La surprise est l'épreuve du vrai courage

« L'affaire sur l'histoire de l'homme témoin du meurtre, ça avance ?
-Oui, je m'en charge, chef. Le témoin est déjà en lieu sûr. Le procès a lieu la semaine prochaine. Je suis sur la stratégie pour sa sécurité à ce moment-là. Elle est presque bouclée.
-Bien et notre témoin va bien ?
-Un peu secoué, mais il s'en remettra. Ils s'y font tous. »

Son chef la regarda, ils venaient d'arriver devant le bureau d'Helga. Son supérieur regagna le siens mais juste avant, il s'arrêta et interpella Helga.

« Et Helga.
-Oui ?
-Essayez d'être un peu plus...comment dirais-je...compatissante.
-Chef ! Vous savez l'humour vous va pas.
-Helga ! Je ne plaisante pas. Je connais votre caractère, alors soyez un peu moins...brutale avec les témoins. Ils vivent des choses, certes que vous avez déjà vécu ou vu pire. Ou alors vous dissimulez vos ressentis, d'ailleurs vous êtes forte là-dessus, mais ce n'est pas une raison pour ne pas y aller avec des pincettes, suis-je clair ?
-Je vais me pencher sur la question.
-Bien, ou je vous mets en pause pendant un certain temps, c'est-à-dire plus de traques, plus de protection de témoins. Et vous ne ferez que taper les dépositions. »

Elle leva les yeux au ciel et regagna son bureau, le dossier à la main. « Compatissante, qu'est-ce qui faut pas entendre ! Où est-ce qu'il a été cherché ça ?! Si il savait ce que j'ai pu voir. Et mes ressentis comme il dit, ne concerne que moi !»

Elle déposa le dossier sur la table de son bureau et s'assit sur son fauteuil. Ses longs cheveux blonds étaient détachés et retombaient sur son débardeur blanc moulant parfaitement son corps. Quant au reste de son corps, il était recouvert d'un jean et de chaussures à talons. Des boucles d'oreilles et du maquillage s'étaient chargés du visage. Mais cela, Helga n'y avait pensé qu'au matin, maintenant elle n'en avait cure, elle était en train d'étudier le dossier. Son esprit était en ébullition. Elle réfléchissait sur la façon de couvrir le bâtiment, les sorties possibles, les éventuels diversions auxquelles son équipe pourraient avoir à faire face, le transport, etc. Elle pensa à poster une équipe dans le secteur et sur les toits. Elle réfléchissait aux différents aspects, au plan d'évasion au cas où.
Elle était sur l'affaire depuis une bonne heure quand son regard tomba sur la photo de Woody, qui se trouvait dans un cadre sur son bureau. La seule chose personnelle qui s'y trouvait. Elle la prit et la contempla, puis regarda par la fenêtre. Qui aurait pu penser qu'elle venait d'un autre monde ? Qu'elle vivait avec un homme qu'elle aimait sincèrement, et qui ne venait ni de ce monde ni du même qu'elle ? Qui aurait pu penser que ce monde la changerait et la ferait aider son prochain ? Même elle, si on le lui avait dit, n'y aurait pas cru. Jamais elle n'aurait pensé, qu'elle allait connaître cette vie-là, et encore moins qu'elle lui plairait. Un sourire vint illuminer son visage et elle se remit au travail. C'était une journée plutôt calme. Elle n'avait pas de criminels à rechercher ni de témoin à protéger, enfin si, mais ils étaient déjà mis en sécurité. Elle n'avait qu'une stratégie à élaborer. Certes ce n'était pas une tâche aisée, mais c'était un travail de l'esprit et non du corps, contrairement aux préférences d'Helga. C'est donc assidu qu'elle était sur le dossier quand du remu-ménage se fit entendre, ainsi que la voix de son supérieur qui râlait. Helga soupira puis se leva de son fauteuil et sortit de son bureau. Etant au première étage, elle se pencha à la balustrade et observa la scène d'en haut. Quelle ne fut sa surprise de voir la meilleure amie de son compagnon ici, sur son lieu de travail.

