Premier Noël

« Parfait ! » C’était ce qu’elle s’était dit, en ajustant son serre-tête lutin, et ce qu’elle voulait pour leur premier Noël : que tout soit parfait. Plus d’un an s’était écoulé depuis la révélation. L’écossaise s’en souvenait comme si c’était hier. C’était en mai 2021, là où ils s’étaient rencontrés pour la première fois : le zoo londonien. Poppy et Ian s’y étaient de nouveau croisés par hasard et avaient fini par comprendre qu’ils étaient parent. Un test de paternité plus tard, ils confrontaient Moïra, la mère de Poppy. Cette dernière avoua qu’elle avait aimé l’irlandais, mais qu’ils étaient jeunes et qu’elle avait vu un comportement violent chez Ian, qu’elle l’avait vu se battre à diverses occasions dans des bars, sous l’emprise de l’alcool, et qu’elle avait décidé de fuir sans lui dire qu’elle était enceinte. Du jour au lendemain elle avait coupé les ponts. Bien que Moïra n’avait pas interdit à Ian de voir sa fille maintenant qu’il savait, il s’était fait discret, ne voyant plus Poppy physiquement. Ils se parlaient au moins une fois par semaine, via des SMS, appels téléphoniques ou en FaceTime. Son père avait comme excuse qu’il ne vivait pas à Londres et que son travail l’occupait beaucoup. Poppy avait fini par accepter la situation, malgré elle, ne comprenant pas exactement quel était le métier d’Ian. Il avait été assez évasif. Elle s’était dit que sa mère avait dû interférer encore. Poppy avait fini par la confronter de nouveau sur la situation. Moïra lui avait simplement expliqué que Poppy était majeure et qu’elle faisait ce qu’elle voulait avec son père, qu’elle n’avait pas interdit à Ian de la voir, mais qu’elle avait insisté qu’il ne la distraie pas sur ses études.

La sonnette retentit. Le coeur battant la chamade, Poppy se précipita sur la porte d’entrée, toute surexcitée à l’idée de revoir son père. La musicienne avait fait bouger les choses en invitant son père chez elle pour Noël. Quand elle ouvrit la porte, un sourire jusqu’aux oreilles éclairait son visage aux nombreuses tâches de rousseur. « Papa ! Pile à l’heure ! » Elle ne put se retenir et le prit dans ses bras avant de le laisser entrer. « Je suis heureuse que tu aies pu venir, Papa ! » A peine Ian avait posé ses affaires que Poppy le prit par le bras. « Je vais te faire visiter mon chez-moi ! On fera le salon après, je vais te montrer d’abord ma chambre . » Ils traversèrent le salon, où une table pour deux personnes y était dressée et décorée, devant un sapin et où trônait son violoncelle, mais Poppy passa rapidement devant, commençant par sa chambre, voulant garder le salon, pour la fin, là où le père et sa fille passeraient l’essentiel de la soirée.

En entrant dans la chambre, Poppy entama la conversation. « Je suis heureuse que tu aies pu te libérer pour Noël, Papa ! T’as pas eu trop monde sur la route ? Ça a été le voyage depuis Paris ? C’était bien de Paris que tu partais ? » Tandis qu’elle lui posait les questions, elle s’assit sur son lit, légèrement tournée vers son père, les mains posées sur ses cuisses, façon Mona Lisa. Au-dessus d’elle et de son lit, plusieurs photos de Poppy et de Stram y étaient épinglées, dont une où elles s’embrassaient, ne laissant aucune équivoque sur la nature de leur relation. Sur le mur adjacent, au-dessus de son bureau, des photos de Rox et Oliver étaient mises en évidence. Là également, les poses ne laissaient pas de place à l’interprétation et la nature amicale de leur relation transparaissait.  Sur certaines, ils étaient seuls, sur d’autres, ils étaient tous les quatre avec Stram. D’autres photos montraient Moïra et Poppy. Pour l’instant aucune photo d’Ian, mais la musicienne y remédiera bientôt.

