ne saurais pas. Parler la même langue que les humains est assez utile au final. Si je ne faisais que des bruits d’oiseau comme quand je me suis réveillée avec ce nouveau corps, on voudrait encore m’enfermer! Cette nouvelle vie a un gros point commun avec l’ancienne, pour survivre, il faut savoir s’adapter.

Je ne peux m’empêcher de gazouiller à nouveau. J’aime faire des bruits avec ma bouche, ça me rappelle quand j’étais un oiseau. J’ai soudainement soif, alors je me lève faisant un pas avant de me pencher pour boire l’eau au sol. Je recrache aussitôt en faisant la grimace, c’est si dégoutant! L’eau d’un marais a sans doute meilleur gout!

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Ce n’est pas le New-Jersey, c’est un peu décevant, presque autant que le gout de cette eau. En disant cela, je voulais seulement paraitre un peu moins stupide que ce que je suis. J’écoute et je répète, mais ça ne signifie pas que ce que je dis est juste. Ce n’est pourtant pas vraiment une preuve d’intelligence de répéter sans réfléchir, on appelle ça faire le perroquet. C’est de beaux oiseaux, leurs plumages colorés me rappellent celui que j’avais avant, dans mon ancienne vie. Mes plumes me manquent tellement! Je m’habitue petit à petit à vivre sans, en portant des vêtements pour me protéger du froid ou du soleil, comme aujourd’hui. J’ai toujours aimé le soleil... jusqu’à ce qu’il me brûle, le mois dernier. Ils appellent ça un « coup » de soleil… et bien se faire frapper fait moins mal que ça! Du moins, la douleur part plus vite que les dégâts faits par cette grosse boule chaude là-haut.

Je me trouve donc à Londres, en Angleterre… Je ne comprends pas trop comment j’ai pu arriver là, mais lorsque je voudrai retourner chez moi, je devrai refaire le même trajet, mais en sens inverse. Sauf que pour le moment, je ne suis pas encore prête à rentrer, car il faut dire que je redoute un peu la réaction de Timon, il ne sera pas très content que j’ai disparu! Peut-être qu’il m’expliquera enfin ce qui se passe dans son bar? Mais pour l’instant, mieux vaut me concentrer sur ce qui m’entour et sur ce garçon qui semble prêt à m’expliquer tout ce que je veux savoir, par contre, je ne sais pas ce que sont ces « meurs ». Ce mot me fait penser à quelque chose qui meurt, mais ça ne doit pas être le sens dans sa phrase, car il n’a pas l’air d’un tueur en série! Et puis ce genre de personne sort plutôt la nuit en général. C’est sans doute pour ça que je n’ai pas le droit de me promener seule lorsque obscurité est là!

-Londres? C’est loin de New-York ça? Je n’ai pas encore appris les villes et les pays. C’est plus important que j’apprenne à parler correctement.

Je ne peux m’empêcher de gazouiller à nouveau. Je parle mieux qu’à mon arrivée, mais il y a des habitudes qui ne se perdent pas facilement. Quoique je n’ai peut-être pas vraiment envi de devenir une parfaite petite humaine, car si je change trop, comment ceux de mon ancienne vie me reconnaîtront? Je ne veux pas passer à côté de Russell et qu’il ne sache pas que c’est moi! Timon m’a dit d’être discrète, mais je ne comprends pas pourquoi. Il m’a dit d’être subtile, mais il a oublié de m’expliquer ce que ce mot signifiait! Moi ce que j’ai retenu, c’est de me tenir loin des gens en uniforme, surtout les policiers. Je ne vois donc pas de quoi il a peur? Il semble croire que des prédateurs rôdent en pleine ville! Il parle de chasseur, mais les chasseurs, ça poursuit les animaux, pas les humains!

-Si tu veux, tu peux me parler des meurs, j’aime qu’on m’explique des choses. C’est bien d’apprendre sur une nouvelle langue et une nouvelle… culture.

