La salle de sport est plutôt bien animée cet après-midi, alors j’ai beaucoup à faire. Laissant mon téléphone dans mon casier comme je le fais en général lorsque je n’ai pas besoin de prendre des photos pour les réseaux sociaux, je passe de machine en machine, pour donner mes conseils et papoter avec les habitués de la salle. C’est sûrement l’aspect de mon travail qui me plait le plus, accompagner ceux qui cherchent à devenir plus forts, les aider, les entraîner, les pousser à aller jusqu’aux bouts des choses. D’une certaine manière, je mets en pratique ce que j’ai moi-même appris lorsque j’étais plus jeune, lors de mes séances de simulation de combat, même si les techniques ici sont bien différentes et qu’il n’y a pas besoin de manier l’épée. C’est loin d’être le même art, mais le mental reste le même. Toujours continuer. Ne jamais baisser les bras.

Une voix familière m’interrompt alors que je suis en pleine conversation avec l’un de mes apprentis sportifs les plus fidèles. Je me retourne, un peu curieux de savoir ce que la police vient faire dans ma salle de sport, pour reconnaître Nick, un bon ami à moi que je coache de temps en temps. Il s’approche en me disant qu’il doit me parler. Il a l’air pressé et est toujours en uniforme. Je me demande ce qu’il veut me dire. A-t-il trouvé le serpent qui l’avait agressé ? Est-il en danger et a besoin de moi pour le sauver ? Suis-je un élément important dans l’une de ses enquêtes ? Je n’en sais rien encore, mais désormais, je suis parfaitement intrigué. M’excusant auprès de mon client, je convie Nick à me suivre dans un endroit plus tranquille afin qu’il puisse me parler en toute confidentialité. Or, l’annonce qu’il me livre ensuite dépasse toutes mes attentes et tous mes rêves les plus fous.

Je me fige en entendant le nom d’Aurore. Oserais-je espérer avoir bien entendu ce qu’il vient de me dire ? Aurore est ici ? Sur cette Terre, dans ce monde ? J’écoute à peine le reste de son discours. Je vais retrouver Aurore, je vais revoir ma princesse, la seule et unique femme que j’aie jamais aimée, c’est tout ce que je retiens de ce dont il m’informe. Je prends le papier avec l’adresse notée et le lit brièvement. Elle est là-bas. Elle est là-bas, et je vais la retrouver. Je veux tellement que ce soit vrai, que ce soit bien réel. Et pourtant, il y a cette voix dans ma tête qui me dit que c’est impossible, que Nick se trompe, que ce n’est pas vraiment elle ; parce que je l’ai cherchée depuis si longtemps, que j’ai du mal à concevoir que le jour de nos retrouvailles soit enfin arrivé.

« Aurore ? Mon Aurore ? Elle est vraiment là-bas, tu es sûr de toi ? »

Mais peu importe, au fond, car je n’aurais qu’à le voir de mes propres yeux. Je n’ai pas une seconde à perdre, je dois partir pour Paris dès maintenant. Je file dans les vestiaires me changer, m’asperge d’un peu de parfum et récupère mon téléphone pour prévenir le sous-directeur de la salle qu’il doit gérer le reste de la journée sans moi - j’ai une affaire urgente et personnelle à régler qui nécessite que je parte maintenant. Puis je me rends aussi vite que possible jusqu’au bar de Timon qui abrite le portail.

Je sais bien qu’une personne normale devrait se contenter d’un moyen de transport normal, comme l’avion, pour se rendre d’un continent à un autre, mais je n’ai pas le temps de faire semblant. Je dois retrouver Aurore maintenant, et si au commissariat on s’étonne de me voir arriver aussi rapidement, je trouverais bien une excuse pour faire taire les soupçons. Je n’aurais qu’à dire que j’étais déjà à Paris quand Nick m’avait appelé pour me dire de me rendre au poste. Ça n’a pas beaucoup d’importance pour le moment. Tout ce qui compte à mes yeux, c’est de revoir enfin ma femme.

