Nul bien sans peine

C'est compliqué d'aimer

J’humai l’air frais de cette soirée du début d’octobre. Il avait fait anormalement chaud en journée, mais la nuit s’annonçait plutôt fraiche. Avec une veste, c’était plutôt confortable comme il n’y avait pas de vent. Je profitai du calme ambiant pour regarder le ciel sans nuages. Il semblait si vide, à l’exception d’une lune semblant éteinte. J’aimais habiter en ville, mais il était triste que la pollution lumineuse m’empêche de voir les constellations.

J’arrêtai de trainer pour entrer dans l’immeuble. Ce bâtiment que nous avions acquis Helga et moi il y avait quelques années. Maintenant elle n’était plus là et j’en étais l’unique propriétaire. Parfois, je me demandais si je ne devrais pas le vendre pour nous trouver quelque chose à Perséphone et moi. Un endroit que nous choisirions tout les deux. Sauf que je ne pouvais m’y résoudre, ce serait trahir Helga. Déjà que je ne me sentais pas à la hauteur de ne pas avoir réussit à la retrouver. Ses coéquipiers disaient qu’elle n’avait pu survivre, mais nous n’avions même pas retrouvé son corps. Pas de corps, pas de mort.

Je pris l’ascenseur, parce que vu l’heure, je n’avais pas envie de monter les escaliers. Je n’en avais jamais envie en fait. J’essayais de ne pas faire de bruit en entrant dans l’appartement afin de ne pas réveiller Perséphone, elle dormait surement à cette heure. Je retirais mes chaussures et ma veste pour me diriger vers la salle de bain. C’est alors que je la vis, assise dans le salon avec une coupe de vin vide. Je ne comprenais pas pourquoi elle était toujours debout à m’attendre. Je remarquai son maquillage et ses cheveux joliment coiffés et ça me frappa : Nous devions sortir. J’avais déjà reporté deux fois à cause du travail et maintenant j’avais juste oublié.

Même si elle avait gardé son maquillage et sa coiffure, ses vêtements laissaient comprendre qu’elle avait abandonné l’idée de sortir. Elle était plutôt prête à aller au lit comme indiquait la nuisette sous le négligé. Je l’avais déçue, encore. Cette constatation me serrait le cœur. Comment j’en arrivais encore là alors que je l’aimais et que je ne voulais que son bien? Je savais la réponse… C’était parce que je continuais d’en aimer une autre. C’était entre autre mes recherches pour savoir ce qui était arrivé à Helga qui me prenait du temps, mais pas que cela.

J’essayais aussi d’en savoir le plus possible sur Louis et les chasseurs. Si je pouvais anticiper leurs mouvements, leurs prochaines attaques, j’aurais peut-être une chance de protéger Perséphone, Bruni et Oliver. J’avais déjà trop échoué avec ce dernier. Je ressentais toujours une grande culpabilité en songeant à tout ce qu’il avait du endurer. Parfois, je me réveillais la nuit, m’inquiétant pour la sécurité de ma femme.

Je voulais sa sécurité et son bonheur, mais je la rendais triste et surement en colère. Je restais planté là, debout à la fixer, la bouche légèrement entrouverte, mais je ne trouvais pas les mots. Peut-être que de simples excuses sincères apaiseraient la tension? Ça avait toujours fonctionné jusque là? Nous avions toujours trouvé les mots. Je pris place dans mon fauteuil afin de me donner une contenance.

-Je suis si désolé. Je me suis encore laissé emporter par le travail. Je te promets que nous irons bientôt diner ensemble. Je trouverais le temps.

J’y croyais à ma promesse. Je voulais vraiment que nous passions du temps ensemble. Je ne réalisais juste pas à quel point je me laissais submerger par les missions, les rapports et toutes mes recherches. Malgré ma sincérité, je sentais que l’atmosphère état différente. J’essayais de ne pas y faire attention, tentant de me convaincre que ce n’était que dans ma tête.

-Sinon, tu as passé une bonne journée?

Tentative sans doute vaine d’alléger l’ambiance et de changer de sujet…