J’ai hésité sur le dernier mot, car je ne sais pas toujours comment désigner cette nouvelle vie et la façon dont ça fonctionne. Je me félicite intérieurement, je n’ai pas trop l’air folle, ce que je dis se tient. Par contre, je ne pense pas saisir les messages sous-entendus que ce jeune homme m’envoie. Je suis encore en plein apprentissage pour comprendre les humains. S’il était un oiseau, j’aurai tout de suite interprété ses intentions.  

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Je ne comprends pas pourquoi il rit, alors je me contente de sourire un peu. Pas trop, parce que ça serait louche. J’écoute le jeune homme qui me dit qu’un océan sépare New-York et Londres. Ça semble vraiment loin un de l’autre, parce que l’océan, c’est une grande étendu d’eau qu’on peut voir de New-York, on ne voit même pas la terre de l’autre côté tellement c’est loin! Et puis c’est tellement profond que c’est dangereux d’essayer d’y nager, surtout pour un dabou comme moi qui ne sait pas vraiment comment! Timon m’a dit qu’on pourrait aller à la plage si je suis sage, qu’au bord de l’eau, ce n’est pas dangereux car c’est peu profond. C’est de lui que je tiens ce que je sais.

Il commence alors ses explications que j’écoute avec attention. Ça me surprend qu’il pose ses lèvres sur ma main, mais ça fait partit du cours. C’est important de bien montrer, car s’il n’avait que parlé, peut-être que je n’aurais pas bien compris. Et puis quand quelqu’un ne fait que parler, il m’arrive d’être distraite et de ne pas écouter. Chaque action semble toujours avoir au moins deux sens… comme c’est compliqué les humains! Ça me fait penser que j’ai déjà vu certain de ses gestes, mais que je n’y avais pas porté vraiment attention. Des gens font ces trucs à la télévision ou dans la rue, mais ce n’est pas tout, des gens proche de moi se montre leur affection comme ça!

-Timon et Laurence se font des baisers sur la bouche! Mais ils ne voulaient pas que je leur en fasse… moi je pensais que ce n’était qu’une façon de se dire bonjour ou au-revoir… Ou tu crois qu’ils ne veulent pas que j’en fasse parce qu’ils ne m’aiment pas?

Peter Pan continue d’expliquer ce que c’est de sortir avec quelqu’un… Moi je croyais qu’on disait cela quand on franchissait la sortie avec quelqu’un, mais il semblait que c’était une expression qui voulait dire plus. Une parmi tant d’autre… c’est compliqué de parler humain! C’est plus facile d’être un oiseau et de se faire comprendre par ses agissements. Et puis les animaux en général  sont trop occupés à répondre à leurs besoins primaires pour perdre autant de temps en futilités!

- Tu semble connaisseur, tu sors avec une fille? Ça sert à quoi de sortir? Ce n’est que pour le plaisir ou il y a un autre but caché? Les humains, surtout les hommes semblent souvent avoir un autre but. Des femmes à la télévision disent que les hommes ne pensent qu’à une chose… mais elles ne disent jamais quoi! Toi, tu sais de quoi il est question? C’est peut-être en lien avec la nourriture? Moi je pense qu’à une chose, manger!

C’est normal que ça occupe mes pensées, c’est un peu vital comme besoin. C’est presque aussi important que dormir! Je crois qu’on peut tenir plus longtemps sans sommeil que sans manger, mais je ne veux pas le tester. De toute façon, boire est encore plus important! J’ai soif, mais l’eau au sol est vraiment dégoutante!

- J’ai soif, où je peux trouver à boire? L’eau ici a un horrible gout. C’est comme de l’eau de marais, mais avec un autre gout pas naturel… Comme l’eau de piscine! Il ne faut pas en boire. J’ai faim, t’as pas quelque chose à manger? Euh… s’il te plait?

J’avais appris à demander poliment, car voler, c’est mal. Je n’ai pas envi de me retrouver à nouveau enfermée!

