Mon caractère ? C’est beaucoup me demander que de le décrire.  Celui-ci n’est en effet pas simple à déterminer, encore moins à expliquer mais je vais faire de mon mieux pour tenter de vous emmener au plus profond de mon esprit et pour que vous puissiez comprendre ce caractère qui fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui.

Pour en comprendre l’entièreté, je vais devoir vous révéler un point important sur ma vie: ma femme a été enlevée sous mes yeux et je me suis retrouvé impuissant face à cette situation. Malheureusement, vous n’en saurez pas plus ici, il faudra patienter un petit peu et découvrir mon histoire plus en profondeur un peu plus tard.

Depuis que ma vie a été bouleversée par l’enlèvement de ma femme, je suis un personnage complexe et torturé. Depuis cet évènement que l’on pourrait qualifier de traumatisant, j’ai beaucoup de mal à faire confiance aux gens et il m’arrive souvent de me sentir anxieux ou sur la défensive. Pour couronner le tout, j’ai découvert que ma femme m’avait menti pendant plusieurs années et en dehors de son enlèvement, j’ai été fortement affecté par ses mensonges. J’ai très longtemps éprouvé de la tristesse suite à sa disparition mais également de la colère lorsque j'ai découvert la vérité. Pourquoi m'avait-elle menti ?

Cette disparition a également mis en exergue une autre facette de ma personnalité. Je suis devenu quelqu’un d’extrêmement protecteur et attentionné envers les personnes que je considère comme importante dans ma vie. J’ai l’impression que je souhaite surtout les protéger de la souffrance que j’ai moi-même enduré il n’y a pas si longtemps. Même si le but de ma vie est de retrouver ma femme, je ne laisserai pas une autre personne qui m’est chère souffrir et je pourrais abandonner ma propre vie et ma propre quête pour leur éviter de pareilles souffrances.

Nous pourrions donc dire que je suis quelqu’un de très fidèle et de très loyal mais attention à ne pas trop me pousser à bout car ayant déjà vécu la trahison et surtout le mensonge, je suis également capable de couper les points très rapidement lorsque je me rend compte que l’on se fout de ma gueule. S’il y a bien quelque chose à retenir et à savoir, c’est que je n’aime pas ça. Pourtant il m’arrive moi-même de mentir ouvertement, de part mon métier et ma quête. Mais clairement, ce n’est pas une règle que je m’applique à moi-même. L’adage “ne faites pas aux autres ce que vous n’aimeriez pas que l’on vous fasse” ne fait clairement pas partie de ma vie. Mon excuse préférée pour ne pas avoir à me justifier et être en paix intérieurement avec ce que je fais: mettre ça sur le dos de mon travail et sur le fait que je dois tout faire pour retrouver ma femme disparue. Peut-être qu’un jour quelques personnes seront capables de me faire ouvrir les yeux sur les contradictions de ma personnalité mais pour le moment, j’ai l’impression que ces personnes ne sont pas encore nés.

Je sais ce que vous êtes en train de vous dire actuellement, que je ne fais que dépeindre mes qualités. Ce qui, avouons-le, est la vérité. Je n’aime pas parler de mes défauts, je préfère même les cacher. Après tout, qui aime parler de ses défauts et les mettre au grand jour ? Cependant, pour vous aujourd’hui, je vais faire un effort et déroger à cette règle. On peut dire que je suis quelqu’un de parfois impulsif et imprudent, un défaut exhacerbé lorsque je suis confronté à des situations me rappelant mes douleurs passées. Cocasse pour quelqu’un dont la quête de sa vie ne fait que les lui rappeler, vous ne trouvez pas ?

Un de mes défauts n’est présent que depuis la disparition de ma femme. Ce n’est pas quelque chose dont je suis fier, parce que même si l’on peut trouver quelque chose de mignon dans mon côté protecteur, ce n’est pas le cas de ma possessivité. Je ne suis pas psychologue, je n’en ai même jamais consulté, même si le besoin s’en est déjà fait ressentir mais il est clair que je suis devenu quelqu’un de possessif par peur de perdre à nouveau des êtres chers et de les voir s’éloigner de moi et m’abandonner. Au fond de moi je sais que c’est idiot, je sais que je ne devrais pas l’être et je ne sais que très bien que je le suis. Mais jamais, Ô grand jamais vous ne me verrez avouer cette possessivité, parfois maladive.

Pour finir sur mes défauts, je suis également une personne que l’on peut qualifier d’un peu trop franche. Je n’ai pas ma langue dans ma poche et même si je ne suis pas capable d’être franc envers moi-même, je ne peux m’empêcher de l’être avec les autres. Vous me faites chier ? Vous le saurez ! J’ai envie de vous tuer ? Vous en serez assuré très rapidement. J’ai trouvé l’une de vos actions complètement débile ? Attendez-vous à des remontrances de ma part. Je vous aime bien ? Malheureusement, ça vous ne le saurez probablement jamais car j’ai beaucoup de mal, voir même je suis incapable de dévoiler mes émotions au grand jour.

