C’était une belle journée. Pas seulement pour la météo, car pour une fois, le ciel londonien ne se déversait pas sur nos tête. C’était une grande joie, ça ajoutait à ce jour de congé plutôt agréable jusqu’à maintenant. Le programme avait été simple, après avoir emmené Oliver à son école, j’étais allé retrouver mon amant pour une petite sortie à l’aquarium, suivie d’un peu de « sport ». Au moins, je ne me cassais pas la tête avec lui, on faisait des activités sympas où on pouvait parler de tout et de rien et ça se terminait toujours par un peu l’action sauvage. Je me sentais toujours détendue en le quittant, ça m’aidait à oublier mes tracas et mes frustrations. C’était une thérapie comme une autre… au moins, je ne risquais pas de me faire plaquer ou de me faire des idées : Il n’y avait que du sexe entre nous, point. Enfin, je crois? Parce que s’il n’y avait vraiment que ça, nous ne ferions pas de sorties juste avant de nous envoyer en l’air? Peut-être qu’un jour, Moonbin quitterait son copain pour moi?
J’avais ensuite pu savourer un bon thé sur une terrasse. Il n’y avait rien de mieux dans la vie qu’un bon thé après un si bel avant-midi! J’aurai pu retourner chez moi et revenir plus tard chercher Oliver, mais j’avais décidé de passer l’après-midi dans un parc. J’aimais bien me retrouver en extérieur lorsqu’il faisait beau et puis les espaces verts faisaient oublier la mocheté des villes. Il y avait parfois des trucs bien, mais en général, je n’aimais pas voir ces grands bâtiments gris. Ils semblaient triste… même si on dit que les trucs inanimés n’ont pas de sentiments, je trouvais plus intéressant de leur donner vie avec des émotions et des pensées. C’était un petit jeu qui m’amusait lorsque je ne savais pas à quoi songer en particulier, ça avait le mérite de m’occuper l’esprit et de l’empêcher de partir dans tous les sens. Et surtout, pendant ce temps là, je n’avais pas de crises de paranoïa.
Après un moment à me promener, je décidai de m’assoir un peu sur un banc pour lire. Ça faisait un peu bizarre de prendre du temps juste pour moi et de me détendre. Un léger inconfort au poignet attira mon attention. Oh, rien de grave, ce n’était que mon bracelet qui avait frotté un peu trop contre ma peau plus tôt, pendant les ébats. C’était seulement rosé, mais je décidai de l’enlever afin que tout rentre dans l’ordre. Je le glissai dans une des pochette de mon sac à main de façon un peu distraite, pensant à Moonbin…
Il n’était pas encore l’heure d’aller chercher le rouquin, mais je me dis qu’un autre thé me ferait du bien. Je me levai donc, m’éloignant du banc. J’étais presque à la sortie du parc lorsque je réalisais que j’aurais du sentir une petite bosse au travers de la pochette de mon sac… Je m’arrêtai brusquement pour le fouiller en entier : Aucune trace de mon bracelet! Comme il n’y avait pas de trous dans mon sac et que la fermeture éclaire était fermée, l’idée la plus probable était que je l’avais glissé à côté de la poche, le faisant tomber à côté plutôt qu’à l’intérieur. Foutue distraction! Il devait donc se trouver sur le banc ou je m’étais assise… ou peut-être était-il passé entre lattes pour tomber en dessous?
Je rebroussai chemin afin d’aller chercher mon bijou. Ça me rendrait triste de le perdre, j’y étais attaché. En vu du fameux banc, je remarquai une jeune femme. Je m’empressai de la questionner :
-Excuse-moi! Tu n’aurais pas vu un bracelet en argent? J’ai du le faire tomber ici.
Je lui fis un sourire sympathique, mais je ne pouvais m’empêcher de penser que quelque chose n’allait pas…
La mer. La sirène se souvient de la mer, des vagues et de l'écume. Leurs mouvements sans fin. Une tempête, comparée à la platitude du lac sans vie qui gît sous ses pieds. Son regard y plonge avec insistance, tenté par les flots silencieux. Thäleia aimerait enjamber la rambarde du pont, se pencher toujours plus sur les profondeurs obscures jusqu'à s'y abandonner complètement. Ça lui plaît, de se représenter dérivant sur l'onde, ses paupières closes, son visage pale tout auréolée par la chaleur de ses mèches rousses. Peut-être aura-t-elle droit à quelques heures de repos, avant que la nature ne reprenne ses droits sur son corps, avant que la mort ne dévore sa beauté figée à jamais.
Thäleia s'écarte, tirée en arrière par un sentiment plus puissant encore que les promesses de jeunesse éternelle et de sérénité que lui offre les fabulations de son imagination malade. La peur de l'après. Cette même peur qui l'empêche de fuir à toutes jambes pour se jeter dans la vraie vie. C'est parce que ce malaise plane sans cesse sur ses pensées que Thäleia reste sage.
Pour le moment, du moins.
Moonbin envolé, Noah occupé, Thäleia avait su négocier tout un après-midi au parc pour elle. La jeune femme foule les sentiers de ce faux coin de verdure jusqu’à un banc, oubliée parmi la masse. Sage Thäleia, gentille Thäleia. Il n’y a rien dans son sac, si ce n’est un livre. Cependant, l’adolescente n’a pas le cœur à la lecture, pas quand le paysage autour d’elle lui permet de nourrir toute sorte de réflexion. Ici, contrairement à dans la chambre, la naïade peut s’autoriser des folies et oser se projeter vers de nouveaux horizons.