Je ne m’arrête pas une seconde quand je traverse le bar pour me rendre jusqu’au portail, et je fonce encore sans m’arrêter jusqu’à l’adresse donnée par Nick. Toujours continuer. Ne jamais baisser les bras. Je l’ai cherchée si longtemps, au point parfois où j’avais envie de tout abandonner, sans jamais avoir osé le faire. Aujourd’hui enfin, mes efforts trouveront finalement leur récompense. Du moins, je le souhaite plus que tout. J’ouvre brusquement la porte du commissariat et presse le pas jusqu’à l’accueil.

« Bonjour, je suis Phil Strongman. On m’a informé de la présence de ma femme ici, son nom est Aurore. Sauriez-vous me dire où elle est ? »

C’est le moment de vérité et j’ai le cœur battant. Dans quelques instants, je saurais enfin si mes espoirs sont vains, ou si j’ai eu raison d’y croire. Dans quelques instants, peut-être, je croiserai enfin le regard de celle que j’ai tant attendue.

L’attente est insoutenable. Ils me disent qu’elle arrive, qu’elle sera là d’une minute à l’autre mais j’ai déjà l’impression que cela fait des heures, même des jours que je patiente. Je tourne en rond dans le commissariat. Je veux la voir, il faut que je la voie. Que je l’entende, que je la sente, que je puisse la prendre dans mes bras. Je veux lui dire que je l’aime, que je l’ai toujours aimée, que je n’ai cessé de penser à elle pendant toutes ces années. Je veux lui dire qu’elle me manque. Tout me manque. Son visage, ses beaux yeux, ses mains délicates, sa voix envoûtante, ses mots doux, sa gentillesse, son innocence, son amour. Comment réagira-t-elle en me voyant ? Me courra-t-elle dans les bras, s’imaginera-t-elle en plein rêve ? Sera-t-elle fâchée que je ne sois pas parvenu à la retrouver pendant toutes ces années ? Je ne l’espère pas, mais si c’est le cas, je ferais tout pour qu’elle me pardonne. Je ferais tout pour elle, quoi qu’il arrive. Mais pour cela, j’ai besoin qu’elle passe enfin la porte de ce commissariat et qu’elle apparaisse devant moi.

Finalement, après de longues minutes qui me parurent durer une éternité, mon vœu le plus cher est exaucé. Une tête blonde pénètre dans le hall du commissariat et ses yeux d’une beauté infinie se posent sur moi. C’est mon cœur qui la reconnaît avant toute autre chose. Il accélère dans ma poitrine alors qu’elle me fixe d’un air incertain. Elle a changé, je ne sais si ce sont les années, la tristesse ou le passage d’un monde à l’autre qui en sont à l’origine, mais pourtant d’une certaine manière elle semble être restée la même. Toujours aussi belle, toujours aussi douce. Elle n’a encore rien dit, personne n’est encore venu la voir et nous n’avons pas été présentés mais je sais que c’est elle. Il n’y a que la princesse Aurore capable de faire battre mon cœur de cette façon.

Elle prononce mon nom et je souris tandis qu’elle s’approche. Elle est là. Elle est bien là, enfin là. Je l’ai retrouvée, après tout ce temps. C’est comme revoir la lumière après tant de temps plongé dans l’obscurité. Elle porte sa main à ma joue et je pose doucement la mienne sur ses doigts fins. Je n’ai pas été aussi proche d’elle depuis bien trop longtemps. Ce sont tous les moments comme ceux-ci qui m’ont manqué le plus. Elle me demande si c’est bien moi, mais je sais qu’elle connaît déjà la réponse. Deux âmes sœurs se reconnaissent toujours, peu importe le temps, peu importe l’endroit. Deux âmes sœurs se ressentent.

« C’est bien moi, Aurore. »

Ma princesse, la femme de ma vie. Le regard toujours sur elle, je n’ose plus jamais la quitter des yeux de peur qu’elle ne disparaisse - ou que je ne disparaisse à nouveau. J’ai l’impression d’être en plein rêve et je n’ai aucune envie de me réveiller pour m’apercevoir qu’elle n’est jamais venue. Comme au bon vieux temps, je lui prends la main doucement et la porte à mes lèvres pour lui embrasser la paume. Elle mérite tout l’amour du monde.

