Ce jour-là était le jour où j’appris qu’on ne pouvait pas simplement s’improviser agent secret parce qu’on avait décidé de l’être sur un coup de tête. Je savais pourtant que je n’aurais pas dû y aller seule, que j’aurais dû appeler quelqu’un avant de faire quoi que ce soit, mais j’étais tellement portée par mon enquête, tellement dans l’action de ce qui était en train de se passer, que je ne pris même pas le temps d’envoyer un message avant de démarrer ma filature. Pour remettre dans le contexte, quelques semaines plus tôt, j’avais entrepris de questionner plusieurs personnes susceptibles d’avoir vu quelque chose pendant les enlèvements de personnages Disney qui avaient eu lieu en 2017, espérant obtenir quelques détails qui pourraient nous mettre sur une piste et nous mener aux chasseurs. Je ne fus pas déçue : en discutant avec des témoins de l’enlèvement de la femme de Robin, ceux-ci m’avaient parlé d’une voiture suspecte qui était partie en trombe le jour même. Personne n’avait vu spécifiquement quelqu’un rentrer dans le véhicule de force, sûrement parce qu’il était en partie caché, mais je soupçonnais qu’il s'agissait effectivement de celui des assaillants. Partant de là, Clawd avait pu jouer de ses relations dans la police pour obtenir la plaque d’immatriculation et quelques informations sur ceux qui l’avaient louée.

Au départ, je devais seulement faire un peu de repérage. Passer devant l’immeuble, vérifier si le véhicule était dans les parages, puis repartir. Mais quand j’aperçus la voiture garée sur le trottoir, avec deux hommes qui discutaient juste à côté, je trouvais bête de m’en aller si vite. Alors je me garai un peu plus loin, au bout de la rue, me tassai sur le siège pour éviter d’être vue, et attendis. J’aurais pu envoyer un message à Clawd, pour le tenir informé, ou même à Jayden ou Robin, mais j’avais peur de perdre la voiture de vue en le faisant, d’autant plus que je sentais que les deux hommes étaient sur le point de rentrer dedans pour partir. Et partir où ? Au QG des chasseurs, ou dans une autre prison pour Disneys ? Peu importe, il y avait forcément des choses à apprendre à les suivre. C’était ma chance, et je ne pensais pas prendre de risque : tout ce que j’avais à faire, c’était de prendre la même route qu’eux, à une distance raisonnable, jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent. Je noterais l’endroit et je continuerais mon chemin, ni vu ni connu.

La voiture démarra comme prévu et j’attendis qu’elle tourne à l’angle avant de quitter ma place à mon tour. Je la filai, prenant soin de toujours garder une certaine distance entre eux et moi, mais restant tout de même assez proche pour ne pas la perdre de vue. Ceci faillit arriver à deux reprises, mais par chance, je finissais toujours par la retrouver et reprendre ma traque. Jusqu’à ce que je réalise que j’étais en train de me faire berner. On tournait en rond, prenant des détours pour des trajets qui auraient pu être plus rapides, et je compris alors qu’ils étaient en train d’essayer de me semer, ou bien de vérifier que j’étais en train de les suivre. Dans tous les cas, j’étais grillée. Tant pis pour ma filature, il fallait que je me sorte de là, que j’abandonne et que je m’éloigne dans l’autre sens au prochain croisement. Seulement, il n’y eut pas de prochain croisement. Alors que nous étions dans une rue à sens unique, la voiture pila et se mit en travers de la route, me barrant le passage. Je m’arrêtai à quelques mètres, prête à m’enfuir en sens inverse, mais les deux hommes descendirent et l’un d’eux vint ouvrir ma portière. Les mains sur le volant, je passais la marche arrière et m’enfuir la porte ouverte, seulement je ne pus aller bien loin : le deuxième homme, qui avait sorti son couteau, m’avait déjà crevé deux pneus.

À ce moment-là, j’étais vraiment sûre que j’allais finir dans un caniveau et qu’on verrait ma tête dans les news dès le lendemain. Mais je n’allais pas donner à ces enfoirés la satisfaction de voir la peur sur mon visage, alors je sortis de la voiture la tête haute, leur demandant ce qu’était leur problème et pourquoi est-ce qu’ils voulaient m’empêcher de partir. La lame du couteau pointée vers moi comme une menace, ils répondirent à mes questions par une autre question. « Pourquoi tu nous suis ? », comme si j’allais leur révéler quoi que ce soit. Comme je n’avais pas de réponse satisfaisante à leur donner, ils me bousculèrent et m’agrippèrent les bras. Je me débattis autant que je pouvais, pas tellement fan à l’idée de recevoir le couteau dans la gorge.

« Lâchez-moi ! Lâchez-moi, putain, ou je hurle ! Vous pouvez pas me tuer là, vous avez trop de témoins ! LÂCHEZ-MOI ! »

Avec un peu de chance, il y aurait bien quelqu’un pour les empêcher d’aller plus loin. Non ?

