Elle était complètement épuisée. La journée s'était bien passée, la séance d'essayage avait avancé sans anicroches et tout était prêt à présent pour la séance photo. L'équipe avait mangé dans un restaurant familial chaleureux, ce qui faisait un agréable changement face aux restaurants huppés qu'ils affectionnaient habituellement. Oh oui, sushis, steaks et autres étaient intéressants, mais les prix l'horrifiaient et ses goûts côté culinaire étaient plus simple. Un bon repas avec un bon vin plutôt qu'une assiette à moitié vide qui ressemble à un arbre était bien plus agréable... En fait la plupart des vêtements qu'elle devait porter la surprenait un peu et le fait qu'elle ait été approchée pour faire la promotion de sous-vêtements l'avaient mit quelque peu mal à l'aise...

Remontant la sangle de son sac à main, la rousse se dirigeait à présent vers son appartement, appréciant l'air plus frais du soir. Les bâtiments défilaient lentement alors qu'elle marchait. Ses pensées se dirigèrent vers un bon bain chaud, un bon livre et puis son lit confortable. Peut-être un peu de musique? Haussant les épaules mentalement, elle écouta le "clakclak" régulier de ses talons contre l'asphalte. La rue marchande était vide à l’exception d'une femme qui semblait se soutenir contre une fenêtre. Était-elle en détresse? N'hésitant pas, Jessica se dirigea vers la blonde. Si elle était simplement sous l'effet d'alcool, elle continuerait son chemin, voilà tout.

-Mademoiselle, tout vas bien?

Les paroles de la blonde étaient bien étrange... Elle parlait d'un lièvre, d'un chapelier et de thé. Était-elle comme elle, loin de son lapin? La rousse tourna la tête vers la vitrine de l'animalerie et haussa les épaules préférant laisser planer la possibilité...

-Ce sont des souris qui sont des animaux domestique... ou elles sont peut-être vendues pour être mangées par des serpents ou autre créature carnivore... Les gens d'aujourd'hui ont bien des animaux étrange dans leurs maisons... Je trouve cela un peu bizarre... Mais après un moment à vivre ici, j'ai réalisé que les animaux n'ont pas le même niveau d'intelligence de ceux d’où je viens. Cet endroit est bien étrange...

Posant sa main contre la brique entourant la fenêtre, la mannequin baissa quelque peu le regard, s'ennuyant énormément de son mari.


-Vous ne venez visiblement pas d'ici pour vous demander ce genre de chose... Ou vous êtes avec un de ces groupe de protection des animaux?

Jessica trouvait que c'était quelque peu stupide de défendre avec tant d'ardeur ces animaux, après tout, ils n'étaient pas conscient, non? Les toons l'étaient, mais les souris blanche, chats, chiens... ils ne comprenaient pas... Et un manteau de fourrure était un sacrilège à présent alors qu'ils étaient à la mode dans son époque. Elle-même rêvait d'un lourd manteau en peau de renard, s’harmonisant parfaitement avec ses cheveux. Différence culturelle peut-être, mais dans tout les cas, elle ne se sentait pas si proche des animaux.

Reculant d'un pas, la rousse fronça les sourcils devant la détermination féroce de l'autre femme. Mais bon sang... ou était-elle tombée... Décapiter des gens? Et puis quoi encore? Resserrant sa veste en faux mouton, Jessica vit avec fascination mélangé à de l'horreur la blonde prendre une brique, démolir une poignée de porte et entrer par effraction dans la petite animalerie.

-Mais vous êtes folle ou quoi? Il doit y avoir un système d'alarme ou un truc du genre, vous allez vous faire attraper par la police! Laissez ces pauvres bêtes là, elles ne sont pas conscientes! Si elles étaient intelligente, je serais la première à vous aider, mais ce n'est pas le cas!

La pauvre secoua la tête en imaginant la voix de son Roger, s'extasiant devant les bêtes enfermées et déplorant le fait qu'elles étaient enfermées. Sa propre logique lui indiqua que même s'ils libéraient ces petites bêtes, plusieurs allaient mourir tuées dans des pièges ou allaient dévorer les fils dans les maisons environnantes... Et s'ils libéraient les chats, chiens, oiseaux et autres, ils se feraient rattraper et peut-être même euthanasier. Mais son regard se posa sur une vitrine remplie de petits lapins blancs.

