Les tableaux d’affichage du London City Airport annonçaient treize heures vingt lorsque j’arrivai dans la capitale anglaise. L’aéroport était bondé mais, ma petite valise en main, je réussis malgré tout à me frayer un passage parmi la foule. Après d’innombrables « Sorry » et autres « Excuse-me, please », j’atteignis enfin la sortie et pris un taxi jusqu’à l’hôtel que j’avais réservé pour le weekend. La petite chambre ne payait pas de mine, mais ce serait suffisant pour la nuit. Sans prendre le temps de défaire mes bagages, j’embarquais simplement mon sac à main et repartis aussitôt. En passant par le hall d’entrée, l’hôtesse d’accueil me proposa d’un geste les brochures touristiques exposées dans un bac devant elle, mais je refusai poliment. Je n’étais pas ici pour visiter. Si j’avais fait le voyage jusque dans ce pays étranger, c’était pour les affaires.
Récemment, j’avais pris contact avec une certaine Poppy, une jeune anglaise qui semblait s’intéresser fortement aux quelques articles que j’avais rédigés concernant le phénomène Disney. Et pour cause : il semblerait qu’elle aussi avait quelques infos sur le sujet. Je n’ai donc pas hésité longtemps à lui proposer une rencontre. Certes, elle habitait bien loin de chez moi, mais je n’étais pas du genre à faire la fine bouche, encore moins sur ce sujet-là. Les rares personnes qui avaient accepté de discuter de cela avec moi s’étaient toujours montrées très frileuses, comme si elles se méfiaient de ce que je pourrais faire avec toutes ces informations qu’elles me donnaient. Pourtant, je suis toujours transparente sur mon intention : je ne publie jamais rien qui ne soit consenti, et je ne garde tout ce qu’elles pourront me dire que pour continuer à avancer dans mon enquête personnelle. Je sais que quelque chose se trame, je pense que cette peur ne vient pas de nulle part. Se pourrait-il que les personnages Disneys soient réellement menacés ? Il faudra que je creuse de ce côté-là. Mais pour l’heure, j’avais un rendez-vous qui m’attendait.
J’avais proposé de nous retrouver dans un café dans une rue de Londres où le passage n’était pas trop fréquent, pour que l’on puisse discuter tranquillement sans avoir à crier par-dessus le bruit. Il était quatorze heures quarante-cinq lorsque je m’assis à une table. J’avais quinze minutes d’avance, alors je décidai de commander un cappuccino en attendant. Ça me donnait aussi le temps de faire du tri dans mes pensées. Il y avait ce que je savais d’un côté, mes hypothèses de l’autre, et tout un tas de choses que j’ignorais encore. Voyons voir. Ce que je savais : les personnages Disneys (et Pixar, aussi) ont été tirés de leur monde d’origine comme par magie pour atterrir dans le nôtre sous forme humaine, à des dates variables étendues sur plusieurs années et parfois au beau milieu de leur film. Ce que je supposais : la magie existe, et il y a un groupe de gens mal intentionnés à qui ça ne doit pas faire plaisir et qui souhaitent leur faire du mal. Je ne voyais pas d’autre explication à leur méfiance commune. Pour le reste, ce n’était que des zones de flou. Comment sont-ils arrivés là ? Pourquoi ? Etait-ce intentionnel ? Est-ce que je me faisais des films depuis le début ?
J’étais encore en train de me poser ces questions auxquelles je n’avais pas de réponse lorsque je vis une jeune fille correspondant à la description de Poppy entrer dans le café. Je lui fis signe en souriant amicalement et l’invitai à s’assoir en face de moi. En quinze minutes, ma tasse avait eu le temps de se vider, alors je hèle un serveur qui passais juste à ce moment-là et commandai un deuxième capuccino, avec un scone cette fois-ci. Je demandai à Poppy ce qu’elle souhaitait, lui précisant que l’addition était pour moi, puis le serveur repartit avec son bout de papier griffonné. Je saluai Poppy officiellement, en anglais et avec un grand sourire :
« Bonjour, Poppy, ça me fait plaisir qu’on se rencontre en vrai ! Comment vas-tu ? J’espère que le café n’était pas trop loin de chez toi, tu n’as pas mis trop longtemps à venir ? »
J’avais déjà eu beaucoup d’échanges virtuels avec elle, la plupart autour du sujet des Disneys, mais pas seulement. Je crois que même sans nous voir, nous étions devenues amies. Alors, je ne mentais pas dans mes formules de politesse, j’étais réellement heureuse de la voir enfin en chair et en os. Bien sûr, j’étais avant tout ici pour en savoir plus et avancer dans mon enquête, mais c’était toujours plus agréable lorsque cela se faisait en bonne compagnie.
« Alors, est-ce que tu voudrais parler du sujet qui nous intéresse ? Avant tout, est-ce que tu as des questions pour moi, à propos du phénomène Disney ? Je ne garantis pas d’avoir la réponse, mais je peux au moins te promettre que je creuserai autant qu’il faudra pour la trouver. »
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Poppy MacSilwood
Faith, trust and pixie dust
PHOTO D'IDENTITE :
DESSIN ANIME D'ORIGINE : None
ÂGE DU PERSONNAGE : 22 ans
COTE COEUR : Un merveilleux cauchemar
OCCUPATION : Violoncelliste - Elève à la Royal Academy of Music de Londres
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Chrissy Costanza | Gaekey (avatar), Evee (crackship Strampy couleur), Zero (crackship Strampy noir et blanc), Sun (badge Crew), Langston Hughes, The Collected Poems (citation signature)
MON ARRIVÉE : 13/01/2018
MON VOYAGE : 405
POINTS : 234
Dim 8 Jan 2023 - 22:18
Quand le voile se lève
Depuis que Poppy connaissait la vérité pour ses amis Oliver, Rox et Stram, elle s’était donnée pour mission de faire ce qu’elle pouvait pour les aider. Elle s’était mise à enquêter sérieusement sur le sujet, variant les sources, que ça soit dans les bibliothèques, dans les journaux et essentiellement sur internet. C’est ainsi qu’elle était tombée sur les articles d’Alice Le May. La journaliste avait rédigé sur le sujet du phénomène Disney, expliquant que des personnages Disney étaient arrivés dans le monde réel. Le nom de la bretonne était apparu dans des journaux sérieux, dont certains étaient dans le cabinet de sa mère. Curieuse et sachant que ce phénomène était vrai, elle avait pris contact. Après plusieurs échanges virtuels, par le biais d’abord des mails, puis par WhatApps pour gagner en fluidité, Alice lui avait finalement donné rendez-vous dans le quartier de Kensington, dans un café à quinze heures pour une première rencontre réelle. Enchantée Poppy avait accepté. En effet, à travers les échanges d’informations, une amitié était en train de naître.
