C'pas moi!

Mais il était déjà moche avant

Gram suivait l’itinéraire sur son portable sans faire attention à ce qui l’entourait. Après tout, les gens qu’il croisait étaient normaux et surement terriblement ennuyants. Il s'arrêta un instant afin d'envoyer un texto à Bruni, car peut-être que ce dernier serait de bon conseil? Il ne savait pas trop à qui demander d'autre et puis l'esprit était cool, lorsqu'ils étaient à Monstropolis, il n'arrêtait pas de le complimenter sur son apparence de monstre, lui répétant sans cesse comment il était dégueulasse! Ramèn-toi. boutik intérésante a voir. Bezoin ton avi. thx Il ajouta l'adresse qu'il avait copié-collé, ce qui évita au moins les fautes dans cette partie du message. Cela fait, il repris sa route sans porter plus attention aux passants.

Ceux qui l’engueulaient parce qu’il les avait bousculés, il leur répondait par un simple doigt d’honneur avant de poursuivre sa route comme si rien n’était. Non mais! Ils étaient chiant ces gens! Il y avait tant de problèmes dans le monde, ils ne pouvaient pas arrêter de chigner sur un petit accrochage? Le garnement trouvait les humains si égocentriques à ne penser qu’à leur petite personne! Il semblait oublier que lui aussi préférait se prioriser lui-même! C’était une des raisons de sa rupture avec Oliver cinq mois plus tôt. Novembre était d’ailleurs un excellent mois pour rompre avec toute cette grisaille et la nature qui semblait morte.

Par contre Avril était vraiment le début de la torture avec la nature qui reprenait vie. Gram ne comprenait pas pourquoi ça rendait les gens heureux. La seule chose intéressante à ses yeux, c’était l’apparition de détritus à la fonde de la neige. Et malheureusement il n’y avait pas vraiment ce phénomène à Paris ou Londres vu qu’il n’y avait pas de grandes chutes de neige. Et de ce qu’il savait, il y avait moins de neige que d’habitude! Bon, ce n’était pas un mal tant qu’à lui, il n’aimait pas quand il faisait trop froid.

Arrivé à destination, il leva le regard sur la  boutique Neverland Toys en haussant un sourcil. Était-ce bien le vrai Peter pan qui possédait cet établissement? Le mec qu’il avait vu en rêve? Où était-ce qu’un pauvre type ayant pris ce pseudo pour le concept? Le garnement aurait pu pousser un peu plus ses recherches avant de venir ou demander à Wendy, mais il aimait bien faire ses propres découvertes. Le frisson de l’inconnu, il s’en délectait. Et puis peu importait qui était vraiment ce Peter, Gram voulait tout de même visiter ce commerce dans l’espoir d’y dénicher un cadeau pour Rouky, son meilleur pote. Déjà, ça faisait un an qu’il s’était réveillé à Paris, ce qui était une bonne raison de célébrer. Évidement, ce n’était pas tout, dans quelques semaines, ce serait son anniversaire! Il était certain que Rox dévisagerait le morveux s’il ne donnait pas de cadeau à l’ancien chien.

Gram poussa la porte et entra en cherchant le moindre signe de vie du regard. Il ne vit personne, peut-être que le propriétaire était dans l’arrière boutique? Le jeune homme commença l’exploration. Il attrapa une figurine. La jugeant sans intérêt, il la reposa. Cependant elle glissa et tomba au sol où elle se brisa. Entendant un bruit, il se retourna et sorti son plu beau mensonge :

-L’était d’jà comme ça!

C'pas moi!

Mais il était déjà moche avant

Gram dévisageait le mec en vert sans savoir quoi en penser. Il ne semblait pas trop s’en faire pour le jouet cassé? C’était pourtant son gagne pain, ça aurait du l’agacer plus que ça, non? Car le garnement lui, était plutôt irrité que Peter ne se souvienne pas de lui plus que ça. Wendy au moins s’était souvenue! Bon peut-être parce que le jeune homme était mort dans ses bras? L’idée d’ignorer la question du propriétaire de la boutique lui vint en tête, mais ce serait de l’enfantillage, déjà qu’il niait avoir brisé un jouet. Il décida d’ailleurs délibérément de ne pas revenir sur le sujet.

-Ouais. L’rêve chelou avec les Wendigos. Genre on r’massait du bois et t’es disparu faire j’sais pas trop quoi quand c’parti en couille.

C’est à ce moment que Bruni débarqua et s’imposa dans la conversation d’une manière fort impolie qui plaisait bien à Gram. Mais jamais autant que le coup de poing sur l’épaule, cette preuve qu’il l’appréciait aussi. Il trouva ironique qu’un esprit vieux de milliers d’années traite un humain visiblement pas si âgé de vieux. Le garnement ne répondit rien à se sujet, se contentant de ricaner alors qu’une dame asiatique réprimandait la salamandre. Elle semblait simple d’esprit, il ne lui porta pas trop attention se concentrant sur son ami qui devint vite sérieux, se plaignant du manque de réponses. Ce dernier leva les yeux au ciel :

-J’peux n’pas t’inviter aussi. J’t’ai pas ghost non plus hein, j’suis là.

C’était une option sérieuse si Bruni commençait à être trop chiant. Gram était là pour s’amuser et peut-être faire de la science au passage, pas pour se prendre la tête. Par contre, l’autre avait raison que les jouets étaient pas extraordinaire jusque là, mais ils n’avaient pas tout visité. Il fallait vraiment que son ami apprenne la patience. Il était sur le point d’expliquer tout ça et la raison de leur visite dans la boutique lorsque la femme se cogna la main contre une étagère, ce qui mit en marche plusieurs jouets chantants.

-Wow. C’comme s’ils étaient possédés. T’imagine un démon dans un d’ces trucs? La lose.

Cette réflexion l’amusait beaucoup. Ces jouets n’étaient pas du tout effrayant, mais à les voir à tous faire du bruit à la fois, ça pouvait faire une bonne histoire effrayante. Il suffisait de savoir la raconter. Il s’arrêta de penser à ça pour observer l’asiatique. Il murmura à Bruni :

-P’tain. T’penses qu’elle va chialer? Même Oli il ouin ouin pas pour ça. Chelou cet’meuf. J’me d’mande… P’tet qu’elle est comme nous? Ce mec, c’Peter Pan. L’était dans l’rêve chelou d’Halloween. L’est comme nous.

Gram continua d’observer l’autre duo, dans l’espoir de voir la femme pleurer pour de vrai. Il était aussi curieux de savoir quel était son lien avec Peter. Pourquoi ne pas questionner? Évidement, il n’allait pas demander qui elle était de façon polie et encore moins avoir la délicatesse de se présenter d’abord. Et hors de question d’adoucir son ton pour paraitre plus sympathique. Il fut donc aussi rude et impoli que d’habitude :

-Hey Peter. C’ta copine?