« Jessie ?! »

La surprise est l'épreuve du vrai courage

Lorsqu'Helga eut prononcé le nom de Jessie, estomaquée, l'intéressée se retourna, et leva la tête en direction de notre trentenaire.

« Ah, te voilà ! Je passais devant, je voulais te dire bonjour et te voir ! »

Helga était stupéfaite. Jamais quelqu'un était venu la voir de cette façon, et encore moins pour un simple bonjour. Oui, l'ancien jouet allait bel et bien lui faire découvrir l'humanité, et la simplicité allant avec, tels que les gestes simples, les simples marques d'attention qui réchauffent les cœurs. Woody avait bien réussi à lui faire fondre son cœur de glace. Il n'avait d'ailleurs pas été le seul. Il y avait Alice, mais d'une façon différente. Celle-ci était d'ailleurs devenue la protégée d'Helga. La seule enfant qu'Helga appréciait. C'était un comble tout de même : fréquenter des anciens jouets, en aimer un en particulier, et ne pas aimer les enfants. Enfin, Helga vivait en paradoxe perpétuel. L'ancienne mercenaire était maintenant une redoutable policière et elle ne laissait aucun répits aux criminels.

Jessie monta les marches et rejoignit Helga. Quand Jessie la prit dans une étreinte chaleureuse, Helga leva les mains, se laissant faire, ne voulant pas non plus la repousser. Il faut dire qu'Helga était loin d'être quelqu'un raffolant les câlins et encore moins montrant ses émotions. Elle était loin d'être quelqu'un de tactile. Il n'y avait qu'avec Woody où elle se permettait de se laisser aller à ses sentiments, et encore il avait fallu du temps. Helga était plutôt quelqu'un qui intériorisait, ne montrant que rarement ses états d'âme. C'était une faiblesse selon elle.

Ayant entendu le bruit des policiers, qui avaient tenté de retenir Jessie, après lui avoir signalé l’indisposition d'Helga, le patron de celle-ci sortit de son bureau.

« C'est quoi ce tintamarre ! Helga, c'est qui cette folle ! Et qu'est-ce qu'elle fout ici ! C'est un commissariat ici !»

Helga regarda Jessie, qui venait de lui demander si elle la dérangeait et voulait une petite visite, juste avant que son patron débarque. Une décision s'imposait et rapidement. Helga était exaspérée. « Mais qu'est-ce qu'il lui encore passé par la tête ! » se plaignit intérieurement Helga à propos de Jessie. Mais malgré cela, elle appréciait Jessie. Son côté spontané et enfantin lui plaisait, mais ça lui coûterait de l'avouer.

« Ce n'est pas une folle, quoique. Enfin, elle est juste un peu, comment dirais-je, excentrique. Elle est la meilleure ami de mon conjoint.
-Mais qu'est-ce qu'elle fout là ! C'est pas un zoo ici !
-Ne vous en faites, je gère la situation. Elle est là pour l'affaire, vous savez celle qu'on parlait toute à l'heure, puis se tournant vers Jessie et l'attrapant par le bras, toi la cow girl, viens un peu par là !»

C'est ainsi qu'Helga entraîna Jessie dans son bureau et claqua la porte à son supérieur. Ce n'était pas la première fois, ni la dernière. Enfin, il connaissait le tempérament d'Helga, et savait quand il valait mieux ne pas pas la chercher.

« Mais, enfin je peux savoir ce qui t'es passé par la tête de venir ici ! Je travaille et sur des affaires qui requiert un minimum de concentration, et sans distraction de préférence, suis-je clair ? »

Helga leva les yeux au ciel, puis ses yeux tombèrent sur la photo de Woody. Sûr qu'il aurait été heureux de voir les deux femmes de sa vie passer du bon temps ensemble. Helga réfléchit. Son affaire allait se boucler, elle avait presque terminé, et puis ce n'était pas comme si elle n'aimait pas passer du temps avec Jessie, au contraire. Et puis, ce serait l'occasion pour les deux d'apprendre à se connaître, vraiment se connaître. Le regard bleu d'Helga rencontra celui émeraude de la rousse. Un sourire, malgré elle, s'afficha sur le visage d'Helga.