Son souffle se bloqua et sans réfléchir, la rousse ouvrit le panneau pour en tirer les boules de poil. Attrapant une cage à chien non loin, elle commença à déposer en vitesse les petits rongeurs à l'intérieur. Ses yeux se promenèrent aux alentours alors qu'elle commençait à entendre une sirène de police.


-Il faut partir et vite! La police arrive, je ne veux pas finir en prison.

Attrapant d'une main la blonde et de l'autre la cage, la rousse se précipita vers la sortie, se maudissant d'avoir entré dans la boutique. Elle se précipita en direction de son appartement et dut lâcher la main de l'autre femme pour tenir correctement ses nouveaux protégés. Finalement arrivée, elle ouvrit d'un main fébrile son sac à main, débarra la porte avec la clé qu'elle avait tiré et fit signe à l'autre femme de la suivre. Elle monta les trois étages et arriva finalement en sécurité dans son appartement.

Bon sang... Mais qu'est-ce qu'elle venait de faire?

Je ne pu m'empêcher de rire lorsqu'elle me demanda si j'étais folle... Elle demandait vraiment ça? C'était comme demander si la reine Rouge aimait le rouge... mais bon, personnellement j'aurai plus employé cinglée que folle, juste parce que je trouve ça plus beau. Ensuite je ressentis une colère contre elle... Je n'aimais pas qu'elle parle des rongeurs ainsi!

- Comment vous pouvez en être certaine?! Ah vraiment les humains! Vous croyez que ce que vous voyez et entendez... On croirait la mauvaise Alice qui tentait de se convaincre d'un rêve!

Ah sinon pour son histoire de système d'alarme et de l'autre chose, la police, et bien je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait bien être alors je continuai de libérer les souris, jusqu'à ce que je remarque que la femme emportait des lapins blancs... Je n'eus pas le temps de réfléchir... Bon, même si je l'avais eut, je ne l'aurai sans doute pas fait... C'est difficile de réfléchir! Mais bon pourquoi s'attarder sur le sujet alors que nous primes la fuite? Il y avait des bruits stridents à l'extérieur, peut-être que ça avait un lien avec ce que la femme avait dit plus tôt?

Je la suivi. Pourquoi? Bah pourquoi pas? Après tout peut-être qu'elle avait de la confiture là où nous allions. Où nous allions excellente question, dont je n'eus la réponse qu'une fois arrivée: Nous étions chez elle. C'était un grand bâtiment qui était bien moins beau qu'un château et qui semblait séparé afin que plusieurs personnes y vivent séparément.

Je regardai les lapins blancs, réalisant que c'était des lapins et qu'ils étaient blanc... et surtout que ça me rappelait quelqu'un!

- Hey Hey MC Twist, t'es là? Hey Tu vas être en retard!

Non il ne semblait pas être parmi ces lapins blancs. J'étais déçue, très déçue même... mais en y réfléchissant, si j'était une humaine, tous les autres aussi devaient l'être aussi? Enfin les mâles devaient être des humains masculins et les femelles des humaines féminines... Enfin, je crois.

Je reportai mon attention, ce qu'il en restait en fait, sur le jeune femme. Faisant un révérence, je me présentai:

- Mallymkun, simple loir, pour vous servir.

Jessica se tourna vers l'étrange blonde et la regarda s'incliner avec surprise. Un loir? Voilà qui expliquait bien des choses. Qui était-elle pour ne pas la croire? Elle était un dessin animé coincé dans ce monde! Inclinant simplement la tête, elle dit:

-Jessica Rabbit, chanteuse, mannequin et ancienne toon. Je dois vous avouer que j'aurais préféré vous rencontrer dans de meilleurs conditions... Mais le monde est fou et le sort aime bien se jouer de nous...

Déposant très délicatement la cage remplie de lapin, la rousse se mit à genoux pour en sortir les petites bêtes blanche. Caressant doucement la fourrure de l'un des lapins, elle soupira longuement, fermant les yeux. Sa gorge se serra un peu, la forçant à prendre une grande inspiration et à se relever. Sans un regard pour les petits animaux, elle enleva sa veste, redressa la bretelle de sa camisole verte et enleva ses souliers à talon haut, libérant ses pieds meurtris.

