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The lost blue fire [Feat. Nick P. Wilde]
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Dim 23 Sep 2018 - 12:47
Cela faisait maintenant une semaine que je m'étais éveillée dans ce parc, au milieu de la ville de Paris, en France. J'avais retenu un tas de choses élémentaires pour y vivre, et cela en majeure partie grâce à ma bienfaitrice Mérida. Celle-ci m'avait entre autre acheté des vêtements car ne pas en porter était honteux -avais-je appris à mes dépens. Cela avait été difficile d'en trouver car... Soit ils étaient trop près du corps, soit ils me gênaient dans mes mouvements. Pour m'assurer d'être aussi à l'aise que si j'étais nue, j'avais bougé dans tous les sens dans la cabine lors des essayages. Finalement, nous avions convenu qu'il me fallait des robes et de jupes, car celles-ci étaient de loin les plus agréables à porter.

Etant en automne, j'avais choisi de porter une robe à manches courtes bordeaux m'arrivant au dessus du genoux, avec des collants beiges et des bottines marrons. Par dessus, j'avais sélectionné un fin gilet assorti à mes chaussures. J'aimais cette tenue, d'abord pour son confort, mais aussi pour ses couleurs. Le bordeaux me rappelait les cheveux de mon amie. Ils m'attiraient sans que je ne comprennent pourquoi. J'avais presque l'impression que leur couleur me rappelait quelque chose de familier, pourtant, aucun souvenir visuel ne me revenait en mémoire. C'était... Comme avoir un mot sur le bout de la langue et de ne pas parvenir à le récupérer. J'en restais très frustrée.

Ce soir, Mérida était absente. J'avais pour ordre de rester à la maison mais... L'air de l'extérieur m'appelait. J'aimais la nuit et l'humidité, l'odeur de celle-ci quand je me promenait près des arbres. Pourquoi m'en priver ? N'écoutant que mes envies, j'étais sortie de l'appartement en sautillant de joie. En cette saison, peu de gens étaient dehors lorsqu'il faisait noir, pourtant la nuit tombait tôt. J'avais du mal à comprendre les humains pour beaucoup de choses, cela en faisait partie. Pourquoi se cachaient-ils dans leurs maisons la journée passée ?

Sans prêter attention au chemin que j'empruntais, je prenais plaisir à m'enfoncer dans cette ville que je ne connaissais pas. Les bâtiments étaient immenses, la luminosité différente de la journée de part l'éclairage artificiel. L'air était humide et caressait mon visage tel un voile de fraîcheur. Parfois, il m'arrivait de fermer les yeux pour le recevoir. C'était le cas à cet instant, quand soudain je trébuchai sur un obstacle avant de chuter brutalement au sol.

- Aïe...

Je m'étais doucement redressée, constatant que la chose dans laquelle j'avais buté n'en était pas une. C'était un humain. Il dormait par terre, entouré d'une couverture. Celui-ci se mis à quatre pattes, tremblant. Son regard était difficilement descriptible. Il trahissait une émotion que je ne connaissais pas. Face à ce spectacle, j'avais vaguement rampé en arrière. Mon coeur battait vite, mes membres étaient plus lourds et difficiles à bouger, ma respiration un peu plus rapide. Mérida m'avait parlé de ces sensations désagréables. C'était de la peur.

- Eh la bourgeoise... Héhé... Regarde où tu fous les pieds la prochaine fois. T'as du fric ? Des bijoux ? T'as des trucs de valeurs ou à bouffer ?

Assise en face de lui qui se trouvait toujours sur ses genoux, j'avais dégluti avant de lui répondre faiblement.

- Je n'ai rien sur moi à part... Mon gilet. Je... Je peux vous le donner... Vous avez l'air d'avoir froid...

Son regard changea, cette fois, il semblait surpris.

- Tu veux me le donner ? Hum... Ok, merci gamine. Par contre après dégage d'ici, c'est pas un coin pour les gosses de riches, ni pour les gosses tout court d'ailleurs.

Lentement, j'avais enlevé une couche de vêtement, me sentant tel un oignon enlevant l'une de ses pelure, et lui tendit le vêtement. L'homme s'en saisit, le mis sur lui avant de me remercier et de se recoucher, dos à moi. De mon côté, je me relevai et sur ses conseils, cherchai un endroit dans lequel je ne gênerait personne. Je m'étais alors mise à courir dans des ruelles un peu plus sombres quand j'aperçus deux hommes parler ensemble. Distraitement, je m'étais arrêtée pour les écouter, quand un autre avait surgit derrière moi.

- Eh salut ! T'as l'air un peu jeune pour avoir besoin d'une dose... M'enfin c'est pas mes affaires. Si t'as du fric, tu prends c'que tu veux. T'as besoin de quoi ?

Perplexe quant à sa question, je ne lui avais pas répondu, préférant chercher de plus grandes rues mieux éclairées. Je commençais à comprendre que c'était pour mon bien que Mérida m'avait interdit de sortir la nuit. Ne connaissant pas assez ce monde pour l'appréhender en toute sécurité, j'aurais dû lui obéir. J'aimais les humains, mais je savais qu'ils pouvaient être dangereux entre eux. Heureusement, je n'avais jamais eu de mauvaises expériences, je devais cependant rester prudente.

