Moonbin était à sa dernière année d’études et bien qu’il adorait passer du temps à l’école primaire à enseigner aux enfants, il était très difficile d’avoir une vie sociale hors des jours de cours, les jours de stage et l’écriture de son mémoire… Mémoire qui lui sortait tant par les oreilles qu’il avait fini par l’abandonner dans un coin de sa tête jusqu’à ce qu’un autre étudiant de sa classe lui demande s’il était bien avancé. Et là, panique. À dire vrai, Moonbin avait manqué tant de moments pour lui qu’il n’avait même pas pris le temps de se demander si l’idée de son mémoire l’inspirait réellement, mais les choses étaient faites et malheureusement, il était beaucoup trop tard pour aller demander à son professeur de changer d’angle, d’autant plus que celui-ci était du type grognon et peu encourageant envers ses élèves. C’est donc à contre cœur que Moonbin se dirigea vers La plume magique, une bibliothèque qu’il affectionnait particulièrement pour sa tranquillité et pour ses étagères bien remplies… Mais surtout car elle était remplie de souvenirs liés à sa protégée Disney qu’il venait déposer presque tous les jours avant qu’elle ne l’abandonne sans dire où elle allait. Ça lui brisait le cœur de se dire que cet endroit était désormais le seul souvenir qu’il avait d’elle et étrangement, il espérait un jour la croiser dans ces couloirs et lui demander de revenir. Il savait qu’il avait merdé et plus que jamais il avait besoin de se faire pardonner et il s’était promis au plus profond de lui de ne pas refaire les mêmes erreurs avec Michael.
Les jours s’enchaînèrent et le mémoire de l’homme avança beaucoup plus vite qu’il ne l’avait cru. Les pages se remplirent rapidement, comme si ses doigts étaient devenus possédés tant l’endroit était agréable et propice à l’écriture; rien ne pouvait le déconcentrer, sauf peut-être … Il y avait bien cet habitué qui, malgré le fait qu’il était là presque tous les jours, ne s’était jamais assis pour lire ou pour louer un livre et il faut l’avouer, il intriguait énormément le Coréen. Que pouvait-il bien faire ? Moonbin s’était promis de ne pas analyser les gens lorsqu’il n’était pas de service parmi les chasseurs, mais quelque chose clochait chez lui. Peut-être était-il simplement étrange… Mais une chose était sûre : son physique était intéressant pour l’homme qui n’avait pris aucun plaisir depuis quelques semaines dû à son horaire surchargé.
Puis un jour, Moonbin s’arrêta brusquement d’écrire en voyant l’homme réapparaître. Que fabriquait-il ? C’était à le rendre fou, il était même rendu à penser à lui le soir en posant des hypothèses absurdes au lieu de dormir. Il se leva doucement, laissant tout son matériel d’étude sur la table et se dirigea derrière l’étagère parallèle à l’étranger. Les talons de ses bottes claquèrent à peine contre le parquet et de la façon la plus naturelle du monde, Moonbin commença à fouiller dans la bibliothèque comme s’il cherchait un ouvrage en particulier en prenant toutefois le temps de jeter des coups d'œil entre les livres pour observer l’inconnu.
Il était plus grand que lui d’au moins une tête, ce qui ne rendait pas l’espionnage particulièrement facile. Le chasseur se pencha un peu, essayant d’observer ses traits du visage. Même de près, quelque chose se dégageait de lui, mais maintenant à moins d’un mètre de lui, Moonbin pouvait certifier que son attitude était réellement étrange. Il cherchait quelque chose ? Fronçant les sourcils, il commença à le dévisager et sans s’en rendre compte, il commença à être de moins en moins subtile dans son observation. Que pensait-il trouver dans cette bibliothèque pour fouiner comme ça depuis des jours ?
Pourquoi il faut toujours que ce genre de trucs m’arrive ? Une fois, rien qu’une fois, j’aimerais que tout se passe normalement, comme prévu.
Depuis quelques jours maintenant, j’étais sur quelque chose. Quelque chose de gros, ou en tout cas je l’espérais. Je n’ai jamais été un habitué des bibliothèques, c’est une luxe que l’on vous accorde rarement en orphelinat et après… Et bien après, j’ai pris un chemin différent, et assez peu compatible avec ce genre de loisirs. Mais celle-ci était… Différente. Il s’en dégageait quelque chose de particulier. J’étais déjà venu à Londres plus d’une fois et avais déjà été amené à me questionner à son sujet. Je ne sais pas comment l’expliquer vraiment, mais elle m’a intrigué dès la première fois que je l’ai vue. Alors bien sûr, quand j’ai eu vent de cet artefact dont on a perdu la trace dans les parages, ça a tout de suite fait tilt. Il y avait forcément un lien, pas vrai ? Et puis, même si je me trompais, ça serait l’occasion de venir y jeter un œil de plus près, qu’avais-je à y perdre ?
