C'est en haut des marches de Montmartre, face à l'immensité de la capitale que Charles se sentait le mieux à Paris.
Dans l'aube timide et grisâtre de la fin de l'hiver, il contemplait calmement la ville. Droit et impassible dans la bise mordante alors que sa redingote émeraude claquait violemment sur ses mollets, le génie nourrissait ses ambitions. Un jour, il posséderait Paris. Bientôt.

D'un main fébrile, Charles sorti une des dernières cigarettes pliées de son paquet. La nuit avait encore été courte, ou longue, selon le point de vue. Le génie pourtant, était toujours parfaitement habillé. Seules ses cernes témoins de ses folies et ses pupilles encore ivres auraient pu le trahir.
D'un geste vif, il alluma sa cigarette avant de soupirer d'aise à la sensation délicieuse de la fumée âcre qui lui brûlait légèrement la gorge. Machinalement, il attrapa la flasque de Whisky qui ne quittait jamais la poche intérieure de sa veste de costume. Il plissa les lèvres sous l'attaque de l'alcool, mais n'attendit pas avant de reprendre une deuxième gorgée. C'était une belle matinée.

Ce sont des pas légers mais décidés dans son dos qui le sortirent de ses pensées. Sa plus récente associée, Leïko Tanaka arrivait enfin.
Une jeune tête brûlée, fana de vitesse qui Charles avait réussi à convaincre de balancer dans l'illégalité pour satisfaire ses fantasmes de vitesse. Si le génie souvent souriait face à sa jeunesse, il appréciait néanmoins son efficacité et son ambition. Parfois, il avait également l'impression qu'il partageait plus avec elle qu'un réseau de courses illégales. Il lui avait semblé quelques fois, saisir l'un ou l'autre geste, plus d'un autre monde que de celui-ci.
Il savait après tout, depuis sa malheureusement rencontre avec un chasseur de tête un peu trop porté sur la bouteille, qu'il n'était pas le seul être surnaturel à être coincé dans cette réalité alternative.
De là à jurer que Leïko n'était pas humaine, il y avait néanmoins un fossé non négligeable, d'autant plus que ce genre de révélations, il le savait maintenant, étaient dangereuses.

S'il avait convoqué la jeune femme à cette réunion matinale, c'était donc pour parler affaires. Leur affaire débutait à peine et si la course de ce samedi se passait mal, Charles allait perdre énormément d'argent et de crédibilité.

Lorsque la jeune femme fût plus ou moins à sa hauteur, Charles se détacha de la vue pour se retourner vers elle.

- Alors ? dit-il affable J'espère que tu as de bonnes nouvelles à m'annoncer ? J'ai pour ma part déjà contacté parieurs et investisseurs, tes coureurs ont intérêt à être aussi bons que tu le prétends.Ce qui devrait être le cas s'ils sont à moitié aussi bons que la gamine.