OCCUPATION : Gardienne du portail de Londres et romancière à ses heures perdues
LOCALISATION : Londres
HUMEUR : Heureuse
COULEUR PAROLE : #336699
PRESENCE/ABSENCE : soir & weekend
DOUBLES COMPTES : Phil, Quinn, Gilles, Alice & Rouky
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Jane Levy (signa : princessecapricieuse, Bazzart)
MON ARRIVÉE : 18/05/2019
MON VOYAGE : 305
POINTS : 572
Ven 28 Juin 2019 - 23:50
Parfois, le XXIe siècle l’étouffait. Elle avait passé trois ans dans ce nouveau monde, trois ans à s’accoutumer aux mœurs actuelles, à s’adapter à cette vie moderne dominée par la technologie, à rattraper un siècle d’histoire et de géopolitique. Pourtant encore aujourd’hui il y avait des matins où elle se réveillait avec le mal du pays – de l’époque ? –, dépassée par une réalité à laquelle elle avait encore du mal à s’y faire. Et même si elle appréciait cette aventure digne des plus grands romans de science-fiction, même si elle avait pris goût à certains aspects de cette époque, il y avait des jours où elle pleurait de ne pas pouvoir rentrer chez elle. Elle gardait bonne figure, bien sûr, pour les autres et pour elle-même, elle gardait sur son visage un sourire adamantin autant qu’elle le pouvait, un sourire sincère, jamais forcé, parce qu’elle était véritablement heureuse tant qu’elle ne pensait pas trop à sa vie d’avant. Parce que le monde était beau, parce qu’elle avait un bon travail, parce qu’elle avait des amis qu’elle estimait, parce qu’elle avait même retrouvé un ancien ami qu’elle avait cru perdu pour toujours. Mais il suffisait qu’elle autorise ses pensées à vagabonder un peu plus loin, à dévier vers les chemins de la nostalgie, et soudain… soudain tout le monde te manque.
Ta maison à Bloomsbury, ta chambre encore parfois trop grande pour toi, ta chienne qui veillait sur l’habitation, ta mère dans ces robes qu’elle avait par centaines, même ton père qui vous couvrait d’excuses chaque fois qu’il se rendait compte que ses colères étaient parties trop loin. Ta vie te manque, effroyablement. Or quand tout t’étouffe, quand tu manques d’air parce que tout autour de toi les gens se meuvent d’une façon qui n’est pas la tienne, te parlent d’une époque qui n’est pas la tienne, te rappellent sans vraiment le vouloir que tu n’es pas à ta place dans leur monde, tu sais qu’il n’y a plus qu’une chose à faire. T’évader. Oublier un instant tous ces gens et leur monde dans lequel tu te sens comme une imposteure.
S’évader. Pour ça, certains partent en voyage, d’autres s’abandonnent à leurs jeux vidéo. Wendy, elle avait choisi la lecture. Les histoires l’emmenaient et l’entraînaient dans des paysages lointains qu’elle ne se lasserait jamais de découvrir. Les livres étaient intemporels. Un jour en Amérique, l’autre vingt mille lieues sous les mers, le lendemain dans une station spatiale à des centaines de kilomètres de la Terre. Et aujourd’hui, elle était à Londres. Baker Street, fin du XIXe siècle. Arthur Conan Doyle faisait partie de ces auteurs qu’elle avait découvert même avant d’atterrir dans le futur. Même si Sherlock Holmes n’avait pas fait partie de ses romans préférés à l’époque, il était à présent son refuge. Sa constante. Autant de raisons pour passer ses journées de libre à en dévorer chacune des pages.
Par curiosité, elle avait rentré le nom de Sherlock Holmes dans la barre de recherche Google – c’était dingue comment cet engin était vraiment pratique ! – et apprit avec surprise qu’il existait un musée sur le roman exactement à l’emplacement où habitait supposément le détective. Sans vraiment réfléchir, elle avait appelé Noah. Avec lui, c’était certain : dès que ça parlait de livres, elle savait qu’elle trouverait chez lui le même enthousiasme que chez elle. C’était d’ailleurs comme ça qu’ils s’étaient rencontrés. Dans son café. Il lisait un livre, Jules Verne. Lui aussi, il faisait partie de ces auteurs qui avait bâti un pont entre ses deux mondes. Rien que pour ça, Wendy avait rejoint le jeune homme à sa table. Et ils avaient beaucoup sympathisé, se découvrant la même passion pour la lecture. Qui se ressemblent s’assemblent.
Et quelques jours plus tard, par un bel après-midi ensoleillé, ils s’étaient retrouvés devant la porte du 221B Baker Street. Il y avait un peu de monde, mais ça restait raisonnable. Toute excitée à l’idée de découvrir ce qu’il y avait derrière cette porte, Wendy ne tenait pas en place. C’était comme si l’entrée n’était ni plus ni moins qu’un portail menant vers le passé. Vers son présent. C’était idiot, bien sûr, mais une part d’elle souhaitait que ce soit vraiment le cas. Qu’une fois passé le seuil, ils seraient de retour au début du siècle dernier, déambulant dans un univers similaire à celui qu’elle avait quitté, le seul qui la faisait sentir vraiment chez soi. Après tout, elle était bien placée pour savoir que dans certains cas, il suffisait simplement de croire en quelque chose pour que cette chose arrive. En attendant, parce qu’elle ne voulait pas paraitre malpolie, elle se décida à saluer son ami.
« Noah ! Merci d’être venu. J’ai hâte qu’on commence la visite ! Pas toi ? Tu aimes beaucoup Sherlock Holmes, d’ailleurs ? »
Elle ne savait plus si elle l’avait déjà vu lire l’un de ces romans. Il fallait dire qu’elle le voyait souvent avec un livre différent à la main, alors elle avait arrêté d’essayer de mémoriser chacun des ouvrages.
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if you put your mind to it you can accomplish anything