J'en étais venu à oublier ce que c'était. J'avais de vagues souvenirs de ma mère, de son sourire, de son amour. Je me rappelais de mon père, alcoolique, plus souvent ivre que sobre et, enfin, je me souvenais de Ian. Ce frère de six ans mon aîné, trop grand pour jouer avec moi, trop sérieux pour croire en mes rêves et en mes histoires de petit garçon, parti trop tôt pour s'engager dans l'armée, c'est à peine si je l'ai connu. Nous étions trop éloignés par l'âge et par les soucis pour lier un véritable lien fraternel, mais je ne l'ai pas oublié. Je me souviens de ses grands yeux sombres, de son sourire, de son rire parfois forcé quand ma mère tentait de faire une plaisanterie à table. Je revois ses haussements d'épaules, ses regards noirs vers notre père, ses yeux baissés sur moi qui me regardaient avec une lueur lasse, désabusée. J'admirais Ian, puis je l'ai haï et, au final, je l'ai plains. Je me demandais même jusqu'à il y a quelques semaines s'il était encore en vie, jusqu'à ce que je rencontre Poppy, sa fille, ma nièce.
C'est une jeune fille formidable et notre rencontre a été pour moi une véritable illumination dans mon existence. Je me pensais seul, mais, en l'espace d'une journée, j'ai appris que mon frère vivait à Paris, et qu'il avait eu une fille. Je suis comblé, je retrouve un peu d'espoir. Reste à savoir si Ian acceptera de me parler, après tout ce temps passé dans l'ombre. J'ai fugué à quinze ans, je ne suis revenu chez moi que pour me recueillir sur la tombe de mes parents et je n'ai pas revu Ian depuis le dernier Noël que nous avons partagé en famille, peu de temps avant mon départ. Déjà là, il me paraissait... Las, différent, et je lui ai à peine adressé la parole. Je m'en veux, j'ai été un véritable enfoiré, un petit con qui mériterait une bonne paires de baffes. Il est temps de réparer cela. Je suis prêt à faire tous les efforts possibles si cela peut me permettre de renouer avec mon sang.
J'ai demandé à @Poppy MacSilwood si son père fréquentait quelques établissements ici, et elle ne pu me répondre, car elle ne le connaissait elle aussi que très peu. J'ai donc... Joué la carte de la chance, à vrai dire. Ma situation ne me permets en effet pas de mener ma propre enquête. J'ai séparé la ville en secteur et ai commencé à me renseigner auprès des bars paisibles et sans histoires. Par un énorme coup de chance, je n'ai pas eu à chercher longtemps, mon frère fréquente plusieurs endroits tranquilles. Je reconnais un peu son caractère, lui qui a toujours préféré le calme aux fêtes bruyantes. J'ai donc pris mon courage à deux mains et, un soir, j'ai enfilé un costume que je porte pour les grandes occasions : un costard trois pièces sombre. J'ai mis un long moment à nouer la cravate correctement, simplement à tâtons, et j'ai pris le chemin d'un bar du centre ville. Un endroit assez retiré mais connu pour son ambiance détendue et, comme le dirait les jeunes : "chill". Lorsque j'arrive à l'entrée, je retire mes lunettes sombres, je les ranges et je replie ma canne que je range ensuite dans mon sac besace. Je franchis l'entrée, ne me fiant qu'à mes oreilles et mon nez. Rapidement, ce dernier fut assailli d'odeurs d'alcool, de cacahuettes, de sueur et de vieux bois. Je parviens à toucher le comptoir sans percuter quoique ce soit.
Pourquoi ne pas utiliser ma canne ? Je ne veux pas donner de mauvaise impression à mon frère, en passant pour l'aveugle que je suis. C'est con, mais cela compte beaucoup pour moi, je veux paraitre fort, faire comme si cela ne changeait rien, apparaitre devant lui les yeux ouverts, non dissimulés et sans canne. C'est idiot, oui, tout ce que je risque à y gagner c'est une bonne chute, mais je préfère ça à sa pitié. Heureusement, une serveuse, que j'ai rencontré l'avant veille, me guide vers une table reculée où, d'après elle, se trouve leur fidèle client. Elle m'explique à voix basse qu'il me tourne le dos. J'hoche la tête en souriant et, tout en me fiant à mes mains et mon nez, je parviens à marcher vers lui. Grâce à Dieu, ce bar n'est pas encombré et est bien agencé ! Lorsque j''arrive à sa hauteur, je sens immédiatement l'odeur d'alcool qui émane de lui et mon coeur se serre. Oh bon sang, Ian... Je reprends contenance et pose une main sur son épaule. Je baisse la tête vers lui et lui dis, tout simplement, avec un sourire : Bonsoir Ian.
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Colin Farrell & avatar de Ilyria
MON ARRIVÉE : 05/06/2017
MON VOYAGE : 584
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Sam 16 Déc 2023 - 22:52
Après tout ce temps
C'est bien que tu ne vois pas mon état
Perdu dans ses pensées, Ian ne remarquait plus ce qui l’entourait. Il se questionnait sur tant d’aspects de sa vie. La première était à propos de ce verre devant lui : Devait-il le boire ou se lever et quitter cet endroit plein de tentations? Il aurait du y penser avant de venir, avant de passer cette porte. Sauf qu’il n’avait pas réfléchit et s’était laissé guider par ses pas. Par réflexe il avait commandé son whisky préféré et s’était assit à sa place habituelle. Et maintenant il se disait qu’il aurait peut-être mieux fait de renter chez lui.