En entrant dans le café londonien, quelques têtes se tournèrent vers elle. L’écossaise ne passait pas inaperçue, avec ses longs cheveux bruns au dégradé violet clair, sa jupe écossaise et ses bottes noires. Sur son débardeur, un violoncelle y était représenté avec des notes de musique l’entourant. La musicienne, n’avait pas emmené son violoncelle mais avait pris son sac à dos, où différents badges y étaient épinglés, souvenir de son année sabbatique et des Disney qu’elle avait rencontrés. Dedans s’y trouvaient son téléphone portable, des partitions de musique pour son instrument, son portefeuille et surtout un cahier de voyage avec une couverture en cuir faite par son grand-père, où elle y avait consigné tout ce qu’elle savait sur la situation, les Disney qu’elle avait rencontrés, les différents objets et son fonctionnement, les monstres rencontrés et battus, etc. Pour éviter qu’en cas de perte ou de vol, des chasseurs le lisent, elle avait tout consigné en écossais gaélique que son grand-père lui avait appris.
L’écossaise chercha du regard Alice, de ses yeux bruns derrière ses lunettes magiques. Elle lui sourit lorsque celle-ci lui fit signe. En la voyant normalement derrière les verres magiques de ses lunettes de soleil, Poppy apprit qu’Alice n’était pas une Disney mais venait bien de ce monde-ci, tout comme elle. La musicienne s’attabla en face de la journaliste, puis commanda un chocolat chaud et des cookies, après avoir remercié Alice, qui lui eut demandé ce qu’elle voulait, lui indiquant qu’elle prendrait en charge la note. Cette dernière entama la discussion en anglais. Poppy lui répondit dans la même langue de son accent écossais. « Oui, moi aussi ! Ravie de te voir en chair et en os. Je vais bien je te remercie et toi ? Ça va avec le métro. Oui, j’ai plusieurs questions à te poser. Et pareil pour tes questions, j’suis pas sûre d’avoir toutes les réponses non plus. Si tu veux, on fait chacune une question. Du coup, tu m’as jamais dit, mais comment t’es venue à t’intéresser sur le phénomène Disney et comment tu en as entendu parlé ? »
Poppy, bien qu’appréciant Alice, voulait en apprendre davantage sur ses intentions. Etait-elle de son côté ? Connaissait-elle des Disney ? Ou était-elle une chasseuse ? Bien que Poppy commençait de plus en plus à voir Alice comme une amie, elle restait encore une étrangère à qui elle ne pouvait pas encore lui accorder pleinement confiance et balancer ses amis. Elle se devait de les protéger.
Le moins que l’on puisse dire, c’était que Poppy n’était pas le genre de jeune fille qui passait inaperçue. Avec ses cheveux colorés et son style de musicienne, elle devait bien faire tourner quelques têtes un peu partout où elle allait. Dans mon cas, ça m’arrangeait : c’était la première fois que nous nous voyions en vrai, mais avec un physique comme le sien, elle était plutôt facile à reconnaître. Je n’eus aucune hésitation en la voyant entrer dans le café, des demoiselles aux cheveux roses, il n’y en avait pas beaucoup par ici. Je lui fis un signe de loin et elle s’installa à ma table, commanda un chocolat chaud et des cookies (très bon choix) et me salua de même avec son fort accent écossais lorsque je m’adressai à elle. Elle avait l’air enthousiaste et ravie de me rencontrer également, ce qui faisait plaisir à voir. En tant que journaliste curieuse et parfois un peu trop fouineuse, je n’ai pas toujours le droit à un accueil aussi chaleureux. Je souris quand elle annonça avoir plusieurs questions à me poser. Elle était visiblement curieuse et directe, sa franchise me rappelait un peu moi, quand j’ai besoin d’obtenir des réponses. J’hochai la tête, prête à répondre à sa première question. Je n’étais pas venue jusqu’ici pour cacher quoi que ce soit, et même si j’étais encore à un stade où j’ignorais encore beaucoup de choses, j’étais prête à lui déballer tout ce que je savais sur le sujet des Disneys sans retenue. Si j’espérais qu’on puisse s’entraider, la moindre des choses était d’être sincère avec elle comme je souhaitais qu’elle le soit avec moi. Je ne réfléchis donc pas longtemps avant de répondre à sa première question.