Observant tout autour de moi, je cherchais de la lumière. Il fallait que je rentre. Mais par où ? Mon coeur s'emballa de nouveau. Je m'étais perdue. Comment ferais-je pour retrouver l'appartement ? Pour retrouver Mérida ? Un peu désespérée par ma stupidité, je m'étais remise à courir dans l'espoir de trouver un coin un peu plus fréquenté, et demander de l'aide. Ma course m'avait ramenée dans une rue bien moins étroite et mieux éclairée. Il fallait que je trouve... Des cheveux roux. Je venais de voir un homme passer, et ses cheveux ressemblaient à ceux de Mérida. Tout mon corps s'était détendu en le voyant, un peu comme si tout d'un coup, j'étais de nouveau à la maison. Complètement focalisée dessus, je n'avais pas remarqué que la pluie tombait, et que j'étais trempée.
Mes yeux l'observaient s'éloigner avec effroi. Je ne voulais pas qu'il parte. Pourquoi ? Etait-ce ses cheveux roux ou... Est-ce que je l'avais déjà rencontré avant de perdre tous mes souvenirs ? De toute façon, si ce n'était pas lui qui restait, c'était moi qui allait le suivre. Aussi discrètement que possible. D'abord cachée derrière un arbre, puis derrière une pancarte oubliée à l'extérieur d'un bar, ma curiosité était sans faille. Je voulais savoir d'où il venait, où il se rendait. Je voulais... Voir cette couleur de plus près, m'amuser avec ses cheveux. Je voulais que ce soit lui qui m'aide à rentrer chez moi. Les personnes rousses étaient toutes des personnes recommandables, pensais-je en l'observant se mouvoir avec prestance dans la pénombre.
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Mer 26 Sep 2018 - 22:29
Je noue ma cravate d'un geste assuré, poli par l'usage. Vient ensuite le tour du gilet, puis de la veste de costume dans lesquels je me glisse, comme l'on enfile un costume au théâtre. Un rapide passage devant le miroir pour discipliner mes cheveux roux, un coup de cirage sur mes chaussures, et me voilà paré à affronter la nuit. Je quitte mon appartement – non sans avoir salué Bonaparte et avoir vérifié qu'il ne manquait de rien – et je file dans la nuit.

Je m'observe dans le miroir de l'ascenseur qui descend, avec l'étrange impression de me précipiter en enfer. Pourtant, mon allure est celle d'un homme respectable. Avec mon long manteau en laine épaisse, mes chaussures de cuir et mon écharpe duveteuse, on me prendrait sans aucun doute pour un homme aisé. Le type même de personne que je ciblerais pour une arnaque, me dis-je avec un sourire amer. Ironie du sort. Et il y a cette désagréable sensation d'être déguisé, de me cacher une fois de plus derrière un masque. Après avoir goûté à la liberté d’exprimer pleinement ma personnalité, ce qui était autrefois une habitude est devenu fardeau. Je n'ai pourtant pas le choix. Mes arnaques habituelles, toujours aussi efficaces – surtout maintenant que l'on ne se méfie plus de moi en raison de mon espèce – ont semble-t-il attiré l'attention de personnes que mon business dérange. Autant dire qu'ils n'apprécient pas ma présence dans le quartier, et que si je devais en disparaître, et bien ce ne serait pas un mal. A moins, bien sûr, d'accepter de me mettre à leur compte – et de leur verser un pourcentage non négligeable de mes gains. Ce dont il est évidemment hors de question, mais sans protection, ni même partenaire, je suis pour le moment difficilement en position de refuser. Il va falloir ruser, mais pour ça je dois voir à qui j'ai affaire précisément. Et c'est précisément pourquoi j'ai accepté ce rendez-vous piégé dans un bar du quartier de Belleville.

Je repense avec un certaine tendresse à ma vie à Zotopie pendant ce trajet. A la façon dont j'avais su m'attirer les faveurs de la mafia de Toundraville, avant de les trahir par intérêt – l'appât du gain, l'adrénaline du risque, que voulez-vous – puis finalement de me racheter grâce à l'inspecteur Peluche qui m'a montré que « justice » et « confiance » n'étaient pas forcément incompatibles avec « renard ». Si seulement les choses étaient aussi simples aujourd'hui. Bien que je ne le lui avouerais jamais, je regrette un peu l'absence de la lapine, avec qui tout est si facile, si amusant. Mais ici, pas de Judy. Pas de Mr Big, pas même de renard. Juste un ancien policier redevenu arnaqueur pour les besoins élémentaires. Mais c'est temporaire, pas vrai ? Me promets-je à moi même, sans être sûr de trop y croire.