Il pensa à June, se demandant si cette relation menait quelque part. Ils passaient certes du bon temps ensemble, mais il y avait des moments où il avait l’impression que leurs conversations manquaient de profondeur. Et puis l’irlandais semblait boire plus depuis qu’ils se fréquentaient. À chaque fois, il se disait que ce n’était qu’une impression, mais il savait que c’était réel. Sa consommation allait avec les gens qu’il fréquentait.
Ian se demandait se qu’il faisait là, seul. Il aurait pu appeler Poppy, lui parler aurait été un vent de fraicheur, mais il avait peur de la déranger. Elle avait une vie à elle. Et puis ils se parlaient surement assez souvent? L’irlandais ne savait pas si la fréquence de leurs conversations était normale ou pas. En fait, l’homme ne savait pas ce qui était la normalité. Il avait vécut la majorité de sa vie avec une famille en ruines. Sa fille lui avait rapporté avoir rencontré Auguste, le petit frère de Ian, et il semblait qu’il voulait renouer avec lui. Le chasseur en avait bien envie, mais la peur de le décevoir à nouveau le tenaillait. Il ne faisait que cela, décevoir tout le monde, lui le premier. Le brun était allé à l’hôpital voir son frère après son accident. Il était resté à distance sans savoir quoi faire ou dire. Il avait fini par déposer le bouquet de lys blancs et quitter. Une infirmière avait du s’en occuper et en faire la description au patient. L’alcoolique ne se sentait pas légitime d’être au chevet d’un frère qu’il connaissait à peine. Que savait-il d’Auguste? Que le jeune O’connell avait fugué, qu’il avait atterri à Paris où il avait refait sa vie en devenant policier et qu’il avait eu cet accident en service, le rendant aveugle. Ah et il possédait un monstre énorme qu’il appelait un chien. Tout ça, Ian l’avait appris en fouinant un peu de temps en temps, sans oser prendre contact. Comme le lâche qu’il avait toujours été.
Juste un verre, ça ne lui ferait pas de mal? Ça l’aiderait seulement à se sentir mieux. Et il le bu, tout en essayant de prendre son temps. Lorsqu’il le déposa, il recommença à se dire qu’il devrait partir, mais il resta là et repris un verre et un autre, s’interrogeant de moins en moins.
Puis une voix le salua, le sortant de sa bulle. Il se retourna et se figea de surprise. Était-il en train d’halluciner? Y avait-il quelque chose de pas net dans son verre? Auguste ne pouvait pas vraiment être dans un bar? Et il semblait voir? Après l’avoir observé un court instant, Ian compris que le regard fixe de son frère signifiait sans doute qu’il était bien aveugle. Il devait vouloir éviter d’attirer l’attention en ayant l’air normal.
-Bon… Bonsoir Auguste.
C’était un bon début, mais Ian savait qu’il devait dire autre chose, mais quoi? Ils ne s’étaient pas parlé depuis si longtemps! Un noël il y avait bien des années, il ne saurait dire combien. Le chasseur se demanda quel hasard avait mené son frère là, mais il eu vite l’impression que ce n’en était pas un.
-Je m’attendais pas à te voir ici, mais j’imagine que toi, si? Tu veux t’asseoir ou tu préfère aller dehors?
Ce n’était pas tout le monde qui aimait se genre d’endroit, surtout quelqu’un détestant l’alcool. Enfin, si Auguste détestait toujours? Depuis le temps, ça avait peut-être changé? Quoique de nos jours, ils servaient ces trucs, des mocktails et autres breuvages sans alcool, ça attirait une toute autre clientèle qui n’était pas là pour se saouler la gueule.
-Je t’aide? Je sais que tu as eu un accident et que tu n’y vois rien. Je sais aussi que tu as rencontré Poppy, ma fille.
Ça lui faisait encore tout drôle de la désigner ainsi. Après tout, il avait été si longtemps sans connaitre son existence.
L'odeur du bar m'a gêné lorsque je suis entré. Maintenant, je commence à m'habituer et je parviens même à déceler quelques autres petites odeurs parmi celle de l'alcool.
Pour commencer, je sens les nombreux parfums des personnes présentes. J'en reconnais quelques uns, mais ne parviens pas à mettre un nom sur la plupart. Après tout, ce n'est pas important. Les noms des parfums ne sont au final que des détails, ce qui compte, c'est la personne qui en porte. C'est tout de même dommage. Je préfère sentir la véritable odeur des personnes, c'est plus révélateur. Parmi toutes ces odeurs se trouve celle de mon frère. Il sent un mélange d'alcool, de sueur et une touche caractéristique que je reconnais bien, car cela me rappelle l'odeur de notre maison, de notre foyer. Il est le dernier vestige de mon enfance, une ruine qui s'effrite lentement à cause de la boisson. Je lui souris. Je suis heureux de le retrouver malgré tout. Il m'a manqué, quoiqu'il en dise, quoi qu'il en pense.
Il me salua avec hésitation. Entendre de nouveau sa voix me donne quelques frissons et je souris, ravi. Il m'a reconnu, ce dont je ne doutais pas. La famille, cela ne s'oublie pas, bien au contraire. Il resta silencieux pendant quelques secondes. Je devine qu'il doit être en train d'hésiter. Je garde le sourire, la main posée sur le dossier d'une des chaises. Les bruits aux alentours semblent s'estomper petit à petit, ne laissant plus que la voix de mon frère qui me dit qu'il ne s'attendait pas à me voir ici. Il supposa par contre que c'était le contraire pour moi. Je lui réponds, d'une voix douce : Tu es perspicace, mon frère. Il me proposa soit de m'asseoir soit d'aller dehors. Je lui en suis reconnaissant, il se souvient du fait que je ne suis pas très à l'aise dans ce genre d'endroits. Je lui dis cependant, en souriant : Nous pouvons rester ici si tu le souhaite. D'après ce que je sens et ce que j'entends, il ne paraît pas tellement en état d'aller se promener. Je préfère le laisser se reposer, nous pouvons très bien parler ici. Peu importe les odeurs et les bruits, ce qui compte aujourd'hui c'est lui, et je serais resté même s'il était assis sur un bloc de lave.
