No more happy endings...
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Pause épistolaire ⊹ Wendeia
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Jeu 18 Juil 2019 - 0:19
Pause épistolaire
Les jours passent, mais ne se ressemblent pas. Ou moins.

Les frontières de son quotidien s'ouvrent enfin sur l'extérieur. Son petit monde s'agrandit, doucement, mais sûrement. La chambre. Le parc. La bibliothèque. Le café. Et à chaque mur qui tombe, c'est un peu plus de libertés grappillés et c'est la vie qui reprend de ses couleurs. Plus intéressante, moins intolérable. C'est quelque chose, que de pouvoir se remplir la tête d'horizons, d'espérer les lendemains. D'anciennes habitudes devenues un luxe.

Évidemment, Moonbin est là. Il est toujours là. Même à la petite table isolée où il l'a assise pendant son service, Thäleia peut sentir son infatigable regard se poser sur le moindre de ses faits et gestes. Il est l'omniprésence, l'œil de la surveillance. Son Big Brother personnel. Big Brother est infaillible et tout-puissant. Moonbin aussi. Ou presque. Car il arrive que d'autres yeux défient l'autorité et s'égarent jusqu'à sa table. En retraçant la trajectoire de ces coups d'œil, on trouve des employés, d'autres clientes, mais surtout d'autres clients. À moitié dissimulée derrière la couverture de son livre, la sirène aime se prêter aux divers jeux de regards qu'on lui propose. Ça se cherche, ça se croise avant de fuir. Un sourire ou une œillade bien placé peut lui offrir un thé ou la distraction d'une conversation, Thäleia en a conscience. Mais ça ne dure jamais longtemps. L'ombre de Moonbin fini toujours par tuer les rayons d'une discussion avec un inconnu. Ce n'est pas grave. Pour l'instant, ça n'empêche pas Thäleia de trouver un semblant de bonheur dans ces courts moments de normalité rebelle.

Un parfum de rébellion innocente, c'est aussi ce qui flotte dans l'air en cet après-midi de juin. La mutinerie brille au fond de ses prunelles claires, tandis qu'elle guète, mine de rien, les mouvements d'un Moonbin affairé. Thäleia attend, bouillonne, animée par la même nervosité qu'une enfant sur le point de franchir les limites du permis. La jeune femme va désobéir, et elle le sait. Pas pour se divertir dans un tête-à-tête avec un inconnu, non. Cette fois, les enjeux sont plus grands.

Enfin, Moonbin disparaît en cuisine. Elle a cinq minutes. Thäleia se libère aussitôt de sa chaise, marche jusqu'à une table non loin du comptoir, plonge une main dans son sac pour en sortir un carnet qu'elle dépose sur un coin de la surface boisé. C'est furtif. Une question de secondes. Un battement de cils plus tard, la voilà à sa place, son livre en main, à se donner des airs désintéressés. Comme si rien ne venait de se passer. Comme si son cœur n'était pas sur le point d'exploser. Les mots glissent sous ses yeux, mais elle ne les voit pas, toute exaltée par son acte rebelle. Parce que ce carnet ne lui appartient pas. Parce qu'elle a pourtant osé laisser une marque de son passage à l'intérieur. Une lettre. Adressé à la propriétaire légitime : Wendy Darling. Aussi incroyable que cela puisse paraître.

C'était parti de rien. Un carnet égaré et de jeunes yeux indiscret qui le découvre. À peine concernée par les convenances de ce monde, Thäleia n'a pas résisté longtemps à ses instincts curieux. Elle l'a feuilleté. Brièvement. Juste de quoi s'offrir un aperçu. Les quelques lignes qu'elle survola furent celle de trop. Ce qui n'était que curiosité est devenue avidité, un besoin vorace de vérité. Il y avait des déjà-vu entre ces lignes. Tellement, qu'elle n'hésita pas à commettre l'outrage de prendre le pauvre cahier en otage. Ce fut dans l'intimité de sa cage qu'elle mena son enquête, jusqu'à dissiper toutes zones d'ombrages. Ça grouillait de prénoms familier : Crochet, Clochette, Peter Pan. Au fil de sa lecture, Thäleia fit naufrage sur des rivages connus : elle retrouva entre les pages des paysages aux allures de mirages, images d'un autre âge. Et enfin, une signature, un visage. Celui d'une vieille ennemie. Wendy Darling. Oui, cela ne faisait aucun doute. Qui d'autre aurait pu tenir de tel propos ? C'était elle. Il le fallait. Ne serait-ce que pour combler les espoirs s'élevant en elle. Portée par l'euphorie de sa découverte, ce fut sans plus de réflexion, le cœur et l'esprit momentanément libéré des rancœurs du passé, qu'elle s'est empressée de rédiger frénétiquement ces lignes, sur un papier glissé entre les pages :


J’ai trouvé ce carnet sur un coin de table, certainement celui où tu vas à ton tour de le récupérer. J’ai aimé ce que j’y ai lu. Quelque chose dans tes mots me dit que tu es comme moi, une naufragée d’une autre vie. Ou d’une autre époque, pour ce que j’en sais. C’est difficile, de s’y retrouver. Quoi qu’il en soit, je ne sais pas si signer ‘Wendy Darling’ était la chose la plus discrète à faire quand on s’avère être au cœur d’un roman populaire, mais ça aura eu l’avantage d’effacer mes doutes quant à ton identité.

Merci ?

Toi, en revanche, je ne suis pas sûre que mon prénom t'aide à me reconnaître. Ce n'est pas comme si nous nous étions déjà parlé. Je suis Thäleia. Une des sirènes de Neverland. J'imagine que l'épisode de notre rencontre t'es resté en mémoire plus clairement que les visages en eux-même. Simple supposition. Peut-être que tu as oublié. Peter oublie toujours, après tout, et moi-même, je suis incapable de dire si ta visite remonte à des années ou à des décennies. On voit tout différemment quand on est habitué à vivre au présent. Dans ma mémoire, tu es restée une enfant, mais tu dois être bien vieille aujourd'hui.

En te lisant, je pense avoir enfin compris ce que Peter et les enfants perdus cherchaient dans tes histoires. De l'évasion, de l'espoir, et peut-être une nouvelle infinité de possibles. Même avec l'éternité devant soi, c'était l'imagination, qui nous faisait vivre sur l'île. J'imagine que c'est l'une des rares choses qui nous empêche de dépérir dans ce monde-là.

Je ne suis pas stupide. Je sais bien qu'au fond, ce carnet peut appartenir à n'importe qui. Si tu ne te reconnais pas dans ces lignes, tu n'auras qu'à déchirer cette page et passer à autre chose. Peu importe. Mais s'il s'agit bien de toi, de Wendy Darling, la fillette en chemise de nuit de mes souvenirs… À vrai dire, même s'il s'agit bien de toi, je ne sais pas vraiment où cela va nous amener, ni même pourquoi je continue d’écrire-

Il y a des choses que j’ai besoin de savoir et de comprendre, sur ce qui m’arrive. Ou plutôt, ce qui nous arrive. Je sais que je ne suis pas la seule à être dans cette situation, je sais qu’on nous traque et que tout nous menace, mais ça m’échappe encore. Trop de questions. Et à qui faire confiance ?

Mais, toi, tu es de ce monde, de cette ville, tu es humaine, et je ne peux m'empêcher de penser que tu en sais plus que moi sur ce sujet. C'est ce que tes notes ont laissé sous-entendre, en tout cas. Ton monde a-t-il disparu de la même manière que le mien ?

Alors s'il s'agit bien de toi et que tu n'es pas contre l'idée de revoir une très vieille « connaissance », je serai la jeune fille rousse assise à la table au coin de la fenêtre, celle qui lira ‘Sa Majesté des Mouches.' Laisse-moi un signe. Un mot. Mais ne vient pas me parler, du moins, pas encore. Je suis trop souvent observée et écoutée, et j'aimerais que tout ça reste aussi secret que possible.

Thäleia.


