Un saut en parachute ? Wendy n’avait pas répondu tout de suite lorsque Peter l’avait contactée pour savoir si l’idée l’intéresserait. Ce dernier semblait avoir gagné deux billets à la suite d’un concours qu’il avait passé, et même si la jeune femme avait été contente qu’il pense à elle pour ce genre d’aventure, elle n’était pas certaine d’être prête pour tant de sensations fortes. La dernière fois qu’elle avait vécu quelque chose d’aussi intense, c’était lors des multiples mésaventures au Pays Imaginaire ; quand les enfants perdus l’avait attaquée en plein vol sous les ordres de Clochette, ou lorsque les pirates l’avait forcée à sauter du navire pour rejoindre les profondeurs de l’océan. Bien que son séjour là-bas résonnât encore en elle comme un merveilleux souvenir, elle n’avait pas oublié combien de fois elle avait frôlé la mort et combien de fois elle aurait pu y rester.

Cependant, il y avait tout de même des différences avec un saut en parachute. Tout d’abord, tant qu’elle n’oubliait pas de tirer sur la corde, elle ne devrait pas avoir trop de risques d’y laisser sa peau. Et ensuite, ce serait avec Peter. Rien que cette idée-là était un bon argument pour se jeter à l’eau – ou, dans ce cas précis, pour se jeter dans les airs. Peter, c’était son compagnon d’aventures, celui avec qui elle pourrait bien aller au bout du monde, avec qui elle avait les meilleurs moments. Elle chérissait sa compagnie autant qu’autrefois, et pour cette raison elle savait qu’il était le seul à pouvoir l’entraîner dans cette idée folle. Alors elle avait accepté. Et le jour J, elle faisait les cent pas au lieu de rendez-vous, nerveuse comme elle n’avait jamais été, attendant que son ami de toujours la rejoigne.

Il fut bien silencieux lorsqu’il arriva finalement devant elle, ce qui ne lui ressemblait pas. Wendy se demanda même s’il ne commençait pas lui aussi à douter et s’il n’allait pas se dégonfler au dernier moment. Mais ce serait mal connaitre Peter : pour quelqu’un qui avait volé toute sa vie, un saut en parachute ne devait être rien de plus qu’un nouveau jeu amusant. Pour Wendy, en revanche, c’était une autre paire de manche. Si elle avait fini par accepter de venir, monter dans cet avion et se laisser tomber en chute libre était une toute autre histoire. Elle n’était même plus sûre d’avoir assez d’audace pour le faire. Elle tenta de garder un sourire moyennement assuré en l’abordant :

« Salut Peter, tu vas bien ? »

Nerveuse, elle tentait tant bien que mal de cacher ses tremblotements, espérant qu’ils passent pour des frissons de froid et non de peur. Allez, il fallait qu’elle se reprenne ! Elle avait fait des choses bien plus dangereuses que celles-là ! Mais c’était différent ; à l’époque, son courage avait été motivé par la menace extérieure ou par son sens du sacrifice. Elle avait des frères à protéger des vilains pirates et elle n’avait eu d’autre choix que de se montrer digne de la grande sœur qu’elle était. Aujourd’hui, elle ne savait pas trop ce qui la poussait à monter dans l’avion, si ce n’est la perspective d’une nouvelle aventure avec Peter. Même ça, elle doutait que ce soit suffisant pour l’aider à passer le pas. Elle finit par demander, incertaine :

« Alors, tu… tu as hâte de sauter ? Tu penses que ça va être plaisant ? En tout cas, il n’y a pas à dire, ça risque d’être fort en sensations ! Peut-être que je devrais te laisser partir devant, et voir ensuite si j’y vais aussi ou non… ? Que penses-tu de ça ? »

Elle n’osait pas vraiment lui dire qu’elle avait les chocottes… Mais clairement, elle avait les chocottes. La dernière fois qu’elle avait volé avec lui, elle ne s’était pas sentie si bien, et elle se demandait si c’était vraiment une bonne idée de recommencer l’expérience. Et si elle détestait ça, finalement ? Si elle n’était pas faite pour la chute libre, si elle était devenue trop vieille pour s’envoler, pour poursuivre des idées folles ? L’enfant qui sommeillait en elle n’aurait pas hésité une seconde. Mais l’adulte, elle, était plutôt bien tentée de rester sur la terre ferme.

