'' Journal de bord. 18 juin. 3ème expédition sur l'île à la recherche du camp de Pan et des enfants perdus. Aucuns résultats.''.

Après avoir inscrit cette phrase sur mon grand livre trônant au milieu de mon bureau, je replaçais ma plume dans l'encrier. Je fermais les yeux et m'enfonçait tout au fond de mon grand siège en soupirant d'un grand coup.

Rhaaaa ! m'écriais-je soudainement en envoyant valser celui ci à travers la cabine dans un grand geste de rage. Mais quand est ce que nous allons enfin mettre la main sur cette satanée cachette ! J'enrage ! La journée d'hier à encore été une journée de perdue.

Je me levais pour mieux réfléchir à la situation. Arpentant ma cabine en long, en large et en travers, je ne cessais de retourner toutes les lieux que j'avais pu déjà fouiller. Car depuis l'aventure de la bombe que j'avais réussi à placer dans l'arbre du Pendu, Peter avait certainement du changer de cachette. Et à ma plus grande colère, je devais tout reprendre à zéro. Comme ci j'avais que cela à faire. Bien sur ma vengeance envers ce gredin de Peter m'importait plus que tout. Mais je ne devais pas oublier qu'en dehors du Pays Imaginaire, d'autres aventures m'attendait moi et mon équipage. Après tout, nous sommes des pirates et les pirates sont faits pour sillonner les vastes étendues des mers et des océans. Et à cause d'un jeune garçon, cela faisait des années que mon navire restait près de cette île maudite. J'avais déjà mater quelques membres de l'équipage qui avaient contestés mes décisions de rester dans la crique. Mais je sentais en eux l'envie de reprendre la mer et les pillages. Et lors de certaines nuits sans lune je pouvais sentir naître, au plus profond de moi, un sentiment de mélancolie quand à ma vie passée. Mais dans ces moments là, je chassais rapidement cette sensation. Tant que Pan serait en vie, je ne quitterais pas cette île. Cela faisais trop longtemps que ce garnement me provoquais depuis ce fameux jour où il m'avais tranché la main pour la lancer dans la gueule d'un crocodile qui passait par là. Moi qui était venu sur les rives de cette île pour trouver un trésor, je me trouvais maintenant avec une main en main et un saurien à mes trousses. Mais j'avais aussi hérité d'une arme avec laquelle je faisais naître et régner la terreur : mon crochet.

-Mouche ! Dans ma cabine ! tout de suite !

Mon second arriva dans ma cabine dans les secondes qui suivirent.

-Oui Capitaine ?!
-Préviens les hommes....nous repartons en chasse.
-Encore ? Mais nous avons tout juste pu nous reposer de la traque d'hi...
- Une protestation Monsieur Mouche ? Le coupais-je d'une voix mielleuse, ce même ton qui faisait trembler n'importe qui sur mon navire.
-Heu..non, non capitaine..
-Tu sais donc ce qu'il te reste à faire...en avant !
-Bien capitaine...j'y vais de ce pas capitaine...

Je regardais Mouche sortir de ma cabine et transmettre mes ordres une fois sur le pont du navire. J'en profitais pour aller chercher mon chapeau à plume. Comme à mon habitude, quand je partais en chasse, j'aimais être dans mon plus beau costume. Quitte à infliger la mort, autant marquer les esprits en étant bien apprêter. C'est alors qu'une violente secousse agita soudainement le navire, me précipitant sur le sol de ma cabine.

-Qu'est ce qui se passe. Mouche ! Pourquoi as tu fait tirer le canon ?! Pan est-il en vue ?!

N'obtenant aucunes réponses, je sortis de ma cabine pour voir ce qui se passait. Autour de moi ne régnait que le néant. Pas une ombre, pas un mouvement. Mes hommes avaient disparut. Une seconde secousse, plus violente encore que la précédente fit de nouveau tanguer le navire. M'appuyant sur le bastingage, je regardais autour de moi, une lueur d'incompréhension naissant dans mes yeux.

* Mutinerie..les chiens...ils se sont enfuis ! Ils verront bien ce qui leur arrivera lorsque je les retrouverait foi de Crochet ! *

Alors que je me redressais péniblement, j'entendis le bois du navire se mettre à craquer sous une nouvelle secousse.

-Le croco....non....il n'oserait pas s'en prendre physiquement au bateau ?! Je veux bien admettre qu'il soit tenace mais pas à ce point là quand même...créature de malheur !