Derrière les courbes élégantes de son écriture, le message est brouillon, chargé d’idées inachevées, à l’image de ses pensées fragmentées. Qu’importe. Ce qu’elle veut, c’est un premier contact. Peut-être le début d’un dialogue. Thäleia réalise à peine ce qu’elle vient de faire, ou à qui elle vient d’écrire : pour le moment, la joie de retrouver une figure connue l’aveugle suffisamment pour lui faire oublier ses rancunes ou ses élans colériques. Pour le moment.

Et maintenant ? En attendant, cette petite correspondance s’annonce déjà ponctuée d’accent irréel. Seule à sa table, la sirène patiente encore dans l’illusion. Après tout, pour elle, cette Wendy là n’est faite que d’encre et de papier. Pour le moment.


(c) AMIANTE & prima luce

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Wendy Darling
Wendy Darling
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DESSIN ANIME D'ORIGINE : Peter Pan
ÂGE DU PERSONNAGE : 27
COTE COEUR : Célibataire
OCCUPATION : Gardienne du portail de Londres et romancière à ses heures perdues
LOCALISATION : Londres
HUMEUR : Heureuse
COULEUR PAROLE : #336699
PRESENCE/ABSENCE : soir & weekend
DOUBLES COMPTES : Phil, Quinn, Gilles, Alice & Rouky
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Jane Levy (signa : princessecapricieuse, Bazzart)
MON ARRIVÉE : 18/05/2019
MON VOYAGE : 307
POINTS : 582
Dim 28 Juil 2019 - 23:11
pause épistolaire
Wendy & Thäleia
Wendy ne vit la lettre que le soir-même. Elle rentrait du café, épuisée mais heureuse d’avoir enfin retrouvé le carnet qu’elle cherchait depuis quelques jours, elle s’était posée en tailleur sur son lit et avait tourné les pages du livret, prête à y écrire de nouvelles idées, quand elle était tombée dessus. Un message rédigé pour elle dans une écriture qu’elle ne reconnaissait pas. Et à présent, elle était là, toujours sur son lit, sans bouger, à lire et relire ces lignes qui lui étaient adressées, essayant de les analyser. Si ce qui était écrit était vrai, sa correspondante venait elle aussi du Pays Imaginaire. Et même si son nom ne lui disait rien, Wendy avait en revanche un très bon souvenir de sa rencontre avec les sirènes. Elle se rappelait de sa déception en les voyant si méchantes, si odieuses à son égard lorsque tout ce qu’elle avait souhaité était simplement de jouer avec elles, de les rejoindre, de peut-être devenir l’une d’entre elles. Elles étaient si belles, si magiques, si incroyables ! Qui n’avait jamais rêvé d’être une sirène ? Mais plutôt que de l’accueillir comme une nouvelle amie, celles-ci avaient tenté de la noyer, sans doute prises de jalousie parce qu’elle s’était accaparée l’attention de Peter. C’était peut-être pendant cet épisode-là qu’elle avait commencé à réaliser qu’elle n’avait pas sa place au Pays Imaginaire. Que le monde de l’enfance n’était plus fait pour elle et qu’il était temps qu’elle rejoigne celui des adultes.

Mais il avait suffi d’une lettre, de simples mots couchés sur du papier pour qu’elle y soit confrontée de nouveau. Et si elle avait adoré retrouver Peter, si elle avait redouté rendre visite à Clochette, elle ne savait pas trop quoi penser de Thäleia. Les mots ne semblaient pas teintés de haine. Au contraire, ils formaient une espèce d’appel à l’aide.

Alors, fallait-il y croire ? Fallait-il se risquer à penser que les intentions de la sirène étaient pures ? Ou bien était-il plus prudent d’oublier ce message, pour ne pas se faire avoir ? En grandissant, Wendy s’était beaucoup renseignée sur le Pays Imaginaire, sur les sirènes et autres créatures. Elle avait emprunté plusieurs livres qu’elle lisait le soir en cachette, pour ne pas déclencher la colère de son père, éclairée par une simple bougie dès que la maison était plongée dans le noir. Elle avait appris que dans les légendes, loin des contes pour enfants dans lesquels elle aimait se plonger, les naïades étaient des êtres cruels, usant de leur charme pour tuer les hommes qui naviguaient en quête d’aventure. Evidemment, ce n’était toujours que des histoires. Que des récits mythologiques venus d’un temps bien plus ancien, où les civilisations vénéraient des Dieux obscurs. Mais cela avait suffi pour que Wendy développe une certaine méfiance vis-à-vis des filles qui avaient tenté de la noyer à coups de nageoires. Alors, concernant ce mot dans son carnet, rien n’était sûr.

Pourtant, ce message avait quelque chose de sincère, et l’urgence qu’il décrivait semblait bien trop réelle pour ne pas alerter la jeune fille. Thäleia parlait de traque, de menaces, comme si on les recherchait, eux, ceux qui venaient d’un autre monde ou d’un autre temps, pour une raison qui lui échappait. Comme si on lui voulait du mal. Wendy ne savait pas trop quoi en penser. Elle n’avait jamais ressenti ce danger, et d’ailleurs personne autour d’elle ne voulait croire qu’elle avait un quelconque rapport avec la Wendy Darling du dessin animé. Tous pensaient que son nom n’était qu’une coïncidence ou bien le fruit de parents un peu trop fans de Disney, parce que c’était bien plus probable comme ça. Qui était au courant ? Qui voulait les chasser ? Pour quelles raisons ? Peut-être que ce n’était que de la paranoïa. Ou un stratagème un peu tordu de la sirène pour jouer avec ses angoisses et la torturer. Ces créatures maîtrisaient l’art de la manipulation comme personne. Elle ne devait pas leur faire confiance. Elle ne cèderait pas à la panique. Néanmoins, au cas où sa destinatrice disait vrai, elle suivrait ses conseils et ferait preuve de prudence.

Le lendemain, en entrant dans le café pour prendre son service, elle prit un temps pour scruter chaque table, en particulier celles posées contre la fenêtre. Et elle la vit. La fille rousse qui lisait Sa Majesté des Mouches. Un choix de livre intéressant quand on savait qu’elle avait elle-même vécu sur une île dirigée par des enfants. Bon. Il fallait lui faire un signe. Même si elle n’était toujours pas certaine des intentions réelles de la sirène, Wendy avait décidé d’accepter sa prise de contact, principalement par curiosité. Mais elle ferait ça dans les règles. Secrètement, sans éveiller de soupçons chez d’éventuels épieurs. Quelque part, ça avait quelque chose d’excitant. Comme le début d’une nouvelle aventure.

Elle avait réfléchi longtemps à ce qu’elle ferait pour engager la conversation tout en restant discrète. Finalement, elle eut l’idée de lui laisser un mot à son tour. Un message codé sur le verso d’une serviette du café, à la manière des espions dans les films. Deux dessins, deux symboles dont sa correspondante devrait pouvoir trouver facilement la signification. Le premier, le chapeau de Peter Pan, esquissé en quelques traits, de façon minimaliste, simplement pour confirmer le fait que c’était bien elle, la Wendy de ses souvenirs. Le second, une icône représentant une femme, recopié à l’identique sur le panneau indiquant les toilettes des filles au fond du café. C’était là qu’elles discuteraient, à l’abri des oreilles indiscrètes.

En attendant de passer à l’action, Wendy ne pouvait s’empêcher de lancer des coups d’œil furtifs vers la rouquine, tentant de reconnaitre son visage. Si elle se souvenait l’avoir déjà vue ici quelques fois, elle ne parvenait pas à faire le rapprochement avec l’une des sirènes du Pays Imaginaire. Il fallait dire que leur rencontre remontait à bien longtemps et avait été trop rapide et désagréable pour qu’elle en ait retenu les visages. Et ce n’était malheureusement pas les dessins en deux dimensions du film d’animation qui pouvait l’aider pour ça.

