Valentin est un homme curieux, malgré ses résultats académiques constamment moins-que-passables. C’est d’ailleurs, avec sa générosité, l’une des rares constantes de sa vie, en raison de son tempérament changeant, parfois qualifié d’immature ou de désinvolte. Coqueluche de sa classe (et parfois des autres, ne nous mentons pas) au lycée, il était fort populaire en raison  de son implication dans les divers sports. Ce côté sportif parvenait à racheter ses très mauvaises notes aux yeux de tous, à l’exception de ses parents, qui en étaient évidemment énervés, car ils accordaient davantage d’importance au succès académique que romantique de leur unique fils, comme ils se dépochaient en frais de tutorat, accentuant son rapport lacunaire à l’argent, et faisant de lui un piètre gestionnaire de ses finances.

Sa gentillesse et son sens de l’écoute jouent sans doute encore un rôle aussi peu négligeable que sa routine de soins dans sa popularité. Compréhensif, le coquet est toujours prêt à offrir ses bons conseils à ceux qui les lui demandent, et ce malgré qu’il soit réputé ne pas être quelqu’un de sérieux, principalement dû à ses intérêts vacillants et éphémères. Ses amis proches le taquinent, accusant ce manque de concentration de révéler un TDA non-diagnostiqué.

L’altruisme de Valentin ne l’empêche pas de savoir se montrer macho ou d’être incapable de toute ponctualité. Ce séducteur sait toutefois toujours justifier ses retards en évoquant quelque excuse, généralement sous la forme d’un mensonge convainquant. Si d’aventure cela ne suffisait pas, son éternel sourire finira de charmer l’interlocuteur qu’il aurait froissé autant que d’ancrer solidement ses amitiés fidèles.

Valentin Doyle naît le 27 novembre 1996, à Lille, d’une césarienne dont la principale conséquence est que ses parents ne voudront jamais lui donner ni soeur ni frère. Fionn Doyle et Cherryl Chenail sont propriétaires d’une entreprise d’exploitation forestière, qui leur permet de vivre aisément et d’offrir à leur enfant tout ce dont il pourrait avoir besoin.  Ceci se traduit évidemment par une éducation rigoureuse qui équilibre l’identité triple de Valentin : ses origines canadiennes et irlandaises avec sa nationalité française et les codes qui s’y rattachent. Sportif de nature, il apprécie particulièrement les sports d’équipe, qui lui permettent d’occulter la solitude de son statut d’enfant unique et de se retrouver auprès d’enfants de son âge. Cherryl insiste d’abord pour que son fiston s’adonne au baseball, racontant avec plaisir ses souvenirs favoris d’une enfance passée dans les gradins à encourager son équipe préférée: les Blue Jays.

À dix ans, Valentin vit le bouleversement d’un déménagement, et pas n’importe où. Les Doyles se retrouvent au coeur de la capitale de l’hexagone et du romantisme. La ville-lumière, donc. Encore inconnu des autres élèves de sa classe, c’est à ce moment qu’il se produit le seul événement notable de son primaire : un de ses camarades de classe décide de se moquer des cheveux roux de Valentin qui, sans repère dans cette nouvelle vie, répond avec une agressivité qui lui est inhabituelle. Grondé, sermonné et accusé de décevoir ses parents, ceux-ci décident de l’inscrire à des cours d’arts martiaux pour canaliser cette énergie sans s’attirer davantage d’ennuis. L’année suivante, Valentin demande à rejoindre l’équipe de football du quartier, dans laquelle se trouvent également certains de ses camarades de classe, où il est apprécié.

Le collège se passe sans histoires, si ce n’est qu’une rotation de tuteurs lui sont offerts afin de trouver, sans succès, “le bon”, celui ou celle qui parviendra à inculquer quelques notions de grammaire et d’algèbre sous son crâne dissipé.

Au lycée, Valentin rejoint l’équipe de rugby, lui assurant un nouveau statut auprès de ses comparses. Entre ses expressions parfois exotiques et ce sport viril qui représente le rêve américain dans l’esprit des adolescents autour de lui, il devient rapidement désirable auprès de nombreuses jeunes lycéennes. Ce n’est toutefois pas ce qu’il préfère à ce sport riche et électrisant, qui lui permet d’évacuer ses trop-pleins d’énergie autant que d’émotions.