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Premier Noël

Le cadeau, c'est ta présence

Ian se tenait devant la porte, le doigt tendu vers la sonnette, hésitant. Il était nerveux. Il avait peur de décevoir sa fille. Normalement, lorsque le doute menaçait de se pointer, il buvait. Sauf que dans le cas présent, ce n’était clairement pas la solution! S’il voulait continuer à faire bonne impression à sa fille, il devait éviter de se saouler lorsqu’il la rencontrait. Être à jeun lui permettait certes de mieux ressentir la joie, mais aussi tous les sentiments négatifs : La honte, la tristesse et une part de colère. Il avait honte de lui, s’il n’avait pas été tant porté sur la bouteille, Moira ne serait pas partie sans lui parler de sa fille. La tristesse des années perdues avec Poppy, de ne pas l’avoir vu grandir et de ne pas avoir été là pour les grands évènements de sa vie. La colère d’être ce qu’il est, et celle contre Moira qui lui a caché la seule chose qui aurait pu vraiment le décider à arrêter de boire. Quand ce tourbillon d’émotions le submerge, il n’a envie que d’une chose : une bonne bouteille de whisky.

L’irlandais refoula ses émotions négatives afin de se concentrer sur le positif. Il devait être à son meilleur pour ce premier Noël avec sa fille. Il s’en voulait déjà bien assez d’être resté distant. D’un côté, il avait peur que Moira ait raison et qu’il ne soit qu’une distraction, voir une nuisance pour leur fille. Le chasseur avait aussi peur que la musicienne apprenne comment il gagnait vraiment sa vie. Ian savait qu’elle avait des amis Disney, dont deux qu’il avait rencontrés. Il n’avait eu qu’à jeter un coup d’œil aux réseaux sociaux pour les reconnaitre. C’était déjà assez difficile de vivre avec ce poids sur sa conscience sans y ajouter un regard plein de reproches.

Il arrêta de penser et sonna finalement à la porte. La joie de Poppy était communicative, alors dès qu’elle ouvrit la porte, il se sentit rassuré. Elle semblait si heureuse de le voir. Il se sentait transporté. C’est qu’il y avait peu de gens démontrant un tel enthousiasme à passer du temps avec lui.

-Je suis content que tu m’ais invité, je ne pouvais pas dire non.

Il déposa son manteau et le sac cadeau qui contenait un présent pour la jeune femme. Elle l’attrapa bien vite par le bras pour lui faire visiter. Il se laissa faire, bien curieux de découvrir l’environnement dans lequel elle évoluait. Poppy lui redit à quel point elle était heureuse qu’il soit là et lui demanda si le voyage s’était bien passé.

-Oh tu sais, c’est pas comme si j’avais autre chose de prévu pour Noël. Oui, je partais de chez moi à Paris, le voyage s’est bien passé. Il faudrait peut-être que je t’invite à Paris un jour, mais mon appartement est minuscule et clairement pas aussi chaleureux que le tien.

Et en désordre, mais ça, il le garda pour lui. Quand il rentrait saoul, il avait tendance à tout laisser tomber par terre, parfois même son corps finissait étendu au sol… Et au réveil, il avait trop la gueule de bois pour avoir envie de ranger le fouillis. Bon, à un moment, il fallait bien ramasser les vêtements pour les laver et alors l’appartement semblait plus propre.

Ian regarda les photos un peu partout dans la chambre de sa fille avec intérêt. Celles montrant Moira et Poppy lui firent un pincement au cœur. Il aurait pu être avec elles si on lui en avait laissé la chance. Il préféra se concentrer sur les amis de la musicienne.

-Donc voilà ta copine et tes amis? Vous vous êtes tous rencontré à l’école?

Ça lui semblait logique comme endroit pour rencontrer d’autres jeunes, mais peut-être se trompait-il? Et puis si c’était bien là, c’était la preuve que les Disneys pouvaient s’adapter à notre monde et que donc il n’y avait pas de raison de les renvoyer chez eux s’ils ne le voulaient pas. Quoique le chasseur ne croyait plus trop que c’était la raison pour laquelle Louis leur demandait de les capturer… Mais il était tout de même coincé, car maintenant il n’était plus tout à fait seul, il ne voulait pas qu’on s’en prenne à Poppy s’il démissionnait. Il essaya de ne pas trop y penser et promena à nouveau son regard sur les nombreuses photos. Ce n’était pas parce qu’il n’y en avait pas de lui que ça devait rester éternellement ainsi. Et puis s’il lui arrivait quelque chose, Poppy aimerait sans doute avoir un souvenir de lui?