Finalement, Thäleia passa commande, ce qui lui permit de mettre son plan à exécution. Elle attendit que le serveur attitré à cette table prépare la tasse de thé demandé puis, d’un geste rapide, échangea la serviette blanche avec celle sur laquelle elle avait dessiné. Le serveur la vit au dernier moment alors qu’elle retirait sa main du plateau. Prise au dépourvu, et pour balayer les soupçons, elle ne trouva rien de mieux à faire que de rougir et de bégayer :

« Je, euh, je m’entraine. Pour la danse. J’ai une compétition ce week-end. De, euh, de breakdance ! »

Pourquoi c’était la première excuse qui lui était venue, allez savoir. Elle avait dû entendre ce mot dans la semaine et trouvé que c’était une bonne idée de le ressortir ici. Pour joindre le geste à la parole, elle tenta quelques pas un peu au hasard, priant pour qu’ils soient suffisants pour prouver ses dires. Un bras par ci, une jambe là, hop, plie les genoux, tourne sur toi-même, la tête sur le côté, bim, bim. Quand elle se prit les pieds dans sa jupe et qu’elle vit tous les regards rivés sur elle, elle décida d’arrêter là puis de se justifier :

« Enfin hm, bon, j’ai encore du chemin à faire. Mais je ne baisse pas les bras ! »

Elle sourit nerveusement et prétendit avoir quelque chose d’urgent à faire dans les cuisines. Quand elle revint après avoir soufflé un peu, le thé était déjà servi à la table. C’était le moment pour elle de s’exiler dans les toilettes et attendre. Ce n’était plus qu’une question de temps avant que la sirène ne remarque le message et le décrypte.
code by exordium.



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Ven 16 Aoû 2019 - 18:40
Pause épistolaire
L'attente. Thäleia y est habituée, elle passe sa vie à attendre. À attendre demain, à attendre la fin, à attendre rien. Aujourd'hui au moins, elle peut mettre des mots sur cette attente. Un visage. Un prénom. Wendy.

Ça sonne comme une mauvaise blague. Et l’agitation impatiente de son cœur en est la chute. Si on lui avait dit qu’elle éprouverait autre chose qu’une haine aveugle à la pensée de cette petite fille mal fagotée. Mais le sort se joue d’elle, se fout d’elle. La poitrine palpitante, la bouche asséchée, l’estomac au fond de la gorge, tout son corps trahit l’anticipation inavouée.

Quelle blague.

L’attente. Thäleia patiente. Rien ne se passe. Quelques pages défilent entre ses doigts, replongent la jeune fille dans un univers de papier. Après dernier paragraphe, Thäleia s’autorise une œillade par-dessus son livre. Son cœur panique. Le carnet a disparu. Ses lèvres se pincent sous la déception, sentiment amer d’être passé à côté de l’indispensable. Le carnet a disparu, et Thäleia, elle ne l’a pas vu. Wendy. La propriétaire.

Cet après-midi là, quand Moonbin la récupère à la fin de son service, Thäleia n’a pas le choix que de le suivre, d’attendre, et d’espérer, sa lettre lancée dans l’inconnu comme une bouteille à la mer.

***

Une soirée. Un vœu, caprice d'une adolescente désespéré d'être trouvé. Celui de retourner encore au café. Thäleia n'a pas besoin de mentir pour se justifier. Les excuses viennent toutes seules, presque sincères. Quitte à ne rien faire, autant ne rien faire au soleil. Là-haut, au moins, elle se sent plus aussi seule.

Et Moonbin l'a exaucé. Le lendemain, c'est à la même table qu'on l'installe. Même chaise, même fille, même livre. Thäleia le fait durer, cela en devient suspect. Parce qu'elle ne lit plus vraiment. Aujourd'hui, rien ne lui échappera, Thäleia s'en fait la promesse. Ses iris scrutent attentivement la salle derrière ses cils, prêt à capter tous signes de Wendy. C'est là que son regard en attrape un autre. Derrière le comptoir, on l'observe. Ça, ce n'est pas nouveau. Sauf que cette fois, il ne s'agit pas de Moonbin. Il y a cette jeune femme, ses cheveux châtains tirant sur le roux. Loin de se dérober à ces prunelles espionnes, Thäleia rétorque par un regard tout aussi insistant. Pour une raison qui lui échappe, cette inconnue lui est familière. Serait-ce Wendy ? Malgré l'évidence, Thäleia refuse d'y croire. Non, elle est trop grande, terriblement… Adulte. Pourtant, le soupçon fait son nid.

Son enquête silencieuse est interrompue par un serveur. Détachée, Thäleia commande un thé, son attention tout à l'anonyme du comptoir, qu'elle tente d'imaginer avec quelques années en moins. Plus elle la regarde, plus le doute se confirme. Perturbant. L'image de l'adulte se heurte violemment à ses souvenirs. Le fond ne colle plus à la forme. La jeune fille observe et juge cette inconnue désormais lancée dans une danse ridicule, sans se résoudre à accepter la réalité. Certes, Thäleia est aussi embarrassée pour elle aujourd'hui qu'elle ne l'était à l'époque, lorsqu'elle se baladait en chemise de nuit à Neverland. Mais la vérité sonne faux. Comment Wendy a-t-elle pu autant… Vieillir ?

Quand l'inconnue disparaît, Thäleia n'a pas d'autre choix que d'attendre à nouveau, sa boisson entre les mains. Elle s'apprête à s'essuyer la bouche lorsqu'un détail la relance dans son investigation. Sa serviette a été signée, marquée par le passage de Wendy. Ça ne peut-être qu’elle.

Un chapeau, reconnaissable entre mille, accompagné d'une silhouette féminine. Malgré elle, ses sourcils se froncent. Qu'est-ce censé vouloir dire ? Peter est une fille ? Non, pas aux dernières nouvelles. L'incompréhension pointe sur son visage, très vite supplanté par l'agacement lorsque la signification mystérieuse de cette figure se révèle enfin à elle. Les toilettes. Évidemment. Même les automatismes les plus basiques de ce monde lui échappe encore, et ça l'irrite, Thäleia. Ça la fait se sentir plus bête qu'elle ne l'est. Dans un élan de mauvaise foi, elle est presque tentée de tenir Wendy responsable de cette contrariété, elle qui vient de lui rappeler son ignorance. Néanmoins, la logique l'en empêche. Ça serait stupide. Et Thäleia n'est pas d'humeur à haïr bêtement. Du moins, pas pour l'instant. L'offense mise de côté, la jeune fille se lève, laisse ses affaires en plan et se dirige vers le lieu de rendez-vous improvisé, non sans informer Moonbin de ses faits et gestes. Justifier sa présence prolongée dans les WC à son retour, voilà qui s'annonce drôle.

À peine pousse-t-elle la porte des toilettes qu'elle la voit. La fille du comptoir. L'inconnue plus si anonyme. « Wendy ? » C'est elle. Qui d'autre ? Wendy dans son habit de travail. Wendy la danseuse douteuse. Wendy dans toute sa banalité. Wendy devenue femme. « Tu es… Différente. » Thäleia pèse soigneusement ses mots, cherche ceux qui sauront le mieux enfermer ses impressions. Plutôt par soucis d'exactitude que par courtoisie. « Plus vieille. » Qu'elle lâche enfin. La sirène décortique et dévisage. Une mauvaise habitude. À peine consciente de son impolitesse, elle cherche les traces du passage du temps sur ce visage encore marqué d'innocence. Une ride. L'ombre d'une imperfection, indice d'un corps fatalement décadent. Tout ce qu'elle y trouve, c'est des restes de souvenir. La petite fille de la lagune est là, sous le masque adulte. Thäleia la devine encore dans ses prunelles bleutés.

