Le moteur rugissait, les pneus semblaient survoler le bitume.
L'esprit léger, je fonce sur cette route interminable et éternelle. L'Amérique est superbe pour cette raison, pour ces routes aux paysages incroyables, pour cette sensation de liberté qui me rendait aussi euphorique qu'après un bon film d'aventure qui se terminait sur les chapeaux de roues. Je n'étais cependant pas dans cette zone pour me promener ou pour profiter des sensations grisantes provoquées par la vitesse... Louis m'avait donné une mission. Une secte serait installée dans les parages, dans la forêt, et je tourne d'abord tout autour d'un certain point avant d'essayer de dénicher sa position. Louis ne désire qu'une chose : que cette communauté soit rayée de la carte. Il avait donc confié cette tâche au meilleur de ses chasseurs. C'est à dire moi. J'ai beau être boiteux, un peu aigri et fatigué par moment, je n'en reste pas moins le plus efficace.
Le soleil commençait à décliner, la pénombre recouvrait les bois. J'arrête la moto et pose le pied à terre. Retirant mon casque, j'allume une cigarette et profite d'une petite pause où j'écoute les sons environnants. J'entends quelques oiseaux, un cri de renard, ainsi que des craquements tout autour de moi. C'est plaisant, c'est apaisant. Je finis par boire un peu d'eau, avaler une barre de céréales et je remets mon casque. La moto redémarra et fila de nouveau sur la route de forêt. Une demi heure passa et une silhouette émergea d'entre les ombres. Je plisse les yeux et ralentis. Une jeune fille, une adolescente, marchait d'un pas rapide le long de la route. Je ralentis encore et, lorsque j'arrive à son niveau, je l'avise du regard. Je roule au pas, mais le bruit de la moto reste désagréable. Je l'arrête donc et demande : Tu es perdue petite ? Je regarde autour de moi, cherchant une quelconque présence de civilisation, mais rien, il n'y a que la forêt et la route. Je dis ensuite : C'est dangereux de rester là. Parait qu'il y a des ours. Monte, je t'emmène au prochain poste de repos. Tu pourras manger un morceau et attendre un taxi. Je sors de la mallette de ma moto un deuxième casque, plus petit que le mien. Je relève ma visière afin de montrer mes yeux. Je dis : T'inquiète pas, j'vais rien te faire. Je m'appelle Anthony.
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Whitney Peak, avatar par Strange Hell.
MON ARRIVÉE : 05/08/2024
MON VOYAGE : 9
POINTS : 18
Dim 20 Oct 2024 - 18:32
sur une route en forêt
ft. anthony & jasmin
Le bitume est dur sous mes pieds. Mes orteils et mes talons s’enflamment à force de s’y heurter, la violence du contact brûle à travers mes semelles.
Un pas après l’autre. Un pas après l’autre.
Je savais pas que marcher pouvait être aussi douloureux. Aussi brutal. Mais cette rudesse a quelque chose de rassurant, aussi pénible soit-elle. Si le sol est assez dur pour me faire mal aux pieds, alors il sera assez solide pour me rattraper si je venais à trébucher. Je suis juste pas sûre que j’arriverai à me relever après.
Est-ce que je suis en train de rêver ? C’est que j’ai l'impression de marcher sans avancer, que la scène est trop bizarre pour s’inscrire dans la réalité. Mes larmes ont séché depuis un moment et pourtant, le monde reste flou, plongé dans un étrange brouillard. Où sont passées les couleurs ? Même le soleil semble avoir perdu sa chaleur.
Non, je peux pas être partie, rien de tout ça n’est vrai, je vais finir par me réveiller dans mon lit.
Je me mens et je le sais. Si j’étais en train de rêver, Meeko serait sûrement à mes côtés, j’aurais pas autant envie de pleurer et puis, le contact de l’écharpe autour de ma nuque ne serait pas aussi tangible. Je l’ai récupérée dans la chambre de mon frère. Lui, n'y était plus. Combien de temps il me reste avant qu’elle ne perde son parfum ?
Un vrombissement. Je me retourne dans un sursaut, prête à me réfugier dans les bras de la forêt, là où ils auront du mal à me retrouver.
Mais ce n’est pas une voiture qui se dessine sur la ligne entre la route et l’horizon. Soulagement de courte durée. Je reconcentre mon attention sur mes pieds, continue d’avancer comme si de rien n’était, comme si ma silhouette toute vêtue de blanc ne tranchait contre le vert sombre de la forêt et le gris du goudron, comme si mon cœur n’était pas au bord de l’explosion. Derrière moi, le grondement du moteur se veut de plus en plus fort, de plus en plus proche. Je me crispe, prête à sentir le véhicule me frôler à toute allure, mais le moment s’étire et le bruit assourdissant du moteur stagne sur ma droite sans me dépasser. Qu’est-ce qu’il se passe ?
Une œillade sur le côté. L’engin s’arrête à mon niveau et l’espace d’un instant, j’envisage de fuir, avant d'imiter le conducteur et de me stopper net à mon tour. C’est bête, mais j’ai causé à personne depuis hier et je crois que j’attendais que ça, que quelqu’un vienne me parler. « Tu es perdue petite ? » Je fronce les sourcils. Parce qu’il m’a appelée petite, mais aussi à cause de sa question. Pour être perdu, est-ce qu'il ne faudrait pas déjà savoir d’où on vient et où l’on va ? Et moi, vraiment, j’en sais rien.