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Timon et Laurence ne me font jamais ce que Peter appelle des bises… Donc ils ne me considèrent peut-être même pas comme une amie? Je ne sais pas, peut-être que je devrais juste leur demander directement? C’est moins compliquer que d’imaginer toute sorte de choses qui sont probablement fausses. Il est si facile de laisser son esprit s’emballer. Je continue d’écouter le jeune homme qui m’explique qu’il aime draguer sans sortir nécessairement avec des filles. Bien que je ne voie pas l’intérêt, je le laisse continuer. Il me dit alors que l’allusion que les femmes fond à propos des hommes, c’est qu’ils penseraient toujours au sexe? Ils sont bizarres les humains… Parce que les animaux eux pensent beaucoup à se reproduire, c’est une question de survit de l’espèce! Il n’y a pas de honte à ça? Sans doute que les gens ne sont pas si empressé que les bêtes parce qu’ils sont déjà beaucoup? Et puis ils ont d’autres buts dans la vie, comme travailler et tout ce qui vient avec.

Il continu de répondre à mes questions les plus importantes, celles concernant la nourriture et l’eau. Il se perd à parler de thé. Je ne crois pas avoir gouté, mais il y a tant de chose que je mange ou boit sans savoir ce que c’est exactement… moi, tant que ce n’est pas de la viande ou des œufs, je suis preneuse! J’ai gardé mes habitudes de dabou, pas question de manger des œufs, ce serait du cannibalisme! Je sais que ceux que les humains mangent ne sont pas fécondés et que donc il n’y a pas d’oisillon, mais je ne peux juste pas m’y faire. C’est comme la viande, c’est un principe de ne pas en manger, je ne suis pas un prédateur moi!

-Est-ce que c’est une invitation? J’aimerais bien aller manger avec toi!

J’aime bien manger avec n’importe qui en fait… Tant qu’il y a de la bouffe et qu’on essai pas de me faire du mal, je n’ai pas à me plaindre. Pourquoi se compliquer la vie pour quelque chose d’aussi simple? Je suivi donc Peter, après tout, c’est sa ville, il sait où aller. Nous prenons place sur la terrasse d’un établissement. Je demande de l’eau à la dame avec mon plus beau sourire. Quelqu’un m’a déjà dit qu’il fallait sourire quand on demandait des trucs, c’était plus gentil et ça donnait plus envie aux autres de nous aider. Pendant qu’elle va prendre nos breuvages, je recommence à questionner le jeune homme :

-Si on est ici ensemble, est-ce que ça veut dire qu’on sort ensemble? Est-ce que sortir sert à autre chose que manger et s’amuser? Je n’ai personne chez moi pour faire ça… ils sont tous trop occupé.

Je ne sais pas si ça me rend triste ou pas. Sortir et s’amuser, je ne connais pas vraiment, donc ça ne peut pas me manquer. Je regarde le menu, mais je n’y comprends rien comme je ne sais pas lire. Je me préoccupe plus des images, c’est donc une photo de salade que je pointe lorsque la serveuse revient.

-Une salade s’il vous plait. Sans viande et sans œufs.

Elle note nos commandes et repart. Elle a eu un petit sourire, comme si elle me trouvait bizarre. Pourtant, je sais qu’il faut préciser car parfois il y a du poulet dedans!

-On est supposé faire quoi en attendant la nourriture?

Je ne suis pas doué pour la conversation et je n’aime pas attendre pour la nourriture.

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Donc, il me drague, mais je ne sais pas quoi faire en retour. Je sais comment les oiseaux font, mais pour ce qui est des humains, c’est autre chose. Quand je me suis réveillée dans la ville, j’ai cru qu’un homme me faisait une parade nuptiale, mais ce n’était finalement pas la raison qui le poussait à se dandiner…  De toute façon, Peter dit qu’il drague des tas de filles, donc je ne suis pas importante à ses yeux. Si ça se trouve, je devrais partir, mais comme j’ai faim, je reste. Qui sait, peut-être deviendront-nous des amis? C’est bien d’avoir des amis! Ils sont là pour nous quand on en a besoin, tant qu’on est aussi là pour eux! L’amitié c’est du partage. Pour l’instant, je préfère avoir des amis qu’autre chose, je ne suis pas prête à plus. C’est déjà si difficile de s’adapter à ce monde! Peut-être que si j’étais plus intelligente, ce serait plus facile?