Les siennes, l'adolescente les détourne. Cette vision la dérange. Thäleia n'est pas habituée aux corps qui changent. Les figures de sa mémoire, elle les préfère figés, prisonnier à jamais de leur écrin de jeunesse et de beauté. C'est étrange, de voir Wendy ainsi. Plus âgé qu'elle. Les rôles se sont inversés. Les règles du jeu aussi. Dans cette réalité, le temps est toujours gagnant. Ce trouble, Thäleia le confine et l'étouffe. Hors de question d'afficher ne serait-ce que le moindre signe de faiblesse. Alors, elle hausse les épaules, avec cet air d'adolescente blasée qu'elle sait si bien se donner. « Mais pas autant que je ne me l'imaginais. Quoi que. » Comme si ça ne l'atteignait pas, de voir les années à l'œuvre. Comme si elle ne se projetait pas elle-même dans un futur plus ou moins proche, aux portes de la vie. « En fait, j'aurai pu te croire morte, j'ai l'impression que ça fait si longtemps depuis ta visite. » Brute dans son honnêteté, Thäleia ne cherche pourtant pas à être méchante. Pas cette fois. À vrai dire, la sirène peine à trouver quoi dire, saisit par l'irréalité de la situation, et elle meuble, par crainte de tomber dans un silence gênant, ceux qui laissent trop de place à la pensée, aux jugements, ou dans son cas, aux remords. Thäleia ne veut pas se dire que tout ça n'est qu'une mauvaise idée. Non, cette rencontre est trop porteuse d'espoir pour elle. « Donc, c'est ça, ton monde ? C'était moins terrible dans les récits de Peter. » Le nez et les lèvres se froissent sous une grimace tandis que ses iris inquisiteurs sondent le décor de cette curieuse scène. Du dégoût. C'est tout ce qu'elle ressent pour cet endroit et, à plus grande échelle, pour la ville. Même son reflet de l'autre côté du miroir lui laisse une image laide sur la rétine. Hideuse dans son humanité. « Grâce à lui, je pensais tout connaître de ce monde. » Elle se retourne vers son interlocutrice, un rire acide aux lèvres. Oh, comme elle s'est trompée. « Il savait faire voyager avec ses histoires. Mais, c'était aussi les tiennes, pas vrai ? » Parler du passé. De Peter. De la seule chose capable de les unir. C'est tout ce qui lui vient.

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DESSIN ANIME D'ORIGINE : Peter Pan
ÂGE DU PERSONNAGE : 27
COTE COEUR : Célibataire
OCCUPATION : Gardienne du portail de Londres et romancière à ses heures perdues
LOCALISATION : Londres
HUMEUR : Heureuse
COULEUR PAROLE : #336699
PRESENCE/ABSENCE : soir & weekend
DOUBLES COMPTES : Phil, Quinn, Gilles, Alice & Rouky
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Jane Levy (signa : princessecapricieuse, Bazzart)
MON ARRIVÉE : 18/05/2019
MON VOYAGE : 307
POINTS : 582
Sam 21 Sep 2019 - 12:37
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Wendy & Thäleia
Wendy patientait nerveusement. Ses yeux s’amusaient à faire des aller-retours entre la porte des toilettes et sa montre. Elle comptait les secondes. Bientôt, elle confronterait l’une de ces vipères qui avaient tenté de la noyer alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Était-ce vraiment une bonne idée ? Que lui voulait-elle ? Par prudence, la jeune femme s’écarta du mieux qu’elle le pouvait de tout ce qui pourrait servir la sirène contre elle. À savoir, ce qui pouvait contenir de l’eau pour la noyer. Les éviers, les toilettes. C’était plutôt improbable, mais on n’était jamais trop certain. L’anglaise tenta de se rassurer en se remémorant les mots de la lettre. Ça pouvait être une ruse, mais Thäleia ne lui avait pas paru hostile dans son écriture. Elle avait plutôt semblé perdue, désespérée, et Wendy ne pouvait décidément pas se résoudre à ignorer quelqu’un qui demandait son aide, quels que soient leurs différends. Alors elle patientait, dos contre le mur, ne sachant que faire d’autre que d’observer le temps s’éterniser. Les secondes lui parurent durer des minutes, les minutes semblaient devenir des heures. Combien de temps encore avant que son ancienne ennemie n’arrive ? Elle se demanda si son message codé n’était pas trop difficile à déchiffrer. Elle aurait sans doute dû faire plus simple. Ça lui apprendra à vouloir jouer aux espionnes des films d’action.

Elle en était venue à se dire que la sirène ne viendrait peut-être pas lorsque la porte s’ouvrit enfin. La demoiselle rousse qu’elle avait espionnée tout à l’heure depuis son comptoir fit son apparition et croisa son regard. Wendy ne sut trop comment l’accueillir, alors elle se contenta simplement d’hocher la tête en souriant poliment lorsque Thäleia prononça son prénom. Elle semblait sceptique, comme si elle ne la reconnaissait pas. Evidemment, la dernière fois qu’elles s’étaient croisées, Wendy n’était encore qu’une enfant en chemise de nuit. Beaucoup de choses avaient changées depuis, elle la première. Elle nota un air de mépris et de dégoût sur le visage de l’adolescente, ce qui, bien qu’elle n’en soit pas tellement surprise, lui pinça légèrement le cœur. Elle n’aimait pas être dévisagée de la sorte. Elle en culpabilisait presque. Elle se sentit soudain trop vieille, trop adulte, trop démodée. Trop en décalage par rapport à cette figure de son enfance qui lui faisait face aujourd’hui. Elle aimerait se justifier, lui dire qu’elle n’avait pas tant changé, qu’elle avait gardé une part de la petite fille qu’elle était quelque part dans son cœur, qu’elle retournait volontairement en rêve au Pays Imaginaire dans sa petite chemise de nuit bleu clair, mais tout cela semblait sonner faux. Elle avait grandi. C’était indéniable. Et elle sentait que tous les arguments du monde ne suffiraient pas à adoucir les traits méprisants de la sirène. Alors elle ne répondit rien, pas maintenant.

Non pas qu’elle en aurait eu le temps, de toute façon. Thäleia avait déjà détourné les yeux, comme gênée par son apparence. Avait-elle tant d’aversion envers elle qu’elle en était carrément incapable de la regarder dans les yeux ? Possible. Vexée, Wendy se retint néanmoins de faire une scène et se contenta simplement de froncer les sourcils. Elle n’avait pas oublié son altercation avec les sirènes à l’époque. Celles-ci n’étaient pas vraiment connues pour leurs bonnes manières. En attendant, Thäleia avait repris la parole, lui lâchant sans détour qu’elle l’avait cru morte. Wendy sentit un frisson lui parcourir l’échine. Elle n’aimait pas ce mot. Mais quelque part, cela avait du sens. Elle était née il y avait plus d’un siècle. Techniquement, elle aurait dû être morte depuis un bon moment. Pour elle, son voyage au Pays Imaginaire ne remontait qu’à une dizaine d’années, mais qui savait combien de temps s’était écoulé pour les habitants de l’île ? Enfin, à vrai dire, ce n’était pas vraiment comme s’ils s’amusaient à compter les jours.

Décidément lancée dans un discours accusateur, Thäleia changea de cible pour critiquer cette fois-ci le monde qui l’entourait. Wendy voulut lui répondre que les toilettes n’étaient peut-être pas l’endroit le mieux choisi pour discuter de la beauté d’un monde, mais elle sentit qu’elle passerait à côté du sujet. La mention de Peter et de ses histoires la fit sourire. Elle avait toujours aimé son optimiste et sa façon de voir le monde à travers les yeux d’un enfant. Oui, il savait faire voyager. Ce n’était pas étonnant que toutes les filles du Pays Imaginaire soient raides dingues de lui.

« En effet, je peux comprendre que les récits soient toujours plus épiques que la réalité. La vie ici n’est pas aussi excitante qu’au Pays Imaginaire, c’est certain. Mais elle cache aussi ses surprises, si tu te donnes la peine de les chercher. Enfin… j’imagine que tu n’as pas repris contact avec moi simplement pour pouvoir m’insulter. »

Il n’y avait pas vraiment d’agressivité dans sa voix. Au contraire, elle se voulait assez calme. Elle n’avait pas envie de se crêper de nouveau le chignon avec elle, surtout pas dans les toilettes du café où elle était employée. Pour le moment, la discussion ne commençait pas trop mal, pour preuve sa rivale n’avait pas encore tenté de la tuer, ce qui était franchement un bon début. Si leur entrevue pouvait rester cordiale, ça l’arrangeait bien. La lettre avait soulevé en elle tant de questions, elle ne voulait pas risquer de partir sans avoir obtenu de réponses. Ce n’étaient peut-être que des délires paranoïaques, mais on n’était jamais trop prudent. Qui sait, peut-être pouvaient-elles s’aider mutuellement. Elle baissa un peu la voix et demanda :

« Alors, qu’est-ce qui t’amène ? J’avoue avoir été un peu surprise par l’urgence formulée dans ta lettre. Tu disais qu’on nous traquait ? De qui parles-tu ? Et pourquoi ? »
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Dim 27 Oct 2019 - 0:03
Pause épistolaire
Inquiétante étrangeté.