-Tu… Tu veux qu’on se fasse un selfie ensemble? Ou peut-être que tu ne veux pas de photo avec moi, mais moi j’aimerais bien en avoir une.

Ian se sentait bien stupide de demander ça, mais il voulait vraiment immortaliser ce moment. Peut-être que pouvoir jeter un coup d’œil à ce souvenir joyeux pourrait l’aider à prendre de meilleures décisions à l’avenir?

Premier Noël

« Oh je serais ravie de te rendre visite à Paris ! Si t’as vraiment pas la place pour m’héberger, j’ai des amis à Paris. Ils m’hébergeront sans problème. » La musicienne sourit ensuite par rapport aux paroles de son père, quant à son appartement pas aussi chaleureux que le sien. Poppy lui avait justement pris de la décoration pour son appartement comme cadeau de Noël. Il s’agissait de tableaux décoratifs que Poppy avait fait via un site d’impression de photos. Il y en avait deux. Voulant que son père ait une image d’elle, elle avait fait imprimer sur une toile rectangulaire de décoration une image du zoo londonien, où elle y jouait du violoncelle. C’était Stram qui avait pris la photo. Le deuxième tableau décoratif représentait un champ de coquelicots avec un papillon sur un. Parlant français, Poppy savait que son prénom signifiait coquelicot dans cette langue. Quant aux papillons, ils étaient une référence de leur première rencontre et du lieu de la révélation de leur lien filial : la maison des papillons du zoo londonien.

Assise sur son lit, Poppy écouta la question de son père. « Oui, on peut dire ça. Pour Rox et Oliver oui. » Poppy les désigna sur la photo. Elle montra ensuite son adorable cauchemar. « Pour Stram, c’est surtout par le biais d’Oliver, mais on était bien dans la même école aussi, mais je l’ai jamais vraiment vue là-bas. On avait pas les mêmes groupes d’amis dans ce temps-là. J’avais connu Rox lors d’une sortie scolaire au musée, où ils avaient fait des binômes d’âges différents. Je me suis retrouvée avec Rox et on a sympathisé. Puis il m’a fait connaître Oliver. Du coup, on se voyait plutôt en dehors des cours, donc j’avais pas vraiment vu Stram à l’école. On s’est connues plus tard lors de certains évènements d’Halloween. Lors du premier événement, elle m’avait offert une araignée. » Poppy sourit à ce souvenir et en y repensant, elle se remémora son père. « Oh mais tu étais là ce jour-là ! C’était le jour où t’avais revu Maman sur le toit, pendant l’attaque des trucs bizarres, qui ressemblaient à des Gremlins, je sais plus trop. »

Ian demanda à sa fille si elle voulait une photo d’eux deux. Les yeux de Poppy se mirent à briller de joie. « Oh avec plaisir !  Tu parles que je veux une photo ensemble, notre première photo ! Et la première que j’aurais de toi, ça me changera des dessins d’enfants. » La musicienne sourit à son père et se leva. Elle sortit d’un tiroir différents dessins qu’elle tendit à Ian. C’était différentes ébauches de son père qu’elle avait faites de lui à travers les années. « J’suis clairement pas une dessinatrice, mais je voulais savoir à quoi tu ressemblais. Maman m’avait juste dit que tu étais brun, les yeux marrons et irlandais et que je te ressemblais. » Poppy lui sourit puis prit son téléphone portable et immortalisa leur première selfie, mais pas le dernier. En effet, la musicienne en prit plusieurs. Il y en avait des sérieux, des conventionnels et des plus excentriques, comme un où Poppy fit des oreilles de lapin à son père ou un autre, où elle tira la langue.