Mon frère me proposa son aide. Il précisa maladroitement qu'il savait que je ne voyais plus rien. Il ajouta aussi qu'il savait que j'avais rencontré sa fille, Poppy. Je lui montre la chaise que je tenais de la main et lui dis, en souriant toujours :"Je peux me débrouiller, merci." Je tire la chaise et m'assoie sans trop de mal, à tâtons cependant. À ce que je peux ressentir, il se trouve à ma gauche. Je reprends en lui disant : "Ta fille est une incroyable jeune femme. Elle tiens de toi. Lorsqu'elle me parlait, j'avais l'impression de t'entendre toi à l'adolescence." Un serveur vint prendre nos commandes. Je demande, dans mon français marqué par mon accent Irlandais, un verre de jus et il demanda à mon frère ce qu'il souhaitait. Je remercie le serveur qui s'en va préparer nos commandes. Je tourne ensuite la tête vers mon frère. J'ai du mal à le situer précisément, et je me dis, amer, que je dois sans doute être en train de fixer le mur derrière lui. Je dis cependant, ne me laissant pas distraire par cette pensée : "Le monde est petit. Qui aurait pu croire que je te retrouverais ici, à Paris ? Malgré la distance, malgré le silence, tu m'as manqué mon frère."
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MON ARRIVÉE : 05/06/2017
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Sam 13 Jan 2024 - 18:48
Après tout ce temps
C'est bien que tu ne vois pas mon état
Ce qu’Ian souhaitait? Il ne le savait pas lui-même. Au fond de lui il savait que la chose qu’il voulait, c’était se sentir mieux, mais il ne savait pas comment faire. Il aimerait que quelqu’un lui dise comment faire, mais il semblait que ça ne marchait pas comme ça, c’était soi-disant à lui de trouver comment y arriver. Peut-être que son petit frère lui apporterait des pistes? Est-ce que reconstruire leur famille l’aiderait? Les aiderait? Ils devaient essayer pour voir.
Auguste refusa son aide, et ils prirent place à la petite table. Ian ne pu s’empêcher de sourire lorsque son frère lui parla de Poppy. La remarque à propos de leur ressemblance lui fit chaud au cœur, car il n’avait pas l’impression qu’ils se ressemblaient beaucoup, il la trouvait trop merveilleuse pour oser se comparer à elle. Elle était si gentille, pétillante et talentueuse, tout le contraire de lui. Mais il était vrai qu’il avait déjà été jeune. Ça semblait faire une éternité, c’était une autre vie, mais cette ancienne existence était ce qui le reliait à son petit frère.
-J’arrive pas à croire que la moitié de cette jeune femme vienne de moi. Peut être qu’elle est aussi extraordinaire parce que ce n’est pas moi qui l’ai élevée?
Si Moira avait fuit et lui avait caché sa grossesse, ce ne pouvait être que parce qu’elle savait qu’il gâcherait tout? Il y avait des jours où il en voulait à la mère de Poppy et d’autres ou il se disait qu’elle avait bien fait, pour protéger l’enfant. Mais d’un autre côté, peut-être qu’être père plus tôt aurait empêché Ian de tomber dans cette spirale infernale dont il n’arrivait plus à se sortir. Une chose lui semblait certaine, jamais il n’aurait travaillé pour Louis, il aurait trouvé un travail honnête où il n’aurait pas traumatisé des gamins.
Il demanda un café au serveur. Il ne pouvait pas continuer à boire du whisky devant Auguste. Et puis il voulait s’éclaircir un peu les idées. Ça ne l’empêcha pas de remarquer que son frère fixait le mur. Le chasseur toussa afin que le policier sache où il se trouvait exactement. Il trouvait ça moins offensant que de le mentionner ou de commencer à parler sans savoir quoi dire. Auguste était venu le trouver, c’était qu’il devait avoir quelque chose à dire et Ian se faisait un devoir de l’écouter poliment. Il faut dire qu’il essayait de mettre un peu d’ordre dans ses pensés. Les paroles de son frère le laissèrent à la fois ému et confu. Pourtant, l’ainé aurait du se douter que s’il l’avait cherché, c’est qu’il avait envie de le revoir.
-Je suis heureux que tu sois venu me trouver. Tu m’as aussi manqué. Jusqu’à ce que Poppy me parle de votre rencontre, je croyais que tu ne voudrais pas me voir.
Ian hésita. Devait-il tout déballer? Le serveur revint avec leur commande, ce qui laissa un instant supplémentaire de réflexion. Il bu une gorgé de son café bien chaud. S’il ne voulait pas que leur rencontre tourne court et que rien n’évolue, il devait s’ouvrir un peu plus.
-Je t’avoue que ça fait un moment que je sais que tu habites Paris. J’aurais pu passer te voir, mais j’avais en tête que tu m’en voulais. Que ce soit le cas ou pas, ce n’était qu’une excuse pour être lâche.
Il prit une pause. Ça lui faisait un peu mal d’avouer cela à voix haute. Il avait peur de plonger encore plus bas dans l’estime de son frère, mais au moins il était honnête. Il avait été un piètre grand frère, Auguste méritait tellement mieux que lui.
-Tu sembles bien, malgré les circonstances. Tu as une grande capacité d’adaptation, moi, ça m’aurait démoli. Tu as toujours été le plus solide, ça se voyait alors que t’étais qu’un gamin.