C’est aussi à cette période qu’il rencontre son meilleur ami. Un visage familier bien qu’il soit persuadé de ne l’avoir jamais eu dans ses cours, Valentin réalise rapidement que le nouveau venu, un orphelin à ce qu’on raconte, a sauté une année. Ce jeune Clawd, ostracisé, est ignoré par Valentin, jusqu’au jour où il s’impose pour un travail d’équipe. Il n’est pas difficile pour Valentin de calculer qu’un élève qui saute une année a probablement des bonnes notes et il accepte malgré ses réticences initiales. Valentin avait très mal évalué la situation. Plutôt que de se faire porter par son camarade vers une note qui plairait à ses parents, le rouquin est contraint de mettre la main à la pâte dans une collaboration qui n’est pas sans lui rappeler ces sports qu’il chérit tant. Clawd met à profit les forces de Valentin en complément des siennes. Ainsi valorisé, Valentin en vient même à apprécier la lourdeur du devoir scolaire. Les travaux s’enchaînent, Clawd retournant offrir à Valentin de faire à nouveau équipe ensemble, avant que la question ne se pose même plus et que Valentin offre à son nouvel ami de passer chez lui après les cours, même lorsqu’ils n’ont plus de devoirs à faire ensemble. Cherryl et Fionn voient d’un bon oeil cette amitié avec une garçon davantage courtois, posé et brillant.

En terminale, Valentin découvre être également attiré par les hommes, par l’intermédiaire de son tuteur d’un an son aîné, dont un baiser échangé terminera le contrat; son tuteur prétextant un espèce de biais moral invisible aux yeux du rugbyman. Ce n’est pas là quelque chose qui embête le jeune homme, car il est notamment bien plus inquiet par son ami, dont la perspective de se retrouver à vivre seul l’année suivante semble être mortifiante. Valentin fait alors la seule chose que son tempérament spontané lui permet, et offre une colocation à son meilleur ami. Un plan qui ne peut que réussir. Sauf que c’est un échec cuisant. Toutes les raisons pour lesquelles les parents de Valentin aiment Clawd sont autant de source de conflits entre les deux jeunes hommes, trop pris dans leurs habitudes fort différentes. Pas dupe, Valentin se demande également ce qui, chez lui, cause de telles tensions, mais les réponses qui s’offrent à son esprit lui déplaisent.

La colocation ne se termine pas sans heurts, et leur relation bat de l’aile, au grand dame de Valentin, qui a l’habitude des ruptures amoureuses, mais pas amicales. Valentin vit très mal cette situation, et tente de garder un contact artificiel en écrivant de temps à autre ou en appelant, pour ensuite blâmer son ami de ne plus lui donner de nouvelles, ne sachant pas comment naviguer cette situation nouvelle et refusant de s’admettre qu’il perd plus qu’un ami en cette personne qu’il voyait comme un frère.

Entre temps, Valentin, sachant que ses résultats scolaires ne lui permettent pas de poursuivre de hautes études, s’inscrit à l’école de police. S’il réussit haut la main les entretiens et les tests physiques, l’examen écrit est un désastre et il est refusé. Il se morfond pendant quelques mois, avant qu’une ex-copine ne lui souligne qu’il existe d’autres carrières et que ce n’est pas la fin du monde. Financièrement soutenu par ses parents, comme toujours, il complète alors une formation moins contingentée et devient agent de sécurité. Il espère pouvoir ainsi gravir les échelons et obtenir dans quelques années un poste plus prestigieux. Confiant et désirant devenir indépendant, Valentin demande à couper les ponts financiers avec ses parents dès qu’il trouve son premier boulot, de nuit, et un petit appartement minimaliste. Quelques mois plus tard, il occupe un second emploi afin d’arrondir les fins de mois et payer ces factures qui s’accumulent: il devient instructeur de judo à son ancien dojo. Cherryl et Fionn, de leur côté, respectent le désir d’indépendance de leur fiston, mais lui offrent en contrepartie des cadeaux d’anniversaire et de Noël davantage dispendieux.

À vingt-sept ans, il vit ainsi toujours en partie grâce au soutien matériel de ses parents, apprécie ses deux boulots et l’horaire qu’il s’est bâti autour, lui permettant toujours de jouer au rugby avec d’autres jeunes adultes. Il habite en dehors de la ville, près de son boulot et dans un logement plus abordable. Il postule tout de même régulièrement sur des postes qui lui offriraient de meilleures conditions de travail, qu’elles soient en rémunération, en terme d’horaire, ou autres. Valentin a toujours du mal à faire le deuil de sa relation avec Clawd, qui semble décidé à l’exclure de sa vie.