« Je vais bien, merci. »

Wendy n’était pas aussi bavarde que d’habitude aujourd’hui. Ses pensées étaient toutes dirigées sur le saut en parachute qui les attendait, et elle avait du mal à se concentrer sur autre chose. C’était pour cette raison qu’elle n’avait pas attendu longtemps avant de faire part de son appréhension à son ami de toujours. Elle n’était pas du genre lâche, d’habitude, mais elle voyait ici de moins en moins d’intérêt à risquer sa peau en sautant d’un avion en plein vol. Si elle avait toujours été partante pour un peu d’aventure, elle n’était pas certaine de ce que pouvait lui apporter la chute libre. D’autant plus que tomber d’aussi haut avait bien faillit lui coûter la vie lorsqu’elle était au Pays Imaginaire, et plutôt deux fois qu’une.

Mais il y avait Peter avec elle, et elle savait qu’il était une des seules personnes au monde à pouvoir la convaincre. Il n’avait qu’à lui demander et elle bougerait des montagnes pour lui. Et puis, ses propos avaient du sens. À deux, ce serait bien plus amusant, et elle ne voulait pas le décevoir à le laisser sauter tout seul. Elle ne se lassait pas non plus de le voir voler. Si elle-même avait laissé derrière elle l’envie de le faire, elle savait que Peter n’était aussi heureux qu’en virevoltant dans les airs. Elle le voyait sur son visage, dès que ses pieds s’élevaient du sol, il était souriant, joyeux, libre. Elle aimait le voir rire de bonheur, c’était même ce qu’elle aimait le plus quand ils s’envolaient à deux. Elle sourit puis finit par avouer :

« C’est vrai, tu as raison, c’est beaucoup mieux de le faire à deux. Mais je ne te cache pas que je ne suis pas tout-à-fait rassurée… Ce n’est pas la partie parachute qui me fait peur, je suis certaine que les sensations doivent s’apparenter à celles de voler, comme au Pays Imaginaire ! Mais la chute libre, avant ça, ça me rappelle de mauvais souvenirs. Tu sais, quand les enfants perdus m’ont attaquée en plein vol sous les ordres de Clochette, ou quand les pirates m’ont forcée à me jeter de la planche ? Ces deux fois-là, si tu n’avais pas été là, j’aurais pu… enfin, tu sais. »

Elle avait été courageuse, ces deux fois-là. Mais elle n’oubliait pas ce qui aurait pu arriver si elle n’avait pas eu Peter. Certainement qu’elle n’aurait plus été là pour en parler. Elle avait peur de ce qui pourrait se passer une fois qu’ils auraient sauté de l’avion. Et si on n’arrivait pas à lui ouvrir le parachute ? Si elle paniquait, si elle se débattait ? Elle voulait croire que c’était sécurisé, comme son ami lui avait dit, mais elle n’arrivait pas à se raisonner. Alors que les portes de l’avion s’ouvraient et qu’on les invitait à monter dedans, elle s’exprima rapidement :

« J’ai envie de sauter avec toi, Peter, vraiment. Je suis juste… enfin, j’ai un peu peur. »

Malgré tout, elle se força à avancer vers l’appareil et s’agrippa fermement à la rampe pour ne pas se convaincre de faire demi-tour. Lentement, toujours tremblante et nerveuse, elle grimpa les marches et se retrouva à l’intérieur, plus hésitante que jamais. Plus le moment fatidique se rapprochait, et moins elle avait vraiment envie de le faire. Honnêtement, elle n’était pas sûre d’être capable de se jeter de l’avion, lorsque l’heure arriverait.