Après la série de photos, Poppy lui fit le tour du reste de son appartement. Quand la visite fut terminée, ils se dirigèrent vers la partie qui faisait office de salon/salle à manger/cuisine. Là, Poppy lui annonça qu’ils allaient pouvoir prendre l’apéritif et elle invita Ian à prendre place sur le canapé. Devant lui se dressait une table basse, où Poppy y déposa un bol de gâteaux apéritifs industriels et un plateau de canapé écossais. Ces derniers se composaient de pain sur lesquels était déposée une mousse rose, qui était du beurre de saumon fumé, sur lequel se trouvait des tranches de saumon. Poppy lui expliqua la spécialité, puis sortit deux verres. Elle se tourna vers son père. « Tu veux quoi à boire ? »

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Premier Noël

Le cadeau, c'est ta présence

Ian écouta les explications de Poppy sur comment elle avait connu ses amis. C’était plus un ensemble de circonstances que le fait qu’ils aient été de la même école. C’était drôle la vie, comment on pouvait se lier avec des gens et pas avec d’autres. C’était un peu le hasard qui avait causé sa rencontre avec Rox. Tout comme pour cette soirée d’Halloween. Il se rappelait des évènements étranges de cette fête… Déjà, il avait faillit se faire tuer par cette folle qui lançait des lasers. Mais ce n’était pas le fait le plus marquant, loin de là. Sa rencontre avec Moira avait commencé à insinuer le doute sur son lien de paternité avec Poppy.

-C’était une soirée… vraiment folle.

Il ne savait pas comment la désigner autrement. Il ne souhaitait pas trop en parler, car il avait un peu peur que des questions embarrassantes viennent. Peut-être que dans l’agitation générale Poppy n’avait pas alors remarqué qu’Oliver et lui se connaissaient ou que la tutrice du jeune homme lui en voulait à mort. Des points qu’il préférait donc éviter d’aborder. Heureusement la conversation dériva sur son idée de photo. C’est alors que sa fille lui présenta des dessins qu’elle avait fait lorsqu’elle était enfant. Ça avait du être difficile pour elle de ne pas savoir, de pouvoir que s’imaginer avec une description terriblement vague. Il aurait voulu dire quelque chose, mais il garda le silence, de peur d’être submergé par les émotions.  

Ils prirent ensuite plusieurs selfies. Ian se prêta au jeu afin d’en faire des plus drôles, bien que ça lui semblait étrange. Déjà, prendre des photos de lui n’était pas naturel à ses yeux. Puis ils terminèrent la visite avant de retourner dans la pièce principale. L’irlandais s’assit sur le canapé, écoutant la description de la spécialité écossaise. Ça semblait très bon. Il avait bien envie d’en prendre un sans attendre, mais ça serait malpoli, non? Et puis Poppy venait de lui proposer à boire. Il ne savait pas trop quoi répondre. Il réalisa alors qu’il aurait du amener quelque chose à boire, une bouteille de vin ou quelque chose du genre en guise de cadeau d’hôte. C’est qu’il n’était pas habitué à être invité. Il finit par trancher sans vraiment se décider pour autant :

-Je vais prendre la même chose que toi.

Voilà. Ainsi si Poppy préférait quelque chose à basse teneur en alcool, il n’aurait pas l’air du gros alcoolique qu’il était. Et s’il se retrouvait avec quelque chose d’alcoolisé, il devrait essayer de boire lentement. Lorsque la jeune femme vint s’assoir, il se permit enfin de prendre un des canapés écossais qui lui faisait tant de l’œil depuis quelques minutes.

-C’est vraiment bon, tu les as fait toi-même? Tu aimes cuisiner? Moi j’avoue que ce n’est pas ma force.

Ils n’avaient jamais eu l’occasion de parler de ce sujet. Dans le cas d’Ian, il n’y avait pas grand-chose à dire. Il savait se faire à manger, mais rien de bien compliqué et il n’y prenait pas plaisir. Peut-être que c’était l’inverse pour Poppy? Il avait bien hâte d’en savoir plus sur elle. Cette soirée était vraiment une bonne occasion de vraiment apprendre à se connaitre. Certes, ils ne pouvaient pas rattraper toutes ces années perdus, mais ils pouvaient essayer de rattraper quelques années.  

-Je réalise que je ne connais même pas ton plat préféré. Il est vraiment temps qu’on puisse passer un peu de temps ensemble. Je suis désolé de ne pas avoir été très présent dernièrement.