Une fois sur place, j'observe un instant les lieux, caché derrière mon parapluie. Ils ont évidemment bloqué le métro, du moins j'imagine à en voir le malabar qui fait semblant de lire son journal devant l'accès à la station, mais ils semblent avoir négligé la ruelle pavée derrière. Parfait, ça me fera une échappatoire si les choses devaient mal tourner ; Du moins je l'espère, je ne suis pas encore totalement habitué à ce corps humain si dénué de réflexes, si maladroit comparé à mon enveloppe animale, et si je peux éviter l'affrontement, je le ferai. Une fois mon petit repérage effectué, je pousse la lourde porte du bar que l'on m'a indiqué pour la rencontre. « Plus cliché tu meurs » est ma première pensée. Avec cette lumière jaune tamisée, ces sièges au cuir usé, ces tables et sols en bois sombre, on se croirait dans un film noir. Je m'attendrais presque à voir débarquer des armoires à glace en costume noir, et un petit homme grassouillet à la moustache ridiculement fine assis devant un scotch sans glaçon. Au lieu de ça, je suis accueilli par des jeunes en survêt – tout de suite moins impressionnant – qui semblent se moquer de mon allure et jouer aux durs. Pensent-ils sérieusement m'impressionner avec leur casquette à l'envers ? Au bout de quelques minutes, un homme plus âgé, plus calme entre dans la pièce et m'invite à s'asseoir à sa table. Il envoie l'un de ses sbires chercher deux flûtes de champagne et se tourne vers moi, un sourire sinistre aux lèvres. Les choses sérieuses commencent maintenant.



Je ressors une bonne heure plus tard, toujours en un seul morceau et la menace provisoirement écartée. Enfin je crois. Je n'ai pas fini d'entendre parler d'eux – ou plutôt eux ne s'attendent pas à ce que notre « partenariat » soit juste une ruse pour avoir la paix, mais je ne peux rien faire de plus à l'heure actuelle. Je rejoins les rues commerçantes plus conventionnelles, histoire de me rafraîchir les idées et de faire un point sur ma situation avant de rentrer. Et c'est sans doute pour cela que je ne l'ai pas aperçue tout de suite. Cette fillette qui me suivait en se cachant tant bien que mal derrière un arbre, un poteau ou une annonce publicitaire. Pourtant, après avoir pris conscience de sa présence, je ne vois plus qu'elle. Elle ne peut pas être des leurs à son âge, si ? J'avais bien eu recours à ce genre d'arnaque mais sont-ils assez rusés pour faire de même ? Pris d'un doute, je me faufile entre les passants, faisant mine de n'avoir toujours rien remarqué, et l'attire discrètement vers l'arrêt de métro – désert à cette heure, les habituels SDF exceptés. Mais je doute qu'ils posent souci, leur intérêt aussi reste de se faire discrets. Je descends les quelques marches, tourne à l'intersection et l'attend. Lorsqu'elle surgit enfin, ses yeux bleus perdus furetant dans toutes les directions, je me décide à l'interpeller.

« C'est moi que tu cherches, Petite ? »
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Jeu 27 Sep 2018 - 12:07
Cachée derrière un lampadaire, mes yeux fixaient mon objectif sans jamais s'en détourner. Si je le perdais maintenant, je ne le retrouverai probablement jamais. Après l'avoir un peu expérimentée, je considérais la ville comme un immense trou noir dans lequel tout pouvait disparaître en un éclair. La preuve, j'y avais disparu, et personne ne me cherchait. Sans grande conviction, je tentai de lire un panneau pour essayer de nous situer, mais je n'y parvins pas. J'avais tout oublié de mon existence passée, que ce soit mon identité, ma famille en passant par la majorité de ma scolarisation. Je n'étais pourtant pas idiote, mes résonnements étaient cohérents et je savais compter. En revanche le reste était complètement passé à la trappe. Se retrouver dans un environnement pareil sans avoir les outils de base pour s'y repérer me rendait la tâche presque impossible. Pourtant, j'avais un excellent sens de l'orientation avant. Ici, tout était brouillé, pensais-je avant de me stopper net. J'avais un excellent sens de l'orientation avant.. D'où est-ce que je sortais ça ? Est-ce que je l'avais inventé, ou est-ce qu'il s'agissait d'un vrai souvenir ? Secouant la tête, je me recentrai sur l'essentiel. Je ne devais le perdre de vue sous aucun prétexte !