« Bon, tu voulais une visite. Mais à une condition : ne dérange pas mes collègues, ou je te tords le cou, compris ? », finit-elle sur le ton de plaisanterie.

La surprise est l'épreuve du vrai courage

Une fois avoir emmené de force Jessie dans son bureau, Helga lui passa un savon, ne lui laissant pas le temps de se justifier. Il faut dire aussi qu'Helga dégageait un certain charisme, et puis son arme à la ceinture était aussi un bon argument, surtout qu'Helga excellait au tir. Notre ancien personnage de Disney finit son sermon, et ses yeux se portèrent sur la photo de Woody ; cela la fit réfléchir. Jessie profita de ce temps de réflexion pour en placer une, et énonça à la femme de dix ans son aînée, qu'il fallait qu'elle lâche un peu du leste. Notre rouquine proposa alors un café à Helga, un moyen de faire une pause. Il faut dire qu'Helga en avait bien besoin. Elle travaillait sans relâche, elle accepta donc, et proposa à Jessie une visite guidée, à condition qu'elle ne dérange pas ses collègues. Helga appréhendait le comportement de Jessie lorsque cette dernière prononça ces mots-ci : « loin de moi cette idée. » Ce souvenant de la tempête Jessie dans son appartement, elle se demanda dans quel état cette dernière allait mettre son commissariat.

Les deux femmes sortirent du bureau d'Helga et elles furent assaillies par les collègues d'Helga. Elle leva les yeux au ciel, devant le comportement de ses collègues. Il faut dire que Jessie avait son charme et avait vite séduit les collègues d'Helga de la gent masculine. Devant le regard de Jessie, Helga prit les devant.

« On se passera de votre aide, les gars. Vous avez du boulot, alors ouste ! Sinon je me charge de votre cas. »

Sur ces mots, ses collègues s'éparpillèrent et regagnèrent leur place, non sans guetter un regard de Jessie. Helga l'escorta au sein des différents services, et lui expliqua le fonctionnement de chacun. Elle lui expliqua également son travail au sein de la police. Elle lui apprit ainsi qu'elle se chargeait uniquement de la protection des témoins et de la traque des criminels, bien que d'autres missions plus banales lui étaient attribuées en manque de personnels. Partout où Helga emmena Jessie, l'agitation grouillait. Les deux arrivèrent au stand de tir, mais elles restèrent derrière la vitre néanmoins. Helga lui présenta le principe, et ne lui donna pas d'armes, elle ne voulait pas l'alourdir. Une arme était lourde, mais ce qu'elle produisait pouvait également l'être pour la conscience. Helga ne voulait pas que Jessie connaisse ce sentiment. Même si ici ce n'était qu'un stand d'entraînement, elle ne voulait pas que Jessie se projette dans une réalité où les armes servaient. Ce n'était pas son univers, c'était celui d'Helga. Cette dernière ne souhaitait pas que Jessie y entre. Elle était mieux avec son innocence, celle de son ancien monde qu'elle avait gardé, pour l'instant, dans ce monde. Helga en pensant à cela, avait regardé fixement le stand, sans ciller, puis elle ferma les yeux quelques secondes, et les rouvrit. Elle ne chercha pas à savoir si Jessie avait remarqué qu'elle s'était perdue dans ses pensés, un court instant. Elle l'emmena ailleurs.

Après avoir fait le tour des services, Helga emmena Jessie près de la machine à café et lui demanda ce qu'elle aimerait. Il y avait évidemment du café, mais du chocolat était également disponible. Après l'avoir servi et s'être servi un café, elle poursuivit leur discussion.