Ça faisait donc plusieurs jours que je venais, prétextant faire des recherches historiques – ce qui, techniquement, est vrai. Il y a définitivement quelque chose. Pas seulement l’ambiance ou le contenu des rayons eux-mêmes mais je sens qu’un truc ne colle pas, que la taille annoncée du bâtiment ne correspond pas à ce que l’on peut voir une fois à l’intérieur. Bien sûr, il pourrait s’agir d’une simple réserve mais je sens qu’il y a plus que ça. Mon instinct de chasseur de trésors – okay, voleur – me souffle qu’il y a ici quelque part une pièce secrète qui n’attend que d’être découverte. Et c’est précisément ce que je cherche en me promenant nonchalamment entre les rayonnages. Je suis seul, ou presque. Il y a ce type assis à une table un peu plus loin, qui m’a l’air étrangement familier. Ce doit être un habitué, je le croise régulièrement. En général, il tape avec frénésie sur son ordinateur – peut-être un écrivain, même moi qui n’ai pas la fibre artistique je ressens l’inspiration du lieu, alors qu’un auteur s’y installe ferait sens – même si ça ne m’arrange pas vraiment, je préférerais éviter les témoins. Mais aujourd’hui, il passe plus de temps à regarder ce qu’il se passe que son écran, et ça, ça me pose un petit problème.
Je ne renonce pas pour autant, pas si facilement, et me dirige vers un recoin un peu éloigné, dans son dos histoire d’étudier le mur d’un peu plus près sans qu’il me voie, des fois qu’un mécanisme secret s’y cache – on peut toujours rêver. Sauf qu’évidemment, le type choisit ce moment précis pour venir chercher un livre dans le rayon suivant. J’étouffe un juron, de toutes les étagères il fallait qu’il ait besoin de celle-ci en particulier, évidemment. La chance et moi ça fait vraiment… Ma pensée se fige en devinant son visage entre deux volumes. Est-ce que c’est moi ou est-ce qu’il… m’observe ? Je n’en étais pas sûr, mais il m’a semblé le voir pencher la tête dans ma direction en retirant un ouvrage. Mon sang ne fait qu’un tour et je comprends immédiatement de quoi il s’agit.
Cette impression de l’avoir déjà-vu, le fait qu’il me suive, m’observe, les pièces du puzzle s’emboîtent il doit en avoir après moi. Un chasseur ? J’ai pourtant pris mes précautions pour que… Jamais ça ne se reproduise. Un peu perturbé, je me contrains à ne pas bouger, fuir ne ferait que l’attirer d’avantage. Alors je me force à reposer le volume devant moi et à en attraper un autre un peu plus loin avant de regagner le centre de la pièce. Sauf qu’une fois sorti de l’allée, je me fige prétextant être plongé dans ma lecture, de façon à lui couper la route pour voir sa réaction. Lorsqu'il n'a plus d'autre choix que de croiser mon chemin, je ferme brusquement mon livre et m'adosse à l'étagère la plus proche, mon sourire charmeur – celui-là même qui m'a sorti de bien des situations complexes – aux lèvres.
« Tu cherches quelque chose ? » je demande avec plus d'assurance que je n'en ai réellement.
« Tu cherches quelque chose ? » avait demandé l’inconnu après lui avoir barré le chemin en s’adossant contre l’étagère. Moonbin fut intimidé au premier abord, réalisant que sa couverture avait été dévoilée, mais une chaleur dans son bas ventre naquit dû à un certain charisme que celui-ci dégageait. Rapidement, l’esprit du coréen analysa la situation à laquelle il faisait face. L’homme en face de lui fouinait dans la bibliothèque pour trouver quelque chose depuis des jours et contre toutes attentes, celui-ci ne semblait pas stressé par sa soudaine apparition ; cela voulait donc dire qu’il était habitué à ce genre de situation. Mais par la même occasion, il était hors de tout doute qu’il se faisait draguer par celui-ci. Que devait-il faire ? « Oui, toi. » Annonca-t-il en déposant le livre qu’il tenait dans l’étagère sans retirer son regard perçant de celui de l’autre homme. Oui, il devait entrer dans son jeu. Conscient de son physique, Moonbin avait toujours su jouer la carte de la drague pour avoir les informations qu’il désirait et cet homme était sans doute le meilleur poisson qu’il ait péché de sa vie. « Ça fait des jours que je t’observe, tu m’obsèdes. » ajouta-t-il d’un ton suave en s’approchant. « Tu passes tes journées ici, je n’arrive plus à me concentrer. » Le visage de l’asiatique était désormais à quelques centimètres de celui de son interlocuteur et il pouvait presque sentir la chaleur de sa peau.
