Sous les tours de Notre Dame

Avec Vixy

Figé, bouche bée, mon regard se perds en elle. Notre Dame me fascine, me surprends, m'émeut aux larmes.

A peine arrivé dans la capitale française, je me surprends à retrouver avec plaisir cette langue ô combien familière. Cette langue est la mienne, celle de mon royaume, à quelques nuances près. J'en ai presque pleuré quand une femme est venue me demander si je souhaitais gouter à ses gâteaux au chocolat fait maison, qu'elle vendait devant la boulangerie familiale. Je ne reconnais bien entendu rien du tout dans cette ville immense, grise et débordante de vie, mais rien que le fait de retrouver ma langue natale a suffit pour que je me sente plus à l'aise, moins perdu.

Cela n'arrangera cependant pas ma situation. Je suis toujours seul, sans ma famille, dans un monde que je ne connais pas. Grâce à Peter Pan, avec qui je corresponds régulièrement par lettre, je sais que je ne suis pas natif de cet endroit (bien évidemment) mais j'ai également appris que je viens ni plus ni moins que d'un long métrage "d'animation" comme il me l'a dit. Je ne comprends toujours pas ce que cela signifie, mais j'ai bien l'intention de le découvrir. C'est donc avec le livre pour enfant racontant l'histoire de mon épouse, Cendrillon, que je me suis rendu à Paris, dépensant la grande majorité de l'argent que j'avais réussi à gagner en travaillant pour Peter. Il était un peu déçu de me voir partir si vite, mais j'avais besoin de réponses, et je lui ai promis de ne pas le laisser sans nouvelles. J'apprécie ce garçon et j'espère qu'il trouvera lui aussi ce dont il a besoin pour être heureux, je le lui souhaite sincèrement.


N'ayant avec moi que les habits que je porte et le peu d'argent qu'il me reste, je déambule dans les rues, sans but, confus mais heureux. Mes baskets abîmées par les mois de travail dans la boutique foulent le goudron. Mes yeux sont partout, mes oreilles aussi. J'écoute ma langue, j'écoute les voitures, je regarde les murs, les hommes et les femmes, j'observe ce qu'ils font, trouvant presque de l'allégresse dans cette aventure... Je sais cependant que je vais devoir retomber dans la dure réalité quand la nuit va tomber. Je vais devoir faire un choix crucial. Manger, ou dormir au chaud. Sachant qu'après ça, je vais avoir quelques heures tout au plus pour trouver un nouvel emploi et espérer obtenir un toit et le couvert, ce ne sera pas chose facile, mais j'ai bon espoir en ce peuple qui sait parler ma langue. Je suis un prince après tout, le fait de savoir qu'ils emploieront un être de sang noble les emplira peut être d'honneur et de joie... Qui sait ?

Alors que je marche, cherchant maintenant un endroit où passer la soirée, je me retrouve devant elle. Magnifique, impressionnante, belle, imposante, voilà les mots qui me viennent à l'esprit quand elle apparait devant moi. Notre Dame se dresse devant les hommes et leur rappelle que le Seigneur est présent partout, tout le temps, que ce soit dans l'air que nous respirons, dans la pierre, dans le regard des statues, dans le son de ses cloches qui me font frissonner. Je reste bouche bée, muet devant sa grandeur. Mon cœur bat la chamade, et, bientôt, je sens une puis deux, puis un flot de larmes couler sur mes joues. Les passants m'ignorent heureusement, me laissant en proie à mon émotion. Mes yeux emplis de larmes ne la quittent pas, voguant tour à tour entre le parvis, les gargouilles, les tours, les portes... Je ne reprends contenance que lorsque je sens le regard insistant d'une femme sur moi. Je la regarde quelques secondes avant de détourner les yeux. J'essuie mes joues avec la manche de mon pull élimé. J'espère qu'elle n'a pas remarqué que je pleurais...

Sous les tours de Notre Dame