-Avec un peu de chance, personne nous a vu faire cette escapade et la police ne débarquera pas ici pour nous arrêter.

S'installant élégamment dans son fauteuil, la rousse fit signe à Mallymkun de s'installer confortablement dans un des sièges présents dans la pièce. Qu'allait-elle faire à présent? Et qu'allait-elle faire des lapins... sur le coup, elle n'y avait pas pensé, mais les animaux étaient interdits dans l'immeuble. Par contre, des lapins ne faisaient pas vraiment de bruit et donc pourraient passer inaperçu... Fronçant les sourcils, elle réprima un bâillement. La journée avait été longue.

-Je suppose que vous vous êtes réveillée ici sans savoir ce qui s'était passé? Il se trouve que je suis dans le même cas...

Se détendant enfin, la rousse posa son front sur son avant-bras avant de répondre appréciant le confort de son appartement et le fait qu'elle était en sécurité à présent.

-J'en déduis que vous ne venez pas d’où je viens si vous dites ça... Et cette reine? Qui est-elle?

Ses épaules s'affaissèrent un peu devant cette réalisation avant de continuer à parler.

-La police est normalement très utile, sauf lorsque l'on fait quelque chose d'illégal, comme ce que nous venons de faire. Si la police nous attrape, direction la prison.

Serrant les poings, la rousse releva les yeux.

-Sauf que je ne peux pas me faire enfermer. Je dois retrouver mon mari en premier lieu.

Elle se pencha, attrapant un des lapins qui déambulait tranquillement puis se mit à le caresser, appréciant la fourrure douce sous ses doigts, rappelant celle de son Roger.

-Pour les animaux, il y en a énormément. Chaque quartier à son animalerie ici, vraiment. Mais la plupart prennent soin des animaux s'y trouvant. La grande majorité des bêtes qui s'y trouvent ne pourraient pas survivre à l'extérieur, étant incapable de se trouver à manger, de se protéger ou simplement non adaptés pour survivre dans ce climat...

Baillant à son tour, la rousse se leva et en quelques instants, revint avec une nuisette pour son... ''invitée''.

-Je n'ai malheureusement qu'une chambre, mais le divan s'ouvre pour devenir un lit, vous devriez être confortable pour cette nuit.

Déposant le mince vêtement sur le fauteuil, elle ouvrit elle-même le meuble et ajusta les couvertures s'y trouvant déjà. La femme retourna dans sa chambre un moment et revint avec un oreiller et une couverture supplémentaire qu'elle déposa sur le lit.

-Si vous avez faim, servez-vous dans le réfrigérateur. La grosse boite blanche dans la cuisine que vous voyez là. N'oubliez pas de refermer la porte, sinon la machine qui garde la nourriture fraiche pourrait briser et la nourriture se perdrait. Les toilettes sont à votre droite, derrière cette porte.

Se sentant un peu idiote d'expliquer le fonctionnement d'un réfrigérateur à quelqu'un, Jessica souhaita bonne nuit au loir et se réfugia dans sa chambre, barrant la porte de celle-ci. Après s'être changée pour la nuit, la plantureuse femme se coucha, se demandant si tout ces évènements n'étaient qu'un rêve alors qu'elle se trouvait dans le coma au suite de son accident de voiture avec l'inspecteur...

Bon, enfin elle se calmait. Cette journée étrange arrivait enfin à sa fin et c'était pour le mieux. Sa tête se cala confortablement dans l'oreiller et enveloppée dans son cocon de couvertures, la rousse soupira d'aise. Ses pensées déraillèrent sur quoi acheter à manger à ses nouveaux compagnons à poils et peu à peu, la jeune femme s'endormit. Enfin, presque jusqu'au moment ou elle ouvrit les yeux d'un coup.

Quelque chose était tombé. Lourdement. Possiblement la blonde présente dans son appartement, écrasée sous le réfrigérateur peut-être? Quelle horreur! Ou alors la blonde avait fait rentrer une autre personne et ils étaient en train de voler ses meubles et toute cette histoire n'avait été qu'un canular? Bon, la blonde n'avait pas l'air de ce type, mais époque était complètement étrange! La rousse se leva d'un bond, se précipitant pour voir ce qui en était, ayant à la main son ventilateur sur pied, prête à frapper si on lui sautait dessus. Ouvrant la porte d'un coup, elle scanna la pièce du regard et vit de la lumière sous la porte de la salle de bain. Elle s'y dirigea donc et cogna à la porte trois fois de façon rapide en appelant le nom du loir. Mais qu'est-ce qu'elle faisait là-dedans? Était-elle blessée?