Elles sont là, deux entités aux allures de reflet, à se toiser et se juger. La Wendy de son esprit et celle de la vraie vie. L’une n’est pourtant pas moins légitime que l’autre, bel et bien vivante dans sa mémoire. Une Wendy repensée, à l’authenticité écorchée par les années et sa subjectivité, mais une Wendy présente. Là où toutes les autres âmes passagères à Neverland ne sont plus que d’insignifiant fragments, Wendy, elle, a survécu.

La sirène ne se l’explique pas.

Et elle ? Combien de versions erronées de sa personne subsistent encore dans les esprits ? A-t-elle changé ? Oh, l'adolescente en est persuadée. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde l'éloigne un peu plus de la Thäleia du Pays Imaginaire, celle que ses sœurs doivent se languir de retrouver. Celle qu'elle aimerait tant retrouver. Son cœur se tord. Oui, elle a changé. Trop. Tellement, qu'elle n'est plus certaine que ses sœurs apprécient celle qu'elle est devenue. Et si elles jetaient sur elle, les mêmes œillades accablantes qu'elle pose en cet instant même sur Wendy ?

Ça y est, l’idée terrible a germé sous son front.
Parfois, Thäleia aimerait s’allonger à même le sol et cesser de penser. D’exister.

« La vie ici n’est pas aussi excitante qu’au Pays Imaginaire, c’est certain. » Wendy, sa voix aussi a changé. Du moins, Thäleia se figure qu’elle a changé, alourdie par l’âge. La voix, c’est ce qui disparaît en premier des mémoires. Néanmoins, elle transporte le même timbre bienveillant et calme, que dans ses souvenirs. « Mais elle cache aussi ses surprises, si tu te donnes la peine de les chercher. » Ça la fait sourire. Sourire d’un visage désabusé. Dans la platitude de sa vie, les surprises, l’adolescente passe sont temps à les chercher. « J’imagine qu’aujourd’hui, c’est toi ma surprise alors. » Il y a une certaine malice au fond de son regard : c’est qu’elle est loin d’être insensible à la bizarrerie de la situation. Elle, Wendy, un huit-clos élégant. D’anciennes connaissances réunies par le destin, forcé de coopérer pour découvrir le secret de leur existence. Ça a des airs de mauvais téléfilm, avec à la clef une belle leçon poétique sur les valeurs de l’amitié.

Elles en sont encore loin. « J'imagine que tu n'as pas repris contact avec moi simplement pour pouvoir m'insulter. » Son sourire disparaît, chassé par une confusion un brin amusée. « Parce que je t'ai insulté ? » Ah bon ? Elle n'en avait pas l'intention, inconsciente de la dureté de ses paroles. Dépassée par toutes ces conventions humaines, la sirène ne s'en excuse pas pour autant. Bonne manière, règle de savoir vivre… C'est bien ça le problème, elle ne sait pas vivre. Pas dans ce monde. Ici, elle ne fait qu'imiter et copier, toujours dans la peau d'une autre. Thäleia se décline jusqu'à devenir celle qu'on veut voir, mais surtout aimer. Parce qu'être elle-même, ça ne suffit pas. Ça ne suffit jamais.

Avec Wendy, c'est différent. C'est elle qui a initié le contact, elle qui attend quelque chose, si bien que Thäleia ne sait pas quel visage adopter avec la jeune femme, ni même ce qu'elle aimerait voir. Une ennemie ? Une amie ? Alors, en un battement de cil, la jeune fille se ferme. Aussi simplement que ça. Que Wendy projette donc les émotions qu'elle désir sur son visage atone. Elle se fera toile vierge soumise à son imagination.

C’est sans aucune expression qu’elle l’écoute poser ses questions et c’est de cette même façon qu’elle lui répond « Donc, tu ne sais pas ? » malgré sa désillusion. Wendy ne sait pas.

L’adolescente détourne le regard : elle laisse une nouvelle fois ses prunelles bleutées se perdre dans le vide. Tout pour dissimuler la déception qui l’habite et l’amertume lui entravant la gorge. Ça lui apprendra à espérer, à attendre quoi que ce soit d’autrui ou de la vie.

C’est dur, de rester de marbre quand la détresse s’invite. Thäleia craint que sa voix ne la trahisse lorsqu’elle murmure les mots : « Je pensais que tu saurais… Qui ils sont, pourquoi nous, comment rentrer chez nous… » Non. Voilà que c’est elle qui en sait le plus. « C’était stupide d’y croire. » Elle est peut-être là, la véritable cruauté de ce monde ; Il la dépouille de ses rêves et de ses croyances, l’essence même de ce qui a forgé son être. Qu’est-ce qu’une créature de rêve, si elle n’est plus capable de rêver ?

Elle ravale ses émotions-là, durcit ses traits pour les empêcher de trembler, avant de replonger ses yeux dans ceux de Wendy. Elle lui doit des réponses. « Oui. On nous traque, les gens comme toi ou moi, qui viennent d'ailleurs. » Elle doit marquer une pause pour se composer un ton détaché, avant que l'affliction ne vienne troubler son discours. Seulement, les réminiscences lui pèsent déjà sur les lèvres et Thäleia doit se faire violence pour ne pas croiser ses bras contre sa poitrine dans un désir de réconfort. « Je ne sais pas de qui il s'agit c'est… Des chasseurs. Ils nous traquent, ils nous enferment, et ils- » Silence. Ça peuple ses dires et ses souvenirs. Il y a des choses qu'elle ne veut pas partager, qu'elle ne peut pas partager. Des non-dits qui s'accumulent sur son cœur et sa conscience. Sa main droite se pose sur son bras gauche, caresse doucement la peau jusqu'à son épaule. Oh non. Elle a croisé les bras. Aussitôt, elle les décroise, mime le naturel en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, geste futile. « J'imagine qu'il ne t'on jamais eu. » Évidemment, sinon elle saurait. « Je ne sais pas vraiment ce que je voulais en t'envoyant cette lettre. Je crois que j'espérais juste avoir quelqu'un pour m'aider à comprendre. » Et l'aider pour tout. Un espoir vain. Plus qu'une surprise, aujourd'hui, Wendy est sa belle déception.

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Wendy Darling
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DESSIN ANIME D'ORIGINE : Peter Pan
ÂGE DU PERSONNAGE : 27
COTE COEUR : Célibataire
OCCUPATION : Gardienne du portail de Londres et romancière à ses heures perdues
LOCALISATION : Londres
HUMEUR : Heureuse
COULEUR PAROLE : #336699
PRESENCE/ABSENCE : soir & weekend
DOUBLES COMPTES : Phil, Quinn, Gilles, Alice & Rouky
PERSONNALITÉ & CRÉDITS : Jane Levy (signa : princessecapricieuse, Bazzart)
MON ARRIVÉE : 18/05/2019
MON VOYAGE : 307
POINTS : 582
Ven 6 Déc 2019 - 19:43
Pause épistolaire
Wendy & Thäleia
Fermée, interdite, Wendy écoutait patiemment les réponses de la sirène, incapable de savoir comment y réagir. La demoiselle était difficile à lire. À ses oreilles, ses paroles lui paraissaient grotesques, illusions formées par une espèce de délire paranoïaque dont son ancienne rivale semblait faire preuve. Fallait-il la croire ? Si elle avait été n’importe qui d’autre, Wendy aurait certainement été encline à lui donner le bénéfice du doute. Mais elle n’avait pas oublié les circonstances de leur dernière rencontre, et elle avait appris à ses dépens que les sirènes n’étaient pas vraiment les créatures les plus dignes de confiance qui soit.  Et puis, les premières paroles qu’elle lui avait adressées n’avaient pas non plus joué en sa faveur. Wendy n’avait pas su dire si la question de Thäleia lorsqu’elle avait relevé ses insultes était légitime ou sarcastique, alors elle n’avait rien dit, préférant un simple hochement de tête discret à des mots qui auraient pu causer un débat inutile. C’était dit, elle l’avait encaissé, il n’y avait pas de raison d’y revenir. Il y avait des questions bien plus importantes que celle-là.

