Laurence & Timon

Entre une benne à ordure et une poubelle

Ma journée avait été normale. Normale qui veut dire chez moi que je me suis réveillé auprès d'un rat mort et j'ai été directement voir Snail pour m'acheter de la poudre. Ouais, vous savez de la poudre blanche qui vous fait délirer! Ouais bah moi ça m'aidait à faire mon boulot qui était, selon les autres mecs du bar, strip teaseur. (J'avais jamais vu de femme autre que ma patronne rentrer dans le bâtiment, mais ça ne me dérangeais pas plus que ça en fait. De toute façon j'avais de l'argent et oui pour ça j'en avais! Il y avait des soirées que je revenais avec 300$ de pourboire, mais d'autres j'en avais que 100$. C'est bien une des seules choses que j'aimais pas de mon travail c'est que c'était jamais les mêmes clients donc jamais le même salaire au final... Surtout qu'il fallait donner 50% de ce qu'on avait gagné à notre patronne. Enfin, de toute façon que j'aille 200$ ou 100$ tout cet argent allait dans les poches de Snail au final. La seule chose qui changeait dans ma vie, c'était ma soirée après le travail. Si j'allais me coucher un peu étourdit ou bien si je passais la nuit à rigoler comme un fou sortit de l'asile.) Ensuite, je me suis fais deux lignes et voilà j'ai été au boulot. Après bah j'ai du mal à me souvenir de tout ce que j'ai pu faire dans le bar, c'est un peu flou, mais je me souviens que Terence un mec avec qui je travaille m'avait invité durant ma pause pour fumer un peu. Ensuite, j'ai mangé. Oui pour ça j'ai mangé.. Mais je me souviens plus quoi. En fait, la seule chose dont je me souviens, c'est que je l'ai vomi au toilette... Et c'est pour ça que je suis rentré ''chez moi'' plus tôt. Ouais, ''chez moi' parce que ''chez moi'' c'est une ruelle. C'est pas comme la cours de la reine, mais c'est pas désagréable pour autant... c'est juste... Différent.

Je venais de me réveiller près de ma fidèle benne à ordure. Je l'aimais bien parce que le métal était encore chaud à cause du soleil qui l'avait réchauffé toute la journée. C'était bien la seule chose de réconfortant dans cette ruelle quand j'y pense. Je tirai ma couverture qui était en fait qu'un sac d'ordure non-utilisé puis je fouillai dans ma poche de pantalon où je trouvai un joint. Je pris mon briquet pour l'allumer, mais quelque chose ou plutôt quelqu'un me fit tomber et je sentis mon pouce faire craquer mon joint en deux. Je tombai au sol, me frappant la tête contre le sol dur et froid puis je ne perdis pas de temps avant d'hurler quelque chose à l'imbécile qui venait de me déranger.

« Non mais t'es con?! C'parce que j'étais ... »

J'arrêtai de parler quand je le regardai enfin en face. Ma bouche s'ouvrit de surprise. Je ne savait plus comment la faire bouger. Mon cœur battait fort et ma respiration semblait s’être arrêtée. C'était un homme qui m'était tombé dessus. Un homme avec un magnifique regard... Il était bleu clair? Je n'en était pas sûr puisqu'il y avait simplement la lumière d'un lampadaire qui nous éclairait. Il devait sans doute mieux me voir que moi je pouvais le voir. Mon estomac se mit à se contracter et je sentis mes mains qui étaient au sol se mettre à trembler comme des feuilles dans les arbres quand il vente. Je l'examinai du mieux que je le pouvais. Mes yeux verts tombaient sur ses cheveux blonds, sur ses lèvres rosées, sur ses sourcils droits, sur ses lèvres encore, sur ses yeux, sur son long front.. sur son petit nez.. sur ses lèvres à nouveau... Que j'avais drôlement envie d'embrasser...

Je finis par le repousser à contre-cœur quand je me rappelai qu'il m'avait fait casser mon plaisir de la soirée. Je savais même pas quel heure qu'il était, mais il était sans doute trop tard pour aller acheter quelque chose à Snail. Il devait bien dormir ce vieux croûton... Ah zut! J'étais vraiment fâché surtout que je recommençais à me sentir normal... Moins fou disons-le ainsi. Je soupirai puis je me remis sur mes deux jambes. Je m'approchai de l'homme puis constatai qu'il était légèrement plus grand que moi.. Moins d'une tête et vraiment, je l'avais plutôt bien décrit au final. À la lumière du lampadaire, il me semblait identique sinon encore plus beau que lorsqu'il était sur moi.