Alors, Thäleia songe. À tout, à rien. Ses prunelles s'accrochent aux passants : elles espèrent naïvement reconnaître une mine familière sur l'une de ces figures passagères. Quelqu'un de chez elle. Quelqu'un qui se soucierait de son sort. Personne. Il n'y a jamais personne, Thäleia le sait. C'est avec une étrange facilitée qu'elle s'est accoutumée à cette fatalité. On s'habitue à tout, même à la solitude. Même à l'absence des êtres aimés.
Au coin de son oeil, un reflet happe son attention. Une étincelle entre les lattes.
Aussitôt, la sirène s'en saisit, trop heureuse de sa découverte. Un bracelet. Thäleia le fait couler entre ses doigts pour mieux faire danser les éclats argentés sous le soleil. C'est joli. Ça scintille jusqu'à dans ses yeux bleus. Il y a longtemps que Thäleia n'a pas vu quelque chose d'aussi beau sur sa peau. Ça lui rappelle des bijoux nacrés d'une autre vie. Et telle une enfant, Thäleia s'extasie devant cette trouvaille, contemple tout sourire son poignet sublimé. Son allégresse est superficielle, d'ordre purement matériel : il n'en reste pas moins réel. Ça ne devrait pas être permis, de s'enticher autant d'un bibelot brillant aussi insignifiant. Et pourtant. L'idée d'avoir ce bracelet tout à elle suffit à l'élever vers une gaieté hors norme. Cette nouvelle possession lui donne l'impression de combler un peu le trou béant de son existence. Comme si elle pouvait donner un sens à cette vie en s'entourant de tout ce qu'elle n'a pas.
Euphorie éphémère. À peine a-t-elle rangé le bijou dans son sac et reprit ses rêveries qu’une voix vient lui arracher son précieux bonheur. Une femme blonde lui fait de l’ombre sur sa figure et son cœur. « Un bracelet ? » Qu’elle répète entre deux battements de cils surpris. Incompréhension. Son visage la feint à merveille, à mi-chemin entre confusions et questions. Sous cette première couche d’amabilité, amertume cuisante lorsque la sirène réalise à qui elle a affaire. La véritable propriétaire du bracelet, venu lui prendre son trésor. La jalousie qui la saisit est tout aussi disproportionnée que la joie éprouvée il y a quelques instants.
Elle pourrait lui rendre. Rien ne l’empêche de glisser sa main jusqu’au fruit de son larcin pour rétablir la vérité et répandre un peu de bonne humeur. Seulement, Thäleia n’a rien de telle en elle, encore moins à partager. Le peu de lumière qu’elle a découvert aujourd’hui dans ce bijou, la sirène compte bien la garder farouchement pour sa personne.
Parce que c'est trop tard. Le venin de l'envie s'est d'ores et déjà distillé dans ce cœur qu'une convoitise juvénile embrase. « Non, enfin, je ne crois pas, attendez. » Actrice innée, la sirène se lève, contourne le banc de sa démarche aérienne. Elle cherche de l'air entre les graviers. « Non, je ne vois rien, je suis désolée. » Évidemment. Le sujet des convoitises est là, tout au fond de son sac en toile. C'est presque si Thäleia ne le sent pas brûler contre sa hanche, chauffée à blanc par les mensonges dont il est l'objet. Des mensonges qu'elle file avec grand soin. « Vous êtes bien certaines qu'il s'agit de ce banc ? » Ajoute-t-elle en jetant un bref regard sur les bancs voisins. La compassion pointe dans cette voix sucrée qui pourtant ne s'évertue qu'à insuffler le doute pernicieux chez l'autre. Oui, qu'elle hésite, l'inconnue négligente, qu'elle aille voir ailleurs si son bracelet n'y est pas. Thäleia ne l'attendra pas. Déjà, elle remet les lanières de son sac en place et lisse sa robe, une courbe chagrinée sur les lèvres. « Je vous aurai bien aidé à le chercher, mais on m'attend à l'entrée du parc. Il faut que je parte. Vraiment désolé, encore. » Elle se compose un dernier sourire coloré de compassion avant de claquer des talons.
À peine s'est-elle retournée que l'expression aimable de ses traits fond, plus vite que neige au soleil. La voilà partie, nullement atteinte par la nature moralement douteuse de son acte. Aucun remord ne vient alourdir ses pas. Dans cette vie ou dans une autre, personne ne lui a inculqué qu'il est mal de voler. Qui perd pleure, qui trouve garde. C'était ça, la dure règle de Neverland. Un semblant de loi pour encadrer le chaos d'une jeunesse en roue libre. Et Thäleia, elle en faisait partie, de ces enfants-là, étranger à l'éthique assommante du monde adulte.
(c) AMIANTE & VOCIVUS
Mallymkun DeLoir
Le courage ne se mesure pas à la taille!
PHOTO D'IDENTITE :
DESSIN ANIME D'ORIGINE : Alice au pays des merveilles
ÂGE DU PERSONNAGE : 30 ans chez les humains
COTE COEUR : c'est compliqué
OCCUPATION : Prendre le thé!