« Par hasard, vraiment. À l’époque, je travaillais comme journaliste pour un quotidien parisien, j’allais un peu là où se trouvait l’actualité. J’interrogeais des gens sur pas mal de choses, et parfois, ils me racontaient des trucs intéressants. C’est comme ça que j’ai commencé à entendre parler de personnes qui semblaient venir de films d’animation Disney. C’était difficile à croire au début, tu t’en doutes, mais quand deux, trois, puis quatre personnes vous racontent la même histoire, ça commence à vous mettre la puce à l’oreille. Ça m’a intriguée, alors j’ai fini par faire mes propres recherches de mon côté. Ça m’a valu un licenciement et de passer pour une folle un peu partout, mais ça en valait la peine. Grâce à quelques témoignages ici et là, j’ai réussi à assembler quelques pièces du puzzle et à comprendre que, d’une manière ou d’une autre, aussi étonnant que ce soit, des véritables personnages Disney avaient été tirés de leur film d’origine pour atterrir dans notre monde. »
Je ne pensais même pas à baisser la voix pour énoncer mes théories ; ça faisait bien longtemps qu’on me prenait pour une tarée, alors quelques yeux levés au ciel de plus ou de moins, ça ne me faisait plus vraiment de différence. Celle qui m’intéressait, surtout, c’était Poppy. Je me demandais ce qu’elle savait sur le sujet, si elle y croyait véritablement ou si elle serait de ceux qui venaient pour se moquer. J’espérais que ce soit la première option, je détesterais être venue jusqu’à Londres pour me prendre encore des railleries. Surtout, j’espérais qu’elle puisse compléter mes données. Je ne savais pas encore ce qu’elle savait, mais peut-être qu’à deux, on pouvait s’échanger des informations sur le sujet. D’ailleurs, puisqu’elle avait proposé qu’on se pose nos questions tour à tour, c’était à moi de l’interroger. J’avais réellement envie de la bombarder de questions, mais j’allais devoir être patiente et respecter les règles du jeu. Tant que je pouvais obtenir les réponses que je voulais à la fin, ça m’allait bien comme ça.
« Je vais manquer un peu d’originalité, mais j’aimerais te retourner la question. Tu m’as trouvée grâce à des articles sur le phénomène Disney que j’avais postés en ligne. Est-ce que tu es tombée dessus complètement par hasard, ou est-ce que tu venais en connaissance de cause, parce que tu en avais déjà entendu parler avant ? Si oui, comment ? »
Je trouvais que c’était un bon endroit pour commencer. Si elle était venue par hasard, par simple curiosité, je n’étais pas sûre qu’elle puisse beaucoup m’aider, à moins qu’elle ait réussi à trouver des réponses ailleurs par la suite. Mais si elle connaissait déjà le phénomène Disney avant de me trouver, il y avait des chances pour que cet échange soit réellement intéressant. Dans tous les cas, j’étais toute ouïe, impatiente de découvrir ce qu’elle avait à me dire.
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Poppy MacSilwood
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ÂGE DU PERSONNAGE : 22 ans
COTE COEUR : Un merveilleux cauchemar
OCCUPATION : Violoncelliste - Elève à la Royal Academy of Music de Londres
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Chrissy Costanza | Gaekey (avatar), Evee (crackship Strampy couleur), Zero (crackship Strampy noir et blanc), Sun (badge Crew), Langston Hughes, The Collected Poems (citation signature)
MON ARRIVÉE : 13/01/2018
MON VOYAGE : 405
POINTS : 234
Mar 21 Fév 2023 - 23:27
Quand le voile se lève
Sur le chemin de l’honnêteté, Alice ouvrit la marche en répondant à la première question de Poppy. Cette dernière l’écouta et au fur et à mesure que la Alice Roy française développait sur son entrée dans la folle épopée des Disney dans le monde réel, le visage enjouée de Poppy se faisait plus soucieux. Elle détacha son regard d’Alice, qui continuait d’expliquer la situation, pour sonder le café de ses yeux bruns. Les gens ne semblaient pas prêter attention à elles. La musicienne ne remarqua personne qui eu soudain été intéressé de leur conversation ou qui semblait suspect. Elle ne repéra qu’une tête connue, le pharmacien d’en-bas de chez elle. Soit il n’y avait pas de chasseurs autour d’eux, soit ceux présents cachaient bien leur jeu.
N’ayant rien vu de particulier, Poppy reporta son attention sur la journaliste, qui acheva ses explications. L’écossaise se rapprocha de la française et baissa la voix par rapport à celle d’Alice. « C’est fantastique ton enthousiasme, Alice, vraiment, que tu sois convaincue que ça soit vrai et que tu te fiches qu’on t’entende et qu’on te prenne pour une folle, c’est cool, mais tu ne devrais pas. C’est dangereux. Il y a des personnes dangereuses qui chasseraient bien ce genre d’info. Oui, je sais, c’est étonnant comme tu dis que ça soit vrai, et peu de gens y croirait, mais ça peut être dangereux d’en parler et de le crier, s’il y a des personnes qui sont au courant que c’est vrai. Ça peut finir en chasse aux sorcières et pas spécialement pour nous. » Poppy mentionna ainsi les chasseurs d’une façon très détournée, ne voulant pas encore trop se mouiller par rapport à ses amis, ni ne donner aucune information à Alice. C’était la balance qu’elle avait trouvée.