« Sinon.. Tu fais quoi ici.. eeuh..? »

J'attendais qu'il se présente. C'est pas moi qui allait me présenter à lui en premier! J'ai jamais fait ça et je ne le ferai jamais. De toute façon, c'était lui qui m'avait dérangé alors valait mieux qu'il me parle pour vrai et c'est pas son beau visage qui allait me faire changer d'avis sur ça! Et j'espérais surtout qu'il s'excuse pour m'avoir fait mal...

Laurence & Timon

Entre une benne à ordure et une poubelle

L'homme m'expliqua sa venue dans ma ruelle. J'haussai un peu les sourcils n'étant pas vraiment sûr de comprendre ou du moins n'étant pas sûr que c'était réel. J'étais peut-être entrain d'halluciner tout ça et de parler tout seul. L'homme me semblait trop parfait pour être vrai. Je regardai autour de moi. Il n'y avait personne d'autre... Bah tant mieux ou tant pis, je sais pas trop si je devrais m'en réjouir ou non. J'hochai la tête en l'écoutant se présenter. Timon... Ce n'était pas aussi bien que Laurence comme prénom, mais bon j'allais faire avec. C'est pas tout le monde qui a la chance d'être parfait comme moi! Avec ce prénom je me rendis bien compte qu'il devait être réel, car si mon imagination devait créer un aussi bel homme, il lui aurait donné un plus joli nom.

« Bah tu sais Timon, tu es chanceux d'être atterris sur moi et pas sur quelqu'un d'autre.  »

Je mis à rigoler tout seul. Ouais le verbe atterrir était le mieux pour décrire la scène qui venait de se passer. Le blond s'éloigna tranquillement de moi. Je lui faisais peur ou quoi? C'était pas mon intention! J'étais dans mon état naturel pourtant! ... Ou presque. Je m'avançai à nouveau vers lui et m'arrêtai alors que je pouvais presque sentir son souffle sur mon visage. Je déposai l'une de mes mains sur son torse puis jouai avec son encolure de chandail avec l'autre. Je pouvais sentir sa peau sous le bout de mes doigts ce qui me fit frisonner un peu puis me rappelant qu'il m'avait posé une question je lui murmurai à l'oreille ma réponse.

« Non, en effet je ne viens pas d'ici... Je viens de Wonderland... Un pays très... Très très loin d'ici. »

Je m'éloignai brusquement de lui puis je me mis soudainement à m'étirer et faire des jumping-jack sur place. Si je ne pouvais pas m'amuser un peu parce qu'il avait gâcher mon plaisir de la soirée, valait mieux que je m'entraîne un peu.

« Et toi? Tu viens de New-York? »Dis-je le souffle légèrement coupé.

Franchement je devais arrêter de fumer, ça me tuais de plus en plus de faire du sport! Je m'arrêtai rapidement de sautiller sur place puis j'ouvris d'un grand geste mes bras pour hurler qu'il faisait bon ce soir sauf que je me frappai plutôt les mains sur le conteneur à déchets ce qui m'arracha quelques larmes de crocodiles. Un grand Aieyeuh résonnant sortit de ma bouche puis je donnai un violent coup de pied à la boite de métal. Évidement, je me fis doublement mal et je m'écroulai au sol en me tenant le pied.

« Ça y est! Il faudra m’amputer les deux mains et le pied! Je ne serai plus jamais beau!  »

Les larmes coulèrent le long de mes joues et je me roulai dans tout les sens. Oui... Ça ne paraît pas comme ça à première vue, mais je fais parfois des crises de Diva...