LOCALISATION : Quelque part à Paris
HUMEUR : ZzZ
PRESENCE/ABSENCE : Jamais très loin 8D
DOUBLES COMPTES : Tim, Day, Hadès, Ian, Kevin & Gram
C’était une jolie fille, surement le genre populaire à avoir tous les garçons à ses pieds. Si ça se trouvait, elle avait tout ce dont elle rêvait, comme presque toute cette génération d’adolescents pourris gâtés. Ou peut-être que non et je ne me basais que sur des stéréotypes. C’était toujours difficile de savoir à qui on avait à faire lors d’une première rencontre. Ami? Ennemi? Ou pire… neutre. Le problème avec les gens neutres, c’est qu’on ne savait jamais de quel côté ils allaient pencher. C’était en quelque sorte des indécis, qui finiraient à un moment ou un autre par prendre un camp. Ce n’était pas dans la nature humaine de ne pas prendre partie… quand quelqu’un ne le faisait pas, c’était un peu de la lâcheté dans le fond…
Je m’égarais en essayant d’analyser la rousse devant moi. Si je n’étais pas de nature paranoïaque, elle m’aurait sans doute convaincu en quelques paroles, mais mon instinct hurlait de ne pas lui faire confiance. Pourtant, ce ne devait pas être une chasseuse? Elle semblait bien trop jeune et délicate pour cela! Sans être associée à l’ennemi numéro un des Disney, elle pouvait avoir quelque chose à cacher. Ou j’étais simplement folle… oh en effet, je l’étais bien! Sauf que ce n’était pas le point important dans cette histoire. Au départ, j’eus de la difficulté à savoir ce qui clochait autant à mes yeux, puis je compris : Elle en faisait trop. C’est comme ajouter une tonne de sucre à un thé trop amer, même une fois l’amertume camouflé, le gout n’était pas fameux, il devenait écœurant une fois trop sucré.
Je pris un instant de réflexion afin de me remettre en question, je n’étais pas non plus à l’abris d’une méprise. M’étais-je trompé de banc? Non, j’en étais bien certaine, c’était celui-là. Je revérifiai rapidement mon sac à main, pour être certaine que dans ma panique initiale, je n’avais pas fait une erreur. Non, il n’était pas dedans. J’avais refait le chemin en sens inverse, ce qui ne restait que ce banc.
-Je suis certaine que c’est ici.
Je vérifiai par moi-même le banc alors qu’elle s’en allait. Son excuse sonnait faux. Elle essayait de fuir?! J’avais essayé de ne pas me laisser aller à mes instincts accusateurs, mais son comportement me déplaisait de plus en plus. Je savais que ce n’était pas bien d’accuser sans preuves, mais à moins de retrouver mon bracelet, jamais je ne trouverais de preuves! J’avais été absente assez longtemps pour qu’elle ait le temps de trouver et cacher mon bien, mais il n’y avait pas eu assez de temps pour que quelqu’un d’autre puisse passer avant elle sans qu’elle ne le voit.
-Attends un peu! Qu’est-ce qui me dit que ce n’est pas toi qui l’as? Tu es la seule qui aurait eu le temps de le trouver. Un bracelet, ça ne disparait pas comme ça.
Je la rattrapai, me plantant devant elle afin de l’empêcher de fuir. Hors de question qu’elle s’en aille comme si rien n’était! Je n’allais pas me laisser voler sans sourciller! Comme elle était jeune, je décidai de lui laisser une dernière chance, une erreur de jugeote, ça pouvait arriver à tout le monde, il n’était pas trop tard pour réparer son erreur.
-Si tu as mon bracelet et que tu me le rends immédiatement, je te laisse partir sans faire d’histoire. Il faut savoir avouer ses tords, jeune fille.
Faire preuve de tant de retenue et de concession était bien difficile, mais si pour une fois je pouvais régler un problème sans violence, ça serait bien… j’imagine. J’avais fait de mon mieux afin de ne pas l’accuser directement afin de rendre cette situation propice à la discussion. Que faire de plus? J’avais résisté à mon envie de lui ordonner d’ouvrir son sac afin de me prouver son innocence… de toute façon ça n’aurait servi à rien, elle aurait joué à l’offensée en refusant. Là je lui laissais une dernière chance de prouver qu’elle n’était pas la garce que je commençais à croire qu’elle était. Et puis si jamais elle était innocente, ce à quoi je ne croyais plus, elle me montrerait d’elle-même son sac pour que je lui foute la paix.
Thäleia marche, de la démarche légère des innocents. Faux. La voleuse fuit, la voleuse commet une folie. Elle ne sait pas où ses pas l'emmènent. Qu'importe. Tant qu'ils l'amènent loin. Son sac farouchement calé sous son bras, la sirène emporte son trésor, bien décidé à le mettre en sécurité, là où elle en sera la seule maîtresse. C'est sans compter sur la propriétaire d'origine. Déjà, les conséquences de son acte la rattrapent. Une course dans son dos, une voix qui l'accuse. Et la blonde est de retour, stoppant net Thäleia dans sa fuite. Celle-ci la dévisage, avec ses grands yeux de biche aux fausses lueurs ingénues. S'en tirer aussi facilement, voilà qui aurait été trop beau.
Pour s'en sortir, elle se compose un mensonge à la manière d'une musique. Pas à pas. Soigneusement. Le tout saupoudré d'une pointe de créativité. « Moi ? » Sa voix s'envole dans les notes aiguës de la surprise, accompagné par l'expression confuse de son visage, partition indispensable à sa mélodie dissonante. « Si je l'avais, je vous l'aurais rendu. » Et elle essaie de se jouer de la blonde comme elle jouerai de la flûte. Ou du pipeau. Non, voyons, ça ne peut pas être elle, comment aurait-elle pu ? « Je n'ai rien à me reprocher. » Conclut-elle enfin. Thäleia croit dur comme fer en son mensonge.
Ça ne suffit pas. L'inconnue persiste et insiste. Un autre aurait abandonné. Pas Thäleia. Il est trop tard pour ça. La lubie a déjà trop pris ses aises, encombrante, présente dans chaque recoin de son esprit. Plus qu'un désir, le bracelet est devenu un besoin. Un palliatif au vide de son existence. Parce que ça l'a rendu tellement heureuse, de voir le bijou briller sur sa peau. Outre la beauté de l'objet, c'est surtout après les émotions comateuses qu'il a réveillées en elle, que Thäleia en a. Le plaisir de se sentir jolie, pas à travers les yeux d'un autre, mais bien à travers les siens. La joie de pouvoir posséder quelque chose, elle qui n'a plus rien, elle qu'on détient. La denrée est nécessaire à son bonheur, la sirène s'en est persuadée et cette idée la fait tomber dans ce qu'il y a de pire chez elle. Jalousie, manipulation, hypocrisie, obsession.