-Je ne sais pas si je veux draguer… est-ce qu’on pourrait être ami? C’est moins compliqué!

Le garçon m’expliqua comment passer le temps. Parler? On fait déjà ça depuis un moment et je n’aime pas beaucoup parler… Je me contente souvent de juste écouter ce que les autres racontent, c’est plus facile et comme ça je ne dérange personne. Bon je finis souvent par déranger quand j’en ai assez de rester immobile et que je commence à me balader autour en faisant accidentellement des bêtises. Ce n’est pas ma faute si je suis maladroite ou que j’essai souvent de manger des choses qui ne sont pas comestible… mais bon, présentement, je n’ai pas le choix de rester tranquille comme l’attention de Peter est sur moi. Ce serait très mal poli de me lever pour faire autre chose, surtout qu’on est là pour manger ensemble.

-Parler de nous? Comme raconter des secrets? J’ai un gros secret, mais Timon ne veut pas que je ne le répète à personne. Il dit que c’est dangereux! Moi je pense que ça peut aider à retrouver les gens comme moi. J’ai des amis que j’aimerais retrouver, mais je ne sais pas où ils sont.

J’hausse les épaules, ne réalisant pas que j’en ai beaucoup dit. Timon est là depuis plus longtemps que moi, il en sait beaucoup plus que moi sur les dangers de la ville. Je sais qu’il a vécu des choses graves, mais il n’en parle pas beaucoup. Je passe rapidement à une autre pensé, revenant sur l’autre option pour s’occuper :

-Deviner? Je ne suis pas douée à ça, mais je peux essayer.

En tant qu’oiseau, je n’ai pas vraiment d’imagination, ça fait parti des choses que je dois travailler. Je cherche du regard un client qui m’inspire quelque chose. Je remarque un vieillard avec de grosses lunettes qui mange seul. Je décide de parler de ce que je connais un peu :

-Lui, c’était un explorateur. Il cherchait des animaux rares, mais pas pour les enfermer, que pour les photographier.  Et il a un gentil chien, Dug.

Je suis satisfaite de mon histoire, mais j’attends de voir ce que le jeune homme en pense. Bien vite, la serveuse vient déposer nos assiettes. Je suis si contente de pouvoir enfin manger!

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Je suis contente de ce repas, le gout est délicieux et ça me rempli l’estomac. De plus, j’ai un nouvel ami maintenant! Je préfère qu’il soit mon ami plutôt que cette histoire de drague. Je n’ai pas besoin de sortir avec quelqu’un, mais d’amis pour comprendre et mieux vivre dans ce monde étrange. Peter n’essaie pas de connaitre mon secret, ce qui est bien parce que je ne suis pas douée pour tenir ma langue. Pas que je sois bavarde, mais je dis les choses par accident parfois. Nous passons vite à autre chose, à cet espèce de jeu, et il trouve même très bien mon histoire sur le monsieur! Je mange tandis que c’est son tour d’inventer la vie de quelqu’un.

Je jette un coup d’œil à la jeune fille qu’il désigne. Elle semble perdue dans ses pensées. J’écoute le jeune homme avec attention, mais je ne comprends pas tout. Je penche la tête sur le côté, comme je fais la plupart du temps lorsque je ne saisis pas de quoi il est question. Je fouille dans mes souvenirs et ce que j’ai appris depuis que je me suis réveillé à new-York, mais je ne vois pas de quoi il parle. Je constate dans son ton et son attitude qu’il parle de quelque chose qu’il connait bien. C’est un peu piteuse que je demande finalement :

-C’est une belle histoire mais… C’est où Neverland? Je ne connais pas, c’est près d’ici? Je ne sais pas ce que sont des sirènes ou des pirates… ça ressemble à quoi? C’est dangereux? Et sinon, ce garçon qui ne grandit pas… est-ce que ce serait une personne de petite taille? Il y en a qui appelle ces gens des nains, mais Timon dit que ce n’est pas gentil de parler comme ça.

