No more happy endings...
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 :: RP Abandonnés
Aux Champs-Elysées • ft. Clémence
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Anonymous
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Dim 21 Oct 2018 - 3:54
Denis tanguait dangereusement comme une épave. Il ne savait plus trop depuis combien de temps il était devait cette vitrine. Cinq minutes ? Une heure ? Le visage impassible, il avait les yeux fixés sur cette marionnette désarticulée qui lui offrait son sourire le plus rassurant. Cette bonne humeur lui parut contagieuse et une drôle d'hilarité animait ses épaules.

Ah, comme le monde est petit.

Quelqu'un le bouscula d'un « pardon » bien rude. Denis s'écarta du chemin en regardant une jeune femme d'une vingtaine d'années s'en aller en claquant la langue, agacée. Si Denis avait bien appris quelque chose, ces cinq dernières années, c'était que les gens de ce monde étaient pressés. Beaucoup trop pressés. Pressés jusqu'à calculer le temps qu'ils perdaient ou qu'ils gagnaient comme si la vie se résumait à du temps qu'il faudrait rentabiliser à tout prix. En vérité, les Parisiens ne vivaient pas. Ils économisaient pour mieux se ruiner. Ça le rendait triste, parfois. Denis s'évertuait à vouloir enseigner à qui voulait l'entendre de profiter de la vie tant qu'elle à quelque chose à offrir. Plutôt que de passer une vie à préparer sa mort. Le monde moderne ressemblait de plusieurs façons aux Enfers. Denis, les mains dans les poches, s'éloigna de la vitrine pour continuer sa marche titubante et observer les gens. Ca l'amusait. On le regardait bizarrement.

Le passage piéton était semblable à la circulation des voitures. Plusieurs voies. Des gens qui doublaient sans faire attention autour d'eux. Des flâneurs prudents. Et parfois, des collisions inopportunes suivies de grandes altercations coléreuses. Denis ralentit et observa une dame qui tenait son fils fermement par la main engueuler un garçon de cité.

« Je m'en bas les couilles ! Je m'en bas les couilles ! » Pendant que la femme répétait en boucle un « Vous n'avez pas honte ? Rhooo ! » ou des « Vous pourriez quand même vous excuser ! »

Denis sortit sa bouteille de flash. Il croisa quelques regards inquisiteurs avant d'avaler quelques gorgées. Puis la replaça dans sa poche. Ni vu ni connu. La suite de son trajet l'emmena sur les Champs-Élysées. Un autre type d'Enfer. Celui des foules grouillantes comme des insectes. Des mers humaines répétant un sinistre ballet insondable. Des rivières d'âmes bruyantes et aveugles. Il y avait comme un sens de circulation presque inné en chaque habitant. Chacun comme un chorégraphie où chacun savait où il devait mettre les pieds. Denis était au milieu de tout ce fratras et gênait beaucoup les gens qui l'évitaient avec un agacement visible. On lui marcha sur les pieds. Une dame se retourna et posa la main sur son épaules, pleine d'une touchante inquiétude.

« C-ça va ! Ce n'est rien ! » Sourit-il chaleureusement alors que la jeune femme fuyait déjà les relents d'alcool que son haleine devait dégager.

Sur le chemin, Denis abandonna sa bouteille de flash près d'un mendiant, sans s'arrêter, les yeux vissés sur la devanture d'un DisneyStore. Un peu hésitant, il se souvint du cadeau qu'il devait faire à une amie. Trois fois rien. Une babiole pour lui faire plaisir après qu'elle lui ait rendu mainte fois service. Qui sait ? Elle adorait Disney et y allait avec la régularité d'une pendule. Cette fille était complètement dingue. Ca touchait beaucoup Denis qui s'était décidé de s'amuser avec son péché mignon.

A peine entré, les gardiens se tournèrent vers lui. L’œil mauvais, on le fixait et le suivait à travers les rayonnages démesurés. Pour s'amuser, Denis tourna autour d'une estrade où des peluches gigantesques trônaient fièrement. Le gardien l'observa d'abord de l'autre côté de l'estrade. Puis, Denis fit le tour pour le rejoindre et le vigile fit semblant de ne pas le voir quelques minutes. Le toisa. Puis fit le tour à son tour pour se mettre derrière l'estrade, en face de Denis. Il resta là quelques secondes avant que Denis ne le rejoigne à nouveau. La voix grisée d'alcool, il désigna une peluche.

« Elle est jolie, celle-là. Vous trouvez pas ? » Le vigile marmonna quelques mots avant d'oser un « Vous allez bien, monsieur ? »

Denis assura qu'il allait parfaitement bien et comprenant qu'on allait lui casser un brin les qlawi pour son état légèrement alcoolisé (un homme ivre en pleine journée dans un magasin destiné à des enfants ? Aucun problème), il décida de s'éloigner correctement. De l'autre côté du DisneyStore, un autre vigile l'observait de loin et Denis échangea un regard et un signe amical de la main pour le saluer. Le vigile s'éloigna en parlant dans sa radio, sévère et grave.

Denis était habillé sobrement d'un jean mauve, d'une chemise blanche, auréolé d'une écharpe à motif léopard. Habillé sobrement. Il était déjà rouge et fiévreux. L'alcool alourdissait ses paupières dangereusement et pour cacher cet air mortel qui ne quittait pas son visage, il portait des lunettes estivales. Denis avait l'air d'un touriste en plein centre de Paris. Il arriva devant un étalage de peluches et avait déjà oublié pourquoi il était là.

« Il fait chaud, non ? » Il souffla en s'éventant précieusement avec la mains. Denis s'était adressé à une jeune femme à côté de lui. Il tourna la tête vers elle. Toisa longuement pour admirer ce que la beauté humaine avait de singulière. Puis il lui sourit. « Excusez-moi de... » Il déglutit. « De vous importuner, mademoiselle. » Il se tourna vers elle et voulut illustrer ses propos avec des gestes fous de sa main droite. Qu'il baissa très vite avec son autre main.

Denis se félicitait : Il n'était pas assez bourré pour bafouiller ou aborder une jeune femme par un « Vous avez un très joli cul ». Ce qui n'était pas très très apprécié dans ces heureux confins.

« Je... Je m'y connais pas du tout dans... » Il tanguait d'avant en arrière en désignant d'un geste circulaire de la main les jouets devant lui. « Et je dois faire un cadeau à une amie... » Denirs songea deux secondes que la jeune femme allait le renvoyer chier d'un « Y'a des vendeurs, là-bas... » puis oublia les bienséances immédiatement. « V-vous auriez pas un conseil, pour moi... ? » Il tangua tant sur le côté qu'il fit un pas pour se rattraper et mit le doigt devant sa bouche en prenant une moue concentrée et ridicule.
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