« Tu m’as tant manquée. »

Il y a tant de choses à dire, tant de choses à raconter, mais je ne veux pas briser ce moment si magique avec des paroles banales. Je veux la regarder, l’admirer, je voudrais danser avec elle comme au premier jour. Mais le policier à côté de nous n’a pas l’air de comprendre que nous sommes en plein milieu d’une scène de retrouvailles digne d’un conte de fées car il nous interrompt sans aucun préavis pour demander :

« Hm, s’il vous plaît ? Est-ce que tout est bon, du coup ? Pouvons-nous clore l’avis de recherche ? »

Non, elle m’a touché la joue et je lui ai embrassé les mains parce que nous sommes deux parfaits inconnus et que nous en avons marre d’être à la recherche de quelqu’un d’autre. C’est ce que j’aurais pu lui répondre sur le ton du sarcasme mais je décide d’être plus civilisé devant ma belle.

« Oui, tout est bon. » Je me retourne vers Aurore et souris de plus belle. « Tout est parfait, désormais. Puisque je l’ai retrouvée. »

Le policier nous laisse enfin tranquille ; il fait mieux, je ne suis habituellement pas quelqu’un de sanguin mais il est vrai qu’à ce moment, je me sens plutôt agacé d’avoir été interrompu de la sorte pendant mes retrouvailles avec ma bien-aimée. Mais je décide de l’ignorer, préférant reporter mon attention sur Aurore immédiatement après lui avoir répondu, ne souhaitant pas le laisser gâcher ce moment magique. Il faut dire que j’en ai tant rêvé. Même quand j’étais dans les bras d’une autre, je pensais à elle. J’espérais qu’elle me revienne, quoique parfois, je l’avoue, j’en ai douté. Le temps était si long en son absence, bien que j’aie réussi à me faire sans trop de mal à cette nouvelle vie, il me manquait toujours quelque chose, comme une part de moi perdue depuis trop longtemps. Mais elle est là. En chair et en os devant mes yeux, ma princesse, mon épouse, celle qui n’a jamais cessé de faire battre mon cœur. J’ai presque du mal à y croire, après toutes ces années. Pitié, si c’est un rêve, que je ne me réveille jamais.

De sa voix si douce, qui m’a tant manqué, elle me demande finalement comment je l’ai retrouvée. Si elle savait comme je l’ai cherchée ! Des heures, que dis-je, des journées entières passées à sillonner les villes des trois portails, à observer chaque rue, à interroger chaque passant, dans l’espoir qu’on me parle enfin de quelqu’un correspondant à sa description. En vain. J’avais été poser des questions dans plusieurs commissariat, mais difficile de parler de ma situation compliquée sans mentionner les mondes Disneys - ils n’avaient donc que des informations incomplètes et je n’étais pas certain qu’ils me soient par conséquent d’une grande utilité. Par chance, j’ai sympathisé avec un policier new-yorkais qui provenait également d’un autre monde, Nick, à qui j’ai pu raconter tout ce qu’il fallait savoir sur Aurore. C’est grâce à lui que je l’ai enfin retrouvée - je ne pourrais jamais assez le remercier.

« Je n’ai jamais cessé de te chercher. Je savais, ou dans tous les cas j’espérais, que tu apparaisse dans ce monde toi aussi, un jour ou l’autre. C’est mon ami policier de New York qui m’a dit que tu étais ici. »

Je me demande si elle connaît New York. Si elle est même au courant de ce qu’il se passe avec les personnages Disney, si elle sait pourquoi nous sommes ici, si elle en a rencontré d’autres avant moi. J’ignore depuis combien de temps elle est ici, mais je suppose que c’est tout récent pour elle. J’ai eu la chance en apparaissant dans ce monde de trouver des personnes dans le même cas que moi qui m’ont tout expliqué et qui m’ont aidé. Mais ce n’est peut-être pas son cas. Comment s’est-elle débrouillée, seule dans ce nouveau monde, sans repères, sans personne pour la reconnaître ? Il faudra que je lui demande, mais maintenant que je suis là, je compte bien m’assurer qu’elle ne manque plus jamais de rien.