C‘était le genre de moment ou Ian regrettait leur écart d’âge et de ne pas avoir été plus proche.
Qu'il est bon d'entendre de nouveau sa voix, de sentir sa présence chaude et rassurante à mes côtés...
Ian n'est pas seulement mon frère comme je l'ai déjà dit, il a été mon exemple quand j'étais gamin, cela a changé avec le temps... Hélas, je le regrette. Ian est le seul membre de ma famille qu'il me reste à présent et tout ce temps perdu, gâché à cause de mon égoïsme me rends malade rien qu'à y penser. Je me revois, enfant, regardant mon frère qui était déjà un jeune adulte et qui devait affronter la vie. Il me paraissait las, désabusé, perdu. Je me suis alors demandé s'il savait ce qu'il faisait, et je me suis mis à le détester, à le considérer comme un perdant, comme notre père. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Je suis passé par les mêmes étapes que lui, les mêmes désillusions, les mêmes doutes. Je sais ce qu'il a ressenti, et je lui en suis même reconnaissant d'avoir en quelques sortes ouvert la voie car, en le voyant souffrir, j'ai su éviter les réactions qu'il a eu de son côté.
Papa et maman ne sont plus là. Il n'y a plus que nous et sa fille. Il me dit, d'une voix à la fois chaude mais triste, qu'il avait du mal à croire que la moitié de cette jeune femme était de lui, et que, si elle était aussi incroyable, c'est parce qu'il ne l'avait pas élevée. Je laisse échapper un sourire et lui réponds : Ne dis pas ça, mon frère. Tu n'en es peut être pas conscient, mais c'est en grande partie grâce à toi si je suis devenu l'homme que je suis aujourd'hui. J'entends Ian tousser, ce qui m'indiqua avec exactitude sa position par rapport à moi. Je lui souris, reconnaissant, et je lui dis : Merci mon frère... Je lui avoue ensuite qu'il m'a manqué. Il me répondit que c'était réciproque, qu'il était content que je sois venu le trouver et il me dit que, sans Poppy, il aurait continué à penser que je ne voulais pas le voir. Je fais une petite moue et hausse les épaules avec tristesse. Il me dit ensuite qu'il savait depuis un moment que j'habitais Paris mais il pensait que je lui en voulais. Je lui réponds en secouant la tête, soudain sérieux : Je ne t'en ai jamais voulu, mon frère. Mais je ne cherchais pas particulièrement à savoir ce que tu devenais... J'étais pris par ma carrière, par ma vie... Et j'avais encore maman. Elle m'écrivait et je lui répondais. Elle me donnait des nouvelles de toi, ça me suffisait... Quand elle est morte, quand j'ai su ce qu'il s'était passé, j'ai pensé qu'il valait mieux en rester là avec notre famille... J'ai été con, Ian. Je me voilais la face. Je me persuadais que l'éloignement m'aiderait à ne pas souffrir du fait que tu me manquais.
Je porte les mains à mon verre, après l'avoir cherché à tâtons, et reprends : Tu n'as pas à t'en vouloir de n'avoir rien fait. Je suis autant responsable. Nous avions nos vies, mais maintenant, nous sommes là, nous nous sommes retrouvés, c'est le principal, mon frère, et je ne vais plus jamais t'abandonner. Je tends la main et parviens à trouver son avant bras. Ses muscles sont durs, fermes. Il me dit ensuite que j'avais été le plus fort de nous deux, que j'avais une plus grande capacité d'adaptation. Je laisse échapper un rire et réponds : Mais c'est grâce à toi, mon frère ! Tu me montrais la voie à suivre ! Quand tu es parti, j'ai essayé de t'imiter du mieux que je pouvais... Quand... Je détourne la tête : Quand j'ai perdu la vue, j'ai pensé à abandonner. C'est un bouquet de fleur et une voix dans un rêve qui m'ont aidé à me relever. Je dois te remercier, mon frère. Je t'ai reconnu à la description de l'infirmière. Tu es venu me voir après tout ce temps, et je suis désolé d'avoir attendu tant de temps avant de te rendre la pareille...
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Colin Farrell & avatar de Ilyria
MON ARRIVÉE : 05/06/2017
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Sam 10 Fév 2024 - 17:01
Après tout ce temps
C'est bien que tu ne vois pas mon état
Auguste lui avoua qu’il était devenu l’homme qu’il était grâce à lui. Ian ne savait pas s’il devait prendre ça comme un compliment. Il n’avait pas l’impression d’avoir été un bon grand frère. Peut-être que le plus jeune se servait-il de l’autre comme l’exemple à ne pas suivre? C’était un peu pessimiste comme façon de penser et ça ne ressemblait pas à la façon d’être du policier. Cette information assimilée, le chasseur se trouva chanceux d’avoir un frère comme Auguste. Sa franchise faisait du bien. Ian l’écouta expliquer qu’il ne lui en voulait pas, mais qu’il n’avait pas cherché à avoir de nouvelles. L’ainé avait aussi été dans ce cas pendant plusieurs années. Ils semblaient que tous les deux regrettaient cet éloignement qui n’avait servi qu’à les faire souffrir chacun de leur côté.
Et je ne vais plus jamais t'abandonner. La gorge d’Ian se serra et il aimerait faire la même promesse à voix haute, mais il aurait trop peur de la trahir et de laisser tomber son petit frère à nouveau. Il a l’impression que s’il garde ce serment secret, il sera le seul à être déçu s’il échouait. Il chasse cette pensé négative, il peut y arriver s’il le veut vraiment. Il y a de plus en plus de gens qui comptaient sur lui et qui lui faisaient confiance, il devait se montrer à la hauteur!