Sauf que ça, personne n'a besoin de le savoir. Alors, je me force à planter mes iris sur le casque de l'inconnu, là où j'imagine la présence de ses yeux. Je trouve rien d'autre que mon reflet. Quelle sale mine. Y a comme une tâche sur ma joue, là où les mains de Scylla se sont écrasées pour me maintenir la bouche ouverte et- « Vous savez, j’ai plus de chance de me faire attaquer par un humain que par un ours. » J'esquisse un sourire sans vraiment réussir à le tenir, prise de court par le son de ma propre voix. Je la reconnais pas, toute cassée qu'elle est d’avoir trop criée, trop pleuré. « Je dis ça, parce qu’y a que des ours noirs dans le coin et c’est plutôt vous qui risquez de leur faire peur avec le bruit de votre… euh… » Le mot m'échappe un instant, je le cherche dans l’herbe qui borde la route avant d'affronter à nouveau le regard de l’inconnu. « ... moto. » Ça doit faire plus de dix ans que j’en ai pas vu. Au camp, on a juste une voiture : celle de M. Badger. Son départ se fait toujours un peu en fanfare, entre les crachats du moteur et les murmures des témoins. C’est que son conducteur ne reviendra pas seul, que le siège passager sera occupé par un nouvel invité. Ou un fugueur retrouvé.
Un vrombissement. Mon cœur me remonte dans la gorge. Je tourne aussitôt la tête vers l’horizon, guette l’apparition de M. Badger, mais je ne reconnais pas la voiture qui passe et nous dépasse. Ce n’est pas lui. Pas encore.
Je prends finalement le casque qu’on me tend. Il est immense dans mes mains, encombrant, je le fixe en priant pour que l’homme à la moto (Anthony, qu’il me dit), ne remarque pas mes doigts tremblants. « Vous êtes sûr que je risque pas de tomber si je monte avec vous ? Et le poste de repos, il est loin ? » Assez loin pour qu’on ne vienne pas m’y chercher, mais assez près pour que je reste pas trop longtemps toute seule avec un parfait étranger ?
BY CΔLΙGULΔ ☾ ICON vocivus
Anthony Fitzroy
Faith, trust and pixie dust
MON ARRIVÉE : 05/08/2024
MON VOYAGE : 6
POINTS : 23
Dim 24 Nov 2024 - 19:59
Sur une route de forêt ►Anthony et Jasmin
La jeune fille n'était visiblement pas rassurée.
Quoi d'étonnant ? Elle vient de se faire accoster par un inconnu, de nuit, en pleine forêt. Elle ne se laissa cependant pas impressionner par le fait qu'elle pourrait se faire attaquer par des ours. Elle lorgna sur ma moto et me dit que les animaux n'approcheraient jamais de la route avec un tel boucan. Je laisse échapper un petit rire. Elle est vive d'esprit, cela me change des ados que je peux croiser en ville et qui ne jurent que par leur téléphone ou leurs jeux vidéos. Elle parait alerte, droite et fière, montrant déjà de la maturité à son âge.. D'ailleurs, quel âge a t'elle ? 14, 15 ans ? Je n'en donne pas plus de 16, allez, soyons un peu fou dans nos pronostics. Je lui réponds alors : Pas faux. Je lui propose alors de venir avec moi jusqu'à une aire de repos, où elle pourrait manger un morceau et appeler un taxi. Elle hésita, avant de se retourner en direction de la route, où l'on entendait une voiture qui approchait. Elle finit par accepter, me demandant où se trouvait le poste de repos. Je dis en haussant les épaules : Accroche toi aux poignées à l'arrière. Si tu as trop peur, n'hésite pas à tapoter mon épaule, je ralentirais, mais ne t'inquiète pas, je ne vais pas faire de folies. Je la laisse attacher son casque et lui montre où poser les pieds pour grimper sur la moto. Je lui dis ensuite : L'aire de repos est à quinze kilomètres au nord de cette forêt. Profite du voyage, nous y serons vite.
Je redémarre la moto et nous voilà lancés sur la route qui, peu à peu, s'assombrissait. Bientôt, la forêt laissa place à de vastes plaines et à un ciel étoilé qui s'étendait à perte de vue. Les yeux rivés sur la route, je reste cependant prudent, veillant à ne pas trop secouer ma passagère. C'était visiblement son premier trajet à moto et j'espère pour elle qu'il est plaisant. Nous ne tardons pas à arriver à l'aire, qui se résumait à une station essence, à un dinner où quelques clients venaient déguster un repas gras et bien copieux et à un motel miteux. J'arrête la moto et je descends avant d'aider la jeune fille à en faire de même. Je lui dis, tout en enlevant mon casque : J'ai entendu dire qu'ils faisaient ici les meilleurs cheeseburgers du coin. Tu pourras également passer la nuit dans une de ces chambres ou appeler un taxi. Il n'est pas encore trop tard, tu pourras sans doute en dégoter un... Je range les casques et nous entrâmes dans le restaurant où une serveuse aux cheveux décolorés nous demanda ce qu'on voulait. Je commande un simple cornet de frites et un café serré. Je demande ensuite Tu as faim ? Je n'ai aucune arrière pensée, et cela doit se voir sur mon visage qui parait plus fatigué qu'autre chose. Ma jambe me fait mal, qui plus est, je ne suis pas d'humeur à embêter des gens.