Premier Noël

« Je vais prendre la même chose que toi. 
-Ok, je nous sors deux Guinness. »

Poppy avait pensé aux origines irlandaises de son père et avait acheté des bières bien connues de son pays. Elle sortit deux verres à bière et les apporta, ainsi que les deux bouteilles de 33 cl et un décapsuleur sur la table basse à l’aide d’un plateau. Ce dernier était à l’image de sa propriétaire : coloré et fantaisiste. La musicienne fit le service, tandis que son père testa un de ses canapés. Il commenta la préparation de façon élogieuse, ce qui fit rougir de plaisir l’écossaise. Elle n’avait pas l’habitude que le rouge lui monte aux joues pour un compliment, mais ce n’était pas n’importe qui ni n’importe quoi. C’était son père, celui qu’elle avait enfin retrouvé et qu’elle voulait rendre fière. De plus, il commentait ce qu’elle avait fait, bien que ça soit simple, mais ça la touchait, c’était un jugement direct de ses capacités et de ses origines, puisqu’elle avait choisi un apéritif écossais. « Oui, c’est moi qui les ai faits. Après, c’est assez simple, j’ai juste fait le dressage, la mousse, je l’ai achetée. Mais je suis contente que ça te plaise. Sinon ouais, j’aime cuisiner de temps en temps, mais des fois, j’ai la flemme ou pas le temps, alors je prends à emporter au kebab de la rue. »

Ils discutèrent ainsi en mangeant et buvant, puis Ian interrogea Poppy sur son plat préféré. « Oh la question piège ! » s’écria-t-elle en rigolant. Elle le regarda ensuite droit dans les yeux et d’une voix sérieuse et heureuse, elle approuva. « Oui, je suis totalement d’accord pour passer plus de temps ensemble. Et pas de souci, je comprends que tu étais occupé, avec ton boulot. Si tu veux la prochaine fois, dès que j’ai un concert dans ta ville ou que je vais voir mes amis, je t’appelle. » Elle lui sourit, d’un sourire sincère et jouasse. Puis, elle se lança dans la réponse à sa question. « Il faut que tu saches une chose sur moi, c’est que j’adore manger et je suis hyper gourmande. J’sais pas trop quel est mon plat préféré en vrai, le Fish and Chips peut-être ou un plat de spaghetti bolognaise aussi ou une bonne pizza. Oh il y a une super pizzeria au coin de la rue ! Faudra qu’on se la fasse tous les deux. Sinon, je crois que j’aime bien le petit dej’ de mon grand-père, c’est un œuf sur le plat, des galettes de pommes de terre, du bacon et après suivant la saison, des tomates ou des champignons. Mais après j’adore le sucré aussi, j’adore les cookies, les muffins, les glaces ou les petits gâteaux. Et toi, c’est quoi ton plat préféré ? »

Quand elle eut sa réponse, Poppy lui sourit et son regard tomba sur sa contrebasse. Son regard retourna sur son père et elle lui posa ce qu’elle mourrait d’envie de lui demander, ce dont elle voulait vraiment savoir de lui sur ses goûts. « Et c’est quoi tes artistes ou groupes de musique préférés ? C’est quoi ta musique préférée, tes goûts musicaux ? » La musicienne aimait un large éventail de style musicaux différents, comme le classique, le rock, le rock celtique, le métal, le métal symphonique, la pop ou l’électro. Avant qu’Ian ait pu répondre, Poppy lui fit une proposition. « On pourrait aller se voir un concert un de ces quatre ? Un truc qui nous plairait tous les deux ? » Et qui est une excuse pour être que tous les deux et se revoir. Mais cette dernière raison, elle la garda pour elle. La jeune écossaise était enthousiasme à l’idée de faire n’importe quelle activité avec son père.