La main du plus jeune se posa sur son avant bras, un contact chaleureux et réconfortant avant qu’il ne reprenne la parole. Ian ne s’était jamais considéré comme un exemple à suivre, mais entre lui et leur père, il était surement le moins pire aux yeux du jeune Auguste. Ce dernier lui parla de sa visite à l’hôpital. Le chasseur regretta alors de ne pas être resté pour entrer en contact avec l’aveugle. Il ne pensait pas que ça visite avait eu un impact aussi fort.
-Tu devais être un peu en manque de modèles pour vouloir m’imiter, moi.
C’était dit avec un peu d’humour. Il reprit plus sérieusement :
-Je ne savais pas que tu avais eu conscience de ma présence, ni que ça t’avais fait un tel effet. J’aurais du attendre ton réveil et reprendre contact à ce moment là, mais comme je te le disais, j’avais cette peur que tu m’en veules et de ne pas être le bienvenue. Maintenant je me rends bien compte que c’était stupide et que j’ai gâché du temps. Ne t’en veut pas d’avoir attendu, tu devais t’habituer à ta nouvelle condition.
Ian bu un peu de son café. Cette chaleur lui fit presque autant de bien que les paroles de son frère.
-J’ai l’impression qu’on a été un peu con tout les deux dans cette histoire. L’important, c’est d’en tirer une leçon. La prochaine fois, je viendrais te voir plutôt que de me cacher et m’imaginer que tu m’en veux.
Il soupira, hésitant à poursuivre. Devait-il exprimé la pensé qui lui venait? Se sentirait-il vraiment mieux après? Il avait besoin de donner des explications, car il n’était pas très fier de lui.
-Je suis désolé que tu me trouves dans cet état… Je bois trop ces derniers temps. J’ai trop de choses en tête qui me tracassent et ça parait sur ma consommation.
Mon grand frère, mon idole d'enfance, mon exemple à suivre quand j'étais môme. Les temps ont bien changé désormais. Je suis un adulte, et je ne conçois plus l'image fraternelle comme celle citée plus tôt. Aujourd'hui, mon frère représente à mes yeux les erreurs à ne pas reproduire, la déchéance familiale qui continue à se perpétuer dans le temps et les générations, mais je ne peux lui en vouloir, car il est le seul membre de ma famille qu'il me reste, il est le dernier O Connell encore en vie, avec moi.
Nous évoquons mon séjour à l'hôpital, et il m'avoua qu'il aurait du chercher à me parler, surtout si j'avais conscience de sa présence. Mais il avait peur, peur que je lui en veuille. Je souris et le rassure : Ne t'inquiète plus, c'est du passé, et il n'y a plus rien à pardonner. Il avait raison sur un point, nous avons tous les deux retenu une leçon aujourd'hui, nous devrions cesser de nous fuir ainsi, et profiter de la présence de l'autre. Maintenant que tous les torts étaient excusés, nous pouvons enfin nous redécouvrir, réapprendre à nous connaître. Je souris et hoche la tête quand il me fit le constat que nous avons été idiots tous les deux. Je lui réponds, avec une touche d'humour dans la voix Oui, mon frère, ne me fuis plus, j'aurais du mal à te retrouver cette fois ci. Je lâche un petit rire. Ma cécité est certes difficile a vivre par moment, mais j'apprends même à en rire et je ne m'offusque pas des maladresses des personnes quand ces derniers se rendent compte au dernier moment qu'ils font face à un aveugle.
Il s'excusa que je le trouve ainsi, et m'avoua qu'il avait trop de choses en têtes qui le tracassaient et qui impactaient sa consommation d'alcool. Je lâche un doux soupir et repose une main sur son avant bras. Je lui souffle : Je ne sais pas si cela peut t'aider, mais je suis la désormais, je peux supporter une partie du poids que tu as à endurer. Je baisse les yeux et lui dis : je ne peux pas te juger, ou te reprocher de reproduire ce que faisais notre père, car nous avons eu chacun nos problèmes, et cela aurait très bien pu être moi, aujourd'hui, à ta place. Tout ce que je veux faire aujourd'hui, c'est t'apporter mon soutien et surtout... Je souris : Te changer les idées des que l'occasion se présentera ! Déjà, parle moi de toi, que fais tu dans la vie ?
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MON ARRIVÉE : 05/06/2017
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Lun 8 Avr 2024 - 3:24
Après tout ce temps
C'est bien que tu ne vois pas mon état
Ian se sentait soulagé que son frère soit aussi d’accord pour ce qui était de passer à autre chose. Ils se donnaient le droit de penser à l’avenir. Ça faisait toujours étrange au chasseur de penser au futur, car il avait plus l’habitude de vivre au jour le jour. Comment savoir où il sera dans cinq ans quand il ne sait même pas où il se réveillera le lendemain? Et puis sera-t-il encore en vie? Entre sa consommation d’alcool et son travail, il ne savait pas ce qui risquait le plus de le tuer. Comme Louis était un homme très dangereux, il y avait de fortes chances qu’il décide de se débarrasser du chasseur un jour, si ce dernier remuait trop de merde. C’était pourquoi l’ainé des O’Connell essayait de se tenir tranquille par sa sécurité, mais surtout celui de sa fille. Et maintenant qu’il était réconcilié avec Auguste, il devrait faire attention pour lui aussi.
Le plus jeune fit une blague à propos de son infirmité qui déclencha un léger rire chez Ian. L’alcoolique admirait son frère pour sa force de caractère, lui-même n’était pas certain qu’il aurait réussit à en rire s’il avait été à sa place. Perdre la vue lui semblait terrible, presque insurmontable, mais Auguste se tenait devant lui, sans se plaindre et continuant sa vie comme si tout était normal. Le chasseur tenta aussi une pointe d’humeur :
-Bah écoute, tu me retrouveras surement à l’odeur ou au bruit que je fais. Mais sinon j’essaierais de ne plus fuir.