Laurence & Timon

Entre une benne à ordure et une poubelle

La douleur m'arracha quelques larmes, mais la voix de Timon su être réconfortante et je me clamai rapidement. Cet homme avait clairement toute les qualités que je recherchais chez un homme. J'avais clairement clairement l'homme de ma vie en face de moi! J'en était très heureux et j'en roucoulais de bonheur. Je finis par me remettre sur pied même s'il me faisait encore mal, mais c'était moins pire que sur le coup. Je sentais bien ce que la douleur diminuait... Le blond avait eu raison. Quand il me me demanda si je vivais dans cette ruelle, j'allais lui dire que oui jusqu'à ce qu'il me dise qu'il y avait des gens peu recommandable dans le coin. Je me mis à rire. Au départ c'était un rire amusé puisque j'étais au courant de la situation dans laquelle je vivais depuis déjà quelques semaines, mais mon rire se transforma en celui d'un fou que quelques secondes après. Je ris au point d'en avoir mal aux côtes puis me calmai.

« Oui, j'vis ici. » Dis-je d'un ton tellement neutre qu'on aurait pas cru que j'avais ris quelques secondes avant. « J'vis ici parce que j'ai pas d'argent pour trouver mieux, j'préfère me payer d'la came... C'est hyper trop bien comme truc et si j'en ai pas, ben je deviens fou. »

Ouais, j'ai dis que je devenais fou, mais je l'étais déjà. En fait je voulais lui dire que je devenais encore plus fou sans, mais ma bouche en avait décidé autant. Est-ce que j'étais entrain d'avoir une conscience? Ouah ça faisait froid dans le dos! Je m'approchai à nouveau de l'homme puis je me mis à lui jouer avec l'un de ses lobes d'oreilles avec mon index tout en lui respirant dans l'oreille.

« Alors, mon petit lion... Est-ce que tu en as avec toi ce soir..? On pourrait se fumer un gros pétard. »

Je reculai ma tête pour l'observer puis je lui fis un petit sourire accompagné d'un clin d’œil. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je n'avais pas l'impression qu'il avait quoique ce soit avec lui... Il me semblait trop gentil, trop chaste pour faire un truc pareil. J'étais persuadé qu'il n'avait jamais embrassé quelqu'un jusqu'à aujourd'hui.. Hmmm.. J'avais quelqu'un à changer et ça m'excitait dans tout les sens possible du terme de faire cela.
La seule chose que je me m'attendais pas, c'est que l'inverse allait se produire sous peu...

Laurence & Timon

Entre une benne à ordure et une poubelle

Timon me parla fermement. Trop fermement parce que je n'aimais pas ça du tout. Je sentais des larmes monter et mes lèvres se mirent à trembler même si je ne voulais pas. Mon cerveau ne voulait pas m'écouter et cela m'énervais beaucoup. À ses dires, je n'étais qu'un moins que rien et je faisais pitié à voir... Aaah j'imagine qu'il devait avoir raison... Même ma patronne m'avait dit un truc du genre. Elle m'avait fait sous-entendre à notre première rencontre j'avais beaucoup plus de classe. J'avais de beaux vêtements, les cheveux propres et le teint en santé. Là je devais bien ressembler à un zombie... À une épave... Je devais me reprendre en main... Je savais bien qu'au fond qu vivre dans une ruelle c'était pas la bonne chose à faire et je savais que la drogue c'était pas quelque chose de bien non plus... Snail m'en avait déjà parlé rapidement. Il m'avait demander pourquoi un homme comme moi en prenait. J'avais simplement haussé les épaules. J'avais pas su quoi dire... Une homme comme moi... Ça voulait dire quoi ça? Que j'avais du potentiel et de l'avenir?

L'homme continua sa lancée en me disant que je pouvais vivre autrement si je le voulais et qu'il pouvait m'aider si je voulais. Si je voulais? Je restai perplexe. Est-ce que je voulais? Je le regardai en me frottant le poignet qu'il m'avait serrer trop fort puis d'une voix hésitante j'acceptai sa proposition.

« Ouais, pourquoi pas... J'ai déjà un travail qui me ramène pas mal de fric alors ça, ça va... Mais j'suis d'accord pour m'acheter de nouvelles fringues et p't'être aussi un endroit mieux qu'ici. »

Un rat me passa entre les pieds et failli me faire tomber sur le blond. Ouach c'était dégouttant comme endroit vraiment! Je pouvais sans doute pas trouver pire que ça à New-York! ... Et puis l'automne arrivait et j'allais finir par mourir de froid à l'extérieur...