Telle une espionne professionnelle, je voguai de cachette en cachette, me félicitant intérieurement de ne pas avoir été repérée jusqu'ici. On aurait pu croire que j'avais fait ça toute ma vie ! Seulement il y avait une chose à laquelle je n'avais pas pensé. Comment l'aborder ? C'était bien de le suivre, mais une fois qu'il serait devant chez lui, comment faire pour qu'il accepte de me faire rentrer ? Et si... Et s'il refusait ? Je n'aimais pas l'idée de pouvoir me retrouver seule, et c'était dans ces moment-là que je me rendais compte de mon humanité. En effet, les humains étaient considérés comme des êtres sociaux, les interactions avec leurs semblables étaient primordiales à leur survie psychologique. Ce soir, j'avais rencontré un homme qui vivait seul dehors, et cette théorie se tenait. Il était étrange, m'avait même fait peur... Deviendrais-je comme lui ? Un frisson me parcourut, si bien que j'en serrai les poings. Non, il ne tenait qu'à moi de ne pas être seule.
Planquée derrière une décapotable bleue, j'observais l'homme que je filais s'engouffrer sous terre. Mérida m'avait déjà parlé des métros, mais je n'avais jamais eu l'occasion de m'y rendre. Pour ne pas être vue, j'attendis quelques secondes à ma place avant de courir vers les escaliers. Arrivée en haut, je constatai avec effroi qu'il n'était plus là. Tandis que mon coeur se serrai, je descendis les escaliers rapidement. Une fois dans le hall, je fus confrontée à quatre couloirs vides. N'ayant pas la moindre idée de la destination de l'homme roux, je me mordis la lèvre inférieure, cherchant n'importe quel indice. Mais alors qu'un peu paniquée, je tentais de trouver une piste, une voix attira mon attention. C'était lui. Surprise, j'étais restée plantée là, sans rien dire et sans bouger pendant quelques secondes. Les courants d'air soufflants fort dans les couloirs me fouettaient sans aucune pitié. Au contact de ma peau et de mes vêtements mouillés, ceux-ci me glaçaient. Instinctivement, je posai mes mains sur mes bras pour chercher un peu de chaleur.

L'homme roux me fixait, alors pour toute réponse, j'avais faiblement hoché la tête de haut en bas. Mon coeur battait si vite qu'il me gênait dans ma respiration. Cette sensation que je ressentais, je ne la comprenais pas. Tout laissait penser qu'il s'agissait de peur, or, cet homme ne m'inspirait rien de cela. Alors pourquoi ? Les ressentis humains étaient l'une des plus grandes énigmes pour moi, car si je ne comprenais pas toujours les autres, je n'étais pas non plus capable de me comprendre moi-même. J'avais encore tant à apprendre...

- Je...

Mon regard s'était posé sur lui mais fuyait le sien. Maintenant face à lui et en pleine lumière, je pouvais le détailler. Il était plus grand que moi et respirait la classe. Impossible de savoir si c'était quelque chose qu'il dégageait naturellement ou si c'était l'association de ses vêtements qui donnaient cette impression. Que ce soit l'un ou l'autre n'avait pas vraiment d'importance, le résultat restait le même : il en était presque intimidant. Pourtant, je sentais qu'il me fallait le suivre, passer du temps avec lui. Au fond, j'avais espéré qu'en me voyant, il prononce un prénom, n'importe lequel... J'espérais qu'il me reconnaisse, qu'il me dise qui j'étais, qu'il me parle de mes parents. Rien de tout cela ne s'était produit, je pouvais donc en déduire qu'il ne m'avait jamais vue. Alors, la seule raison qu'il me restait de vouloir être en sa compagnie était son incomparable couleur de cheveux. Même si je m'y attendais, j'étais un peu déçue.
Attendant une réponse qui ne venait pas, l'homme devait finir par s'impatienter. Prenant mon courage à deux mains, je fis quelques pas vers lui, décidée mais la tête baissée, pour arriver à sa hauteur. Une fois près de lui, j'avais mollement attrapé le bas de la manche de son manteau avec ma main gauche.

- Emmène-moi avec toi...

Et s'il refusait ? Il avait sans doute bien mieux à faire que de s'occuper d'une inconnue. Peut-être avait-il une femme, des enfants, un travail de nuit... Je ne pourrais pas lui en vouloir. Seulement si c'était le cas, je n'allais pas juste me retrouver seule, j'allais également risquer ma vie. La pluie avait considérablement fait chuter la température extérieure et je n'avais sur le dos qu'une robe à manches courtes, trempée qui plus est. J'ignorais tout de ma capacité à supporter le froid, je ne connaissais pas limites de mon corps. Mais tout cela, je préférais le garder pour moi dans tous les cas. J'avais en horreur l'idée qu'on puisse me prendre en pitié.
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Mar 6 Nov 2018 - 20:34
La petite fille se fige à mon appel, comme hypnotisée. Au bout de quelques secondes, elle finit par se tourner vers moi, les bras serrés autour de son torse gracile, visiblement frigorifiée. Je ne réagis pas pour autant, et me contente de la jauger en silence. J'essaye d'assembler les éléments pour comprendre qui elle est et ce qu'elle me veut, mais quelque chose m'échappe encore. Je ne la connais pas, j'en suis certain. Même si je l'avais rencontrée dans ma vie de renard, je devrais le sentir, pas vrai ? Du moins je pense ? Et dans tous les cas, de grands yeux bleu porcelaine comme ça, ça ne s'oublierait pas. A moins qu'elle n'ait pas eu les mêmes avant Paris ? Après tout les miens aussi avaient changé de couleur. Mais… Mais je dégage toujours la même aura. Elle a définitivement cette impression de différent que j'ai déjà sentie sur quelques personnes que j'ai croisées ici, et pas seulement parce qu'elle fait tache dans le décor avec sa robe légère, sa peau très claire et ses longs cheveux pales plaqués contre son corps frêle. Mais rien en elle ne m'est familier. Et je ne pense pas non plus qu'elle soit avec les brutes que j'ai rencontrées ce soir, mon instinct me le dit. Alors pourquoi m'avoir suivi ?