« Maintenant, tu en sais un peu plus sur l'endroit où je travaille, et ce que je fais. »

Jessie savait ainsi tout d'Helga, enfin tout, disons qu'elle savait ce qu'elle faisait dans ce monde. Son histoire dans leur monde était une autre histoire, seul Woody la connaissait. Helga voulut alors s'enquérir de ce qu'était devenue Jessie. Elle le lui demanda en utilisant, comme à son habitude un surnom, mais cette fois, il était affectueux, ce n'était plus juste un surnom comme ça, il avait une signification particulière, surtout qu'il renvoyait à leur rencontre.

« Et toi, petite tornade, tu as trouvé ta place dans ce monde ? »

Helga la scruta, et était réellement désireuse de savoir ce que Jessie était devenue. Ce n'était pas de la simple politesse, c'était réellement de l'intérêt. Helga s'était réellement attachée à Jessie, cela avait pris son temps. Cela l'avait surpris quand elle s'en était rendue compte. Elle, qui avait du mal à se lier aux gens, surtout du à l'histoire de son ancienne vie, mais avec ce nouveau monde, cette opportunité de refaire une vie, une plus droite et avec plus de sentiments, elle s'attachait beaucoup plus. Ce qui était curieux c'est qu'Helga découvrait les sentiments, exactement comme Jessie, mais pas de la même manière. Chacune n'avait pu en éprouver d'aussi forts dans leur ancienne vie, chacune pour des raisons différentes. Helga songea que le changement de monde n'était pas vraiment un problème, pour elle du moins. D'ailleurs, elle n'avait jamais cherché à rentrer et maintenant qu'elle avait Woody dans sa vie, elle ne voudra jamais rentrer, car cela signifierait le perdre, ainsi que Jessie. Jessie était maintenant sa famille, elle le sentait. Cette petite tornade rousse était entrée d'une façon irrévocable dans sa vie.

La surprise est l'épreuve du vrai courage

Un sourire de joie éclaira le visage d'Helga. Elle était ravie de la réflexion de Jessie. Celle-ci venait de s'exclamer qu'elle était heureuse. Et cela alla tout droit au cœur d'Helga, qui sous les apparences d'une femme froide et impassible en possédait un. Savoir que la visite guidée qu'elle venait d'effectuer pour sa tornade rousse lui avait plu, lui donna une raison de sourire. Helga était capable de rendre celle qu'elle affectionnait heureuse. Cela la remplit de bonheur. Elle se fichait bien de savoir si elle rendait les gens heureux ou malheureux, mais pas ses proches. Après, le fait de vouloir apporter de la joie à ceux qu'elle tenait, était quelque chose d'assez ressent, qui était venu avec le changement de monde. Disons que des années passées sur le terrain, en expédition, sans famille, sans attache, ne l'avait pas rendu particulière enclin à vouloir rendre ceux qu'elle aimait heureux. Elle n'était même pas sûre de savoir comment faire. Maintenant, elle savait : rester elle-même, donner de son temps et partager des moments. Ce qui était drôle, c'était que des jouets le lui montraient. Après tout, c'était un ancien jouet qui lui avait réappris à aimer. Maintenant, un autre lui inculquer à nouveau la valeur de la famille. D'ailleurs pour cette ancienne poupée, elle ne souhaitait qu'une seule chose, qu'elle s’épanouisse dans le monde, qui était maintenant le leur.

Le sourire provoqué par Jessie fit également du bien à Helga. Bien que son visage était revenu à la normal, après l'épisode du stand de tir, auquel elle n'avait cessé de penser, aucun sourire n'avait su réapparaître. Helga ne regrettait en rien sa vie d'avant, ni celle-ci où les armes dominaient. C'était sa vie, mais elle ne voulait pas qu'elle devienne celle de ses proches, dont Jessie faisait maintenant partie. Porter une arme, c'était aussi porter un poids, prendre ses responsabilités. C'était peut-être aussi une des raisons, qui avait fait grandir Helga d'une façon irrévocable. Elle avait passé son adolescence à s'entraîner au combat et aux armes. L'innocence, elle ne l'avait pas gardé longtemps. C'était peut-être ça qui l'attirait chez les jouets. Mais une chose est sûre, ce n'était pas une des seules raisons qui faisait qu'elle s'était prise d'affection pour la cow girl. Elle adorait tout simplement la personnalité de Jessie, tout comme sa façon de s'exprimer, ses expressions du visage, ses yeux pétillant de malice. Et puis, elle ne jouait pas, elle ne cherchait pas à être une autre.