Peter avait cette capacité à trouver les mots pour la rassurer. Il comprenait ses peurs et ses angoisses, il ne la jugeait même pas pour ça. Il était simplement là, comme un ami, à ses côtés. Wendy sentait que le soutien qu’il lui apportait pouvait lui donner des ailes ; et ça tombait bien, parce que c’était exactement ce dont elle aurait besoin pour affronter cette nouvelle épreuve de haute voltige. Ses muscles se détendirent peu à peu tandis qu’elle s’installait à bord de l’appareil et que Peter lui assurait qu’il ne lui en voudrait pas si elle finissait par se dégonfler. Sans trop y penser, prise d’une grande bouffée d’adrénaline, Wendy prit sa main dans la sienne et le regarda dans les yeux en lui annonçant :

« Merci Peter, merci mille fois pour ton soutien. Tu es vraiment un ami en or. Je ne vais pas me dégonfler. Je vais sauter, pour qu’on partage cette expérience ensemble. Comme au bon vieux temps ! »

Elle sentit les roues se replier tandis que l’avion quittait le sol, et elle savait à cet instant qu’il n’y avait aucun retour en arrière possible. Mais ça allait le faire, elle allait s’en sortir. Elle se jetterait à l’eau. Ou, dans ce cas précis, elle se jetterait dans le vide. Elle ne lâchait pas la main de son ami, cependant, qu’elle gardait dans son poing serré, tâchant malgré tout de ne pas lui faire mal. Ce contact lui donnait du courage, car elle savait ainsi qu’il était là, avec elle, et qu’il ne l’abandonnerait pas. Car Peter avait toujours été là pour elle, et il serait encore là aujourd’hui. Elle n’avait rien à craindre.

Elle eut le malheur de jeter un œil par la vitre et de s’apercevoir à quel point ils prenaient de l’altitude. Elle se força à détourner le regard, il valait mieux qu’elle ne recommence pas à paniquer maintenant. Tout irait bien, tout irait bien. Pour passer le temps, elle se répéta plutôt mentalement les consignes qu’on leur avait données en entrant dans l’avion. Heureusement, ils ne seraient pas seuls, ils auraient un moniteur avec eux pour gérer le déclenchement du parachute. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était de l’écouter, de sauter quand il le dirait, de profiter et de faire attention à l’atterrissage. Ça ne lui enlevait pas complètement sa trouille, mais c’était déjà au moins ça.

Finalement, l’avion se stabilisa à une certaine hauteur et l’équipe avec eux leur annonça qu’ils allaient devoir commencer à se préparer pour sauter. Ils sortirent l’équipement pour chacun d’eux et, tandis qu’elle les regardait faire, Wendy sentit la panique revenir doucement, lui serrant l’estomac.

« Ohlala, ohlala… Je… Je… »

Elle voulait dire qu’elle renonçait, qu’elle n’allait pas sauter finalement, qu’elle préférait rester là, sur son siège, en sécurité. Mais elle ne pouvait pas, pas après ce qu’elle venait de dire à Peter. Elle ne pouvait pas le laisser tomber. En tout cas, pas sans elle. Elle inspira longuement, tentant de faire reculer son angoisse qui déjà commençait à lui donner des sueurs froides.

« Je vais y arriver, je vais y arriver. Peter, tout ira bien, pas vrai ? Dis, on fait la course ? Le premier en bas a gagné ? »

Elle avait besoin de souffler un peu, de détendre l’atmosphère, et elle savait que son ami ne dirait jamais non à un petit jeu amusant. Peut-être que si elle se concentrait sur la partie fun, elle ne penserait plus à tout ce qui pourrait mal tourner.

Au-dessous d’elle, les terres anglaises lui offraient une vue incroyable. Si elle n’avait pas été aussi terrifiée, Wendy aurait pu prendre du temps pour les admirer et les prendre en photo. Elle n’avait pas vu la terre d’aussi haut depuis son séjour au Pays Imaginaire, et il y avait quelque chose de magique à la regarder ainsi. Les champs, les villes, les voitures, tout paraissait si petit vu du ciel, si joli, si charmant. Mais cette boule qui lui serrait le ventre à ce moment précis l’empêchait de profiter pleinement de cette expérience surréelle. Elle ne voyait dans ce paysage que la distance qui la séparait du sol et imaginait déjà son corps venir s’y écraser, dans l’improbable possibilité que quelque chose tourne mal avec son parachute.