Je vais m’arrêter là, car il y a des zones de mon esprit que je ne souhaite pas visiter. Pour le reste, il faudra apprendre à me connaître pour en savoir plus. Du moins, si vous en avez encore envie après tout ça.

Je vais à présent vous conter mon histoire. Je ne vais pas forcément rentrer dans les détails de chaque période de ma vie, car certaines ne sont pas spécialement intéressantes. Ce qui vous intéresse, c'est comment je suis arrivé ici, aujourd'hui, n'est-ce pas ? Mais avant cela, il y a tout de même quelques petites choses que vous devez savoir.

Je suis né dans une famille plus que modeste, une petite famille de fermiers dans le centre de la France, mon pays natal. Je n'ai pas forcément grand chose à vous raconter sur mon enfance car celle-ci n'a pas forcément été des plus palpitantes, si ce n'est que je n'avais pas beaucoup de distrations et que j'étais un enfant plutôt solitaire. A mon époque, et peut-être encore aujourd'hui, le statut social y faisait pour beaucoup dans les échanges sociaux. La fracture sociale était sans doute bien plus prononcée qu'aujourd'hui. J'étais donc un enfant plutôt renfermé sur moi-même qui préférait le silence de la solitude au vacarme de la sociabilité, bien trop complexe pour un enfant de mon âge. A la maison, je n'avais pas grand chose, si ce n'est l'amour inconditionnel de mes parents. Bien que nous n'avions pas énormément de moyens, et ayant bien vu que je n'étais pas l'enfant le plus sociable qui puisse exister sur cette terre, mes parents avaient tenté d'éveiller ma curiosité et ma créativité au travers des contes de fées et des contes fantastiques. D'abord via la lecture de petites histoires le soir, avant de s'endormir. Puis au travers de VHS lorsque nous avons pu nous offrir un téléviseur digne de ce nom et ainsi profiter de cette technologie. A cette époque et avec mon innocence enfantine, je n'avais pas envisagé la possibilité que les mondes féériques de Disney allaient totalement bouleversé ma future vie d'adulte, d'une manière très inattendue.

Au risque de vous décevoir, je ne vais pas forcément vous parler de mon adolescence, ni même rentrer trop dans les détails du départ de ma vie d’adulte. En réalité, la déception ne serait que plus grande si je vous la racontait, car il n’y a pas grand chose d’intéressant à dire ou même à y trouver. Disons plutôt que tout ce qui fait l’homme que je suis aujourd’hui, sont des choses qui sont arrivés bien plus tard dans ma vie, très récemment dirons-nous même. Nous y viendrons un peu plus tard car, je vais tout de même vous expliquer très rapidement, ce que j’ai fait durant ces années… un peu fades.

A mes 18 ans, à l'âge où l'on se cherche, à l'âge où l'on commence à se demander ce que l'on va faire de sa vie et surtout à l'âge où tout se joue, je n'ai pas eu besoin de réfléchir à tout ça. Mon avenir était déjà tout tracé, depuis que j'avais l'âge et la force de venir en aide à mes parents à la ferme, j'avais vogué entre les cours et la terre. Mes mains étaient devenues celle d'un fermier, et la douceur des mains d'enfant avait laissée place à la ruguosité des mains boueuses. Sans même que je n'ai eu mon mot à dire et en réalité, sans même que je ne m'en rende compte, j'étais entré dans le business familiale. Enfin... Si l'on pouvait appelé ça un business... Les fins de mois étaient compliqués, les récoltes pas toujours bonnes et les mois d'hiver de plus en plus difficile au fil des années. Les années défilaient et se ressemblaient, ma vie était devenue une routine: le métro, boulot, dodo du citadin était devenu pour moi: léve-tôt, terreau, dodo. La vieillesse avait fini par emporter mes parents, d'abord mon père, puis quelques années plus tard ma mère. Et je m'étais alors retrouvé seul, de nouveau et comme les premières années de ma vie, avec pour seuls amis mon terreau et mes bestiaux.

Cette situation avait durée de longues années, de très très longues années, ce pourquoi je vais vous épargner quasiment quarante ans de ma vie. Quarante ans durant lesquelles je n'ai rien fait de bien intéressant, quarante ans pendant lesquelles je suis resté dans ma solitude, quarante ans durant lesquelles j'ai lutté pour vivre mais surtout survivre... Quarante ans durant lesquelles le poids de la solitude m'as tout simplement écrasé et tenu à l'écart d'un bonheur que je n'avais pu entrevoir qu'au travers de l'amour de mes parents. C'est finalement à l'aube de ma quanrante-neuvième année que ma vie a basculée, comme dans un conte de fée. Alors que je faisais mes emplettes chez mon grossiste habituelle, j'avais été interpellé par des cris perçants. Une femme semblait très énervé et je n'avais pu m'empêcher d'aller voir ce qu'il se passait. En arrivant sur les lieux, j'avais apperçu une femme de la cinquantaine, dont les bras gesticulaient dans tous les sens, ce qui décrivait son mécontentement d'une manière bien plus qu'expressive. Elle semblait ne pas être prise au sérieux, probablement parce qu'il s'agissait d'une femme et que ce milieu était un milieu tristement mysogyne. Ce qui changea ma vie a tout jamais, c'était les paroles avec lesquelles elle était parvenue à transpercer mon coeur: « Est-ce que j'ai l'air d'une majorette de la ferme ? ». Cette phrase, ces mots, c'était quelque chose que j'aurais pu dire. Cette femme, c'était moi au féminin. Une femme tout droit tombé du ciel, qui ne se laissait pas marcher sur les bottes, une femme de caractère. Bercé par ses douces paroles insultantes, je m'étais alors porté à son "secours", bien qu'elle n'en avait pas réellement besoin. Grand bien m'en avait pris, car c'est à partir de ce jour que le monde m'as dit: tu ne seras plus jamais seul. Du moins, c'est ce que je croyais bien naïvement.