Un sourire naquit sur son visage en entendant le souffle du brun lorsqu’il glissa son visage près de son cou. « Ne viendrais-tu pas ici pour moi par hasard ? » L’idée faisait rire Moonbin. Évidemment que non, mais il voulait voir ce que l’inconnu pourrait inventer pour ne pas dire la vérité. « C’est mon cas… tu m’as … » l’une de ses mains glissa le long du torse de l’étranger et descendit jusqu’à son bas ventre. « Empêché de dormir. Je pense à toi, seul, dans mon lit... Si tu vois ce que je veux dire... » murmura-t-il finalement dans le creux de son oreille. Il était vrai que Moonbin était obsédé par lui et qu’il n’avait pas su trouver le sommeil, mais ce n’était pas du tout pour les raisons auxquelles il faisait allusion.
Désormais les lèvres si proches de son corps, Moonbin réalisa que sa propre respiration avait augmentée et qu’il s’était fait prendre à son propre jeu. Le chasseur n’avait pas l’habitude à l'abstinence et dans ce cas-ci, les semaines s’étaient écoulées si vite qu’il était plus que temps pour lui de posséder à nouveau quelqu’un pour un bref instant. Et ce quelqu’un, ce serait l'inconnu en face de lui.
Je me serais attendu à tout, sauf à ça. Loin d’être gêné comme je l’avais escompté – espéré – l’inconnu ne se démonte pas et repose son livre dans le rayon derrière moi, ses yeux rivés dans les miens dans une attitude provocatrice qui ferait flancher n’importe qui – même moi. Un léger frisson me parcourt lorsqu’il entrouvre les lèvres et que je découvre sa voix pour la première fois. Étonnement suave, sensuelle même, je suis pris au dépourvu et en perds momentanément mes mots – pourtant mon arme de prédilection.
La situation empire encore lorsqu’il choisit de pousser le jeu que j’ai amorcé plus loin encore et d’augmenter la mise. « Ça fait des jours que je t’observe, tu m’obsèdes. », «Tu passes tes journées ici, je n’arrive plus à me concentrer.» j’ignore s’il bluffe ou s’il est sincère, mais ses mots me perturbent. Quelque part en moi, l’idée qu’il dise vrai se fraye un chemin. Pas forcément au sens que sa voix charmeuse semble l’impliquer, mais plus comme le ferait un prédateur devant une proie. Jamais encore je ne m’étais envisagé comme un animal traqué. Oui, j’avais déjà été poursuivi, traqué même à de nombreuses occasions, mais j’avais toujours su garder la main. Ou presque. Il y a une exception au tableau, une seule. Celle qui a laissé cette marque sur mon flanc, et ces cicatrices dans mon esprit. Mais plus perturbant encore, jamais cette sensation d’être poursuivi n’avait été aussi… Grisante. Attrayante. Jamais encore je n’y avais pris plaisir, et aussi perturbant que ce soit pour moi de l’admettre, c’est cette fois bien le cas.
« Ne viendrais-tu pas ici pour moi par hasard ?» La voix de l’inconnu me ramène à la réalité. Que répondre à ça ? Non, évidemment que non, je n’avais pas même la garantie qu’il serait là. Mais lui avouer serait prendre un risque. Si je peux lui faire croire que je suis bien là parce que je le cherche, je peux peut-être le dissuader de ses projets initiaux, ou au moins le distraire temporairement pour essayer de m’en sortir. « Tu viens de me faire oublier ce que je cherchais »j’avoue à demi-mots chuchotés près de son oreille. Ou du moins comptais-je le faire, avant qu’il ne reprenne ses avances, plus ouvertement, en effleurant mon torse du bout des doigts. Je frissonne à nouveau à son contact et laisse involontairement échapper un petit cri de surprise et d’excitation. Je tente de rester maître de moi, de ne pas me laisser prendre à ce jeu aussi galvanisant que dangereux mais la chaleur que je sens naître entre mes reins ne trompe personne, pas même moi. Je tente de me défiler mais remarque que je suis piégé, coincé entre le rayon et son corps que je me surprends maintenant à dévorer des yeux, curieux de le découvrir. Ses lèvres s’approchent dangereusement de moi et la petite voix en moi qui me hurlait il n’y a pas cinq minutes de fuir se fait désespérément silencieuse. Au lieu de tenter de m’esquiver, mon corps se tend dans l’attente du contact de ses lèvres sur lui, et je laisse échapper un nouveau soupir qui laisse peu de place au doute.