Or, ces questions, elle ne les avait jamais entendues auparavant. C’était bien la première fois qu’on lui parlait de chasseurs traquant des personnes venues d’ailleurs. Pourtant, ce monde semblait tellement connecté, il y était tellement facile d’accéder à des informations d’importance plus ou moins élevées, venues de partout et de nulle part, simplement depuis son téléphone ou la télévision. Si une chasse à l’homme de telle envergure existait réellement, il lui semblait étrange qu’elle ne l’ait jamais su. D’ailleurs, elle n’avait jamais senti qu’on la traquait. Personne ne la suivait le soir jusqu’à son domicile, personne ne lui jetait des œillades discrètes lorsqu’elle travaillait, personne, du moins pas à sa connaissance. Et pourquoi le ferait-on ? Elle n’avait rien fait de mal. D’accord, elle avait traversé les époques, ce qui n’était pas bien naturel, et d’accord, elle avait séjourné pour une nuit dans un monde totalement irréel dépeint dans un dessin animé pour enfant et dont elle ne pourrait parler sérieusement sans être envoyée à l’asile sur le champ ; mais premièrement, personne ne pouvait le savoir, et deuxièmement, ça ne justifiait pas qu’on puisse lui en vouloir au point de se mettre à la chasser. Il existait dans ce monde des personnes bien plus dangereuses qu’elle, Peter ou même les sirènes, des personnes qui pourtant couraient encore impunies. Toute cette histoire ne faisait aucun sens, même pour son imagination débordante. C’était absurde. Elle ne pouvait simplement pas y croire.

Rien. Rien dans les paroles de la naïade ne faisait sens, rien ne semblait contenir une seule once de vérité. Rien, et pourtant, sur ce visage qu’elle voulait impassible, Wendy crut voir comme de la détresse, comme un début de panique qu’elle tentait de cacher. Sa façon de fuir son regard, de rabattre ses bras contre ses épaules, de replacer ses cheveux derrière son oreille en cherchant à reprendre une pause nonchalante. Quelque chose n’allait pas, la jeune femme le sentait. Peu importait que ses arguments soient fondés ou non, Thäleia paraissait y croire sincèrement. Ça, ou bien elle était une très bonne actrice. Ce qui, à bien y penser, ne surprendrait pas vraiment Wendy. La manipulation était tout un art chez les sirènes, et elle savait pour l’avoir lu maintes fois dans divers récits que ces créatures savaient y faire lorsqu’il s’agissait de convaincre leur audience de marcher vers elles.

Et pourtant, la Londonienne ne pouvait s’empêcher de penser que cet appel à l’aide avait quelque chose de sincère. Après tout, la sirène n’aurait pas eu de raison de venir jusqu’ici pour prendre contact avec elle si l’urgence n’avait pas été réelle. À moins qu’il ne s’agisse que d’un plan tordu pour se moquer d’elle, mais elle avait des doutes. Alors, voila ce que Wendy en conclut : l’arrivée de Thäleia en Angleterre et sa transformation en humaine avait été un tel choc qu’elle en avait été affectée mentalement, la rendant paranoïaque et persuadée qu’un groupe de chasseurs était à ses trousses pour la punir d’avoir été envoyée dans un monde qui n’était pas le sien. Mais tout ça, ce n’était qu’une illusion. Qu’un rêve. Or, Wendy s’y connaissait bien en rêves. Petite fille, elle voyait au-delà du rêve et elle y croyait. Mais elle avait appris en grandissant que bien qu’ils aient leur importance, les rêves ne restaient souvent que des rêves. Ou bien, tout ce qu’avait dit Thäleia était vrai, mais il était trop tôt pour l’affirmer, et encore une fois Wendy trouvait cette hypothèse bien trop improbable pour le moment. Très bien. Admettons que la sirène nage en plein délire de persécution, comment lui répondre sans la brusquer ?

« Voyons, calmons-nous. D’abord, es-tu bien sûre que tu ne fais pas de conclusions trop hâtives ? Comment sais-tu qu’on nous traque ? Est-ce que tu as déjà vu un de ces chasseurs ? Et pourquoi en auraient-ils après nous, d’après toi ? »

Est-ce qu’ils t’ont eue, toi ?

Redoutant la réponse à cette dernière question, Wendy préféra la taire et la laisser pour plus tard. Elle voulait d’abord comprendre d’où venaient les inquiétudes de Thäleia. Plus que des explications, elle demandait des preuves, quelque chose qui pourrait confirmer les propos de la sirène ou, dans le meilleur des cas, lui faire comprendre que tout cela n’était pas réel. Avec un peu de chance, elle pourrait lever le voile sur ce mystère et, à deux, elles seraient capables de démêler le vrai du faux.
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Dim 8 Déc 2019 - 18:35
Pause épistolaire
C'est dangereux de rêver, Thäleia le sait. Ça ne l'empêche pas de continuer à s'acharner, de se laisser porter par des espérances enchanteresses. Elles l'élèvent, juste de quoi lui faire entrevoir une lumière différente de celle qui assombrit les abysses de son existence. C'est peu, mais c'est assez. Assez pour souffrir de la chute.

Déception. Thäleia s'y noie, l'âme alourdie de détresse et le corps tremblant d'une terrible évidence. Elle est seule. Wendy ne sait rien, Wendy ne peut rien. Rien. Le mot est vide, pourtant, il contient tout : de sa situation à ses perspectives, en passant par sa vie et sa personne. Thäleia est là, mais elle ne dit plus rien, ne fait rien, ses bras inertes le long de son corps. Et ce, même lorsque Wendy lui répond : « Voyons, calmons-nous. » Inertie. Calme, elle l'est. Trop. Elle devrait hurler, pleurer, exploser, se blesser, tout faire pour extérioriser le chagrin qui lui tord le cœur. Tempête insoupçonnée derrière son regard sibyllin, ces yeux où toutes les émotions semblent s'esquisser sans jamais s'achever. « D'abord, es-tu bien sûre que tu ne fais pas de conclusions trop hâtives ? » L'adolescente l'entend sans la comprendre, confusion bridée avant qu'elle ne puisse marquer ses traits. Que veut-elle dire ? Trop hâtive. « Bien sûr. » Oh, oui, elle a pris tout son temps. Plus de deux ans, pour être exacte. Deux longues années à penser, penser, penser.

Penser, elle n'en a cependant pas besoin pour enchaîner ; La réponse est mécanique. « Ils nous veulent parce qu'on vient d'ailleurs. Parce qu'on est différent. Magique. » Elle n'invente rien. Ces mots, l'adolescente les tiens de Moonbin. Des paroles apprises, assimilées et répétées son unique vérité. Le reste n'est qu'incertitude. « Il y avait quelqu'un avec moi, je crois. » La voix flanche sous le poids de l'hésitation. Thäleia se reprend immédiatement. « Non, je ne crois pas, je suis certaine qu'il y avait quelqu'un avec moi. » Certaine. Son ton s'attarde sur ses deux syllabes comme pour intimider le doute. Plus que Wendy, c'est avant tout elle-même, que la sirène veut convaincre, s'accrocher aux quelques souvenirs qu'il lui reste avant qu'eux aussi ne s'efface à leur tour. « Lui aussi venait d'un autre monde. Mais pas de Neverland. Non. Ce n'était pas Neverland. » Où ? Elle ne sait plus. À vrai dire, Thäleia n'a plus la moindre idée de ce qu'elle raconte vraiment. Ces phrases, la naïade les débites sans contexte. Des fragments de pensées qu'elle s'imagine résonner chez Wendy avec la même clarté que pour elle. En proie au chaos de son intériorité, Thäleia, elle ne saisit pas à quel point ses propos sont vidés de leurs sens, jetés ainsi au cœur de la conversation.