Colère. « Il faut savoir avouer ses tords, jeune fille. » Oh, ça l'agace. Ce ton condescendant des adultes qui savent mieux, sous prétexte de l'âge. En suivant cette logique, la sirène pourrait faire sa loi partout. Mais Thäleia, elle a beau avoir vécu plus longtemps que tous les inconnus de ce parc réuni, elle est pourtant piquée par la remarque comme n'importe quelle adolescente. L'offusquée ne s'en cache pas, l'offense vient même alimenter son mensonge : « Quel tords ? Ce n'est pas moi qui poursuis les gens dans un parc pour les accuser pour rien ! Madame. » On a dit enfant de l'éternité, pas de la maturité. « Vous n'allez quand même pas me fouiller et m'empêcher de partir ! » Instinctivement, elle affermit la pression sur la hanse de son sac, gardien de son bien. C'est que Thäleia l'en croit parfaitement capable, cette femme aux accents d'hystérique. Le contraire serait peu avisé. La sirène n'est pas assez stupide pour sous-estimer ses adversaires. En particulier celui-ci, volcan qu'elle devine prêt à cracher la lave de sa colère. L'enquête de ses prunelles ne trompe pas : la blonde bouillonne. Un état dangereux. Thäleia en a conscience, alors plutôt que de s'enfoncer dans l'insolence, elle préfère jouer la carte de la prudence. Elle se laisse porter par un mouvement de recul, la mine soucieuse, sort son meilleur numéro de jeune fille apeuré. Son physique s'y prête bien. « Écoutez, je suis désolée pour votre bracelet, mais on va m'attendre, et vous me faites peur… » L'oeil inquiet saute de droite à gauche, comme à la recherche d'une figure connue parents ou amis hypothétique. Un acte de plus à sa comédie, mais pas que. En une oeillade, Thäleia s'assure également qu'elle n'est pas seule. C'est qu'elle n'hésitera pas à tirer l'alarme si la blonde se montre trop oppressante. « Laissez-moi partir maintenant, s'il vous-plaît. » Faire trembler les mots sur ses lèvres, ça aussi, ça lui ait aisé. Presque autant que de faire couler les larmes sur ses joues. Mais cette arme là, Thäleia la garde. Au cas où.
(c) AMIANTE & VOCIVUS
Mallymkun DeLoir
Le courage ne se mesure pas à la taille!
PHOTO D'IDENTITE :
DESSIN ANIME D'ORIGINE : Alice au pays des merveilles
ÂGE DU PERSONNAGE : 30 ans chez les humains
COTE COEUR : c'est compliqué
OCCUPATION : Prendre le thé!
LOCALISATION : Quelque part à Paris
HUMEUR : ZzZ
PRESENCE/ABSENCE : Jamais très loin 8D
DOUBLES COMPTES : Tim, Day, Hadès, Ian, Kevin & Gram
Le ton de l’adolescente m’agaçait. Il était trop aigu. Ça pouvait sembler ironique comme ma propre voix montait parfois dans les tonalités stridentes… mais bon, on est souvent énervés par nos défauts qu’on voit en les autres. Le problème avec les propos de la rousse était que c’était ce que la rousse dirait, qu’elle soit coupable ou pas. Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’elle avoue son larcin, ce qui aurait mis terme à cette histoire bien vite. Elle ne savait pas dans quoi elle mettait les pieds en me tenant tête de la sorte. Elle aurait pu en berner d’autres, mais on ne me la faisait pas, je devais gérer des petites pimbêches à chaque jour de travail, alors je savais reconnaitre leurs mensonges.
La colère montait en moi, telle la lave d’un volcan. L’éruption aurait pu être évitée, mais cette gamine hautaine ne faisait qu’attiser le feu. Elle ne se rendait pas compte de la faveur que je lui avais faite en lui laissant une chance de me rendre mon bien! Je m’imaginais déjà lui cogner son mignon petit visage contre un banc, de préférence celui où elle m’avait piqué mon bracelet. Je déteste les menteurs, encore plus ceux qui essaient de passer pour les victimes. À part me faire son cinéma, elle ne m’apporte aucune preuve de son innocence.
-Si tu est aussi innocente que tu le clame, pourquoi tu me ne montre pas toi-même l’intérieur de ton sac? Tu sais, je les repère les petites voleuses de ton genre. Étrangement elles clament toutes leur innocence sans vouloir apporter de preuves, comme tu le fais.
Étrangement, je ne criais pas. Je savais que ça ne servait à rien, sauf à avoir l’air d’un concours de dindes. Par contre, la menace n’était même plus voilée, comme au départ. Je songeais à toutes les fois où j’avais attrapé des voleurs dans la boutique. Sauf qu’en tant que gérante, j’avais une sorte d’autorité là-bas, mais ici, je n’étais qu’une française dans un parc. C’était déjà pas mal que je parle la langue parfaitement, sinon cette petite garce aurait été encore plus insupportable et condescendante! Si je n’avais pas été aussi en colère, j’aurais pu admirer ses talents de comédienne, ça avait quelque chose de si naturel pour elle de passer d’une émotion à l’autre. Elle voulait me faire croire que quelqu’un l’attendait, ce dont je ne pouvais que douter, qui pourrait attendre une telle personne? Une sale petite voleuse et menteuse?! Par contre que je lui faisais peur, ça je pouvais bien le croire.