Derrière elle, les moniteurs parlaient, mais elle n’écoutait déjà plus. Elle n’entendait que les battements de son cœur, bien trop forts, bien trop rapides. Le poing fermement accroché à l’une des barres de l’appareil, elle attendait, sans un mot, que son heure vienne. Elle n’osait plus bouger, elle n’osait même plus tourner la tête pour regarder Peter, son ami, posté juste à côté d’elle. « Allez, on fait la course ». Elle s’accrochait à cette idée, celle que tout ça n’était rien d’autre qu’un jeu d’enfants. Jamais rien n’était dangereux dans un jeu d’enfants, jamais rien ne tournait mal. Elle allait survivre, et bientôt elle en rirait même. Oh, comme elle avait hâte de pouvoir quitter cette angoisse qui l’habitait jusqu’au bout de ses doigts !

À son oreille, le moniteur clama les derniers chiffres du compte à rebours, et d’un coup, ayant à peine le temps de terminer de prendre son inspiration, elle sauta dans le vide. Le choc était tel qu’elle en oublia de crier pendant les premières secondes, incapable de réaliser vraiment ce qu’il se passait. Elle tombait, et sous elle le paysage semblait grossir un peu plus à chaque mètre qu’elle descendait. Ce n’est qu’à partir du moment où elle comprit ce qu’elle était en train de faire qu’elle hurla enfin. Elle allait s’écraser. Oh mon Dieu, elle allait s’écraser !

Elle sentit son guide s’activer derrière elle et soudain le parachute sortit du sac pour s’ouvrir en un seul mouvement. Sa course ralentit brusquement et elle se redressa dans les airs. Elle flottait. Non, mieux que ça. Elle volait. Ce n’était pas aussi impressionnant qu’avec la poussière de fée, mais elle retrouva malgré tout cette impression de légèreté et de liberté qu’elle avait ressentie, plus jeune, alors qu’elle rejoignait pour la première fois le pays de ses rêves. Il n’y avait plus d’angoisse, plus de peur. Rien d’autre que la joie et le soulagement d’être là, d’être vivante, au-dessus des toits, à admirer ce paysage magnifique qui ne représentait désormais plus aucun danger.

Au bout d’un moment, s’arrachant à la beauté du tableau au-dessous d’elle, elle chercha son ami du regard. Elle le vit finalement un peu au-dessus d’elle, bien loin sur sa droite, et lui adressa un signe de la main, accompagné d’un grand sourire qui voulait dire « tout va bien, je suis en vie et j’adore ça ». Puis elle tendit les bras et s’amusa à les agiter de haut en bas rapidement, comme une enfant qui voulait imiter un oiseau. Elle volait ! C’était comme si elle avait douze ans à nouveau, comme si elle n’avait jamais quitté le Pays Imaginaire, comme si de nouveau Peter Pan était venu la prendre par la main pour l’amener vers de nouvelles aventures fantastiques. Comme elle avait été idiote d’angoisser ! Elle aurait dû savoir, pourtant, que tant qu’il y avait Peter, tout était toujours qu’une partie de plaisir !

Le sourire aux lèvres, elle regarda le sol se rapprocher progressivement, jusqu’à ce qu’elle y pose finalement le pied, un peu déçue que l’activité se termine aussi vite. Encore toute tremblante de joie et d’adrénaline, elle se débarrassa rapidement de son équipement et courut vers Peter qu’elle vit atterrir à son tour.

« J’ai gagné la course ! J’ai gagné la course ! Peter, je n’en reviens pas, c’était fantastique ! C’était incroyable, c’était comme si je volais de nouveau ! Je suis tellement contente de l’avoir fait, merci mille fois ! »

Elle résista à l’envie de se jeter dans ses bras, décidant de le laisser plutôt la possibilité de souffler et de se défaire de son baudrier, lui aussi. Elle préféra profiter du moment pour lui demander, toujours avec un grand sourire aux lèvres :

« Et toi, qu’en as-tu pensé ? C’était génial, non ? Je suis certaine que tu as adoré, je n’ai pas raison ? »

Peter semblait avoir apprécié l’expérience autant qu’elle, ce qui n’était franchement pas étonnant de sa part. Un saut en parachute regroupait tout ce qu’il pouvait aimer dans une activité : voler dans les airs accompagné d’une bonne bouffée d’adrénaline. Et, Wendy devait bien l’admettre, c’était un combo qui lui avait bien plu, à elle aussi. Malgré son angoisse de tout à l’heure, sauter le pas avait été la bonne décision, et elle savait qu’elle l’aurait regretté longtemps si elle ne l’avait pas fait. Peter ajouta qu’il était certain que tout se passerait bien, et Wendy sourit de plus belle.

