Bonding time between two opposite

Pourquoi avait-elle accepté l’invitation, déjà ? C’était la question que se posait Wendy tandis qu’elle patientait autour de sa table à manger, les doigts pianotant nerveusement contre la surface en bois. La réponse était simple, pourtant. Elle avait accepté parce qu’elle était parfaitement incapable de refuser. Et aussi parce que, mine de rien, le programme avait l’air d’être plutôt reposant. Ça l’avait bien surprise, d’ailleurs. Elle n’aurait jamais vraiment imaginé Gogo tranquillement posée devant un chevalet à peindre le doux paysage d’une nature paisible. Connaissant son penchant pour les sensations extrême, elle aurait plutôt pensé qu’elle était du genre à aimer les activités chaotiques et à s’éloigner de tout ce qui nécessitait du calme et de la patience. Alors, peut-être qu’elle était simplement mauvaise langue, finalement. Peut-être qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, et que ces deux amies que tout opposait allaient passer une bonne journée ensemble.

L’écran de son téléphone s’alluma et Wendy lut le message de Gogo, lui informant qu’elle l’attendait dehors. La rouquine soupira. C’était le moment. Elle était curieuse de voir ce que leur journée leur réserverait, mais en même temps, elle était toujours un peu tendue quand il s’agissait de Gogo. Il fallait dire que cette dernière avait un fort tempérament et une attitude qu’elle trouvait parfois déplacée. Elle n’était pas méchante, elle pouvait même souvent se montrer sympathique, mais Wendy avait parfois du mal à ne pas tourner les talons chaque fois qu’elle lui envoyait une réplique cinglante. Un jour, elle l’avait même appelée « carotte » à cause de ses cheveux. Vous vous rendez compte ? C’était affolant.

Plus affolant encore, quand Wendy sortit, elle se rendit compte que Gogo était venue en moto et l’invitait à monter derrière elle. Oh non. Elle allait mourir, n’est-ce pas ? C’était ainsi que terminait sa vie, sur la moto d’une folle de la vitesse, en route pour aller peindre une forêt. Silencieusement, Wendy leva les yeux vers le ciel et pria, tandis qu’elle enfilait un casque et tentait de s’installer plus ou moins confortablement sur le bolide. En même temps, ces engins n’étaient pas vraiment faits pour les jupes, même quand elles étaient amples. Vraiment, elle n’allait pas tenir longtemps en vie, à ce rythme-là.

« Je peux te demander de ne pas aller trop vite ? Je n’ai vraiment pas l’habitude sur ces machins-là. Je sais que tu adores la vitesse, mais pour ma part je suis plus à l’aise quand je n’ai pas l’impression que je vais mourir toutes les cinq secondes. Tu sais que ça peut être dangereux ? Il y a beaucoup d’accidents de deux-roues sur la route, et souvent ce sont parce que les limitations de vitesse ne sont pas respectées. Tu fais attention au moins, n’est-ce pas ? »

Elle avait cette manie de parler beaucoup et de poser bien trop de questions lorsqu’elle était nerveuse. C’était sa manière à elle de se rassurer un peu. Finalement, elle se mit en place et s’accrocha à son amie, respirant longuement. Allez, elle avait connu bien pire épreuve. Au moins, Gogo n’était pas une pirate et n’allait pas la menacer de la noyer. Du moins, elle l’espérait. Mieux valait arrêter de penser trop à ça et trouver plutôt un autre sujet de conversation qui ferait peut-être passer le temps sur la route.

« Alors donc, tu aimes la nature ? J’avoue que je ne te voyais pas comme quelqu’un qui appréciait le calme, je n’aurais jamais pensé que tu aimais peindre et observer les oiseaux, ça m’a plutôt agréablement surprise. Je n’ai jamais vraiment pratiqué ces activités pour être honnête, mais je suppose que ce doit être assez reposant. »

Wendy trouva que c’était une bonne manière de commencer la conversation, d’autant plus que ça lui permettait aussi de ne pas trop penser à la moto et à ce qu’il pourrait se passer si jamais ça dérapait. En espérant que Gogo ne serait pas déconcentrée en parlant, elle n’avait pas vraiment pensé à ça. Mais allez, il fallait qu’elle se détende. Elle était encore jeune, c’était le genre d’expérience qu’il fallait qu’elle tente au moins une fois dans sa vie.