« Est-ce que tu es tombée dessus complètement par hasard, ou est-ce que tu venais en connaissance de cause, parce que tu en avais déjà entendu parler avant ? Si oui, comment ? -Les deux. C’est par hasard que j’suis tombée sur tes articles, mais ce n’est pas par hasard qu’ils sont tombés dans ma liste de recherche. C’était quand je faisais des recherches sur le sujet, car oui j’en avais entendu parlé avant. » Poppy ne développa pas davantage. Elle commençait à se dire que ce n’était pas une bonne idée d’avoir accepté ce rendez-vous dans un café. A priori rien de bien étonnant pour une première rencontre, mais maintenant que Poppy sentait qu’Alice savait des choses, qu’elle faisait des recherches et qu’ensemble elles risqueraient de partager des informations intéressantes, autrement dit compromettantes pour des oreilles indiscrètes, elle songeait qu’un lieu avec moins de monde, ou du moins, un lieu plus propice aux confidences discrètes aurait été plus avisé. Elle y réfléchit quand leur commande arriva. « Et le cookie pour Mademoiselle. » Poppy remercia le serveur pour sa commande, puis commença à boire une gorgée de son chocolat chaud. Elle se rapprocha alors d’Alice. « Ça te dit, on finit nos boissons, et si on a pas fini nos gâteaux, on les emmène ? On est pas loin d’Hyde Park, c’est pas à six cents mille an d’ici, ça te dit d’y aller ? On y sera plus tranquilles. » Poppy lui sourit et essaya de changer de sujet, le temps qu’elles finissent leur collation. « Sinon, ça fait longtemps que t’es à Paris ? »
Poppy n’avait pas l’air aussi sereine que moi d’aborder ce genre de sujet à voix haute, et sa paranoïa apparente m’alarma. Avait-elle peur que quelqu’un ici puisse nous écouter avec de mauvaises intentions en tête ? Je n’avais pas pour habitude de me cacher lorsque je parlais du phénomène Disney, même si je passais pour une folle la plupart du temps, c’était bien des choses qui m’étaient égales. Ce que l’on pouvait penser de moi avait arrêté de m’atteindre depuis bien longtemps déjà, la seule chose qui m’importait réellement était d’avoir des réponses. Mais ce n’était pas la peur de passer pour une illuminée qui semblait agiter Poppy, comme elle finit par m’avouer après mon discours. Elle me prévint que discuter de cela à voix haute était dangereux et que je devrais faire attention si je voulais éviter que notre après-midi tranquille ne se transforme en une chasse aux sorcières. Je plissai les yeux, intriguée. Son ton soucieux ne faisait que confirmer les doutes que j’avais déjà. Les personnages Disneys arrivés dans notre monde n’étaient pas en sécurité, nulle part. Ni à Paris, ni ici, à Londres. Pour quelle raison ? Qui étaient ces gens, qui les traquaient ? Que leur voulaient-ils ? J’avais tant de questions à poser, tant de mystères que je n’avais pas encore réussi à résoudre, mais je me souvins du marché que j’avais fait avec Poppy quelques minutes plus tôt. Une question chacune, pas plus. Alors je pris mon mal en patience et lui demandai plutôt ce qui l’avait amenée à trouver mes articles et à me contacter.
L’explication de la jeune fille souleva plus de questions qu’elle n’apportait de réponses. Elle me dit avoir entendu parler du sujet avant, mais comment ? J’en tirais un sourire malgré tout. Si elle était venue sur mes articles en connaissance de cause, ça voulait bien dire que je n’étais pas complètement folle et que j’avais raison à propos de ce phénomène Disney. Impossible que Poppy ait pu entendre parler de personnages apparus dans notre monde avant de lire mes notes si ce n’était qu’un simple délire de ma part. C’était un véritable soulagement, je devais avouer. Et un bon gros majeur levé en direction de tous ceux qui ne m’avaient jamais crue et qui m’avaient ri au nez, spécialement mon ancien employeur. J’admets, j’avais un peu hâte de voir l’expression sur son visage le jour où il réaliserait que je ne m’étais pas trompée, finalement. Mais je n’avais pas vraiment envie de penser à lui maintenant, alors je reportais mon attention sur Poppy, qui buvait déjà une gorgée de son chocolat chaud fraîchement arrivé sur la table. Elle finit par se pencher vers moi pour me proposer de nous rendre à Hyde Park, près d’ici, afin d’y être plus tranquilles. Je hochais la tête, peut-être que cela lui permettrait de se détendre un peu et d’accepter de répondre plus ouvertement à mes interrogations. Je terminais mon scone et mon cappuccino tandis qu’elle me posais sa question, beaucoup plus banale, celle-ci. Je répondis après un rapide calcul mental :
« Presque huit ans, maintenant. J’y suis venue pour entrer en école de journalisme et j’y suis restée. Avant ça, j’habitais chez mes parents, en Bretagne, mais je n’ai plus vraiment l’occasion d’y retourner. Et toi, tu ne viens pas de Londres, si je ne me trompe pas ? »
Difficile de s’y méprendre, pour être honnête, son accent écossais était plutôt prononcé. Mais il fallait dire que je ne connaissais pas grand-chose d’autre à son sujet et que ça m’intéressait de comprendre qui était cette jeune personne qui semblait en savoir tant sur les Disneys. Suivant sa suggestion, j’attendis qu’elle termine sa tasse puis me levai et revêtit mon manteau pour aller payer au comptoir. Je réglai la note puis invita Poppy à quitter le café ensemble pour qu’elle nous guide jusqu’à Hyde Park. Ce n’était pas si mal, comme plan, ça me permettait au moins de visiter un peu un coin de la capitale. Je n’étais pas vraiment là pour faire du tourisme, mais rien ne m’empêchait de regarder le paysage pendant que je menais l’enquête. Une fois arrivées dans un endroit un peu tranquille, et après m’être assurée que personne de louche ne rôdait autour de nous, je finis par m’exprimer d’une voix plus modérée :
« Je suis désolée si je t’ai inquiétée tout à l’heure, à parler de ça à voix haute en plein milieu du café. Je n’avais pas conscience qu’on puisse nous écouter réellement. Je dois avouer que tu n’es pas la première personne à me faire comprendre qu’il existe des personnes malveillantes qui veulent s’en prendre aux Disneys. Ce que je ne comprends pas, c’est qui ils sont. Qu’est-ce qu’ils cherchent ? Est-ce qu’il y a réellement un groupe, une organisation, dont le seul but est de traquer les personnages de films ? Est-ce que tu sais quelque chose à ce sujet ? »
D’accord, ça faisait beaucoup de questions d’un coup, mais j’avais vraiment besoin de réponses. L’idée qu’un groupe entier de personnes puissent être au courant de l’existence des Disney me paraissait déjà incroyable en soi, mais qu’ils soient tous unis pour les capturer ? Cela me semblait impensable. Quel était leur but ? Surtout, qu’advenait-il des personnages qui se faisaient attrapés ? J’avais bien peur de la réponse à cette question, mais j’avais surtout besoin que Poppy m’éclaire sur ce sujet, si je voulais enquêter moi-même par la suite. Peu importait qui étaient ces gens, ils étaient des criminels, et c’était mon devoir en tant que journaliste de trouver de quoi les exposer et de les faire paraître en justice. J’étais prête à creuser aussi loin que je pourrais pour faire éclater la vérité au grand jour.