Durant six ans, j'ai vécu quelque chose que je n'avais jamais penser vivre et que pourtant j'avais toujours espéré. Une vie remplie d'amour et de légèreté, bien loin du poids de la solitude qui m'avait pendant tant d'année écrasé. Nous avions même fini par nous marier, en deux-mille-quinze et nous avons vécu un mariage heureux pendant deux belles années durant lesquelles nous avons tant partagé. Jusqu'à ce sombre jour de deux-mille-dix-sept... Alors que nous avions pris un jour de repos loin de la ferme pour nous ressourcer, sans que je ne puisse soupçonner quoi que ce soit, une vive douleur était venue assaillir mon crâne. Je m'étais écroulé au sol, après avoir reçu un coup violent à la tête. En relevant ma tête, la vue totalement brouillée, j'avais simplement pu apercevoir une silhouette qui tenait fermement ma femme en la menaçant d'une arme. J'étais à ce moment-là totalement impuissant, et alors que je luttais pour ne pas sombrer dans un coma qui semblait pourtant inévitable, je voyais l'amour de ma vie s'éloigner petit à petit, jusqu'à disparaître. En l'espace d'une seconde, un bonheur de six ans venait de s'évaporer sous mes yeux.

Lorsque mes yeux s'étaient réouverts, j'avais encore du mal a réalisé et alors que je me rémémorais cet horrible souvenir, j'étais parvenu à me souvenir d'une chose... Un souvenir, un indice qui ne m'avait plus jamais quitté, aussi mince était-il: notre ravisseur n'avait que quatre doigts à l'une de ce ses mains. Suite à cet évènement, j'ai bien évidemment prévenu la police, qui n'a pas été d'une grande aide et qui faute d'indice avait un peu mis de côté cette affaire. Mais pour moi, il était hors de question de rester les bras croisés, j'ai donc commencé à faire mes propres recherches, ma propre enquête. J'ai mis deux ans à trouver des premiers indices, deux ans de recherches acharnées. J'ai tout d'abord tenté de retrouver des membres de la famille de ma femme, en vain. Elle n'en avait jamais parlé et se refusait d'ailleurs d'en parler. Lors de mes recherches, j'avais été assez surpris de ne rien trouvé à son sujet avant l'année deux-mille-onze. Et finalement, un jour, je finissais enfin par comprendre ce qu'il se passait. Pourquoi ma femme avait été enlevé. Un jour, alors que je menais quelques recherches dans un centre, un jeune homme était venu m'aborder. Les mots qu'il utilisait n'avait aucun sens, il s'était présenté à moi comme étant un chasseur de chasseur, ce qui n'avait aucun sens. Et sans même me laisser le moindre temps de répit, il m'avait annoncé que ma femme était en fait un personnage tout droit sorti des mondes de Disney et que c'étaiit pour cette raison qu'elle avait été enlevé par ce qu'on semblait appeler communément un chasseur de Disney. Bien évidemment, sur le moment je n'y ai absolument pas cru et j'avais tout bonnement envoyé balader ce pauvre fou en l'insultant de tous les noms. Les paroles de cet idiot m'étaient pourtant rester en tête, et le soir même je prenais le temps d'y réfléchir. Cette option pouvait expliquer la question principale: pourquoi ma femme n'avait aucun passé avant deux-mille-onze, année à laquelle les Disney seraient supposément apparus dans notre monde. Pourquoi avait-elle été enlevée de la sorte, sans aucune raison ? J'avais alors pris le temps de mener mon enquête en ce sens, et finalement il semblait que le fou n'en était pas un. Les Disney avaient bel et bien envahis notre monde.

Depuis ce jour, je suis devenu ce fou que personne ne croit, un chasseur de chasseur.

Cela fait maintenant cinq ans que ma femme a été enlevée. Je refuse encore de croire qu'elle ne fait plus parti de ce monde et mon unique but est de la retrouver pour enfin obtenir réponse aux questions que je me pose tous les soirs avant de tenter de trouver le sommeil: pourquoi ne m'as-t-elle jamais dis la vérité ? N'avait-elle pas confiance en moi ? Notre amour n'avait-il été que mensonge pour elle ? Sachez pour finir, que je ne pourrais jamais trouver la paix si des réponses je n'obtenais jamais.