« Nous sommes dans une bibliothèque » je murmure tout contre lui avec un sourire un brin provocateur en coin. « N’avais-tu pas des recherches à faire ? » je le charrie, avant d’ajouter, taquin « Le sujet des miennes vient de changer. Je suis tout à toi » je conclus sur des propos ambigus, mon regard empli de désir fiché dans le sien, à peine quelques centimètres plus loin.
Dire que Moonbin n’avait pas ressenti une tension entre eux aurait été un mensonge et il était impossible pour lui de faire machine arrière maintenant qui ressentait un désir pour l’inconnu qui grandissait au fur et à mesure que leur discussion avançait. Le jeune homme approchait son corps de celui du brun, pressant doucement le bas de son corps contre le sien, le serrant de plus en plus contre les livres rangés derrière celui-ci. « Nous sommes dans une bibliothèque. » murmura-t-il finalement d’un sourire que le Coréen imita avant de se mordre la lèvre inférieure pour l’arrêter. « N’avais-tu pas des recherches à faire ? » avait-il continué d’un ton taquin qui aurait pu le faire rire si son désir charnel n’avait pas été aussi présent. « Eh bien … Je pourrais en apprendre un peu plus sur la biologie… » La main du chasseur se glissa lentement le long de la cuisse du Disney, puis vint se déposer sur son postérieur qu’il serra doucement. « Le sujet des miennes vient de changer. Je suis tout à toi. »
Entendant cette invitation, Moonbin ne perdit pas davantage de temps et déposa un baiser sur les lèvres de l’inconnu, puis glissa sa seconde main aux côtés de la première pour attirer son bassin contre le sien. Les baisers se faisaient bruyants tant la passion les animait et la respiration bruyante du plus vieux ne pouvait que trahir son impatience alors son entrejambe en témoignait déjà ; si la bibliothèque se voulait être un endroit silencieux, Moonbin n’avait envie que de faire savoir à tout le monde qu’il était sur le point de passer un bon moment avec ce beau brun.
Même moi je ne savais pas à quoi je jouais, soufflant le chaud et le froid avec cet inconnu. Le jeu était grisant, et j'avais très envie de me laisser aller, sur le plan physique comme intellectuel. Et si je devais être parfaitement honnête, il m'attirait beaucoup. Sans parler que la situation - cachés dans un coin d'une bibliothèque où l'on pourrait nous surprendre - était terriblement excitante. J'ai toujours aimé le danger, mais là la dimension était toute autre, et mon envie aussi. L'inconnu me plaqua un peu plus contre l'étagère, vint coller son bassin au mien, et commença à carresser ma cuisse m'arrachant un frisson de surprise et d'excitation. « Eh bien … Je pourrais en apprendre un peu plus sur la biologie… » Un sourire étitra mes lèvres tandis que je le vis céder aux mêmes pulsions, mais il s'effaça rapidement lorsque sa main se glissa sur mes fesses. Je ne savais pas ce que j'étais en train de faire, mais je n'avais aucune intention d'arrêter.
Nos lèvres se rencontrèrent, nos corps se pressaient l'un contre l'autre avec une fougue que je m'étais rarement connue. Tout en moi – nous ? – n'était que désir et nous avions oublié jusqu'à la raison initiale de notre venue. En tout cas moi je l'avais oubliée, ou plutôt réduit à un point tellement secondaire que l'artéfact n'avait plus la moindre importance à mes yeux. Pas plus que le lieu où nous nous trouvions, théoriquement peu propice à ce genre de choses. Tant pis si nous étions surpris, je n'y accordais plus la moindre importance de toute façon. Seul comptait son corps que je brûlais d'explorer.
Je sentis une tension entre mes reins, qu'il libéra d'une main habile tandis que mon souffle rauque caressait sa peau parfumée. Ses lèvres se posèrent sur mon cou à plusieurs reprises et je sentis ses dents sur ma gorge. « J’ai tellement envie de toi. »Agrippai ses cheveux d'une poigne ferme pour chuchoter à son oreille. « Et qu'est ce qui te reti-ah ! » Ma phrase resta en suspens, interrompue par la main qu'il venait de glisser sur cette zone si sensible. Je n'avais encore jamais fait ça avec un homme, mais le mélange de douceur et de passion qui rythmait ses mouvements avait quelque chose d'hypnotisant, et avant que je ne prenne réellement conscience de ce qu'il se passait, il s'était relevé, me laissant sur ma faim.