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Poppy MacSilwood
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MON ARRIVÉE : 13/01/2018
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POINTS : 234
Mer 5 Juil 2023 - 20:58
Toutes ces choses que l'on ignore encore
Son cookie englouti et son chocolat chaud avalé, Poppy fut soulagée de pouvoir quitter le café. En voyant l’absence de peur et la légèreté avec laquelle Alice évoquait le sujet qui les avait réunies, l’écossaise songea que ce n’était pas le lieu idéal pour lui avouer la vérité, du moins une partie de la vérité. Elle était ravie de pouvoir enfin discuter de vive voix avec la française, mais parler autour de potentielles oreilles indiscrètes la mettait mal à l’aise. Elle ne pouvait pas avouer sans détour, car si des chasseurs étaient bels et bien présents, elle éveillerait les soupçons et pourrait faire d’elles des cibles. Si des chasseurs les entendaient, ça voudrait dire qu’elle leur donnerait de précieuses informations sur ses amis, et il était hors de question pour Poppy de les trahir, même par négligence.
Après avoir coupé court à la discussion de fond, c’est-à-dire l’arrivée des Disney dans ce monde-ci, Poppy s’intéressa à Alice. Les deux jeunes femmes se connaissaient sans vraiment se connaître et la musicienne tenait à en apprendre davantage sur cette journaliste, dont elle sentait qu’une belle amitié pouvait naître. Poppy l’interrogea sur ce qui lui sembla le sujet le plus logique : sa venue dans la ville Lumière. Elle savait qu’Alice n’était pas parisienne, mais qu’elle était française. D’ailleurs, Poppy se mit à parler dans la langue de Molière. C’était une petite protection, puisqu’elle se dit que les chasseurs, bien qu’ils viennent de partout, ne devaient pas tous être bilingues, et comme elles étaient en Angleterre, les chances qu’ils comprennent le français étaient plus faibles que l’anglais. « Nan, je viens d’Ecosse. J’y suis née et j’ai grandi dans la ferme de mes grands-parents. J’ai grandi avec eux, avant qu’on déménage avec ma mère à Londres. J’avais huit ans. Je connais bien Londres du coup, mais ouais, je viens pas de Londres, à la base. »
Arrivées à Hyde Park, les deux femmes trouvèrent un coin tranquille et s’y installèrent. Poppy vit qu’Alice se montra plus précautionneuse, ce qui la fit monter dans son estime. La journaliste s’excusa de son manque de prudence et lui expliqua que parler à voix haute ne lui avait pas paru dangereux, puisqu’elle ignorait qu’elles pouvaient être écoutées. La musicienne songea qu’il était en effet temps qu’elle sache pour les chasseurs, si la journalise voulait enquêter. Cette dernière mentionna alors que certaines personnes les lui avaient déjà mentionnés. « Ah ouais ? C’était qui les autres personnes ? Ils t’ont dit quoi sur le sujet ? » Poppy se demanda si Alice trahirait ses sources ou non. D’un autre côté, peut-être qu’elle les connaissait. Le monde était vaste, mais Poppy avait rapidement pris conscience que lorsqu’il s’agissait des Disney, le monde semblait si petit, comme si tous ceux liés de près ou de loin aux Disney se connaissaient. L’écossaise vint à se demander si elle connaissait des chasseurs sans le savoir. Après tout, elle avait longtemps côtoyé des Disney sans le savoir. Elle espérait qu’Alice n’en soit pas une, mais elle en doutait. Elle semblait sincère et les chasseurs n’étaient pas malins au point de faire de faux sites de journaliste sur le sujet. Poppy décida de prendre le risque de croire la française et de lui faire confiance. « Je ne sais pas exactement qui ils sont, mais ils ont l’air organisé, en tout cas ils ont l’air de répondre à quelqu’un. Ce sont des chasseurs, qui traquent et capturent les Disney pour les emmener à quelqu’un. Je ne sais pas ce qu’ils cherchent là-dedans, car bon qu’est-ce que ça peut leur foutre que les Disney soit dans notre monde ou pas ? J’sais pas ce que c’est leurs motivations, mais ils sont dangereux. Tu n’as jamais été inquiétée pendant tes recherches ? Je suis la première à avoir pris contact avec toi suite à tes articles, ou il y en a eu d’autres ? » Poppy espérait avoir informé suffisamment la journaliste pour l’aiguiller dans ses futures enquêtes, sans trop lui en dire. Elle en profita pour s’informer si d’autres personnes avaient pris contact avec elle, car Alice était la première humaine dans le même cas qu’elle. Poppy évoluait davantage avec des Disney que des personnes de son monde et elle était ravie de trouver une de ses paires, qui pourrait l’aider à faire la lumière sur la situation.
J’admets, je ne m’étais vraiment pas attendue à entendre Poppy répondre dans un français impeccable. Le changement de langue me perturba tant que j’en oubliais presque d’écouter sa réponse, mais je retins tout de même ce dont je me doutais déjà : elle venait d’Ecosse, où elle avait grandi dans la ferme de ses grands-parents, avant de venir à Londres avec sa mère. Ce n’était pas un parcours commun, mais je ne voulais pas m’étendre davantage sur les questions personnelles, même si j’appréciais beaucoup la jeune fille et que j’étais contente de pouvoir apprendre à la connaître un peu mieux, il restait des sujets qui ne me regardaient pas. Je décidais plutôt de montrer mon impression face à sa maîtrise de la langue de Molière :
« Je ne me doutais pas que tu parlais aussi bien français. Tu l’as appris à l’école ? »
Je n’imaginais pas que ce soit ses grands-parents dans leur ferme en Ecosse qui lui aient appris la langue, mais peut-être me basais-je un peu trop facilement sur certains stéréotypes. Dans tous les cas, ça n’avait pas tant d’importance. Une fois dehors, à l’abri des oreilles indiscrètes, je pus enfin poser les questions qui m’intéressaient vraiment et me permettre d’en savoir un peu plus sur ce groupe de malfaiteurs qui s’étaient donné comme objectif de capturer et torturer des personnages Disney, qui qu’ils soient. De par sa réaction tout à l’heure, j’avais bien l’impression que Poppy pourrait être en mesure de me donner les réponses que j’attendais. Mais celle-ci semblait plus intéressée par mes autres sources que par mes interrogations sur les chasseurs, car elle releva en priorité ma remarque sur le fait qu’elle n’était pas la première personne à qui je parlais qui les avait déjà mentionnés. J’eus un petit sourire, je me voyais un peu en elle, quelque part, à poser des questions avant d’apporter des réponses ; elle était bien curieuse, mais d’après moi, c’était plus une qualité qu’un défaut.