-Rends-moi mon bracelet, et tu pourras aller à ton rendez-vous imaginaire.
Je m’étais trop retenue, il fallait que j’agisse comme les mots ne servaient à rien. C’était quand même à croire que la méthode douce ne servait à rien! Je lui saisi brusquement le poignet avant qu’elle ne fuie. Je n’allais pas abandonner alors que mon bien se trouvait sans doute dans son sac, à portée de main! Cette situation me rendait folle de rage! Dire que jusque là ça avait été une si belle journée… Et cette gamine venait tout gâcher et refusait obstinément de me rendre mon bracelet! Je la secouai violement en haussant le ton :
-Rends-le moi espèce de bouse de Bandersnach! Ou aie au moins la décence de me montrer que j’ai tords. Tu ne le feras pas, car tu n’es qu’une petite voleuse mal élevée.
Le peu de retenue qu’il pouvait me rester s’envola influençant ma main droite qui s’envola aussi, mais vers son mignon petit visage.
La blonde est coriace, elle fait preuve d'une endurance tenace. L'adolescente, elle, est déjà lassée de cet échange stérile. Au moins, elle parle avec quelqu'un. Quelqu'un qui n'est pas Moonbin, Noah. Ou elle-même. C'est là, qu'un soupçon de remords lui entrave la gorge. Remord déjà oublié.
Ce n'est qu'après, que l'adolescente ressassera ce sentiment chargée de culpabilité, quand elle réalisera l'idiotie de son acte, qu'elle remontera encore et encore et encore la chaîne des événements l'ayant conduite à sa perte, uniquement pour se retrouver dans ce même parc, confronté à la blonde, la source de tous ses malheurs matérialisé sous la forme d'un bracelet volé.
Mais pour le moment, sa lubie domine. Elle assassine les sentiments nobles qui peuvent germer dans son cœur et glisse les mensonges dans sa bouche : « Puisque je vous dis que je ne l'ai p-… » Un étau se referme sur son poignet. Entravée par la poigne et la surprise, la fin de sa phrase lui reste en travers de la gorge. Thäleia tire, tente de se délivrer, en vain. « Lâchez-moi ! » s'écrit-elle sans relâcher ses efforts.
Elle pourrait répliquer. Envoyer voler sa main libre, l'écraser contre ce visage colérique. Planter ses ongles dans la chair ennemie. Saisir cette tignasse blonde, tirer à n'en plus finir, jusqu'à ce qu'hurlements et douleur s'en suivent. Oh, elle pourrait faire beaucoup de choses, Thäleia.
Si elle était stupide. Chose qu’elle n’est pas.
Plus fort, elle crie à nouveau des lâchez-moi à la chaîne. Parce qu'à lancer des regards aux airs affolés comme elle le fait, Thäleia a bien vu que l'hostilité grandissante de leur scène commençait à attirer l'attention. Alors, elle continue de se débattre, paniqué, déterminé à enfiler le rôle de la victime. Chose que la blonde facilite lorsqu'elle ose lui asséner le dernier coup. Une gifle la frappe et Thäleia hurle, plus par souci de mise en scène que par réelle douleur. « Hey, il se passe quoi ? » D'un geste brusque, Thäleia libère enfin son poignet menotté avant de reculer de plusieurs pas, une main immédiatement porté à sa joue meurtrie. « Ça va Mademoiselle ? » Dans son champ de vision, deux jeunes hommes. C'est son aubaine. Elle initie aussitôt le contact, sa libre main sur le bras du garçon le plus proche, comme à la recherche d'un soutien, tandis que les mots se heurtent sur ses lèvres. « Cette femme m'a… Attaqué ! » Le terme est fort. Tant mieux. Et pour accompagner ses propos de pauvre ingénue éplorée, ses prunelles claires se chargent de larmes. « Je voulais sortir du parc et elle s'est mise à m'agresser et à m'accuser à tord. » Bafouille-t-elle d'une voix tremblante. Et en un coup de cil, les gouttes perlent sur ses joues. Timing impeccable. « J'ai rien fait, je vous jure que j'ai rien fait, j'étais juste en train de marcher et... » Une main sur sa bouche horrifiée, elle redouble de larmes, incapable d'en dire plus. Aucun doute, la sirène sait y faire. Gracieuse dans ses sanglots, belle dans son chagrin, elle se compose une vulnérabilité sans faille. Thäleia, elle est de ces jolies filles aux aires poupins que les hommes ont envie de protéger. Petite et délicate qu'elle est, c'est à croire que son corps même a été sculpté dans le seul but de se réfugier entre les bras protecteurs de ses sauveurs. Ça marche. L'inconnu se veut doux avec elle, et lorsqu'il caresse son épaule pour la rassurer, Thäleia sait qu'elle a gagné. « Hé, ça va aller, c'est rien t'inquiètes pas. » À travers ses larmes, elle acquiesce. Tout pour l'encourager à rester près d'elle. Thäleia, c'est un garde du corps qu'elle se cherche, quelqu'un pour l'escorter loin de cette folle. S'éloigner le plus vite possible.
C'est sans compter sur le numéro deux. « Sérieux, ça va pas bien de frapper les gens pour rien comme ça ? Vous êtes taré ou quoi ? » Il y a une animosité dans son ton que Thäleia veut aussitôt étouffer : « Laissez, ce n'est pas… » « Non, non ! Si elle veut se battre, qu'elle vienne, je vais la calmer, moi ! » Ça lui prend un effort surhumain pour ne pas lever les yeux au ciel face à tant de stupidité. Rien de tout cela n'est utile. Vraiment. Thäleia, qui sait choisir ses combats, est tout particulièrement agacée de voir les secondes s'allonger à nouveau, étiré par ces provocations futiles. « Non, vraiment, ce n'est pas nécessaire… » Sa voix perd, on ne l'entend pas. Évidemment. Personne n'écoute la demoiselle en détresse. Au cœur de l'intrigue, elle n'a pourtant rien à dire sur sa propre histoire. Voilà Thäleia prisonnière de son rôle, prise à son propre jeu.