Elle ne réalise pas non plus que ses mains ont commencé à trembler. Une inattention par-ci. Des prunelles qui s'évadent par là. Parce qu'elle est trop occupée par ses pensées pour songer superviser les fuites de ses sentiments. Dans sa mémoire, elle se perd, elle se perd, elle se blesse. Jusqu'à ce que son regard retrouve celui de Wendy. Ce qu'elle pense y deviner la terrorise. « Tu… » Elle déglutit. « Tu ne me crois pas, n'est-ce pas ? » Y a un rire qui lui entrave soudainement la gorge. C'est étrange, elle n'en a plus l'habitude. C'est surtout nerveux. Et ça dure plus longtemps qu'elle ne le voudrait. Une main posée sur sa bouche pour contenir physiquement cet éclat que sa volonté n'a pas su museler, elle continue, bien malgré elle, à pouffer dans sa paume.

Ce regard de Wendy, c'est un miroir tendu. Un de plus. Mais contrairement à celui de Moonbin ou même le sien, il ne lui renvoie ni l'image d'un monstre, ni l'image d'une chose qu'on oublie. Non. C'est une vraie folle qu'elle découvre dans ses yeux-là. À moins qu'il ne s'agisse que de son propre reflet. Parfois, Thäleia ne sait plus. La folie n'a-t-elle pas déjà eu raison d'elle ? N'est-ce pas elle qui vient lui tenir compagnie quand la solitude l'afflige ? L'adolescente s'abandonne toujours à son étreinte. Une discussion, c'est agréable. Même lorsque son interlocuteur n'existe pas.

Alors Wendy ne la croit pas. Évidemment. Comment pourrait-elle, quand la sirène ne se croit pas elle-même ? La situation lui apparaît plus ridicule que jamais. Elle est ridicule. Thäleia en rit, faute de réussir à pleurer, le cœur au bord des lèvres.

Envie de vomir.
Envie de sangloter.
Envie de rire.

Et puis, le rire se fane, aussi mystérieusement qu'il est apparu. La jeune femme se calme, des iris tout animées de détermination plantées dans ceux de la rousse. « Je ne suis pas folle. Je sais ce qu'il m'est arrivé. » Elle est affreusement vide, son expression, après un tel excès d'émotions. S'en est effrayant. « Je ne suis pas folle. » qu'elle répète. « Il faut me croire. » Thäleia en a besoin : d'être écouté, d'être entendu. D'exister.

Peu importe ce qu'elle doit faire, Wendy doit la croire. Ne serait-ce que pour sa sécurité. Ce qu'elle a vécu, la sirène ne le souhaite à personne, pas même Wendy. Si ses mots échouent, très bien, ses gestes parleront pour elle. Une idée aux allures de lubie se niche dans sa tête. Aussitôt, sa main se glisse dans la sienne. Sans lui laisser grand choix, Thäleia entraîne Wendy dans l'une des cabines, verrouille la porte derrière elle. Là, sa main abandonne la sienne, ses doigts glissent le long de l'étoffe printanière de sa jupe. Le tissu se froisse sous sa prise ; Et sans plus d'explication, la main remonte et le jupon de sa robe avec, haut, haut, jusqu'à la cuisse, jusqu'à ses sous-vêtements, jusqu'à exposer complètement la blancheur de sa peau.

Une blancheur loin d'être immaculé. Elle ne regarde pas, Thäleia, mais elle sait. Mentalement, elle se figure ses cicatrices, restes de longues incisions pratiquées à l'intérieur et à l'extérieur de ses cuisses. « Ce sont eux qui m'ont fait ça. » souffle-t-elle. La robe retombe. Le tissu recouvre l'insupportable comme les larmes recouvrent ses joues. C'est hideux. Elle est hideuse. « Et ça. » Cette fois, c'est le haut de son bras qu'elle révèle, une peau marquée par le passage de nombreuses piqûres. « Wendy, il faut me croire. » La sirène ne demande plus, elle supplie. Son cœur bat trop fort dans ses tempes pour qu'elle puisse s'entendre penser ou même prononcer : « Je ne sais pas où sont mes sœurs, ni Peter. Je pensais que j'étais seule. Tu es le premier visage connu que je retrouve, alors si toi tu ne me crois pas, ça veut dire que personne ne peut m'aider. » Et elle aimerait tellement qu'on l'aide, que quelqu'un lui tende la main. Même si elle est déjà loin.

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Wendy Darling
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Mar 21 Jan 2020 - 22:23
Pause épistolaire
Wendy & Thäleia
Thäleia semblait certaine. On les traquait, on leur voulait du mal, parce qu’elles ne venaient pas du même monde qu’eux. Parce qu’elles étaient magiques ? Wendy n’était pas magique, cependant. Elle avait traversé les mondes, traversé les époques, mais elle restait humaine. Normale. S’il y avait effectivement des chasseurs à sa poursuite, elle ne voyait pas bien ce qu’ils pouvaient lui vouloir. Mais ce n’était pas la question. Peu importait que ce soit vrai ou non, peu importait qu’on soit en ce moment même à sa recherche, pour l’instant, il y avait cette enfant perdue devant elle, son regard qui trahissait de plus en plus sa panique et ses phrases qui semblaient ne rien pouvoir dire. Elle parlait de quelqu’un, quelqu’un qui venait d’un autre monde encore. Qui ? Quel monde ? Et surtout, qu’entendait-elle par « avec moi » ? Wendy se sentait comme face à un texte à trous dont les informations les plus importantes avaient été rayées. L’adolescente était perdue dans ses discours, elle délirait, c’était certain. Comment pouvait-elle la croire, dans ce cas ? Se pouvait-il que la sirène se soit retrouvée prise au piège de ses propres récits ?

La vue de ses mains tremblantes serra le cœur de Wendy. Quoi qu’il ait pu lui arriver, Thäleia semblait en avoir été réellement affectée. Comment ? Quel genre de monstre aurait pu faire du mal à une enfant au visage si doux ? C’était à n’y rien comprendre. Et Wendy peinait vraiment à y croire. La sirène s’en rendit bien compte. Tu ne me crois pas, n’est-ce pas ? À dire vrai, elle ne savait que croire. Il lui semblait que Thäleia soit plutôt en proie à des délires de persécutions dont elle ne pouvait plus se défaire. Wendy aurait voulu la secouer, la prendre par les épaules et lui assurer en la regardant dans le blanc des yeux que tout allait bien, qu’il n’y avait pas de raison d’être paranoïaque, que tout cela n’était qu’une illusion probablement créée par l’angoisse de son voyage entre les mondes et la perte de ses atouts de sirène. Elle n’en fit rien, cependant. Devant son regard impuissant, son ancienne rivale partit dans un rire qui n’avait rien de joyeux. Figée, Wendy la regardait exprimer sa folie sans un mot. Folie. Oui. Ça devait être cela. Elle était folle, même si elle s’évertuait à lui affirmer le contraire. Malgré elle, la Londonienne se prit à ressentir de la peine, de la pitié pour cette pauvre jeune fille qui paraissait s’embrouiller dans ses histoires sans queue ni tête. À quel moment avait-elle pu tomber si bas ? Était-ce le choc d’avoir quitté le Pays Imaginaire qui lui avait fait perdre la tête ? Et que pouvait-elle faire, elle, Wendy, pour l’aider ? Appeler des secours ? L’emmener voir un docteur ? Peut-être. Mais pas maintenant. Elle voulait d’abord en avoir le cœur net. Elle voulait être sûre que tout ce que lui avait raconté Thäleia était faux et prenait simplement source dans un imaginaire un peu trop paranoïaque.

Elle n’eut pas le temps de chercher la bonne question à lui poser, déjà elle sentait la main frêle de l’adolescente serrer sa paume et l’entrainer vers l’une des cabines. Confuse, Wendy la suivit néanmoins, curieuse de comprendre ce qu’elle voulait faire à présent. Elle chassa les mauvais souvenirs qui déjà lui revenaient – la dernière fois qu’une sirène avait voulu l’entrainer quelque part, c’était pour la noyer au fond de la lagune – et retint son souffle tandis que Thäleia verrouillait la porte. Qu’allait-elle faire ? Le cœur battant, Wendy la vit remonter sa jupe pour dévoiler sa jambe nue. Elle allait lui demander la raison de ce geste, ce qu’elle devait en conclure, lorsqu’elle les remarqua. Les cicatrices. Affreuses, douloureuses. Prise au dépourvue par cette vision insupportable, Wendy colla les paumes de ses mains sur sa bouche dans une expression de terreur.

