Déterminée - Têtue - Tenace (elle voudra aller au bout de ce qu'elle veut faire même si elle doit tomber dans le ridicule) - Charmeuse - Mesquine - Drôle - Colérique - Autoritaire - Passionnée (par la sorcellerie, ça va de soi) - Méticuleuse - Obsessionnelle (parce que courir des années après une pièce de dix centimes ça relève de la pathologie quand même) - Vénale - Rancunière - Arrogante - Moqueuse - Coquette (elle va adorer la mode goth) - Dépensière - Râleuse - Pas loin de la misandrie - Prétentieuse

Dans un monde parallèle où les canards, les chiens et autres animaux anthropomorphes ont le monopole sur les humains, naquit Magica, dans la baie de Naples. Venant d'une famille de sorcières assez puissante, elle fut principalement élevée par sa grand mère, Caraldina De Spell, qu'elle appelait aussi Mamie Balai, et grandit avec son frère, Poe, qui fut malheureusement transformé en corbeau lorsqu'ils furent adultes.
Magica devint rapidement indépendante et solitaire, montant sa petite maison et son commerce à même le flanc du mont Vésuve, car le danger la stimulait visiblement. Elle s'avéra être une sorcière brillante et surtout débrouillarde, allant même jusqu'à fabriquer ses propres objets pour souvent simuler la sorcellerie, comme ses fameuses bombes à plof qu'elle utilisait pour diverses raisons. Beaucoup se moquaient et l'accusaient même de ne pas savoir utiliser la sorcellerie, mais Magica s'en fichait. Ce qui lui importait, c'était... eh bien, c'était l'argent. Elle rêvait de posséder un grand château gothique entouré de corbeaux, tellement riche et puissante qu'elle ferait taire n'importe qui l'importunant (finalement, elle ne s'en fichait peut-être pas tant que ça).

Et puis vint le jour où sa vie bascula. Magica venait d'avoir l'idée au détour d'un livre de sorcellerie de transformer des pièces d'or ayant appartenu à des hommes riches pour en faire des amulettes donnant plus ou moins, selon leur puissance, le pouvoir de transformer les objets en or, à la manière du roi Midas. N'importe qui dans ce monde connaît bien sûr la richesse de Picsou : le canard le plus riche de Canardville et au-delà. C'est naturellement que Magica se rendit dans son bureau en lui expliquant son plan. Hilare et moqueur, ce vieil oiseau lui ricana au nez et lui donna un de ses sous, trouvant son idée ridicule mais très divertissante. Jusqu'à ce que, alors que Magica allait partir de son établissement et retrouver son Vésuve dans lequel elle irait fondre le sou et faire son rituel, Picsou l'arrêta net et reprit le sou. Il avait fait erreur et lui avait donné son sou fétiche : le tout premier sou sur lequel ce vieux Scrooge avait mis ses plumes.
Depuis ce jour, Magica n'eut plus qu'une seule obsession : remettre la main sur ce sou. Le tout premier sou de Picsou était quelque chose qu'elle n'avait pas espéré, mais sa puissance allait être tellement grande que son amulette aurait des pouvoirs inestimés. Il lui fallait ce sou, coûte que coûte.

S'ensuivit une longue course-poursuite entre la sorcière et Picsou qui dura jusqu'à ce qu'elle arrive dans le monde réel. Magica, aidée de son fidèle corbeau Algorab, était prête à tout pour récupérer le sou : tours de passe passe, magie, filtres d'amour, kidnappings, chantage, métamorphose, et sûrement meurtre si elle en avait eu l'occasion. La quête du sou devint une obsession de plus en plus grandissante, et la ténacité de la sorcière croissait de jour en jour. Au moins, grâce à cette folle course contre Picsou, Magica dut user de toutes ses ressources et vit ses pouvoirs grandir à mesure qu'elle perdait chaque combat contre ce vieux canard qu'elle apprit très vite à haïr de toutes ses plumes. Elle apprit de la magie antique dans un temple dédié à Circé elle-même, chaque affrontement était plus dangereux et intense que le précédent, et malgré tout cela, Scrooge s'en sortait toujours avec son sou fétiche bien gardé. Magica ne le supportait plus.

Jusqu'à ce qu'elle se trouve une autre rivale, Mim. Cette vieille bique d'humaine était arrivée de nulle part et lui avait directement cherché des noises de par son statut de sorcière. S'ensuivirent des combats de sortilèges au-dessus du Vésuve, quasi quotidiennement, jusqu'à ce qu'une d'entre elle se blesse et qu'elles se rendent compte qu'elles s'aimaient bien, au fond. Alors elles finirent par se contenter de se rendre visite en s'insultant affectueusement. C'était la belle époque.
Mim l'aidait parfois à essayer de mettre la main sur le sou, en vain. Mais la présence de son amie l'apaisait plus qu'elle ne se rendait compte, et Magica oubliait même de temps en temps la quête de son sou tant convoité, se prenant même à apprécier la vie modeste de deux sorcières en phase avec la nature. Bien sûr, quand la moindre occasion venait à elle, elle n'hésitait pas à repartir en guerre contre Picsou et à trouver divers moyens de s'enrichir pour posséder son fameux château (qu'elle finit par avoir, mais comme vous le pensez, ce n'était pas assez). Mais ce n'était pas pareil, le cœur n'y était plus vraiment.

Jusqu'à ce que Mim disparaisse comme lorsqu'elle est venue. C'était à croire que ces années passées avec la vieille sorcière n'avaient été qu'un mirage. Magica prétendait que cela lui était égal, mais c'est à ce moment là que sa quête pour le sou magique se fit encore plus frénétique et hystérique. Il ne se passait pas un jour sans qu'elle ne pense à mettre la main dessus, sans qu'elle n'élabore un plan pour éliminer Picsou et le transformer en tas de poussière, sans qu'elle n'aille l'asticoter et récupérer son précieux bien. Le sou devint la solution à tous ses problèmes, elle prétendait même pouvoir retransformer son frère en canard, et, même si elle ne l'avoua à personne, elle espérait dur comme fer que le sou lui rendrait Mim d'une manière ou d'une autre.

Puis tout s'arrêta du jour au lendemain. Magica se réveilla dans une dimension tout autre, où même l'air est constitué différemment, et où sa vie se résume à quelques pages de BD et quelques épisodes de dessins animés. Magica n'était même plus un canard. Elle était humaine, elle était en trois dimensions, et elle ne se souvenait pas d'avoir jeté un sort pour que cela arrive. Ses pouvoirs, d'ailleurs, semblaient avoir disparu. Oui, la réalisation fut dure. Mais rapidement, l'idée que Picsou puisse être dans cette étrange dimension (si elle y était, pourquoi pas lui ?) et surtout que son sou fétiche y soit, loin de ce vieux Scrooge pour une fois, germa dans son esprit et lui donna la force d'avancer. Ils allaient tous voir. Elle allait devenir la sorcière la plus riche et puissante de... Londres ?