Puis le policier lui proposa son aide. C’était très gentil de sa part, mais l’homme avait surement bien d’autres problèmes à gérer sans devoir s’occuper de son grand frère. À la mention de leur père, Ian ne pu s’empêcher de se raidir. Il le savait bien au fond de lui qu’il répétait les comportements toxiques de leur géniteur, mais l’entendre de la bouche de la seule autre personne l’ayant connu était comme une claque en plein visage. Méritée, certes, mais pas moins douloureuse. Cependant la remarque d’Auguste que les rôles auraient pu être inversés fut un léger baume.
-Merci mon frère, tu as de sages paroles.
Alors que le chasseur se détendait un peu, la question innocente du policier le plaça en mauvaise posture. Il n’avait pas envie de mentir, mais il ne pouvait pas vraiment lui dire la vérité! Déjà, s’il racontait tout, l’autre croirait qu’il avait trop bu! Attraper des personnages de dessins animés, qui ne le prendrait pas pour un fou? À l’exception de ces dits personnages, qui le prenaient plutôt comme un ennemi, avec raison. Il décida d’opter pour une demi-vérité :
-Je suis un chasseur de prime. On me paie pour trouver et ramener des gens dangereux. Disons que j’aime pas trop en parler, normalement je mens à ce sujet.
Et il était vrai que lorsqu’il se rendait compte que la cible n’était pas dangereuse, il la laissait s’échapper. Ce n’était pas le cas au début, mais c’était avant qu’il ne comprenne que Louis faisait des expériences sadiques sur eux. Ian avait bien envie de balancer son patron au policier, mais il y avait trop de risques. Et si l’autre cinglé se vengeait sur Poppy? L’alcoolique décida de détourner le sujet un peu afin de ne pas trop penser, car quand il pensait trop, ça lui donnait soif…
-Et toi, tu travailles toujours malgré ton accident si je ne me trompe pas? Ça se passe bien?
Je pensais avoir définitivement perdu Ian. Nous avions chacun nos vies, nos projets, nos emplois, notre famille (oui, je considère Maurice comme un membre de ma famille, à part entière), nous n'avions aucune raison de renouer contact après mon départ. Nous n'avions en commun que notre sang, et un semblant de passé commun. Il est beaucoup plus âgé que moi, je devais être à ses yeux le gamin de trop, celui qui arrivait comme un cheveu sur la soupe. Mais je savais au fond de moi qu'il ne le pensait pas. Je l'aimais.. Non, je devrais plutôt dire : je l'aime comme celui qui a toujours été pour moi un exemple à suivre, bien qu'il ait fait des choix bien peu recommandables. Au fond, je me dis que tout ceci n'est pas important, car nous sommes des adultes désormais, nous avons chacun construit notre univers à notre image, et les avis des uns et des autres ne nous importent plus. Je sens que mes paroles touchent Ian en plein cœur, et je me rattrape en lui disant que, ce qu'il faisait, j'aurais pu moi aussi le faire. Il me dit alors que j'avais de sages paroles et je réponds en souriant : J'ai eu le temps de repenser à tout ceci, depuis mon lit d'hôpital. C'est très enrichissant quand on y réfléchit... En apprenant à vivre sans mes yeux, j'ai par la même occasion appris à méditer, à me poser sur des questions simples qui peuvent paraitre ô combien compliquées lorsqu'on ne prends pas le temps de s'y intéresser pleinement.
Je change de sujet et demande à mon frère de me raconter sa vie, ce qu'il faisait par exemple. Je le sens hésiter. Il reste silencieux pendant quelques secondes avant de me répondre qu'il est une sorte de chasseur de primes. Il me dit qu'il trouvait et ramenait à son employeur des gens considérés comme dangereux, et m'avoua qu'il n'aimait pas trop en parler, qu'il mentait habituellement sur ce sujet. Je perds mon sourire et pose une main sur son bras, soudain inquiet. Je lui demande : J'espère qu'il n'y avait pas dans ta liste de gens à trouver ces personnes perdues qui viennent de mondes factices. Tu sais, ces gens des contes et des films de notre enfance, ceux qui vivent dans cet hôtel en plein Paris. Je te le demande, mon frère, car ce sont des gens biens, ils ne demandent qu'à être acceptés... Je m'inquiète pour Wendy, pour tous ceux que j'ai pu rencontrer, car ce sont de bonnes personnes, à l'image des personnages des contes que j'aimais découvrir et redécouvrir lorsque j'étais enfant.
Il me demanda ensuite comment se passait mes journées depuis mon accident. Je retrouve mon sourire et lui réponds : Je suis toujours policier, oui, ils m'ont gardé malgré ma cécité. Je travaille cependant dans les services administratifs, sur téléphone ou ordinateur... Même si ça me tue, le terrain, c'est fini pour moi. Je baisse les yeux et lâche un soupir. C'est ce qui me manque le plus, l'adrénaline, le danger... Et savoir que je ne pourrais plus aider mon prochain est un calvaire pour moi.
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Colin Farrell & avatar de Ilyria
MON ARRIVÉE : 05/06/2017
MON VOYAGE : 584
POINTS : 1156
Ven 14 Juin 2024 - 2:14
Après tout ce temps
C'est bien que tu ne vois pas mon état
Auguste avait eu le temps de penser, installé dans son lit d’hôpital. Il était certain qu’il n’avait sans doute pas eu beaucoup d’autre occupation. Ian se disait qu’il aurait lui-même commencé à beaucoup réfléchir s’il avait été dans la situation de son frère, malgré la torture que ça serait dans son cas. Il avait tant fait de choses qu’il regrettait, juste l’idée d’être alité dans l’obscurité seul avec ses pensés, sans alcool, lui donnait la nausée. Il savait bien qu’il devrait commencer à changer les choses, mais il procrastinait. Il pourrait toujours se rebeller contre Louis la semaine prochaine, non?
