No more happy endings...
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 :: New-York :: The Bronx
How to drain the blood out of my face
Jasmin Davis
Jasmin Davis
Faith, trust and pixie dust
TALE STRANGERS
PHOTO D'IDENTITE : How to drain the blood out of my face B87da0fb6bf2f7ced189b0f120d5b6285228306b
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Whitney Peak, avatar par Strange Hell.
MON ARRIVÉE : 05/08/2024
MON VOYAGE : 10
POINTS : 23
Sam 30 Nov 2024 - 17:19
how to drain the blood out of my face?
ft. kaa & jasmin
L’herbe est verte sous mes pieds. Le soleil brille si fort, je plisse les yeux pour détailler l’ombre qui se dessine contre le ciel bleu. J’ai pas besoin de voir son visage pour deviner de qui se tient devant moi. Et je souris à Meeko. Il fait doux, mais cette chaleur ne vient pas de dehors, mais bien de mon cœur. Ça y est. Je suis à la maison.

Un coup de frein.
Ma tête glisse légèrement en avant et mon corps tout entier le suit. Je me redresse d’un bon. J’ai dû m’assoupir. Manquait plus que ça. Je me réinstalle dans mon siège, l’air de rien. J’aurais bien aimé continuer à dormir, profiter un peu plus de la douceur de mon rêve. Le réveil est compliqué, comme toujours, quand mon sommeil ne me laisse qu’un grand vide dans la poitrine une fois de retour à la réalité. Parce que Meeko n’est jamais là lorsque j’ouvre les yeux.

Le soleil cogne contre la vitre, contre ma tête. Sa chaleur pulse sous mon front au rythme de mon cœur. Fort. Impossible d’y échapper, même cachée derrière les énormes verres bruns de mes lunettes. Elles me donnent un peu des airs de starlette, à prendre autant de place sur mon visage. J’aime bien le reflet que le rétroviseur me montre, cette mine fermée qui ne trahit rien de ce qu’il se passe en moi. Tout est lisse, sérieux, soigné. Un beau mensonge.

Il y a quelques heures à peine, mon miroir racontait une tout autre histoire, à me renvoyer l’image d’une Jasmin fatiguée, de la musique et des basses encore plein les oreilles, son maquillage réduit à des taches noires et ors sur les paupières, l’œil droit rougit par un vaisseau explosé.

J’aurais pas dû sortir hier soir.
J’ai su que c’était une mauvaise idée avant même de me glisser dans ma robe moulante argentée. Pourtant, j’ai fini devant une boîte de nuit, à copiner avec de parfaites inconnues, des filles de mon âge, des filles normales, qui n’ont pas hésité à m’intégrer à leur groupe en apprenant que mon rencard m’avait lâché. Solidarité féminine née d’une histoire inventée, mais plutôt feindre d’avoir le cœur brisé par un garçon fantôme que d’avouer la vérité.

Un virage.
En sentant mon corps basculer sur le côté, j’attrape la portière d’une main et je plaque l’autre contre mes lèvres, pas pour retenir un cri, mais bien pour endiguer la nausée qui me monte au creux de la gorge.

J’aurais pas dû sortir hier soir.
Mais je pouvais pas rester dans ma chambre, à fixer le blanc du plafond et à écouter ma respiration trembler en songeant à ce qui m’attendait. À aujourd’hui.

Nouveau virage.
Mes doigts se resserrent un peu plus autour de la poignée, je m’y agrippe de toutes mes forces, si bien que mes ongles s’enfoncent dans ma paume. Je me sens pas si mal quand c’est Anthony qui conduit. En fait, je sais pas ce qui me fait le plus peur, le fait de rouler dans ce cercueil ambulant, ou bien la personne derrière le volant. Kaa. C’est la première fois que je me retrouve seule avec elle. J’ose pas trop la regarder, encore moins lui parler. Je préfère cultiver le silence, c’est que mes mots pourraient trahir ma nervosité. Et puis, quand tout se tait, je peux presque oublier ce qu’on s’apprête à faire. Presque. Parce que le silence est traître, c’est une couverture sous laquelle je peux me cacher, mais aussi une immense toile vierge où tous les pires scénarios prennent vie : Kaa, une lueur folle dans le regard, un couteau à la main et sur la lame gris argent, du rouge sang ; celui d’un autre, mais ça pourrait très bien être le mien, tant cette femme a l’air imprévisible.

C’est sûrement ça qui m’effraie le plus. Me dire qu’il suffirait d’un rien pour qu’elle se mette à vriller. Une pensée insidieuse dans sa tête. Ou une erreur de ma part.

La voiture s’arrête et l’espace d’un court instant, j’ai l’impression que la nausée va gagner. Mais non. De toute façon, j’ai plus rien à régurgiter. Mon corps a déjà purgé les poisons de la veille. J’ai même pas de salive à avaler, ma bouche est désespérément sèche. Ça m’inquiète un peu pour la suite, il faudrait pas que ma voix soit trop rauque. C’est que je vais pas pouvoir jouer les muettes éternellement.

Allez.
Confiante.
Je suis confiante.
Je n’ai pas peur.
Je suis confiante.
Confiante.

Avant, je mentais presque jamais, mais finalement, c’est pas si compliqué de faire semblant.

D’un geste que j’espère assuré, je relève mes lunettes sur ma tête en me tournant vers Kaa. Tant pis pour mon œil rouge et ma mine démaquillée. Une inspiration, et je plante mes iris dans les siens. Mes prunelles meurent d’envie de sauter d’un coin à l’autre de son visage à l'affût d’un rictus, ou encore de glisser sur ses mains pour guetter le moindre mouvement brusque, mais je ne faiblis pas. Détourner le regard, ce serait laisser ma peur gagner. Et je suis forte. Je peux y arriver. Si je réussis à m'en convaincre, alors, mon corps suivra, mon cœur arrêtera de palpiter et mes paumes de suer.

Discrètement, je les essuie contre mon jean. « C’est pas risqué de faire ça en plein jour ? » Je demande à mon aînée. Ou plutôt, je m’entends demander. C’est que ma voix me semble loin, un peu déconnectée, tellement je la sens posée, inébranlée par les souffles de panique qui sifflent dans ma tête. « Vous comptez procéder comment ? » Question qui en cache une autre : qu’est-ce qui m’attend ? Droite et sérieuse sur mon siège, j’ai pourtant l’impression que mes émotions transpirent de tout mon être, qu’il suffirait que Kaa tende l’oreille pour déceler mon pouls en train s’emballer, pulser contre mes poignées, ma nuque, mes tempes.
BY CΔLΙGULΔ ☾ ICON vocivus
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