L’une des deux brutes détourna son attention de moi pour regarder son téléphone et j’étais en train de réfléchir à un moyen d’utiliser cette diversion pour me libérer de leur emprise quand une troisième voix d’homme intervint un peu plus loin. Par miracle, cela suffit à faire comprendre aux deux gars qu’il était temps pour eux de partir et ils fichèrent enfin le camp, non sans plaisanter à propos de mes pneus crevés. Quels enfoirés. Mais au moins, je suis saine et sauve, et j’ai cet inconnu à remercier pour être arrivé au bon endroit au bon moment. Inconnu… ou peut-être pas tant. Les traits de son visage, alors qu’il s’approchait, me parurent familiers. Je l’avais déjà vu, mais en photo uniquement. Ça me revenait à présent : j’avoue, j’avais peut-être été faire un tour sur les réseaux sociaux pour dénicher le compte facebook du nouveau beau-père de Jayden. Pure curiosité, je n’avais rien à faire de ces informations derrière, j’avais juste envie de mettre un visage sur le mec qui avait trouvé mon ami et l’avait emmené à l’hôpital après son aventure à Monstropolis. Finalement, je n’y avais pas trouvé grand-chose, à part sa photo de profil, mais je n’avais pas cherché plus loin, ne pensant pas tomber sur d’autres détails bien utiles en fouillant plus.

Que faisait-il à Paris, alors que la mère de Jayden habitait à New York ? À vrai dire, je ne savais pas beaucoup de choses sur lui, si mon ami américain était généralement très bavard, il ne me partageait pas vraiment ses histoires de famille et j’avais appris à ne pas insister là-dessus. Peu importe, Ian était là, pour le travail ou pour les vacances, ça ne changeait rien. Le plus important, c’était qu’il était arrivé à temps pour me sauver d’une mauvaise posture, une situation dangereuse dans laquelle je m’étais stupidement embourbée. Il me reconnut également, m’appelant directement par mon prénom - un autre fouineur des réseaux ? à moins que Jayden ne lui ai montré des photos sur lesquelles j’apparaissais, tout simplement. Il se présenta comme le beau-père de Jayden et je répondis poliment avec un hochement de tête :

« Ian, bien sûr. Jayden m’a parlé de vous. Merci d’être intervenu, je ne sais pas où j’aurais fini sinon. Les gens peuvent être de sacrés malades par ici, je ne sais pas ce qu’ils me voulaient. »

Promis, ce n’était pas du tout parce que j’avais suivi la voiture depuis leur départ, absolument pas. Je m’étais simplement trouvée là dans cette ruelle par hasard et ils m’ont agressée sans raison. Était-ce crédible ? Espérons que Ian ne pose pas trop de questions. Ce dernier me demanda si je voulais porter plainte. Bien sûr, n’importe qui dans ma situation aurait pu le faire, même sans connaître l’identité des brutes, j’aurais dû avoir tout le loisir de pouvoir retenir leur plaque d’immatriculation pour la donner au poste de police le plus proche. Mais je n’avais pas d’intérêt à le faire, pas encore. Clawd, Jayden et moi étions sur une enquête bien trop complexe et bien trop importante pour commencer à mêler les flics à tout ça, cela ne ferait que compliquer les choses pour nous. Ce n’était pas que je doutais de la capacité de la police à résoudre une affaire, mais il s’agissait là d’un réseau de chasseurs de personnages Disneys et je ne pensais pas que quiconque au commissariat puisse réellement nous prendre au sérieux sur ce point. Autant garder cette enquête secrète pour le moment. Mais bien évidemment, je ne pouvais pas raconter tout cela à Ian. Alors, prenant un peu exemple sur son beau-fils, je mentis naturellement :

« J’aurais bien voulu, ne serait-ce que pour les pneus de ma voiture… Mais je ne crois pas que ça me mènerait quelque part, je ne sais pas qui étaient ces hommes et dans la panique, je n’ai même pas pensé à noter leur plaque d’immatriculation. »

Pourvu qu’il ne l’ait pas fait lui-même. Je soupirai, faussement dépitée. Ou vraiment dépitée, mais pas pour les mêmes raisons. Je m’étais faite grillée bien trop tôt pour connaître leur destination, et maintenant qu’ils avaient vu mon visage, ce serait plus compliqué de reprendre une filature. Il faudrait sûrement que Clawd et Jayden prennent le relais sans moi. Enfin, je pouvais enfin me contenter d’une petite victoire : l’attitude que les deux hommes avaient eu avec moi était presque une preuve qu’ils cachaient effectivement quelque chose. Ce qui signifiait qu’il y avait de grandes chances que l’on soit bien sur une bonne piste. C’était au moins ça de pris.

