Plus rien ne pouvait surprendre un sorcier. Plus rien ne pouvait surprendre un homme qui manipule la magie, qui fût transformé en génie et qui fait soulever un palais énorme pour le jucher sur le haut d'une montagne. Et pourtant, une chose a pu faire sourciller l'ex grand vizir d'Agrabah... Le changement de monde ! Quand il s'éveilla, ce n'était que bruits étranges et agitation presque assourdissante. Nous étions loin de la quiétude du palais où la plupart se repose pour échapper à la chaleur ambiante. Et ici, il faisait presque froid. Bien que l'été était bien là, la douceur du temps n'égalait en rien celui d'Agrabah. Jafar, vêtu de sa magnifique tunique qui seyait si bien à son élégance naturelle, ouvrit les yeux devant un immense bâtiment où trônait au centre de la cour, une incroyable pyramide de verre d'où les gens sortaient et entraient à leur guise.
Jafar se malaxa la barbiche, étonné de voir une pyramide dans une si fragile construction.
~*Les egyptiens...* pensa-t-il en roulant des yeux.
Il avait encore sa canne serpent et il fût de plus en plus suspicieux lorsqu'il s'aperçut que ce n'était pas son monde. Son regard se fît plus ténébreux, agacé d'être tombé dans un tel piège. Le commun des mortels serait effrayé de se retrouver dans une telle situation... Mais Jafar, lui, ne l'était absolument pas, au contraire. Il cherchait une explication logique ou magique et fulminait en essayant de trouver qui pouvait être le responsable. Et s'il le trouvait....Qu'il regrette d'ores et déjà le jour où il est venu au monde !

Il essaya de faire fonctionner sa magie. Malgré toute la bonne volonté du monde, Jafar eût bien du mal à se concentrer. Et d'un coup, sa magie se fit quelque peu hésitante, sa canne trembla et fît apparaitre des centaines de graines pour oiseaux... Très vite, une armada de pigeons bien attentifs se rua sur l'homme à la barbiche. Telle une psychose, il se débattit comme il pouvait, poussant des râles de rage... Les volatiles lui firent tomber sa canne si bien qu'il ne pouvait même plus tenter de les repousser par la magie.

Décidemment, la transition entre les sables et le bitume allait s'avérer difficile !

Et d'un coup, comme par magie, l'attaque des oiseaux fût totalement mise hors d'état de nuire. Jafar s'épousseta en titubant quelque peu, fulminant de passer pour le dernier des abrutis et lorsqu'il se releva enfin, il tomba sur un homme plutôt pas mal bâti le regarder avec stupeur tandis qu'il l'aidait à récupérer sa canne. Essayant de reprendre ses esprits, c'est quand il entendit son nom qu'il se raidit d'un coup. Comment était-ce possible ? Jafar se sentit partir dans un vertige intense. Si, jusqu'à présent, il gérait la nouvelle de cette malédiction avec plus ou moins de sang froid, ce qui venait de se passer était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase !

Qui était donc ce garçon ? Pourtant Jafar reconnaissait très légèrement sa voix mais il était encore trop embrouillé et trop affairé à reprendre ses esprits pour vraiment en analyser le timbre. Mais pourtant, par pure logique, si le garçon connaissait son nom c'est qu'il était forcément impliqué dans cette histoire et Jafar n'avait pas d'autre choix que de devoir obtenir des informations par la diplomatie ou par la force. Cependant, son interlocuteur semblait véritablement choqué et il allait être difficile d'en extraire quoique ce soit. Mais Jafar ne le laissa pas le temps pour se remettre de ses émotions et il l'attrapa par le col avec une violence qui doit certainement provenir de son état d'angoisse ou de choc. C'est pas tous les jours que nous nous retrouvons dans un monde totalement nouveau et qu'on se fait agresser par une nuée de pigeons.

~Toi ! D'où connais-tu mon nom ? Qui t'envoie et surtout pourquoi suis-je ici ? Je te conseille de me répondre car tu risque de passer un sale quart d'heure et je n'hésiterai pas à réduire le temps de ton sablier en un claquement de doigt ! Réponds !

C'est dans ces moments là que Jafar aurait voulu que Iago, son fidèle ami, soit là. Oui, enfin fidèle, tout est relatif, certes mais seule son intelligence ô combien proche de celle de Jafar semblait apaiser de temps à autre la colère du vizir. Iago aurait pu l'éclairer de ses éternelles idées lumineuses...Pour la première fois, le grand sorcier avait besoin d'aide !

"Ma grande".... Il n'y avait qu'une seule personne au monde qui pouvait oser de l'appeler comme ça sans risquer recevoir des foudres de colère ! Ces yeux quelques peu fourbes et malicieux, ce ton de voix assez spécial n'existe que chez une personne de sa connaissance. La main de Jafar trembla et sa mâchoire tomba aussi raide que lorsque Jasmine eût fait semblant de tomber amoureuse de lui. Il relâcha et recula de quelques pas en titubant. Reprenant doucement ses esprits, il revînt vers le garçon en posant une main sur son épaule, bien surpris de le voir en chair et en os et non plumé. D'une voix quelques peu chevrotante, il dit enfin :
~Iago ? Est-ce bien toi ?
Il était rare de voir Jafar dans un tel état mais en même temps, il fallait replacer les choses dans leur contexte. Iago était son plus fidèle ami, quand il commençait à se sentir seul, difficile de trouver son compte avec la plupart des abrutis d'Agrabah. Et c'est quand il vît ce perroquet au regard intelligent et surprenant qu'il se dt que ça allait être la meilleure compagnie du monde et en lui attribuant le pouvoir de la parole, c'était d'autant plus vrai. Oh bien sûr, il y avait Nasira, sa soeur mais elle avait disparu depuis qu'Agrabah l'avait bannie et il faut dire que si le Grand Vizir restait, c'était aussi par instinct de vengeance. Iago s'était montré perfide et d'un talent fou pour appliquer leur plan diabolique. Jafar ne l'avouerait jamais mais sans Iago, il y avait comme un vide. Et dans ce monde, il aurait été obligé de se préparer à vivre sans lui. Pourtant, Iago semblait plus à l'aise que lui dans ce monde là, serait-t-il là depuis plus longtemps ? Avait-t-il refait sa vie ? Jafar était perdu, envahit d'émotion et il fallait avouer que pour un homme de sa carrure, c'était plutôt rare.
~Que fais-tu ici ? Qu'est-ce qu'il nous arrive ?