« C’est vrai, tu avais raison. En tout cas, je suis vraiment contente de l’avoir fait avec toi ! Tu sais, tu dois être la seule personne avec qui je peux faire ce genre de choses. Tu es le seul à pouvoir me donner autant de courage. »

Sur ces mots, elle le prit finalement dans ses bras pour une accolade amicale. L’aventure lui avait rappelé le Pays Imaginaire et il y avait de quoi se sentir un peu nostalgique de cette époque. Parfois, elle aimerait avoir douze ans à nouveau, et repartir dans ce monde merveilleux, avec ses petits frères à ses côtés. Il lui arrivait même parfois de se demander si elle avait vraiment fait le bon choix en rentrant à la maison après leur petite visite sur l’île. Là-bas, le temps ne passe plus, on ne grandit jamais, on reste des enfants éternellement. Cependant, la raison venait rapidement chasser ses regrets. Devenir adulte lui avait permis de s’épanouir et de faire ce qu’elle voulait dans le monde ordinaire, et il n’y avait rien de mal à ça. Surtout, ça ne l’empêchait pas de s’amuser comme une gamine pendant quelques heures en sautant d’un avion comme elle venait de le faire. Sachant cela, quand elle se libéra de l’étreinte, sa mélancolie passagère était déjà tout oubliée. Elle n’avait plus aucune difficulté à comprendre que toutes les belles choses avaient une fin, et que d’autres étaient encore à venir. Souriant, elle annonça :

« Je serais bien repartie pour un tour, mais je crois que j’ai eu assez de sensations fortes pour la journée. On rentre ensemble ? Tu es venu en transports ou en voiture ? À moins que tu ne sois arrivé en volant ? »

Elle rit un peu de sa plaisanterie, mais il fallait dire qu’elle avait du mal à imaginer Peter se déplacer ailleurs que dans les airs. Avait-il déjà au moins pris le métro ? Le pauvre, nul doute que ce moyen de locomotion devait lui déplaire. Voler, ou naviguer à bord d’un bateau enchanté, voila qui lui ressemblait un peu plus.

Peter la comprenait, et Wendy n’en demandait pas plus. Ce qu’elle avait vécu, avec lui, lui avait rappelé tant de bons souvenirs d’autrefois, du temps où elle rêvait encore avec ses yeux d’enfant, un temps qu’elle chérissait encore aujourd’hui. Mais toutes les bonnes choses avaient une fin, et plus important encore, toutes les bonnes choses devaient avoir une fin, pour qu’elles gardent ce côté exceptionnel et rare qui les rendaient si précieuses. Ce saut en parachute, avec Peter, était vraiment un moment précieux, et Wendy y repenserait certainement encore avec le sourire pendant des années.

Le temps venu de partir, Peter lui indiqua qu’il avait, lui aussi, fait le chemin en transports, et qu’ils pouvaient donc rentrer ensemble. Wendy hocha la tête, ravie de passer un peu plus de temps avec son ami. La journée avait été incroyable, et elle avait tant de choses à dire ! Le trajet ne serait pas de trop pour tous ses bavardages, heureusement que Peter était habitué à son flot de paroles continu et ne lui en tenait pas rigueur. Ils se déplacèrent donc en direction de la station de métro la plus proche, tandis que Wendy racontait :

« C’était exceptionnel, vraiment. Je dois avouer, la chute libre était effrayante au départ, se sentir tomber comme ça, quelle expérience ! Mais puisque j’avais le parachute, il n’y avait pas réellement de danger finalement, et quand la toile s’est déployée, après ça, quelle sensation ! Je volais comme à mes douze ans, c’était incroyable, et puis quelle vue ! »

Et encore, et encore. Wendy ne se lassait plus de parler, elle avait ressenti tant de choses et il lui semblait que tous les mots du monde ne serait pas suffisant pour les décrire. Ce qui, bien entendu, ne l’empêchait pas d’essayer. Finalement, leurs chemins durent se séparer et elle serra Peter dans ses bras dans une dernière accolade avant de lui dire au revoir, tout en lui promettant de le recontacter bientôt pour de nouvelles retrouvailles. Pourvu qu’elles soient aussi excitantes que celle-ci !