Tu dégages une aura impressionnante. Et tu l’as remarqué peu après ton arrivée dans ce monde, le gens se retournaient après ton passage. Tu as quelque chose, quelque chose de mystique et beau en toi. Et cela te fait sourire. Tu aimes voir que les hommes peuvent te dévorer des yeux, que leur femme te regardent avec jalousie. Tu aimes les voir envieux, quel que soit le genre. Tu es magnétique, et tu le sais. Et c’est quelque chose dont tu te sers pour arriver à tes fins. Tu as vite compris qu’en ce monde il fallait donner de son corps pour avoir ce qu’on voulait, et que la fin justifiait les moyens.

De ce fait tu as toujours été très écoutée, donner des directives et diriger n’était pas quelque chose qui t’était inconnu, cependant c’est quelque chose que tu as développé en arrivant ici. Tu as vite compris que tu pouvais faire des caprices, et que certains feraient tout pour que tu les arrêtes. Tu t’en sers, bien sur. Tu ne portes absolument aucun attachement aux personnes qui t’entourent. Si un jours tu venais à recroiser tes sœurs, alors cela changerait tout, tu redeviendrais sans doute comme avant. Avec ce vrai sourire plein de joie et de jeu. Aujourd'hui, il est toujours plein de jeu, de malice, mais il est faux et sans aucune once de joie. Tu es désespérée, tu détestes l’endroit où tu te trouves. Tu étouffes à Paris, tu te noies dans cet océan de pollution.

Pourtant, il est difficile de déceler la tristesse ou le désespoir sur ton doux visage. Tu es une actrice hors pair, qui a toujours joué dans la séduction et les doux sourires. Parce que tu es indéchiffrable, on t’a demandé de te contenter d’être belle, alors tu le fais. Mais gare aux représailles, car pour toi la vengeance est un plat qui se mange froid, voir glacé. Tu as une très bonne mémoire, et tu fais toujours payer le prix fort lorsqu'on te fait du mal. A toi ou aux peu de personnes que tu portes dans ton estime. Quand tu t’y mets tu peux être redoutable, mais ce n’est pas quelque chose de simple à capter, à cause de ce visage d’ange que tu affiches toujours.

Tu as toujours été une grande collectionneuse. Tu adorais chercher les différents coquillages et perles au fond de la lagune, ou un peu plus loin dans l’Océan pendant que Peter partait s’amuser avec les Garçons Perdus au lieu de vous raconter des histoires. Mais aujourd'hui c’est différent. En prenant du recule, tu t’es rendue compte que tu avais perdu toutes formes de pureté qui t’habitaient dans le Pays Imaginaire. Alors aujourd'hui ce ne sont plus les coquillages ou les histoires de Peter que tu collectionne. Mais les hommes et les aventures courtes. Peut être pour te sentir vivante, mais surtout pour leur rendre combien tu souffres. Alors oui, tu t’amuses de les laisser espérer, de les laisser s’accrocher, avant de couper court à tout rêve. Pour briser des cœurs, comme on avait pu briser le tien lorsque tu avais vu tes sœurs disparaître, ou lorsque tu t’étais retrouvée dans le monde ordinaire.

Avant tu étais solaire, oui tu étais comme un rayon de soleil qui illuminait la lagune. Aujourd'hui tu n’es plus que l’ombre de toi même. Sombre, tu l’es devenue lorsque tu es arrivée en ville. Remarquant ce manque déconcertant de couleur, tu avais fini par perdre la tienne. Il te manque seulement le petit quelque chose qui t’en redonnera, des couleurs.

Les mains dans les cheveux, tu t'apprêtais à les lâcher le long de ton dos, en espérant que le photographe fasse bien son job.

Flash

Tu t’en souvenais parfaitement. Du soleil qui brillait, la majeure partie du temps, dans la lagune. Tu t’en souvenais parfaitement de tes sœurs et toi qui passiez votre temps à flâner dans cette lagune aux milles couleurs. Tu t’en souvenais parfaitement, de la musique que pouvait jouer Thäleia, de la paresse des deux brunes, et des deux blondes qui entretenaient leur beauté. Tu t’en souvenais parfaitement des histoires que venait vous conter Peter, surtout de celle où il avait coupé la main de Crochet !  C’était définitivement ta préférée. Vous aviez toujours passé de très bons moments, à l’écouter, à jouer, à fuir les pirates et essayer de noyer les garçons perdus. Vous passiez des jours heureux, vous vous entendiez bien, toutes ensembles. Bien sûr parfois il y avait de la jalousie, mais c’était souvent passager, et oublié. Tu t’en souvenais très bien du jour où Peter avait osé emmener une fille en chemise de nuit dans la lagune. Tu t’étais faite un plaisir d’essayer de la noyer, seulement elle n’était pas coopérative. Ce n’était que partie remise.
Plus tard, le Pays Imaginaire pris une teinte étrange, on racontait que ses habitants disparaissaient. Il y eut Clochette, puis Peter et enfin ce fut au tour de Thäleia. Ton cœur s’était brisé lorsque tu compris qu’elle ne revindrait pas. Tu avais pourtant retourner l’Océan entier à sa recherche, mais elle n’était nulle part.