Pendant qu'Helga réfléchissait à son passé et son impact dans sa vie présente, en sirotant son café, elle ne put s'empêcher de se demander à quoi Jessie pensait. La petite tornade rousse d'Helga était en effet partie elle aussi dans ses pensées, les yeux dans le vague. Helga s'interrogea sur le fond des pensées de Jessie. Pensait-elle aussi à son passé ? Bien qu'Helga n'était pas du genre à ressasser son passé, l'épisode du stand le lui avait fait faire. Elle était plutôt du genre à aller de l'avant. D'ailleurs, elle voulut s'enquérir de ce qu'était devenue la jeune femme pétillante de vie dans ce monde. Elle lui posa la question. Jessie parut surprise et lui demanda ce qu'elle entendait par là.

« Eh bien, est-ce que tu as trouvé une vocation, un métier, quelque chose où tu pouvais te réaliser. Par exemple, Woody aspire à être professeur. Pour un ancien jouet, il n'y a rien de plus normal, cela dit. Mais peut-être que ce n'est pas ce que tu veux faire. Regarde moi. J'étais une militaire entre autre chose... et me voilà policière. On évolue et c'est peut-être mieux ainsi.. »

Elle but une gorgée de son café. Oui, vraiment c'était mieux ainsi. Elle préférait sa vie actuelle. Maintenant, elle avait une raison valable de se lever tous les matins. Elle avait une place dans ce monde et surtout une véritable famille, qui se composait de Woody, son compagnon et maintenant de Jessie, qui avec le temps deviendrait celle qu'elle considérerait comme sa petite sœur.

Helga en expliquant à Jessie le fond de sa pensée, n'avait pas réfléchi aux mots. Elle savait qu'elles étaient loin des oreilles indiscrètes, si bien qu'elle avait été explicite et puis Helga savait. Elle avait toujours su, depuis le début. Dès leur première rencontre avec Woody, ils se l'étaient dit. Puis en apprenant à se connaître, ils avaient parlé de leur vie et Woody avait ainsi mentionné Jessie. C'est alors qu'Helga réalisa, que peut-être Jessie ne savait pas qu'elle venait du même monde. Après tout, elle venait de retrouver Woody et de découvrir Helga. Bien que maintenant, les deux se connaissaient, elle n'avait pas vraiment eu l'occasion d'évoquer leur passé.

« Je ne suis pas non plus d'ici, Jessie. Je n'étais pas tout à fait comme vous deux, je n'étais pas un jouet, mais une humaine. »

La surprise est l'épreuve du vrai courage

Helga comprit que les paroles qu'elle venait de prononcer avait fait l'effet d'une bombe sur l'ancienne poupée. La trentenaire réalisa alors, que Jessie ne savait pas qu'elle savait et encore moins qu'elle était du même monde. Ainsi, Helga l'informa qu'elle n'était pas non plus d'ici, mais qu'elle avait toujours été humaine. Jessie sembla se calmer et lui demanda ce qui ça lui avait fait d'apprendre qu'ils avaient été des jouets. Helga rigola. Ce n'était pas pour se moquer, non c'était un rire joyeux et spontané provoqué par le souvenir du jour où elle avait appris la nouvelle.

« Ça m'a fait drôle, je dois le reconnaître. D'ailleurs, j'ai rigolé sur le moment. Woody tenait un carton dans lequel se trouvait des jouets à vos effigies. Il en a sorti une et m'a dit le plus sérieusement du monde que c'était lui, avant. J'ai cru qu'il plaisantait, mais non, il était sincère. Il a une façon bien à lui de montrer les choses. » finit-elle avec un sourire en pensant à son compagnon.

