Artiste incompris

Allez, on peut partager

Pour Gram, c’était un passe temps comme un autre, mais il commençait à comprendre qu’une majorité de gens désapprouvaient. Pas qu’il en avait quelque chose à faire qu’on le juge, mais parfois, il y en avait pour appeler la police et ça, ça ne l’enchantait pas du tout. Certes, la prison pouvait être une expérience comme une autre, mais la liberté c’était mieux. Et s’il se retrouvait enfermé, il ne pourrait plus errer dans Paris, à la recherche de poubelles intéressante. Et oui, le garnement aimait fouiller les déchets afin de faire des trouvailles. Il ne réalisait pas qu’il risquait d’attraper des maladies ou de se blesser, voir les deux en même temps. La réflexion n’avait jamais été le point fort du jeune homme. Parfois, il y avait de la nourriture encore parfaitement consommable. Ce n’était pas parce qu’il y avait une bouché ou deux de prises dans un gâteau qu’il n’était plus bon! Les humains gaspillaient tellement!

C’était une belle journée de mai, quand il ne fait ni trop froid, ni trop chaud. La nourriture pouvait encore se conserver un peu, mais pas très longtemps, il fallait donc faire vite avant que vraiment, ça ne devienne immangeable ou pire, que les rats ne bouffent tout! Il aimait bien les rats, sauf quand ils lui volaient des trucs sous le nez!

Gram aurait bien aimé partager ce passe temps avec Oliver, mais ce dernier n’approuverait pas. Donc ça restait son petit secret. Il devait même prendre une douche après parce que sinon les gens se plaignaient de son odeur! C’était certes un inconvénient pour lui de devoir se laver, mais les trouvailles qu’il faisait dans les détritus en valaient totalement la peine. Il y avait des jours où il avait envie de partager cette passion avec Oliver, mais ce dernier ne comprendrait sans doute pas. Et puis, c’était bien d’avoir chacun ses occupations. Le roux aimait la peinture et écrire des choses angoissantes et Gram de son côté préférait jouer dans les détritus et faire peur aux gens.

Le brun ouvrit un sac contenant des lanières de papiers passées à la déchiqueteuse. Il fronça les sourcils, non pas parce que ça aurait du se trouver au recyclage, mais parce que c’était d’un ennui mortel. Il y avait peut-être moyen d’en faire quelque chose de plus artistique? Ça ressemblait à ces trucs qu’utilisent les pompons girls. Il en accrocha ici et là dans la ruelle. Il prit une pause, regardant son œuvre avec satisfaction. Il savait que les gens disaient de ce genre d’action que c’était du vandalisme, mais pour lui, il venait d’améliorer cette ruelle. Certes, le mieux aurait été quelque chose qui serait plus Halloween, mais il  faisait avec ce qu’il avait sous la main.

Au sac suivant, Gram découvrit un gâteau dans lequel il croqua sans hésitation. Il goutait un peu bizarre, mais ça allait, c’était toujours meilleur que du brocoli ou tout autre légume vert. Il s’arrêta dans ses recherches, un drôle de pressentiment au ventre. Peut-être était-ce le gâteau qui ne passait pas? Lorsqu’il leva les yeux, il comprit que quelqu’un le regardait. C’était donc ça que les gens qu’il surveillait de son regard fixe ressentaient? C’était cette impression qui poussait Oliver à se retourner pour voir s’il était suivit? Intéressant.

Donc il y avait cet homme. Il avait quelque chose d’inquiétant, non? Mais ce qui ennuyait vraiment Gram c’était le risque que cette personne appelle la police. Peut-être qu’avec ce que les humains appelaient un pot de vin, ça irait? Il tendit donc le gâteau dans sa direction, et c’est la bouche à moitié remplie qu’il engagea la conversation :

-T’en veux? J’en donne mais appelle pas les poulets.

Gram avala se qu’il avait dans la bouche et commença à fixer l’inconnu sans cligner des yeux. Il attendait de voir la réaction avant de décider comment réagir.