Flash

Tu clignas des yeux. La tête te tournait, tu ne te sentais pas bien. Tu murmuras qu’il te fallait une pause. Rien de bien méchant, seulement histoire de quelques minutes, juste le temps de boire un peu d’eau avant de repartir. Alors tu te déplaças, te décentrant de l’objectif. Le photographe hurla presque.
« Qu’est-ce que tu fous ? J’ai pas que ton shoot à faire, remets toi en place Calisto là !»
Tu tiquas, serrant les dents. Il t’appela encore Calisto, et tes dents grincèrent. Tu eus un coup d’oeil rapide à ton agent avant de t’approcher du photographe, l’air grave sur le visage. D'un geste vif mais plein de délicatesse tu abaissas l’objectif avant de l’attraper par le col des deux mains. Puis ton visage s’adoucit, tu eus un grand et beau sourire sur les lèvres alors que tu venais lisser le col de sa chemise et ses épaules.
« Ecoute moi bien chéri, quand je dis que j’ai besoin d’une pause, on fait une pause. C’est clair ? Et si tu as le malheur de m’appeler à nouveau Calisto… »   Tu ne finis pas ta phrase, mais tu soupiras et ton sourire se crispa. Tu détestais qu’on ne fasse pas l’effort de t’appeler par ton prénom. Et tu détestais ce prénom. Tu lâchas finalement le bon à rien avant de balancer tes cheveux en arrière et aller auprès de ton agent qui te tendait une bouteille d’eau. L’autre était resté sur place, et ce n’était pas plus mal. Tu ne pris que cinq petites minutes, et tu avais bien eu l’impression que tu n’étais pas la seule à en avoir besoin. Après cela, tout le monde reprit sa place, la bonne humeur en prime.

Flash

C’est ça. Ta vie à Paris avait commencé comme ça. Avec un flash. Tu te souviens que tu t’étais endormie au clair de lune à demie-immergée, et lorsque tu t’étais réveillée ce n’était plus pareil. Tu avais constaté avec horreur comme l’endroit manquait de couleur, et surtout tu n’était plus du tout où tu étais sensée te trouver. Tu n’étais plus entourée d’eau, mais de verdure, et cela ne te plaisait pas du tout. Tu n’avais jamais rêvé d’avoir des jambes pour aller sur Terre, non, tu préférais de loin les profondeurs de l’Océan. Tu te souviens aussi que tu avais été éblouie, et qu’on avait haussé le ton sur toi. Mais pas longtemps. Tu l’avais trouvé plutôt bel homme au début, alors tu lui avais sorti ton plus beau demi sourire aussi charmeur et innocent. Que te voulait-il à toi, pauvre ignorante que tu étais ? Il t’avait demandé si tu étais occupée, et comme la réponse était négative, tu t’étais retrouvée devant un objectif dans les bras d’un autre homme très charmant aussi que tu ne connaissais absolument pas. C’était un peu bizarre comme situation, mais tu t’étais prise au jeu, et tu y avais pris beaucoup de plaisir finalement. La séance photo terminée, tu avais discuté avait le premier homme, celui qui avait commencé à te crier dessus. Et même si tu ne comprenais pas du tout ce qu’il t’arrivait, il avait sut t’expliquer la situation très simplement. Il travaillait comme agent pour des mannequins, et tu lui avais tapé dans l’oeil. Très vite tu t’étais retrouvée dans une voiture, puis dans une sorte d’agence en train de signer des papiers. Tu avais joué la sotte jusqu’au bout, lui disant que tu venais tout juste d’arriver dans le coin et que pour le moment tu n’avais aucun logement, donc pas d’adresse. Par miracle, tu avais vite compris les notions qui régissaient ce monde si différent du tien. En y repensant, cela n’avait pas été facile, mais c’en était ainsi. Il t’arrivais même parfois de te demander si Thäleia était dans ce monde-ci aussi, où si elle avait pu retrouver le chemin du Pays Imaginaire. Tu l’espérais, pour elle, pour son bien. Tu ne souhaitais à personne de disparaître de son chez soit.

Flash

« Je pense qu’on en a finit. » Ce n’était pas le photographe qui avait parlé, mais bien ton agent. En réalité, il avait remarqué que tu n’étais plus dedans. Distraite, perdue dans tes pensées, et surtout agacée par ce gros lourdaud, il avait sans doute pensé qu’il était préférable de terminer la séance. Quoi qu’il arrive, tu aurais forcément des clichés qui conviendraient pour ton contrat, tu en étais convaincue. Et ton agent te connaissait bien finalement, il savait quand stopper les choses avant que cela ne dégénère. Et comme il y avait de l’électricité dans l’air, il valait mieux pour tout le monde de s’arrêter là. Après tout, il t’avais hébergé pendant un moment, il t’avait même expliqué comment ça fonctionnait en France, tout ce qui était paperasse. Tu lui avais dit que tu venais d’un autre pays quand vous vous étiez rencontré, et il n’avait pas chercher plus loin. Il s’était contenté de voir le potentiel que tu pouvais dégager. Et vous vous en étiez tout les deux accordés. Cela fait un peu plus d’un an que tu es arrivée à Paris, et il ne t’avait jamais posé de questions sur ton passé, c’en était pas plus mal d’ailleurs. Et en un peu plus d’un an, tu avais voyagé de nombreuses fois, si bien qu’il n’hésitait pas à te rappeler que tu pouvais avoir des contrats un peu partout. Et que tu te devais de les honorer.

Alors aujourd'hui, tu es une ancienne sirène du Pays Imaginaire, que tout le monde voit mais que personne ne reconnait trop. Ton agent t’avait glissé une fois “plus le mensonge est gros plus ça passe”. Et c’était aujourd'hui que tu comprenais que finalement la situation que tu avais était plutôt pas mal. La seule chose que tu regrettes, c’est de ne pas avoir assez de temps pour toi, pour chercher les personnes de ton univers, parce qu’au final, il n’y avait pas que Thäleia qui avait disparu, ils étaient bien nombreux, et tu espérais sincèrement pouvoir les retrouver dans ce monde.