-Mallymkun? Êtes-vous toujours en vie là dedans? Qu'est-ce qui se passe?

Piétinant devant la porte, Jessica serra les poings et attendit une réponse. Si l'autre femme ne répondait pas bientôt, elle allait entrer et voir ce qui en était et tant pis pour les bonnes manières.

La voix quelque peu tremblotante de l'autre femme l'inquiéta encore plus. C'était le même ton que quand Roger avait brisé quelque chose ou quand il manquait une entrevue, chose rare pour le toon et donc encore plus inquiétant.

-Je vais entrer, ne paniquez pas. Je veux simplement être certaine que vous allez bien.

La rousse ouvrit la porte et vit avec tristesse la pauvre blonde recroquevillée dans un coin, les yeux brillants. Sans gestes brusques, elle déposa le ventilateur sur pied au sol et s'avança deux pas avant de se mettre à genoux devant son "invitée". Ses yeux examinèrent rapidement l'autre femme, tendant une main lentement pour toucher sa tête.

-Vous vous êtes cognée la tête?

Son expression était peinée et inquiète, mais sans pitié, se disant en elle-même que si on la traitait avec pitié, elle aurait certainement frappé le bougre devant elle. Elle-même avait eut son lot de blessures stupides à son arrivée, la physique s'incrustant dans sa vie, contrairement à ce qu'elle vivait en tant que toon. Qui aurait cru que sa poitrine pourrait lui donner des maux de dos si elle ne portait pas les bons soutien-gorge? Elle n'y aurait jamais cru si elle ne l'avait pas vécu. Glisser, tomber, manquer une marche dans ses talons haut... Un enfer.

Alors qu'elle tentait de se relever pour aller chercher un sac de petits pois congeler, la rousse glissa sur la satanée flaque d'eau et s'étala au sol, se cognant elle-même le coude durement contre le bord du bain. Étalée au sol, Jessica resta surprise un moment avant d'éclater de rire.

-Seigneur... Pas une pour rattraper l'autre...

Malgré la douleur à son articulation, elle se tourna vers la blonde, rigolant encore doucement.

-La gravité est une fille de joie...

Secouant la tête, elle retenta de se lever, réussi et finalement en quelques seconde revint avec deux sacs de légumes congelés. Elle les enveloppa dans deux serviettes puis en tendit une au loir.

-Posez ça sur votre bosse à la tête... ça va faire du bien.

Elle-même posa le sac sur son coude après s'être assis au sol près du coin de la blonde.

Elle était à présent assise sur le sol de façon confortable, Jessica soupira. L'autre femme semblait plus calme et moi inquiète, ce qui était bon signe. Son propre sac de légumes congelés fit du bien à son coudre meurtrit par le bain maléfique. Ses pensées dérivèrent un moment du à la fatigue. Les joues de la rousse se colorèrent un instant et elle se racla la gorge à la question du loir. Comment expliquer... cette chose? Elle devait être précise et simple dans ses explications pour ne pas que son invitée se fasse des idées...

-Une fille de joie est... une personne de petite vertu qui vend son corps pour un peu d'argent et qui hé bien... une prostituée, vous voyez?

Patinant de façon maladroite avec ses explications, elle abandonna au premier signe de fatigue de son invitée. Voyant le bâillement de la blonde, Jessica se releva en s'aidant du bain (un juste retour des choses pour lui avoir fait mal, non?) et aida celle-ci à se relever avant de la pousser gentiment en direction du lit d'invités.

-Allez, il est temps de dormir, tout ira mieux demain ne vous en faites pas.

Elle reprit le sac de petits pois congelés et s'assura que la blonde était confortablement installée sous les couvertures, lui souhaita bonne nuit avant d'aller serrer les légumes encore congelés dans le congélateur. Une fois fait, la rousse retourna se coucher à son tour et s'endormit rapidement cette fois-ci, exténuée de la journée de fous qu'elle venait de vivre.

Son sommeil fut paisible, heureusement pour elle. Même s'il fut de courte durée...