« La plupart ne m’ont pas dit grand-chose, pour être honnête. Ils étaient surtout méfiants et avaient du mal à me faire confiance, ce qui m’a conforté dans le fait qu’il existe des personnes qui leur souhaitent du mal ; à eux, ou aux personnages qu’ils connaissent et qu’ils veulent protéger. J’ai compris qu’ils étaient traqués par une organisation d’individus criminels, mais jusque-là, personne n’a souhaité s’étendre davantage sur le sujet pour répondre à mes interrogations. »
Je pris délibérément le parti de ne pas évoquer de noms, toutes mes sources ayant souhaité que je ne divulgue rien à leur sujet, ce n’était pas parce que je pensais pouvoir faire confiance à Poppy que j’allais pour autant lui révéler leurs identités. Parmi eux, il y avait principalement des personnes de notre monde qui avaient dans leur entourage au moins un personnage issus des mondes Disney, mais il y avait aussi Flynn Rider, que j’avais rencontré quelques mois plus tôt, sur le bateau dont il était Capitaine. Je n’oublierais jamais sa méfiance initiale à mon égard, et j’avais fait tant d’efforts pour tenter de gagner sa confiance, je n’avais certainement pas l’intention de la trahir maintenant.
Malheureusement, Poppy n’avait pas l’air d’en savoir beaucoup plus que moi sur ces chasseurs. Elle me dit cependant qu’elle pensait qu’ils répondaient à quelqu’un, à qui ils apportaient des personnages Disney qu’ils capturaient, ce qui approuvait ma théorie d’une véritable organisation. Pour elle aussi, leur objectif était très obscur. Qu’est-ce qu’ils cherchaient ? Des réponses, sûrement, une manière de comprendre comment ils étaient arrivés parmi nous, peut-être même une façon de les renvoyer d’où ils venaient, qui sait ? Mais cela ne justifiait absolument rien, si j’étais moi-même capable d’aller au bout du monde pour chercher des réponses à mes interrogations, jamais je ne voudrais les obtenir aux dépens de la vie de quelqu’un d’autre. J’enrageais en me disant qu’ils étaient tout de même assez nombreux à penser ainsi pour être aussi organisés, je ne comprenais pas que personne ne fasse rien pour les arrêter ; cela dit, même en allant les dénoncer à la police, on nous prendrait sûrement pour des fous. Il était hors de question cependant que je reste les bras croisés face à de telles injustices. Je n’en savais encore que trop peu pour pouvoir faire quoi que ce soit, pour le moment, mais j’avais bien l’intention de persévérer dans cette direction et d’en apprendre assez sur eux pour constituer un vrai dossier contre leur groupe de malades. Une fois que j’aurais cela, je pourrais aviser de la suite. Je hochai la tête pour montrer à Poppy que je partageais son point de vue, puis répondis à ses nouvelles questions :
« Inquiète, non, pas vraiment. J’ai conscience que ça peut être dangereux de creuser là où il ne faut pas, mais ce sont les risques du métier, c’est pour ce genre de choses que j’ai signé, au départ. Mais je n’ai encore jamais eu affaire à ces chasseurs, pour le moment. J’ai déjà eu des commentaires écrits sur certains de mes articles, mais tu es la première que je rencontre en vrai. Merci de prendre le temps de répondre à mes questions, d’ailleurs. Ça m’aide beaucoup. Plus j’aurais d’informations sur ces criminels, plus j’aurais de quoi aider à protéger les personnages Disney. »
Comme elle le faisait déjà, j’en étais persuadée. Elle m’avait dit connaître le phénomène avant de lire mes articles, elle avait peur d’être écoutée par les mauvaises personnes, elle s’était réellement énervée en se demandant ce qui pouvait bien motiver les chasseurs à traquer les Disney. Je ne pensais pas qu’elle soit elle-même un personnage de conte ; mais qu’elle en ait dans son entourage, sous sa protection, c’était fort possible. Encore une fois, ce ne serait pas la première que je rencontrais. Il était temps que je confirme cette théorie.
« En parlant de les protéger, tu en connais, toi aussi, je me trompe ? Des personnages tout droit sortis de films d’animation ? »
code by exordium.