Soit. Qu’ils se battent. Peu lui importe. Elle n’attend qu’un signe pour pouvoir s’éclipser.
(c) AMIANTE & VOCIVUS
Mallymkun DeLoir
Le courage ne se mesure pas à la taille!
PHOTO D'IDENTITE :
DESSIN ANIME D'ORIGINE : Alice au pays des merveilles
ÂGE DU PERSONNAGE : 30 ans chez les humains
COTE COEUR : c'est compliqué
OCCUPATION : Prendre le thé!
LOCALISATION : Quelque part à Paris
HUMEUR : ZzZ
PRESENCE/ABSENCE : Jamais très loin 8D
DOUBLES COMPTES : Tim, Day, Hadès, Ian, Kevin & Gram
Le manque de réactions de la jeune femme aurait du me mettre la puce à l’oreille. Je me sentais stupide de ne pas avoir vu plus loin que le bout de mon nez. Elle voulait de cette façon attirer la sympathie des gens… Sauf que je compris trop tard. Des voix nous interpellèrent, ce qui me distrait et permit à la voleuse de se libérer de mon emprise. Elle était maintenant libre de faire son cinéma, m’accusant de l’avoir attaqué à tord. Ce qui était le plus enrageant n’était pas son numéro et ses mensonges, mais plutôt qu’ils y croyaient! Comment faire confiance à la société quand la vraie victime se retrouvait accusée?! Je n’aimais pas parler de moi comme d’une victime, mais dans le cas présent, c’était moi qui venais de se faire voler!
-Sale petite menteuse, grognai-je.
Sans doute que personne n’a vraiment entendu, tous trop préoccupés par les faux sanglots de la rousse. De toute façon, personne ne me croirait, car ce n’était pas moi qui appellait à l’aide. Ces basses pratiques n’étaient pas mon genre, combattante un jour, combattante toujours! Ils voulaient s’en mêler… tant pis pour eux. Un d’eux me demanda si je suis folle… Il n’a pas idée à quel point!
-Si je suis folle? Et bien quand on me vole, ça me fait toujours un peu sortir de mes gonds… Mêlez-vous de vos affaires.
Je dévisageai les deux hommes qui ignorèrent ma demande. Mais de quoi se mêlaient-ils? Bien que je me sentais encore plus énervée par l’intervention des hommes, je ne bougeai pas. J’aurai du me douter que notre altercation attirerait l’attention. J’aurais du me montrer plus discrète, mais ce n’était pas trop mon style quand quelqu’un était lésé, surtout que ce quelqu’un, cette fois-ci, c’était moi! Il était maintenant trop tard, il fallait que je fasse avec les conséquences. J’attendais de voir ce qui allait se passer. Le premier semblait à peu près sensé, mais le second carburait visiblement à la testostérone dès qu’une jolie demoiselle se trouvait dans le coin. Je ne pu retenir un sourire en coin. Il pensait vraiment m’impressionner? Ses muscles étaient clairement plus développés que sa cervelle! Je remarquai l’air de la rousse, qui semblait se décomposer peu à peu en essayant de ramener le calme… Chaque action a des conséquences, il serait temps qu’elle l’apprenne. Je n’allais pas passer mon chemin, je n’avais certainement pas peur de ces minables et surtout, cette garce avait mon bracelet! Hors de question de partir sans mon bien! C’était une question de principe, je n’avais pas tant insisté pour finalement abandonner pour si peu.
Je dévisageai le musclé qui fit un pas vers moi. Il pensait quoi? Que j’allais déguerpir? Je ne bougeai pas, me contentant de le regarder droit dans les yeux, un signe de défi que je ne cachais pas. Il voulait en découdre? Et bien il ne serait pas déçu! Un nouveau pas, mon sourire grandit. Il hésita, soit perturbé par mon assurance ou incertain de s’il voulait cogner sur une femme. Cette fois, je ne me contentais plus de sourire, mais je ris.
-Qu’est-ce qui te fait rire pétasse?!
-Toi.
Il grogna et leva le bras en m’attaquant. Je m’écartai, évitant le coup. J’étais certes folle et provocatrice, mais je savais que le coup de cette brute était trop puissant pour être encaissé sans dommages par quelqu’un de ma taille. Il faillit trébucher à cause de son élan et j’en profitai pour lui donner une claque derrière la tête avant qu’il ne retrouve son équilibre. De la provocation pure et simple. Ce qui s’avéra une erreur puisqu’il envoya son bras vers l’arrière, me prenant du revers sans que je ne m’y attende. Le coup me toucha aux côtes, me surprenant. Je titubai à cause de la douleur et de la force de l’impact, mais je restai debout en serrant les dents. Je retrouvai mon aplomb, hors de question d’abandonner maintenant! J’attendis qu’il se retourne et attaque de nouveau. Cette fois je le pris de vitesse en visant l’entrejambe de mon genou après avoir éviter un autre de ses coups. Il tomba aussitôt sur le sol en gémissant de douleur, à peu près neutralisé. Je pensais bien avoir prouvé que j’étais une adversaire plutôt forte, mais son ami décida de se mêler de la bagarre. J’aurai bien pris le temps de lever les yeux au ciel, mais il arrivait plutôt vite. Exaspérée, je projetai mon poing dans sa direction, mais ce n’est pas lui que j’atteignis… Il s’était décalé et j’avais touché le joli visage de sa protégée…
-Quelle bande de crétins! Tant qu’à avoir des chevaliers comme vous, autant être seule!!