J'ai beau tourner la question dans tous les sens, les pièces du puzzle ne s’emboîtent définitivement pas. Et ses bribes de réponses pour le moins énigmatiques – décousues, même – ne m'avancent pas vraiment. Je cherche son regard, mais elle fuit le mien, et sa posture change. Elle adopte cette réaction d'animal apeuré, à la fois craintif et méfiant, mais avec une sorte d'espoir caché dans le fond de ses yeux bleus. A cet instant, je me reconnais en elle. En l'observant, je ne vois plus une petite fille trempée, mais un renardeau en muselière, son regard est exactement celui que j'avais du avoir lorsque j'avais cherché à intégrer la troupe de scouts. Les images se superposent, la confusion s'installe. Et c'est sans doute là toute l'explication.

Je suis tiré de mes pensées par un mouvement, que je perçois de justesse. La scène qui se déroule sous mes yeux prend l'allure d'un film. Non, vraiment, représentez-vous ce grand homme élégant et cette fillette trempée face à face, sans bouger, seuls à l'intersection de couloirs glauques d'un métro. Imaginez le sifflement du vent qui s'engouffre dans les tunnels, couvrant la voix timide de la petite, et la lumière blafarde des néons. Visualisez-la se diriger vers l'homme, tête baissée, et agripper sa manche toujours sans oser affronter son regard, pour lui demander de l'emmener avec lui. Pour lui demander de l’emmener avec lui ?!

Je m'étais préparé à tout – espionne et assassin compris, l'imagination fertile de l'inspecteur Peluche a du déteindre sur moi. Ça ou l'ambiance de la scène – sauf à ça. Que je la ramène chez moi ? Une enfant que je ne connais pas ? Me faire confiance à moi ? Mais ce ne sera pas louche ? Qu'en penseront sa famille, les gens pour qui elle compte ? Elle a l'air perdue, mais ses vêtements sont neufs, elle n'est pas une gamine des rues. Des gens doivent la chercher à cette heure. Ils sont sûrement morts d'inquiétude. Qu'est ce qu'elle fait dehors aussi tard en semaine d'ailleurs ? Qui laisserait sortir une fillette dans ce coin, à cette heure ? Soit ils sont irresponsables, soit il leur est arrivé quelque chose. Je devrais plutôt lui dire de rentrer chez elle. Mais est-ce qu'elle sait au moins situer le quartier où elle habite ? Et même si elle sait, je ne vais pas envoyer une gamine errer dans les rues de Belleville sous une pluie glaciale au milieu de la nuit. Non, je ne peux définitivement pas la laisser rentrer seule. Alors quoi ,chercher ses parents avec elle ? A cette heure, s'ils la cherchent aussi c'est peine perdue. Mais il faut au moins leur faire savoir qu'elle va bien. La question est comment. Et en attendant, je fais quoi ? Je la ramène chez moi ? Plus bizarre tu meurs. qu'est-ce que je vais dire si le concierge trop curieux me pose la question ? Et qu'est-ce que je vais faire d'elle quand j'irai travailler ? Je ne peux pas la laisser seule avec Bonaparte. A moins que ce ne soit sa technique pour me cambrioler ? Non, elle a juste l'air perdue, je ne pense pas qu'elle me veuille du mal. Je ne vois pas d'autre option que de la ramener à la maison et de chercher avec elle ses proches demain.

C'est à cet instant que je prends conscience qu'instinctivement, ma décision est déjà prise. Mes pensées ne sont pas centrées sur le « pourquoi » ou même « si » mais sur le « quand ». Une part de moi a déjà fait son choix. J'imagine que son regard qui me rappelle celui que j'ai eu, et ces mois passés en compagnie de Judy m'ont plus marqué que je le croyais. En me maudissant intérieurement, conscient d'être sur le point de m'attirer de potentiels ennuis, je retire mon manteau et m'agenouille pour me mettre à son niveau et le lui passer autour des épaules.

« J'imagine que je peux difficilement te laisser seule dehors par une pluie pareille. Mais je ne peux pas te ramener comme ça chez moi non plus. Tu n'as pas des parents, une famille qui te cherche ? »

Calme-toi, Nick. Ne t'emballe pas. Déjà essayer devoir si tu peux la ramener à destination, ensuite aviser. Si ça se trouve cette petite peut déjà rentrer dès ce soir. Première étape, en savoir plus sur elle. Je tends la main vers elle pour la lui serrer, et essaye de la questionner sans avoir l'air trop effrayant.