J’ai surement dit des tas de bêtises, mais ce n’est pas ma faute si je ne connais pas tout cela! Je fais de mon mieux pour apprendre à connaitre ce monde et tout ce qui vient avec. Je ne peux que faire des liens avec ce que j’ai déjà entendu ici et là. Parfois, ça exaspère Timon, mais c’est facile pour lui, il est à New-York depuis très longtemps! Plus longtemps que ce que je sais compter! Sans parler qu’il savait déjà plein de choses dans sa vie d’avant, alors que moi, je n’ai jamais été très intelligente. Au moins, je ne suis pas stupide au point de ne pas voir tout le retard que j’ai.

Tout en mangeant, je laisse Peter expliquer. Je profite pour vider mon verre d’eau, que la serveuse vient remplir aussitôt. C’est frais, ça fait tellement de bien que je reprends une grande gorgée, mais un glaçon vient se coincer dans ma gorge. Je m’étouffe et panique. Ça ne dure pas très longtemps car les glaçons ont comme principale qualité de fondre rapidement. J’ai mal à la gorge et j’hésite un court instant avant de prendre prudemment une nouvelle gorgée en pinçant les lèvres afin d’éviter les petits cubes glacés. Je recommence ensuite à manger normalement. Bien vite, les assiettes sont vides. Je regarde la carte des desserts, désignant un gâteau au chocolat. J’aime tellement le chocolat, j’en mangerais tout le temps si je pouvais! Sauf que ce n’est pas bon pour la santé de ne manger que ça.

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J’écoute ce que Peter Pan raconte. Il y a tant de choses qui semblent merveilleuses dans ce qu’il dit! Neverland est sans doute un endroit fantastique! Je ne sais pas ce qu’est la poussière de fée, mais ça ne semble pas être nocif si ça permet de voler. Par contre, les indications sont plutôt vague, il y a tant d’étoiles dans le ciel, comment savoir laquelle est la première? Ensuite, le matin n’est pas une distance, mais un moment! Je n’ose pas l’interrompre, le laissant continuer alors qu’il enchaine en m’expliquant que les pirates sont de méchantes personnes. Je suis horrifié que des gens veulent battre des enfants! Je sais que ce n’est pas tout le monde qui aime les enfants comme moi, mais pas au point de leur faire du mal! Je n’arrive pas à comprendre un tel niveau de méchanceté gratuite.
Les sirènes sont très intrigantes, je n’ai jamais vu de créatures mi-humaines, mi-animales. Est-ce que ça leur cause des problèmes de personnalités? Un peu comme moi qui étais un oiseau avant et qui est maintenant humaine?  C’est des questions un peu trop compliquées pour moi, je préfère ne pas trop me casser la tête. Pour ce qui est du garçon qui ne grandit pas, ce n’est pas un nain, mais un enfant qui ne veut pas vieillir. C’est vrai qu’il est difficile d’être un adulte avec les responsabilités et tout ce qui vient avec. Physiquement, je sais que j’en suis une, mais ce n’est pas ce que je ressens. Une chance que j’ai de l’aide, car je sais que je n’arriverais pas à grand-chose si j’étais laissée à moi-même.

Le jeune homme commande deux parts de gâteau au chocolat, ce qui me fait sourire en acquiesçant. Le chocolat c’est si bon, je ne pourrai pas m’en passer! Par contre Timon me limite un peu, il dit que trop en manger ce n’est pas bon pour la santé. Je ne sais pas si je peux le croire ou s’il ne dit ça que parce que ça coute trop cher…  Mais pourquoi m’en préoccuper? Il n’est pas là, alors je peux bien faire ce qui me plait!

Pour patienter, Peter propose de continuer à deviner la vie des gens. Comme je ne sens pas d’inspiration venir, je préfère plutôt le questionner sur cet endroit dont il m’a parlé. C’est difficile pour moi de savoir s’il invente ou si tout ce qu’il dit est vrai. Je pense que la plupart des humains diraient que c’est faux, mais je suis plus apte à croire à tout ça, après tout, je suis un oiseau qui a changé de corps le temps d’une nuit! Je sais qu’il y a d’autres personnes dans cette situation, comme mon ami Li Shang! Il était chinois avant et il s’est réveillé à New-York sans comprendre se qui venait de lui arriver.