Le moment de honte passé, l’homme revint vers moi. Je reculais pour me remettre en garde, mais mon pied rencontra un obstacle, plus précisément monsieur muscle qui se trouvait toujours au sol. Je trébuchai sur lui en lâchant quelques jurons Comment avais-je pu être aussi maladroite?! Je n’avais pas tenu compte de mon environnement et maintenant j’étais au tapis! Je me retrouvais à batailler contre l’idiot au sol et le temps que j’en finisse avec lui pour enfin me relever, la rousse avait disparue. Elle avait profité de l’inattention de tout le monde pour déguerpir?! Je soupirai, dépitée.
-Merci beaucoup… maintenant jamais je ne retrouverai mon bracelet.
Un dernier regard noir vers les deux imbéciles et je quittai le parc en cherchant la voleuse, mais sans succès.
Il n'a pas fallu grand chose pour la faire disparaître. Des iris chargés de fauves, un ton plus haut que l'autre, une provocation, et elle n'est plus là. Thäleia, on la voit sans la voir, beauté à peine contemplée, déjà oubliée. Les héros sont bien trop occupés. Après tout, qu'est-elle dans leur histoire, si ce n'est un ustensile narratif, une figure de papier dont l'existence même ne sert qu'à donner un sens aux protagonistes ?
Ce rôle, Thäleia le joue à merveille. Silencieuse, elle observe la scène défiler sous ses yeux comme sur un écran. Entre insultes et coups plus ou moins habiles, le tout prend des allures de mauvais épisode de séries. L'adolescente le regarde comme tel, le visage atone, ses prunelles abrutis par la chose. Le sous-sol s'invite à Hyde park : ici aussi, il n'y a rien à voir, rien à faire, rien à penser. Juste à être. Ou paraître. Il y a longtemps, que la naïade ne fait plus la différence. C'est dans un mécanisme conscient qu'elle décide de se composer un air inquiet, parce que c'est ce que font les jeunes femmes de ses romans, de ses séries : elles s'inquiètent. Thäleia se figure que c'est ce qu'on attend d'elle. « S'il vous plaît, arrêtez ! » Le ton y est, le corps aussi. Pas le cœur. Non, l'adolescente n'a aucune envie d'être ici, témoin de ce combat aussi ennuyeux qu'inutile. Elle, aurait préféré qu'on l'amène loin, qu'on sèche ses semblants de larmes à la force de mots et d'attentions tendres, qu'on lui parle, qu'on l'écoute, qu'on lui rappelle qu'elle existe.
Son regard s'anime sans vraiment suivre l'acte violent qui vient conclure sa sortie au parc. Le coup trop brusque, elle ne le voit pas arriver. Ça lui tombe sur le visage, et Thäleia titube, trébuche, des étoiles pleins les yeux. Des bras la soutiennent, elle s'y accroche, plus secouée par le choc que la douleur. « Quelle bande de crétins! Tant qu'à avoir des chevaliers comme vous, autant être seule! » Oh, elle ne pourrait pas mieux dire. La rousse se détacherait d'ailleurs volontiers de la prise du jeune homme, si elle n'avait pas eu peur que ses jambes succombent au poids de son propre corps.
À contact violent, résultat ruisselant. Par réflexe, elle porte une main jusqu'à son nez victime des emporté colérique de la blonde, pour s'assurer qu'il est toujours là, bien en place derrière le rideau insensible qu'a levé l'attaque. Ce qu'elle trouve, c'est du sang. Partout. Sur son nez, sur ses doigts, sur ses lèvres. La vision du liquide vermeille sur ses mains achève de lui ôter ses dernières forces. Thäleia a beau prendre sur elle, elle tremble.
Oh non. Non, non non. Elle ne peut pas saigner, pas ici, pas maintenant, pas seule, pas sans son spray ou ses injections. « Ça va aller ? » Paniquée, elle se détache. Est-ce qu'elle a l'air d'aller bien ? « Non. » Est-ce que cela empêche l'homme de retourner se battre pour son honneur ? Non plus. Qu'importe, elle en a assez vu. Son sac sous le bras, elle s'éloigne d'un pas frissonnant, aussi vite que son état alarmé le lui permet, sans un regard pour ceux qu'elle laisse derrière elle, son esprit tout à l'urgence sanglante se jouant dans ses narines.
Elle finit par s'asseoir, se pince l'arête du nez tout en se penchant légèrement pour mieux respirer par la bouche, des actions que Thäleia a appris à maîtriser avec l'habitude. Mais si elle n'en n'est pas à son premier saignement de nez, elle en est bien à son premier coup de poing. Et si c'était grave ? Et si le sang ne s'arrêtait pas ? Et si Noah ne venait pas la récupérer à temps ? Et si cela cachait une hémorragie, plus grave, intraitable ? Elle n'y connaît rien l'adolescente, à cette enveloppe humaine défectueuse qui lui sert de corps.
C'est peut-être ça le plus effrayant : l'ignorance. L'incompréhension. Thäleia aimerait pourtant comprendre. Pourquoi ? Pourquoi le coup, pourquoi le sang ? Pourquoi est-elle ici ? Pourquoi avec ce corps ? Pourquoi elle, et pas une autre ? Pourquoi avoir volé ce bracelet ? Pourquoi a-t-elle gâché son temps ? Pourquoi est-elle impuissante face aux lubies de son esprit ? À l'aveugle, sa main cherche le bijou, soigneusement dissimulé au fond du sac. Une fois encore, ses prunelles claires le contemple. Ça y est. Il lui appartient. C'est à elle, son bien, son objet. Alors pourquoi ne ressent-elle aucune satisfaction ? Où est le bonheur tant désiré, celui qu'elle s'imaginait venir avec le bracelet ? Nulle part. Il n'y a rien.