Poppy MacSilwood
Faith, trust and pixie dust
PHOTO D'IDENTITE :
DESSIN ANIME D'ORIGINE : None
ÂGE DU PERSONNAGE : 22 ans
COTE COEUR : Un merveilleux cauchemar
OCCUPATION : Violoncelliste - Elève à la Royal Academy of Music de Londres
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Chrissy Costanza | Gaekey (avatar), Evee (crackship Strampy couleur), Zero (crackship Strampy noir et blanc), Sun (badge Crew), Langston Hughes, The Collected Poems (citation signature)
MON ARRIVÉE : 13/01/2018
MON VOYAGE : 405
POINTS : 234
Sam 6 Jan 2024 - 1:49
Toutes ces choses que l'on ignore encore
Etant passée de l’anglais au français, pour espérer gagner en sécurité dans un lieu où le français n’était pas la langue dominante, Poppy ne fut pas surprise qu’Alice s’interroge de la raison de son aisance dans la langue de Molière. « Non pas vraiment, par mon beau-père. »
Une fois les deux arrivées à Hyde Park et installées dans un coin tranquille, loin de potentielles oreilles indiscrètes, l’enquêtrice en herbe posa des questions à la journaliste, quant à ses sources et ce qu’elles lui avaient révélé. Poppy ne fut pas surprise de la réponse d’Alice. D’après elle, ses sources étaient méfiantes et ne semblaient pas enclin à se livrer trop facilement. Poppy se demanda si ses sources étaient des personnages Disney, si elle les connaissait ou si c’était de simples humains qui cherchaient à en savoir davantage, ou pire des chasseurs qui se faisaient passer pour des humains aux bonnes intentions. Peut-être que c’était simplement des gens qui ne voulaient pas être pris pour des fous. Poppy savait que vue de l’extérieur, ça faisait vraiment théorie du complot pour enfant. Il ne manquerait plus que de proclamer que les licornes et les centaures étaient réels, pour compléter le tableau. Du moins, ils l’étaient d’une certaine façon, puisque certains personnages de Disney étaient des licornes ou des centaures et ils étaient bien réels. Ils devenaient humains en arrivant dans le monde réel. Poppy se garda de partager cette pensée ou d’évoquer le film Fantasia.
Ce fut ensuite au tour de la musicienne de répondre aux questions de la journaliste. Chacune posait à son tour des questions et obtenait des réponses, plus ou moins floues, plus ou moins complètes. Elles semblaient se faire confiance, mais la prudence restait de mise. De plus, elles n’avaient pas encore toutes les clefs, même ensemble. Poppy en possédait davantage qu’Alice, puisqu’elle avait rencontré Timon. Ancien personnage du Roi lion, l’ancien suricate était devenu un gardien des trois portails et lui avait expliqué la situation. C’est ainsi que Poppy avait pu apprendre l’existence de Narissa, des portails, des objets et enfin comprendre le réel fonctionnement de sa boussole et de ses lunettes de soleil. L’écossaise sentait que c’était trop tôt pour le notifier à Alice. De plus, la discussion s’était orientée sur les chasseurs et la protection des Disney. Et en matière de protection, Poppy tenait à endosser correctement son nouveau rôle. Elle était, avec Wendy depuis quelques semaines, devenue une des gardiennes de portail. Elle veillait sur celui de Londres.
Poppy s’enquit de savoir si durant ses recherches, de potentiels chasseurs avaient pu venir déranger Alice ou entrer en contact avec elle. La réponse de la journaliste décrocha le respect de Poppy. Il semblait que non et Alice ne semblait pas en avoir peur. Elle était une vraie journaliste, du moins, son attitude et son discours semblaient le prouver. Elle semblait intègre et prête à assumer les risques de son métier. Poppy fut surprise d’être la première à prendre contact avec Alice, mais ravie. Au moins, elle avait pu l’informer et la mettre en garde sur les chasseurs, pour les prochaines recherches ou rencontres de la journaliste. Elle s’attira d’ailleurs les remerciements pour son temps et ses réponses, qui permettaient d’éclaircir certains points pour la journaliste. Poppy lui sourit simplement pour toute réponse.
Alice posa alors une question qui troubla Poppy. La journaliste avait commencé à gagner la confiance de Poppy, mais elle commençait à douter. Alice voulait savoir si la gardienne de Londres connaissait des Disney. Si Alice tenait à protéger ses sources, pourquoi voulait-elle que Poppy révèle les siennes, qu’elle lui dise si elle en connaissait elle aussi ? Est-ce réellement un travail journalistique ou est-ce qu’Alice ne serait-elle pas une chasseuse ? Sous couvert de bonnes intentions, ne l’avait-elle pas travaillé pour gagner sa confiance afin d’obtenir des noms ? Elle venait de dire que les chasseurs étaient des criminels. Etait-ce un appât ? Elle brossait Poppy dans le sens du poil ? Cette dernière hésita à répondre honnêtement à la question. La réponse était évidemment oui. Poppy en connaissait plusieurs, même en dehors de son cercle proche, qui en était exclusivement constitué, puisqu’elle en était la seule humaine de ce monde. Poppy hésita et dévisagea Alice. Ses mains rencontrèrent ses lunettes, posées sur l’herbe, tandis qu’elle se redressait. Si seulement ses lunettes pouvaient voir les chasseurs et pas seulement les personnages de Disney. Poppy savait que ça n’existait pas, puisque les objets étaient magiques par Narissa et elle n’avait pas d’intérêt à des objets qui reconnaissent les chasseurs, puisqu’elle les connaissait, elle. A la différence de Poppy, qui commençait à en voir partout. Le visage angélique d’Alice lui semblait sincère, alors pourquoi douter ? Après avoir réfléchi à la question quelques secondes, Poppy décida de jouer la sécurité, étant soudainement dans le flou quant à la possibilité de faire totalement confiance à Alice. « Possible, mais comme toi, je ne révélerais pas mes sources. »
Les deux femmes continuèrent à se poser des questions pendant les deux heures qui suivirent. Deux heures qui suffirent à faire lever le doute de Poppy. Alice semblait bien être une femme du monde réel, une femme droite et intègre, pas une chasseuse. Elle était simplement une humaine en quête de réponses, dans une situation dont elle avait appris l’existence et dont elle cherchait le maximum d’informations pour la comprendre et protéger les protagonistes. Poppy savait que le chemin qu’avait choisi d’emprunter Alice serait long et compliqué. Après tout, les propres amis de Poppy ne lui avaient pas tout de suite avoué qui ils étaient. Il avait fallu du temps. Et le temps, Poppy espérait qu’elle en aurait assez pour à la fois apprendre à mieux connaître Alice et lui faire confiance, et pouvoir partager entièrement leurs connaissances avant qu’il ne soit trop tard pour ses amis.