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Premier Noël

Le cadeau, c'est ta présence

Le choix de la jeune femme se porta sur une Guinness. Excellent choix, elle avait du gout. Ou peut-être avait-elle acheté cela que parce qu’elle le recevait? Il n’osa pas la questionner à se sujet. Il n’avait pas trop envie que la discussion tourne autour de l’alcool. Il buvait trop, ça il le savait, mais Poppy n’avait pas à l’apprendre. Du moins, pas tout de suite. Il y avait deux choses qu’il ne voulait pas parler à sa fille, son alcoolisme et surtout, son véritable boulot. Peut-être un jour, mais pas aujourd’hui. Ils auraient sans doute d’autres occasions d’en parler? Il fallait juste trouver le bon moment. Il trouverait. Ce n’était pas parce que dans les fictions ils ne trouvaient pas ce fameux bon moment que lui passerait à côté! Enfin, c’était l’illusion qu’il se construisait doucement.

La conversation enchaina plutôt sur la nourriture. La musicienne rougie au compliment. Elle n’avait peut-être pas fait la mousse, mais elle s’était donné la peine de monter les canapés, ce qui était bien plus que ce qu’Ian faisait en cuisine la majorité du temps. Certes, s’il l’avait reçu pour diner, il aurait fait des efforts. D’ailleurs, elle lui proposa de passer du temps ensemble la prochaine fois qu’elle passerait à Paris. Il sourit :

-Oui la prochaine fois que tu viendras on se fera un repas ensemble, ce serait bien. Et avec un peu de chance, je pourrais peut-être venir te voir jouer.

Il commençait déjà à songer à des excuses afin de ne pas aller à la chasse si on lui donnait une mission le soir où Poppy serait à Paris. Il préférait ne pas dire que c’était pour voir sa fille, il ne voulait pas que Louis sache qu’il la voyait de temps à autre et surtout il ne voulait pas qu’il comprenne que Ian tenait à elle. Il n’avait pas confiance en se tordu et l’idée que la jeune femme serve de moyen de pression contre lui, lui revenait en tête encore et encore. Il repoussa ses sombres pensées avec une bonne gorgée de bière, puis en revint à la nourriture. Il ne devait pas gâché sa soirée à penser à des malheurs qui ne se produiraient sans doute jamais.

Poppy lui fit une liste de choses qu’elle aimait bien manger tout en se qualifiant de gourmande. Il ne serait donc pas trop compliqué de choisir un menu lorsque ce serait à lui de servir le repas! Bon, peut-être qu’ils iraient au resto, ce serait à voir lorsqu’elle passera dans la ville lumière. L’irlandais acquiesça lorsqu’elle parla de la pizzeria au coin de la rue. Une prochaine fois ce serait en effet une bonne idée et ainsi elle n’aurait pas à cuisiner ou se casser la tête pour trouver une idée. Elle lui retourna ensuite la question. Il prit un temps de réflexion.

-Je ne suis pas vraiment un grand gourmand, mais je mange un peu de tout. Je ne dis jamais non à de la pizza ou des pâtes. Je pense que mon plat préféré c’est l’Irish stew que ma mère faisait. C’est un ragout d’agneau et de légumes. Sinon pour les desserts, j’aime bien la tarte au citron. Mais je pense pas être difficile non plus, je mange ce qu’on me sert.

En vérité, il ne mangeait pas beaucoup, comme la plupart des gens qui buvaient trop. Sinon, il se contentait de petits trucs au bar, comme des arachides ou des sandwichs. Poppy aborda ensuite la question des gouts musicaux. Surement ce qui l’intéressait le plus, comme elle était musicienne.

-Je ne suis pas très friand de la musique moderne. J’aime bien le classique. J’apprécie bien l’œuvre de Wagner. On pourrait aller voir un orchestre ou quelque chose comme ça?

Ce serait une belle sortie. Ça lui changerait nettement des bars qu’il avait l’habitude de fréquenter. Il faudrait qu’il se trouve un habit convenable, mais ce n’était qu’un détail. Rien ne pouvait obscurcir le bonheur qu’il ressentait à faire des projets avec sa fille. Ce n’était pas comme lorsqu’il se faisait des promesses à lui-même, où il pouvait ne pas les respecter, non, c’était du solide ce qu’ils proposaient comme activité. Ça donnait envie de faire de véritables changements dans la vie de l’homme. Déjà, mettre de l’ordre chez lui et faire un peu attention à sa consommation d’alcool. Il ne voulait pas devoir annuler une soirée parce qu’il était trop saoul. Il pouvait mentir aux autres chasseurs en leur disant qu’il était malade, mais pas à Poppy.