Pourquoi ? Cette question, ce n’est qu’une lame qui entaille ses pensées. Cette scène qu’elle a jouée n’avait aucun sens. Pas plus que ses actions. Des gestes vains pour une existence vaine, et un monde qui l’est tout autant. Et cette femme qu’elle a volé… Pourquoi ? Pour rien. Il est désormais trop tard pour reculer, elle ne peut que regretter. Moon a raison, elle n’est qu’une petite ingrate, un être sans considération ni aucune sensibilité. Les larmes lui montent aux yeux, sincères et bien réelles. Thäleia les étouffe entre ses mains, pour ne plus voir rien voir, ni le monde, ni elle-même.
(c) AMIANTE & VOCIVUS
Moonbin Kang
I will bite you if I have to
PHOTO D'IDENTITE :
ÂGE DU PERSONNAGE : Né le 12 avril 1992, Moonbin a vu passer 31 printemps
COTE COEUR : Jungwan, le seul et l'unique ; pour toujours et à jamais
OCCUPATION : Les disney le qualifient de chasseur, les êtres humains l'appelle suppléant à la maternelle
LOCALISATION : Ici et là. Parfois au QG des Chasseurs, parfois à l'école primaire ou au bar en train de draguer une nouvelle conquête du soir
HUMEUR : On dit que le temps arrange tout. C'est étrange, mais Moonbin n'aurait jamais cru pouvoir se retrouver depuis le décès de Jungwan
Moon avait disparu de la carte dès les premiers rayons du soleil pour retrouver Mallymkun, l’un de ses plans culs réguliers, mais surtout une Disney qu’il tentait du mieux qu’il le pouvait d’avoir dans sa poche pour avoir quelques informations intéressantes pour Louis. L’homme s’était contenté de donner comme excuse à son copain qu’il devait quitter pour le boulot, chose vraie en quelque sorte, puis il avait quitté en direction de l’aquarium pour la rejoindre. Comme à son habitude, Moonbin s’était montré galant et à l’écoute de ce que la blonde pouvait lui raconter et même que quelques rires avaient été partagés puis ils s’étaient quittés dans le lit qu’une jolie chambre d’hôtel louée pour l’instant de quelques folies sauvages.
Finalement, ce fut en après-midi que Moonbin, le pas léger et de bonne humeur, revint à son domicile pour s’apercevoir que, plongé dans une multitude de cahier et de papiers de recherches, Noah avait laissé filer Thäleia. « Mais t’es complètement con ! » avait échappé le cadet sans calculer ses mots tellement il état choqué par ce qu’il venait d’apprendre; son humeur joviale avait disparu aussi vite qu’elle s’était installée. Comment Noah pouvait-il rester aussi calme à cette idée alors qu’elle ne faisait que songer à fuir leur compagnie pour toujours ? « Je ne peux vraiment pas te faire confiance ! » Aussitôt, il avait enfilé les premières chaussures qu’il vit dans le bazar de l’entrée et s’engagea dans les rues de Londres avec espoir de la retrouver.
Ce fut par chance que Moonbin pensa à jeter un coup d’œil dans un parc du quartier, sachant que la demoiselle désirait plus que tout au monde profiter des rayons du soleil qu’on lui avait volé depuis deux longues années. Là, assise sur un banc, celle-ci observait le sol. Non. Quelque chose ne semblait pas aller. Immédiatement, les pas pressés de l’homme se transformèrent en pas de course et il s’accroupit en face d’elle pour vérifier son état. « Thäleia ? Tu saigne ? Mais qu’est-ce que t’as encore foutu ? » la questionna-t-il d’un ton de reproche coupé par de l’inquiétude apparente. Étant malade, les saignements de Thäleia pouvaient lui être fatale s’ils n’étaient pas pris au sérieux. « Viens, on retourne à la maison, Noah prendra soin de toi. » À ces mots, Moonbin détacha son regard de son visage et vit quelque chose de brillant dans le fond de son sac à main qu’il était sur le point de prendre pour elle.
Un choc lui électrifia le corps ; il connaissait ce bracelet. Mallymkun en avait un identique à celui-ci et si peu commun, Moonbin avait bien du mal à croire qu’elle aurait pu en trouver un autre par hasard dans le parc. Sans plus attendre, il glissa sa main dans le sac pour le prendre et le secoua sous les yeux de l’ancienne sirène. « Où est-ce que t’as eu ça ?? On ne te l’a pas acheté. » Aucune réponse. Son silence l’énerva et sans trop réfléchir, Moonbin agrippa le poignet de la demoiselle pour lui faire lâcher l’arrêt de son nez et fit perler quelques gouttes de sang sur sa robe par la même occasion. « On te laisse de la liberté pour quelques heures et j’ai quoi en retour ? Un vol et un nez cassé ! J’en reviens pas ! » Absurdité. Il ne savait pas s’il devait être en colère ou bien en rire. « Tu ne t’en sortiras pas comme ça. Tu vas devoir le lui redonner… Et ne t’inquiète pas, je le saurai si tu ne l’a pas fait. » En colère, il lança le bracelet dans le fond du sac à main, puis prit une grande respiration pour tenter de se calmer. « On en reparlera, là on doit examiner ton nez avec Noah. » Patient en apparence, bien que toujours énervé de l’intérieur Moonbin attendit que Thäleia se lève puis la guida jusqu’à la voiture stationner un peu plus loin dans la rue. Ô qu'ils allaient devoir longuement parler.