Elle m’explique que Samson va bien. Je souris doucement. Mon cheval, mon plus fidèle ami, lui aussi me manque beaucoup. Pas comme me manquait Aurore, bien sûr, mais tout de même. Il m’a accompagné dans plusieurs moments marquants de ma vie, cela m’a peiné d’être séparé de lui également. Mais je suis content de savoir qu’il va bien. Peut-être qu’il finira par arriver ici, lui aussi.

« Merci à eux. Il mérite d’être traité comme un Prince, lui aussi. »

Je souris puis, retrouvant un air sérieux, prend les deux mains d’Aurore dans les miennes. Je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux sont si beaux, je me demande comment j’ai survécu tant de temps sans les contempler. Mais je ne peux pas rester là à les regarder, maintenant que j’ai retrouvé Aurore, j’ai beaucoup de choses à lui dire.

« Il faut que je t’explique certaines choses. Sur ce monde, et sur nous. Mais avant, j’aimerais que tu me racontes tout ce qu’il t’est arrivé depuis que tu es ici. Cela a dû être un choc pour toi, j’espère que tu n’as pas trop souffert malgré tout. » Je ne me le pardonnerais pas, si c’était le cas. « Mais pas ici. Que dirais-tu de nous poser dans un endroit plus calme, pour en discuter ? J’ai une chambre d’hôtel à quelques rues d’ici, nous y serions plus tranquilles. »

Je n’ai pas vraiment réservé une chambre d’hôtel, mais le Nouveau Monde est ouvert à tous les Disney qui le demandent et nous serons certains d’être à l’abri des oreilles indiscrètes là-dedans. De plus, quand je lui aurais parlé des portails, ce sera plus facile à démontrer si celui de Paris se trouve juste à côté. Gardant sa main serrée dans la mienne - je ne veux plus jamais la lâcher - je la guide jusqu’à l’hôtel. Ici, nous pouvons désormais parler sans crainte d’être écoutés ; ou pire, d’être interrompus une nouvelle fois.

J’ai un sourire nostalgique en me remémorant les bons moments passés avec mon fidèle cheval. Samson était… est un bon ami et il me manque encore parfois. Aurore me rassure en affirmant qu’il est assez débrouillard pour pouvoir nous retrouver, s’il arrivait dans ce monde à son tour. Peut-être devrais-je le chercher, lui aussi ? Après tout, c’était mon meilleur ami avant que je ne quitte mon royaume. Mais je ne veux pas y penser maintenant ; j’ai enfin retrouvé mon épouse et elle est ma première priorité. Je ne veux songer qu’à elle.

Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter en imaginant ce qu’elle a dû traverser depuis son arrivée dans ce monde. Comment a-t-elle vécu le choc des différences entre ces deux réalités ? La culture n’est pas la même, la technologie non plus. Mais surtout, elle ne porte plus son titre de princesse. Je sais qu’elle n’a pas été élevée en tant que telle, isolée dans les bois à l’écart du château et de sa famille ; mais elle avait au moins la compagnie des trois fées et des animaux de la forêt, en plus de pouvoir profiter du bon air de la nature à son aise. Ici, quand on n’a pas d’argent, on dort à même le sol et le goudron est certainement moins agréable que l’herbe des bois. Ce monde est trop brusque pour la plus douce et la plus belle des femmes.

Néanmoins, je suis un peu plus rassuré quand elle me répond en souriant. Elle n’a rencontré que des personnes bienveillantes qui l’ont aidée à se faire une place dans cette nouvelle vie, et ses habitudes d’un autre temps n’ont eu d’autres conséquences que d’amuser la galerie. Je hoche la tête quand elle me parle de son travail. Je comprends que c’était nécessaire, mais par chance, nous sommes réunis désormais et j’ai assez de moyens pour qu’elle n’aie plus besoin de s’en soucier. Je lui souris en lui prenant doucement la main.