Quant à ma voiture, comme l’avait si bien dit l’autre brute un peu plus tôt, je n’irais pas bien loin avec dans cet état. Ian me proposa d’appeler une dépanneuse. Je l’aurais fait moi-même s’il ne m’avait pas devancée, mais j’étais occupée à ruminer. En attendant qu’il passe l’appel, je revins à mon véhicule pour sortir mes papiers, au cas où les dépanneurs auraient besoin de les vérifier, puis retournai vers Ian, qui raccrochait.

« Merci encore pour tout. Et désolée, j’espère que vous n’avez pas été mis en retard quelque part à cause de moi. Qu’est-ce que vous faisiez dans le coin, si ce n’est pas indiscret ? »

Je n’essayais pas de lui passer un interrogatoire, comme j’aurais pu le faire avec des personnes plus suspectes. Ici, c’était de la simple curiosité, une manière de faire la conversation, rien de plus. Il avait parfaitement le droit de ne pas vouloir me répondre et je ne m’en formaliserais pas : nous avions une connaissance commune, mais cela ne signifiait pas que nous étions proches.

Par chance, Ian n’insista pas pour que j’aille porter plainte. Peut-être qu’il me trouvait stupide, mais valait mieux ça que de ramener les flics sur l’enquête, ça n’aurait sûrement fait qu’aggraver mon cas auprès des chasseurs. Je préférais encore la jouer profil bas pendant un temps, histoire de me faire un peu oublier après cette malheureuse altercation. Et puis, il faudrait bientôt que je raconte à Clawd et Jayden comment je m’étais faite avoir si bêtement, je n’avais pas envie de leur dire en plus que j’avais impliqué la police dans l’histoire. Une connerie, c’était déjà bien assez.

Je laissais Ian appeler la dépanneuse pendant que j’allais chercher mes papiers dans la voiture. Bizarrement, je sentais qu’il me regardait, et je n’aimais pas vraiment ça. Est-ce qu’il savait que je cachais quelque chose ? À moins que je ne sois simplement en train de me faire des idées. Je revins vers lui comme si de rien n’était, alors qu’il raccrochait. Je le remerciai de nouveau pour être venu à ma rescousse et lui demandai ce qu’il venait faire dans le coin. Apparemment, il cherchait une bijouterie pour offrir un cadeau à la mère de Jayden. Je souris. D’accord, c’était un peu mignon. Je ne l’aurais pas imaginé si romantique. En revanche, je me demandais pourquoi il avait choisi cet endroit pour trouver son bonheur, surtout s’il n’y avait finalement pas trouvé de bijouterie. Il n’avait jamais entendu parler de Google Maps ? Il faudrait que Jayden le mette un peu au goût du jour.

« Non, en effet. Je ne connais pas particulièrement ce quartier mais ce ne sont pas les bijouteries qui manquent, à Paris. Je suis sûre que vous trouverez votre bonheur. »

Il proposa ensuite de me déposer lui-même quelque part quand la dépanneuse serait arrivée. Il m’avait déjà bien tirée d’affaire tout à l’heure et il voulait continuer à me rendre service ? D’accord, il avait l’air d’un type sympathique, mais personne ne pouvait être aussi sympathique, si ? Surtout après m’avoir dit qu’il cherchait un cadeau pour June, c’était un peu étonnant qu’il veuille bien perturber son après-midi pour aller boire un verre avec moi. Je me rappelais soudainement du mensonge que Jayden lui avait raconté, la première fois qu’ils s’étaient rencontrés ; celui pour lequel il m’avait demandé de le soutenir et qui m’avait fait passer pour une droguée. Bon sang, Ian devait penser que j’étais une junkie ! C’était sûrement pour ça qu’il m’avait observée tout à l’heure, et c’était également la raison pour laquelle il me proposait de me reconduire quelque part : il voulait vérifier que son beau-fils n’avait pas de trop mauvaises fréquentations. Le pire étant que je ne pourrais même pas démentir, puisque ça décrédibiliserait le mensonge de Jayden. Bon, l’avantage, c’était que ceux qui consommaient de la drogue ne criaient pas sur tous les toits qu’ils consommaient de la drogue. Alors je pouvais continuer à faire comme si de rien n’était.

« C’est vraiment adorable de votre part Ian, mais vous en avez déjà assez fait pour moi. En vérité, je n’avais rien de prévu, je rentrais simplement chez moi après une interview pour un article. Mais si vous voulez, je peux vous aider à trouver un cadeau pour votre dame. Ce sera ma manière de vous remercier. »

Une fois encore, le mensonge était venu assez naturellement - Jayden devait avoir une mauvaise influence sur moi, mais ça m’aidait bien dans ce genre de situations. Pas de quoi inventer toute une histoire abracadabrante pour justifier ma présence ici, le plus simple était le mieux, et surtout le plus crédible. Après tout, ça m’était déjà arrivé plusieurs fois de traverser Paris en voiture pour rentrer chez moi après une interview réalisée en banlieue.