Il ralentie d’ailleurs l’absorption de sa bière afin de ne pas terminer trop vite. Il devait se calmer un peu s’il ne voulait pas finir la soirée à dormir debout. Il fallait parler plus et boire moins. Ils avaient terminés les canapés entre temps, ce qui ne lui nuirait pas d’avoir un peu de nourriture dans l’estomac.

-J’ai regardé un peu des photos instagram, tu as vécut un peu à New-York si j’ai bien compris? C’était bien la vie là bas? Qu’est-ce que tu as préféré?

Lorsque le verre de Poppy fut presque vide, Ian se permit enfin de terminer le sien. Apprendre à connaitre sa fille aidait l’irlandais à ne pas se laisser envahir pas les sombres pensées. Dans cette pièce, il n’y avait que de la joie, il pouvait oublier les tracas ou les remords de sa vie quotidienne. Pas besoin de se saouler pour ne plus penser à se qui le tourmentait.  

Premier Noël

Au fur et à mesure que la discussion avançait, la jauge de bonheur de Poppy se remplissait. Un sourire jusqu’aux oreilles se dessina sur sa frimousse, lorsque son père lui annonça qu’il envisageait de venir la voir jouer. Elle était heureuse d’entendre qu’il serait ravie de partager de nouveau un repas avec elle et l’était d’autant plus qu’il vienne la voir jouer. L’écossaise était heureuse de ce moment partagé et de pouvoir en apprendre davantage sur son père. Elle l’écouta répondre à ses questions et enregistra les informations. La partie de l’Irish stew de la mère d’Ian retint son attention. « Est-ce que tu vois toujours ta mère ? T’as toujours de la famille en Irlande ? » Poppy voulait savoir si elle avait une autre grand-mère et potentiellement connaître ce pan de la famille qu’elle ignorait.

« Oh avec plaisir ! » Poppy rayonna de bonheur lorsque son père lui proposa qu’ils aillent voir un orchestre ensemble. Elle sortit son portable et ensemble ils parcoururent le net à la recherche d’un orchestre, à des dates qui leur conviendraient tous les deux. Lorsqu’ils eurent terminé leurs recherches et enregistré la date dans leur agenda respectif, ils avaient terminé les canapés, mais pas encore leurs boissons. Poppy se saisit ainsi de son verre pour boire une gorgée. Ian en profita pour lui poser une question. « Ouais, j’ai fait une année sabbatique et j’ai fini quelques mois à New York. Oui, c’était cool, j’ai rencontré des personnes super cool. J’y suis allée pendant l’hiver et c’était assez magique de voir la neige tomber pas loin de la Statue de Liberté et sur Times Square. Je pense que ce que j’ai préféré, c’est les spectacles, l’agitation de la ville, et surtout Central Park. Ça vaut clairement pas la forêt de chez Seanair, mais c’était cool un peu de nature, ça change des rues, des routes, et des immeubles de partout. »

Lorsqu’ils eurent terminé leurs verres, Poppy proposa de passer au repas. Ils migrèrent sur la table, qui pouvait accueillir quatre personnes, que Poppy avait dressée pour l’occasion. Elle y avait déposé deux assiettes sur des sets de tables aux couleurs de Noël. Elle avait réalisé des fleurs en serviette de papier pour décorer la table. Un mini sapin de Noël trônait au milieu. De petits bonhommes de neige et des sapins en confetti répartis sur la table complétaient la décoration. Poppy sortit du four un poulet et des pommes-de-terre, qu’elle avait cherchés à la rôtisserie du marché, lui épargnant la cuisine. Elle laissa son père couper le poulet, tandis qu’elle leur servit à chacun un verre de vin rouge et un verre d’eau. Ils mangèrent avec appétit. Poppy lui parla de ses Disney préférés, des films et séries qu’elle aimait, ainsi que des derniers livres qu’elle avait lus. Elle questionna son père sur les siens. Ils continuèrent ainsi de discuter, apprenant à se connaître tout en mangeant. Lorsqu’ils eurent terminé leur plat, Poppy reprit la parole. « Ça te dit de passer aux cadeaux avant le dessert ? » Ayant l’approbation d’Ian, la jeune femme alla chercher ses cadeaux et les lui tendit. Il s’agissait de deux tableaux décoratifs :  un qui était une photo d’elle prise par Stram, où elle jouait du violoncelle dans le zoo londonien et un autre représentant un champ de coquelicots avec un papillon.