En me faisant cette réflexion, je sentis mon visage perler de sueur alors que mon cœur battait de plus en plus vite. Je me sentais fébrile, nerveux. Je n'étais plus le même homme depuis ce fameux jour où Pan m'avait privé de ma main. Et pas que physiquement. Bien entendu le crochet que je portais était maintenant la preuve de ma défaite et la marque physique de ce changement. Mais psychologiquement, Pan m'avait marqué dans mon âme en jetant ma main au crocodile. Depuis ce jour, je vivais avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, une épée en forme de reptile. Une psychose qui me maintenait éveillé tard certains soirs. Celle d'être dévoré par ce saurien. Et je savais, au fond de moi, qu'un jour je ne pourrais lui échapper. Je pouvais me targuer d'être un homme extrêmement courageux. Depuis mon enfance je ne craignais qu'une chose : la couleur de mon sang, car ce dernier était d'une couleur peu commune. C'est pour vous dire qu'en dehors de cette peur, je ne ressentais nulle autres craintes. Mais à cause de ce gredin de Pan, voilà que cette peur s'ajoutait à celle de mon enfance. Et une nouvelle haine c'était aussi ajoutée à cette longue liste d'ennemis que j'avais '' crée '' au cours de mes aventures : Arthur Sherry durant ma scolarité au collège Eton à Londres qui avait été mon premier adversaire, le quartier-maître du navire de mon père sur lequel on m'avait placé comme mousse avant que je n'en devienne le capitaine suite à une mutinerie, les différents capitaines pirates que j'avais pu rencontrer et affronter durant ma carrière et enfin Pan depuis que le Jolly Roger avait jeté l'ancre dans la crique du Pays Imaginaire. Depuis ma fuite de Londres, peu de mes adversaires avaient pu me résister mais avec Peter j'avais trouvé un adversaire à ma taille bien que ce dernier soit encore un enfant.
 Perdu dans mes réflexion je n'eus pas le temps de me mettre à l'abris d'une dernière secousse, encore plus brutale que la précédente. Alors que je me redressais et que je me dirigeais fébrilement vers le bastingage, espérant voir s'il s'agissait bien du crocodile,je ressentis une violente douleur à l'arrière de la tête et m'écroulais inerte sur le pont du Jolly Roger.

                              *** quelques temps plus tard ***

* Ting ting *

-Humpffff.....

Le son aiguë d'une cloche me tira des ténèbres dans lesquels je me trouvais. Dans un profond gémissement, je bougeais légèrement la tête. J'ouvris les yeux, reprenant doucement mes esprits avant de me relever.

-....ma tête....

Passant ma main derrière ma tête, je sentis la bosse qui s'y trouvait. Regardant tout autour de moi, je m'aperçus que je me trouvais encore sur le pont de mon navire. Il faisait encore nuit même si je devinais que le jour commençait à arriver car une faible lueur illuminant le ciel pointait à l'horizon. Mais une autre chose que la météo attira mon attention. A l'endroit où devait se trouver cette île maudite, se trouvait plusieurs bâtiments. Des maisons qui s'alignaient les unes à côté des autres. A coté du Jolly Roger se trouvaient plusieurs autres navires, bien différents du mien. Ils semblaient fait de métal au lieu de bois. Et beaucoup d'entre eux n'affichaient aucuns pavillons. J'étais dans un port. Mais lequel ? Plymouth ? Portsmouth ? Nantucket ? Je n'aurais su le dire tant ce monde me semblait étrange. Et pourtant ces lieux ne me semblaient pas si inconnus à bien y regarder. Ne voyant toujours pas mes hommes et ne sachant pas où ces vauriens pouvaient se trouver, je décidais d'aller explorer les horizons. Je descendis du navire et arpentait le quai à la recherche d'indices pouvant m'indiquer où je me trouvais. C'est alors que j'entendis des voix provenant de derrière une bâtisse :

-Mais puisque je te dis que le capitaine veut que nous préparions le bateau et tout le matériel pour partir à la pèche dès le milieu de la matinée. Ce sont ses ordres.
-Mais je dormais bien moi...qu'est ce qui lui prends de vouloir aller chasser le hareng dès l'aube.
-Ne discute pas. Les ordres sont les ordres.


Avant que ces deux hurluberlue arrivent à ma hauteur, je me précipitais dans une loge qui se trouvait sur ma droite. Les deux hommes passèrent devant ma cachette tout en continuant de parler.

-Cela fait tout juste quelques jours que nous venons d'arriver à Londres et nous avons tout juste eu le temps de nous reposer. J'suis crevé moi.
-Arrête de te plaindre. Si on ne part par pêcher, comment veut tu gagner ta croûte ?

* Londres....je suis à...à Londres....*

La pensée d'être revenu dans la ville de ma naissance traversa mon esprit comme un éclair. Londres ? Mais pourtant, a bien regarder, les bâtisses qui se trouvaient autours de moi, je n'avais rien reconnus. Pourtant je pouvais me vanter de posséder une très bonne mémoire. Il fallait que j'en découvre plus, que j'en apprenne plus. C'est alors que je remarquais un détail : j'avais gardé mes habits de pirate que je portais lors de ma perte de conscience.Il fallait donc que je me change afin de ne pas passer pour un fou. Je fouillais les coffres de la loge dans laquelle j'avais trouvé refuge et y trouvant un long manteau noir, je m'en habillais.

* Voilà qui fera plus discret *

J'inspectais les alentours avant de partir en direction de la ville....

* suite au prochain épisode *