-Parles-moi de Neverland s’il te plait. Comment tu sais autant de chose sur cet endroit? Tu y es allé? Tu semble très bien connaitre tout ce qui se passe là-bas. Tu connais ce fameux garçon qui ne grandit pas?

Je suis curieuse d’entendre les réponses à mes questions, mais nous sommes interrompus par la dame qui revient avec le dessert. Je commence à manger tout en l’écoutant une fois de nouveaux seuls. Ce gâteau est si délicieux, je pourrais en manger encore et encore sans me lasser! Je termine le morceau bien trop vite à mon gout, mais je ne peux pas en demander encore, ce serait impoli et je n’ai plus vraiment faim, ce serait de la gourmandise et je risquerais d’avoir mal au ventre ensuite. Ce serait dommage d’être malade après trop avoir mangé, alors je décide de me contrôler un peu. Je me contente d’écouter le garçon face à moi, sachant qu’il faudra bientôt se quitter. Timon doit surement s’inquiéter… ou peut-être est-il content que je ne sois plus là?

hors rp:

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Un secret!? Je suis flattée par autant de confiance! J’arrête de manger un instant pour me pencher vers lui afin de mieux écouter ce qu’il a à révéler. Déjà, il a attiré mon attention en disant qu’il était déjà allé dans cet endroit mystérieux nommé Neverland. Je me demande bien comment il a pu y aller… Oh peut-être avec la poudre de fée? En suivant l’itinéraire bizarre qu’il m’a décrit plus tôt? Je me sens confuse alors que j’attends la suite. Je suis étonnée d’apprendre qu’il est le fameux garçon qui ne grandit pas! Je le dévisage un peu, car après tout, il me semble d’une bonne taille… il est normal pour les humains de ne plus grandir à un moment, non? Je penche un peu la tête sur le côté pour mieux analyser ces nouvelles informations. Prendre cette position n’aide surement pas vraiment, mais c’est une habitude qui revient, même quand on me gronde pour que je reste droite.

Mes yeux s’écarquillent alors que la révélation fait son chemin… il est comme moi? Non, pas un oiseau! Mais lui aussi il n’est pas de cet endroit, il s’est réveillé ici sans rien demander à personne. Comme Shang, il était un humain avant, et il l’est resté. En fait, quelque soit la forme d’origine, nous finissons tous en humain dans cet endroit. Il a quand même eu un peu de chance, il a une amie avec lui, je n’ai trouvé aucun ami de ma vie d’avant. Par contre, je trouve beaucoup de gens qui ont subit le même changement, ça me rassure.

-J’ai un secret semblable. Je pense que je peux te le dire, je suis un oiseau, un grand dabou. Je viens des Chutes du Paradis. Je me suis réveillée dans un parc à New-York et je depuis je ne suis plus un oiseau.

Je ne peux m’empêcher de faire la moue, car cette situation ne me plait pas vraiment. Je ne peux pas nier que j’ai fait de belles rencontres, mais je ne me sens pas à ma place parmi les humains, dans ce corps que je ne reconnais pas. Je suis devenue maladroite et lente… Je trouve ce genre de bipèdes mal adapté, surtout dans la jungle. Mais certain sont très adroits, il y a de véritables acrobates, peut-être qu’il faudrait seulement que je m’entraine? Je m’ennuie de pouvoir grimper dans les arbres… mais en même temps, il n’y en a pas beaucoup en ville et les branches sont hautes, pour éviter que les gens y grimpent.

-Timon dit qu’il faut faire attention à qui je dis ce secret parce qu’il y a des gens méchants qui peuvent nous faire du mal… est-ce que c’est vrai tu crois? Ou il dit ça pour que je reste tranquille?