Le chasseur ne manqua pas de regretter aussitôt sa franchise à propos de son travail. Jamais il n’aurait songé que le policier connaissait des Disney! Comme s’il n’éprouvait pas assez de culpabilité et de doutes, Auguste en rajouta en lui faisant la morale. Ian réalisa qu’il affichait un air surpris, ce qui le fit encore plus paniquer jusqu’à ce qu’il ne se souvienne que son frère ne voyait pas son visage. Le soulagement se mêla à la culpabilité. Quel monstre pouvait être soulagé de ne pas être vu par son interlocuteur alors que ce dernier était aveugle? L’alcoolique se sentait comme un mauvais humain. Au moins quand il buvait, il oubliait toutes ses erreurs!
D’ailleurs, qu’est-ce qui aurait été la pire erreur dans le cas présent? Surement de continuer sur ce sujet. Mais d’un autre côté, c’était louche? Quoique c’était bien aussi de s’intéresser à la vie d’Auguste. Trop de décisions à prendre tout en dessaoulant et en se trouvant en terrain miné. Heureusement, le plus jeune répondit à la question. Ian écouta avec plus d’attention que ce dont il avait l’habitude. Parce qu’Auguste, il était important et le chasseur lui devait au moins ça de l’écouter. Même si la tristesse dans sa voix l’atteint.
-Je suis désolé que tu ne puisses plus faire la partie de ton travail que tu préférais. Je pense que tu dois quand même être utile, quelqu’un doit bien le faire le côté administratif. Et puis je suis certain que tu mets les gens à l’aise, tu as toujours eu ce don.
Bon, présentement, Ian n’était plus très à l’aise. Mais ce n’était pas de la faute de son frère, c’était la sienne, avec son travail et ses fréquentations louches. Pourquoi s’était-il embarqué là-dedans? Et surtout pourquoi continuait-il? Il devait bien y avoir un moyen d’arrêter tout en préservant la sécurité de Poppy? Il se sentait coincé, ne sachant pas quoi faire de sa vie ou quoi dire à son frère. Comment justifier l’injustifiable? Il avait si chaud qu’il étouffait. Devait-il tout avouer et soulager sa conscience? Quoiqu’il savait que cela ne le libèrerait pas complètement.
Plus le silence durait et plus il se sentait mal. Était-ce une incitation à parler ou son frère ne savait pas quoi ajouter? Les mains du chasseur tremblaient, il s’agrippa à son verre d’eau, mais ce n’était clairement aussi efficace qu’un bon whisky pour se calmer. Et puis il se décida enfin:
-Au début, on m’avait dit que c’était des gens dangereux. Ils aiment bien montrer une vidéo d’un mec qui fait du feu pour impressionner les nouveaux. Pour finir de me convaincre, le boss m’a dit que nous les capturions pour les renvoyer chez eux… j’y ai cru pendant un temps. Puis j’ai compris que c’était faux après de longs mois de doutes. Ce bâtard m’a menti en me regardant droit dans les yeux!
Ian respira profondément. Certes, il était en colère contre Louis en permanence depuis, mais il éprouvait une rage contre lui-même de ne pas avoir vu clair.
-J’aurais du quitter, mais je me suis dit que je pourrais capturer les dangereux et laisser les inoffensifs libre… c’était une erreur, car j’ai fini par apprendre ce que ce monstre faisait. Sauf qu’entre temps, j’avais retrouvé Poppy et depuis j’ai peur de ce qui pourrait lui arriver si je quitte ou si je me rebelle…
Discrètement, Ian essuya une larme en attendant le jugement de son frère. Sans doute que maintenant il ne voudrait plus lui parler. Au moins, il ne lui aurait pas menti à lui.
Ian est au plus bas. Je l'entends, je le sens dans son odeur chargée d'alcool et dans sa transpiration.
Il hésite, ne sait que faire, et je laisse volontairement le silence s'étirer entre nous. Lorsqu'il a esquivé ma question, lorsqu'il a préféré enchérir sur ma vie professionnelle et le fait que le terrain me manquait, je compris qu'il était plus qu'impliqué dans les disparitions de ces personnes venant de mondes différents du notre, des mondes créés de toute pièce, de l'esprit d'écrivains puis de dessinateurs et de cinéastes. Je compris que mon chasseur de prime de frère savait des choses, et qu'il était sans doute mêlé à tout ceci. Mon cœur se serra. Oh... Ian... Que s'est il passé ? Pourquoi s'est il retrouvé dans cette situation ? Je serre les lèvres et attends, le coeur battant, inquiet de connaître sa réponse. Je suis toujours aussi content de le retrouver, mais j'ai peur ne serait ce que de penser qu'il pourrait s'en prendre à Wendy.
Il m'exoliqua, hésitant tout d'abord, puis plus sincèrement, qu'il avait été mené en bateau par ce que je pense être son employeur. Il pensait qu'il ne faisait que les renvoyer chez eux, jusqu'à ce qu'il apprenne la vérité. Je compris alors que son employeur devait sans doute faire bien pire. Les tuer ? Les torturer ? Mon coeur se serra. Oh, Wendy... Ma chère et tendre Wendy... J'ai tellement peur qu'il t'arrive la même chose. Ian m'avoua qu'il pensait s'occuper que des plus dangereux avant d'apprendre que c'était une erreur. Il avait pensé quitter cet emploi, mais il avait peur pour Poppy. Je fronce les sourcils. C'est pire que ce que j'imaginais. Ce type tiens mon frère, il le garde enchaîné par la menace qu'il fait peser sur sa fille. Je pose la main sur la sienne, serre ses doigts entre les miens et je dis, déterminé, soufflant ces mots :Il nous faut agir. Tu ne peux pas rester ainsi. Ce boulot te ronge, mon frère... Je ne veux pas que tu finisse comme notre père, ou que tu fasse une connerie. Il faut agir et je suis la pour t'aider.