« Je m'appelle Nick. Et toi, quel est ton nom ? » finis-je par lui demander, mi-figue mi-raisin.
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Lun 12 Nov 2018 - 17:01
Je lui avais dit l'essentiel, tout allait se jouer maintenant. C'était le moment fatidique, celui que je redoutais tant car il était la cause d'un rythme cardiaque trop élevé à mon goût. L'homme près de moi avait d'abord eu l'air surpris, et puis... Il s'était mit à ma hauteur, pausant son grand manteau sur moi. Sans m'en rendre compte, j'avais faiblement souri. Le vêtement était encore imprégné de la chaleur corporelle de son propriétaire. Une fois contre mon corps frigorifié, je sentis des frissons parcourir toute ma hauteur. C'était comme si je retrouvais les sensations jusqu'au bout de mes orteils, sans m'être rendu compte que je les avais perdues. Je l'avais enfilé, les manches pendaient au bout de mes bras, et le bas du manteau frottait le sol. Si habituellement je détestais les vêtements, cette fois, je devais avouer que j'étais bien contente d'en sentir un contre moi. Ce pauvre homme qui dormait dehors avait bien besoin d'une couche en plus, j'avais bien fait de lui donner mon gilet, pensais-je en m'emmitouflant davantage. Durant quelques instants, j'avais fermé les yeux. Le vêtement, en plus d'être chaud, dégageait un parfum agréable, c'était à la fois léger et boisé. Sa voix me tira de mes songes, je rouvris les yeux avant de les baisser. Il souhaitait en savoir plus sur moi, sur ma situation... C'était légitime.

- Pour le moment... Personne ne me cherche. Elle ne sait pas que je suis partie...

Lui dire que je n'avais aucune famille n'était pas utile, du moins pas pour le moment. La seule personne à me connaître était celle qui m'avait trouvée dans un parc alors que je venais de m'éveiller dans ce monde comme si c'était la première fois. Il était impossible d'apparaître de cette façon, tout le monde avait des parents, je ne pouvais pas être une exception... Seulement... Si j'en avais, il ne me cherchaient pas. Et s'ils m'avaient oubliée ? Après tout... Je les avais bien oubliés, moi... Peut-être que quelque chose nous est arrivé... J'avais longuement réfléchi à cela avec Mérida mais... Nous n'avions trouvé aucune réponse à mes questions. Et aller voir la police était tout à fait impensable, m'avait-elle expliqué. En effet, si nous y étions allées, je n'aurais pas pu rester avec elle. Ayant moins de dix-huit ans, j'aurais probablement été placée en foyer ou en famille d'accueil, et ce n'était pas une option, m'avait-elle assuré.

- Elle travaille cette nuit... J'ai voulu aller me promener alors qu'elle me l'avait interdit... Je ne connais pas bien la ville... Je me suis perdue...

J'avais préféré lui expliquer les choses clairement. Ma demande avait dû le surprendre, sans doute était-ce délicat d'emmener des inconnus dans son foyer. Je pouvais le comprendre.
En face de moi, le roux me tendit la main en déclinant son identité. Ce code social m'était inconnu, je fis donc instinctivement de même pour serrer la sienne, espérant que ce soit la réponse qu'il espèrait. A ce contact, de nombreuses images défilèrent dans ma tête, toutes de façon décousue. Des images, mais pas seulement. Des sentiments aussi. J'avais perçu quelque chose d'extrêmement fort, si fort que j'en avais perdu l'équilibre. J'étais tombée sur les fesses, le grand manteau amortissant ma chute.

- Judy...

J'avais murmuré, le regard dans le vague. Les images que j'avais vues ne me paraissaient pas appartenir à ce monde. Une jeune lapine en tenue de policière, elle semblait si... Heureuse... Elle avait quelque chose d'humain et pourtant... Pourtant c'était un animal... Tout m'avait semblé si réel... Et ce prénom... Je ne l'avais jamais entendu auparavant... Pourquoi tournait-il ainsi dans mon esprit ? Il m'était arrivé de voir des choses en touchant Mérida, des choses qui allaient lui arriver dans le futur... Jamais je ne m'étais trompée. Alors... Est-ce que je venais de voir le futur de Nick ?

- Euh... Je... Je m'appelle Will...

Un peu confuse, je m'étais relevée, redressant la tête vers le grand roux en espérant qu'il ne tienne pas rigueur de ce qui venait de se produire.
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Invité
Sam 19 Jan 2019 - 14:56
La fillette avait eu un sourire presque soulagé lorsque mon manteau bien trop grand pour elle était venu couvrir ses épaules. Elle devait être frigorifiée. Elle n'avait pas meilleure allure, avec ce vêtement qui venait balayer le sol et ses manches dans lesquelles se perdaient ses bras, mais au moins sa santé n'était plus en danger. Une fois rassérénée, elle put me donner quelques informations supplémentaires.

"Elle ne sait pas encore" ? Il y avait donc bien quelqu'un. Bonne nouvelle, mon rôle de baby-sitter serait temporaire. Elle expliqua ensuite qu'elle avait profité de l'absence de sa mère pour filer en douce découvrir la ville et s'étai perdue. Je n'aimais pas trop l'idée d'héberger une jeune fugueuse, c'était un coup à m'attirer des ennuis. Mais je pouvais difficilement la laisser ici en pleine nuit, même avec mon manteau. Perdu dans mes réflexions, j'avais à peine remarqué qu'elle avait saisi ma main pour la serrer. Ce qui me ramena réellement à l'instant présent était sa chute. Peut-être avait-elle faim ou était-elle épuisée ? Je reposai mon regard sur elle pour constater qu'elle arborait une expression que je n'avais jamais vue, à la fois absente et paniquée. Qu'est-ce que..?