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Premier Noël

Le cadeau, c'est ta présence

Ian se doutait que parler de la cuisine de sa mère amènerait des questions, après tout, Poppy était une jeune femme curieuse et puis il était normal qu’elle veule en savoir plus sur sa famille. Mais devoir en parler à voix haute lui donna un léger pincement. Il se sentait encore triste de ne pas avoir été plus là pour sa mère… et son frère. Il s’appliqua à montrer qu’une légère tristesse avec une pointe de nostalgie. Ce qu’il ressentait était beaucoup plus chaotique, mais il préféra ne pas se laisser submerger par la culpabilité et la colère.

-Je passe parfois la voir au cimetière de Galway. Je n’ai plus de famille en Irlande, sauf peut-être des cousins éloignés à qui je n’ai jamais parlé. J’ai un frère, Auguste, qui habite Paris. Je crois que nous ne nous sommes pas parlé depuis sa fugue de la maison?

Ils poursuivirent sur le sujet plus joyeux de la musique, cherchant un orchestre à aller voir ensemble. Ian nota la date, programmant plusieurs rappels afin d’être certain de ne pas oublier. Il devrait faire attention dans les jours précédents et ne pas trop boire pour de ne pas perdre la carte et se réveiller un beau matin en ayant oublié de se présenter au spectacle la veille. L’irlandais ne pouvait pas manquer aucun des rendez-vous avec sa fille, pas après avoir été absent aussi longtemps de sa vie. Il devait saisir chaque occasion afin de se rapprocher d’elle et d’essayer de rattraper le temps perdu.

Il l’écouta avec attention parler de New-York. Il devrait aller à central Park la prochaine fois qu’il passerait. Il n’avait jamais pris le temps de visiter, trop occupé par le travail ou les bars lorsqu’il était envoyé là-bas.

Ils passèrent à table dans la bonne humeur. Le chasseur apprécia l’effort pour la décoration. La barre serait haute pour lorsqu’il la recevrait chez lui! Il n’avait pas cette attention du détail. Ils mangèrent le poulet et les patates dans la bonne humeur tout en discutant. Ian n’était pas trop à jour pour ce qui était des films et séries, mais il partagea tout de même ce qu’il appréciait tout en se disant qu’il pourrait jeter un œil aux titres que Poppy aimait. Par contre pour ce qui était des livres, aucune chance, il ne se mettrait pas à la lecture. Lorsqu’elle proposa d’ouvrir les cadeaux, l’homme accepta. Ça leur permettrait de digérer un peu, il avait peut-être un peu trop mangé.

Le brun prit les paquets avec une pointe d’hésitation. Ça faisait une éternité qu’il n’avait pas eu un cadeau de noël. Il déballa délicatement pour découvrir les deux cadres. Il regarda tendrement la photo de Poppy jouant du violoncelle au zoo :

-Tu es si jolie… difficile de croire que tu es ma fille. J’aime beaucoup l’idée du coquelicot. Ça va rendre mon appartement bien plus beau.

Ian alla chercher le sac cadeau et le tendit à la jeune femme. Il espérait qu’elle apprécierait. Il avait cherché bien longtemps quoi lui offrir. Il aurait pu aller dans la facilité avec du chocolat, mais il voulait quelque chose de personnalisé et avait opté pour un bracelet doré avec des breloques qui la représentait bien : un petit violoncelle, la lettre P et un papillon. Il s’en voulait un peu de ne pas avoir pensé à ajouter un coquelicot, mais il pourrait l’acheter un autre jour et lui donner à une autre occasion.

Ils passèrent ensuite au dessert, puis à la vaisselle, toujours en discutant de tout et de rien. L’irlandais se sentait bien. Avec Poppy, il n’avait pas besoin de se saouler pour se sentir heureux. Et ça lui fit un bien fou de réaliser qu’il pourrait se passer d’alcool, tant qu’il était avec elle.