Je cherchai son regard et frissonnai presque en le découvrant plus lubrique que jamais tandis qu'il désigna une table libre un peu plus loin. Avec un sourire assuré, j'attrapai les hanches de mon amant et le soulevai pour le porter jusqu'au meuble sur lequel je le couchai un peu plus abruptement que je l'aurais voulu, enivré par les promesses muettes de ces dernières minutes. Je m'arrêtai un instant pour le contempler, vérifier qu'il avait toujours envie de moi et commençai à balader mes mains sur son corps, pour provoquer en lui les mêmes sensations qu'il avait causées en moi. Lorsque je sentis que l'attente lui devenait difficile à supporter, je déboutonnai à mon tour son pantalon et me saisis de lui.
« Où en étions nous ? » je demandai suavement avant de retirer son pantalon.
Les instants suivants ne furent que du plaisir pur. Je m'étais perdu dans les sensations intenses que nous nous procurions mutuellement et pour la première fois depuis bien longtemps je ne parvenais plus à penser à autre chose qu'au moment présent. Plus de question, plus de doutes, plus de craintes, seulement le sentiment d'être vivant. Puis tout à coup, alors que je me laissais totalement aller et m'apprêtais à lâcher prise, un grand bruit retentit près de nous. Je me redressai, soudain sur le qui-vive et me retournai vers lui, tous les sens en alerte.
« Qu'est-ce que.. ? » je marmonnai à voix haute en cherchant des yeux la source du bruit.
Dire que cette situation était nouvelle pour Moonbin serait un mensonge, lui qui ne faisait qu’enchainer les coups d’un soir, femmes et hommes sans aucune discrimination. L’homme en avait besoin pour se sentir vivant, pour pouvoir oublier qu’il n’arriverait jamais à s’attacher à qui que ce soit d’autre qu’à Jungwan malgré toute la volonté qu’il pouvait y mettre. Il avait besoin de vivre le moment présent et sentir les pulsions qu’il ressentait au plus profond de lui… Même si cela signifiait de coucher avec un parfait inconnu dans une bibliothèque. On l’avait soulevé du sol et l’avait amené vers cette table qu’il lui avait désignée et ils se laissèrent emporter par leur excitation mutuelle, oubliant complètement ce qui les entourait. « Où en étions nous ? » Qu’au tout début, avait pensé Moonbin, cherchant désespérément ses lèvres pour lui donner un dernier baiser avant de se mettre à soupirer bruyamment.
***
Ce fut en laissant le Coréen le souffle court et transpirant que l’autre homme se retira, observant autour de lui. « Qu'est-ce que.. ? » N’entendant que sa propre respiration, le chasseur prit un certain temps pour comprendre qu’un son avait attiré l’attention du brun. Cherchant à reprendre son souffle pour l'entendre à son tour, l’homme se redressa sur la table en s’accoudant sur celle-ci et fixa le même endroit que son partenaire. Tendant l’oreille, Moonbin put entendre un bruit sourd et constant qui semblait provenir d’un peu plus loin ; c’était similaire à celui d’un aspirateur, mais plus discret et bien moins strident, ce qui pouvait évidemment éliminer cette supposition. Ce ne pouvait pas non plus être le ventilateur d’un ordinateur en train de surchauffer, pensa Moonbin en se levant finalement de la table pour remettre son pantalon qui gisait au sol.
En d’autres circonstances, Moonbin n’en aurait pas fait un cas et aurait sans doute dit à l’étranger que ce n’était pas important pour avoir le droit à un deuxième tour, mais celui-ci semblait intrigué, voire presque appelé par le son qu’ils entendaient. « Tu veux qu’on aille voir ce que c’est..? » chuchota Moonbin, faisant mine de se souvenir qu’ils étaient dans un lieu d’étude alors que quelques instants plus tôt, il criait presque à gorge déployée, ne se préoccupant pas le moins du monde de déranger qui que ce soit. Question rhétorique. L’asiatique avait déjà remis ses bottes et était sur le point de se diriger vers le long couloir qui semblait déboucher vers les bureaux administratifs. S'y rendant d’un pas léger et accroupi pour ne pas se faire surprendre par un employé, il fut surpris arrivé au déboucher du couloir que rien ni personne ne s’y trouvait, mais que le son était beaucoup plus fort que précédemment. Il se redressa, lui se tourna vers l’autre homme. « Il y a rien ici. »
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