Je lâche sa main et la porte à mon menton, réfléchissant. Je dis : Nous pouvons cacher Poppy.. Soit chez moi, soit... Chez maman. La maison existe encore n'est ce pas ? Ensuite, il te faudra réunir suffisamment de preuves contre ce gars. Suffisamment pour le pousser à rester tranquille et à te laisser partir. Menace le de tout dévoiler à la police sinon. Ne le fais pas d'emblée, agis dans l'ombre car cela va aggraver les choses sinon... Qu'en penses tu mon frère ?
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Colin Farrell & avatar de Ilyria
MON ARRIVÉE : 05/06/2017
MON VOYAGE : 584
POINTS : 1156
Mar 15 Oct 2024 - 17:36
Après tout ce temps
C'est bien que tu ne vois pas mon état
Auguste se montra compréhensif, ce qui fut un énorme soulagement pour Ian. Il s’attendait à de la colère, voir du rejet, mais le plus jeune voulait être là pour lui. Sa main sur la sienne lui apporta plus de réconfort que ce qu’il aurait cru. Le chasseur n’avait pas l’habitude de se genre de contact bienveillant. Il se consolait avec l’alcool ou en se changeant les idées avec June. Il ne comptait pas sur cette dernière pour le réconforter, elle avait déjà assez de problèmes. Et puis, parfois, il se demandait si elle ne l’appréciait pas que pour se qu’il lui donnait… Mais bon, ce n’était pas ce qui le préoccupait le plus ce soir-là.
Le policier avait raison, Ian ne pouvait pas rester dans cette situation. Au fond de lui, le chasseur le savait bien ça. Ce qu'il ne savait pas, c'était comment s'en sortir. Chaque fois qu’il croyait voir une issue, ça ne s’avérait qu’être qu’une nouvelle porte fermée. Il abandonnait donc les recherches, pendant de longues périodes, se contentant de survivre. Il avait que sa consommation d’alcool le faisait ressembler à leur père et ça le dégoutait de lui-même lorsqu’il y pensait trop. Mais pouvait-il vraiment arrêter? Peut-être que cette tare était inscrite dans son ADN et qu’il n’y pouvait rien? C’était bien pessimiste, même pour lui… Car s’il n’y avait plus d’espoir, pourquoi s’entêtait-il à continuer dans ce monde? Ian savait qu’il pouvait espérer mieux, surtout après la découverte de sa fille. Et maintenant son petit frère venait vers lui, alors la vie voulait de lui, donc il ne pouvait pas la rejeter. Il ne pouvait pas repousser ces personnes qu’il aimait et qui l’aimaient en retour.
-J’ai pas l’intention de faire une connerie, rassure-toi.
Maintenant que c’était dit, il n’avait plus le choix de faire attention. Sinon, ce serait manquer à sa parole et il tenait à la confiance d’Auguste. Il avait besoin qu’il continue de le supporter. Le cadet lui proposa des solutions, mais elles ne convenaient pas à Ian. Il mit ses idées en place avant de répondre :
-Je n’ai pas trop envie de mêler Poppy à tout ça. Elle ne sait pas ce que je fais et j’aimerais que ça reste ainsi. Je pense qu’elle est assez bien entourée.
Il pensait bien évidement à Stram, la copine de sa fille. Un sacré numéro… qui ferait tout pour protéger la musicienne. Donc de ce côté-là, ça allait.
-Je ne veux pas attirer l’attention en l’envoyant se cacher. Ça démontrerait que je prépare quelque chose.
Ian passa sous silence l’état de leur demeure d’enfance, qui n’a pas été reconstruite après l’incendie. Leur mère avait décidé de louer un appartement avec ses économies. C’était moins de travail et moins de souvenirs qui l’attendaient dans chaque recoin.
-Pour le reste, tu as raison, il nous faut des preuves. Il faut que je continue comme si rien n’était pendant que je cherche. Je dois trouver son point faible et m’en servir contre lui. Comme il se sert du mien pour me garder et me faire taire.
Il n’y avait jamais eu de menaces explicites, mais Ian n’était pas stupide, il avait compris les sous-entendus. Depuis, il rêvait de pouvoir porter un coup dur à Louis. Sauf que sans soutien, il ne se voyait pas trop réussir. Auguste allait lui donner le courage de vraiment se mettre à la recherche de preuves. Et puis si au moins une personne savait ce que Ian faisait vraiment, il pourrait l’expliquer à Poppy s’il ne revenait pas un jour… car c’était une possibilité. Pas qu’il voulait mourir tout de suite, mais le chasseur se disait que c’était tout de même mieux que ça arrive en essayant de faire le bien. Il se promit tout de même d’être prudent, ce serait dommage que la jeune femme perde son père alors qu’elle venait de le trouver.
-Tu n’as pas idée de combien ça fait du bien de parler de tout ça à quelqu’un et de sentir que je ne suis plus seul. Ça ne va pas être facile de trouver quelque chose de tangible contre eux. Surtout qu’il faut taire que les gens qu’ils enlèvent et torturent sont des Disney… Le mieux serait des vidéos… mais c’est risqué à prendre.