« Je vais dormir chez toi ce soir. Juste histoire de bien recommencer. Je me connais, si je dors ici, demain j'irai voir Snail pour lui acheter un truc. »

Je m'invitai chez lui. Oui, mais bon j'étais Laurence et Laurence est chez lui partout... Sauf que je ne voulais plus que cette ruelle soit chez moi... Il m'avait ouvert les yeux et puis il était tellement craquant que je voulais être le plus normal en face de lui. Je sais, notre rencontre avait mal commencée, mais je voulais paraître mieux en face de lui maintenant. Et puis rester dans la ruelle n'était pas une bonne idée... Ouais, j'étais carrément accro a ce que Snail pouvait bien me vendre alors valait mieux que je me tienne loin de cet endroit pour l'instant... Parce que dès que j'en prenais, je ne faisais plus rien de ma journée sauf rester assis dans la ruelle et à regarder les pigeons moches marcher autour de moi.

« Alors, c'est par où chez toi? Jsuis crevé, j'veux dormir. »

J'avais surtout très hâte de voir dans quoi mon prince charmant vivait. J'imaginais un grand appartement avec vu sur la ville ou bien sur la statue verte! Aaaah! J'en sautai de joie d'avance!

Laurence & Timon

Entre une benne à ordure et une poubelle

Nous marchâmes dans un quartier pas très joli... Il m'amenait où là..? Il y avait des gangs ici et là et certaines têtes me disaient quelque chose sauf que je ne leur parlai pas étant donné que Timon semblait vraiment vouloir rentrer chez lui rapidement. Ouais, j'imagine qu'il devait être fatigué lui aussi. Je sais pas trop quel heure il était, mais il était sans doute très tard.  Enfin moins tard que l'heure où je termine de travailler habituellement, mais quand même... Nous arrivâmes finalement en face d'un immeuble dans lequel le blond entra. Je restai un moment figé en le regardant monter les marches. Il vivait vraiment dans ce trou perdu? J'eus envie de rebrousser chemin, mais je sentis un goutte d'eau me tomber au visage puis une autre et je finis par comprendre qu'il se mettait à pleuvoir. Ouais bon j'allais pas me plaindre... Ce n'était que pour une nuit... Ou deux... On verra bien. Je finis par le suivre et lorsqu'il ouvrit la porte de son appartement, je sentis mes deux bras tomber au sol. Il vivait la-dedans? Et lui qu'il me disait que je pouvais mieux vivre... Il était sûr qu'il avait atteint le maximum de confort en vivant dans ça?

Tout me semblait pourrit. Les murs avec la penture écaillée, les planchers qui grinçait tout mes pieds lorsque je faisais un petit mouvement, les meubles qui semblaient vouloir lâcher à tout moment... Je n'étais même pas sûr qu'un clou allait tenir tellement que tout semblait vouloir tomber. Je fis quelques pas, fis une petit sourire quand Timon parla d'un inconnu qui pouvait nous tomber dessus puis le regardai et d'un ton le plus normal possible j'ouvris ma bouche pour lui parler.

« Parfois, on fait de belles rencontres en tombant sur quelqu'un... »

Je me contrôlai intérieurement pour ne pas paniquer et pour ne pas faire une de mes crises de folies habituelles. Je regardai autour de moi un peu déprimé de voir dans quoi je devais dormir puis en jetant un coup d’œil en sol, mon regard tomba sur une boule foncée qui semblait ramper jusqu'à moi. Wooooooah mais c'est quoi ça?! Je poussai un cris puis sautai d'un bon sur la table basse du salon qui se cassa presque immédiatement sous mon poids. Je me retrouvai au sol en gémissant de douleur, mais je réussis tout de même à râler un truc entre deux plaintes.

« C'était... C'était quoi ça..?! »

Je finis par me relever péniblement puis fis quelques pas en me tenant le dos. Je me dirigeai lentement vers Timon puis fis une petite grimace avant de lui demander où était sa chambre puisque je pensais qu'il serait temps que j'aille me coucher en espérant que le lit ne soit pas trop pourri lui... Parce que franchement je n'espérais pas dormir sur le canapé qui avait un ressort de sortit je crois.