« Ma douce, tu as toujours été si positive et cela me ravit de savoir que tu as pu t’en sortir sans trop de mal. Je suis navré que tu aies dû travailler pour y parvenir mais n’aie crainte désormais : tu n’en auras plus besoin, puisque je suis là. Je m’assurerai toujours que tu ne manques de rien et que tu puisses obtenir tout ce que tu désires. »

Je veux la gâter, la couvrir de milliers de roses jusqu’à ce qu’elle en ait assez - elle ne mérite rien de moins. Mais il y a tant de choses que je dois lui dire avant tout. Je ne crois pas qu’elle en ait croisé d’autres avant moi - d’autres personnages Disney qui aurait pu la guider dans ce nouveau monde. C’est à moi de lui expliquer tout ce que je sais. Je préfère qu’il en soit ainsi : je la connais mieux que quiconque, je saurais trouver les bons mots pour qu’elle comprenne tout sans en être trop bouleversée. Mais ce n’est pas prudent de parler de tout cela ici, en public. Je lui propose donc de l’amener à l’hôtel où nous pourrions discuter sans crainte d’être dérangés. C’est un endroit sécurisé pour toutes les personnes comme elle et moi. Elle accepte, ajoutant qu’elle a tout le temps qu’elle souhaite, son patron lui ayant accordé sa journée. Il a l’air d’un bon gars, mais je maintiens qu’elle sera bien mieux quand elle aura quitté son travail - c’est indigne d’une princesse comme elle. Je ne réponds rien cependant, me contentant de lui sourire sans la quitter des yeux, comme je le fais depuis qu’elle est apparue devant moi.

Je l’entraîne hors du commissariat et nous empruntons tous deux le chemin menant jusqu’au Nouveau Monde. Par chance, il ne se trouve qu’à quelques dizaines de minutes à pied, nous n’aurons pas besoin de prendre le métro. Je connais assez bien ma femme pour savoir qu’elle préfère les espaces extérieurs, ayant passé la plus grande partie de sa vie en pleine forêt. Celle-ci se met alors à chanter et je me retrouve envoûté par sa voix merveilleuse qui me rappelle le premier jour où l’on s’est rencontrés. Quelques passants nous regardent mais elle ne semble pas en tenir compte. Je me joins à elle, chantant cette chanson tout droit venue d’un rêve, celle qui nous a réunis et qui nous réunit encore aujourd’hui. C’est comme si rien n’avait changé, comme si nous ne nous étions jamais quittés. Je lui prends la main et la fait tournoyer, restant sourd aux grognements des piétons qui peinent à nous dépasser. Autour de nous, plus rien ne compte. Tout ce qui m’importe est de la voir sourire.

Je l’entraîne à l’intérieur du Nouveau Monde et lui demande de patienter dans le hall le temps que je m’adresse à l’accueil. J’explique ma situation à la personne derrière le comptoir de la réception et demande à emprunter une chambre le temps de quelques minutes. On me donne une clé et je fais signe à Aurore de me suivre jusqu’à la porte que l’on m’a indiqué. C’est une petite pièce bien modeste qui se trouve derrière, mais cela fera l’affaire, nous ne sommes pas là pour dormir.

« Je t’en prie, installe-toi, mets-toi à l’aise. »

Je retire mon manteau et le pose sur le dos d’une chaise, puis m’installe sur le bord du lit avant de continuer :

« Aurore, j’ai beaucoup à te raconter. Quand je suis arrivé dans ce monde, il y a presque quatre ans, j’ai été immédiatement accueilli par des personnages ayant vécu la même chose que moi et qui m’ont bien aidé à comprendre ce que je faisais ici. Alors, je suis capable de répondre à la plupart des questions que tu te poses sûrement et même celles que tu ne te poses pas encore. Je dois t’avouer avant tout que certaines de ces réponses risquent d’être bouleversantes à entendre mais il n’y a aucune raison de t’inquiéter, car nous sommes ensemble désormais et c’est tout ce qui importe, n’est-ce pas ? »

Il faudra d’abord qu’elle assimile le fait qu’elle provient, tout comme moi, d’un film d’animation, ce qui ne sera pas chose simple : moi-même, j’ai eu quelques difficultés à accepter cette vérité, au début. Mais ça ne sera pas le pire, car je devrais ensuite lui parler de Louis et de ses chasseurs lancés à nos trousses. J’espère qu’elle n’en sera pas effrayée et qu’elle sait que quoi qu’il arrive je la protégerai.

« Veux-tu que j’aille te chercher quelque chose à boire ou à grignoter ? Il me semble avoir vu des distributeurs dans les couloirs. »