« Oh mon Dieu »

Les seuls mots qu’elle réussissait à souffler. Ses yeux soudainement humides papillonnèrent et elle releva son regard vers le visage assombri de Thäleia qui déjà s’était remise à parler. Eux. Il y avait donc bien un « eux ». La culpabilité serra la gorge de Wendy dont les mains n’avaient pas bougé du bas de son visage. Elle l’avait prise pour une folle. Elle l’avait prise pour une folle, alors qu’elle avait subi des tortures insoupçonnées. Et ce n’était pas tout, son bras aussi était couverts d’innombrables traces de piqûres. Seigneur. Qu’avait-on bien pu lui faire ?

Elle laissa finalement tomber ses bras et se força à ravaler le sanglot qui lui entravait la gorge. Pas question de défaillir maintenant, la jeune fille avait besoin d’aide ; et Wendy n’avait pas l’intention de la laisser tomber, pas après ce qu’elle venait de découvrir sur son corps. Etrange, comme la souffrance d’une ancienne ennemie pouvait autant la bouleverser. À présent, peu lui importait qu’elle s’était un jour amusée à tenter de la noyer. Les choses semblaient bien plus graves désormais, et il fallait agir. Mais que faire ? Thäleia venait de mentionner Peter, mais Wendy n’était pas bien sûre que la guider vers lui soit très sage. Elle connaissait le garçon, et même si elle l’aimait beaucoup, elle le savait bien trop puéril et immature pour gérer ce genre de problèmes. Il pourrait même risquer d’aggraver la situation et ce ne serait bon ni pour lui, ni pour la sirène. C’était le genre de choses qu’il fallait régler en adulte. Wendy posa une main délicate sur l’épaule de Thäleia et commença par la rassurer :

« Je vais t’aider. Je te crois, c’est promis. »

Maintenant, il s’agissait de savoir comment agir. Qu’était-elle censée faire ? Quels étaient les bons gestes à prendre lorsqu’une ancienne connaissance venait vers vous avec des blessures sur ses membres et se disait traquée ?

« Je peux appeler des secours. La police. Ils sauront gérer ça. Est-ce que tu te souviens des personnes qui t’ont fait ça ? Tu saurais les reconnaitre ? Les décrire ? »

Elle n’avait pas son portable avec elle – son sac à main était dans le vestiaire du café – mais elle pensait interroger Thäleia maintenant et appeler la police plus tard. Elle était convaincue que c’était la bonne chose à faire ; en tout cas, elle n’y voyait pas d’autre solution.

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Mar 28 Jan 2020 - 7:41
Pause épistolaire
Odieuse vérité. La vision hideuse imprime sur les traits une surprise affreuse. Les larmes coulent, honteuse. Thäleia, elle pleure sa beauté arrachée, le souvenir de son pays enchanté, son innocence assassinée. Elle agonise à ses pieds, entre sa fierté et les restes de son adolescence ensoleillée. Aujourd'hui, c'est l'hiver dans son corps et dans son cœur : tout se meurt. Elle aussi.

Et maintenant ? Elle attend.
L'attente, Thäleia y est habituée, elle passe sa vie à attendre. À attendre demain, à attendre la fin, à attendre rien. Pensées aux allures de déjà vu, symptôme de l'éternel recommencement de sa nouvelle vie. La poitrine étouffe sous la confession et le poids de son inanité. Non, parler ne fait pas du bien. Parler est vain. Wendy pourrait être réelle ou une simple construction de son imagination que cela ne changerait rien. Tout est vain. Il y a des points blancs qui dansent dans son champ de vision, elle les observe.

Une main câline se pause sur son épaule et Thäleia tressaillit, arraché à son absence. Douceur qui la prend au dépourvu. Prends moi dans tes bras, s'il-te-plaît, dis moi que ce n'est rien, que tout va bien. Mais c'est le jour dans sa tête, et la nuit dans ses gestes. Les pensées réclament soleil et tendresse, mais le corps, lui, fuit la lumière, préfère la dureté des griffures aux caresses. De la douleur pour oublier que ça fait mal de penser, pour se sentir exister. Et Thäleia recule, se dérobe au contact. Elles sont dures, derrière ses pleurs, les prunelles qu'elle pose sur Wendy. Les yeux crient une chose, la voix en murmure une autre. « Merci. » qu'elle souffle, et les accents reconnaissant viennent contredire le regard glaçant. Plus rien ne va sur cet étrange tableau qu'est la sirène.

Et maintenant ? Au fond, Thäleia ne sait pas ce qu'elle attend. Seulement ce qu'elle n'attend pas.

« La police ? » Palpitations paniquées face à cette idée. La police, c'est les autres. Le dehors. Et dans cet esprit troublé où étranger et danger sont étroitement emmêlés, comment voir une quelconque issu en ces inconnus ? Terreur paralysante qui l'empêche de se remettre à ses mains inconnues. Tu n'as pas idée des dangers qu'il y a ici. Murmure Moonbin dans le creux de son oreille. Paranoïa et Peur approuvent. « Non. Pas les secours. Ni la police. » Personne. Les questions pleuvent, pressante et oppressante. Faible non répété pour toute réponse. « C'est si flou… » Souvenirs sous forme de flash aveuglant : une seconde de clarté écarlate pour une journée de brouillard épais. La naïade ne veut pas trop s'y plonger. Dans les abysses nébuleuses de sa mémoire, il lui est trop aisé de perdre pied. Aujourd'hui, elle y a déjà trop trébuché.

Cette aide l'encombre, tout d'un coup. Elle lui ouvre la porte vers de terrifiants inconnus. Noah et moi te gardons à l'intérieur pour une raison. Moonbin est bavard. Et le doute roule sous son front, sur ses lèvres. « C'est pas grave, c'est pas le plus important. » Et voilà. La chute en une phrase. Thäleia, au Zénith de son espoir, à la porte de la fin, elle a crevé son apothéose en huit mots. Décevante conclusion. Un choix qu'elle ne s'explique pas. « Est-ce que tu as un numéro de téléphone ? Une adresse ? » Évidemment. Wendy bénis de normalité. Thäleia l'envie, elle, ses intentions trop jolies, sa vie. « Pour… si j'ai besoin d'aide un jour. » Ce n'est qu'une fois en possession du précieux papier, qu'elle réalise, Thäleia, ce qu'elle fait. Ces lignes manuscrites, c'est une petite rébellion, la première concrétisation de ses rêves fous d'évasion. Le billet disparaît dans l'intimité de ton soutien-gorge, là où son cœur s'emballe. « Merci. » Maigre sourire. Merci pour tout.

Une porte qui s’ouvre. Rythmes de pas familier sur le carrelage. Œillade anxieuse lancée en direction de la cloison. Avant même que la voix ne s’élève, Thäleia, elle sait, que Moonbin est là. Les derniers grains de liberté s’écrasent au fond du sablier. La suite est mécanique, défilé de réflexe exécuté avec une précision d’orfèvre. Un doigt se pose sur ses lèvres closes tandis que l’autre s’écrase contre la chasse d’eau. « J’arrive. » L’eau coule, et avec elle, quelques secondes. De quoi rendre à ses traits toutes leurs neutralités. Les paumes se pressent sur les yeux, passent sur les joues, elles balayent des larmes que la jeune femme sait pourtant visible dans son œil rougit. Peu importe. C’est une chose de pleurer. S’en est une autre de savoir pourquoi.

Un dernier regard va à Wendy. On y voit tout, on y devine rien. C’est étrange, quand même, le destin.

Un regard, et ce fut tout. La porte est poussée, juste de quoi la laisser passer, pas assez pour dévoiler la présence de son ancienne ennemie. Le mot contre son cœur battant, la sirène part avec la certitude qu’elle la reverra.

FIN
(c) AMIANTE & prima luce

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