La dépanneuse arriva finalement et je m’absentais un instant pour m’entretenir avec le mécanicien. Je répondis à ses questions puis le laissai repartir avec ma voiture avant de revenir vers Ian. Mon portable en main, je pianotai un instant sur l’écran puis, ayant trouvé ce que je cherchais, lui annonçai :

« Il y a l’air d’avoir une bijouterie pas trop loin d’ici, c’est à quelques minutes à peine. Si vous êtes toujours partant, bien sûr. »

Avec un peu de chance, il finirait par se dire que même s’il m’était arrivé une ou deux fois de prendre de la drogue avec Jayden, j’étais quand même une fille bien. Non pas que ce soit important ce qu’il pensait de moi, mais je préférais encore qu’il évite de jouer les beaux-pères relous avec Jayden en lui disant d’arrêter de me voir. Heureusement, il n’avait pas l’air d’être de ce genre-là, mais ne savait-on jamais.

Je montai dans la voiture d’Ian et, téléphone à la main, le guidai jusqu’à la bijouterie. Dans le même temps, je ne pus m’empêcher d’observer l’intérieur de sa voiture et constatai qu’elle était un peu trop propre et bien rangée pour être utilisée régulièrement. Pas de bazar dans les rangements des portières, pas d’objets oubliés sur les sièges arrière : soit c’était un maniaque du ménage, soit c’était une voiture neuve ou de location. En même temps, je ne savais pas grand chose de lui, Jayden ne m’avait pas raconté beaucoup à son sujet (sûrement car il ne savait pas non plus, de ce que j’avais compris, il n’était devenu son beau-père que très récemment) et je n’ai su dénicher que peu d’informations à son sujet en le cherchant sur Internet. Alors, il pouvait bien y avoir une centaine de raisons qui justifiaient l’utilisation d’une voiture de location pour aller acheter des bijoux. Je ne savais même pas ce qu’il faisait dans la vie - ou même s’il travaillait. Je lui poserais sûrement des questions, un jour, mais peut-être que je ferais mieux de ne pas le brusquer tout de suite.

Arrivés dans la bijouterie, Ian étudia les vitrines et je l’imitai, le regard attiré malgré moi sur certains bijoux que je trouvais magnifiques mais que je ne pourrais jamais posséder. Il m’expliqua qu’il ne voulait pas lui offrir de bague, ce que je comprenais : certaines femmes pourraient y voir un message caché et il voulait éviter un malentendu. Il partait donc plutôt sur l’idée de boucles d’oreilles ou d’un bracelet, voire une broche. Je réfléchis un instant avant de lui donner mon avis :

« Des boucles d’oreilles, pourquoi pas, si vous êtes certain qu’elle en porte. Si elle n’a pas de trous, ce serait bien inutile. La broche, c’est plus original, ça change un peu, si elle aime porter des vestes et être regardée, je vous dirais que c’est un cadeau idéal. Sinon, le bracelet est une valeur sûre, c’est joli et passe-partout. »

Difficile de donner un avis tranché quand on ne connaissait pas la personne pour qui le cadeau était destiné, mais je faisais de mon mieux pour lui donner au moins quelques pistes. Un jour, peut-être, je rencontrerais la mère de Jayden en personne, mais ce dernier n’avait pas franchement l’air trop pressé de me la présenter. Chaque fois, il avait une bonne excuse, ce que je commençais à trouver de plus en plus suspect. Mais je ne disais rien ; du moins, pas encore. Je lui faisais confiance et il devait bien avoir une bonne raison pour rester aussi secret concernant sa vie privée. En attendant, je devrais laisser Ian se faire son propre avis. Je laissai mon regard parcourir d’autres jolies vitrines. Il y avait des bijoux de toutes sortes, passant des prix les plus abordables aux plus exorbitants. Il y en avait pour tous les goûts, fort heureusement.

« Vous seriez sur quel genre de budget ? »

Je doutais qu’il soit prêt à dépenser des mille et des cents pour une relation encore fraîchement débutée, mais au fond, peut-être qu’il était secrètement très riche et qu’il se fichait du prix. Quoique, à voir comment ses yeux fuyaient aussi vite chaque fois qu’il tombait sur des prix à plus de trois chiffres, j’en doutais un peu.

« Vous la connaissez depuis longtemps ? June, je veux dire. Jay m’a parlé un peu de vous mais il ne m’a jamais dit comment vous vous étiez rencontrés. » Je me tournai vers lui et souris doucement. « Désolée. Curiosité maladive de journaliste, vous savez comme on est. Arrêtez-moi si je suis trop indiscrète. Je ne le prendrais pas mal, promis. »