C'était ce qui l'avait séduite. Il avait été la première personne à la faire rire depuis longtemps. Et sa sincérité lui avait été droit au cœur. Cela avait grandement favorisé à faire fondre son cœur de glace. Jessie y avait également contribué, mais d'une autre manière. Son côté spontané, gaffeur et énergique l'avait séduite. Et puis, elle était aussi maladroite que Woody. C'était peut-être un trait commun aux anciens jouets. Helga n'en connaissait que deux, elle ne pouvait en faire une généralité. En réalité, ce côté maladroit et le fait de ne pas se prendre au sérieux étaient ce qui lui permettait de se relâcher, de libérer la pression. Ce qui n'était pas le cas lorsqu'elle travaillait. Quel que soit les professions qu'elle avait exercées, il avait toujours fallu qu'elle soit prête à anticiper, elle ne pouvait pas se permettre d'être maladroite ou de réagir sur un coup de tête. Or, c'est ce qu'elle avait dans sa vie privée. Et c'est ce qui lui faisait du bien. Un contraste entre sa vie privée et professionnelle lui correspondait très bien, ça la rendait entière.

« Woody et moi l'avons su dès notre première rencontre. Sur ce point, on a été honnête tout de suite. »

Ce qui n'avait pas été le cas sur d'autres. Helga avait longtemps caché son passé de mercenaire et Woody sa relation avec la Bergère. Il avait fallu une journée à la fête foraine pour qu'ils se décident enfin à être honnête avec l'autre.

Helga examina Jessie. La main tremblante de l'ancienne cow girl remettant en place une de ses mèches flamboyante l'alerta. Helga comprit qu'elle venait de lui donner une sacré révélation. Cette révélation était également un énorme pas en avant dans leur relation.

« Je ne pense pas que tu connaisses. Je venais de l'Atlantide. »

Helga scruta alors Jessie. Elle songea que cette tempête rousse était maintenant un membre de sa famille, elle méritait bien de connaître son passé. C'était une occasion pour Jessie de mieux connaître Helga, la femme qui partageait désormais la vie de son meilleur ami. Et puis, peut-être qu'elle connaîtrait mieux les lieux que l'Atlantide. Avec Woody, elle avait pu constater que les jouets en savaient beaucoup sur le monde des humains et leur histoire.

« A vrai dire, je suis allemande. Je suis née en Allemagne, puis j'ai voyagé sur tous les continents, à cause du travail de mon père. Il était commandant dans l'armée américaine. Je suis arrivée aux Etats-Unis à dix-sept ans. Je me suis faite nationalisée américaine. J'ai ensuite suivi une formation de militaire. J'ai exercé différents métiers. J'ai commencé par soldat, puis agent de renseignement. Je suis ensuite devenue formatrice, puis lieutenant. J'ai également été le chauffeur et le garde corps d'un milliardaire. C'est d'ailleurs lui, qui a financé l'expédition pour l'Atlantide. C'est durant cette expédition que j'ai été transportée dans ce monde. Ah oui, autre détail, le monde duquel je viens, on était en 1914.»

Helga but une gorgée de son café et regarda de nouveau Jessie.

« Voilà, petite tornade, tu sais d'où je viens, et qui j'étais. »

Helga connaissait l'histoire de Jessie grâce à Woody. Après, il n'avait pas tout mentionné, il avait surtout raconté son histoire à lui, alors peut-être qu'Helga ignorait des détails de l'histoire de Jessie. Helga était surtout curieuse de ce que c'était la vie de jouet. Elle avait déjà le point de vue de Woody, mais celui de Jessie l'intéressait également.

« C'était comment la vie de jouet ? Ça fait quel effet d'être un jouet? J'imagine que ce n'est pas les mêmes sensations qu'un humain, quand je vois vos réactions, à toi et Woody. »