Ça  m’intéresse d’avoir un second avis sur la question. Peut-être qu’il ne sait rien, mais si je ne  demande pas, je ne saurais pas. Ce n’est pas gentil de mettre la parole de Timon en doute, mais je pense que parfois il ne me dit pas tout ou utilise des raccourcis afin de ne pas entrer dans les détails. Ma part de gâteau finie, je ne peux qu’écouter attentivement la réponse de Peter. J’aurais quand même été attentive même si j’avais eu encore de quoi manger, car je suis intriguée.  Je ne suis pas la plus brillante, mais au moins je m’intéresse à ce que les gens disent, même si je ne comprends pas toujours.

La serveuse n’attend pas très longtemps après que le garçon ait fini son morceau de gâteau pour venir lui donner ce bout de papier qui dit combien ça coute.

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En été, mieux vaut suer que trembler

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L’espoir que Peter contredise les dires de Timon s’évanouie rapidement. D’un côté, je me doute qu’il y a des humains méchants ici aussi. Un peu comme le vieillard qui voulait m’enfermer dans un musé. Des gens disent que la nature est cruelle, mais les prédateurs ne veulent que manger, ils ne font pas souffrir leur proie. Par contre il y a des personnes qui font du mal que pour le plaisir et ça c’est bien plus cruel, ça ne répond à aucun besoin naturel. Jusque là, j’avais un peu refusé de croire Timon, je pensais que le pire serait de retourner à l’asile, mais il semble qu’il y ait pire… Maintenant je commence à comprendre qu’être une humaine parmi les autres humains n’est pas un gage de sécurité. Une chose de plus à garder en tête.

Notre sortie est finie. Peter veut rentrer chez lui. Je dois en faire de même, ça fait longtemps que je suis partie, Timon et Laurence doivent s’inquiéter. Même si ce n’est pas le cas, je dois retourner chez eux, car c’est là que je peux dormir en sécurité. Et puis j’aime jouer avec Charlie. Je me lève de ma chaise, pas mécontente de me dégourdir les pattes.

-Merci pour le repas. C’était amusant! Je veux bien qu’on se revoit une autre fois. On pourrait faire une autre activité?

Je frotte un peu le côté de mon visage sur l’épaule du jeune homme comme marque d’affection. J’ai toujours fait ainsi, ça n’allait pas changer. Certains trouvent ça déplacé, mais je ne vois pas pourquoi? Quand quelqu’un m’apprécie, j’aime qu’il me le montre. Nous ne sommes pas des cailloux, nous avons des émotions et des sentiments, pourquoi les cacher? Surement un autre truc d’humain! Je m’éloigne d’un pas afin de saluer une dernière fois Peter :

-Au revoir. Ce fut un plaisir de manger avec toi.

Bon, c’est toujours un plaisir de manger en fait, mais ça avait été très agréable de discuter et de jouer un peu avec lui. C’est toujours plus agréable de partager un repas avec quelqu’un que de manger seule dans mon coin. Ce n’est pas toujours facile de parler, mais c’est bien de pouvoir communiquer et apprendre de nouvelles choses. C’est un peu pour cela que j’aime rencontrer de nouvelles personnes. Tant que les gens sont gentils, je les aime! Je ne suis pas compliquée, j’aime quand c’est simple, surement parce que ma vie d’avant était plutôt simple la plupart du temps.

Avec un dernier signe de main, je partis, marchant un moment d’un point de repère à un autre. Retraçant lentement mon chemin jusqu’au grand bâtiment plein de livres. Heureusement, les portes n’étaient pas verrouillées et je pu entrer et me diriger vers la salle où j’suis apparue. Je retraverse le flou dans le coin de la pièce pour me retrouver en un instant dans la cave du bar. Je vais aussitôt raconter mon aventure à Timon, qui sait déjà pour la présence de ce qu’il appelle un portail… Il aurait pu m’en parler avant, non? Il se contente d’explications rapides avant de me dire de me tenir tranquille… Je fais une mine boudeuse avant d’aller m’assoir dans mon coin avec mes crayons de couleurs. J’aime bien mettre plein de couleur sur le papier! Cette activité m’occupe donc jusqu’à ce que l’homme décide qu’il est temps de rentrer. On peut dire que j’ai eu une journée plutôt intéressante!
[fin]