Le mystère s'épaissit encore lorsque la fillette prononça le nom de Judy. Je fus pris d'un vertige une fraction de seconde. Comme si soudainement, mon corps tout entier avait cessé de fonctionner. Qu'est ce que... Alors elle venait vraiment de Zootopie ? Non, impossible, comment m'aurait-elle reconnu ? Mon travail à la police, et avec la plus célèbre des lapines m'avait certes attiré une certaine notoriété, mais pas à ce point. Non, décidément, l'explication devait être ailleurs. Je ne ressens rien d'animal en elle. Patience Nick, il y a forcément une raison. Je repris contenance, tandis que l'étrange fillette se relevait et se présentait à son tour. Bien, une chose après l'autre. D'abord la mettre à l'abri. Ensuite les questions.

- Enchanté Will. Bien, puisque tu es perdue et que tu ne sais pas comment rentrer, est ce que tu veux venir chez moi ce soir ? On ne peut pas te laisser toute seule dehors en pleine nuit, surtout par ce temps. Nous chercherons ta maman dès demain, ça te convient ?

Bien sûr, j'aurais pu l'amener au commissariat le plus proche, ma vision de l'autorité avait quelque peu évoluée lorsque j'avais rejoint la police de Zootopie mais... Je n'avais pas le coeur à fréquenter ce milieu que je tentais justement d'oublier. Et puis, les activités qui m'avaient menées à Belleville n'étaient pas tout à fait légales... Pour le moment j'avais plutôt intérêt à me tenir éloigné des forces de l'ordre. Et la petite fugueuse qui venait de faire son apparition n'arrangerait probablement pas mon cas, si problème il devait y avoir. Le plus sage était définitivement de la ramener. Et ce qu'il venait de se passer avait attisé ma curiosité, je voulais en savoir plus. Il me faudrait la questionner sur le sujet... Après l'avoir mise à l'abri, au chaud, et qu'elle ait mangé, évidemment. Encore fallait-il qu'elle accepte de me suivre bien gentiment. Même dans des vêtements élégants, même avec une apparence humaine similaire à celle des autres, un adulte embarquant une petite fille chez lui restait louche. Et une accusation de tentative d'enlèvement était la dernière chose dont j'avais besoin.
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Mar 29 Jan 2019 - 9:48
Quand j'avais prononcé ce prénom qui tournait en boucle dans mon esprit, le regard du grand homme avait changé. J'y avais perçu... Quelque chose qui ressemblait à de la tristesse. Le terme exact serait sans doute de la nostalgie, mais je n'en avais encore jamais vu, alors il était difficile de déterminer avec certitude si s'en était ou non. En tout cas, il était clair que ce que j'avais vu était en lien avec Nick. Un tas de questions fourmillaient dans ma tête à cet instant. Existait-il d'autres mondes ? Venait-il d'un endroit où les animaux portaient des vêtements ? Où les animaux... Parlaient ? Connaissait-il une certaine Judy ? Ou... Avais-je complètement rêvé, et la seule information importante dans tout ce que j'avais vu était ce prénom qui l'avait touché au plus profond de lui quand je l'avais prononcé ? Je n'avais aucun moyen de le savoir, mais rien n'était impossible. Après tout... Je m'étais bien réveillée en plein milieu d'un parc, nue, sans savoir ni qui j'étais ni d'où je venais... Alors... S'il y avait une infime possibilité pour que d'autres mondes existent... J'espérais faire partie de l'un d'eux. C'étaient peut-être des pensées sans grandes valeurs, mais je me plaisais à penser que je n'étais pas toute seule, que je comptais pour des proches, qu'on me cherchait. Alors si aucun autre monde n'existait... cela signifiait qu'on m'avait bel et bien abandonnée à mon sort, et qu'on ne cherchait absolument pas à me retrouver. Avais-je seulement vraiment envie de connaître la vérité même si la question me brûlait les lèvres ? Et s'il me répondait que le seul monde existant était celui-ci... ? Sa voix me tira de mes songes, et mes yeux se posèrent à nouveau sur lui. Doucement, j'avais hoché la tête positivement avant de lui répondre.

- Oui, j'aimerai bien que tu m'emmènes chez toi... Je ne prendrai pas beaucoup de place, c'est promis !