Gagner la confiance de Poppy ne semblait pas être si simple, mais je sentais qu’elle se détendait un peu à mon égard au fur et à mesure de notre discussion, ce qui rendait notre partage d’informations un peu plus facile. J’avais beaucoup de questions à lui poser, et elle semblait avoir quelques réponses à m’apporter en retour, mais surtout je voulais être la plus sincère possible avec elle pour qu’elle comprenne que je n’avais rien à cacher. Je n’étais pas offensée qu’elle puisse penser que je faisais partie de ce groupe de fous furieux qui traquaient et enlevaient des personnes sous prétexte que ceux-ci n’étaient pas de notre monde ; après tout, n’importe quel visage pouvait dissimuler un criminel et elle n’était pas la première à se méfier de moi, ce n’était que compréhensible de sa part. Mais j’espérais que notre échange puisse la convaincre que je n’avais pas de mauvaises intentions. Au contraire, plus j’avançais dans mes recherches, plus je compatissais pour ces personnages de contes qui n’avaient rien demandé, et plus je voulais les aider. Mais pour cela, j’avais besoin de beaucoup plus d’informations sur ces chasseurs, si je voulais me donner une chance de les neutraliser. Ce qui signifiait que j’avais besoin de Poppy, et de tout ce qu’elle pouvait me dire sur eux.
Bien sûr, mon honnêteté avait ses limites et je ne souhaitais pas citer les noms de ceux qui m’avaient donné des informations avant elle. Ce n’était pas par manque de confiance en elle, je pensais réellement qu’elle était sincère avec moi et que tout ce qu’elle m’avait dit jusque là était la vérité, mais mes sources avaient toutes souhaité rester anonymes et je ne pouvais pas les trahir en les mentionnant à n’importe qui. Heureusement, Poppy sembla le comprendre sans problème car elle n’insista pas plus là-dessus. En revanche, elle se raidit de nouveau lorsque je lui demandais si elle connaissait elle-même des personnages Disney et l’espace d’un instant, j’eus peur de l’avoir froissée. Elle me répondit finalement de manière évasive en ajoutant qu’elle non plus ne révèlerait pas ses sources. J’eus un petit sourire de sympathie. Elle m’avait mal comprise, mais quelque part, ça répondait un peu à ma question.
« Relax, Poppy. Je ne te demande pas de noms. Je voulais simplement savoir où toi, tu te situais dans toute cette histoire. »
Ce n’était qu’une question de curiosité, pour en savoir un peu plus sur elle. Il y avait une raison pour laquelle elle s’intéressait à mes articles, une raison qui expliquait pourquoi elle en savait autant sur le sujet. Mais même si j’aurais bien aimé en connaître davantage, je n’insisterais pas. Elle me le dirait quand elle serait prête à le dire. Tout ce que je pouvais déduire de nos échanges, c’était qu’elle avait déjà croisé des personnages d’une façon ou d’une autre et qu’elle s’était assez liée d’amitié avec eux pour vouloir les protéger. Je respectais parfaitement cela. Moi-même, je n’avais pas de proches dans cette situation - je n’avais pas vraiment de proches tout court, pour être honnête - mais je trouvais révoltant l’idée que l’on puisse s’en prendre à des personnages de films qui avaient bercé mon enfance. Alors, tout comme Poppy, je voulais qu’ils s’en sortent. Mais plus que ça : je voulais coincer ces foutus chasseurs et faire en sorte qu’ils arrêtent définitivement leur activité. Qu’ils soient tous mis derrière les barreaux, une bonne fois pour toutes, pour que tous ceux qui venaient d’un autre monde puissent enfin se sentir en sécurité.
Nous passâmes l’après-midi à échanger dans le parc. Je sentais que Poppy voulait me faire confiance, mais je ne la blâmais pas de souhaiter prendre son temps. Par moments, c’était comme si elle retenait certaines informations parce qu’elle n’était pas sûre de pouvoir me les dire, mais dans ces cas-là, je n’insistais pas. Un jour viendrait peut-être où elle se sentirait assez en confiance pour tout me révéler et quand ce serait le cas, elle saurait où me joindre. Après quelques heures, je la remerciai finalement pour son temps et lui souhaita une bonne soirée. Il était temps pour moi de rentrer à mon hôtel et je ne voulais pas lui prendre plus de son temps. Elle n’avait sûrement pas prévu de passer toute sa soirée à répondre aux questions d’une journaliste un peu trop curieuse. Je lui souhaitais de prendre soin d’elle et de ne pas hésiter à me contacter quand elle le voudrait, puis je pris congé, la tête pleine de nouvelles informations à ajouter à mon dossier, dès que je serais dans ma chambre. Mes recherches avaient beaucoup avancé, grâce à Poppy - mais je sentais que j’étais encore loin de lever le voile sur toute cette histoire. J’avais encore beaucoup de choses à découvrir, mais je ne désespérais pas. Un jour viendrait où j’obtiendrais enfin des réponses à toutes mes questions. Un jour, je saurais la vérité sur toutes ces choses que l’on ignore encore.
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Depuis que Poppy connaissait la vérité pour ses amis Oliver, Rox et Stram, elle s’était donnée pour mission de faire ce qu’elle pouvait pour les aider. Elle s’était mise à enquêter sérieusement sur le sujet, variant les sources, que ça soit dans les bibliothèques, dans les journaux et essentiellement sur internet. C’est ainsi qu’elle était tombée sur les articles d’Alice Le May. La journaliste avait rédigé sur le sujet du phénomène Disney, expliquant que des personnages Disney étaient arrivés dans le monde réel. Le nom de la bretonne était apparu dans des journaux sérieux, dont certains étaient dans le cabinet de sa mère. Curieuse et sachant que ce phénomène était vrai, elle avait pris contact. Après plusieurs échanges virtuels, par le biais d’abord des mails, puis par WhatApps pour gagner en fluidité, Alice lui avait finalement donné rendez-vous dans le quartier de Kensington, dans un café à quinze heures pour une première rencontre réelle. Enchantée Poppy avait accepté. En effet, à travers les échanges d’informations, une amitié était en train de naître.
