Le pneu dessouffle et je m'essouffle

ça c'est de la poésie

Je déversai un torrent d’injures et de jurons de toute sorte sur l’imbécile qui venait de me faire une belle queue de poisson. Ce crétin n’avait visiblement pas regardé ou il s’en foutait royalement, voir un peu des deux. Ce n’était pas pour rien que je détestais conduire dans les grandes villes, il y avait tant de crétins qui avaient obtenu leur permis de conduire dans une boîte de céréales… Comme si ce n’était pas assez, il y avait les piétons qui ne regardaient pas avant de traverser et qui le faisaient partout sauf où ils avaient la priorité! Et finalement, il y avait les foutus cyclistes! Ils zigzaguaient entre les voitures sans se soucier de la réglementation, comme si tout leur était du… Je toussai un peu, ce qui me força à me calmer. J’avais attrapé un rhume... l’ironie était qu’il ne faisait pas si froid cette année. La vie aimait bien se moquer de moi avec ce genre d’inconfort.

Ce n’était donc pas par plaisir que j’avais du louer cette voiture et que je rageai derrière le volant. C’était pour une mission, évidement! Pas de repos pour les braves, comme on dit. Pas que je sois très brave, mais j’aimais bien cette expression. C’était toujours à cause du travail que je me retrouvais dans ce genre de situation. Sam semblait me prendre pour un livreur ou je ne sais pas quoi, car j’avais du aller chercher un colis, encore. Je ne savais pas ce qu’il y avait dedans et je m’en foutais royalement. Je l’avais mis dans le coffre en espérant que ce ne soit pas un truc illégal et surtout que je ne me fasse pas prendre. Connaissant l’autre imbécile, il pouvait bien avoir décidé de m’envoyer chercher un gadget au lieu de se déplacer lui-même.

La partie de la route hors de Paris s’était bien déroulée et j’étais trop vite revenu en ville. C’était l’horreur, j’avais envie d’abandonner la voiture sur le côté et continuer à pied! Ça ne resta malheureusement qu’une idée… Comme si ce n’était pas assez, je roulais sur quelque chose qui n’aurait pas du être là, surement un clou ou un débris métallique. Une nouvelle suite de jurons s’échappa de mes lèvres alors que je frappai le volant. Le pneu n’avait pas éclaté, mais il dégonflait rapidement, jamais je ne pourrai rouler jusqu’au centre de location où je devais la rendre. Pourquoi fallait-il toujours que des merdes m’arrivent?

Et là, la chance sembla enfin me sourire! Il y avait un garage un peu plus loin! De peine et de misère, je réussis à m’y rendre, me garant devant. J’avais du rouler lentement, méritant pas mal de coups de klaxons derrière, mais je n’y avais pas vraiment porté attention. Que des gens soient en rogne, ça m’indifférait un peu. J’avais bien d’autres chats à fouetter. Je devais faire réparer ça, rendre la voiture, puis rentrer à l’hôtel pour emprunter le portail. Un planning chargé et l’heure avançait. C’était fou ce que le temps était devenu important depuis que j’étais mortel. Je suis devenu une fourmi parmi tant d’autres qui lute pour sa survie… pathétique.

Je poussai la porte, ne voyant personne, j’appelai :

-Bonjour, il y a quelqu’un? J’aurais besoin d’aide pour une crevaison si vous avez un peu de temps. Je crois que c’est réparable.

Je n’y connaissais pas grand-chose en mécanique, mais je me disais que comme le pneu n’était pas fendu, il devait être récupérable. Celui qui voudrait m’en vendre un neuf serait un voleur! Mais bon, avant toute chose, il fallait que quelqu’un me réponde et ait un peu de temps.