Je lui avais souri, mon fort intérieur criant victoire. Les roux étaient donc effectivement des personnes de confiances. Je n'en avais jamais douté, et n'en douterai jamais !
Pour ne pas le faire traîner, j'avais soulevé le bas de son manteau et me mis en marche vers la rame de métro que Nick souhaitait prendre. Mon regard parcourait tout ce qu'il y avait autour de nous, les couloirs, les panneaux, les couleurs, car c'était la première fois que j'allais prendre le métro. Ce qui me pressait le plus était de voir son appartement. Un homme si élégant devait probablement avoir un grand appartement avec de jolies décorations, pensais-je en descendant les escaliers. Un gros bruit me fit soudain sursauter. Le métro venait d'arriver en gare et les portes s'étaient automatiquement ouvertes. J'entrai alors à la suite de mon nouvel ami et m'installai près de lui sur l'un des sièges. Mérida m'avait parlé de ces sous terrains de transports, mais je n'avais jamais réussi à les imaginer. Et maintenant que je voyais à quoi cela ressemblait, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle avait raison. Ces endroits étaient désagréables, l'air y était poussiéreux, l'odeur étrange, et les sons raisonnaient dans les couloirs si bien que ce n'était jamais calme.

Comme si elle pesait trop lourd pour que je la soutienne par la seule force de la pensée, ma tête était venue se poser contre le bras de Nick et après un bâillement, mes yeux se fermèrent. Il faisait bien chaud dans ce manteau, et c'était tellement confortable... Bien que je luttais pour ne pas sombrer, le confort finit par me happer toute entière.
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Anonymous
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Sam 2 Mar 2019 - 17:47
Elle accepte ma proposition sans même hésiter, me promettant de ne pas prendre beaucoup de place. Sa réaction me tire presque malgré moi un sourire. L'innocence et la simplicité des enfants a ce quelque chose d'adorable, de touchant. Son grand sourire en est une preuve s'il en fallait. N'importe quel adulte se serait contenté d'un « merci » murmuré, les yeux larmoyants et un sourire timide de soulagement en option. Mais Will, elle, avait fait preuve de plus d'exubérance en remontant les manches de mon manteau d'un geste presque théâtral pour se diriger vers les rames. Il n'y a pas de doute, qui qu'elle ait été avant d'arriver ici – si tant est qu'elle ne soit pas une vraie parisienne -, c'était véritablement une enfant. Sa réaction était trop spontanée pour avoir été simulée. Un peu rasséréné de ne pas me trouver face à une personne éventuellement mal intentionnée (envoyée par une pègre rivale, proche d'une victime d'une de mes entourloupes et j'en passe, ce genre de pratiques sont plus courantes qu'on ne le pense) je me relaxe quelque peu en glissant mon pass dans la machine tandis que la demoiselle passait les tourniquets pour accéder aux quais. Je la précède et la guide dans les couloirs labyrinthiques, me retournant régulièrement pour vérifier que je ne l'avais pas semée, amusé par son air de chiot perdu. De toute évidence, elle n'avait jamais pris le métro. Soit ses parents étaient très protecteurs et ne lui laissaient pas l'occasion de quitter l'endroit où ils habitaient, soit ils avaient les moyens d'éviter les transports en commun – et de m'offrir une potentielle récompense quand je leur ramènerai leur fille. Je guette les réflexions qui s'écrivent sur son visage et à mesure de notre progression. Curiosité, émerveillement, déception, dégoût, surprise. Les émotions défilent sur sa frimousse, comme un livre ouvert. Mon coeur se serre un instant, la dernière personne si expressive à qui j'avais eu affaire était Judy. Mais c'était avant. Je me reprends, et rentre dans la rame, la fillette sur mes talons, m'installe sur un siège à l'écart et l'invite à me rejoindre.

Regard rivé sur la liste des stations, je cherche un sujet de conversation à aborder avec elle, lorsque je sens un poids sur mon bras. Je tourne la tête pour trouver la fillette endormie sur mon bras. Elle a l'air bien, je n'ose pas la réveiller avant que ce ne soit nécessaire. Je souris et dégage une mèche de cheveux de son visage. C'est à ce moment-là qu'une blonde d'une cinquantaine d'années s'installe en face de moi, un grand sourire aux lèvres.

« C'est la vôtre ? Elle est vraiment adorable ! C'est si rare de voir des pères accepter de garder leur enfant pour laisser la maman souffler un peu !
- Non, je…
- Oh, vous êtes célibataire ?! C'est encore mieux ! »


J'essaye tant bien que mal de me dépêtrer de cette situation mais ne parviens pas à placer un mot. En tant normal, ce ne serait pas un obstacle, j'en profiterais peut-être même, la femme en question est plutôt jolie et pourrait se révéler être une compagnie agréable, si je n'avais pas d'autres préoccupations. Décliner ne serait pas difficile, j'ai normalement des milliers d'explications en réserve à commencer par le classique et efficace « mon mari et moi avons décidé que.. », mais peut-être est-ce la tournure des événements qui m'a perturbé, toujours est-il que je ne m'en sors pas. J'essaye de m'esquiver entre sourires gênés et regards répétés vers la liste des stations, attendant presque fébrile que n'arrive la nôtre. Quand enfin nous nous en approchons, je réveille Will aussi naturellement que possible, priant intérieurement pour qu'elle ne dise rien qui pourrait sembler suspect en ouvrant les yeux.
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